Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-21
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 novembre 1907 21 novembre 1907
Description : 1907/11/21 (A1,N52). 1907/11/21 (A1,N52).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645350f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
V; Année. - N° 52 (Quotidien y
Le Numéro ; 5 centimes
Jeudi 21 Novembre 1907.
F J9 9r ~'B5-^WB. Htsk^k s » s-^H Bë~H Ê^M ja
Rédacteur en Chef : C. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
D
27 BnUleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE. 288-07
rCSSe Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
l ABONNEMENTS:
• --
1 aHs et r» e?artements 24 fr. 12 fr,
l i t,..,
anger 40 & 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION !
-----. - ----.---.-----..------..
27t Boulevard Poissonnière, PARIS
1 TÉLÉPHONE: 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA=PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MO:S
-
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 a
r hj ,
ou vient
le vent ?
tOPue' ,
Enguerrand de Médissy. Ainsi s'appe-
homme, rasé à l'américaine
't jolirfient habillé, d'un gilet sur-
UI gilet de velours vraiment en-
jab le. Il garda son chapeau sur la tête,
Das peu e côté, très en arrière, pour ne
ger ses cheveux lissés avec
pis Jeta sa cigarette éteinte sur mon
aPis, en alluma une autre, et il parla :
Donnez-moi votre avis. Qu'est-ce
qui v' n Ma-rcher, cette année?. Les piè-
des gaies les pièces dramatiques, les
pièces de charme?. Le public est là
J. un idiot, il attend qu'on lui
s hésite, tâtonne, s'élance, s'ar-
se réserve. Enfin, il voudrait sa-
soir où est la vogue, pour fixer son goût
eir/,Vller formellement ses préféren-
ovous comprenez, ça me
ça m'agace., je ne voudrais
^ême pas me mettre à fabriquer
à gigot si l'on s'en tient à la
.Japonaise. Ah! c'est juste. j'ai
vous dire. Je suis un con-
h : Auteur. Je fais du théâtre.
d::huit ans. J'arriverai. J'ai quatre
moi pour être célèbre. Tout
est de : mon père est Belge, ma mère
de Toulouse, moi, je suis Parisien,
yJIsjen. Voilà. Beaucoup d'amis.
Je suis concis, et circoncis. En-
je suis à la hauteur. Et puis, vous
je veux beaucoup d'argent, j'ai la
Po' eu sacré. Quand on a une âme
poète, on arrive toujours. Ciga-
Or, Je suis là. Que faire?. Que
sirent ces messieurs?. Hors-d'œu-
rôti °u bonbons glacés? Moi, je
prêt à tout ! J'ai des centaines et des
de sujets. Ah! c'est effrayant,
çUe
et k al de sujets ! Tous ceux de Meil-
de Dumas fils, d'Augier,
de bonshommes qui n'ont plus
^out es* refaire, et
Tout ça est à refaire, et
referai- Seulement, par où commen-
comprenez que je n'ai pas de
v^e dit perdre. Belle histoire d'être,
~es Il quelquefois Pierre Mortier,
ie$ D fcmiers auteurs dramatiques de
^n,' si on n'est ça qu'au moment
est aussi trentenaire, un noble
','ait comme tout le monde! Ce ne
pas la peine d'être né avec un
Hb Prodigieux, de la dignité, des ap-
'ltrer normes, du chic, et de savoir
PAR la fenêtre quand on vous a
la porte. Ni d'avoir tant lu !.
que j'ai !u!. Même Labi-
Labiche, quoiqu'en pensent un
Dires Labiche ne rend plus rien.
i( Percher des types, des prépa-
et des retournements, dans
ses. les Commentaires. de
ç'" de César.
laines saisons, tout va. Le public
S ,mac» il gobe des tessons de
,^ilje et des confitures turques dans
service. Vous lui foutez du
gj are, et il dit merci. Du Ber-
et il se pâme: « Oh! encore!.
toujours! » L'été passe là-
patatras. La foule est enceinte.
alQ es dégoûts et des envies. Vous
2 un gentil trois actes doux.
Vrjmit. Elle veut du sang, de la
et de la mort ou du costume.
i ï1 lui en fourre, on lui en fourre,
,,} !}e 11 fourre. Trois mois plus tard,
s v dlgere plus que le vaudeville.
ez de recommencer Patrie ou
tre aux Camélias. Charmant!
s est frais!
autre fois, c'est du cynisme
vers aut. Ou de la vanille. Ou même
vers - Tenez, l'année de Cyrano, je
Tenez, l'année de Cyrano, je
t v affolé, j'ai frisé la neurasthénie.
ie rai que j'étais très jeune. C'est
Ux dire que j'ai connu l'envie,
ie. Ah! que j'ai souffert!
rtant, sacré nom de nom, il y
Srta nt des lois, au théâtre. D'Alem-
-'î jesa cherchées, mais ce qu'il en
est Pas potable. Cet ancêtre était
rute épaisse. Capus, lui, les a
Si Inal& c'est un malin il ne-voulait-
lût. vjenient, que tout le monde les
e la profession de foi de
KÎJtW1? de Flers: « Avant tout, de
encore de l'agrément, et tou-
agrément. » Là, je suis ébran-
Out de même? « Encore de l'a-
qJ Eta', tOUjours de l'agrément! » Cet
A magnifiquement atteint par le
guerite, dit Caoutchouc, de
V§q/p lequel, premier disloqué en
^iir es' s'engageait « à exécuter
ses res, s'engageait « à exécuter
K ^Le^r^ices de dislocation, y com-
i qui consiste à mettre sa tête
S cinquante du reste de sa per-
Peut-on pousser plus loin l'a-
hi>,nù, théâtre? Et oserais-je croire,
que le nommé Marguerite, dit
tQeb-n ,Uc, fût le Dramaturge nar p'y-
? Wa-UrSe • Quel métier troublant!
No Je n'exige pas les Grands Se-
,cet û.Je veux savoir ce qui sera
la vio IVer, pas davantage. Il y a
qui tient bon depuis
iant Un. et qui restera sur ses pattes
tendant un an Ou deux encore. Du reste,
violence b au théâtre, c'est un peu
bleu dans le vêtement: c'est
diable, c'est que, pour
e er el aut de la voix. On a beau
dans les auteurs choisis, la
1 lte mal. On doit l'avoir
dans la peau. Outre que ça donne peu
à l'étranger. Il faut, n'est-ce pas? pen-
ser à tout.
» Parbleu! Si je m'hypnotisais sur
mes propres souhaits, il est bien certain
que j'affirmerais avec la dernière fer-
meté: Un proverbe de Musset, délayé
dans quatre actes de Pailleron, mouillé
d'une larme de Froufrou, flambé de
quelques Nouvelles à la main, et, au mo-
ment de servir, saupoudré de génie. Car
voilà mon affaire. Hélas! il ne s'agit
pas de me satisfaire, mais de nourrir
l'ogre. Aussi, j'oublie ma vocation, je
prends le vent, j'interroge tout le monde,
je sollicite l'avis du premier imbécile
venu. Quel est le vôtre? A quel genre
croyez-vous pour janvier, février, mars
et avril? »
Il souffla, pour allumer une dernière
cigarette. J'eus peur de me compromet-
tre devant cette jeune force.
