Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-20
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 novembre 1907 20 novembre 1907
Description : 1907/11/20 (A1,N51). 1907/11/20 (A1,N51).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645349s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
~A
4*nnêe.- N° 51 (Quotidien,
>Le Numëro : S centimes
Mercredi 20 Novemore i9o/.
Rédacteur en Chef: O. de PAWLOWSKl
BÉDACTI°N & ADMINISTRATION :
t Boulevard Poissonnière. PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
resse Télégraphique: COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
p UN AN s moi*
t. epartements. 24 fr. 12 fr.
^anger
, * 40 » 20 p
RÉDACTION & ADMINISTRATION:
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN a mois -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr. ,
Étranger 40 » 20 » -
l'is du Cœur
; :OUs n'
arier eîes pas sans avoir entendu
cas vous n'êtes pas. en
cas Voici une occasion -,- de
fondation merveilleuse, mirifique,
énommée : Maison de retraite des
médiens, due à la pitié rothschil-
iennement charitable de ce Coquelin
ne se contente pas d'être l'artiste que
vous savez, Mais insatisfait de faire bat-
te les mains des spectateurs, réussit à
aire battre les cœurs des vieux cama-
;ce, battre de. jQie et de reconnais-
sance.
Pour être arrivé à ce formidable ré-
sultat : créer de toutes pièces un château
a fallu PmPtueux, aéré, clair et gai!
e. notre homme non seulement
les extraordinaires relations dues à son
et a ?a; vie privée, mais un cou-
rage, '-. patiet.icé, un entrain indémon-
acles — sans parler de sa générosité
personnelle, sur laquelle, au surplus, il
ne faut point s'étendre, Mascarille ne
permettrait pas!
Bref, il autre jour, notre Président
C'est ainsi SI que nous nommons notre
grand d q, Président-mécène de l'Asso-
ciation ;'°n çjes artistes dramatiques) m'invite
à l'accompagner en ce village, destiné à
l'appeler Un jour: Coquelinville, mais
pour le moment, s'étiquette avec
modéstie : Couilly — je vous demande
pardon. ce n'est pas moi qui ai baptisé
de pays n'est pas moi qui ai baptisé
pays — Pour aller au castel en ques-
tion situé à quelques portées de fusil,
Ponts-aux-Dames (ça, c'est gracieux, au
A peine arrivé, je restai, bouche bée,
dw arrivé 'je -restai, bouche bée,
d'admiration — il ne fallait rien
~que cette vue pour me clouer
quelque Part*
Ce n'était que festons, ce n'était
qu'astragales.
Verdure! verdure! verdure, bocages
ais, rideaux de peupliers (ô rideaux!)
petite riv ière poissonneuse, plaine, bois,
erger, potager, parc. rien ne manque,
les même !-n e le vieux moulin, comme à
trianon. Et quels ombrages, quels beaux
Quant à l'intérieur de la , car,
r'aot Im__téneur de la.VIl1a,. l'air
vin ~~eure a absolument J'air
une villa appartenant à quelque mil-
ndaire; Milliardaire artiste, s'en-
~tout y est admirablement com-
électrici té à profusion, ascenseurs
tous les coins, balances automati-
,« - souvent se pèse, bien se
rs. « Qui souvent se pèse, bien se
on voit, dès le vestibule, large et lu-
que la science du confort et la
connaissanc e approfondie des moindres
~gences de l'hygiène moderne ont pré-
parfait aménagement de ces
chambres Ce "S et en font, avec leur chauf-
fage central, leur ventilateur électrique,
la sall e de bain, leur water-closet, leur
~avec eau courante, chaude et
frode, "Ideal de l' etre le plusepns
~Idéal de l'être le plus épris
~nt eque qui deviendra certai-
~ent un musée. de la librairie,
de billard, ce qui permet aux pen-
nnaires de faire encore « des effets »
cément rétrogrades, et. serez-vous
pris? salle de théâtre aux dégage-
;~ { °u&s, jusqu'en plein air.
; 0 (jç Je me croyais dans un ca-
de nos chères Pyrénées, car il
ï auso^i des montagnes. J'ignore
Qr. Coquelin qui les a rapportées
de ses voyages.
Connaissent un peu l'humanité, je
disais, a Part moi (du reste, quand
elque chose, c'est toujours
— Qui sait, parmi ces fortunés vei-
llards qui ne doivent pas en croire
ye ux de se voir vivre ainsi,
bourse délier, la grande vie con-
templative, il y en a inévitablement
darJIuels l'ingratitude ose montrer
Venimeux. Ayons-en le cœur
talons celui-ci.
Et m'approchant d'un brave homme
barbe grisonnante — la plupart de
rentiers laissent pousser leurs poils
~t-"h yen ■ camarade, êtes-vous con-
•HN| ,ciî> °us Y plaisez-vous vraiment?
Si vous y plaisez-vous vraiment?
Si je suis content? me fit-il avec
en articulation des anciens soirs, mais
c'est-à-dire je suis heureux de n'a-
pas réussi ! ebssi!
Hein? Ce mot est-il suffisamment si-
\~n~~ dispense-f-il assez de tout
commentaire !
Néanmoins, voulant renouveler l'ex-
périence, je changeai mon fusil d'épaule
et au lieu de m'adresser directement à
en locataire de la villa Coq, je m'enquis
auprés du bon Bouyer, grand manitou
des hôtes bit de ces bois.
— Dites donc, Bouyer, celui-là, là-
riY air un peu grincheux. Est-il
heureux d e son sort?
