Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-17
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 novembre 1907 17 novembre 1907
Description : 1907/11/17 (A1,N48). 1907/11/17 (A1,N48).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645346j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
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- N° 48 (Quotidien), *
Le Numéro : 5 centimes
Dimanche 17 Novembre 1907.
-
Rédacteur en Chef: G. de PAWLQWSKt
^ACTION & ADMINISTRATION :-
17 - - - --
k7, BOUleuard- Poissonnière, PARIS
^L^PHO\E : 288-07
AD biographique : COMŒDIA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN « 6 MOIS
24 fr. 12 Ir.. .-
Paris et Départements 24 fr. 20 A 1.
Étranter. • '-* *'-* * 40 » 20 a
RÉDACTION^ADMINISTRATION • :
- P,4 RIS
27, Boulevard Poissonnière,' PARIS
- TÉLÉPHONE: 288-07 -
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PAIÙS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 «018,
Êaris" et Départements 24 fr. 12 fr, -
Étranger. 40 » 20 »
Buridan
- La maison de M. Garo, s'il vous
plaît?
La mai son à Garo, que vous dites?
Et le vieux paysan qu'au passage j'in-
terrogeaus, ayant pris le temps de me dé-
visager, vira sur ses sabots massifs, la
main tendue vers un logis en moellons
festonné de feuillages.
- Tenez, la v'là, la maison à^Garo.
Et le v'là lui-même.
Un homme trapu, coiffé d'un paillas-
son ro dévalait le coteau, une bêche
sur l'épaule. Il ne se pressait pas; il
avait la démarche égale et pesante du
montagnard, appuyant largement ses
pieds à terre et, quelquefois, sur l'é-
boulis des pierrailles, se retenant d'un
coup de talon.
- Ah! par exemple. m'écriai-je.
Il s'am u sait de ma surprise.
- Hein! Garo, 'e fameux Garo !.
Gasro-Buridan! Eh bien ! oui, Buridan
devenu vigneron, Buridan plantant ses
~choux, Buridan fendant son bois.
mi * Martine, une bouteille et deux
~On pouce, il faisait sauter le bouchon ;
~glouglou blond moussa, jarretant
écume les gobelets; nous trinquâmes.
en roulant une lampée d'une joue à l'au-
tre, il me disait:
- Du piqueton de pays. De la cu-
~vée à Garo. Bon an mal an, je me fais
mes quatre feuillettes.
D'un large geste de théâtre, il me mon-
tra têtfan de la montagne au-dessus de
".s,
- C'est a moi, tout ça. Et je bine, je
paisselle, je récolte.
Il prit dans sa poche une pincée de
I» c> en bourra sa bouffarde, frotta une
allumette à ses grègues de velours élimé.
~ensuite, ayant flambé la torquette, il
mettait à tirer sur sa pipe à petites fu-
~ées bleues assis devant moi, la bou-
~elle du nos pieds, dans le décor splen-
dide du fleuve et des monts.
J'admirai sa forte carrure, son torse
~esté souple et puissant à travers les ans,
~sance large de ses attitudes, comme
~fois, quand il entrait en scène, sous
~de ses rôles de peuple ou le
~oint du gentilhomme. Le tnasque
~épaissi et craquelé, sous son picd-
barbe grivelée, avait changé. Mais
S tnême, avec son front bossué, ses
~ments de prunelles sous l'arc che-
~des sourcils et ce pli des anciennes
~aces aux joues, élastique et mobile,
~toujours lui, Garo, notre Garo I
~soudain, retirant sa pipe du bec et ar-
~ant ses genoux sous ses paumes à
toute Sa vie des grands soirs de
~fièvre et d'art en une fois remontée dans
des yeux, il me poussa droit cette
m
- Et qu'est-ce qu'on dit de moi, là-
Il fallut bien mentir.
- Ah! vous savez, répondis-je, il y a
~en temps et tout de même, allez, c'esl
comme si vous n'aviez jamais quitté le
théâtre.
Un tremblement léger secoua la bou-
~qui avait craché le mépris et s'était
~rdue dans les sanglots. Il passa dans
ses cheveux crespelés ses gros doigts râ-
peux, et je l'entendis murmurer:
- Ah! oui, Kean. L'Auberge des
L a Tour de Nesle. Don Cé-
~Bazan. Une fois, après Kean,
j'ai été rappelé douze fois. Douze fois,
~em? Il arriVait des bouquets où je trou-
vais des lettres de femmes. Les mâ-
tines! Etaient-elles pendues après moi !
L'âme ancienne palpita: il parut re-
nifier du gonflement de ses narines l'o-
~du gaz et de la foule qui le grisait
d'entrer en scène. Il eut le fron-
cement léonin de l'orgueil et du triom-
phe. Ce fut une minute, ce fut un siècle.
~Le verre trépida dans ses doigts : un peu
~l'or du vin de sa vigne ruissela sur
~les genoux; et le reste, en renversant la
le Jetait d'une rasade dans la
~orge. Maintenant, il regardait, attendri,
le fourmillement du fleuve et, plus haut,
v 14, les crêtes lambrequinées de la
montagne. vous sa-
- C'est qu'il y a des jours, vous sa-
-, où ça me reprend comme un mal,
~me passe dans les doigts des
~tes d'épingles. où je cesse d'avoir
soixante-huit ans. Oui, oui, soixante-
huit ans, y a pas. Et où je me dis : « Ah !
les camaros, s'ils savaient ce qu'il bout
encore de sève là-dessous. » Et je gra-
~plus lentement mon coteau, je vais
~e des P'.Pes dans ma vigne, je reste
~des heures à me souvenir.
L'émotion sincère et facile du comé-
dien, le léger vertige des larmes le grisa
comme un vin doux ; il porta les doigts
à ses yeux et, les secouant, mouillés
~une petite onde :
- Sacrée grosse bête, va!
Ce fut un jeu de scène mêlé de na-
ture et qui, SOUS sa veste de vigneron,
dans le large paysage paisible où, par
moment, s'évaguait le meuglement des
vaches, ne manquait pas de saveur.
Là-dessus, fraPDant l'air d'un coun np
-Allons voir ma vigne, At-il.
Par les sentes en lacets filant entre
plants, Garo montait devant moi, de
on grand pas de Paysan, me contant à
présent sa vie depuis le jour où il avait
~sa retraite, et, quelquefois, s'arre..
tant po ur assurer un naisseau ou, du
L
bout de ses brodequins, rentasser un
moellon.
— J'avais ramassé une petite pelote.
La terre me tirait par les pieds. Alors,
j'ai tout planté là, le théâtre et tout le
reste, et je suis venu ici, j'ai acheté le
lopin et la maison. Ma mère aussi était
de la campagne : c'est le vieux sang qui
a parlé. Une ou deux fois l'an, il me
vient quelqu'un du passé, un pauvre
diable toujours. Ces fois-là, on entend
dans la montagne des éclats de voix, un
écho des vieux mélos. C'est les seuls
jours où le bonhomme Garo redevient le
grand Garo, celui dont le nom flam-
boyait en vedette sur l'affiche!
» Après tout, ça vaut mieux ainsi.
Qu 'est-ce que je gagnerais à être connu ?.
Et qu'on se dise: « Vous savez bien, le
bonhomme Garo. Eh bien! il a monté
sur les planches, il fut, en son temps,
un des rois du théâtre? Savent-ils seule-
ment ce que c'est, le théâtre? Il n'y a
que-le maire qui y soit jamais allé. Et
encore, c'était à la foire, à cinq lieues
du pays, les acteurs étaient des chiens
savants. Non, ils ne comprendraient
pas. S'ils comprenaient, j'aurais trop
peur de rester à leurs yeux l'homme qui
a fait tous les mauvais coups de mes cin-
quièmes!
