Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-25
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 octobre 1907 25 octobre 1907
Description : 1907/10/25 (A1,N25). 1907/10/25 (A1,N25).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645323j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Année. — N0 ,25 (Quotfcnen);
ttfrtimerôT scémimè#
Vendredi 25 Octobre 1907.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef Q. de PAWLOWSKI
, 1ttDACTION & ADMINISTRATION :
®î Boufeuard Poissonnière, PARIS
""0." TÉLÉPHONE ; 288-07
^686 Télégraphique : COMŒDIA-PARIS --
ABONNEMENTS î
UN AN 6 MOIS.
:rs et Départements. 24 fr. 12 fr.
ranger. 40 » 20 »
p i," "III ADMINIS-TRATION:
'^T^^DACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIb
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COfrlŒDlA=PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
te Commissaire
est sans pitié
feu, celte semaine, la visite de qua-
tre auteurs dramatiques, qui sont venus
m'apporter leurs doléances. Si vous
trouvez ces doléances un peu monoto-
nes, il ne faut pas m'en vouloir; pas
en vouloir, non plus, à mes quatre au-
teurs. Ce n'est ni de ma faute, ni de la
J^r' si la vie de théâtre ramène toujours
tnemes incidents.
Le premier auteur, qui 'était jeune,
tout Petit, timide, bavard, pitoyable et
très gentil, me dit:
- J'ai, comme vous saviez, ou plutôt,
j'avais une pièce.
Il une pièce.
Il n'avançait qu'avec précaution, la
moustache à la main, dans ses confi-
dences. la main, dans ses confi-
ai .J'avais une pièce,, prête à pas-
tî et dont mon directeur.
.tre les mots, il jetait des regards de
droite et de gauche, tout à fait à la
r^2e ^'Un va traverser une
- .dont mon directeur vient d'in-
terrompre les répétitions, parce que.
eh bien. parce que notre principale in-
terprète - vous connaissiez notre prin-
interprète? — nous quitte. D'ail-
teurs , elle ne répétait qu'à regret l'œu-
vre d'un pauvre garçon tel que moi.
Le pauvre garçon couvrait complète-
ment, en la tortillant, sa moustache aiec
ses doigts. Et il semblait parler en man-
geant.
- Oui. notre principale interprète,
du soir au lendemain, a rompu l'engage-
nt qui l'attachait au théâtre, pour al-
clouer dans un autre. Elle est sè-
che, maigre, anguleuse, souple, gauche,
toujours débraillée, hypocrite, servile,
Loueuse, artificielle, répugnante, at-
tirante, infiniment laide. Tout à fait la
comme du rôle, la seule femme du
ble. J'ai vainement cherché. la seule
femme du rôle.
Il s'arrêta. Et il marchait dans mon
cela et, sautillait, bondissait, se baissait,
comme pour ramasser toutes les épi-
mères qu'il venait de laisser tomber dans
tous les coins. Puis:
$ Comment la remplacer?. Tant
choses à la fois !. Elle est
impossible à remplacer. Nous n'avons
trouvé que Mlle D. Mais Mlle D.
- Vous connaissez Mlle D.? — est
f5^e, flasque, neutre, l'air bien vêtu
d'une provinciale bien vêtue. Elle est
terleuse, grave, avenante, ordonnée,
va Mentale. Il semble toujours qu'elle
va chanter une romance démodée. Et
la ne sait pas rire. Ce n'est pas du tout
la femme du rôle. Je sais bien que je
rais changer le rôle. et c'est à quoi
me pousse mon directeur, qui a déjà les
le rôle décors de la pièce. « Changez
Qu'est changez le rôle, m'a-t-il dit.
Qu'est-ce que cela vous fait?. » Mais,
tous change le rôle, il faut que je change
les les autres rôles. Et si je change tous
autres rôles, il faut que je change
mois toute la pièce. J'en ai pour des
mois. pour des mois. Et si je change
les Peut-être faudra-t-il changer aussi
les décors! Et ça, mon directeur n'y
consentira jamais. C'est à s'arracher
les cheveux. -r">- -
Mais cet homme timide et loquace ne
arrachait que la moustache. - .¿,
- Si encore, reprit-il, notre princi-
nale interprète, nous lâchait pour un pif-
traro, un lutteur, un barman, un prince
algare. pour une petite camarade,
pour Un ministre, pour moins encore.
mon Dieu!. mon métier est de
de Prendre les hommes. et d'essayer
comprendre les femmes. Mais
non! Elle nous lâche, tout simplement,
enfin Un confrère. un confrère?. Oui,
pièce Un confrère, dont elle va jouer la
C'est dans un théâtre concurrent.
que, dégoûtant!. Et savez-vous ce
pour me consoler, m'a dit mon di-
teur ? Il m'a dit, en se frottant les
mains, et en esquissant une pirouette
euse : « Soixante mille de dédit, mon
aux. Fameuse affaire. » Alors?
il ôta enfin de sa bouche sa moustache
il y faisait l'effet d'une sourdine, et il
-J'ai bien pensé à me plaindre à la
commission des auteurs, que j'ai nom-
mé pour gérer mes affaires et défendre
les intérêts. lui soumettre le procédé
délicat le procédé déloyal de mon
frère.
- Eh bien ?
- oua la tête: '- p' -
Non, non. Du temps perdu, oe
l'agacement, et en fin de compte, du ridi-
Car — je ne vous l'ai pas dit? —
mon malheur veut que ce confrère soit
précisément membre de la Commission.
Perdu!.
Le second auteur était chauve..Ornais
le talent veut qu'il paraisse échevelé.
simeles tirades,, même à la ville, et
taYe de la plus fatigante A des fa-
- Moi suis pour la nou. nou.
- Moi. Je suis pour la n o u. n o u.
Je nouveauté.
sume ses tirades et ses doléances.
que Cendre, ce qu'il fait, c'est mieux
Cyrano, mieux même .que du
het Ca iHavet. Ce bègue a le sens
l'hyperbole. Il avait une pièce ban-
- et, en mime temps, - psy.
clïci clio elîologl'qùe, au théâtre du.
Le directeur lui avait fait quantité de
promesses, tant pour l'interprétation,
que pour la mise en scène, les costumes,
les décors, la musique. Naturellement, il
n'en tenait aucune. On sentait bien
qu'il ne cherchait qu'à l'exaspérer, à le
pousser aux résolutions violentes et ir-
réparables. Et ça allait être ridicule,
pauvre, incohérent, infâme. enfin, ri-
dicule.
- Un dé.de.dé.desastre'
- Réclamez! fis-je, machinalement.
- A. à. à. à qui?
- A la Commission, parbleu l
Il leva de grand bras en l'air.
— A la. co co.CO.Commission?.
Mais vous ne savez donc pas que mon
malheur veut que mon directeur ait, au
programme de cette seule saison,, quatre
pièces signées par quatre co.co.co.,
commissaires. et, pour les années sui-
vantes, vingt pièces de membres de cette
co.co.commission, que j'ai nommée
pour gérer mes affaires et défendre mes
intérêts. Je suis perdu!.