Bouyer, terrible, me toisa, et, de cet
martin (pe les habitués de la Porte-Saint-
Martin la porte, le théâtre) ont en-
core dans JUge oreIlle:
— Juges-en, petit! Ce brave homme a
apporté, pour petit! Ce brave homme a
rier2Uf en orner sa chambre, un
on peut suephemeride. Tu sais qu'ici,
on peut suspendre, mais on ne cloue
h'af. in 9s adation murale! Or, un
(t", eVer ? dernier, comme il venait
enlever Un feuillet pour le rejeter dans
éternité, il aperçut tout à coup une
pour date qui, toute sa vie, avait été
pour lui fatidique affolante: 15 octobre;
mais au lieu du mélancolique fron-
cement de sourcils que ce quantième
amenait jadis quatri-annuellement, as-
sombrissant son masque, courbant son
dos, ses yeux riboulèrent, sa bouche
s'élargit en un large rictus de joie,
et, hochant la tête, notre vieux ga-
vroche ironiqua au calendrier:
— Oui, mais, à présent. je m'en
fous!
Félix GALIPAUX.
Nous publierons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
Échos
Ce spir. à, huit heures trois quarts, au
théâtre dés Nouveautés, première représen-
tation de Vingt jours à l'ombre, pièce en
trois actes de MM. Maurice Hennequin et
Pierre Veber.
Cet après-midi, à une heure trois quarts,
au Théâtre Antoine, répétition générale de
Cœur à Cœur, pièce en trois actes, de
M. Romain Coolus.
L
a polémique soulevée autour de la mise
en scène de Tartuffe n'est pas près
d être close.
M. Adolphe Brisson répond judicieuse-
ment à M. Gustave Téry que l'action se
passe à une époque plutôt froide, en s'ap-
puyant sur ce vers :
La campagne, à présent, n'est pas beaucoup
[fleurie.
L'argument paraît décisif.
Mais M. Brisson se trompe, pense-t-on,
quand il place la scène à la fin de l'au-
tomne.
C'est faire tort à Molière qui possède, au
suprême degré, le génie des termes exacts.
Si, comme le croit le critique du Temps, on
se trouvait en novembre, l'auteur aurait
écrit :
La campagne, à présent, n'est plus beaucoup
[fleurie.
Nous sommes donc à une saison où il
n'y a pas encore de fleurs; soit donc en
hiver ou au commencement du printemps.
E
ntendu dans un bar américain des en-
virons de la Bourse:
Un jeune homme adorné d'un monocle
s'approche du comptoir et, s'adressant à un
sympathique boursier à la'tête chenue qui
déguste religieusement uncoktaiI:
— Bonjour, Monsieur X. Vous ne me
reconnaissez pas! Je suis le fils de. (ici
le nom d'une de nos plus gracieuses et spi-
rituelles artistes qui fit courir et la cour et
la ville au temps où la République tolérait
encore des princes, et que nous ne désigne-
rons pas plus clairement pour ne faire de
peine à Félonne.
- Ah! Parfaitement, jeune homme!
Et, prenant familièrement l'autre par l'é-
paule, le vieux boulevardier ajouta:
— Et tu sais, mon petit, je suis peut-être
aussi un peu ton père!
v
endredi soir, au Châtelet, à la répéti-
tion de La Princesse Sans-Gêne, au
moment où Galipaux doit changer subite-
ment de vêtements, le « truc » de transfor-
mation ne marcha pas assez vite. Alors no-
tre joyeux Félix de s'écrier:
— Je suis maintenant le prince Mysouf!
Ça n'a pas été tout seul, mais enfin je suis
le prince Mysouf!.
Les spectateurs rirent de bon cœur.
p
ensées et maximes:
« La première étude de ceux Qui se
destinent au théâtre doit être de s'examiner
eux-mêmes. »
CLAIRON.
« On choisit un soldat de parade, on de-
vrait au moins avoir la même attention pour
les acteurs. »
MERCIER. 9
« Ayez des défauts, mais qu'ils servent
d'ombres à un talent qui les fasse accepter
d'autorité. »
DUGAZON.
« Une voix ingrate, des yeux muets, des
traits inanimés, ne laissent aucun espoir au
talent de se manifester au dehors. »
MARMONTEL.
« La figure de la femme qui doit inspirer
les passions les plus vives et; qui est tou-
jours adorée doit être adorable. »
LARIVE»
]
dolâtrie.
L'autre soir, rue Blancne, a la sortie
d'une répétition de chez Réjane, avisant de-
vant la porte l'attelage directorial, un jeune
Anglais enthousiaste se précipite sur les
deux bêtes aux longues oreilles et, après
quelques caresses, appuie se% lèvres sur le
naseau de l'une d'elles.
— Aoh! que faites-vous, Fredey?,s'é^ crie
une petite voix indignée.
Et Fredey de répondre :
— Dearest, je. embrassais les mules de
Réjane.
Alors un de nos plus spirituels artistes,
présent, murmura:
— AU right, et comme ça, voilât Réjane
devenue l'émule du Pape!
L
es petits, les obscurs, les sans grades.
Le Théâtre-Français — tout comme
l'Académie — emprunte à quelques-uns de
ses membres la gloire qu'il répand sur les
autres. Certains de ses pensionnaires, voire
de ses sociétaires, ne doivent leur réputa-
tion qu'à leur titre et brillent au premier
rang — d'un éclat modeste, il est vrai —
quand ils s'éclipseraient au second.
Ces Quatre mots: « de la Comédie-Fran-
çaise », sont encore, aux yeux des profanes,
un brevet de talent suffisant, et le prestige
de la Maison pare jusqu'à ses plus humbles
serviteurs. Le nom de Falconnier, que per-
sonne ne lirait sur les affiches de l'Ambigu,
est connu de toute la France, et le con-
cierge Leclerc lui-même, qui, dans sa loge,
imite le .sourire désabusé d'Henri Lavedan,
est une figure parisienne.
Quant au petit personnel, il est composé
de braves gens, dévoués et modestes, dont
quelques-uns sont pittoresques.
L'habilleur Gabriel est de ceux-là. C'est
un homme simple que l'ambition ne tour-
mente pas et qui fait son service avec ponc-
tualité, mais dont les distractions sont quel-
quefois joyeuses.
Un jour de l'été dernier, la chaleur était
accablante :
— Gabriel, demande-t-on, allez voir com-
bien le thermomètre marque de degrés.