» Alors, comme ça, j aime mieux
jouer les paysans au naturel. Je tâche
de me rendre utile. Quand la vache a
la colique, on. me fait appeler et je lui
passe un lavement à la farine de lin. Il
m'arrive aussi d'arracher les dents aux
moutards qui ont la fluxion. »
Une fraîcheur monta du fleuve: nos
ombres, sous le rayon oblique, s'allon-
gèrent à la descente, et, comme en nous
quittant, nous nous serrions les mains
de nouveau, il lui passa dans le grelot-
tement de la voix la petite note mouillée
et sincère des regrets du passé.
— C'est égal, quand ils vous parle-
ront de moi, là-bas, eh bien! dites-leur.
dites-leur que Buridan est mort. bien
mort.
Camille LEMONNIER.
Nous publierons demain un article âé
LOUIS VAUXCELLES
On i>e prête
,, qu'aux riches
Nous avions déjà en France deux ques-
tions nationales: celle de la chèvre et du
chou, et celle de l'âge du capitaine suivant
la longueur du grand mât.
Désormais, nous en avons une troisième :
c'est celle du prêt que l'on va faire des
artistes de l'Opéra et de VOpérarComique
aux frères Isola. Et l'on petit affirmer tout
de suite que ce n'est point la moins cu-
rieuse. Chacun le sait, en effet, nos deux
grands théâtres subventionnés arrivent à
peine à assurer le service de leurs représen-
tations avec les artistes de leur troupe, et
l'on ne sait jamais le matin si l'affiche ne
sera point changée le soir.
Tantôt c'est une chanteuse qui est at-
teinte par la grippe, tantôt c'est un ténor qui
se voit contraint, pendant quelques jours en-
core, de travailler sa voix, ou même le
Code. On ne sait guère à quoi s'en tenir
et la direction de nos deux grands théâtres
lyriques vit dans des transes perpétuelles.
Dans de pareilles conditions, il ne restait
plus qu'à faire une chose: Prêter les ac-
teurs que l'on n'a pas à un troisième théâ-
tre pour le faire vivre. C'est ce qu'on a
fait.
Cela nous promet des surprises infini-
Ment joyeuses. En cas de pénurie, que fera
le directeur de l'Opéra? Maintiendra-t-il
son prêt gracieux et fera-t-il relâche ? Ou
bien invoquera-t-il le cas de jorce majeure
pour ne plus prêter personne? On peut pen-
ser qu'il préférera, avant toute chose, ga-
rantir les intérêts de son théâtre.
Qui enverra-t-il, alors? Un machiniste, le
pompier de service ? A moins que l'on ne
recoure tout simplement à une modification,
du répertoire et que l'on n'accommode le
livret aux exigences au moment.
Marguerite pourra fort bien, pendant une
scène entière, jouer toute seule; elle dira
ses rêves:
« Ne devrait-il pas être là, près de moi? il
me dirait: (suivra le rôle de Faust); je lui
répondrais : (ici Marguerite reprendra son
rôle). »
Cela laissera l'action un peu vide, mais
avec un peu de figuration on pourra tou-
jours s'arranger. On intercalera, par exem-
ple, la cérémonie du Malade Imaginaire ou
quelques petits divertissements destinés à
charmer la solitude de Marguerite.
Naturellement, la même modification aura
lieu le même soir à la Gaité, où Faust se
débrouillera tout seul comme il pourra.
Pour peu que le Châtelet consente à prê-
ter les décors des Pilules du Diable, on
pourra taire quelque chose de très gentil et,
somme toute, de très économique.
Une autre mesure s'imposera également,
à laquelle on n'a point encore songé : ce sera
le prêt des spectateurs par des théâtres
libres nantis d'une bonne troupe et ayant
une réputation parfaite.
Comme cela, véritablement, on pourra
marcher.
G. DE PAWLOWSKI.
- ---
Échos
D
eux négociants de Genève, MM. Bra-
chard, qui tiennent un magasin de
papeterie rue de la Corraterie, à Genève,
ont demandé à M. Bernstein de bien vou
loir changer le nom du principal person-
nage de Samson. Ce dernier ayant opposé
une, fin de non recevoir à, cette réclamation,
MM. Bracoord, après avoir fait faire de.
fense, par ministère d'huissier, à MM. Gui-
try, pris en qualité de directeur, et Berns-
tein, « de continuer à se servir d'un nom
qui est leur propriété, tant dans le dialogue
de la pièce que dans les affiches et pro-
grammes ».
Malgré cela, MM. Bernstein et Guitry,
ayant passé outre, viennent d'être assignés
par MM. Brachard devant la première cham-
bre du Tribunal civil.
F
aust va subir, on le sait déjà, sous la
nouvelle direction de l'ODéra. des
transformations importantes de décors et de
mise en scène. ,
MM. Messager et Broussan veulent prou-
ver qu'ils savent faire des sacrifices même
pour une pièce du répertoire qui fait tou-
jours le maximum. Ils ne dépenseront pas
moins, pour Faust, de 180.000 francs, et
déjà les ateliers travaillent aux nouveaux
costumes.
L
e directeur d'un théâtre de banlieue
fut, paraît-il,- avant nue les hasards du
turf ne l'amenassent à la césàrerie d'une
scène, vaguement domestiqué, et tout ce
qui, de près ou de loin, évoque son premier
métier, fort honorable, en somme, le trou-
ble et l'émeut. --- - - ;
Chez lui on répète Ruy Blas7 et le prota-
goniste profère:
« J'ai l'habit d'un valet, mafc vous en
avez l'âme! » ,"
L'imprésario rectifie, froissé, exige qu'on
juxtapose ceci, qui ne manque pas de char-
me:
« Je suis mal habillé, mais vous en avez
l'âme! »
L'artiste qui doij proférer cette monstruo-
sité littéraire est dans ses petits souliers.
A
propos de la transformation prochaine
du Ciraue d'Hiver un de nos confrè-
res rappelle que Pradier, le célèbre - sculp-
teur, exécuta gratuitement le groupe éques-
tre qui décorait le portail de l'ancien Cirque
d'Eté, en échange de ses entrées à vie chez
Françoni.
Mais d'autres artistes payèrent aussi de
leur talent leurs billets de faveur.
Ainsi, le sculpteur Caffieri, pour avoir
libre entrée à la Comédie-Française, y en-
voya les bustes de Quinault, de La Fontaine
et de Piron.
Houdon fit un marché analogue en offrant
un buste de Voltaire.
Toutes ces entro"» gratuitc-. furent, il fawt
en convenir très largement car les
bustes donnés en échange par Houdon et
Caffieri font encore aujourd'hui l'admiration
des connaisseurs qui parcourent les couloirs
de la Comédie.
c
urés » ou « Comtesse de Paris? -
Germain, des Nouveautés, a provo-
qué un scandale hier, à l'Exposition des
Chrysanthèmes.
Le Tringlet de Cabotine - nous l'avons
dit — expose, au Cours-la-Reine, des poi-
res et des nèfles d'ailleurs fort belles.
Quelques membres du jury — section des
« fruits de commerce » — les admiraient
hier sur le coup de cinq heures. Soudain,
l'un d'eux, le président, poussa un cri d'in-
dignation et, désignant quatre poires que,
sur une assiette, une étiquette dénommait
« Comtesse de Paris », il s'écria:
— Ça, des « Comtesses » ?. Jamais de
la vie: c'est des « Curés ».