Le troisième, dont je ne saurais préci-
ser l'âge, mais seulement la prédilection
pour les mets difficiles à digérer, me
conta longuement ses malheurs. C'était
une espèce de géant, avec des cheveux
noirs en broussaille, et une barbe où il
restait toujours quelque chose de son dé-
jeuner. Il parlait avec amertume. Ce
qui embarrassait encore son récit, c'est
que, très souvent, il pâlissait, s'arrêtait,
et n'omettait jamais de retirer son bino-
cle, pour triompher d'un renvoi. Il
m'expliqua :
- Le nombre cinq m'a toujours été
fatal. Je vous demande pardon. Je
suis né un cinq. J'ai cinq frères. J'ai
fait cinq pièces. en cinq actes. cinq
fours. J'ai fait une sixième pièce. je
vous demande pardon. toujours en
cinq actes. Elle a attendu cinq ans.
son. tour!. Je vous demande bien
pardon. Elle n'a eu que cinq répéti-
tions. La cinquième a coïncidé avec la
lecture aux artistes, lecture clandestine,
de quatre actes d'un confrère illustre,
brave homme, mais forcé de subvenir à
un train de vie coûteux, et qui, le mois
d'avant, avait perdu une grosse somme,
au baccara. Ma pièce ne sera donc pas
jouée. Elle ne sera plus jamais jouée.
Quel directeur assez auda.cieux., je
vous demande pardon., oserait la jouer
désormais. Je devrais pouvoir trouver
protection, auprès de la Commission,
n'est-ce pas?. Je l'ai nommée pour gé-
rer mes affaires et défendre mes inté-
rêts.
;— Sans douter
- Mais mon malheur veut que ce trop
heureux rival, ce trop peu scrupuleux
confrère, soit un des membres les plus
influents de la Commission. Je suis
perdu !
Et voici ce que me conta le quatrième,
qui était un jeune homme très mélanco-
lique et très triste :
— Quand j'ai lu mon vaudeville au di-
recteur, il s'est roulé, littéralement roulé
de rire. Il a appelé son secrétaire gé-
néral, et le secrétaire général s'est roulé
de rire. Le bruit a attiré le régisseur,
puis le contrôleur, puis le chef électri-
cien, puis trois machinistes, puis le con-
cierge, puis le médecin du théâtre, qui
venait demander une loge. Il a fallu leur
tenir les côtes. J'ai vu le moment où
on était obligé de les mettre, tous, dans
le plâtre. Ils se tordaient, étouffaient,
râlaient, éclataient, à force de rire. La
tempête apaisée, mon directeur, en s'es-
suyant les yeux, la gorge encore con-
tractée par le rire, me dit : « Ah ! que
c'est drôle! Mon Dieu! que c'est drôle!
Un succès fou, vous savez. Qu'est-ce
que je dis, un succès?. Un triom-
phe!. Ah! que c'est drôle! Mais vous
allez comprendre. Je me suis inspiré une
règle dont je ne me départis jamais. Ja-
mais, sur mon théâtre, je ne joue une
pièce qui n'ait pas l'approbation de mon
excellent ami X.,son approbation et son
estampille. Lui seul sait le genre qui
convient à mon public. lui seul a l'o-
reille, et, si je puis dire, le ventre, la
rate de mon public. Si je jouais, même
un chef-d'œuvre, même votre pièce, qui
est un chef-d'œuvre de rire. enfin, un
chef-d'œuvre qui ne soit pas signé de
lui. mon public ne rirait pas. je le
connais. il ne rirait pas. Portez votre
vaudeville à X. et, s'il consent à y faire
des remaniements, ou même s'il juge
préférable de signer la pièce, sans le
moindre remaniement — et, entre nous,
tout à fait entre nous, je l'aimerais
mieux ainsi — je monte la pièce tout de
suite, tout de suite. J'ai des engagements
antérieurs. mais je m en fous. Je la
monte tout de suite. Allez voir X. Al-
lez voir X. » J'allai voir X. Et c'est
ce qui fait que, sur les douze pour cent
des droits, je n'en touche que trois, et
l'excellent ami X., qui n'a même pas
lu la pièce, qui n'a pas assisté aux répé-
titions, en touche neuf!. Et savez-
vous? Le soir de la première, je n'ai pas
eu une seule poignée de mains, pas un
seul compliment, pas un regard. A l'é-
cart, dans le bureau du directeur, je
voyais tout le monde se ruer vers l'ex-
cellent X. « Ah! mon cher, quel
esprit!. Quelle verve!. Quelles trou-
vailles!. Vous n'avez jamais rien fait
de mieux! » Vous me direz. oui, je
sais bien. Mais, qu'est-ce que vous
voulez?. je n'ai te 8«u. J'ai qua-
tre enfants et deux ménages. Vous me
direz encore que j'aurais pu réclamer,
porter le cas devant la Commission, cette
Commission que j'ai nommée pour gérer
mes affaires et défendre mes intérêts.
mais.
- Mais, ne puis-je m'empêcher d'in-
terrompre, le malheur veut que X. soit
l'un des membres les plus actifs de la
Commission.
— Naturellement
— Vous êtes perdu!..
Je veux bien que mes malheureux vi-
siteurs aient exagéré, je veux même
qu ils aient inventé. J'accorde qu'il ar-
rive, bien rarement, qu'un membre de
la Commission enlève, au dernier mo-
ment, à un confrère moins important,
une interprète indispensable; que ja-
mais des commissaires ne favorisent des
directeurs, dont ils dépendent ou qui dé-
pendent d'eux; qu'il n'arrive pas qu'un
membre de la Commission vienne pren-
dre la place ou le tour d'un pauvre dia-
ble désarmé; qu'il soit sans exemple
qu'un membre de la Commission se soit
déshonoré à imposer une collaboration,
qui serait le plus honteux des tributs,
sur un débutant. Personne n'est assez
malveillant pour croire sérieusement
qu'il y ait des membres de la Commis-
sion, assez oublieux de leurs devoirs et
de leurs statuts, pour, je ne dis pas com-
manditer un théâtre, mais y garder des
intérêts.
Il n en reste pas moins que, dans
beaucoup, sinon dans la plupart des con-
flits, soulevés entre auteurs, entre au-
teurs et directeurs, entre auteurs et in-
terprètes, entre collaborateurs, un mem-
bre au moins de cette Commission ne soit
trop souvent mis en jeu. impunément,
je le reconnais. mais mis en jeu!. Il
n'en reste pas moins que ce sont préci-
sément les membres de cette Commis-
sion, qui, investis d'une autorité, comme
on n'en a jamais vu, dans aucune ins-
titution d'aucun pays, s'arrogent le
droit de prononcer sur des affaires dé-
licates, où ils sont, en même temps, ju-
ges et parties. Voilà qui semble à tout
le monde, assez fâcheux.
Y a-t-il un remède à cette situation?
Il doit y en avoir un.
La semaine prochaine, je consulterai
MM. Sardou, Bernstein, Gavaut, Fer-'
rier, DeCOurcellè et Caillavet, (jiii sont
des administrateurs de tout repos et de
parfaits juristes,
Octave MIRBEAU.