Gabriel disparaît et, après quelques mi-
nutes, rapporte le renseignement demandé.
- Il fait 63°, déclare-t-il candidement.
Il avait additionné les températures in-
diquées à l'intérieur et à l'extérieur du théâ-
tre.
1
1 paraîtrait qu'à la suite de dissentiments
qui se seraient élevés entre MM. Deval
et Hichemond, directeurs des Bouffes, e-t
M. Sylvestre, ce dernier aurait renoncé à
ses fonctions de directeur de la scène de ce
théâtre et se serait retiré de la combinai-
son.
L
'Orphée de Gluck, que l'on reprend de-
main au théâtre de la Gaîté, fut repré-
senté pour la première fois à Vienne en
1764.
Cette nouveauté-là créa d'abord un grand
soulèvement de la part des amateurs du
goût italien: mais les grandes beautés dont
l'ouvrage était plein subjuguèrent bientôt
toutes les préventions. A la cinquième re-
présentation, l'opéra fut universellement ap-
plaudi et il demeura constamment sur l'af-
fiche pendant deux années consécutives,
toujours avec le plus grand succès.
Gluck ayant été appelé à Parme pour les
fêtes du mariage de l'Infant, proposa de
jouer ce même opéra. On s'éleva d'abord
contre ce projet, parce qu'on craignait que
ce nouveau genre déplût à un peuple ja-
loux de sa musique et accoutumé à servir
de modèle, à cet égard, aux autres nations.
Le compositeur, connaissant le peuple à qui
il avait affaire et le jugeant ençore plus sen-
sible que vain, plus attaché à ses plaisirs
qu'à ses opinions, insista et prit sur lui le
risque de l'événement. L'opéra emporta
tous les suffrages dès la première représen.
tation, et lorsque, après un certain temps;
on voulut en remettre un autre, Orphée fut
redemandé à grands cris. Il a été, depuis,
donné avec un succès constant sur la plu-
part des théâtres de l'Europe.
N
e vendez pas vos bijoux, perles et pier-
res fines, ainsi que vos reconnaissan.
ces de bijoux, sans les montrer au comptoir
International, 44, Chaussée-d'Antin, qui
paie très cher. Téléphone: 269-67,
v
edrine est aussi bien le Roi des Car-
rossiers que le Carrossier des Rois;
fontes les voitures automobiles élégantes
sont munies de ces exquis modèles qu'il
a répandus à profusion dans le monde en-
tier.
NOUVELLE A LA MAIN
u
ne ancienne écuyère qui s'est retirée
- avec d'assez jolies rentes se promenait
aux Tuileries ou elle regardait, mélancoli-
quement, plusieurs petites filles courant
après leur cerceau:
— Comme ces enfants sont peu avan-
cées, soupira-t-elle; elles font rouler leur
cerceau! A leur âge, moi, je passais déjà à
travers.
Le Masque de Verre.
AU THÉÂTRE ANTOINE
La rentrée de Mme Andrée Mégard
Par une après-midi ensoleillée de l'été
dernier, Mme Andrée Mégard et M. Gémier
regagnaient leur villa de Vaucresson en em-
pruntant le chemin des écoliers. Leur auto-
mobile, une somptueuse limousine Bayard-
Clément — rien des annonces! — suivait,
à toute petite allure, la route du bord de
l'eau, entre Suresnes et Saint-Cloud. Les
deux artistes causaient d'une œuvre puis-
samment dramatique dont M. Romain Coo-
lus leur avait remis le manuscrit quelques
jours auparavant. La pièce mettait à la
scène un intérieur de bourgeois cossu et
M. Gémier recherchait, déjà, à piquer, d'une
note originale, les décors et les ameuble-
ments dans lesquels son imagination
« voyait » la pièce et ses interprètes. « Il
me faudrait, disait-il, pouvoir visiter des
intérieurs « réels », dont les êtres qui les
habitent auraient eu assez de goût et aussi
de personnali. pour allier, heureusement,
le style classique et leur style propre. »
Et, machinalement, les deux futurs pro-
tagonistes de Cœur à Cœur se prirent à
examiner les coquets hôtels plantés en bor-
dure du quai de Billancourt. L'un d'eux
fixa leur attention. Un ordre bref au mé-
canicien-et l'auto stoppait devant la grille.
Le concierge accouru, en hâte, donnait de
bonne grâce l'adresse du propriétaire du
logis, M. Arnaud, retiré à Chantilly.
Quelques jours plus tard, M. Arnaud, qui
se trouvait être, outre le plus galant homme
du monde, un lettré curieux des choses de
théâtre, réunissait, en un five o'clock hâti-
vement décidé, Mme Mégard, M. Gémier,
M. Coolus et M. Bertin.
Le soir même, le décorateur dessinait la
maquette du « un » de Cœur à Ca5»*.—•
reproduction fidèle du hall de l'hôtel de
M Arnaiirl
C'est-dans un de ces rôles de douloureuse
meurtrie où elle est inimitable que Mme
Andrée Mégard fera, demain, sa rentrée au
Théâtre-Antoine, au retour d'une tournée
triomphale en France, en Belgique et en
Suisse, avec cette Anna Karénine dont elle
fit, la saison passée, sur la scène du bou-
levard de Strasbourg, une inoubliable créa-
tion.
La pièce de M. Romain Coolus met en
scène un drame simple et poignant où la
passion s'exprime en termes vibrants dans
la plus belle langue qui soit. Le dramaturge
de L'Enfant chérie, des Amants de Sazy,
d'Antoinette Sabrié, de Petite Peste, atteint,
dans Cœur à Cœur, la maîtrise absolue. Il
y montre, franchement, largement, la pen-
sée qui le hante — qui est de modifier les
façons de sentir et de comprendre les rap-
ports des êtres. On en jugera demain.
Cœur à Cœur ne comporte que trois ac-
tes - mais trois actes copieux, où les deux
(Photo Henri Manuel )
Mme ANDRÉE MECARD (Photo Henri Manuel).
protagonistes de l'oeuvre, Mme Mégard et
M. Gémier, pourront, à l'aise, déployer tou-
tes les ressources de leurs beaux talents.