- C'est des « Curés », approuvèrent en
chœur les connaisseurs qui étaient là, et l'un
d'eux ajouta en haussant les épaules:
— En voilà un amateur à la manque.
Confondre la mine allongée et verte des
« Curés » avec le ventre rebondi et jaune
des « Comtesses de Paris ».
C'est dur, mais juste. Voyons, Tringlet,
vous rie connaissez même pas le nom de
vos poires?
Quand Ingres jouait du violon, au moins
il ne faisait pas de fausses notes.
Comme artiste, Germain conserve toute
notre admiration ; comme amateur de poires,
il baisse dans notre estime, et rudement.
c
entième bis.
Pour fêter dignement, à Strasbourg
la centième deJacélèbre opérette Die Lus-
tige Witwe, on annonça une distribution de
cadeaux à tous les spectateurs — et l'on fit
salle comble.
La direction, enchantée, se demanda s'il
n'y avait pas lieu de faire une seconde fois
preuve d'une générosité qui avait été si
fructueuse pour elle! Mais sous quel pré-
texté? On ne célèbre pas. les cent unième.
C'est alors qu'elle s'avisa d'un moyen
ingénieux de tourner la difficulté : elle fit
publier qu'il y aurait, le lendemain, une
réédition du gala et, pour la justifier, elle
afficha bravement: « Centième bis! »
C'était une trouvaille qui, avouez-le, mé-
rilait d 'être récompensée : et, en effet, on
réalisa encore, ce soir-là, la forte recette».
L
es voitures de différentes marques se
disputent, au Salon, la clientèle de nos
mondaines les plus élégantes ou de nos
actrices les plus en vue, mais il n'y a pas
d'hésitation dans le choix des « Phares ».
C'est Ducellier qui réunit tous les suf-
frages.
u
ne indiscrétion nous dévoile les pro-
jets d'une de nos plus charmantes ar-
tistes. Mlle Jeanne Saulier, du théâtre aes
Variétés, vient de se commander, dans un
chantier naval des Etats-Unis, un sous-ma-
rin de 250 tonnes. Ce bateau, qui est du
type « Holland », sera actionné par deux
moteurs à naphte d'une puissance de 250
chevaux chacun. Ce sous-marin est destiné
à effectuer la traversée de l'Amérique du
Sud, où un pont de diamant a été fait à la
délicieuse artiste.
La vitesse du sous-marin pourra attein-
dre, en plongée, 40 nœuds, ce qui lui per-
mettra de faire la traversée de Paris à Bue-
nos-Ayres en onze jours.
Les aménagements les plus modernes ont
été prévus. L'intérieur du bateau est en bois
dç rose; les panneaux des,salons seront si-
gnés nos p 'r-- -e âtidà peintres modernes.
Le prix de cette fantaisie se monte à un
million. Nous aviserons nos lecteurs de la
date du lancement de ce sous-marin, qui
portera le nom du : Le Jeanne-Saulier.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison..
L
e choix d'un bon restaurant, parfois si
difficile, est maintenant tout indiqué.
En effet, chez Lapré, qui vient de faire une
si heureuse réouverture sous la nouvelle di-
rection de Maurice, l'habile maître d'hôtel,
on peut remarquer chaque soir les soupeurs
et soupeuses les plus élégants de Paris sa-
.vourant -des mets exquis à des prix mo-
dérés.
Le Masque de Verre.
Un Grand Concours .-.-- u.
de Chansons
Pour encourager les Chansonniers et la Chanson, Comœdia organisera,
plusieurs fois chaque saison, de grandes auditions publiques où
les meilleures chansons, Préalablement primées, seront
dites par des artistes de choix et jugées par le public
qui décernera en fin de saison le Vrix d'Honneur
de la Chanson Française.
Vous savez déjà, chers lecteurs, quel
goût très vif Comœdia professe pour la jo-
lie chanson française et que nous avons
résolu de publier une fois la semaine les
titrés de toutes les œuvres nouvelles.
Imaginez maintenant que nous allons
constituer, tout comme pour la Comédie,
un Comité dé Lecture pour la chanson. Il
n'est pas douteux que nous ne recevions
rapidement des centaines, pour ne pas dire
des milliers de chansons.
Lisons-les toutes, ou mieux, demandons
au Comité de Lecture des Chansons de les
lire toutes. Hélas ! toutes ne seront point
retenues, mais beaucoup aussi le seront
dans le genre satirique comme dans le
genre sentimental, dans la chanson de gen-
re comme dans la chanson galante.
Notre Comité en retiendra. 20, par
exemple. Savez-vous que c'est un chiffre,
cela.
Nous voici donc avec 20 chansons pri-
mées; qu'allons-nous faire de nos 20 chan-
sons primées? Nous allons tout simple-
ment les faire connaître à Tout-Paris.
Dans une grande salle parisienne rete-
nue à cet effet, nous allons inviter nos 20
lauréats à venir montrer publiquement
leur enfant. l'enterds bien que mes 20
auteurs seront trop timides pour présenter
eux-mêmes leur proeéniture. Qu'à cela ne
tienne, ils pourront la faire présenter par
un artiste dont ils se seront assuré le con-
cours.
Nous leur donnerons même le droit d'a-
voir un commencement de claque dans la
salle sous les espèces de deux -.unis qui en-
treront gratuitement. -
A raison de 7 à 8 minutes par chanson,
la séance durera environ 3 heure,0
Et si cette histoire a intéressé le pûblic,
nous pourrons la recommencer 5 ou 6 fois
chaque saison.
Vous ai-je dit que chacun des specta-
teurs recevrait en entrant un bulletin de
vote et que c'est le dépouillement de ces
bulletins qui déterminerait les prix dans
chaque catégorie.
Vous ai-je dit que les catégories seraient
les suivantes :
CHANSONS SENTIMENTALES;
CHANSONS SATIRIQUES;
CHANSONS GALANTES;
CHANSONS DE GENRE.
Que chaque catégorie comprendrait
trois prix, à savoir: cent francs, cinquan-
te francs, vingt-cinq francs.
Ai-je dit aussi que des 20 chansons, le
public, chaque fois, aurait à en désigner
une pour concourir ultérieurement au prix
d'honneur.
Et que la saison ne se terminerait pas
sans l'attribution du Grand Prix d'Hon-
neur à h'une des chansons désignées au
cours de chacune des séances et que ce
Grand Prix d'Honneur sera de
1.000 francs
plus- la publication dansv Cômcedia de la-
dite chanson, sans que l'auteur abandonne
aucun de ses droits qu'il pourra céder à
l'éditeur de son choix.
Pour ceux qui s'imagineraient que je
parle là de projets lointains, je tiens à
ajouter que nous recevrons dès aujour-
d'hui toutes les chansons et que le premier
concours public de Cornçedia aura lieu
d'ici un mois.
- ARNAUD.
THÉÂTRE - DU CHATELET :
La Princesse Sans=Gêne
Féerie en 3 actes, de MM. Henri Kéroul et Albert Barré
Une féerie s'adresse aux enfants ou
aux spectateurs qui ont des âmes d'en-
fants. Il faut donc qu'elle soit simple et
puérile pour plaire aux enfants; il faut
aussi qu'elle soit ingénieuse, imprévue et
comique pour satisfaire ceux qui ont des
âmes d'enfants. L'une et l'autre catégo-
rie ne craignent pas non plus que la fée-
rie soit luxueusement montée, que les
costumes témoignent d'un' goût raffiné,
que les décors soient somptueux, que la
figuration et les .balletjS soient en nombre.
