Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-03
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 novembre 1907 03 novembre 1907
Description : 1907/11/03 (A1,N34). 1907/11/03 (A1,N34).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645332h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
1 Première Année. - N° 34 CQuotidien). * Le Numéro : 5 centimes ÎJimanche 3 Novemr 1 -
Rédacteur en Chef G. de PA WLOWSKI
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Étranger 40 » 20 *
LES
0*ïiédiennes
dépecées
Certains caricaturistes s'acharnent
d'après les actrices françaises avec une cu-
rueuse absence de galanterie et de tact.
A peine l'un d'eux a-t-il fait un spectre
d'une comédienne exquise, qu'un autre
pour le e ^passer nous livre aussitôt un
cadavre en putréfaction!
Iab n de Ces cruels silhouettistes, dont
le labeur consiste à nous montrer d'af-
çant; s Carcasses et des crânes grima-
çants '^aRt avec certaines personnalités
Une va6 ressemblance, si l'on peut
eit!Plov F ce mot pour essayer un rap-
nous ment entre les pantins hideux qui
nous °nt offerts et les modèles dont
l'auteur prétendit et les modèles dont
l'auteur Prétendit s'inspira, — un cari-
catu t>11s e, qui est parfois personnel avec
un talent aiguisé, — vient de publier un
album dont la moitié des dessins sou-
lèverait, en d'autres pays, la réproba-
tion des géns de goût. Mais, à force de
subir pa crainte du ridicule, nous finis-
sons tr?r laisser tout écrire et paraître.
O:pz s présents n'ont plus rien de
commun avec les siècles passés où les
comédiennes faisaient l'ornement de la
vie des artistes, des lettrés et des gens
d'esprit. Les poètes vantaient leur grâce
en vers amoureux et charmants; les
peintres ne se croyaient jamais assez de
sujets de les embellir, et les portraits, les
estampes, les moindres crayonnages à la
sanguine qui soient restés d'après elles,
de Fragonard à Schall, nous offrent les
plus "Nuisantes interprétations que l'on
puisse rever de la femme.
Aujourd'hui, pour arriver à la noto-
riété, Il suffit d'avoir donné dans un
journal 1 ustre, deux ou trois visages dé-
formés cabossés et repoussants de
grandes artistes et les avoir représentées
comme l'imagination d'un irréductible
ennemi n'oserait les évoquer après deux
mois Passés dans la tombe.
A Séville, au couvent de la Caritad,
une réligieuse soulève devant les visi-
teurs qui l'exigent le rideau voilant une
toile célèbre de Valdes Leal : Le Triom-
phe de 12 Mort; le réalisme des cadavres
représentés est à ce point repoussant, le
d un chevalier est si complète-
ment grouillant de vers, - que Murillo en
voyant le tableau s'écria: « Il faut se
boucher , 1er le nez ! n
Que sont, — auprès de ce Finis glo-
riœ mundi dont un coloris admirable
ennoblit cependant la sinistre réalité -
les trente-cinq pages consacrées dans cet
album récent à l'une des femmes de
théâtre dont la grâce, l'èsprit, l'émotion
ou les espiègles diableries ont donné au
théâtre Espiègles diableries ont donné au
dan re de Meilhac et d'Ibsen, de Lave-
de Donnay, d'Hervieu, de Sardou,
de Porto-Riche, d'Henry Bataille, d'Al-
bert Guinon, de Vandérem, d'Abel Her-
teùr t, de Coolus, et de la plupart des au-
teurs dramatiques de ce temps, un éclat
incomparable!
Il n'est pas impossible que, l'album
expédié aux libraires, son auteur n'ait
point senti les premières brûlures du re-
mords. T artiste ne doit pas se faire
l'instrument, même involontaire, des
basses vangeances qu'il sert, en enlai-
dissant à jamais, en bafouant, une
grand qUI est, non seulement une très
fronde C°médienne, mais encore à la
tête d'une entreprise dont elle supporte
avec vaillance les lourdes charges et les
aléas.
C'est le droit, sans doute, du carica-
turiste d aller s'embusquer dans une
stalle 0rcbestre, d'y barbouiller beau-
coup de papier au creux de sa main, et,
pour amener un rayon de gloire pari-
sienne sur son nom, de se servir de l'es-
prit aiguisé qu'il possède et de certaines
facultés à travestir, avec les oripeaux de
la laideur, les meilleures comédiennes.
Mais e public devrait avoir aussi le droit
de protester et de défendre ces femmes
dont c' est le pénible et beau métier de
dispenser un peu d'oubli du présent et
des sensations d'héroïsme et de joie.
Le caricaturiste a pris dans nos
mœurs une place qui n'est vraiment di-
gne ni de lui, ni de nous; surtout lors-
qu'il s'adresse à des femmes qui, en
somme, se trouvent sans défense con-
tre lui. s'il leur reste la possibilité
d'entamer un procès, la justice en Fran-
ce est ainsi présentée que, dans ce genre
d'affaires délicates, c'est toujours le plai-
gnant qui se ridiculise où se déconsi-
dère.
Les c°nîédiennes qui sont particuliè-
rement en, Visées devraient cependant bra-
ver les ennuis d'une audience; elles au-
raient cette fois tout le monde avec elles.
La lda, ricature théâtrale n'a de possibi-
lité leXlsterque tant qu'elle ne vise,
avec lé^Xereté, que les ridicules physi-
ques où critique l'actualité, d'une ma-
nière ironique et spirituelle.
M ,QIS, faire des débris de laboratoire
d'hôpital et de fosse commune de ces
comédiennes qui sont l'un des plus vifs
ornements de Paris — l'une des rares
supériorités Qui nous soient demeurées
sur l'étranger — ce n'est plus de la cari-
cature, c'est Presque de la diffamation.
La dernière planche d'une autre mono-
graphie d'actrice, dans le même album"
nous montre une tête de mort grima-
çante: le préjudice ainsi causé n'est-il
pas aussi grand que celui qui atteindrait
un industriel, dont un concurrent étale-
rait sur des affiches les produits ridi-
culisés?
Leur physique est pour les comédien-
nes l'un des éléments les plus sérieux
de réussite. Qu'on aille exhiber des por-
traits d'elles montrant des râteliers bri-
sés, des yeux torves, des nuques dénu-
dées, le public ne firiira-t-il pas par les
voir, à travers ce qu'elles sont, comme
on désirerait qu'il les vît?