La distribution comprend, en outre: M.
Rouyer, Mme Franquet, M. Houry, Mlle de
Felberg, M. Saiilard, M. Baur — c'est-à-
dire un ensemble irréprochable.
La pièce a, d'ailleurs, été étudiée avec
un enthousiasme qui ne s'est pas émoussé
un seul instant, à mesure que les répétitions
succédaient. aux répétitions.
Et il n'est point — on le sait — de sen-
timent qui se communique plus aisément
d'un côté à l'autre de la rampe.
GEORGES TALMONT.
- , COMÉDIE-FRANÇAISE
L'Administrateur est sans pitié
Un acte de M. Claretie. -- L'interprétation. La critique.
Nous avions, jusqu'à ce jour, dans la lit-
térature française, pour illustrer nos
fastes administratifs, Crainquebille, d'Ana-
tole France, et les immortels chefs-d'œuvre
de Courteline.
Depuis hier, nous avons en plus l'extraor-
dinaire affaire Claretie-Comœdia.
Au surplus, - si les noms se modifient,
l'affaire demeure, au fond, toujours la
même. Qu'elle soit personnifiée par un
7
Ce qu'écrivait M. EMILE MAS:
La baignoire de l'administrateur offrait un
coup d'œil charmant; six ravissantes jeunes
filles, suivant le spectacle avec une inlassable
attention, s'accoudaient fréquemment sur le
bord de l'avant-scène, pareilles à de jolis oi-
seaux sur la crête d'un mur.
EMILE MAS.
14 novembre..
- -
marchand des quatre saisons, par un mon-
sieur qui, humblement, rapporte une mon-
tre trouvée au commissariat de police, ou
par notre érudit critique M. Mas, il s'a-
git toujours, somme toute, d'un excellent
homme animé des meilleures intentions du
monde et qui se voit traiter brusquement
comme le dernier des criminels parce qu'il
eut l'extrême infortune d'entrer en contact
avec les représentants de notre Adminis-
tration.
On connaît les faits. M. Mas s'était ef-
forcé, il y a de cela quelques jours, dans
son compte rendu de la Comédie-Française,
de dire un mot aimable des personnes qui
se trouvaient dans la loge de M. Claretie.
Il's'était efforcé de le faire comme tout bon
critique théâtral, et comme tout homme ai-
mable, d'une façon charmante, et l'on peut
dire qu'il y avait réussi.
Le lendemain, nous recevions une lettre
tellement invraisemblable de M. Claretie,
que ce fut, dans les bureaux de Comœdia,
lorsque nous l'eûmes publiée, un défilé de
gens qui vinrent nous reprocher de l'avoir
fait. Certains nous apportèrent des lettres
autographes de M. Claretie pour nous prou-
ver, au besoin, en confrontant les écri-
tures, que nous avions été victimes d'un
joyeux fumiste. D'autres nous affirmèrent
qu'il suffisait de connaître le caractère et
le tempérament de M. Claretie pour devi-
ner, de prime abord, que la lettre en ques-
tion ne pouvait être qu'une plaisanterie
aussi absurde que dénuée de sens et faite
par un fâcheux anonyme.
Nous en fûmes, je dois l'avouer, mor-
tellement inquiets, bien que -la- simple ins-
pection de la lettre que nous reproduisons
èÎ-coplré, né pur nous laisser ûiu-un douté
sur son authenticité. Ces dernières hésita
tions devaient être bientôt dissipées.
Hier soir, M. Claretie donnait l'ordre
d'interdire à M. Mas le libre accès du théâ.
tre auquel il avait droit depuis douze ans,
en raison des services éminents qu'il a su.
rendre à la Comédie-Française.
Dès lors, l'affaire se précisait et, tout de
suite, nous avons compris qu'elle serait a
tout jamais insoluble.
M. EMILE MAS
M. L'ADMINISTRATEUR
Ce que répondit M. JULES CL/ihlTJE;
Monsieur,
J'ai le droit d'être chez moi c^.NS I K 0 •
d'y inviter qui bon me semble J'ir: > t "l:';':
rédacteur attitré à ne pas mêler ce j.1 .';: re-
garde à ce qui ne le regarde pa-.
Agréez, je vous prie, Monsieur, me.- ,a Je-
tions sincères.
15 novembre. JULL-S e .,;(:: or,.
Lorsque l'on dit du mal -je qi
lorsque l'on critique un dire ..;C t'
tre, lorsque l'on émet des.dosur îa.'
valeur de son administratioi, ;:.'1:': :11': "r-~
a fait quelque chose, en un Ine. qui ?ui~.f
le froisser dans ses sentîmes' p ''-;'!.,
on peut toujours penser que ianinro ••-ar-
rangera et que, par suite v on.\r
réciproques, on pourra abolir, un "\('J¡;
jour, à une réconciliation.
Mais lorsque l'on n'est coupable '-i';e
d'une amabilité, je vous dcL Oie.; d'ar-
ranger les choses.
Nous sommes, à Comœdia, :TOvt
dans le cas du menuisier Le-. z t.¡\ i.
dans Le Gendarme est sar.: pi tir. -Vit
traité cet honorable fonction ri ! ■; ). n
Ce sont là de ces choses -~ .;~ or-
donnent jamais parce que, s r : it i MJ c X'
est impossible de les pardoni
Sans le faire exprès, nou j- > :
sans doute, M. Claretie de 1, ':.:, et r si
qualité de fonctionnaire, il ] !,¡iJ' ,s :,;
ment poursuivre sa venge. •< <_ ^ri*. te
nous ayons le droit de place ; jnor j'ov.
plication.
Je sais bien, comme dit 1 v , r
qu' « il est tout de même ; • 2
de s entendre traiter de Vis; - t'.; * :
culier qui l'est peut-être JI' ;, !