J'aime autant dire tout de suite que la
féerie esi un des genres les plus difficiles
àt~xpioitef~iso~t.
La Princesse Sans-Gêne a toutes les
qualités que je viens d'énumérer pour
contenter les enfants; elle peut aussi
plaire aux spectateurs de la seconde ca-
tégorie que j'ai énumérés. Mais c'est
plutôt une opérette qu'une féerie; elle
sacrifie plus aux couplets chantés qu'au
comique. Ce sont les interprètes qui, par
leurs inventions drolatiques, essaient de
faire rire. Les auteurs se sont bornés à
fournir un canevas sur lequel directeur,
régisseur, maîtresse de ballet et machi-
niste ont brodé ou épinglé des épisodes
— car il y a deg épisodes qui ne tien-
nent à l'action que par des épingles. des
épingles dorées, il est vrai.
Pour parler franchement, nous som-
mes loin de la féerie qui a ravi notre
enfance. La Princesse Sans-Gêne est
une féerie dans laquelle lès -. fées brillent
par leur absence ; à peine peut-on ad-
mettre comme une fée cet Amour qui
apparaît deux fois pour rassurer des
amants devant lesquels se multiplient les
obstacles. Mais il n'y a plus, en: réalité,
dans cette pièce, ni de bonne fée ni de
mauvaise fée qui conduisent l'intrigue. Il
n'y a plus, surtout, ces trucs à transfor-
mation qui constituent la féerie ; c'est
tout juste si, au deuxième acte, on voit
des soldats en uniforme se trouver subi-
tement en chemise au moment où ils
vont se mettre à la poursuite d'un gar-
çon de ferme déserteur.
Examinons donc la. fantaisie à travers
laquelle nous promène cette féerie, qui
est, à vrai dire, une opérette, ou, si vous
préférez, cette opérette qui n'est presque
pas une féerie, mais qui est féerique-
ment présentée.
Le roi Patapon désire marier son fils,
Fortuné. Malheureusement, Fortuné a
des Idées très arrêtées sur l'amour et
sur le mariage: il se soucie peu d'épou-
ser une princesse ou une paysanne,
pourvu qu'il puisse épouser une femme
qu'il aime. Aussi, a-t-il refusé pas mal
de bons partis. Patapon demande à son
conseiller Cornélius s'il n'y a plus de
princesses à marier.
Or, il en existe une, Elisabeth, héri-
tière du royaume de Sergovie. Eli-
sabeth a été envoyée, à l'âge de trois
ans, dans une ferme, d'après les ordres
du régent Grosloulou, qui désire con-
server le royaume et le régime pour
lui. Elisabeth passe pour rt'exister plus.
Si Elisabeth n'est pas mariée à l'âge
de dix-huit ans, elle sera déchue de ses
droits au trône, ainsi que le veut la cou-
tume ou la loi du royaume de Sergovie.
Il faudrait donc que le jour où elle aura
dix-huit ans, Elisabeth ait épousé le fil?
de Patapon. Cela ne fait pas l'affaire de
Grosloulou, évidemment.
Il persuade à Javotte" une paysanne
de la ferme où a été élevée la princesse
Elisabeth, qu'elle est elle-même la prin-
cesse Elisabeth, et il l'emmène à la cour,
où. ses manières un peu étranges lui ont
fait donner le nom de « Princesse Sans-
Gêne ».
Grosloulou a insensibilisé le cœur de
Javottte. grâce à un talisman-que- lui a
remis Cornélius. Javotte aime Benjamin,
un paysan, et n'aurait pu partir pour la
cour sans cette indispensable insensibili-
sation.
Benjamin, lui, a suivi Javotte, il est
accompagné d'Aurore, la vraie princesse
Elisabeth, qui se croit une simple
paysanne.
Il a suffi d'un regard d'Aurore sur
Fortuné et réciproquement pour ee
l'un se sente entraîné vers l'autre par
un penchant auquel ils ne, peuvent résis-
ter. Bien entendu, Javotte déplaît énor
""-. - Mlle BELLY,
,1 .-
Mlle Alice BONHEUR
Mlle DEVASSY
Mlle MEYAN
,M: .-GALIPAUX (Photos.-Branger)
m. GALIPAUX, ,
mément à son royal Raned ssi. Jl
dernier perstwde-t-il à Berrjàrttttl de 0
faire passer pour le prince Fortuné et
d'épouser Javotte à sa.place.
Benjamin a reçu de Cornélius une
boite de pilules magiques. Chaque fois
qu'il en avale une en formulant un sou.,
hait, il voit ce souhait se réaliser immé,
diatement. ,-
C'est ainsi que Benjamin fait pleuvoir
au moment où Fortuné défile avec sa
suite dans la capitale de Grosloulou,
Puis, il fait sauter
Puis, il faitsauter l'hôtel de ville quand
Javotte Va épouser Farandol. A un autt?:
moment, il transporte Javotte au pays
des Amours, où elle commence à aimer4
Or, c'est Benjamin qu'elle aime, ait
grand dépit de Grosloulou et de Pata-
pon. Tout s'arrange, parce que Fortune
déclare son amour à Aurore. Le mariage
sera célébré sur le chanip. Il était temps,
car Aurore, dont l'identité a été dénon-
cée par Cornélius, désireux de se venger
de Grosloulou, allait avoir dix-huit ans,
Javotte épousera, de son côté, Benjamin,
et Grosloulou sera déchu de la régence.
Tel est ce conte naïf imaginé par MM,
Kéroul et Barré'. Il présente le caractère
de simplicité puérile dont je parlais plus
haut.
Il a été enjolivé de somptueux ballet
et d'ingénieux déploiements de mise en.
scène par le directeur du Châtelet, M.
Fontanes, aidé de ses lieutenants, le ré^
gisseur Provost, la maîtresse de ballet;
Mlle Stichel, le chef machinistre Eugène
Colombier.
La mise en scène
Les décors
La mise en scène constitue le gros af.,
trait de l'opérette à spectacle qu'est La
Princesse Sans-Gêne.
Je signalerai le joli défi-lé qui célèbre
l'entrée du prince Fortuné. C'est un
heureux assemblage de costumes d'unq
luxueuse imagination dus à l'esprit in-
ventif de Landolff. Le défilé est inter-
rompu par une pluie ingénieusement ma*
chinée qui nous permet un déploiement
d'ombrelles multicolores, d'armes trans-
formées en parapluies.
Le tableau de l'explosion est bien ré*
glé. Il est suivi du rêve de Fortuné. 1,,à,
intervient un truc aussi simple qu'habf.
lement inventé (le tout ë\âît de le trou-
ver) Fortuné est assis et rêve au milieu
des ruines de l'hôtel de ville de la ca-
pital de Sergovie. Il s'agit de transpor-
ter Fortuné dans le pays des Amours
auquel il rêve. Une série de nuages dé-
filent alors sur la scène, selon le sys-
tème cher à Wagner. Fortuné peut s'é..
clipser logiquement dans la coulisse der-
rière ces nuages, simples toiles de mous-
seline peinte, et nous sommes en paya
des Amours.