— Ma foi, murmurai-je avec une
grande modestie, je ne saurais dire ce
qui fera fureur. Mais, pour des réussites
moyennes, je crois qu'on peut sans
crainte se lancer dans le genre bonne-
pièce.
Henry KISTEMAECKERS.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Les oubliettes
On se lait une idée généralement très
fausse de la façon dont on joue dans les
théâtres excentriques.
On se figure volontiers la Reine res-
tant en scène et attendant avec angoisse
son fils, le Prince Charmant, qui persiste
depuis cinq minutes à rater son entrée. On
imagine alors un brave homme de figurant,
tenant à la main une hallebarde et s'avan-
çant de quelques pas pour donner le ren-
seignement qu'il croit utile:
— Je vas vous dire, M'ame Ernestinel
J' crois bien qu'il est encore chez l' bistrot,
rapport à un déménagement qu'il a fait ce
matin.
Cela est vrai partois; mais il faut bien
le reconnaître, ces mœurs tendent à dispa-
raître toujours davantage de ces petites
scènes pour fair-e place à une interpréta-
tion correcte et souvent d'un grand mé-
rite.
C'est ainsi que l'on me signale quoti-
diènnement la bonne exécution des pièces
modernes les plus compliquées au théâtre
de Montrouge et qu'un lecteur m'écrit
pour me vanter la surprenante interpré-
tation de Patrie au théâtre de Belleville.
Si, dans la pièce, une balle pénètre par
le pavillon d'un clairon et contourne les
tubes pour venir ensuite couper la langue
de l'instrumentiste, la 'faute en est à M.
Sardou,.non pas à l'interprétation qui, elle,
est parfaite.
Il paraît même que l'artiste charge du
rôle de Rysoor est « supérieur à tout ce que
l'on peut rencontrer dans les théâtres des
boulevards ».
Je veux bien admettre qu'il y ait là un peu
d'exagération due à l'heureuse surprise
qu'éprouva notre ami; il n'en demeure pas
moins vrai que nos directeurs du centre de
Paris devraient bien aller de temps à au-
tre en banlieue ou dans les théâtres ex-
centriques et qu'ils y feraient, très sou-
vent, d'heureuses trouvailles.
L'on s'hypnotise trop sur certains noms
et l'on finit par croire que bien des ar-
tistes sont inremplaçables parce qu'on les
a déclarés tels. D'autres, au contraire, qui
témoignent de qualités beaucoup plus no-
toires, qui dépensent une énergie et un
courage extraordinaires à jouer les rôles les
plus divers et les plus éreintants, passent
inaperçus, parce qu'on a décrété tout d'a-
bord que, jouant dans un petit théâtre, ils
devaient y rester.
Cet amour excessif des catégories dans
lesquelles on enferme les gens comme
dans des oubliettes, sans vouloir ensuite les
en laisser sortir, est commode pour la cri-
tique. Il permet d'avoir un arsenal d'idées
toujours pareilles et d'étiqueter les talents
d'une façon définitive. -
C'est, au fond, la manière d'être la plus
injuste que l'on puisse imaginer et une façon
d'enterrer les gens sans vouloir les entendre,
qui ne serait même pas admise par l'Admi-
nistration des pompes funèbres.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre Antoine, première représentation de
Cœur à Cœur, pièce en trois actes, de M.
Romain Coolus.
Ce soir, à huit heures trois quarts, reprise
d'Orphée, de Gluck, au théâtre de la Gaîté-
Lyrique.
c
i omœdia publie, comme on sait, intégra-
lement le texte du rapport Buyat à la
Chambre sur le budget des Beaux-Arts pour
1908. -
Mais il est de son devoir d'y relever cer-
taines allégations.
C'est ainsi qu'on a pu lire récemment:
« Il y a le théâtre de la mer, celui du soleil
en Algérie. Aux environs de Paris, le théâ-
tre de la lune! Toutes ces entreprises font
appel au concours des artistes de la Comé-
die. »
Nous avons cherché en vain, dans la
banlieue, un théâtre qui fût comnee la lune:
il y a eu celui de verdure au Pré-Catelan,
il y a celui de la Nature à Champigny, celui
des Champs à Aulnay-sous-Bois, celui de
Champlieu près de Senlis, le théâtre futur
des Arènes, rue Monge: c'est tout!
Plus loin, M. Buyat dit que la Comédie-
Française a donné la première pièce d'Her-
vieu. Les Tenailles y furent bien jouées en
1895, mais Les Paroles restent, au Vaude-
ville, sont bien antérieures!
Enfin, il ne faudrait pas confondre YElec-
tra de la Porte-Saint-Martin avec l'Electre
du Théâtre-Français, ni appeler Semain le
poète Samain.
]
1 y a eu un petit essai — oh ! bien petit
- de révolte, hier, à la générale du
théâtre Antoine, un peu avant le premier
acte. Tout un groupe de spectateurs et de
spectatrices, gênés par les catapultes des
dames placées devant eux et devant elles,
s'est mis à réclamer leur suppression par
voie de protestation orale, sur l'air des Lam-
pions:
Les chapeaux, les chapeaux, les chapeaux!
Les plumets, les plumets, les plumets !
Les plumeaux, les plumeaux, les plumeaux!
L'expérience a d'ailleurs donné des résul-
tats encourageants. Dans une proportion de
deux sur trois, les monuments visés avaient
disparu en quelques minutes. Les autres ré-
sistèrent. Mais un nouvel assaut leur eût été
sans doute funeste.
De quelques révoltes de ce genre, si pou-
vait venir une révolution - dans la mode
parisienne'!
v
oici l'hiver!
Hier soir, on eut froid dans quelques
salles de spectacle.
Ce ne fut pas, pensons-nous, pour la mê-
me cause que dans ce célèbre petit théâtre
de faubourg où l'argent était si rare qu'on
n'avait pas même de quoi acheter un stère
de bois.
Un soir, comme on avait mis sur l'affiche,
en gros caractères:
« La salle sera chauffée de bonne heure.
Tous les poêles seront allumés »,
il fallut bien tenir parole. Les poêles furent
donc allumés, comme l'affiche l'annonçait.
Cependant la salle était toujours comme
une glacière, et les spectateurs se plai-
gnaient du froid. Un curieux se baisse pour
regarder dans un poêle: au lieu d'un bon
rondin de bois, on y voit, quoi?. un lam-
pion qui brûlait!.
M
me Litvinne chantera le rôle de Brun-
nhilde, le mois prochain, à la Scala
de Milan, qui ouvrira la saison avec Le Cré-
puscule des Dieux, auquel succéderont Loui-
se, de Gustave Charpentier; Pelléas et Mé-
lisande, de Claude Debussy; Cristofo Co-
lombo* de Franchetti, et quelques regrises
d'opéras italiens.
Tandis que le célèbre théâtre de Milan
s'apprête à faire merveille, le Conservatoire
Verdi s'étiole, faute de fonds. Son directeur,
le maestro Galignani, vient d'aviser le gou-
vernement que, si on ne lui accorde pas
20.000 lire pour dépenses urgentes, il licen-
ciera tous les élèves.
N
os talents continuent à s'expatrier, tout
au moins momentanément.