Lorsque Léonard de Vinci dessinait
des masques qui fixent à jamais la lai-
deur humaine, il semble qu'ayant réalisé
avec trop de bonheur dans certaines toi-
les la somme de beauté qui était en lui,
il ait voulu offrir des compensations à la
médiocrité pour un idéal si parfait. En
tous cas, à ceux qui l'auraient accusé de
« charger » la difformité, il pouvait ré-
pondre qu'il savait mieux encore flatter
la perfection. Mais, plus nos dessina-
teurs vont, plus ils descendent à l'hor-
reur sans jamais donner de gages à la
beauté. ,-.
Le Salon d'Automne nous a prouvé
récemment que l'idéal, dont le socle s'é-
tait déjà beaucoup abaissé, gît mainte-
nant au fond d'un trou. Il serait temps
de relever les yeux. Les dessinateurs,
dont les quotidiens et les périodiques ac-
cueillent si gracieusement la production,
et qui sont des vulgarisateurs de pre-
mier ordre, devraient envisager leur tâ-
che sous un jour nouveau. Au lieu de
regarder à la loupe les imperfections des
comédiennes, que ne s'appliquent-ils à
traduire pourquoi leur influence est si
grande sur le public; pourquoi, en dé-
pit de la jeunesse qui passe, un attrait
merveilleux subsiste en elles, qui les fait
acclamer même au delà de nos rivages
et de nos frontières.
Mais, voilà, la vérité comme le su-
blime sont difficiles à atteindre; au mo-
ment où l'on croit saisir l'un ou l'autre,
le tabouret sur lequel on est grimpé
glisse, et l'on se casse le nez. La lai-
deur, au contraire, dès qu'on se baisse
pour la ramasser, s'accroche à nous, ne
nous lâche plus, et nous donne tous les
moyens de la flatter. -
Les dessinateurs que seule la hideur
phySIque bu morale impressionnent ont
un champ largement ouvert : qu'ils chan-
gent de spectacle et laissent le théâtre
pour la Cour d'assises. Celui qui vient
de publier le cruel album en question au-
rait fait de la femme Veber, par exem-
ple, que la populace avait si pittores-
quement baptisée V Ogresse, une mono-
graphie analogue à celle qu'il a consa-
crée à une grande comédienne ; il aurait
employé son talent — car il en a — à
traduire les mouvements de cet énigma-
tique visage, à les interpréter, que son
succès eût été considérable.
Mais la faculté qui consiste à tailler à
coups de crayon dans les comédiennes
comme font dans les cadavres de l'am-
phithéâtre, à coups de bistouri, les ca-
rabins qui ont achevé une étude, cette
faculté là ne peut prétendre aux louan-
ges sincères, ni séduire; et le talent
qu'on y consacre ne saurait faire naître
d'autre gloire que celle qui dure à Pa-
ris ce que durent les scandales: le cré-
puscule d'un soir! -
Albert FLAMENT.
Nous publierons demain une nouvelle de
HENRY KISTEMAECKERS
Becquetons
Tout le monde sait qu'au cours des ré-
pétitions, le texte primitif d'une pièce se
modifie considérable'ment et que les néces-
sités de la mise en scène imposent souvent
des répliques qui n'avaient pas été prévues
tout d'abord. C'est ainsi que les becquets
s'ajoutent aux becquets et que la pièce de-
vient de plus en plus scénique jusqu'au jour
de la générale.
Malheureusement, si bien dirigées que
soient les répétitions, elles ne peuvent don-
ner aux acteurs cette fougue et ce naturel
que seul peut provoquer le contact direct
avec la foule et, dès les premières repré-
sentations publiques, de nouvelles modifi-
cations s'imposent.
Celles-ci, malheureusement, sont trop sou-
vent abandonnées par les auteurs à la seule
inspiration des acteurs, et il en résulte par-
jois de petits à-coups- assez désagréables dans
l'interprétation. Ce ne sont plus alors des
becquels, ce sont ce que j'appellerais de
tout petits becquetons, la plupart du temps
inconscients et qui sont dictés par les né-
cessités de l'action.
Dans un monologue trop long, par
exemple, lorsqu'un père annonce à sa fille
que c'est lui l'assassin de la vieille dame,
qu'on va incessamment venir l'arrêter;
qu'elle aussi, fruit d'un -amour indigne avec
la princesse des Asturies, elle va être livrée
à la main du bourreau et que son fiancé
sera écartelé à quatre chevaux, il est bien
difficile que cette jeune fille écoute de tel-
les révélations avec une impassibilité tout
anglaise, comme elle le ferait d'une leçon
d'Histoire sainte, sans que quelques pro-
testations indignées ne s'échappent de sa
bouche. Seulement, comme le texte n'a rien
prévu dans le dialogue, il lui fàut bien im-
proviser de temps à autre quelques excla-
mations extraréglementaires.
Elle dira, par exemple, à mi-voix:
« AIU G'êêt pas possible! «
Ou : ;
« Oh! la, la, la, la! »
Dans une pièce soigneusement écrite en
français, cela n'est pas toujours du meilleur
effet, sans compter que ces petits becque-
tons étant, je le répète, extraréglementaires,
ils ne sont prononcés que d'une façon inin-
telligible et vague oui nuit à la bonne tenue
du dialogue.
Dans des circonstances moins tragiques,
il en va de même lorsque les deux joueurs
de bridge, après avoir parlé bruyamment
du ciel bleu et des étoiles en passant sur la
terrasse, s'éloignent brusquement dans le
fond pour laisser la place aux deux person-
nages principaux.
Les nécessités de l'action les forcent à
continuer encore quelques instants leur dia-
logue, à s'inviter à dîner à mi-voix ou à
échanger leurs impressions sur la tête du
monsieur apoplectique qui se trouve au
troisième rang des fauteuils d'orchestre.- ■
Cela manque toujours de naturel, et nos
auteurs auraient tout intérêt à veiller à
cette partie du dialogue, infraconsciente,
qui échappe à l'écriture lorsque la pièce est
seulement manuscrite.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, 2 huit heures et aemie, a la
Comédie-Française, première représentation
(reprise) de Médée, drame en quatre actes
de Catulle Mendès.
Ce soir, râ neuf heures, au Théâtre des
Capucines, répétition générale de Le Cri de
Paris, revue en deux actes de Rip ; Amou-
reux Stratagème, comédie en un acte de
Jean Liane; Le Ghoung, comédie en un
acte de Georges Docquois et Montjoyeux.
Q
ue le métier de comédien a parfois des
heures cruelles!
rienry Etiévant, l'excellent acteur de
l'Ambigu, jouait hier soir, comme à l'habi-
tude, Dartès dans la Fille des Chittoniers,
quand, pendant un entr'acte, on lui annonça
la mort de son père, qui venait de succom-
ber aux suites, hélas fatales, d'une opéra-
tion chirurgicale. -'
Stoïque, refoulant ses larmes, le malheu-
reux artiste, cinq minutes après, rentrait en
scène et continuait à jouer jusqu'à la chute
du rideau !