Le tableau est exquis, c'est une sym-
phonie de nuances roses et mauves. Le;
décor est ravissant avec les fleurs, avec;
la verdure qui sert d'encadrement aux
bergères Watteau, aux Petits Amours
extraits d'un tableau de' Boucher. L*
encore, c'est le triomphe des costumes'
de Landolff aux tonalités mourantes,
c'est aussi la gloire du décoratefir Ama-
ble, qui s'est fait aider dans sa besogne
artistique par son neveu Cioccsri. O
lrt e
- N° 48 (Quotidien), *
Le Numéro : 5 centimes
Dimanche 17 Novembre 1907.
-
Rédacteur en Chef: G. de PAWLQWSKt
^ACTION & ADMINISTRATION :-
17 - - - --
k7, BOUleuard- Poissonnière, PARIS
^L^PHO\E : 288-07
AD biographique : COMŒDIA.PARIS
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UN AN « 6 MOIS
24 fr. 12 Ir.. .-
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UN AN 6 «018,
Êaris" et Départements 24 fr. 12 fr, -
Étranger. 40 » 20 »
Buridan
- La maison de M. Garo, s'il vous
plaît?
La mai son à Garo, que vous dites?
Et le vieux paysan qu'au passage j'in-
terrogeaus, ayant pris le temps de me dé-
visager, vira sur ses sabots massifs, la
main tendue vers un logis en moellons
festonné de feuillages.
- Tenez, la v'là, la maison à^Garo.
Et le v'là lui-même.
Un homme trapu, coiffé d'un paillas-
son ro dévalait le coteau, une bêche
sur l'épaule. Il ne se pressait pas; il
avait la démarche égale et pesante du
montagnard, appuyant largement ses
pieds à terre et, quelquefois, sur l'é-
boulis des pierrailles, se retenant d'un
coup de talon.
- Ah! par exemple. m'écriai-je.
Il s'am u sait de ma surprise.
- Hein! Garo, 'e fameux Garo !.
Gasro-Buridan! Eh bien ! oui, Buridan
devenu vigneron, Buridan plantant ses
~choux, Buridan fendant son bois.
mi * Martine, une bouteille et deux
~On pouce, il faisait sauter le bouchon ;
~glouglou blond moussa, jarretant
écume les gobelets; nous trinquâmes.
en roulant une lampée d'une joue à l'au-
tre, il me disait:
- Du piqueton de pays. De la cu-
~vée à Garo. Bon an mal an, je me fais
mes quatre feuillettes.
D'un large geste de théâtre, il me mon-
tra têtfan de la montagne au-dessus de
".s,
- C'est a moi, tout ça. Et je bine, je
paisselle, je récolte.
Il prit dans sa poche une pincée de
I» c> en bourra sa bouffarde, frotta une
allumette à ses grègues de velours élimé.
~ensuite, ayant flambé la torquette, il
mettait à tirer sur sa pipe à petites fu-
~ées bleues assis devant moi, la bou-
~elle du nos pieds, dans le décor splen-
dide du fleuve et des monts.
J'admirai sa forte carrure, son torse
~esté souple et puissant à travers les ans,
~sance large de ses attitudes, comme
~fois, quand il entrait en scène, sous
~de ses rôles de peuple ou le
~oint du gentilhomme. Le tnasque
~épaissi et craquelé, sous son picd-
barbe grivelée, avait changé. Mais
S tnême, avec son front bossué, ses
~ments de prunelles sous l'arc che-
~des sourcils et ce pli des anciennes
~aces aux joues, élastique et mobile,
~toujours lui, Garo, notre Garo I
~soudain, retirant sa pipe du bec et ar-
~ant ses genoux sous ses paumes à
toute Sa vie des grands soirs de
~fièvre et d'art en une fois remontée dans
des yeux, il me poussa droit cette
m
- Et qu'est-ce qu'on dit de moi, là-
Il fallut bien mentir.
- Ah! vous savez, répondis-je, il y a
~en temps et tout de même, allez, c'esl
comme si vous n'aviez jamais quitté le
théâtre.
Un tremblement léger secoua la bou-
~qui avait craché le mépris et s'était
~rdue dans les sanglots. Il passa dans
ses cheveux crespelés ses gros doigts râ-
peux, et je l'entendis murmurer:
- Ah! oui, Kean. L'Auberge des
L a Tour de Nesle. Don Cé-
~Bazan. Une fois, après Kean,
j'ai été rappelé douze fois. Douze fois,
~em? Il arriVait des bouquets où je trou-
vais des lettres de femmes. Les mâ-
tines! Etaient-elles pendues après moi !
L'âme ancienne palpita: il parut re-
nifier du gonflement de ses narines l'o-
~du gaz et de la foule qui le grisait
d'entrer en scène. Il eut le fron-
cement léonin de l'orgueil et du triom-
phe. Ce fut une minute, ce fut un siècle.
~Le verre trépida dans ses doigts : un peu
~l'or du vin de sa vigne ruissela sur
~les genoux; et le reste, en renversant la
le Jetait d'une rasade dans la
~orge. Maintenant, il regardait, attendri,
le fourmillement du fleuve et, plus haut,
v 14, les crêtes lambrequinées de la
montagne. vous sa-
- C'est qu'il y a des jours, vous sa-
-, où ça me reprend comme un mal,
~me passe dans les doigts des
~tes d'épingles. où je cesse d'avoir
soixante-huit ans. Oui, oui, soixante-
huit ans, y a pas. Et où je me dis : « Ah !
les camaros, s'ils savaient ce qu'il bout
encore de sève là-dessous. » Et je gra-
~plus lentement mon coteau, je vais
~e des P'.Pes dans ma vigne, je reste
~des heures à me souvenir.
L'émotion sincère et facile du comé-
dien, le léger vertige des larmes le grisa
comme un vin doux ; il porta les doigts
à ses yeux et, les secouant, mouillés
~une petite onde :
- Sacrée grosse bête, va!
Ce fut un jeu de scène mêlé de na-
ture et qui, SOUS sa veste de vigneron,
dans le large paysage paisible où, par
moment, s'évaguait le meuglement des
vaches, ne manquait pas de saveur.
Là-dessus, fraPDant l'air d'un coun np
-Allons voir ma vigne, At-il.
Par les sentes en lacets filant entre
plants, Garo montait devant moi, de
on grand pas de Paysan, me contant à
présent sa vie depuis le jour où il avait
~sa retraite, et, quelquefois, s'arre..
tant po ur assurer un naisseau ou, du
L
bout de ses brodequins, rentasser un
moellon.
— J'avais ramassé une petite pelote.
La terre me tirait par les pieds. Alors,
j'ai tout planté là, le théâtre et tout le
reste, et je suis venu ici, j'ai acheté le
lopin et la maison. Ma mère aussi était
de la campagne : c'est le vieux sang qui
a parlé. Une ou deux fois l'an, il me
vient quelqu'un du passé, un pauvre
diable toujours. Ces fois-là, on entend
dans la montagne des éclats de voix, un
écho des vieux mélos. C'est les seuls
jours où le bonhomme Garo redevient le
grand Garo, celui dont le nom flam-
boyait en vedette sur l'affiche!
» Après tout, ça vaut mieux ainsi.
Qu 'est-ce que je gagnerais à être connu ?.
Et qu'on se dise: « Vous savez bien, le
bonhomme Garo. Eh bien! il a monté
sur les planches, il fut, en son temps,
un des rois du théâtre? Savent-ils seule-
ment ce que c'est, le théâtre? Il n'y a
que-le maire qui y soit jamais allé. Et
encore, c'était à la foire, à cinq lieues
du pays, les acteurs étaient des chiens
savants. Non, ils ne comprendraient
pas. S'ils comprenaient, j'aurais trop
peur de rester à leurs yeux l'homme qui
a fait tous les mauvais coups de mes cin-
quièmes!