Mats comment pourrions-noi
M, MAAas ne serait-ce que le: tir- r
atténuantes?
Je sais bien qu'en fait,
l'administrateur du Français
changer à la critique tranq - ; ;.
que nous faisons quotidieni rj :.),
théâtre, mais il n'en est p
qu'au point de. vue, symptomr
téy,istroris avec peine ce ne j
4*nnêe.- N° 51 (Quotidien,
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, * 40 » 20 p
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Étranger 40 » 20 » -
l'is du Cœur
; :OUs n'
arier eîes pas sans avoir entendu
cas vous n'êtes pas. en
cas Voici une occasion -,- de
fondation merveilleuse, mirifique,
énommée : Maison de retraite des
médiens, due à la pitié rothschil-
iennement charitable de ce Coquelin
ne se contente pas d'être l'artiste que
vous savez, Mais insatisfait de faire bat-
te les mains des spectateurs, réussit à
aire battre les cœurs des vieux cama-
;ce, battre de. jQie et de reconnais-
sance.
Pour être arrivé à ce formidable ré-
sultat : créer de toutes pièces un château
a fallu PmPtueux, aéré, clair et gai!
e. notre homme non seulement
les extraordinaires relations dues à son
et a ?a; vie privée, mais un cou-
rage, '-. patiet.icé, un entrain indémon-
acles — sans parler de sa générosité
personnelle, sur laquelle, au surplus, il
ne faut point s'étendre, Mascarille ne
permettrait pas!
Bref, il autre jour, notre Président
C'est ainsi SI que nous nommons notre
grand d q, Président-mécène de l'Asso-
ciation ;'°n çjes artistes dramatiques) m'invite
à l'accompagner en ce village, destiné à
l'appeler Un jour: Coquelinville, mais
pour le moment, s'étiquette avec
modéstie : Couilly — je vous demande
pardon. ce n'est pas moi qui ai baptisé
de pays n'est pas moi qui ai baptisé
pays — Pour aller au castel en ques-
tion situé à quelques portées de fusil,
Ponts-aux-Dames (ça, c'est gracieux, au
A peine arrivé, je restai, bouche bée,
dw arrivé 'je -restai, bouche bée,
d'admiration — il ne fallait rien
~que cette vue pour me clouer
quelque Part*
Ce n'était que festons, ce n'était
qu'astragales.
Verdure! verdure! verdure, bocages
ais, rideaux de peupliers (ô rideaux!)
petite riv ière poissonneuse, plaine, bois,
erger, potager, parc. rien ne manque,
les même !-n e le vieux moulin, comme à
trianon. Et quels ombrages, quels beaux
Quant à l'intérieur de la , car,
r'aot Im__téneur de la.VIl1a,. l'air
vin ~~eure a absolument J'air
une villa appartenant à quelque mil-
ndaire; Milliardaire artiste, s'en-
~tout y est admirablement com-
électrici té à profusion, ascenseurs
tous les coins, balances automati-
,« - souvent se pèse, bien se
rs. « Qui souvent se pèse, bien se
on voit, dès le vestibule, large et lu-
que la science du confort et la
connaissanc e approfondie des moindres
~gences de l'hygiène moderne ont pré-
parfait aménagement de ces
chambres Ce "S et en font, avec leur chauf-
fage central, leur ventilateur électrique,
la sall e de bain, leur water-closet, leur
~avec eau courante, chaude et
frode, "Ideal de l' etre le plusepns
~Idéal de l'être le plus épris
~nt eque qui deviendra certai-
~ent un musée. de la librairie,
de billard, ce qui permet aux pen-
nnaires de faire encore « des effets »
cément rétrogrades, et. serez-vous
pris? salle de théâtre aux dégage-
;~ { °u&s, jusqu'en plein air.
; 0 (jç Je me croyais dans un ca-
de nos chères Pyrénées, car il
ï auso^i des montagnes. J'ignore
Qr. Coquelin qui les a rapportées
de ses voyages.
Connaissent un peu l'humanité, je
disais, a Part moi (du reste, quand
elque chose, c'est toujours
— Qui sait, parmi ces fortunés vei-
llards qui ne doivent pas en croire
ye ux de se voir vivre ainsi,
bourse délier, la grande vie con-
templative, il y en a inévitablement
darJIuels l'ingratitude ose montrer
Venimeux. Ayons-en le cœur
talons celui-ci.
Et m'approchant d'un brave homme
barbe grisonnante — la plupart de
rentiers laissent pousser leurs poils
~t-"h yen ■ camarade, êtes-vous con-
•HN| ,ciî> °us Y plaisez-vous vraiment?
Si vous y plaisez-vous vraiment?
Si je suis content? me fit-il avec
en articulation des anciens soirs, mais
c'est-à-dire je suis heureux de n'a-
pas réussi ! ebssi!
Hein? Ce mot est-il suffisamment si-
\~n~~ dispense-f-il assez de tout
commentaire !
Néanmoins, voulant renouveler l'ex-
périence, je changeai mon fusil d'épaule
et au lieu de m'adresser directement à
en locataire de la villa Coq, je m'enquis
auprés du bon Bouyer, grand manitou
des hôtes bit de ces bois.
— Dites donc, Bouyer, celui-là, là-
riY air un peu grincheux. Est-il
heureux d e son sort?
Bouyer, terrible, me toisa, et, de cet
martin (pe les habitués de la Porte-Saint-
Martin la porte, le théâtre) ont en-
core dans JUge oreIlle:
— Juges-en, petit! Ce brave homme a
apporté, pour petit! Ce brave homme a
rier2Uf en orner sa chambre, un
on peut suephemeride. Tu sais qu'ici,
on peut suspendre, mais on ne cloue
h'af. in 9s adation murale! Or, un
(t", eVer ? dernier, comme il venait
enlever Un feuillet pour le rejeter dans
éternité, il aperçut tout à coup une
pour date qui, toute sa vie, avait été
pour lui fatidique affolante: 15 octobre;
mais au lieu du mélancolique fron-
cement de sourcils que ce quantième
amenait jadis quatri-annuellement, as-
sombrissant son masque, courbant son
dos, ses yeux riboulèrent, sa bouche
s'élargit en un large rictus de joie,
et, hochant la tête, notre vieux ga-
vroche ironiqua au calendrier:
— Oui, mais, à présent. je m'en
fous!