Décors de cauchemar
Tous les lettrés se remémorent avec joie
les décors primitifs de ce petit chef-d'œuvre
que tut Le Père Ubu : Un panneau de
chambre à coucher avec cheminée et pen-
dule au milieu d'un paysage et, pour ligu-
rer la montagne, la façon dont l'armée du,
Maître des Phynances descendait la col;"
line en s'accroupissant progressivement,
puis la remontait en se redressant. Des ta-
milles bourgeoises entières manifestèrent
leur fureur et quittèrent le théâtre en com-
pagnie de Sarcey sans vouloir en entendre
davantage.
Par compensation sans doute, les mêmes,
familles bourgeoises ne s'étonnent en au-
cune façon des décors extraordinaires que
certains directeurs de. théâtre leur offrent:
chaque jour. ;
Ce ne sont qu anachronismes violents,
qu'adaptations inacceptables de décors an-
ciens à des pièces nouvelles; sans parler
de certains petits théâtres où l'on jouerait
volontiers Les Erinnyes sur un fond portant
une inscription datant de la dernière revue :
Entrée du Métropolitain.
Il faut reconnaître que, sur nos meilleu-
res scènes, on ne fait aucune difficulté pour
confondre l'architecture datant de Périclès
avec celle du dixième siècle, et qu'un dé-
cor égyptien s'intercale volontiers dans
une pièce japonaise.
] e sais bien que le texte est là souvent
pour dissiper toute confusion et que, lors-
que le principal personnage s'écrie : « Nous
autres, hommes du Moyen âge! » ou ■
« Partons pour la guerre de Cent Ans»
le spectateur sait facilement à quoi s'en te-
nir. Il n'en est pas moins regrettable
qu'avec tous les perfectionnements appor-
tés à la mise en scène moderne, qu'après
l'abolition des anachronismes de costumes
qui rendaient les représentations d'autre-
fois simplement ridicules, on ne s'avise
point d'en finir une bonne fgis- avec les
anachronismes de décors, qui ne sont
guère plus justifiables.
Je voudrais bien savoir ce Que dirait un
directeur de théâtre à la caissière du bu-
reau de location si cette respectable dame
lui apportait, le soir, une caisse remplie
d'anachronismes et contenant d'innombra-
bles Louis-Philippe ou des Napoléons non
couronnés, en place des Semeuses qu'il es-
père.
En 'échange de nos bonnes pièces, c'est
aux directeurs qu'il appartient de nous en
donner qui ne soient pas démonétisées.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
s
era-t-il candidat?
L'agitation est grande autour des
trois fauteuils qui sont actuellement va-
cants à l'Académie, et les candidats se
comptent à la douzaine.
Comme il sied, les auteurs dramatiques
sont nombreux qui revendiquent le titre
d'immortels, et ce n'est pas là une vaine
prétention, puisque ces aspirants à l'habit
à palmes vertes se nomment Jean Richepifl,
Jean Aicard, Ë^l^nd HaraMéauct, #e
citer que ceux qui ont officiellement fait
acte de candidature.
Il est un autre homme de théâtre -
parmi les plus éminents — qui pourrait fort
bien prendre prochainement rang parmi les
candidats et. parmi les élus.
Mais chut! c'est un secret qu'on chuchote
sous la Coupole. Voici l'affaire :
Il est de tradition académique que toutes
les sections de l'Institut aient au moins un
représentant parmi les quarante: l'Acadé-
mie des Sciences morales et politiques en
a trois, MM. Gebhart, d'Haussonville et
Ribot; l'Académie des Inscriptions et Bel-
les-Lettres en a deux, MM. Gaston Bois-
sier et de Vogué; l'Académie des Sciences
en a un, M. de Freycinet.
Seule, l'Académie des Beaux-Arts n'est
plus représentée sous la Coupole depuis la
mort d'Eugène GUIllaume.
Quel candidat les Beaux-Arts propose-
ront-ils au choix des quarante — des trente-
sept plutôt, puisqu'il y a trois vacances?
Il paraît que peintres, sculpteurs, archi-
tectes et graveurs - les quat-z-arts — sont
tombés d'accord pour confier à un musi-
cien le soin de les représenter sous la Cou-
pole.
Et tout bas, tout bas encore, on prononce
le nom d'un éminent compositeur qui n'a
pas fait que de célèbres opéras, car on lui
doit des comédies, des études philosophi-
ques et même des observations astronomi-
ques.
Pour préciser, disons que, s'il devient
immortel au printemps prochain, il aura eu
d'abord cette gloire rare de se voir dresser,
de son vivant, une statue qu'on va inaugu-
rer dimanche prochain.
SI vous n'êtes pas renseignés, après ça'!
N
ous avons reçu hier la lettre suivante:
« Monsieur le rédacteur en chef,
- « Vous avez annoncé hier à vos lecteurs
la disparition d'un des rôles de ma nouvelle
pièce Samson, actuellement en répétition à,
la Renaissance.
« La nouvelle est exacte. Le rôle ne com-
portait qu'une scène au troisième acte, et
le grand et charmant comédien qu'est Hu-
guenet l'avait accepté cependant, avec une
bonne grâce que l'on pourrait donner en
exemple.
« Mais, à la première répétition d'en-
semble, l'inutilité du personnage m'est ap-
parue: j'avais un peu cédé, je l'avoue, au
désir de voir. figurer dans la distribution de
Samson un ancien et précieux interprète.
Et la scène en question aurait interrompu
sans profit une action que j'ai voulue aussi
directe, aussi rapide que possible. ; ;
« Je ferai tous mes efforts pour donner
à Huguenet, en ce qui me concerné, une
ample, une prompte, une complète rêvait
che.
« Recevez, etc.
« HENRY BERNSTEIN. >7
L
e directeur de théâtre et le critique.
Un critique illustre arrive l'autre
-1--- --- J 1 - .1 'A.
juua unez un uireuicur ae tneatre:
— Je vous apporte une pièce, lui dit-il,
et je voudrais vous la lire.
— C'est inutile, répond le directeur;
puisqu'elle est de vous, mon cher maître,
je refuse absolument de l'entendre et je me
fais un plaisir de la recevoir.
— Non, non! insiste le critique, je veux
que vous la connaissiez, je veux vous la
lire.
— C'est une formalité bien inutile, re-
prend l'aimable directeur, mais, puisque
vous le voulez, je suis à vos ordres.
Le critique commence la lecture et, quand
elle est achevée, se tournant vers le direc-
teur, il lui demande son avis.
- Eh bien ! répond celui-ci, excusez-
moi, mais maintenant que je la connais, je
la refuse. ; ;
B
onne camarade.
Aux Variétés, à la répétition géné-
raie de L Amour en oanque, on pouvait
voir Mme Jeanne Granier faire claquer ses
gants à force d'applaudir sa camarade
Yvette Guilbert, qui débutait. Toute la-soi-
rée, la créatrice d'Amants donna le signal
des applaudissements. Son enthousiasme dé-
mesuré fut remarqué. Trois personnes y
furent particulièrement sensibles: d'abord
l'artiste qui fut un moment sa meilleure
amie; puis l'auteur dont elle refusa de créer
la pièce, et enfin le directeur avec lequel
elle est, on le sait, actuellement en procès.
Mme Jeanne Granier n'est pas seulement
une artiste, c'est une amie:
D
ernier écho de l'incendie du Théâtre-
Français, qui causa la mort de la
1 t-T Anvxni
toure enarmanic ncmiui.