» Alors, comme ça, j aime mieux
jouer les paysans au naturel. Je tâche
de me rendre utile. Quand la vache a
la colique, on. me fait appeler et je lui
passe un lavement à la farine de lin. Il
m'arrive aussi d'arracher les dents aux
moutards qui ont la fluxion. »
Une fraîcheur monta du fleuve: nos
ombres, sous le rayon oblique, s'allon-
gèrent à la descente, et, comme en nous
quittant, nous nous serrions les mains
de nouveau, il lui passa dans le grelot-
tement de la voix la petite note mouillée
et sincère des regrets du passé.
— C'est égal, quand ils vous parle-
ront de moi, là-bas, eh bien! dites-leur.
dites-leur que Buridan est mort. bien
mort.
Camille LEMONNIER.
Nous publierons demain un article âé
LOUIS VAUXCELLES
On i>e prête
,, qu'aux riches
Nous avions déjà en France deux ques-
tions nationales: celle de la chèvre et du
chou, et celle de l'âge du capitaine suivant
la longueur du grand mât.
Désormais, nous en avons une troisième :
c'est celle du prêt que l'on va faire des
artistes de l'Opéra et de VOpérarComique
aux frères Isola. Et l'on petit affirmer tout
de suite que ce n'est point la moins cu-
rieuse. Chacun le sait, en effet, nos deux
grands théâtres subventionnés arrivent à
peine à assurer le service de leurs représen-
tations avec les artistes de leur troupe, et
l'on ne sait jamais le matin si l'affiche ne
sera point changée le soir.
Tantôt c'est une chanteuse qui est at-
teinte par la grippe, tantôt c'est un ténor qui
se voit contraint, pendant quelques jours en-
core, de travailler sa voix, ou même le
Code. On ne sait guère à quoi s'en tenir
et la direction de nos deux grands théâtres
lyriques vit dans des transes perpétuelles.
Dans de pareilles conditions, il ne restait
plus qu'à faire une chose: Prêter les ac-
teurs que l'on n'a pas à un troisième théâ-
tre pour le faire vivre. C'est ce qu'on a
fait.
Cela nous promet des surprises infini-
Ment joyeuses. En cas de pénurie, que fera
le directeur de l'Opéra? Maintiendra-t-il
son prêt gracieux et fera-t-il relâche ? Ou
bien invoquera-t-il le cas de jorce majeure
pour ne plus prêter personne? On peut pen-
ser qu'il préférera, avant toute chose, ga-
rantir les intérêts de son théâtre.
Qui enverra-t-il, alors? Un machiniste, le
pompier de service ? A moins que l'on ne
recoure tout simplement à une modification,
du répertoire et que l'on n'accommode le
livret aux exigences au moment.
Marguerite pourra fort bien, pendant une
scène entière, jouer toute seule; elle dira
ses rêves:
« Ne devrait-il pas être là, près de moi? il
me dirait: (suivra le rôle de Faust); je lui
répondrais : (ici Marguerite reprendra son
rôle). »
Cela laissera l'action un peu vide, mais
avec un peu de figuration on pourra tou-
jours s'arranger. On intercalera, par exem-
ple, la cérémonie du Malade Imaginaire ou
quelques petits divertissements destinés à
charmer la solitude de Marguerite.
Naturellement, la même modification aura
lieu le même soir à la Gaité, où Faust se
débrouillera tout seul comme il pourra.
Pour peu que le Châtelet consente à prê-
ter les décors des Pilules du Diable, on
pourra taire quelque chose de très gentil et,
somme toute, de très économique.
Une autre mesure s'imposera également,
à laquelle on n'a point encore songé : ce sera
le prêt des spectateurs par des théâtres
libres nantis d'une bonne troupe et ayant
une réputation parfaite.
Comme cela, véritablement, on pourra
marcher.
G. DE PAWLOWSKI.
- ---
Échos
D
eux négociants de Genève, MM. Bra-
chard, qui tiennent un magasin de
papeterie rue de la Corraterie, à Genève,
ont demandé à M. Bernstein de bien vou
loir changer le nom du principal person-
nage de Samson. Ce dernier ayant opposé
une, fin de non recevoir à, cette réclamation,
MM. Bracoord, après avoir fait faire de.
fense, par ministère d'huissier, à MM. Gui-
try, pris en qualité de directeur, et Berns-
tein, « de continuer à se servir d'un nom
qui est leur propriété, tant dans le dialogue
de la pièce que dans les affiches et pro-
grammes ».
Malgré cela, MM. Bernstein et Guitry,
ayant passé outre, viennent d'être assignés
par MM. Brachard devant la première cham-
bre du Tribunal civil.
F
aust va subir, on le sait déjà, sous la
nouvelle direction de l'ODéra. des
transformations importantes de décors et de
mise en scène. ,
MM. Messager et Broussan veulent prou-
ver qu'ils savent faire des sacrifices même
pour une pièce du répertoire qui fait tou-
jours le maximum. Ils ne dépenseront pas
moins, pour Faust, de 180.000 francs, et
déjà les ateliers travaillent aux nouveaux
costumes.
L
e directeur d'un théâtre de banlieue
fut, paraît-il,- avant nue les hasards du
turf ne l'amenassent à la césàrerie d'une
scène, vaguement domestiqué, et tout ce
qui, de près ou de loin, évoque son premier
métier, fort honorable, en somme, le trou-
ble et l'émeut. --- - - ;
Chez lui on répète Ruy Blas7 et le prota-
goniste profère:
« J'ai l'habit d'un valet, mafc vous en
avez l'âme! » ,"
L'imprésario rectifie, froissé, exige qu'on
juxtapose ceci, qui ne manque pas de char-
me:
« Je suis mal habillé, mais vous en avez
l'âme! »
L'artiste qui doij proférer cette monstruo-
sité littéraire est dans ses petits souliers.
A
propos de la transformation prochaine
du Ciraue d'Hiver un de nos confrè-
res rappelle que Pradier, le célèbre - sculp-
teur, exécuta gratuitement le groupe éques-
tre qui décorait le portail de l'ancien Cirque
d'Eté, en échange de ses entrées à vie chez
Françoni.
Mais d'autres artistes payèrent aussi de
leur talent leurs billets de faveur.
Ainsi, le sculpteur Caffieri, pour avoir
libre entrée à la Comédie-Française, y en-
voya les bustes de Quinault, de La Fontaine
et de Piron.
Houdon fit un marché analogue en offrant
un buste de Voltaire.
Toutes ces entro"» gratuitc-. furent, il fawt
en convenir très largement car les
bustes donnés en échange par Houdon et
Caffieri font encore aujourd'hui l'admiration
des connaisseurs qui parcourent les couloirs
de la Comédie.
c
urés » ou « Comtesse de Paris? -
Germain, des Nouveautés, a provo-
qué un scandale hier, à l'Exposition des
Chrysanthèmes.
Le Tringlet de Cabotine - nous l'avons
dit — expose, au Cours-la-Reine, des poi-
res et des nèfles d'ailleurs fort belles.
Quelques membres du jury — section des
« fruits de commerce » — les admiraient
hier sur le coup de cinq heures. Soudain,
l'un d'eux, le président, poussa un cri d'in-
dignation et, désignant quatre poires que,
sur une assiette, une étiquette dénommait
« Comtesse de Paris », il s'écria:
— Ça, des « Comtesses » ?. Jamais de
la vie: c'est des « Curés ».