Félix GALIPAUX.
Nous publierons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
Échos
Ce spir. à, huit heures trois quarts, au
théâtre dés Nouveautés, première représen-
tation de Vingt jours à l'ombre, pièce en
trois actes de MM. Maurice Hennequin et
Pierre Veber.
Cet après-midi, à une heure trois quarts,
au Théâtre Antoine, répétition générale de
Cœur à Cœur, pièce en trois actes, de
M. Romain Coolus.
L
a polémique soulevée autour de la mise
en scène de Tartuffe n'est pas près
d être close.
M. Adolphe Brisson répond judicieuse-
ment à M. Gustave Téry que l'action se
passe à une époque plutôt froide, en s'ap-
puyant sur ce vers :
La campagne, à présent, n'est pas beaucoup
[fleurie.
L'argument paraît décisif.
Mais M. Brisson se trompe, pense-t-on,
quand il place la scène à la fin de l'au-
tomne.
C'est faire tort à Molière qui possède, au
suprême degré, le génie des termes exacts.
Si, comme le croit le critique du Temps, on
se trouvait en novembre, l'auteur aurait
écrit :
La campagne, à présent, n'est plus beaucoup
[fleurie.
Nous sommes donc à une saison où il
n'y a pas encore de fleurs; soit donc en
hiver ou au commencement du printemps.
E
ntendu dans un bar américain des en-
virons de la Bourse:
Un jeune homme adorné d'un monocle
s'approche du comptoir et, s'adressant à un
sympathique boursier à la'tête chenue qui
déguste religieusement uncoktaiI:
— Bonjour, Monsieur X. Vous ne me
reconnaissez pas! Je suis le fils de. (ici
le nom d'une de nos plus gracieuses et spi-
rituelles artistes qui fit courir et la cour et
la ville au temps où la République tolérait
encore des princes, et que nous ne désigne-
rons pas plus clairement pour ne faire de
peine à Félonne.
- Ah! Parfaitement, jeune homme!
Et, prenant familièrement l'autre par l'é-
paule, le vieux boulevardier ajouta:
— Et tu sais, mon petit, je suis peut-être
aussi un peu ton père!
v
endredi soir, au Châtelet, à la répéti-
tion de La Princesse Sans-Gêne, au
moment où Galipaux doit changer subite-
ment de vêtements, le « truc » de transfor-
mation ne marcha pas assez vite. Alors no-
tre joyeux Félix de s'écrier:
— Je suis maintenant le prince Mysouf!
Ça n'a pas été tout seul, mais enfin je suis
le prince Mysouf!.
Les spectateurs rirent de bon cœur.
p
ensées et maximes:
« La première étude de ceux Qui se
destinent au théâtre doit être de s'examiner
eux-mêmes. »
CLAIRON.
« On choisit un soldat de parade, on de-
vrait au moins avoir la même attention pour
les acteurs. »
MERCIER. 9
« Ayez des défauts, mais qu'ils servent
d'ombres à un talent qui les fasse accepter
d'autorité. »
DUGAZON.
« Une voix ingrate, des yeux muets, des
traits inanimés, ne laissent aucun espoir au
talent de se manifester au dehors. »
MARMONTEL.
« La figure de la femme qui doit inspirer
les passions les plus vives et; qui est tou-
jours adorée doit être adorable. »
LARIVE»
]
dolâtrie.
L'autre soir, rue Blancne, a la sortie
d'une répétition de chez Réjane, avisant de-
vant la porte l'attelage directorial, un jeune
Anglais enthousiaste se précipite sur les
deux bêtes aux longues oreilles et, après
quelques caresses, appuie se% lèvres sur le
naseau de l'une d'elles.
— Aoh! que faites-vous, Fredey?,s'é^ crie
une petite voix indignée.
Et Fredey de répondre :
— Dearest, je. embrassais les mules de
Réjane.
Alors un de nos plus spirituels artistes,
présent, murmura:
— AU right, et comme ça, voilât Réjane
devenue l'émule du Pape!
L
es petits, les obscurs, les sans grades.
Le Théâtre-Français — tout comme
l'Académie — emprunte à quelques-uns de
ses membres la gloire qu'il répand sur les
autres. Certains de ses pensionnaires, voire
de ses sociétaires, ne doivent leur réputa-
tion qu'à leur titre et brillent au premier
rang — d'un éclat modeste, il est vrai —
quand ils s'éclipseraient au second.
Ces Quatre mots: « de la Comédie-Fran-
çaise », sont encore, aux yeux des profanes,
un brevet de talent suffisant, et le prestige
de la Maison pare jusqu'à ses plus humbles
serviteurs. Le nom de Falconnier, que per-
sonne ne lirait sur les affiches de l'Ambigu,
est connu de toute la France, et le con-
cierge Leclerc lui-même, qui, dans sa loge,
imite le .sourire désabusé d'Henri Lavedan,
est une figure parisienne.
Quant au petit personnel, il est composé
de braves gens, dévoués et modestes, dont
quelques-uns sont pittoresques.
L'habilleur Gabriel est de ceux-là. C'est
un homme simple que l'ambition ne tour-
mente pas et qui fait son service avec ponc-
tualité, mais dont les distractions sont quel-
quefois joyeuses.
Un jour de l'été dernier, la chaleur était
accablante :
— Gabriel, demande-t-on, allez voir com-
bien le thermomètre marque de degrés.
Gabriel disparaît et, après quelques mi-
nutes, rapporte le renseignement demandé.
- Il fait 63°, déclare-t-il candidement.
Il avait additionné les températures in-
diquées à l'intérieur et à l'extérieur du théâ-
tre.