M. de Féraudy ne va-t-il pas recevoir, ou
n'a-t-il pas déjà reçu de l'administrateur gé-
néral de la Comédie-Française, l'autorisa-
tion de quitter Paris, à la fin du mois de mai
1908, pour entreprendre une tournée de
quatre mois (juin, juillet, août et septembre)
en Amérique du Sud?
Envions donc les théâtres du Venezuela,
de l'Equateur, de Colombie, du Pérou, de
Bolivie, de Patagonie et de l'Uruguay.
A
la générale d'Après le Pardon, avant-
hier soir, la salle est narticulièrement
brillante; au foyer, il y a des groupes de
jolies femmes décolletées très bas en des
robes empire aux couleurs vives, et l'on
parle beaucoup italien. Nous entendons ce
mot d'auteur — d'un auteur très en vogue:
— Cette Réjane, tout de même, qui nous
donne en même temps Après le Pardon et,
pendant l'entr'acte, Madame Sans-Gêne!
Cela nous rappelle le mot de Dumas fils
(attribué aussi à Becque) à la première de
La Souris:
— Quelle chance il a, ce Pailleron: on
lui joue La Souris sur la scène, et dans la
salle Le Monde où l'on s'ennuie.
Si le t langage fleuri venait à fuir les
)J derniers salons où il trône encore, ce
n'est certes pas dans les coulisses du Châ-
telet qu'il faudrait le venir chercher.
Le soir de la répétition générale de La
Princesse Sans-Gêne, M. Henri Prévost,
administrateur du Châtelet, en habit noir et
coiffé d'une cape, allait et venait, prêtant
la main à tout, secondant les régisseurs de
la scène dans leurs minutieuses fonctions.
Au tableau du camp, alors que les sol-
dats du roi Grosloulou se trouvent ins-
tantanément déshabillés pour se présenter
en chemise devant la Princesse Sans-Gêne
(Alice Bonheur), un figurant entre trop tôt
en scène.
Le tableau fini, Raimond Pouget, chef
de la figuration, bondit vers le délinquant:
- Espèce de moule! Qu'est-ce que tu
es allé fiche en scène?
Et l'autre de s'expliquer:
— C'est le mec en cloche qui m'a ba-
lancé !
(Traduisez: « C'est le monsieur en cha-
peau melon qui m'a poussé ! »)
C'est de M. Prévost qu'il s'agissait.
0 suave langage!
N
'ous disions, ces jours-ci, l'ignorance
comnlète de beaucoun d'enfants du
corps de ballet de l'Opéra. -
Il n'en va point de même à Saint-Péters-
bourg, où les enfants qui entreprennent le
métier de danseurs en de danseuses sont
élevés, nourris et instruits par l'Etat; ils
sont, en quelque sorte, sa propriété et ne
peuvent se dérober à sa tutelle jusqu'à leur
majorité.
On fait ainsi, chez nos amis et alliés, des
sujets instruits et remarquables. Ainsi se sa-
tisfait le goût très vif des Russes pour les
ballets,-qui sont, chez eux, les plus beaux
du monde. Ils ont a Saint-Pétersbourg un
succès inimaginable; les abonnés sont tou-
jours au comp]et,et un abonnement se laisse
par testament à son héritier.
L
e directeur d'un théâtre du boulevard -
l'un des plus parisiens — a l'habitude
d'envoyer à tous les grands quotidiens une
note relatant le montant officieux de la re-
cette.
Depuis que la pièce actuelle est en cours,
il annonce chaque jour une recette de 7.000
francs.
L'autre soir, erreur d'un scribe distrait,
les journaux reçurent à insérer la note des-
tinée à l'Assistance publique. Elle accusait,
comme encaissement de la représentation
de la veille, 700 francs!
u
n titre à modifier.
Un théâtre proche des boulevards a
l'intention de monter prochainement une
opérette intitulée: La Belle Jardinière et le
Petit Pâtissier.
N'est-ce pas là un titre malheureux?
La Belle Jardinière, en effet, confec-
tionne des vestes, et le Petit Pâtissier fa-
brique des petits fours.
N
ous avons reçu hier l'amusante lettre
que voici:
Cher Monsieur,
Vous connaissez Willy: il a horreur de la
réclame. C'est pourquoi je viens vous dire un
mot de son nouveau roman : Un petit vieux bien
propre, sûr que jamais il ne se déciderait à
vous en parler lui-même.
C'est une histoire de théâtreuse qui a tout
pour plaire aux lecteurs de Comoedia: des ros-
series à foison, des caricatures de gens de let-
tres et d'auteurs dramatiques cruellement res-
semblantes, le tout greffé sur une intrigue sen-
suelle où, parmi des inventions drolatiques,
fleurit un peu de mélancolie furtive.
Ce qui m'a plu, surtout, dans Un petit vieux
bien propre, c'est la description d'une « pre-
mière » à t'Empire de Londres, qui va faire
probablement interdire le bouquin en Angle-
terre; c'est aussi le récit des débuts de Pim-
prenette, à l'Olympia, avec incidents violents
dans la salle et silhouettes d'idiots tapageurs,
prodiguées à. couche que veux-tu.
J'ajoute que Willy m'a représenté, moi Mau-
gis, comme le Virgile boulevardier guidant le
Petit vieux bien propre dans l'Enfer théâtral,
jusqu'à sa rencontre avec la mineure Lalie.
Pauvre homme ! Il a vu la coulisse jusqu'à La-
lie! Dispensez-moi d'insister.
Tout vôtre,
Henry MApOIS.
E
mendtf, dimanche dernier, atrConcerf
Colonne :
Pendant que l'orchestre susurrait le Pré-
lude à l'après-midi d'un Faune, de De-
bussy, un pompier, nouvelle recrue, de ser-
vice sur la scène, s'avance vers l'aimable
régisseur de l'Association Colonne, M.
Bayer, et, lui demande:
— Pardon, M'sieu! Combien sont-y de
musiciens qui jouent là?
M. Bayer, un peu étonné, répond qu'ils
sont cent.
Et le brave sapeur, plus étonné encore,
appelle son collègue du fond de la scène et
lui dit:
— Crois-tu! Y sont cent à jouer çà! Au
bataillon, avec trois pompes, on fait plus de
potin qu'eux!
Evidemment, il y a musique et musique!
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne # presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison,
NOUVELLE A LA MAIN
D
ans la loge d'un concierge de théâtre,
en banlieue, deux petites filles jouent
à la poupee.
— Elle - est belle, ma poupée; elle a de
beaux cheveux, dit la plus fortunée.
— Oui, dit l'autre, la mienne en a pas!
Et elle ajoute, pour se consoler:
— Oui, mais aussi elle a pas de poux :
Le Masque de Verre.
Directeur
et Commanditaires
On sait les attaques dont a été l'objet la
gestion de M. Albert Carré, directeur de
l'Opéra-Comique. Elles eurent, naguère,
leur écho à la tribune de la Chambre des
députés.
Il n'est point sans intérêt, au moment où
Comœdia publie le rapport de M. Buyat
sur le budget des Beaux-Arts — rapport qui
constate que « M. Carré a placé son théâtre
au premier rang » — de faire connaître
l'opinion des personnes le plus directement
« intéressées » à la prospérité de notre
grande scène lyrique — les actionnaires.