C'est aujourd'hui que sera jugé, à la pre-
mière chambre supplémentaire du Tribunal
civil, président M. Kastler, le procès en
dommages et intérêts .intenté"par l'éditeur
Stock contre le Théâtre-Français.. C'est
Me Labori qui présentera la requête de
M- Stock. On sait que 1 incendie détruisit
la librairie Stock, située alors au rez-de-
chaussée du théâtre, face au carré d'ar-
bres et au lieu qu'elle occupe actuellement.
L'éditeur réclame 200.000 francs, et le
théâtre conteste. On transigera.
Le Comptoir International, 44, Chaussée-
d'Antin, achète le plus cher de tout Paris les
beaux bijoux ainsi que les bijoux démodés,
et paie les reconnaissances i(JO Pour 100
et plus. Ne vendez aucun bijou sans le lui
soumettre.
NOUVELLE A LA MAIN
o
uelle recette a-t-on rait nier. demande,
par téléphone, à la buraliste du Théâ-
tre Sarah-Bernhardt, uuquesnel
auteur de La Maîtresse de Piano. 1
— Dix mille francs. s'écrie "illustre
— Dix mille francs!. s écrie l'illustre
écrivain. Mais on a donc vendu le piano.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain une nouvelle de
E$lix QAppAUX
1 I THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
L'Amour en Banque
,Comédie en trois actes de M. Louis Artus
Le présent compte rendu pourrait et
devrait être rédigé en quelques lignes, à
la façon d'un constat pur et simple.
On y lirait que la pièce de M. Louis
Artus a remporté un très vif succès, et
que ce succès est légitime, puisque l'oeu-
vre a été spécialement écrite pour les
comédiens et comédiennes qui l'inter-
prètent, puisqu'elle iest admirablement
jouée et montée, et puisque la toute-
puissance du cliché exige qu'il en soit
toujours de la sorte dans ce théâtre béni.
On ajouterait que Mme Yvette Guil-
bert a débuté hier à Paris comme comé-
dienne, et l'a fait triomphalement, puis-
qu'elle-même a pris soin de proclamer
En haut et à droite: Mme YVETTE GUILBERT. — rAu milieu et à gauche'^
M. MAX DEARLY. — A droite: Mlle DIETERLE. — En bas et à gauche: l'auteur*
M. LOUIS ARTUS.-- A droite: M. ALBERT BRASSEUR, g * 1 auteur»
urbi et orbi qu'elle voulait devenir co-
médienne, .et puisque )a toute-puissance
du cliché exige aussi que la tenace vo-
lonté de Mme Ymte Guilbert réussisse
en ses plus téméraires entreprises.
Et l'on n'aurait pas besoin d'en dire
plus, et peut-être même on en aurait en-
core trop dit puisque personne au
monde, je pense, ne s'avise de deman-
der à la critique une opinion motivée
sur ce théâtre béni, sur cette troupe
hors concours, sur ce directeur qui est
la mort-aux-éloges, et sur cette extraor-
dinaire Yvette Guilbert, qui est tout
bonnement en train de devenir, à force
de volonté, une de nos gloires natio-
nales.
Je ne résisterais certes pas, si j étais
plus ancien dans la critique et plus bla-
sé, à cette toute-puissance du cliché me
dictant mon compte rendu. Il faut, pour
que je regimbe là-contre, toute ma
ferveur de néophyte, qui croit encore
qu'en matière de théâtre quelqu'un peut
avoir, sur quoi -que ce soit, quelque
chose à dire-
J'essaierai donc.
Et puis-, non, après tout! je n'essaie-
rai pas. Aujourd'hui, du moins.. Je pré-
fère attendre une occasion meilleure.
Celle-ci n'est vraiment pas topique; car,
tout compte fait, les clichés ici n'ont pas
absolument tort, et, d'autre part, la ten-
tative de Mme Yvette Guilbert vaut
quand même qu'on la discute.
La pièce de M. Louis Artus s'intitule
comédie; et voilà déjà un mérite, dans
cette maison où la tenue littéraire n'est
pas, en somme, d'absolue nécessité.
Certes, on y a joué des comédies, et de
fort bonnes ; mais c'était bien par amour
du superflu, puisque le vaudeville ou la
revue y donnent toute la pâture suffi-
sante à l'élégante clientèle du lieu.
M. Louis Artus a, coquettement, désiré,
lui aussi, offrir ce superflu. Et sa pièce
part, en effet, comme une étude de ca-
ractères. Le mari et la femme, Paul et
Suzette de Mérignan, sont de charmants
Parisiens qui s'adorent, mais qui ont
mauvaise tête, qu'il ne faut pas défier
@@ ~t~ etW en font
et surtout contre leur cœur. Et il y avait
là, sans aucun doute, matière à une très
fine psychologie.
Ce désir de l'auteur, manifesté au
piemier acte, de pure exposition, a été
forcément tourné à autre chose par l'am-
biance même du théâtre, et surtout par
l'obligation de fournir matière au jeu de
cette troupe spéciale.
Il faut, d'ailleurs, le reconnaître. l'im-
broglio (où se perd vite l'étude promise)
nous amène à une scène de situation,
neuve, et féconde en petites trouvailles
amusantes.
Je ne conterai point par le menu cet
imbroglio, adroitement combiné. Je me
bornerai à noter qu'il a pour résultat de
mettre en présence Suzette de Mérignan"
et l'Américain William Graveson, dans
le propre hôtel des Mérignan, qui a été
gagné a l'écarté par William Graveson,
jouant contre Paul.
Notez que l'Américain est milliar-
daire, habitué a conquérir toutes les
femmes avec son or, et amoureux fou
de Suzette. Notez aussi que Suzette
adore son mari, et veut regagner à l'é-
carte 1 hôtel qu'il a perdu, et joue cette
revanche contre Graveson.
Cette scène fait tout le second acte, et
elle m'a bien l'air d'être le morceau ca-
pital pour lequel on a écrit toute la
pièce.
Une scène unique en trois actes c'est
peu, pensera-t-on. Non pas, quand cette
scène unique est bien menée, ingénieu-
sement variée, et qu'elle vous laisse
l'impression d'une chose unique aussi,,
dans un autre sens, c'est-à-dire parfaite.
Et tel est le cas ici. M. Louis Artus
n'eût-il construit çt flîé que cette scène,
il a donné la preuve qu'on doit attendre
de lui une œuvre entière faite de main
d'ouvrier.
Ce témoignage rendu à sa jeune maî-
trise, je n insisterai pas sur la pièce en
elle-même, et arriverai au début sensa-
tionnel de Mme Yvette Guilbert, en qua-
lité de comédienne.
- * *
Je ne le ferai pas, toutefois, sans
avoir, en quelques mots, rendu d'abord
justice à son partenaire dans cette scène
unique, a Max Dearly.
A la bonne heure ! Voilà un comédien
qui joue vraiment et pleinement la co-
medie. ,
Sans trucs, ni tics, ne demandant ja-
mais le rire à la pitrerie, il incarne des.
êtres vivants, et cependant il leur ajoute
ce halo de fantaisie lyrique que savent
seuls allumer les artistes de race.