1
1 paraîtrait qu'à la suite de dissentiments
qui se seraient élevés entre MM. Deval
et Hichemond, directeurs des Bouffes, e-t
M. Sylvestre, ce dernier aurait renoncé à
ses fonctions de directeur de la scène de ce
théâtre et se serait retiré de la combinai-
son.
L
'Orphée de Gluck, que l'on reprend de-
main au théâtre de la Gaîté, fut repré-
senté pour la première fois à Vienne en
1764.
Cette nouveauté-là créa d'abord un grand
soulèvement de la part des amateurs du
goût italien: mais les grandes beautés dont
l'ouvrage était plein subjuguèrent bientôt
toutes les préventions. A la cinquième re-
présentation, l'opéra fut universellement ap-
plaudi et il demeura constamment sur l'af-
fiche pendant deux années consécutives,
toujours avec le plus grand succès.
Gluck ayant été appelé à Parme pour les
fêtes du mariage de l'Infant, proposa de
jouer ce même opéra. On s'éleva d'abord
contre ce projet, parce qu'on craignait que
ce nouveau genre déplût à un peuple ja-
loux de sa musique et accoutumé à servir
de modèle, à cet égard, aux autres nations.
Le compositeur, connaissant le peuple à qui
il avait affaire et le jugeant ençore plus sen-
sible que vain, plus attaché à ses plaisirs
qu'à ses opinions, insista et prit sur lui le
risque de l'événement. L'opéra emporta
tous les suffrages dès la première représen.
tation, et lorsque, après un certain temps;
on voulut en remettre un autre, Orphée fut
redemandé à grands cris. Il a été, depuis,
donné avec un succès constant sur la plu-
part des théâtres de l'Europe.
N
e vendez pas vos bijoux, perles et pier-
res fines, ainsi que vos reconnaissan.
ces de bijoux, sans les montrer au comptoir
International, 44, Chaussée-d'Antin, qui
paie très cher. Téléphone: 269-67,
v
edrine est aussi bien le Roi des Car-
rossiers que le Carrossier des Rois;
fontes les voitures automobiles élégantes
sont munies de ces exquis modèles qu'il
a répandus à profusion dans le monde en-
tier.
NOUVELLE A LA MAIN
u
ne ancienne écuyère qui s'est retirée
- avec d'assez jolies rentes se promenait
aux Tuileries ou elle regardait, mélancoli-
quement, plusieurs petites filles courant
après leur cerceau:
— Comme ces enfants sont peu avan-
cées, soupira-t-elle; elles font rouler leur
cerceau! A leur âge, moi, je passais déjà à
travers.
Le Masque de Verre.
AU THÉÂTRE ANTOINE
La rentrée de Mme Andrée Mégard
Par une après-midi ensoleillée de l'été
dernier, Mme Andrée Mégard et M. Gémier
regagnaient leur villa de Vaucresson en em-
pruntant le chemin des écoliers. Leur auto-
mobile, une somptueuse limousine Bayard-
Clément — rien des annonces! — suivait,
à toute petite allure, la route du bord de
l'eau, entre Suresnes et Saint-Cloud. Les
deux artistes causaient d'une œuvre puis-
samment dramatique dont M. Romain Coo-
lus leur avait remis le manuscrit quelques
jours auparavant. La pièce mettait à la
scène un intérieur de bourgeois cossu et
M. Gémier recherchait, déjà, à piquer, d'une
note originale, les décors et les ameuble-
ments dans lesquels son imagination
« voyait » la pièce et ses interprètes. « Il
me faudrait, disait-il, pouvoir visiter des
intérieurs « réels », dont les êtres qui les
habitent auraient eu assez de goût et aussi
de personnali. pour allier, heureusement,
le style classique et leur style propre. »
Et, machinalement, les deux futurs pro-
tagonistes de Cœur à Cœur se prirent à
examiner les coquets hôtels plantés en bor-
dure du quai de Billancourt. L'un d'eux
fixa leur attention. Un ordre bref au mé-
canicien-et l'auto stoppait devant la grille.
Le concierge accouru, en hâte, donnait de
bonne grâce l'adresse du propriétaire du
logis, M. Arnaud, retiré à Chantilly.
Quelques jours plus tard, M. Arnaud, qui
se trouvait être, outre le plus galant homme
du monde, un lettré curieux des choses de
théâtre, réunissait, en un five o'clock hâti-
vement décidé, Mme Mégard, M. Gémier,
M. Coolus et M. Bertin.
Le soir même, le décorateur dessinait la
maquette du « un » de Cœur à Ca5»*.—•
reproduction fidèle du hall de l'hôtel de
M Arnaiirl
C'est-dans un de ces rôles de douloureuse
meurtrie où elle est inimitable que Mme
Andrée Mégard fera, demain, sa rentrée au
Théâtre-Antoine, au retour d'une tournée
triomphale en France, en Belgique et en
Suisse, avec cette Anna Karénine dont elle
fit, la saison passée, sur la scène du bou-
levard de Strasbourg, une inoubliable créa-
tion.
La pièce de M. Romain Coolus met en
scène un drame simple et poignant où la
passion s'exprime en termes vibrants dans
la plus belle langue qui soit. Le dramaturge
de L'Enfant chérie, des Amants de Sazy,
d'Antoinette Sabrié, de Petite Peste, atteint,
dans Cœur à Cœur, la maîtrise absolue. Il
y montre, franchement, largement, la pen-
sée qui le hante — qui est de modifier les
façons de sentir et de comprendre les rap-
ports des êtres. On en jugera demain.
Cœur à Cœur ne comporte que trois ac-
tes - mais trois actes copieux, où les deux
(Photo Henri Manuel )
Mme ANDRÉE MECARD (Photo Henri Manuel).
protagonistes de l'oeuvre, Mme Mégard et
M. Gémier, pourront, à l'aise, déployer tou-
tes les ressources de leurs beaux talents.
La distribution comprend, en outre: M.
Rouyer, Mme Franquet, M. Houry, Mlle de
Felberg, M. Saiilard, M. Baur — c'est-à-
dire un ensemble irréprochable.