IVI. Etiévant père, qui fut un de nos meil-
leurs confrères-parisienar" s?oeo«pait plus
particulièrement de questions théâtrales. Il
était chevalier de la Légion d'honneur.
Nous présentons à son fils et à sa famille
nos plus sincères compliments de condo-
léance.
L
es dessous d'une association.
1 Le directeur d'un grand théâtre du
tsouievara eut i an dernier oesom a argent.
D'autres, avant lui, connurent la même
peine; afin d'en sortir, il prit un associé.
Celui-ci apportait l'expérience qu'il avait
acquise dans l'exploitation d'une petite scène
et deux cent mille francs.
L'un et l'autre — les autres surtout —
furent les bienvenus. Les deux cent mille
francs allaient donc être versés, quand sur-
vint soudain un homme vêtu de noir qui ap-
portait une opposition - une opposition en
bonne et due forme - sur la somme an-
noncée. L'opposition avait été obtenue par
l'épouse divorcée — également directrice —
du directeur en question. Les deux cent
mille francs sont maintenant à la Caisse des
dépôts et consignations — et le directeur a
un associé !
J
e n'irai pas jusqu'à prétendre que les
critiques aussi sincères que quotidiennes
que nous taisons de toutes les représenta-
tions de nos théâtres subventionnés, ont
l'heur de plaire à tous les intéressés; il en
est qui supportent impatiemment ce petit
mal nécessaire, voire bienfaisant, il en est
d'autres qui « la trouvent mauvaise » sans
en laisser rien paraître.
Il est toutefois un Directeur qui nous a
demandé, comme un service, de lui délé-
guer chaque jour un critique.
« Messieurs, a-t-il dit à son personnel la
première, fois que notre collaborateur est
entrée en fonctions, voici le représentant
de Comœdia; il a le droit de pénétrer par-
tout dans notre théâtre, et vous avez le de-
voir de ne rien lui cacher. Par lui le public
doit savoir tout ce qui se passe chez nous :
le bon comme le mauvais et voir que nous
nous efforçons toujours à le satisfaire. »
Ce petit speech # terminé, M. Antoine,
car c'était lui, reprit la répétition.
H
enry Bernstein et. Manet.
Sait-on que M. Henry Bernstein a
son portrait peint par Manet? Pourtant, l'il-
lustre peintre du Bon Bock est mort à une
époque où le jeune et brillant dramaturge
n'était pas encore célèbre.
Quoiqu'il en soit, nous avons vu l'autre
jour, chez un collectionneur, le portrait d'un
gamin, habillé d'un costume marin, se te-
nant droit, les mains dans les poches -
déjà crâne et décidé.
C'est M. Henry Bernstein. Il avait huit
ans.
L
'Intelligence des Fleurs.
P Une heure du matin, avenue de
l'Opéra. -
Un jeune et très sympathique sociétaire
qui vient de jouer un rôle fatigant, se hâte
vers une grande brasserie où un léger sou-
per va réparer ses forces. Il est accompa-
gné d'une femme très jolie, que sa démar-
che onduleuse et les froufrous voluptueux
de son jupon de soie, font particulièrement
désirable.
En pénétrant dans la taverne, l'acteur
aperçoit assis seul, à une table, M. Mounet-
Sully. Il s'empresse, déférent, et vient s'as-
seoir près de son doyen à qui il présente
son amie.
Bocks, choucroute et menus propos.
— Je vous ai vu, l'autre jour, jouer
Œdipe-Roi, mon cher Maître. C'est sublime,
miraculeux.
M. Mounet-Sully n'a rien d'un « M'as-tu
vu? » Les compliments, même sincères et
justifiés, comme celui qu'on lui adressait, ne
lui donnant aucune vanité et il sait parler
de lui-même avec modestie.
— Mon ami. je n'y étais pas. hhhfff.
je vieillis, jeune homme.
.Alors la belle dame, sentencieuse:
— Ah ! bien sûr ! On ne peut pas être et
avoir été.
p
our le piston!
On répète tous les jours au Théâtre
Antoine une comédie nouvelle de M. Ro-
main Coolus. Et à ce propos, nous retrou-
vons sur un vieil album ces vers, certaine-
ment presque inconnus, de l'auteur de
Georgette Hellouin.
A l'époque où il les écrivait, au temps
fameux des premières années de la Revue-
Blanche, M. Romain Coolus ne songeait
peut-être pas qu'il serait un jour un des
meilleurs écrivains psychologiques de ce
temps et il égrenait sa fantaisie au hasard
des sujets, des sujets même les plus inat-
tendus.
C'est ainsi qu'il célébrait Le 'Piston -1.
Le soir parfois, grandes ouvertes les fenêtres,
On laisse entrer l'été qui s'étire et qui, las,
Dans la chambre éparpille une odeur de lilas
Et des chuchotements de hêtres.
C'est alors, déroulant ses guirlandes cuivrées,
Que, parfois, un piston festonne allègrement,
Familier, le travail de. ces gammes ouvrées.
Et ce n'est qu'un piston en fleurs, mais c'est
- : ■ -A, [charmant!
'Aimer le piston, ô mystère!
Le faire chanter sur la terre
Et, s'il vous fait défaut, se tairel
Y verser son cœur sédentaire
Y vibrer son mal solitaire,
Y sonner son rêve adultère,
Eperdument et dans le ton 1 - -
Oh ! saluer le soir d'allégros militaires,
Enlevés à la pointe altière du piston!., .-
Ahl si après Georgette*;Hellouin, l'ado-
rable poète du Marquis de'Carabas voulait
nous donner une pièce en vers 1
L
a tradition est la chose la plus respec-
- table du monde. lorsqu'elle n'est pas
ridicule.
Nous nous promenions, un de ces. ma-
tins, dans la cour antique et sépulcrale du
Conservatoire lorsque, -par trois fois, — à
neuf heures, à onze heures et à midi -
rifftis vîmes le concierge agiter a tour de
bras une cloche sonore placée contre un
des murs.
Ces appels successifs ne provoquant ap-
cune transformation apparente dans la vie
intérieure de cet établissement séculaire,
nous interrogeâmes, avec surprise, le dé-
voué secrétaire.
« On sonne, nous dit-il, à neuf heures et
à onze, pour signaler l'entrée et. la sortie
des classes. Je dois ajouter que la plupart
commencent et finissent à des heures tota-
lement différentes. »
— Et à midi ?