On nous communique, fort à propos, le
procès-verbal de l'assemblée tenue samedi
dernier par les membres de la Société du
Théâtre de l'Opéra-Comique.
Nous en extrayons le paragraphe suivant:
«, Les commanditaires de l'Opéra-Comi-
que, réunis en assemblée annuelle pour
l'examen des comptes de l'exercice 1906-
1907, protestent, à l'unanimité, contre les
attaques et les insinuations dont leur gé-
rant, M. Albert Carré, a été l'objet à la
tribune, -de la part d'un membre de la
Chambre des députés, déclarent inexacts
les chiffres et évaluations sur lesquels les
dites attaques et insinuations ont prétendu
se fonder, confirment au directeur de l'O-
péra-Comique leurs sentiments de con-
fiance et d'affectueuse estime et le féli-
citent des résultats artistiques et financiers
qu'il a obtenus. »
Comœdia ést en mesure d'annoncer que
l'assemblée a eu à approuver la distribution
d'un dividende de 2 pour 100, qui, ajouté à
l'intérêt statutaire, porte à 7 pour 100 le
revenu du capital.
Les chiffres constituent toujours les meil-
leurs arguments
THÉÂTRE DES NOUVEAUTÉS
Vingt jours à rompre
Vaudeville en trois actes
>_ de MM. Maurice Hennequin
et Pierre Veber
Il y a un genre de vaudeville qu'on
appelle le vaudeville français, je ne sais
pas trop pourquoi : c'est de la grosse
farce, avec imbroglios ahurissants, des
scènes épileptiques, c'est la pièce à ar-
moires, à lits, et autres accessoires res-
sassés. Ce vaudeville-là, me semble-t-il,
est de toutes les nationalités, il n'y a
aucune raison pour que nous en reven-
diquions la paternité.
Il y a un autre genre de vaudeville,
qui, autour d'une intrigue fantaisiste,
brode des épisodes de comédie, qui
prend prétexte d'une situation vraisem-
blable ou non pour dessiner une satire,
pour émettre une observation piquante,
un paradoxe. Tout le monde y peut
prendre plaisir, les délicats et les autres ;
il ne paraît pas sinistre à une partie du
public, il réconcilierait tous les ennemis
du genre. C'est celui-là qui est vérita-
blement le vaudeville français.
Le vaudeville de MM. Hennequin et
Veber appartient à cette seconde catégo-
rie, c'est le vaudeville que l'on peut qua-
lifier de français, car il est léger, ai-
mable, frondeur, incisif et piquant.
Il y a, dans ces trois actes, beaucoup
de verve, de gaieté, d'esprit de situation;
il n'y a pas de ces « mots » plaqués, ve-
nus on ne sait d'où. La grivoiserie en
est soigneusement exclue. La pièce est,
d'ailleurs, bien construite avec un mé-
tier, un savoir qui ne gênent pas la fan-
taisie, la trouvaille imprévue. Ceci ne
veut pas dire que la pièce soit parfaite ;
il s'y est glissé quelques scories, je dirai
volontaires. Les auteurs, à certains mo-
ments, semblent avoir eu peur du pu-
blic, du public des vaudevilles, il lui ont
consenti quelques sacrifices et ils se sont
par instants laissé aller à l'outrance.
Notez bien que cette outrance, qui se-
rait très modérée dans une farce ordi-
naire, choque ici les spectateurs qui n'y
ont pas été préparés, puisque les auteurs
les ont introduifs dans une ambiance plus
délicate, dans une ambiance où les effets
comiques sont moins faciles.
Je signalerai aussi quelques fautes de
goût. Même dans un vaudeville, l'amour
ne peut pas être qualifié de besoin na-
turel; et l'un des deux auteurs, qui est
un des journalistes et critiques les plus
en vue, n'avait peut-être pas le droit de
dire que les directeurs de journaux sont
des « marchands de silence». Il sait que
non. Ce dilettantisme est donc de l'inu-
tile rosserie.
Je n'ai signalé ces défauts que par
conscience de critique. Je préfère dire
que je me suis très franchement amusé
à des scènes d'une jolie fantaisie, à voir
défiler des types originaux, d'une cocas-
serie neuve, et qui m'ont fait une agréa-
ble diversion avec les éternels person-
nages des éternels vaudevilles.
***
L'analyse de Vingt jours à l'ombrç ne
donnera pas l'idée très exacte de ce
qu'est la pièce. Le sujet est, en effet, as-
sez banal. Traité par d'autres auteurs, il
eût dévié dans le genre de vaudeville
dont je parlais tout à l'heure.
Il y a toujours un mari qui trompe sa
femme et des complications dues au ha-
sard, cette providence des vaudevillistes.
Mais le hasard lui-même peut être ma-
nipulé avec plus ou moins de légèreté ;
l'invraisemblance peut être présentée
avec plus ou moins de vraisemblance.
Et voilà pourquoi, avec une action qui
Mlle BERNOU
n'est. pas en elle-même très nouvelle,
MM. Maurice Hennequin et Pierre Ve-
ber ont fait une œuvre personnelle et
neuve.
Le mari qui trompe sa femme, c est
M. de Merville. M. de Merville a une
femme charmante, Colette, une exquise'
et jeune belle-mère, Mme La Hire, et
une sœur non mariée, Denise. (Sachons
d'abord gré aux auteurs de ne nous,
avoir pas fait subir la traditionnelle belle-
mère cacochyme, acariâtre, féroce aux
peccadilles des siens).
Pour tous les siens, M. de Merville'
est le modèle des maris, des gendres, des
frères. Il adore Colette, il est adoré par
sa belle-mère, il va marier sa s'œur De-
nise avec un charmant jeune homme,
M. Thomerel.
Cependant, Merville est inquiet, son
caractère est devenu morose, irritable,
il « fait » de la neurasthénie, comme di-
sent les morticoles ou plutôt les vivicoles.
La vérité est qu'il a sur les bras une;
affaire très désagréable.
Merville, en effet, trompe sa femme
avec l'amie intime de celle-ci, Valentine
de Mézan. Or, dernièrement, aux Va-
riétés, il se trouvait dans une baignoire
avec sa maîtresse. Les chapeaux de deux
voisines le gênaient, il se plaignit, eut
une contestation suivie d'altercation avec
le garde municipal. Il se laissa emporter
jusqu'à donner une gifle au représen-
tant de l'ordre public.
Les suites de cette gifle sont bit 1 i net-
tes: c'est la correctionnelle, la nei v è.rie-
chambre, celle qui ne pardonne r mais.
Merville a confié le soin de sa défense à
son ami Chantanelle, et il attend ie iu-
gement. Il a surtout une peur effr nabie
que sa femme le sache. On deviendrait
neurasthénique à moins.
Voici Chantanelle, un type d'avocat
sans causes, naïvement infatué de lui-
même. Il a, dit-il, admirablement plaidé,
mais Merville est condamné à vingt jours
de prison - vingt jours à l'ombre. 11
faut aller, ce soir même à Fresnes.
On comprend le désespoir du condam-
ne. Cette prison, c'est le déshonneur!
Et surtout, Colette saura que son marî
était aux Variétés avec Valentine de ;W -
zan.