La pièce a, d'ailleurs, été étudiée avec
un enthousiasme qui ne s'est pas émoussé
un seul instant, à mesure que les répétitions
succédaient. aux répétitions.
Et il n'est point — on le sait — de sen-
timent qui se communique plus aisément
d'un côté à l'autre de la rampe.
GEORGES TALMONT.
- , COMÉDIE-FRANÇAISE
L'Administrateur est sans pitié
Un acte de M. Claretie. -- L'interprétation. La critique.
Nous avions, jusqu'à ce jour, dans la lit-
térature française, pour illustrer nos
fastes administratifs, Crainquebille, d'Ana-
tole France, et les immortels chefs-d'œuvre
de Courteline.
Depuis hier, nous avons en plus l'extraor-
dinaire affaire Claretie-Comœdia.
Au surplus, - si les noms se modifient,
l'affaire demeure, au fond, toujours la
même. Qu'elle soit personnifiée par un
7
Ce qu'écrivait M. EMILE MAS:
La baignoire de l'administrateur offrait un
coup d'œil charmant; six ravissantes jeunes
filles, suivant le spectacle avec une inlassable
attention, s'accoudaient fréquemment sur le
bord de l'avant-scène, pareilles à de jolis oi-
seaux sur la crête d'un mur.
EMILE MAS.
14 novembre..
- -
marchand des quatre saisons, par un mon-
sieur qui, humblement, rapporte une mon-
tre trouvée au commissariat de police, ou
par notre érudit critique M. Mas, il s'a-
git toujours, somme toute, d'un excellent
homme animé des meilleures intentions du
monde et qui se voit traiter brusquement
comme le dernier des criminels parce qu'il
eut l'extrême infortune d'entrer en contact
avec les représentants de notre Adminis-
tration.
On connaît les faits. M. Mas s'était ef-
forcé, il y a de cela quelques jours, dans
son compte rendu de la Comédie-Française,
de dire un mot aimable des personnes qui
se trouvaient dans la loge de M. Claretie.
Il's'était efforcé de le faire comme tout bon
critique théâtral, et comme tout homme ai-
mable, d'une façon charmante, et l'on peut
dire qu'il y avait réussi.
Le lendemain, nous recevions une lettre
tellement invraisemblable de M. Claretie,
que ce fut, dans les bureaux de Comœdia,
lorsque nous l'eûmes publiée, un défilé de
gens qui vinrent nous reprocher de l'avoir
fait. Certains nous apportèrent des lettres
autographes de M. Claretie pour nous prou-
ver, au besoin, en confrontant les écri-
tures, que nous avions été victimes d'un
joyeux fumiste. D'autres nous affirmèrent
qu'il suffisait de connaître le caractère et
le tempérament de M. Claretie pour devi-
ner, de prime abord, que la lettre en ques-
tion ne pouvait être qu'une plaisanterie
aussi absurde que dénuée de sens et faite
par un fâcheux anonyme.
Nous en fûmes, je dois l'avouer, mor-
tellement inquiets, bien que -la- simple ins-
pection de la lettre que nous reproduisons
èÎ-coplré, né pur nous laisser ûiu-un douté
sur son authenticité. Ces dernières hésita
tions devaient être bientôt dissipées.
Hier soir, M. Claretie donnait l'ordre
d'interdire à M. Mas le libre accès du théâ.
tre auquel il avait droit depuis douze ans,
en raison des services éminents qu'il a su.
rendre à la Comédie-Française.
Dès lors, l'affaire se précisait et, tout de
suite, nous avons compris qu'elle serait a
tout jamais insoluble.
M. EMILE MAS
M. L'ADMINISTRATEUR
Ce que répondit M. JULES CL/ihlTJE;
Monsieur,
J'ai le droit d'être chez moi c^.NS I K 0 •
d'y inviter qui bon me semble J'ir: > t "l:';':
rédacteur attitré à ne pas mêler ce j.1 .';: re-
garde à ce qui ne le regarde pa-.
Agréez, je vous prie, Monsieur, me.- ,a Je-
tions sincères.
15 novembre. JULL-S e .,;(:: or,.
Lorsque l'on dit du mal -je qi
lorsque l'on critique un dire ..;C t'
tre, lorsque l'on émet des.dosur îa.'
valeur de son administratioi, ;:.'1:': :11': "r-~
a fait quelque chose, en un Ine. qui ?ui~.f
le froisser dans ses sentîmes' p ''-;'!.,
on peut toujours penser que ianinro ••-ar-
rangera et que, par suite v on.\r
réciproques, on pourra abolir, un "\('J¡;
jour, à une réconciliation.
Mais lorsque l'on n'est coupable '-i';e
d'une amabilité, je vous dcL Oie.; d'ar-
ranger les choses.
Nous sommes, à Comœdia, :TOvt
dans le cas du menuisier Le-. z t.¡\ i.
dans Le Gendarme est sar.: pi tir. -Vit
traité cet honorable fonction ri ! ■; ). n
Ce sont là de ces choses -~ .;~ or-
donnent jamais parce que, s r : it i MJ c X'
est impossible de les pardoni
Sans le faire exprès, nou j- > :
sans doute, M. Claretie de 1, ':.:, et r si
qualité de fonctionnaire, il ] !,¡iJ' ,s :,;
ment poursuivre sa venge. •< <_ ^ri*. te
nous ayons le droit de place ; jnor j'ov.
plication.
Je sais bien, comme dit 1 v , r
qu' « il est tout de même ; • 2
de s entendre traiter de Vis; - t'.; * :
culier qui l'est peut-être JI' ;, !
Mats comment pourrions-noi
M, MAAas ne serait-ce que le: tir- r
atténuantes?
Je sais bien qu'en fait,
l'administrateur du Français
changer à la critique tranq - ; ;.
que nous faisons quotidieni rj :.),
théâtre, mais il n'en est p
qu'au point de. vue, symptomr
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