- C'est des « Curés », approuvèrent en
chœur les connaisseurs qui étaient là, et l'un
d'eux ajouta en haussant les épaules:
— En voilà un amateur à la manque.
Confondre la mine allongée et verte des
« Curés » avec le ventre rebondi et jaune
des « Comtesses de Paris ».
C'est dur, mais juste. Voyons, Tringlet,
vous rie connaissez même pas le nom de
vos poires?
Quand Ingres jouait du violon, au moins
il ne faisait pas de fausses notes.
Comme artiste, Germain conserve toute
notre admiration ; comme amateur de poires,
il baisse dans notre estime, et rudement.
c
entième bis.
Pour fêter dignement, à Strasbourg
la centième deJacélèbre opérette Die Lus-
tige Witwe, on annonça une distribution de
cadeaux à tous les spectateurs — et l'on fit
salle comble.
La direction, enchantée, se demanda s'il
n'y avait pas lieu de faire une seconde fois
preuve d'une générosité qui avait été si
fructueuse pour elle! Mais sous quel pré-
texté? On ne célèbre pas. les cent unième.
C'est alors qu'elle s'avisa d'un moyen
ingénieux de tourner la difficulté : elle fit
publier qu'il y aurait, le lendemain, une
réédition du gala et, pour la justifier, elle
afficha bravement: « Centième bis! »
C'était une trouvaille qui, avouez-le, mé-
rilait d 'être récompensée : et, en effet, on
réalisa encore, ce soir-là, la forte recette».
L
es voitures de différentes marques se
disputent, au Salon, la clientèle de nos
mondaines les plus élégantes ou de nos
actrices les plus en vue, mais il n'y a pas
d'hésitation dans le choix des « Phares ».
C'est Ducellier qui réunit tous les suf-
frages.
u
ne indiscrétion nous dévoile les pro-
jets d'une de nos plus charmantes ar-
tistes. Mlle Jeanne Saulier, du théâtre aes
Variétés, vient de se commander, dans un
chantier naval des Etats-Unis, un sous-ma-
rin de 250 tonnes. Ce bateau, qui est du
type « Holland », sera actionné par deux
moteurs à naphte d'une puissance de 250
chevaux chacun. Ce sous-marin est destiné
à effectuer la traversée de l'Amérique du
Sud, où un pont de diamant a été fait à la
délicieuse artiste.
La vitesse du sous-marin pourra attein-
dre, en plongée, 40 nœuds, ce qui lui per-
mettra de faire la traversée de Paris à Bue-
nos-Ayres en onze jours.
Les aménagements les plus modernes ont
été prévus. L'intérieur du bateau est en bois
dç rose; les panneaux des,salons seront si-
gnés nos p 'r-- -e âtidà peintres modernes.
Le prix de cette fantaisie se monte à un
million. Nous aviserons nos lecteurs de la
date du lancement de ce sous-marin, qui
portera le nom du : Le Jeanne-Saulier.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison..
L
e choix d'un bon restaurant, parfois si
difficile, est maintenant tout indiqué.
En effet, chez Lapré, qui vient de faire une
si heureuse réouverture sous la nouvelle di-
rection de Maurice, l'habile maître d'hôtel,
on peut remarquer chaque soir les soupeurs
et soupeuses les plus élégants de Paris sa-
.vourant -des mets exquis à des prix mo-
dérés.
Le Masque de Verre.
Un Grand Concours .-.-- u.
de Chansons
Pour encourager les Chansonniers et la Chanson, Comœdia organisera,
plusieurs fois chaque saison, de grandes auditions publiques où
les meilleures chansons, Préalablement primées, seront
dites par des artistes de choix et jugées par le public
qui décernera en fin de saison le Vrix d'Honneur
de la Chanson Française.
Vous savez déjà, chers lecteurs, quel
goût très vif Comœdia professe pour la jo-
lie chanson française et que nous avons
résolu de publier une fois la semaine les
titrés de toutes les œuvres nouvelles.
Imaginez maintenant que nous allons
constituer, tout comme pour la Comédie,
un Comité dé Lecture pour la chanson. Il
n'est pas douteux que nous ne recevions
rapidement des centaines, pour ne pas dire
des milliers de chansons.
Lisons-les toutes, ou mieux, demandons
au Comité de Lecture des Chansons de les
lire toutes. Hélas ! toutes ne seront point
retenues, mais beaucoup aussi le seront
dans le genre satirique comme dans le
genre sentimental, dans la chanson de gen-
re comme dans la chanson galante.
Notre Comité en retiendra. 20, par
exemple. Savez-vous que c'est un chiffre,
cela.
Nous voici donc avec 20 chansons pri-
mées; qu'allons-nous faire de nos 20 chan-
sons primées? Nous allons tout simple-
ment les faire connaître à Tout-Paris.
Dans une grande salle parisienne rete-
nue à cet effet, nous allons inviter nos 20
lauréats à venir montrer publiquement
leur enfant. l'enterds bien que mes 20
auteurs seront trop timides pour présenter
eux-mêmes leur proeéniture. Qu'à cela ne
tienne, ils pourront la faire présenter par
un artiste dont ils se seront assuré le con-
cours.
Nous leur donnerons même le droit d'a-
voir un commencement de claque dans la
salle sous les espèces de deux -.unis qui en-
treront gratuitement. -
A raison de 7 à 8 minutes par chanson,
la séance durera environ 3 heure,0
Et si cette histoire a intéressé le pûblic,
nous pourrons la recommencer 5 ou 6 fois
chaque saison.
Vous ai-je dit que chacun des specta-
teurs recevrait en entrant un bulletin de
vote et que c'est le dépouillement de ces
bulletins qui déterminerait les prix dans
chaque catégorie.
Vous ai-je dit que les catégories seraient
les suivantes :
CHANSONS SENTIMENTALES;
CHANSONS SATIRIQUES;
CHANSONS GALANTES;
CHANSONS DE GENRE.
Que chaque catégorie comprendrait
trois prix, à savoir: cent francs, cinquan-
te francs, vingt-cinq francs.
Ai-je dit aussi que des 20 chansons, le
public, chaque fois, aurait à en désigner
une pour concourir ultérieurement au prix
d'honneur.
Et que la saison ne se terminerait pas
sans l'attribution du Grand Prix d'Hon-
neur à h'une des chansons désignées au
cours de chacune des séances et que ce
Grand Prix d'Honneur sera de
1.000 francs
plus- la publication dansv Cômcedia de la-
dite chanson, sans que l'auteur abandonne
aucun de ses droits qu'il pourra céder à
l'éditeur de son choix.
Pour ceux qui s'imagineraient que je
parle là de projets lointains, je tiens à
ajouter que nous recevrons dès aujour-
d'hui toutes les chansons et que le premier
concours public de Cornçedia aura lieu
d'ici un mois.
- ARNAUD.
THÉÂTRE - DU CHATELET :
La Princesse Sans=Gêne
Féerie en 3 actes, de MM. Henri Kéroul et Albert Barré
Une féerie s'adresse aux enfants ou
aux spectateurs qui ont des âmes d'en-
fants. Il faut donc qu'elle soit simple et
puérile pour plaire aux enfants; il faut
aussi qu'elle soit ingénieuse, imprévue et
comique pour satisfaire ceux qui ont des
âmes d'enfants. L'une et l'autre catégo-
rie ne craignent pas non plus que la fée-
rie soit luxueusement montée, que les
costumes témoignent d'un' goût raffiné,
que les décors soient somptueux, que la
figuration et les .balletjS soient en nombre.