Heureusement, un ami, un camarade
de collège, Pantruche, vient se présen-
ter à Merville. Pantruche est un pauvre
hère qui gagne oéniblensdnt sa v»e *
Le Numéro ; 5 centimes
Jeudi 21 Novembre 1907.
F J9 9r ~'B5-^WB. Htsk^k s » s-^H Bë~H Ê^M ja
Rédacteur en Chef : C. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
D
27 BnUleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE. 288-07
rCSSe Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
l ABONNEMENTS:
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1 aHs et r» e?artements 24 fr. 12 fr,
l i t,..,
anger 40 & 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION !
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Adresse Télégraphique : COMŒDIA=PARIS
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UN AN 6 MO:S
-
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 a
r hj ,
ou vient
le vent ?
tOPue' ,
Enguerrand de Médissy. Ainsi s'appe-
homme, rasé à l'américaine
't jolirfient habillé, d'un gilet sur-
UI gilet de velours vraiment en-
jab le. Il garda son chapeau sur la tête,
Das peu e côté, très en arrière, pour ne
ger ses cheveux lissés avec
pis Jeta sa cigarette éteinte sur mon
aPis, en alluma une autre, et il parla :
Donnez-moi votre avis. Qu'est-ce
qui v' n Ma-rcher, cette année?. Les piè-
des gaies les pièces dramatiques, les
pièces de charme?. Le public est là
J. un idiot, il attend qu'on lui
s hésite, tâtonne, s'élance, s'ar-
se réserve. Enfin, il voudrait sa-
soir où est la vogue, pour fixer son goût
eir/,Vller formellement ses préféren-
ovous comprenez, ça me
ça m'agace., je ne voudrais
^ême pas me mettre à fabriquer
à gigot si l'on s'en tient à la
.Japonaise. Ah! c'est juste. j'ai
vous dire. Je suis un con-
h : Auteur. Je fais du théâtre.
d::huit ans. J'arriverai. J'ai quatre
moi pour être célèbre. Tout
est de : mon père est Belge, ma mère
de Toulouse, moi, je suis Parisien,
yJIsjen. Voilà. Beaucoup d'amis.
Je suis concis, et circoncis. En-
je suis à la hauteur. Et puis, vous
je veux beaucoup d'argent, j'ai la
Po' eu sacré. Quand on a une âme
poète, on arrive toujours. Ciga-
Or, Je suis là. Que faire?. Que
sirent ces messieurs?. Hors-d'œu-
rôti °u bonbons glacés? Moi, je
prêt à tout ! J'ai des centaines et des
de sujets. Ah! c'est effrayant,
çUe
et k al de sujets ! Tous ceux de Meil-
de Dumas fils, d'Augier,
de bonshommes qui n'ont plus
^out es* refaire, et
Tout ça est à refaire, et
referai- Seulement, par où commen-
comprenez que je n'ai pas de
v^e dit perdre. Belle histoire d'être,
~es Il quelquefois Pierre Mortier,
ie$ D fcmiers auteurs dramatiques de
^n,' si on n'est ça qu'au moment
est aussi trentenaire, un noble
','ait comme tout le monde! Ce ne
pas la peine d'être né avec un
Hb Prodigieux, de la dignité, des ap-
'ltrer normes, du chic, et de savoir
PAR la fenêtre quand on vous a
la porte. Ni d'avoir tant lu !.
que j'ai !u!. Même Labi-
Labiche, quoiqu'en pensent un
Dires Labiche ne rend plus rien.
i( Percher des types, des prépa-
et des retournements, dans
ses. les Commentaires. de
ç'" de César.
laines saisons, tout va. Le public
S ,mac» il gobe des tessons de
,^ilje et des confitures turques dans
service. Vous lui foutez du
gj are, et il dit merci. Du Ber-
et il se pâme: « Oh! encore!.
toujours! » L'été passe là-
patatras. La foule est enceinte.
alQ es dégoûts et des envies. Vous
2 un gentil trois actes doux.
Vrjmit. Elle veut du sang, de la
et de la mort ou du costume.
i ï1 lui en fourre, on lui en fourre,
,,} !}e 11 fourre. Trois mois plus tard,
s v dlgere plus que le vaudeville.
ez de recommencer Patrie ou
tre aux Camélias. Charmant!
s est frais!
autre fois, c'est du cynisme
vers aut. Ou de la vanille. Ou même
vers - Tenez, l'année de Cyrano, je
Tenez, l'année de Cyrano, je
t v affolé, j'ai frisé la neurasthénie.
ie rai que j'étais très jeune. C'est
Ux dire que j'ai connu l'envie,
ie. Ah! que j'ai souffert!
rtant, sacré nom de nom, il y
Srta nt des lois, au théâtre. D'Alem-
-'î jesa cherchées, mais ce qu'il en
est Pas potable. Cet ancêtre était
rute épaisse. Capus, lui, les a
Si Inal& c'est un malin il ne-voulait-
lût. vjenient, que tout le monde les
e la profession de foi de
KÎJtW1? de Flers: « Avant tout, de
encore de l'agrément, et tou-
agrément. » Là, je suis ébran-
Out de même? « Encore de l'a-
qJ Eta', tOUjours de l'agrément! » Cet
A magnifiquement atteint par le
guerite, dit Caoutchouc, de
V§q/p lequel, premier disloqué en
^iir es' s'engageait « à exécuter
ses res, s'engageait « à exécuter
K ^Le^r^ices de dislocation, y com-
i qui consiste à mettre sa tête
S cinquante du reste de sa per-
Peut-on pousser plus loin l'a-
hi>,nù, théâtre? Et oserais-je croire,
que le nommé Marguerite, dit
tQeb-n ,Uc, fût le Dramaturge nar p'y-
? Wa-UrSe • Quel métier troublant!
No Je n'exige pas les Grands Se-
,cet û.Je veux savoir ce qui sera
la vio IVer, pas davantage. Il y a
qui tient bon depuis
iant Un. et qui restera sur ses pattes
tendant un an Ou deux encore. Du reste,
violence b au théâtre, c'est un peu
bleu dans le vêtement: c'est
diable, c'est que, pour
e er el aut de la voix. On a beau
dans les auteurs choisis, la
1 lte mal. On doit l'avoir
dans la peau. Outre que ça donne peu
à l'étranger. Il faut, n'est-ce pas? pen-
ser à tout.
» Parbleu! Si je m'hypnotisais sur
mes propres souhaits, il est bien certain
que j'affirmerais avec la dernière fer-
meté: Un proverbe de Musset, délayé
dans quatre actes de Pailleron, mouillé
d'une larme de Froufrou, flambé de
quelques Nouvelles à la main, et, au mo-
ment de servir, saupoudré de génie. Car
voilà mon affaire. Hélas! il ne s'agit
pas de me satisfaire, mais de nourrir
l'ogre. Aussi, j'oublie ma vocation, je
prends le vent, j'interroge tout le monde,
je sollicite l'avis du premier imbécile
venu. Quel est le vôtre? A quel genre
croyez-vous pour janvier, février, mars
et avril? »
Il souffla, pour allumer une dernière
cigarette. J'eus peur de me compromet-
tre devant cette jeune force.
— Ma foi, murmurai-je avec une
grande modestie, je ne saurais dire ce
qui fera fureur. Mais, pour des réussites
moyennes, je crois qu'on peut sans
crainte se lancer dans le genre bonne-
pièce.