Son William Graveson est quelqu'un
dont on a vu les attitudes, les gestes et
les mines, dont on a entendu l'accent,,
le rire, dont le regard vous reste dans
la mémoire. On est certain de le con-
naître; car on le reconnaît. -
Et, cependant, si réel qu'il se montra
ttfrtimerôT scémimè#
Vendredi 25 Octobre 1907.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef Q. de PAWLOWSKI
, 1ttDACTION & ADMINISTRATION :
®î Boufeuard Poissonnière, PARIS
""0." TÉLÉPHONE ; 288-07
^686 Télégraphique : COMŒDIA-PARIS --
ABONNEMENTS î
UN AN 6 MOIS.
:rs et Départements. 24 fr. 12 fr.
ranger. 40 » 20 »
p i," "III ADMINIS-TRATION:
'^T^^DACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIb
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COfrlŒDlA=PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
te Commissaire
est sans pitié
feu, celte semaine, la visite de qua-
tre auteurs dramatiques, qui sont venus
m'apporter leurs doléances. Si vous
trouvez ces doléances un peu monoto-
nes, il ne faut pas m'en vouloir; pas
en vouloir, non plus, à mes quatre au-
teurs. Ce n'est ni de ma faute, ni de la
J^r' si la vie de théâtre ramène toujours
tnemes incidents.
Le premier auteur, qui 'était jeune,
tout Petit, timide, bavard, pitoyable et
très gentil, me dit:
- J'ai, comme vous saviez, ou plutôt,
j'avais une pièce.
Il une pièce.
Il n'avançait qu'avec précaution, la
moustache à la main, dans ses confi-
dences. la main, dans ses confi-
ai .J'avais une pièce,, prête à pas-
tî et dont mon directeur.
.tre les mots, il jetait des regards de
droite et de gauche, tout à fait à la
r^2e ^'Un va traverser une
- .dont mon directeur vient d'in-
terrompre les répétitions, parce que.
eh bien. parce que notre principale in-
terprète - vous connaissiez notre prin-
interprète? — nous quitte. D'ail-
teurs , elle ne répétait qu'à regret l'œu-
vre d'un pauvre garçon tel que moi.
Le pauvre garçon couvrait complète-
ment, en la tortillant, sa moustache aiec
ses doigts. Et il semblait parler en man-
geant.
- Oui. notre principale interprète,
du soir au lendemain, a rompu l'engage-
nt qui l'attachait au théâtre, pour al-
clouer dans un autre. Elle est sè-
che, maigre, anguleuse, souple, gauche,
toujours débraillée, hypocrite, servile,
Loueuse, artificielle, répugnante, at-
tirante, infiniment laide. Tout à fait la
comme du rôle, la seule femme du
ble. J'ai vainement cherché. la seule
femme du rôle.
Il s'arrêta. Et il marchait dans mon
cela et, sautillait, bondissait, se baissait,
comme pour ramasser toutes les épi-
mères qu'il venait de laisser tomber dans
tous les coins. Puis:
$ Comment la remplacer?. Tant
choses à la fois !. Elle est
impossible à remplacer. Nous n'avons
trouvé que Mlle D. Mais Mlle D.
- Vous connaissez Mlle D.? — est
f5^e, flasque, neutre, l'air bien vêtu
d'une provinciale bien vêtue. Elle est
terleuse, grave, avenante, ordonnée,
va Mentale. Il semble toujours qu'elle
va chanter une romance démodée. Et
la ne sait pas rire. Ce n'est pas du tout
la femme du rôle. Je sais bien que je
rais changer le rôle. et c'est à quoi
me pousse mon directeur, qui a déjà les
le rôle décors de la pièce. « Changez
Qu'est changez le rôle, m'a-t-il dit.
Qu'est-ce que cela vous fait?. » Mais,
tous change le rôle, il faut que je change
les les autres rôles. Et si je change tous
autres rôles, il faut que je change
mois toute la pièce. J'en ai pour des
mois. pour des mois. Et si je change
les Peut-être faudra-t-il changer aussi
les décors! Et ça, mon directeur n'y
consentira jamais. C'est à s'arracher
les cheveux. -r">- -
Mais cet homme timide et loquace ne
arrachait que la moustache. - .¿,
- Si encore, reprit-il, notre princi-
nale interprète, nous lâchait pour un pif-
traro, un lutteur, un barman, un prince
algare. pour une petite camarade,
pour Un ministre, pour moins encore.
mon Dieu!. mon métier est de
de Prendre les hommes. et d'essayer
comprendre les femmes. Mais
non! Elle nous lâche, tout simplement,
enfin Un confrère. un confrère?. Oui,
pièce Un confrère, dont elle va jouer la
C'est dans un théâtre concurrent.
que, dégoûtant!. Et savez-vous ce
pour me consoler, m'a dit mon di-
teur ? Il m'a dit, en se frottant les
mains, et en esquissant une pirouette
euse : « Soixante mille de dédit, mon
aux. Fameuse affaire. » Alors?
il ôta enfin de sa bouche sa moustache
il y faisait l'effet d'une sourdine, et il
-J'ai bien pensé à me plaindre à la
commission des auteurs, que j'ai nom-
mé pour gérer mes affaires et défendre
les intérêts. lui soumettre le procédé
délicat le procédé déloyal de mon
frère.
- Eh bien ?
- oua la tête: '- p' -
Non, non. Du temps perdu, oe
l'agacement, et en fin de compte, du ridi-
Car — je ne vous l'ai pas dit? —
mon malheur veut que ce confrère soit
précisément membre de la Commission.
Perdu!.
Le second auteur était chauve..Ornais
le talent veut qu'il paraisse échevelé.
simeles tirades,, même à la ville, et
taYe de la plus fatigante A des fa-
- Moi suis pour la nou. nou.
- Moi. Je suis pour la n o u. n o u.
Je nouveauté.
sume ses tirades et ses doléances.
que Cendre, ce qu'il fait, c'est mieux
Cyrano, mieux même .que du
het Ca iHavet. Ce bègue a le sens
l'hyperbole. Il avait une pièce ban-
- et, en mime temps, - psy.
clïci clio elîologl'qùe, au théâtre du.
Le directeur lui avait fait quantité de
promesses, tant pour l'interprétation,
que pour la mise en scène, les costumes,
les décors, la musique. Naturellement, il
n'en tenait aucune. On sentait bien
qu'il ne cherchait qu'à l'exaspérer, à le
pousser aux résolutions violentes et ir-
réparables. Et ça allait être ridicule,
pauvre, incohérent, infâme. enfin, ri-
dicule.
- Un dé.de.dé.desastre'
- Réclamez! fis-je, machinalement.
- A. à. à. à qui?
- A la Commission, parbleu l
Il leva de grand bras en l'air.
— A la. co co.CO.Commission?.
Mais vous ne savez donc pas que mon
malheur veut que mon directeur ait, au
programme de cette seule saison,, quatre
pièces signées par quatre co.co.co.,
commissaires. et, pour les années sui-
vantes, vingt pièces de membres de cette
co.co.commission, que j'ai nommée
pour gérer mes affaires et défendre mes
intérêts. Je suis perdu!.