« A midi, nous répondit ce fonctionnaire
aimable, c'est différent. Il n'y a à cela au-
cun motif. Autrefois, lorsque le Conserva-
toire était un internat, la sonnerie de midi
appelait les pensionnaires au réfectoire.
Depuis, elle est devenue sans objet. Seu-
lement, s'il y a un règlement qui la prescrit,
il en est pas qui la supprime. Alors, vous
comprenez,. le règlement,. on continuel »
s
oyez donc célèbre.
Il v a des gens qui, parce qu'ils ont
fait jouer à Asnières une pièce en un acte,
croient que les portes de tous les théâtres
doivent, chaque soir, leur être ouvertes, sans
qu'il leur en coûte un sou.
M. Georges Feydeau ne leur ressemble
pas et il consent volontiers, lorsqu'il se rend
dans un théâtre, à acquitter le prix de sa
place. -
Avant-hier, en compagnie d'un de ses
amis, il prit au guichet de l'Eldorado un
coupon de deux fauteuils.
Ces deux fauteuils étaient deux exécra-
bles places. L'auteur de La Puce à l'Oreille,
apercevant des loges vides, s'en va poliment
au contrôle et prie qu'on veuille bien le
placer mieux. '-
— Mais, qui êtes-vous, lui demande-t-on?
— Je suis M. Georges Feydeau, ré-
pond-il.
Le contrôleur alors, cligne un sourcil,
cherche dans sa mémoire, et après un petit
temps :
— Feydeau?. Feydeau?. Dans quel
concert chantez-vous ?
.Et dire qu'on jouait, ce soir-là, Bi-
douille, où abondent les souvenirs de l'im-
mortel Champignol et de La Dame de chez
Maxim's.
Il est probable que l'auteur de la pièce
connaît mieux M. Feydeau que le contrô-
leur du concert.
E
|Usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, pênes et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
NOUVELLE A LA MAIN
E
ntre chanteurs 1
Oui. mon cher; un beau matin j'ai
quitté Toulouse pour aller à Milan trouver le
maître Verdi. -''
Non seulement il a bien voulu me donner
une audition, mais encore il m'a fait l'hon-
neur de m'accompagner, et je lui ai f. une
note, mon bon, une note!. Jamais il n'a
pu la trouver sur son piano !
Le Masque de Verre.
COMŒDIA .n SIX Dages
Demain, SIX pages
La rentrée de la Loïe Fuller
Après un exil de huit mois, l'incomparable fée lumineuse
revient éblouir et charmer Paris dans la Tragédie
* de Salomé, au Théâtre des Arts.
Depuis la fin de mars, la Fée des Lu-
mières était allée prodiguer successive-
ment la magie de ses chatoiements aux
Monégasques - ou plutôt au TouV-Uni-
vers élégant qui se donne rendez-vous
sur la Rive bleue - aux Bruxellois, - aux
Anversois.
Inutile d'ajouter — ce n'est, - d'ailleurs,
pas de l'intéressée que je tiens ce dé-
tail - que partout elle fut accueillie avec
un enthousiasme délirant.
Il y a quatre : mois que M. Robert
d'Humières est venu lui demander d'in-
terpréter le rôle principal de sa Tragédie
de Salomé, qu'il a conçue spécialement
pour elle. Et, depuis quatre mois, la
Loïe Fuller travaille sans relâche,, dans
son laboratoire de la rue Saint-Jacques,
à mettre au point ce drame lumineux,
dont la première sera un des événements
parisiens de cette saison.
Comme ce mot de laboratoire avait
semblé me surprendre quelque peu, la
grande artiste voulut bien le commenter
à mon intention:
— Oui, dit-elle, j'ai un véritable labo-
ratoire où je nuance la gamme de mes
effets, où je crée de toutes pièces les
combinaisons de mes projecteurs. J'a-
vais jadis installé ce laboratoire dans les
dépendances du petit hôtel que j'habite
à Passy; mais, un jour, il m'est arrivé
un petit accident sans grande impor-
tance: une inoffensive explosion. Mon
propriétaire a pris peur et j'ai dû^porter
ailleur% mes éprouvettes, mes ampoules
et mes verres de couleur. D'ailleurs, ve-
nez avec moi ; je vais vous prouver que
la partie lumineuse de La Tragédie de:
Salomé ne fut point une petite affaire.
Et, leste comme un chat, Miss Loïe
Fuller grimpe, en m'entraînant à sa,
suite, jusqu'au cintre où sont installées
les lampes à projections.
La Loïe Fuller conclut : -
— Et maintenant, je m'en remets au
jugement de ces artistes exquis que sont
les Parisiens. Ils me diront demain si
j'ai réussi, cette fois encore, à leur faire
plaisir. ,
La réponse ne fait aucun doute, ô gé-
niale éblouisseuse :
Paris, une fois de plus, vous accla-
mera.
G. DAVIN DE CHAMPCLOS.
, Mémoires de Comédiens
Ce que devraient être les Souvenirs des Artistes célèbres..
Ceux de Sarah Bernhardt, luxueusement illustrés,
sortent de la banalité courante.
-On annonce en librairie l'apparition
- d'e a Ma double'vie, Mémoires de
Sarah Bernhardt. »
Les Journaux.
Eh règle générale, je me méfié des Mé-
moires de comédiens ou de comédiennes.
La raison en est, peut-être, que je les ai
tous Iris, ou à peu près, et qu'ils ne m'ont
jamais rien appris, — depuis Baron, Le-
kain, Préville, Bazincourt, Dumesnil et
Clairon,.- jusqu'aux compilations indigestes
publiées sous les noms de Fleury et de
Mlle Flore, pour aboutir aux Souvenirs de
Bouffé, de Laferrière, de Delaunay, de
Febvre ou même du bon Lassouche.,
.J'en passe, et des meilleurs.
Nuls au point de vue documentaire, er-
ronés souvent comme dates, peu intéres-
sants au total,, on flaire vite l'affaire en li-
brairie. Fleury, par exemple, ne connut
jamais un mot de ses Mémoires, rédigés
en cinq volumes dix ou douze ans après
sa mort, par Lafitte. Ceux de Delaunay
sont signés par M. le comte de Fleury.
Bref, les comédiens, même parmi ceux qui'
sont incomparables aux feux de la rampe,
deviendront difficilement les émules de
Saint-Simon ou de Dangeau. - -- -- --
Ceci s'explique, à mon avis.