Henry KISTEMAECKERS.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Les oubliettes
On se lait une idée généralement très
fausse de la façon dont on joue dans les
théâtres excentriques.
On se figure volontiers la Reine res-
tant en scène et attendant avec angoisse
son fils, le Prince Charmant, qui persiste
depuis cinq minutes à rater son entrée. On
imagine alors un brave homme de figurant,
tenant à la main une hallebarde et s'avan-
çant de quelques pas pour donner le ren-
seignement qu'il croit utile:
— Je vas vous dire, M'ame Ernestinel
J' crois bien qu'il est encore chez l' bistrot,
rapport à un déménagement qu'il a fait ce
matin.
Cela est vrai partois; mais il faut bien
le reconnaître, ces mœurs tendent à dispa-
raître toujours davantage de ces petites
scènes pour fair-e place à une interpréta-
tion correcte et souvent d'un grand mé-
rite.
C'est ainsi que l'on me signale quoti-
diènnement la bonne exécution des pièces
modernes les plus compliquées au théâtre
de Montrouge et qu'un lecteur m'écrit
pour me vanter la surprenante interpré-
tation de Patrie au théâtre de Belleville.
Si, dans la pièce, une balle pénètre par
le pavillon d'un clairon et contourne les
tubes pour venir ensuite couper la langue
de l'instrumentiste, la 'faute en est à M.
Sardou,.non pas à l'interprétation qui, elle,
est parfaite.
Il paraît même que l'artiste charge du
rôle de Rysoor est « supérieur à tout ce que
l'on peut rencontrer dans les théâtres des
boulevards ».
Je veux bien admettre qu'il y ait là un peu
d'exagération due à l'heureuse surprise
qu'éprouva notre ami; il n'en demeure pas
moins vrai que nos directeurs du centre de
Paris devraient bien aller de temps à au-
tre en banlieue ou dans les théâtres ex-
centriques et qu'ils y feraient, très sou-
vent, d'heureuses trouvailles.
L'on s'hypnotise trop sur certains noms
et l'on finit par croire que bien des ar-
tistes sont inremplaçables parce qu'on les
a déclarés tels. D'autres, au contraire, qui
témoignent de qualités beaucoup plus no-
toires, qui dépensent une énergie et un
courage extraordinaires à jouer les rôles les
plus divers et les plus éreintants, passent
inaperçus, parce qu'on a décrété tout d'a-
bord que, jouant dans un petit théâtre, ils
devaient y rester.
Cet amour excessif des catégories dans
lesquelles on enferme les gens comme
dans des oubliettes, sans vouloir ensuite les
en laisser sortir, est commode pour la cri-
tique. Il permet d'avoir un arsenal d'idées
toujours pareilles et d'étiqueter les talents
d'une façon définitive. -
C'est, au fond, la manière d'être la plus
injuste que l'on puisse imaginer et une façon
d'enterrer les gens sans vouloir les entendre,
qui ne serait même pas admise par l'Admi-
nistration des pompes funèbres.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre Antoine, première représentation de
Cœur à Cœur, pièce en trois actes, de M.
Romain Coolus.
Ce soir, à huit heures trois quarts, reprise
d'Orphée, de Gluck, au théâtre de la Gaîté-
Lyrique.
c
i omœdia publie, comme on sait, intégra-
lement le texte du rapport Buyat à la
Chambre sur le budget des Beaux-Arts pour
1908. -
Mais il est de son devoir d'y relever cer-
taines allégations.
C'est ainsi qu'on a pu lire récemment:
« Il y a le théâtre de la mer, celui du soleil
en Algérie. Aux environs de Paris, le théâ-
tre de la lune! Toutes ces entreprises font
appel au concours des artistes de la Comé-
die. »
Nous avons cherché en vain, dans la
banlieue, un théâtre qui fût comnee la lune:
il y a eu celui de verdure au Pré-Catelan,
il y a celui de la Nature à Champigny, celui
des Champs à Aulnay-sous-Bois, celui de
Champlieu près de Senlis, le théâtre futur
des Arènes, rue Monge: c'est tout!
Plus loin, M. Buyat dit que la Comédie-
Française a donné la première pièce d'Her-
vieu. Les Tenailles y furent bien jouées en
1895, mais Les Paroles restent, au Vaude-
ville, sont bien antérieures!
Enfin, il ne faudrait pas confondre YElec-
tra de la Porte-Saint-Martin avec l'Electre
du Théâtre-Français, ni appeler Semain le
poète Samain.
]
1 y a eu un petit essai — oh ! bien petit
- de révolte, hier, à la générale du
théâtre Antoine, un peu avant le premier
acte. Tout un groupe de spectateurs et de
spectatrices, gênés par les catapultes des
dames placées devant eux et devant elles,
s'est mis à réclamer leur suppression par
voie de protestation orale, sur l'air des Lam-
pions:
Les chapeaux, les chapeaux, les chapeaux!
Les plumets, les plumets, les plumets !
Les plumeaux, les plumeaux, les plumeaux!
L'expérience a d'ailleurs donné des résul-
tats encourageants. Dans une proportion de
deux sur trois, les monuments visés avaient
disparu en quelques minutes. Les autres ré-
sistèrent. Mais un nouvel assaut leur eût été
sans doute funeste.
De quelques révoltes de ce genre, si pou-
vait venir une révolution - dans la mode
parisienne'!
v
oici l'hiver!
Hier soir, on eut froid dans quelques
salles de spectacle.
Ce ne fut pas, pensons-nous, pour la mê-
me cause que dans ce célèbre petit théâtre
de faubourg où l'argent était si rare qu'on
n'avait pas même de quoi acheter un stère
de bois.
Un soir, comme on avait mis sur l'affiche,
en gros caractères:
« La salle sera chauffée de bonne heure.
Tous les poêles seront allumés »,
il fallut bien tenir parole. Les poêles furent
donc allumés, comme l'affiche l'annonçait.
Cependant la salle était toujours comme
une glacière, et les spectateurs se plai-
gnaient du froid. Un curieux se baisse pour
regarder dans un poêle: au lieu d'un bon
rondin de bois, on y voit, quoi?. un lam-
pion qui brûlait!.
M
me Litvinne chantera le rôle de Brun-
nhilde, le mois prochain, à la Scala
de Milan, qui ouvrira la saison avec Le Cré-
puscule des Dieux, auquel succéderont Loui-
se, de Gustave Charpentier; Pelléas et Mé-
lisande, de Claude Debussy; Cristofo Co-
lombo* de Franchetti, et quelques regrises
d'opéras italiens.
Tandis que le célèbre théâtre de Milan
s'apprête à faire merveille, le Conservatoire
Verdi s'étiole, faute de fonds. Son directeur,
le maestro Galignani, vient d'aviser le gou-
vernement que, si on ne lui accorde pas
20.000 lire pour dépenses urgentes, il licen-
ciera tous les élèves.
N
os talents continuent à s'expatrier, tout
au moins momentanément.
M. de Féraudy ne va-t-il pas recevoir, ou
n'a-t-il pas déjà reçu de l'administrateur gé-
néral de la Comédie-Française, l'autorisa-
tion de quitter Paris, à la fin du mois de mai
1908, pour entreprendre une tournée de
quatre mois (juin, juillet, août et septembre)
en Amérique du Sud?