Le troisième, dont je ne saurais préci-
ser l'âge, mais seulement la prédilection
pour les mets difficiles à digérer, me
conta longuement ses malheurs. C'était
une espèce de géant, avec des cheveux
noirs en broussaille, et une barbe où il
restait toujours quelque chose de son dé-
jeuner. Il parlait avec amertume. Ce
qui embarrassait encore son récit, c'est
que, très souvent, il pâlissait, s'arrêtait,
et n'omettait jamais de retirer son bino-
cle, pour triompher d'un renvoi. Il
m'expliqua :
- Le nombre cinq m'a toujours été
fatal. Je vous demande pardon. Je
suis né un cinq. J'ai cinq frères. J'ai
fait cinq pièces. en cinq actes. cinq
fours. J'ai fait une sixième pièce. je
vous demande pardon. toujours en
cinq actes. Elle a attendu cinq ans.
son. tour!. Je vous demande bien
pardon. Elle n'a eu que cinq répéti-
tions. La cinquième a coïncidé avec la
lecture aux artistes, lecture clandestine,
de quatre actes d'un confrère illustre,
brave homme, mais forcé de subvenir à
un train de vie coûteux, et qui, le mois
d'avant, avait perdu une grosse somme,
au baccara. Ma pièce ne sera donc pas
jouée. Elle ne sera plus jamais jouée.
Quel directeur assez auda.cieux., je
vous demande pardon., oserait la jouer
désormais. Je devrais pouvoir trouver
protection, auprès de la Commission,
n'est-ce pas?. Je l'ai nommée pour gé-
rer mes affaires et défendre mes inté-
rêts.
;— Sans douter
- Mais mon malheur veut que ce trop
heureux rival, ce trop peu scrupuleux
confrère, soit un des membres les plus
influents de la Commission. Je suis
perdu !
Et voici ce que me conta le quatrième,
qui était un jeune homme très mélanco-
lique et très triste :
— Quand j'ai lu mon vaudeville au di-
recteur, il s'est roulé, littéralement roulé
de rire. Il a appelé son secrétaire gé-
néral, et le secrétaire général s'est roulé
de rire. Le bruit a attiré le régisseur,
puis le contrôleur, puis le chef électri-
cien, puis trois machinistes, puis le con-
cierge, puis le médecin du théâtre, qui
venait demander une loge. Il a fallu leur
tenir les côtes. J'ai vu le moment où
on était obligé de les mettre, tous, dans
le plâtre. Ils se tordaient, étouffaient,
râlaient, éclataient, à force de rire. La
tempête apaisée, mon directeur, en s'es-
suyant les yeux, la gorge encore con-
tractée par le rire, me dit : « Ah ! que
c'est drôle! Mon Dieu! que c'est drôle!
Un succès fou, vous savez. Qu'est-ce
que je dis, un succès?. Un triom-
phe!. Ah! que c'est drôle! Mais vous
allez comprendre. Je me suis inspiré une
règle dont je ne me départis jamais. Ja-
mais, sur mon théâtre, je ne joue une
pièce qui n'ait pas l'approbation de mon
excellent ami X.,son approbation et son
estampille. Lui seul sait le genre qui
convient à mon public. lui seul a l'o-
reille, et, si je puis dire, le ventre, la
rate de mon public. Si je jouais, même
un chef-d'œuvre, même votre pièce, qui
est un chef-d'œuvre de rire. enfin, un
chef-d'œuvre qui ne soit pas signé de
lui. mon public ne rirait pas. je le
connais. il ne rirait pas. Portez votre
vaudeville à X. et, s'il consent à y faire
des remaniements, ou même s'il juge
préférable de signer la pièce, sans le
moindre remaniement — et, entre nous,
tout à fait entre nous, je l'aimerais
mieux ainsi — je monte la pièce tout de
suite, tout de suite. J'ai des engagements
antérieurs. mais je m en fous. Je la
monte tout de suite. Allez voir X. Al-
lez voir X. » J'allai voir X. Et c'est
ce qui fait que, sur les douze pour cent
des droits, je n'en touche que trois, et
l'excellent ami X., qui n'a même pas
lu la pièce, qui n'a pas assisté aux répé-
titions, en touche neuf!. Et savez-
vous? Le soir de la première, je n'ai pas
eu une seule poignée de mains, pas un
seul compliment, pas un regard. A l'é-
cart, dans le bureau du directeur, je
voyais tout le monde se ruer vers l'ex-
cellent X. « Ah! mon cher, quel
esprit!. Quelle verve!. Quelles trou-
vailles!. Vous n'avez jamais rien fait
de mieux! » Vous me direz. oui, je
sais bien. Mais, qu'est-ce que vous
voulez?. je n'ai te 8«u. J'ai qua-
tre enfants et deux ménages. Vous me
direz encore que j'aurais pu réclamer,
porter le cas devant la Commission, cette
Commission que j'ai nommée pour gérer
mes affaires et défendre mes intérêts.
mais.
- Mais, ne puis-je m'empêcher d'in-
terrompre, le malheur veut que X. soit
l'un des membres les plus actifs de la
Commission.
— Naturellement
— Vous êtes perdu!..
Je veux bien que mes malheureux vi-
siteurs aient exagéré, je veux même
qu ils aient inventé. J'accorde qu'il ar-
rive, bien rarement, qu'un membre de
la Commission enlève, au dernier mo-
ment, à un confrère moins important,
une interprète indispensable; que ja-
mais des commissaires ne favorisent des
directeurs, dont ils dépendent ou qui dé-
pendent d'eux; qu'il n'arrive pas qu'un
membre de la Commission vienne pren-
dre la place ou le tour d'un pauvre dia-
ble désarmé; qu'il soit sans exemple
qu'un membre de la Commission se soit
déshonoré à imposer une collaboration,
qui serait le plus honteux des tributs,
sur un débutant. Personne n'est assez
malveillant pour croire sérieusement
qu'il y ait des membres de la Commis-
sion, assez oublieux de leurs devoirs et
de leurs statuts, pour, je ne dis pas com-
manditer un théâtre, mais y garder des
intérêts.
Il n en reste pas moins que, dans
beaucoup, sinon dans la plupart des con-
flits, soulevés entre auteurs, entre au-
teurs et directeurs, entre auteurs et in-
terprètes, entre collaborateurs, un mem-
bre au moins de cette Commission ne soit
trop souvent mis en jeu. impunément,
je le reconnais. mais mis en jeu!. Il
n'en reste pas moins que ce sont préci-
sément les membres de cette Commis-
sion, qui, investis d'une autorité, comme
on n'en a jamais vu, dans aucune ins-
titution d'aucun pays, s'arrogent le
droit de prononcer sur des affaires dé-
licates, où ils sont, en même temps, ju-
ges et parties. Voilà qui semble à tout
le monde, assez fâcheux.
Y a-t-il un remède à cette situation?
Il doit y en avoir un.
La semaine prochaine, je consulterai
MM. Sardou, Bernstein, Gavaut, Fer-'
rier, DeCOurcellè et Caillavet, (jiii sont
des administrateurs de tout repos et de
parfaits juristes,
Octave MIRBEAU.
Décors de cauchemar
Tous les lettrés se remémorent avec joie
les décors primitifs de ce petit chef-d'œuvre
que tut Le Père Ubu : Un panneau de
chambre à coucher avec cheminée et pen-
dule au milieu d'un paysage et, pour ligu-
rer la montagne, la façon dont l'armée du,
Maître des Phynances descendait la col;"
line en s'accroupissant progressivement,
puis la remontait en se redressant. Des ta-
milles bourgeoises entières manifestèrent
leur fureur et quittèrent le théâtre en com-
pagnie de Sarcey sans vouloir en entendre
davantage.