Un comédien, dont le métier est de pa
raître, de mettre en lumière un mot, dt
faire un effet à heure-fixe, s'occupe peu
des autres et beaucoup de lui. C'est force
Il ramène tout à lui-même, et s'il n'a pas
un @ type à étudier, il n'est, pour le reste,
qu'un observateur fort médiocre de ce qi-i
se passe autour de lui
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Paris et Départements i 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 *
LES
0*ïiédiennes
dépecées
Certains caricaturistes s'acharnent
d'après les actrices françaises avec une cu-
rueuse absence de galanterie et de tact.
A peine l'un d'eux a-t-il fait un spectre
d'une comédienne exquise, qu'un autre
pour le e ^passer nous livre aussitôt un
cadavre en putréfaction!
Iab n de Ces cruels silhouettistes, dont
le labeur consiste à nous montrer d'af-
çant; s Carcasses et des crânes grima-
çants '^aRt avec certaines personnalités
Une va6 ressemblance, si l'on peut
eit!Plov F ce mot pour essayer un rap-
nous ment entre les pantins hideux qui
nous °nt offerts et les modèles dont
l'auteur prétendit et les modèles dont
l'auteur Prétendit s'inspira, — un cari-
catu t>11s e, qui est parfois personnel avec
un talent aiguisé, — vient de publier un
album dont la moitié des dessins sou-
lèverait, en d'autres pays, la réproba-
tion des géns de goût. Mais, à force de
subir pa crainte du ridicule, nous finis-
sons tr?r laisser tout écrire et paraître.
O:pz s présents n'ont plus rien de
commun avec les siècles passés où les
comédiennes faisaient l'ornement de la
vie des artistes, des lettrés et des gens
d'esprit. Les poètes vantaient leur grâce
en vers amoureux et charmants; les
peintres ne se croyaient jamais assez de
sujets de les embellir, et les portraits, les
estampes, les moindres crayonnages à la
sanguine qui soient restés d'après elles,
de Fragonard à Schall, nous offrent les
plus "Nuisantes interprétations que l'on
puisse rever de la femme.
Aujourd'hui, pour arriver à la noto-
riété, Il suffit d'avoir donné dans un
journal 1 ustre, deux ou trois visages dé-
formés cabossés et repoussants de
grandes artistes et les avoir représentées
comme l'imagination d'un irréductible
ennemi n'oserait les évoquer après deux
mois Passés dans la tombe.
A Séville, au couvent de la Caritad,
une réligieuse soulève devant les visi-
teurs qui l'exigent le rideau voilant une
toile célèbre de Valdes Leal : Le Triom-
phe de 12 Mort; le réalisme des cadavres
représentés est à ce point repoussant, le
d un chevalier est si complète-
ment grouillant de vers, - que Murillo en
voyant le tableau s'écria: « Il faut se
boucher , 1er le nez ! n
Que sont, — auprès de ce Finis glo-
riœ mundi dont un coloris admirable
ennoblit cependant la sinistre réalité -
les trente-cinq pages consacrées dans cet
album récent à l'une des femmes de
théâtre dont la grâce, l'èsprit, l'émotion
ou les espiègles diableries ont donné au
théâtre Espiègles diableries ont donné au
dan re de Meilhac et d'Ibsen, de Lave-
de Donnay, d'Hervieu, de Sardou,
de Porto-Riche, d'Henry Bataille, d'Al-
bert Guinon, de Vandérem, d'Abel Her-
teùr t, de Coolus, et de la plupart des au-
teurs dramatiques de ce temps, un éclat
incomparable!
Il n'est pas impossible que, l'album
expédié aux libraires, son auteur n'ait
point senti les premières brûlures du re-
mords. T artiste ne doit pas se faire
l'instrument, même involontaire, des
basses vangeances qu'il sert, en enlai-
dissant à jamais, en bafouant, une
grand qUI est, non seulement une très
fronde C°médienne, mais encore à la
tête d'une entreprise dont elle supporte
avec vaillance les lourdes charges et les
aléas.
C'est le droit, sans doute, du carica-
turiste d aller s'embusquer dans une
stalle 0rcbestre, d'y barbouiller beau-
coup de papier au creux de sa main, et,
pour amener un rayon de gloire pari-
sienne sur son nom, de se servir de l'es-
prit aiguisé qu'il possède et de certaines
facultés à travestir, avec les oripeaux de
la laideur, les meilleures comédiennes.
Mais e public devrait avoir aussi le droit
de protester et de défendre ces femmes
dont c' est le pénible et beau métier de
dispenser un peu d'oubli du présent et
des sensations d'héroïsme et de joie.
Le caricaturiste a pris dans nos
mœurs une place qui n'est vraiment di-
gne ni de lui, ni de nous; surtout lors-
qu'il s'adresse à des femmes qui, en
somme, se trouvent sans défense con-
tre lui. s'il leur reste la possibilité
d'entamer un procès, la justice en Fran-
ce est ainsi présentée que, dans ce genre
d'affaires délicates, c'est toujours le plai-
gnant qui se ridiculise où se déconsi-
dère.
Les c°nîédiennes qui sont particuliè-
rement en, Visées devraient cependant bra-
ver les ennuis d'une audience; elles au-
raient cette fois tout le monde avec elles.
La lda, ricature théâtrale n'a de possibi-
lité leXlsterque tant qu'elle ne vise,
avec lé^Xereté, que les ridicules physi-
ques où critique l'actualité, d'une ma-
nière ironique et spirituelle.
M ,QIS, faire des débris de laboratoire
d'hôpital et de fosse commune de ces
comédiennes qui sont l'un des plus vifs
ornements de Paris — l'une des rares
supériorités Qui nous soient demeurées
sur l'étranger — ce n'est plus de la cari-
cature, c'est Presque de la diffamation.
La dernière planche d'une autre mono-
graphie d'actrice, dans le même album"
nous montre une tête de mort grima-
çante: le préjudice ainsi causé n'est-il
pas aussi grand que celui qui atteindrait
un industriel, dont un concurrent étale-
rait sur des affiches les produits ridi-
culisés?
Leur physique est pour les comédien-
nes l'un des éléments les plus sérieux
de réussite. Qu'on aille exhiber des por-
traits d'elles montrant des râteliers bri-
sés, des yeux torves, des nuques dénu-
dées, le public ne firiira-t-il pas par les
voir, à travers ce qu'elles sont, comme
on désirerait qu'il les vît?
Lorsque Léonard de Vinci dessinait
des masques qui fixent à jamais la lai-
deur humaine, il semble qu'ayant réalisé
avec trop de bonheur dans certaines toi-
les la somme de beauté qui était en lui,
il ait voulu offrir des compensations à la
médiocrité pour un idéal si parfait. En
tous cas, à ceux qui l'auraient accusé de
« charger » la difformité, il pouvait ré-
pondre qu'il savait mieux encore flatter
la perfection. Mais, plus nos dessina-
teurs vont, plus ils descendent à l'hor-
reur sans jamais donner de gages à la
beauté. ,-.