Envions donc les théâtres du Venezuela,
de l'Equateur, de Colombie, du Pérou, de
Bolivie, de Patagonie et de l'Uruguay.
A
la générale d'Après le Pardon, avant-
hier soir, la salle est narticulièrement
brillante; au foyer, il y a des groupes de
jolies femmes décolletées très bas en des
robes empire aux couleurs vives, et l'on
parle beaucoup italien. Nous entendons ce
mot d'auteur — d'un auteur très en vogue:
— Cette Réjane, tout de même, qui nous
donne en même temps Après le Pardon et,
pendant l'entr'acte, Madame Sans-Gêne!
Cela nous rappelle le mot de Dumas fils
(attribué aussi à Becque) à la première de
La Souris:
— Quelle chance il a, ce Pailleron: on
lui joue La Souris sur la scène, et dans la
salle Le Monde où l'on s'ennuie.
Si le t langage fleuri venait à fuir les
)J derniers salons où il trône encore, ce
n'est certes pas dans les coulisses du Châ-
telet qu'il faudrait le venir chercher.
Le soir de la répétition générale de La
Princesse Sans-Gêne, M. Henri Prévost,
administrateur du Châtelet, en habit noir et
coiffé d'une cape, allait et venait, prêtant
la main à tout, secondant les régisseurs de
la scène dans leurs minutieuses fonctions.
Au tableau du camp, alors que les sol-
dats du roi Grosloulou se trouvent ins-
tantanément déshabillés pour se présenter
en chemise devant la Princesse Sans-Gêne
(Alice Bonheur), un figurant entre trop tôt
en scène.
Le tableau fini, Raimond Pouget, chef
de la figuration, bondit vers le délinquant:
- Espèce de moule! Qu'est-ce que tu
es allé fiche en scène?
Et l'autre de s'expliquer:
— C'est le mec en cloche qui m'a ba-
lancé !
(Traduisez: « C'est le monsieur en cha-
peau melon qui m'a poussé ! »)
C'est de M. Prévost qu'il s'agissait.
0 suave langage!
N
'ous disions, ces jours-ci, l'ignorance
comnlète de beaucoun d'enfants du
corps de ballet de l'Opéra. -
Il n'en va point de même à Saint-Péters-
bourg, où les enfants qui entreprennent le
métier de danseurs en de danseuses sont
élevés, nourris et instruits par l'Etat; ils
sont, en quelque sorte, sa propriété et ne
peuvent se dérober à sa tutelle jusqu'à leur
majorité.
On fait ainsi, chez nos amis et alliés, des
sujets instruits et remarquables. Ainsi se sa-
tisfait le goût très vif des Russes pour les
ballets,-qui sont, chez eux, les plus beaux
du monde. Ils ont a Saint-Pétersbourg un
succès inimaginable; les abonnés sont tou-
jours au comp]et,et un abonnement se laisse
par testament à son héritier.
L
e directeur d'un théâtre du boulevard -
l'un des plus parisiens — a l'habitude
d'envoyer à tous les grands quotidiens une
note relatant le montant officieux de la re-
cette.
Depuis que la pièce actuelle est en cours,
il annonce chaque jour une recette de 7.000
francs.
L'autre soir, erreur d'un scribe distrait,
les journaux reçurent à insérer la note des-
tinée à l'Assistance publique. Elle accusait,
comme encaissement de la représentation
de la veille, 700 francs!
u
n titre à modifier.
Un théâtre proche des boulevards a
l'intention de monter prochainement une
opérette intitulée: La Belle Jardinière et le
Petit Pâtissier.
N'est-ce pas là un titre malheureux?
La Belle Jardinière, en effet, confec-
tionne des vestes, et le Petit Pâtissier fa-
brique des petits fours.
N
ous avons reçu hier l'amusante lettre
que voici:
Cher Monsieur,
Vous connaissez Willy: il a horreur de la
réclame. C'est pourquoi je viens vous dire un
mot de son nouveau roman : Un petit vieux bien
propre, sûr que jamais il ne se déciderait à
vous en parler lui-même.
C'est une histoire de théâtreuse qui a tout
pour plaire aux lecteurs de Comoedia: des ros-
series à foison, des caricatures de gens de let-
tres et d'auteurs dramatiques cruellement res-
semblantes, le tout greffé sur une intrigue sen-
suelle où, parmi des inventions drolatiques,
fleurit un peu de mélancolie furtive.
Ce qui m'a plu, surtout, dans Un petit vieux
bien propre, c'est la description d'une « pre-
mière » à t'Empire de Londres, qui va faire
probablement interdire le bouquin en Angle-
terre; c'est aussi le récit des débuts de Pim-
prenette, à l'Olympia, avec incidents violents
dans la salle et silhouettes d'idiots tapageurs,
prodiguées à. couche que veux-tu.
J'ajoute que Willy m'a représenté, moi Mau-
gis, comme le Virgile boulevardier guidant le
Petit vieux bien propre dans l'Enfer théâtral,
jusqu'à sa rencontre avec la mineure Lalie.
Pauvre homme ! Il a vu la coulisse jusqu'à La-
lie! Dispensez-moi d'insister.
Tout vôtre,
Henry MApOIS.
E
mendtf, dimanche dernier, atrConcerf
Colonne :
Pendant que l'orchestre susurrait le Pré-
lude à l'après-midi d'un Faune, de De-
bussy, un pompier, nouvelle recrue, de ser-
vice sur la scène, s'avance vers l'aimable
régisseur de l'Association Colonne, M.
Bayer, et, lui demande:
— Pardon, M'sieu! Combien sont-y de
musiciens qui jouent là?
M. Bayer, un peu étonné, répond qu'ils
sont cent.
Et le brave sapeur, plus étonné encore,
appelle son collègue du fond de la scène et
lui dit:
— Crois-tu! Y sont cent à jouer çà! Au
bataillon, avec trois pompes, on fait plus de
potin qu'eux!
Evidemment, il y a musique et musique!
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne # presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison,
NOUVELLE A LA MAIN
D
ans la loge d'un concierge de théâtre,
en banlieue, deux petites filles jouent
à la poupee.
— Elle - est belle, ma poupée; elle a de
beaux cheveux, dit la plus fortunée.
— Oui, dit l'autre, la mienne en a pas!
Et elle ajoute, pour se consoler:
— Oui, mais aussi elle a pas de poux :
Le Masque de Verre.
Directeur
et Commanditaires
On sait les attaques dont a été l'objet la
gestion de M. Albert Carré, directeur de
l'Opéra-Comique. Elles eurent, naguère,
leur écho à la tribune de la Chambre des
députés.
Il n'est point sans intérêt, au moment où
Comœdia publie le rapport de M. Buyat
sur le budget des Beaux-Arts — rapport qui
constate que « M. Carré a placé son théâtre
au premier rang » — de faire connaître
l'opinion des personnes le plus directement
« intéressées » à la prospérité de notre
grande scène lyrique — les actionnaires.
On nous communique, fort à propos, le
procès-verbal de l'assemblée tenue samedi
dernier par les membres de la Société du
Théâtre de l'Opéra-Comique.