Par compensation sans doute, les mêmes,
familles bourgeoises ne s'étonnent en au-
cune façon des décors extraordinaires que
certains directeurs de. théâtre leur offrent:
chaque jour. ;
Ce ne sont qu anachronismes violents,
qu'adaptations inacceptables de décors an-
ciens à des pièces nouvelles; sans parler
de certains petits théâtres où l'on jouerait
volontiers Les Erinnyes sur un fond portant
une inscription datant de la dernière revue :
Entrée du Métropolitain.
Il faut reconnaître que, sur nos meilleu-
res scènes, on ne fait aucune difficulté pour
confondre l'architecture datant de Périclès
avec celle du dixième siècle, et qu'un dé-
cor égyptien s'intercale volontiers dans
une pièce japonaise.
] e sais bien que le texte est là souvent
pour dissiper toute confusion et que, lors-
que le principal personnage s'écrie : « Nous
autres, hommes du Moyen âge! » ou ■
« Partons pour la guerre de Cent Ans»
le spectateur sait facilement à quoi s'en te-
nir. Il n'en est pas moins regrettable
qu'avec tous les perfectionnements appor-
tés à la mise en scène moderne, qu'après
l'abolition des anachronismes de costumes
qui rendaient les représentations d'autre-
fois simplement ridicules, on ne s'avise
point d'en finir une bonne fgis- avec les
anachronismes de décors, qui ne sont
guère plus justifiables.
Je voudrais bien savoir ce Que dirait un
directeur de théâtre à la caissière du bu-
reau de location si cette respectable dame
lui apportait, le soir, une caisse remplie
d'anachronismes et contenant d'innombra-
bles Louis-Philippe ou des Napoléons non
couronnés, en place des Semeuses qu'il es-
père.
En 'échange de nos bonnes pièces, c'est
aux directeurs qu'il appartient de nous en
donner qui ne soient pas démonétisées.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
s
era-t-il candidat?
L'agitation est grande autour des
trois fauteuils qui sont actuellement va-
cants à l'Académie, et les candidats se
comptent à la douzaine.
Comme il sied, les auteurs dramatiques
sont nombreux qui revendiquent le titre
d'immortels, et ce n'est pas là une vaine
prétention, puisque ces aspirants à l'habit
à palmes vertes se nomment Jean Richepifl,
Jean Aicard, Ë^l^nd HaraMéauct, #e
citer que ceux qui ont officiellement fait
acte de candidature.
Il est un autre homme de théâtre -
parmi les plus éminents — qui pourrait fort
bien prendre prochainement rang parmi les
candidats et. parmi les élus.
Mais chut! c'est un secret qu'on chuchote
sous la Coupole. Voici l'affaire :
Il est de tradition académique que toutes
les sections de l'Institut aient au moins un
représentant parmi les quarante: l'Acadé-
mie des Sciences morales et politiques en
a trois, MM. Gebhart, d'Haussonville et
Ribot; l'Académie des Inscriptions et Bel-
les-Lettres en a deux, MM. Gaston Bois-
sier et de Vogué; l'Académie des Sciences
en a un, M. de Freycinet.
Seule, l'Académie des Beaux-Arts n'est
plus représentée sous la Coupole depuis la
mort d'Eugène GUIllaume.
Quel candidat les Beaux-Arts propose-
ront-ils au choix des quarante — des trente-
sept plutôt, puisqu'il y a trois vacances?
Il paraît que peintres, sculpteurs, archi-
tectes et graveurs - les quat-z-arts — sont
tombés d'accord pour confier à un musi-
cien le soin de les représenter sous la Cou-
pole.
Et tout bas, tout bas encore, on prononce
le nom d'un éminent compositeur qui n'a
pas fait que de célèbres opéras, car on lui
doit des comédies, des études philosophi-
ques et même des observations astronomi-
ques.
Pour préciser, disons que, s'il devient
immortel au printemps prochain, il aura eu
d'abord cette gloire rare de se voir dresser,
de son vivant, une statue qu'on va inaugu-
rer dimanche prochain.
SI vous n'êtes pas renseignés, après ça'!
N
ous avons reçu hier la lettre suivante:
« Monsieur le rédacteur en chef,
- « Vous avez annoncé hier à vos lecteurs
la disparition d'un des rôles de ma nouvelle
pièce Samson, actuellement en répétition à,
la Renaissance.
« La nouvelle est exacte. Le rôle ne com-
portait qu'une scène au troisième acte, et
le grand et charmant comédien qu'est Hu-
guenet l'avait accepté cependant, avec une
bonne grâce que l'on pourrait donner en
exemple.
« Mais, à la première répétition d'en-
semble, l'inutilité du personnage m'est ap-
parue: j'avais un peu cédé, je l'avoue, au
désir de voir. figurer dans la distribution de
Samson un ancien et précieux interprète.
Et la scène en question aurait interrompu
sans profit une action que j'ai voulue aussi
directe, aussi rapide que possible. ; ;
« Je ferai tous mes efforts pour donner
à Huguenet, en ce qui me concerné, une
ample, une prompte, une complète rêvait
che.
« Recevez, etc.
« HENRY BERNSTEIN. >7
L
e directeur de théâtre et le critique.
Un critique illustre arrive l'autre
-1--- --- J 1 - .1 'A.
juua unez un uireuicur ae tneatre:
— Je vous apporte une pièce, lui dit-il,
et je voudrais vous la lire.
— C'est inutile, répond le directeur;
puisqu'elle est de vous, mon cher maître,
je refuse absolument de l'entendre et je me
fais un plaisir de la recevoir.
— Non, non! insiste le critique, je veux
que vous la connaissiez, je veux vous la
lire.
— C'est une formalité bien inutile, re-
prend l'aimable directeur, mais, puisque
vous le voulez, je suis à vos ordres.
Le critique commence la lecture et, quand
elle est achevée, se tournant vers le direc-
teur, il lui demande son avis.
- Eh bien ! répond celui-ci, excusez-
moi, mais maintenant que je la connais, je
la refuse. ; ;
B
onne camarade.
Aux Variétés, à la répétition géné-
raie de L Amour en oanque, on pouvait
voir Mme Jeanne Granier faire claquer ses
gants à force d'applaudir sa camarade
Yvette Guilbert, qui débutait. Toute la-soi-
rée, la créatrice d'Amants donna le signal
des applaudissements. Son enthousiasme dé-
mesuré fut remarqué. Trois personnes y
furent particulièrement sensibles: d'abord
l'artiste qui fut un moment sa meilleure
amie; puis l'auteur dont elle refusa de créer
la pièce, et enfin le directeur avec lequel
elle est, on le sait, actuellement en procès.
Mme Jeanne Granier n'est pas seulement
une artiste, c'est une amie:
D
ernier écho de l'incendie du Théâtre-
Français, qui causa la mort de la
1 t-T Anvxni
toure enarmanic ncmiui.