Le Salon d'Automne nous a prouvé
récemment que l'idéal, dont le socle s'é-
tait déjà beaucoup abaissé, gît mainte-
nant au fond d'un trou. Il serait temps
de relever les yeux. Les dessinateurs,
dont les quotidiens et les périodiques ac-
cueillent si gracieusement la production,
et qui sont des vulgarisateurs de pre-
mier ordre, devraient envisager leur tâ-
che sous un jour nouveau. Au lieu de
regarder à la loupe les imperfections des
comédiennes, que ne s'appliquent-ils à
traduire pourquoi leur influence est si
grande sur le public; pourquoi, en dé-
pit de la jeunesse qui passe, un attrait
merveilleux subsiste en elles, qui les fait
acclamer même au delà de nos rivages
et de nos frontières.
Mais, voilà, la vérité comme le su-
blime sont difficiles à atteindre; au mo-
ment où l'on croit saisir l'un ou l'autre,
le tabouret sur lequel on est grimpé
glisse, et l'on se casse le nez. La lai-
deur, au contraire, dès qu'on se baisse
pour la ramasser, s'accroche à nous, ne
nous lâche plus, et nous donne tous les
moyens de la flatter. -
Les dessinateurs que seule la hideur
phySIque bu morale impressionnent ont
un champ largement ouvert : qu'ils chan-
gent de spectacle et laissent le théâtre
pour la Cour d'assises. Celui qui vient
de publier le cruel album en question au-
rait fait de la femme Veber, par exem-
ple, que la populace avait si pittores-
quement baptisée V Ogresse, une mono-
graphie analogue à celle qu'il a consa-
crée à une grande comédienne ; il aurait
employé son talent — car il en a — à
traduire les mouvements de cet énigma-
tique visage, à les interpréter, que son
succès eût été considérable.
Mais la faculté qui consiste à tailler à
coups de crayon dans les comédiennes
comme font dans les cadavres de l'am-
phithéâtre, à coups de bistouri, les ca-
rabins qui ont achevé une étude, cette
faculté là ne peut prétendre aux louan-
ges sincères, ni séduire; et le talent
qu'on y consacre ne saurait faire naître
d'autre gloire que celle qui dure à Pa-
ris ce que durent les scandales: le cré-
puscule d'un soir! -
Albert FLAMENT.
Nous publierons demain une nouvelle de
HENRY KISTEMAECKERS
Becquetons
Tout le monde sait qu'au cours des ré-
pétitions, le texte primitif d'une pièce se
modifie considérable'ment et que les néces-
sités de la mise en scène imposent souvent
des répliques qui n'avaient pas été prévues
tout d'abord. C'est ainsi que les becquets
s'ajoutent aux becquets et que la pièce de-
vient de plus en plus scénique jusqu'au jour
de la générale.
Malheureusement, si bien dirigées que
soient les répétitions, elles ne peuvent don-
ner aux acteurs cette fougue et ce naturel
que seul peut provoquer le contact direct
avec la foule et, dès les premières repré-
sentations publiques, de nouvelles modifi-
cations s'imposent.
Celles-ci, malheureusement, sont trop sou-
vent abandonnées par les auteurs à la seule
inspiration des acteurs, et il en résulte par-
jois de petits à-coups- assez désagréables dans
l'interprétation. Ce ne sont plus alors des
becquels, ce sont ce que j'appellerais de
tout petits becquetons, la plupart du temps
inconscients et qui sont dictés par les né-
cessités de l'action.
Dans un monologue trop long, par
exemple, lorsqu'un père annonce à sa fille
que c'est lui l'assassin de la vieille dame,
qu'on va incessamment venir l'arrêter;
qu'elle aussi, fruit d'un -amour indigne avec
la princesse des Asturies, elle va être livrée
à la main du bourreau et que son fiancé
sera écartelé à quatre chevaux, il est bien
difficile que cette jeune fille écoute de tel-
les révélations avec une impassibilité tout
anglaise, comme elle le ferait d'une leçon
d'Histoire sainte, sans que quelques pro-
testations indignées ne s'échappent de sa
bouche. Seulement, comme le texte n'a rien
prévu dans le dialogue, il lui fàut bien im-
proviser de temps à autre quelques excla-
mations extraréglementaires.
Elle dira, par exemple, à mi-voix:
« AIU G'êêt pas possible! «
Ou : ;
« Oh! la, la, la, la! »
Dans une pièce soigneusement écrite en
français, cela n'est pas toujours du meilleur
effet, sans compter que ces petits becque-
tons étant, je le répète, extraréglementaires,
ils ne sont prononcés que d'une façon inin-
telligible et vague oui nuit à la bonne tenue
du dialogue.
Dans des circonstances moins tragiques,
il en va de même lorsque les deux joueurs
de bridge, après avoir parlé bruyamment
du ciel bleu et des étoiles en passant sur la
terrasse, s'éloignent brusquement dans le
fond pour laisser la place aux deux person-
nages principaux.
Les nécessités de l'action les forcent à
continuer encore quelques instants leur dia-
logue, à s'inviter à dîner à mi-voix ou à
échanger leurs impressions sur la tête du
monsieur apoplectique qui se trouve au
troisième rang des fauteuils d'orchestre.- ■
Cela manque toujours de naturel, et nos
auteurs auraient tout intérêt à veiller à
cette partie du dialogue, infraconsciente,
qui échappe à l'écriture lorsque la pièce est
seulement manuscrite.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, 2 huit heures et aemie, a la
Comédie-Française, première représentation
(reprise) de Médée, drame en quatre actes
de Catulle Mendès.
Ce soir, râ neuf heures, au Théâtre des
Capucines, répétition générale de Le Cri de
Paris, revue en deux actes de Rip ; Amou-
reux Stratagème, comédie en un acte de
Jean Liane; Le Ghoung, comédie en un
acte de Georges Docquois et Montjoyeux.
Q
ue le métier de comédien a parfois des
heures cruelles!
rienry Etiévant, l'excellent acteur de
l'Ambigu, jouait hier soir, comme à l'habi-
tude, Dartès dans la Fille des Chittoniers,
quand, pendant un entr'acte, on lui annonça
la mort de son père, qui venait de succom-
ber aux suites, hélas fatales, d'une opéra-
tion chirurgicale. -'
Stoïque, refoulant ses larmes, le malheu-
reux artiste, cinq minutes après, rentrait en
scène et continuait à jouer jusqu'à la chute
du rideau !