J'aime autant dire tout de suite que la
féerie esi un des genres les plus difficiles
àt~xpioitef~iso~t.
La Princesse Sans-Gêne a toutes les
qualités que je viens d'énumérer pour
contenter les enfants; elle peut aussi
plaire aux spectateurs de la seconde ca-
tégorie que j'ai énumérés. Mais c'est
plutôt une opérette qu'une féerie; elle
sacrifie plus aux couplets chantés qu'au
comique. Ce sont les interprètes qui, par
leurs inventions drolatiques, essaient de
faire rire. Les auteurs se sont bornés à
fournir un canevas sur lequel directeur,
régisseur, maîtresse de ballet et machi-
niste ont brodé ou épinglé des épisodes
— car il y a deg épisodes qui ne tien-
nent à l'action que par des épingles. des
épingles dorées, il est vrai.
Pour parler franchement, nous som-
mes loin de la féerie qui a ravi notre
enfance. La Princesse Sans-Gêne est
une féerie dans laquelle lès -. fées brillent
par leur absence ; à peine peut-on ad-
mettre comme une fée cet Amour qui
apparaît deux fois pour rassurer des
amants devant lesquels se multiplient les
obstacles. Mais il n'y a plus, en: réalité,
dans cette pièce, ni de bonne fée ni de
mauvaise fée qui conduisent l'intrigue. Il
n'y a plus, surtout, ces trucs à transfor-
mation qui constituent la féerie ; c'est
tout juste si, au deuxième acte, on voit
des soldats en uniforme se trouver subi-
tement en chemise au moment où ils
vont se mettre à la poursuite d'un gar-
çon de ferme déserteur.
Examinons donc la. fantaisie à travers
laquelle nous promène cette féerie, qui
est, à vrai dire, une opérette, ou, si vous
préférez, cette opérette qui n'est presque
pas une féerie, mais qui est féerique-
ment présentée.
Le roi Patapon désire marier son fils,
Fortuné. Malheureusement, Fortuné a
des Idées très arrêtées sur l'amour et
sur le mariage: il se soucie peu d'épou-
ser une princesse ou une paysanne,
pourvu qu'il puisse épouser une femme
qu'il aime. Aussi, a-t-il refusé pas mal
de bons partis. Patapon demande à son
conseiller Cornélius s'il n'y a plus de
princesses à marier.
Or, il en existe une, Elisabeth, héri-
tière du royaume de Sergovie. Eli-
sabeth a été envoyée, à l'âge de trois
ans, dans une ferme, d'après les ordres
du régent Grosloulou, qui désire con-
server le royaume et le régime pour
lui. Elisabeth passe pour rt'exister plus.
Si Elisabeth n'est pas mariée à l'âge
de dix-huit ans, elle sera déchue de ses
droits au trône, ainsi que le veut la cou-
tume ou la loi du royaume de Sergovie.
Il faudrait donc que le jour où elle aura
dix-huit ans, Elisabeth ait épousé le fil?
de Patapon. Cela ne fait pas l'affaire de
Grosloulou, évidemment.
Il persuade à Javotte" une paysanne
de la ferme où a été élevée la princesse
Elisabeth, qu'elle est elle-même la prin-
cesse Elisabeth, et il l'emmène à la cour,
où. ses manières un peu étranges lui ont
fait donner le nom de « Princesse Sans-
Gêne ».
Grosloulou a insensibilisé le cœur de
Javottte. grâce à un talisman-que- lui a
remis Cornélius. Javotte aime Benjamin,
un paysan, et n'aurait pu partir pour la
cour sans cette indispensable insensibili-
sation.
Benjamin, lui, a suivi Javotte, il est
accompagné d'Aurore, la vraie princesse
Elisabeth, qui se croit une simple
paysanne.
Il a suffi d'un regard d'Aurore sur
Fortuné et réciproquement pour ee
l'un se sente entraîné vers l'autre par
un penchant auquel ils ne, peuvent résis-
ter. Bien entendu, Javotte déplaît énor
""-. - Mlle BELLY,
,1 .-
Mlle Alice BONHEUR
Mlle DEVASSY
Mlle MEYAN
,M: .-GALIPAUX (Photos.-Branger)
m. GALIPAUX, ,
mément à son royal Raned ssi. Jl
dernier perstwde-t-il à Berrjàrttttl de 0
faire passer pour le prince Fortuné et
d'épouser Javotte à sa.place.
Benjamin a reçu de Cornélius une
boite de pilules magiques. Chaque fois
qu'il en avale une en formulant un sou.,
hait, il voit ce souhait se réaliser immé,
diatement. ,-
C'est ainsi que Benjamin fait pleuvoir
au moment où Fortuné défile avec sa
suite dans la capitale de Grosloulou,
Puis, il fait sauter
Puis, il faitsauter l'hôtel de ville quand
Javotte Va épouser Farandol. A un autt?:
moment, il transporte Javotte au pays
des Amours, où elle commence à aimer4
Or, c'est Benjamin qu'elle aime, ait
grand dépit de Grosloulou et de Pata-
pon. Tout s'arrange, parce que Fortune
déclare son amour à Aurore. Le mariage
sera célébré sur le chanip. Il était temps,
car Aurore, dont l'identité a été dénon-
cée par Cornélius, désireux de se venger
de Grosloulou, allait avoir dix-huit ans,
Javotte épousera, de son côté, Benjamin,
et Grosloulou sera déchu de la régence.
Tel est ce conte naïf imaginé par MM,
Kéroul et Barré'. Il présente le caractère
de simplicité puérile dont je parlais plus
haut.
Il a été enjolivé de somptueux ballet
et d'ingénieux déploiements de mise en.
scène par le directeur du Châtelet, M.
Fontanes, aidé de ses lieutenants, le ré^
gisseur Provost, la maîtresse de ballet;
Mlle Stichel, le chef machinistre Eugène
Colombier.
La mise en scène
Les décors
La mise en scène constitue le gros af.,
trait de l'opérette à spectacle qu'est La
Princesse Sans-Gêne.
Je signalerai le joli défi-lé qui célèbre
l'entrée du prince Fortuné. C'est un
heureux assemblage de costumes d'unq
luxueuse imagination dus à l'esprit in-
ventif de Landolff. Le défilé est inter-
rompu par une pluie ingénieusement ma*
chinée qui nous permet un déploiement
d'ombrelles multicolores, d'armes trans-
formées en parapluies.
Le tableau de l'explosion est bien ré*
glé. Il est suivi du rêve de Fortuné. 1,,à,
intervient un truc aussi simple qu'habf.
lement inventé (le tout ë\âît de le trou-
ver) Fortuné est assis et rêve au milieu
des ruines de l'hôtel de ville de la ca-
pital de Sergovie. Il s'agit de transpor-
ter Fortuné dans le pays des Amours
auquel il rêve. Une série de nuages dé-
filent alors sur la scène, selon le sys-
tème cher à Wagner. Fortuné peut s'é..
clipser logiquement dans la coulisse der-
rière ces nuages, simples toiles de mous-
seline peinte, et nous sommes en paya
des Amours.
Le tableau est exquis, c'est une sym-
phonie de nuances roses et mauves. Le;
décor est ravissant avec les fleurs, avec;
la verdure qui sert d'encadrement aux
bergères Watteau, aux Petits Amours
extraits d'un tableau de' Boucher. L*
encore, c'est le triomphe des costumes'
de Landolff aux tonalités mourantes,
c'est aussi la gloire du décoratefir Ama-
ble, qui s'est fait aider dans sa besogne
artistique par son neveu Cioccsri. O
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