Nous en extrayons le paragraphe suivant:
«, Les commanditaires de l'Opéra-Comi-
que, réunis en assemblée annuelle pour
l'examen des comptes de l'exercice 1906-
1907, protestent, à l'unanimité, contre les
attaques et les insinuations dont leur gé-
rant, M. Albert Carré, a été l'objet à la
tribune, -de la part d'un membre de la
Chambre des députés, déclarent inexacts
les chiffres et évaluations sur lesquels les
dites attaques et insinuations ont prétendu
se fonder, confirment au directeur de l'O-
péra-Comique leurs sentiments de con-
fiance et d'affectueuse estime et le féli-
citent des résultats artistiques et financiers
qu'il a obtenus. »
Comœdia ést en mesure d'annoncer que
l'assemblée a eu à approuver la distribution
d'un dividende de 2 pour 100, qui, ajouté à
l'intérêt statutaire, porte à 7 pour 100 le
revenu du capital.
Les chiffres constituent toujours les meil-
leurs arguments
THÉÂTRE DES NOUVEAUTÉS
Vingt jours à rompre
Vaudeville en trois actes
>_ de MM. Maurice Hennequin
et Pierre Veber
Il y a un genre de vaudeville qu'on
appelle le vaudeville français, je ne sais
pas trop pourquoi : c'est de la grosse
farce, avec imbroglios ahurissants, des
scènes épileptiques, c'est la pièce à ar-
moires, à lits, et autres accessoires res-
sassés. Ce vaudeville-là, me semble-t-il,
est de toutes les nationalités, il n'y a
aucune raison pour que nous en reven-
diquions la paternité.
Il y a un autre genre de vaudeville,
qui, autour d'une intrigue fantaisiste,
brode des épisodes de comédie, qui
prend prétexte d'une situation vraisem-
blable ou non pour dessiner une satire,
pour émettre une observation piquante,
un paradoxe. Tout le monde y peut
prendre plaisir, les délicats et les autres ;
il ne paraît pas sinistre à une partie du
public, il réconcilierait tous les ennemis
du genre. C'est celui-là qui est vérita-
blement le vaudeville français.
Le vaudeville de MM. Hennequin et
Veber appartient à cette seconde catégo-
rie, c'est le vaudeville que l'on peut qua-
lifier de français, car il est léger, ai-
mable, frondeur, incisif et piquant.
Il y a, dans ces trois actes, beaucoup
de verve, de gaieté, d'esprit de situation;
il n'y a pas de ces « mots » plaqués, ve-
nus on ne sait d'où. La grivoiserie en
est soigneusement exclue. La pièce est,
d'ailleurs, bien construite avec un mé-
tier, un savoir qui ne gênent pas la fan-
taisie, la trouvaille imprévue. Ceci ne
veut pas dire que la pièce soit parfaite ;
il s'y est glissé quelques scories, je dirai
volontaires. Les auteurs, à certains mo-
ments, semblent avoir eu peur du pu-
blic, du public des vaudevilles, il lui ont
consenti quelques sacrifices et ils se sont
par instants laissé aller à l'outrance.
Notez bien que cette outrance, qui se-
rait très modérée dans une farce ordi-
naire, choque ici les spectateurs qui n'y
ont pas été préparés, puisque les auteurs
les ont introduifs dans une ambiance plus
délicate, dans une ambiance où les effets
comiques sont moins faciles.
Je signalerai aussi quelques fautes de
goût. Même dans un vaudeville, l'amour
ne peut pas être qualifié de besoin na-
turel; et l'un des deux auteurs, qui est
un des journalistes et critiques les plus
en vue, n'avait peut-être pas le droit de
dire que les directeurs de journaux sont
des « marchands de silence». Il sait que
non. Ce dilettantisme est donc de l'inu-
tile rosserie.
Je n'ai signalé ces défauts que par
conscience de critique. Je préfère dire
que je me suis très franchement amusé
à des scènes d'une jolie fantaisie, à voir
défiler des types originaux, d'une cocas-
serie neuve, et qui m'ont fait une agréa-
ble diversion avec les éternels person-
nages des éternels vaudevilles.
***
L'analyse de Vingt jours à l'ombrç ne
donnera pas l'idée très exacte de ce
qu'est la pièce. Le sujet est, en effet, as-
sez banal. Traité par d'autres auteurs, il
eût dévié dans le genre de vaudeville
dont je parlais tout à l'heure.
Il y a toujours un mari qui trompe sa
femme et des complications dues au ha-
sard, cette providence des vaudevillistes.
Mais le hasard lui-même peut être ma-
nipulé avec plus ou moins de légèreté ;
l'invraisemblance peut être présentée
avec plus ou moins de vraisemblance.
Et voilà pourquoi, avec une action qui
Mlle BERNOU
n'est. pas en elle-même très nouvelle,
MM. Maurice Hennequin et Pierre Ve-
ber ont fait une œuvre personnelle et
neuve.
Le mari qui trompe sa femme, c est
M. de Merville. M. de Merville a une
femme charmante, Colette, une exquise'
et jeune belle-mère, Mme La Hire, et
une sœur non mariée, Denise. (Sachons
d'abord gré aux auteurs de ne nous,
avoir pas fait subir la traditionnelle belle-
mère cacochyme, acariâtre, féroce aux
peccadilles des siens).
Pour tous les siens, M. de Merville'
est le modèle des maris, des gendres, des
frères. Il adore Colette, il est adoré par
sa belle-mère, il va marier sa s'œur De-
nise avec un charmant jeune homme,
M. Thomerel.
Cependant, Merville est inquiet, son
caractère est devenu morose, irritable,
il « fait » de la neurasthénie, comme di-
sent les morticoles ou plutôt les vivicoles.
La vérité est qu'il a sur les bras une;
affaire très désagréable.
Merville, en effet, trompe sa femme
avec l'amie intime de celle-ci, Valentine
de Mézan. Or, dernièrement, aux Va-
riétés, il se trouvait dans une baignoire
avec sa maîtresse. Les chapeaux de deux
voisines le gênaient, il se plaignit, eut
une contestation suivie d'altercation avec
le garde municipal. Il se laissa emporter
jusqu'à donner une gifle au représen-
tant de l'ordre public.
Les suites de cette gifle sont bit 1 i net-
tes: c'est la correctionnelle, la nei v è.rie-
chambre, celle qui ne pardonne r mais.
Merville a confié le soin de sa défense à
son ami Chantanelle, et il attend ie iu-
gement. Il a surtout une peur effr nabie
que sa femme le sache. On deviendrait
neurasthénique à moins.
Voici Chantanelle, un type d'avocat
sans causes, naïvement infatué de lui-
même. Il a, dit-il, admirablement plaidé,
mais Merville est condamné à vingt jours
de prison - vingt jours à l'ombre. 11
faut aller, ce soir même à Fresnes.
On comprend le désespoir du condam-
ne. Cette prison, c'est le déshonneur!
Et surtout, Colette saura que son marî
était aux Variétés avec Valentine de ;W -
zan.
Heureusement, un ami, un camarade
de collège, Pantruche, vient se présen-
ter à Merville. Pantruche est un pauvre
hère qui gagne oéniblensdnt sa v»e *
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