IVI. Etiévant père, qui fut un de nos meil-
leurs confrères-parisienar" s?oeo«pait plus
particulièrement de questions théâtrales. Il
était chevalier de la Légion d'honneur.
Nous présentons à son fils et à sa famille
nos plus sincères compliments de condo-
léance.
L
es dessous d'une association.
1 Le directeur d'un grand théâtre du
tsouievara eut i an dernier oesom a argent.
D'autres, avant lui, connurent la même
peine; afin d'en sortir, il prit un associé.
Celui-ci apportait l'expérience qu'il avait
acquise dans l'exploitation d'une petite scène
et deux cent mille francs.
L'un et l'autre — les autres surtout —
furent les bienvenus. Les deux cent mille
francs allaient donc être versés, quand sur-
vint soudain un homme vêtu de noir qui ap-
portait une opposition - une opposition en
bonne et due forme - sur la somme an-
noncée. L'opposition avait été obtenue par
l'épouse divorcée — également directrice —
du directeur en question. Les deux cent
mille francs sont maintenant à la Caisse des
dépôts et consignations — et le directeur a
un associé !
J
e n'irai pas jusqu'à prétendre que les
critiques aussi sincères que quotidiennes
que nous taisons de toutes les représenta-
tions de nos théâtres subventionnés, ont
l'heur de plaire à tous les intéressés; il en
est qui supportent impatiemment ce petit
mal nécessaire, voire bienfaisant, il en est
d'autres qui « la trouvent mauvaise » sans
en laisser rien paraître.
Il est toutefois un Directeur qui nous a
demandé, comme un service, de lui délé-
guer chaque jour un critique.
« Messieurs, a-t-il dit à son personnel la
première, fois que notre collaborateur est
entrée en fonctions, voici le représentant
de Comœdia; il a le droit de pénétrer par-
tout dans notre théâtre, et vous avez le de-
voir de ne rien lui cacher. Par lui le public
doit savoir tout ce qui se passe chez nous :
le bon comme le mauvais et voir que nous
nous efforçons toujours à le satisfaire. »
Ce petit speech # terminé, M. Antoine,
car c'était lui, reprit la répétition.
H
enry Bernstein et. Manet.
Sait-on que M. Henry Bernstein a
son portrait peint par Manet? Pourtant, l'il-
lustre peintre du Bon Bock est mort à une
époque où le jeune et brillant dramaturge
n'était pas encore célèbre.
Quoiqu'il en soit, nous avons vu l'autre
jour, chez un collectionneur, le portrait d'un
gamin, habillé d'un costume marin, se te-
nant droit, les mains dans les poches -
déjà crâne et décidé.
C'est M. Henry Bernstein. Il avait huit
ans.
L
'Intelligence des Fleurs.
P Une heure du matin, avenue de
l'Opéra. -
Un jeune et très sympathique sociétaire
qui vient de jouer un rôle fatigant, se hâte
vers une grande brasserie où un léger sou-
per va réparer ses forces. Il est accompa-
gné d'une femme très jolie, que sa démar-
che onduleuse et les froufrous voluptueux
de son jupon de soie, font particulièrement
désirable.
En pénétrant dans la taverne, l'acteur
aperçoit assis seul, à une table, M. Mounet-
Sully. Il s'empresse, déférent, et vient s'as-
seoir près de son doyen à qui il présente
son amie.
Bocks, choucroute et menus propos.
— Je vous ai vu, l'autre jour, jouer
Œdipe-Roi, mon cher Maître. C'est sublime,
miraculeux.
M. Mounet-Sully n'a rien d'un « M'as-tu
vu? » Les compliments, même sincères et
justifiés, comme celui qu'on lui adressait, ne
lui donnant aucune vanité et il sait parler
de lui-même avec modestie.
— Mon ami. je n'y étais pas. hhhfff.
je vieillis, jeune homme.
.Alors la belle dame, sentencieuse:
— Ah ! bien sûr ! On ne peut pas être et
avoir été.
p
our le piston!
On répète tous les jours au Théâtre
Antoine une comédie nouvelle de M. Ro-
main Coolus. Et à ce propos, nous retrou-
vons sur un vieil album ces vers, certaine-
ment presque inconnus, de l'auteur de
Georgette Hellouin.
A l'époque où il les écrivait, au temps
fameux des premières années de la Revue-
Blanche, M. Romain Coolus ne songeait
peut-être pas qu'il serait un jour un des
meilleurs écrivains psychologiques de ce
temps et il égrenait sa fantaisie au hasard
des sujets, des sujets même les plus inat-
tendus.
C'est ainsi qu'il célébrait Le 'Piston -1.
Le soir parfois, grandes ouvertes les fenêtres,
On laisse entrer l'été qui s'étire et qui, las,
Dans la chambre éparpille une odeur de lilas
Et des chuchotements de hêtres.
C'est alors, déroulant ses guirlandes cuivrées,
Que, parfois, un piston festonne allègrement,
Familier, le travail de. ces gammes ouvrées.
Et ce n'est qu'un piston en fleurs, mais c'est
- : ■ -A, [charmant!
'Aimer le piston, ô mystère!
Le faire chanter sur la terre
Et, s'il vous fait défaut, se tairel
Y verser son cœur sédentaire
Y vibrer son mal solitaire,
Y sonner son rêve adultère,
Eperdument et dans le ton 1 - -
Oh ! saluer le soir d'allégros militaires,
Enlevés à la pointe altière du piston!., .-
Ahl si après Georgette*;Hellouin, l'ado-
rable poète du Marquis de'Carabas voulait
nous donner une pièce en vers 1
L
a tradition est la chose la plus respec-
- table du monde. lorsqu'elle n'est pas
ridicule.
Nous nous promenions, un de ces. ma-
tins, dans la cour antique et sépulcrale du
Conservatoire lorsque, -par trois fois, — à
neuf heures, à onze heures et à midi -
rifftis vîmes le concierge agiter a tour de
bras une cloche sonore placée contre un
des murs.
Ces appels successifs ne provoquant ap-
cune transformation apparente dans la vie
intérieure de cet établissement séculaire,
nous interrogeâmes, avec surprise, le dé-
voué secrétaire.
« On sonne, nous dit-il, à neuf heures et
à onze, pour signaler l'entrée et. la sortie
des classes. Je dois ajouter que la plupart
commencent et finissent à des heures tota-
lement différentes. »
— Et à midi ?
« A midi, nous répondit ce fonctionnaire
aimable, c'est différent. Il n'y a à cela au-
cun motif. Autrefois, lorsque le Conserva-
toire était un internat, la sonnerie de midi
appelait les pensionnaires au réfectoire.