C'est aujourd'hui que sera jugé, à la pre-
mière chambre supplémentaire du Tribunal
civil, président M. Kastler, le procès en
dommages et intérêts .intenté"par l'éditeur
Stock contre le Théâtre-Français.. C'est
Me Labori qui présentera la requête de
M- Stock. On sait que 1 incendie détruisit
la librairie Stock, située alors au rez-de-
chaussée du théâtre, face au carré d'ar-
bres et au lieu qu'elle occupe actuellement.
L'éditeur réclame 200.000 francs, et le
théâtre conteste. On transigera.
Le Comptoir International, 44, Chaussée-
d'Antin, achète le plus cher de tout Paris les
beaux bijoux ainsi que les bijoux démodés,
et paie les reconnaissances i(JO Pour 100
et plus. Ne vendez aucun bijou sans le lui
soumettre.
NOUVELLE A LA MAIN
o
uelle recette a-t-on rait nier. demande,
par téléphone, à la buraliste du Théâ-
tre Sarah-Bernhardt, uuquesnel
auteur de La Maîtresse de Piano. 1
— Dix mille francs. s'écrie "illustre
— Dix mille francs!. s écrie l'illustre
écrivain. Mais on a donc vendu le piano.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain une nouvelle de
E$lix QAppAUX
1 I THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
L'Amour en Banque
,Comédie en trois actes de M. Louis Artus
Le présent compte rendu pourrait et
devrait être rédigé en quelques lignes, à
la façon d'un constat pur et simple.
On y lirait que la pièce de M. Louis
Artus a remporté un très vif succès, et
que ce succès est légitime, puisque l'oeu-
vre a été spécialement écrite pour les
comédiens et comédiennes qui l'inter-
prètent, puisqu'elle iest admirablement
jouée et montée, et puisque la toute-
puissance du cliché exige qu'il en soit
toujours de la sorte dans ce théâtre béni.
On ajouterait que Mme Yvette Guil-
bert a débuté hier à Paris comme comé-
dienne, et l'a fait triomphalement, puis-
qu'elle-même a pris soin de proclamer
En haut et à droite: Mme YVETTE GUILBERT. — rAu milieu et à gauche'^
M. MAX DEARLY. — A droite: Mlle DIETERLE. — En bas et à gauche: l'auteur*
M. LOUIS ARTUS.-- A droite: M. ALBERT BRASSEUR, g * 1 auteur»
urbi et orbi qu'elle voulait devenir co-
médienne, .et puisque )a toute-puissance
du cliché exige aussi que la tenace vo-
lonté de Mme Ymte Guilbert réussisse
en ses plus téméraires entreprises.
Et l'on n'aurait pas besoin d'en dire
plus, et peut-être même on en aurait en-
core trop dit puisque personne au
monde, je pense, ne s'avise de deman-
der à la critique une opinion motivée
sur ce théâtre béni, sur cette troupe
hors concours, sur ce directeur qui est
la mort-aux-éloges, et sur cette extraor-
dinaire Yvette Guilbert, qui est tout
bonnement en train de devenir, à force
de volonté, une de nos gloires natio-
nales.
Je ne résisterais certes pas, si j étais
plus ancien dans la critique et plus bla-
sé, à cette toute-puissance du cliché me
dictant mon compte rendu. Il faut, pour
que je regimbe là-contre, toute ma
ferveur de néophyte, qui croit encore
qu'en matière de théâtre quelqu'un peut
avoir, sur quoi -que ce soit, quelque
chose à dire-
J'essaierai donc.
Et puis-, non, après tout! je n'essaie-
rai pas. Aujourd'hui, du moins.. Je pré-
fère attendre une occasion meilleure.
Celle-ci n'est vraiment pas topique; car,
tout compte fait, les clichés ici n'ont pas
absolument tort, et, d'autre part, la ten-
tative de Mme Yvette Guilbert vaut
quand même qu'on la discute.
La pièce de M. Louis Artus s'intitule
comédie; et voilà déjà un mérite, dans
cette maison où la tenue littéraire n'est
pas, en somme, d'absolue nécessité.
Certes, on y a joué des comédies, et de
fort bonnes ; mais c'était bien par amour
du superflu, puisque le vaudeville ou la
revue y donnent toute la pâture suffi-
sante à l'élégante clientèle du lieu.
M. Louis Artus a, coquettement, désiré,
lui aussi, offrir ce superflu. Et sa pièce
part, en effet, comme une étude de ca-
ractères. Le mari et la femme, Paul et
Suzette de Mérignan, sont de charmants
Parisiens qui s'adorent, mais qui ont
mauvaise tête, qu'il ne faut pas défier
@@ ~t~ etW en font
et surtout contre leur cœur. Et il y avait
là, sans aucun doute, matière à une très
fine psychologie.
Ce désir de l'auteur, manifesté au
piemier acte, de pure exposition, a été
forcément tourné à autre chose par l'am-
biance même du théâtre, et surtout par
l'obligation de fournir matière au jeu de
cette troupe spéciale.
Il faut, d'ailleurs, le reconnaître. l'im-
broglio (où se perd vite l'étude promise)
nous amène à une scène de situation,
neuve, et féconde en petites trouvailles
amusantes.
Je ne conterai point par le menu cet
imbroglio, adroitement combiné. Je me
bornerai à noter qu'il a pour résultat de
mettre en présence Suzette de Mérignan"
et l'Américain William Graveson, dans
le propre hôtel des Mérignan, qui a été
gagné a l'écarté par William Graveson,
jouant contre Paul.
Notez que l'Américain est milliar-
daire, habitué a conquérir toutes les
femmes avec son or, et amoureux fou
de Suzette. Notez aussi que Suzette
adore son mari, et veut regagner à l'é-
carte 1 hôtel qu'il a perdu, et joue cette
revanche contre Graveson.
Cette scène fait tout le second acte, et
elle m'a bien l'air d'être le morceau ca-
pital pour lequel on a écrit toute la
pièce.
Une scène unique en trois actes c'est
peu, pensera-t-on. Non pas, quand cette
scène unique est bien menée, ingénieu-
sement variée, et qu'elle vous laisse
l'impression d'une chose unique aussi,,
dans un autre sens, c'est-à-dire parfaite.
Et tel est le cas ici. M. Louis Artus
n'eût-il construit çt flîé que cette scène,
il a donné la preuve qu'on doit attendre
de lui une œuvre entière faite de main
d'ouvrier.
Ce témoignage rendu à sa jeune maî-
trise, je n insisterai pas sur la pièce en
elle-même, et arriverai au début sensa-
tionnel de Mme Yvette Guilbert, en qua-
lité de comédienne.
- * *
Je ne le ferai pas, toutefois, sans
avoir, en quelques mots, rendu d'abord
justice à son partenaire dans cette scène
unique, a Max Dearly.
A la bonne heure ! Voilà un comédien
qui joue vraiment et pleinement la co-
medie. ,
Sans trucs, ni tics, ne demandant ja-
mais le rire à la pitrerie, il incarne des.
êtres vivants, et cependant il leur ajoute
ce halo de fantaisie lyrique que savent
seuls allumer les artistes de race.
Son William Graveson est quelqu'un
dont on a vu les attitudes, les gestes et
les mines, dont on a entendu l'accent,,
le rire, dont le regard vous reste dans
la mémoire. On est certain de le con-
naître; car on le reconnaît. -
Et, cependant, si réel qu'il se montra
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