Depuis, elle est devenue sans objet. Seu-
lement, s'il y a un règlement qui la prescrit,
il en est pas qui la supprime. Alors, vous
comprenez,. le règlement,. on continuel »
s
oyez donc célèbre.
Il v a des gens qui, parce qu'ils ont
fait jouer à Asnières une pièce en un acte,
croient que les portes de tous les théâtres
doivent, chaque soir, leur être ouvertes, sans
qu'il leur en coûte un sou.
M. Georges Feydeau ne leur ressemble
pas et il consent volontiers, lorsqu'il se rend
dans un théâtre, à acquitter le prix de sa
place. -
Avant-hier, en compagnie d'un de ses
amis, il prit au guichet de l'Eldorado un
coupon de deux fauteuils.
Ces deux fauteuils étaient deux exécra-
bles places. L'auteur de La Puce à l'Oreille,
apercevant des loges vides, s'en va poliment
au contrôle et prie qu'on veuille bien le
placer mieux. '-
— Mais, qui êtes-vous, lui demande-t-on?
— Je suis M. Georges Feydeau, ré-
pond-il.
Le contrôleur alors, cligne un sourcil,
cherche dans sa mémoire, et après un petit
temps :
— Feydeau?. Feydeau?. Dans quel
concert chantez-vous ?
.Et dire qu'on jouait, ce soir-là, Bi-
douille, où abondent les souvenirs de l'im-
mortel Champignol et de La Dame de chez
Maxim's.
Il est probable que l'auteur de la pièce
connaît mieux M. Feydeau que le contrô-
leur du concert.
E
|Usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, pênes et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
NOUVELLE A LA MAIN
E
ntre chanteurs 1
Oui. mon cher; un beau matin j'ai
quitté Toulouse pour aller à Milan trouver le
maître Verdi. -''
Non seulement il a bien voulu me donner
une audition, mais encore il m'a fait l'hon-
neur de m'accompagner, et je lui ai f. une
note, mon bon, une note!. Jamais il n'a
pu la trouver sur son piano !
Le Masque de Verre.
COMŒDIA .n SIX Dages
Demain, SIX pages
La rentrée de la Loïe Fuller
Après un exil de huit mois, l'incomparable fée lumineuse
revient éblouir et charmer Paris dans la Tragédie
* de Salomé, au Théâtre des Arts.
Depuis la fin de mars, la Fée des Lu-
mières était allée prodiguer successive-
ment la magie de ses chatoiements aux
Monégasques - ou plutôt au TouV-Uni-
vers élégant qui se donne rendez-vous
sur la Rive bleue - aux Bruxellois, - aux
Anversois.
Inutile d'ajouter — ce n'est, - d'ailleurs,
pas de l'intéressée que je tiens ce dé-
tail - que partout elle fut accueillie avec
un enthousiasme délirant.
Il y a quatre : mois que M. Robert
d'Humières est venu lui demander d'in-
terpréter le rôle principal de sa Tragédie
de Salomé, qu'il a conçue spécialement
pour elle. Et, depuis quatre mois, la
Loïe Fuller travaille sans relâche,, dans
son laboratoire de la rue Saint-Jacques,
à mettre au point ce drame lumineux,
dont la première sera un des événements
parisiens de cette saison.
Comme ce mot de laboratoire avait
semblé me surprendre quelque peu, la
grande artiste voulut bien le commenter
à mon intention:
— Oui, dit-elle, j'ai un véritable labo-
ratoire où je nuance la gamme de mes
effets, où je crée de toutes pièces les
combinaisons de mes projecteurs. J'a-
vais jadis installé ce laboratoire dans les
dépendances du petit hôtel que j'habite
à Passy; mais, un jour, il m'est arrivé
un petit accident sans grande impor-
tance: une inoffensive explosion. Mon
propriétaire a pris peur et j'ai dû^porter
ailleur% mes éprouvettes, mes ampoules
et mes verres de couleur. D'ailleurs, ve-
nez avec moi ; je vais vous prouver que
la partie lumineuse de La Tragédie de:
Salomé ne fut point une petite affaire.
Et, leste comme un chat, Miss Loïe
Fuller grimpe, en m'entraînant à sa,
suite, jusqu'au cintre où sont installées
les lampes à projections.
La Loïe Fuller conclut : -
— Et maintenant, je m'en remets au
jugement de ces artistes exquis que sont
les Parisiens. Ils me diront demain si
j'ai réussi, cette fois encore, à leur faire
plaisir. ,
La réponse ne fait aucun doute, ô gé-
niale éblouisseuse :
Paris, une fois de plus, vous accla-
mera.
G. DAVIN DE CHAMPCLOS.
, Mémoires de Comédiens
Ce que devraient être les Souvenirs des Artistes célèbres..
Ceux de Sarah Bernhardt, luxueusement illustrés,
sortent de la banalité courante.
-On annonce en librairie l'apparition
- d'e a Ma double'vie, Mémoires de
Sarah Bernhardt. »
Les Journaux.
Eh règle générale, je me méfié des Mé-
moires de comédiens ou de comédiennes.
La raison en est, peut-être, que je les ai
tous Iris, ou à peu près, et qu'ils ne m'ont
jamais rien appris, — depuis Baron, Le-
kain, Préville, Bazincourt, Dumesnil et
Clairon,.- jusqu'aux compilations indigestes
publiées sous les noms de Fleury et de
Mlle Flore, pour aboutir aux Souvenirs de
Bouffé, de Laferrière, de Delaunay, de
Febvre ou même du bon Lassouche.,
.J'en passe, et des meilleurs.
Nuls au point de vue documentaire, er-
ronés souvent comme dates, peu intéres-
sants au total,, on flaire vite l'affaire en li-
brairie. Fleury, par exemple, ne connut
jamais un mot de ses Mémoires, rédigés
en cinq volumes dix ou douze ans après
sa mort, par Lafitte. Ceux de Delaunay
sont signés par M. le comte de Fleury.
Bref, les comédiens, même parmi ceux qui'
sont incomparables aux feux de la rampe,
deviendront difficilement les émules de
Saint-Simon ou de Dangeau. - -- -- --
Ceci s'explique, à mon avis.
Un comédien, dont le métier est de pa
raître, de mettre en lumière un mot, dt
faire un effet à heure-fixe, s'occupe peu
des autres et beaucoup de lui. C'est force
Il ramène tout à lui-même, et s'il n'a pas
un @ type à étudier, il n'est, pour le reste,
qu'un observateur fort médiocre de ce qi-i
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