Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-14
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 octobre 1907 14 octobre 1907
Description : 1907/10/14 (A1,N14). 1907/10/14 (A1,N14).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645312r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Première Année. — N° 14 (Quotidien).
Le Numéro : 5 centimes -
Lundi 14 Octobre 1907*.^
Q
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION :
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Adresse Télégraphique : CO AME DI A.PARIS
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Paris et Départements 24 fr.. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
REINES de théâtre
La
démissionnaire
VOus savez la dernière cabriole de la
petite Mazé? Mazé, de l'Opéra, Mazé,
qui avait tant d'esprit dans les jambes,
Mazé, si piquante et si fine, Mazé,
enfin.
Sette cigale, qui avait commencé par
la danse et n'avait jamais chanté, pos-
saUi l, ame d'une fourmi. Elle thésauri-
sait. L'or était son dieu, et elle ne s'en
cachait pas. Des adorateurs lui disaient:
- Comment, si jolie, pouvez-vous être
si avare?
— Quand je serai assez riche, répon-
dait-elle, je ne danserai plus.
— Ne plus danser. Eh! qui vous y
e, ne sommes-nous pas là?
v Quand je serai assez riche, je ne
vous verrai plus. Ah! non. Je serai
enfin à moi, à moi, à moi.
C' etalt une folie comme une autre.
Mazé soupait, buvait, riait, recevait les
hommages, tantôt d'un grand seigneur,
tantôt Un fermier général, tantôt de
l'un et de l'autre, avait les plus beaux
bijoux, des chevaux fringants, quelques
laquais et déjà trois mille livres de
rente sur l'Hotel de Ville. Vint le Sys-
tème. Mazé devina le Pactole. Des pre-
mières, elle comprit qu'à changer l'or
contre du papier, on le multipliait. C'est
alors qu' elle sut user desr amis qu'elle
avait à la Cour et dans la finance. Tandis
rnêm a masse du public, les bourgeois et
mêm e 1 nobles, et des dames de rang,
et des comtes et des marquis, se pres-
saient dans la rue Quincampoix pour
aChef er des cédules, Mazé se les faisait
apporter à domicile par ceux qui l'a-
vaient almée, et toujours au plus juste
Prix
Elle Put des mères, des filles et des
petites-filles, comme on disait. Elle en
achet de tout son bien. Ses rentes, sa
maison, ses plus beaux diamants y pas-
sèrent. Mais quand les actions valurent
dix mille livres, Mazé fut plus riche que
Samuel nernard. Elle ne se montrait
Plus à VBernard- ne se montrait
plus à l'Opéra, elle ne recevait plus un
galant. Si, elle en reçut un, un ancien,
un traitant, Bombignon, qui lui avait of-
fert s 0n Preinier carrosse. Mais Bombi-
rnesu etalt ruiné. Il avait mal pris ses
es' vendu trop tôt ses actions, en
somme perdu tout, en voulant tout ga-
gner. Il en était aux croûtes quand Mazé,
dans uVenlr du bon temps, le reçut, mais
qUais son antichambre, au titre de la-
quais.
ce Nous avons vu bien de ces retours en
\?niPs.
I:1I~lnt la débâcle. Mazé n'y crut pas.
Elle avait l'intuition de toutes les imes-
ses des financiers, elle en connaissait
Pitisit dont elle avait profité, elle crut
que C en était une nouvelle, qu'on vou-
lait faire peur aux naïfs, les amener à
les r dhe leurs actions à vil prix, pour
les C e er toutes. Elle voulut être de
la cuac, er toutes. Elle voulut être de
la cur et acheta, acheta, acheta tant
qu'elle put trouver de fonds à emprun-
ter sur ce qu'elle possédait. En sorte
sa m se réveilla un matin sans le sou,
de Maison saisie, ses hardes menacées
de vente, n'ayant plus, de tous ses mil-
illo. ns ql'un ballot de papier, de quoi ta-
Elle Out son hôtel.
n'était fit ses comptes d'un œil sec. Ce
n'était pas difficile, elle n'avait plus rien.
était y avait la liste de ses dettes.
C'était trop long, elle y renonça. Elle
aPpeia pSa femme de chambre et lui dit:
— b aiS-moi belle, Marthon, je veux
être belle aujourd'hui. Prépare-moi la
r°be i3?1^, 6 d'argent que Mme la du-
chesse de Bourbon m'a donnée un jour
<îi!e j'n!. - dansé à Sceaux.
Tanr8 qu'elle était à sa toilette, on
annonça la Paris. Mazé la reçut. La
vieille savait déjà l'état des affaires, car
entra d'un air contrit, et vint à la
i > m des mines de condoléance:
faite >. pauvre enfant, qu'allez-vous
faire alntenant?
— O n le verra, dit Mazé en arran-
Ves sourcils.
— Vous allez rentrer à l'Opéra?
— Non, ma bonne. Je ne me trémous-
serai plus. Je me suis assez trémoussée.
-. ais vous n'avez plus rien,
lIvres t à l'Opéra, j'aurai dix-huit cents
livres, qu'en ferai-je?
fIS. Vous vouliez, commença la Pâ-
>luMais je ne veux pas. J'ai assez
voulu, autrefois. J'ai cru que ce serait
fini., Vo je serais aseez riche pour ne
ter. J YO,Uloir. Je n'ai pas su me conten-
ne ve al eu l'éblouissement. Tant pis. Je
-- Ux Plus.
— 9°utez donc, avant de vous fâ-
Cher dIt l'autre. 11 vous aime. Il est
riche comme Crésus. Il rachète votre
çst' à votre nom. Il rachète tout ce
qui est saisi. Il paie vos dettes. Il vous
assure la tnême vie que vous avez me-
née jusqu'ici et même plus belle. Là,
que vous faut-il de plus?
- n traitant?.
— Il n'y a plus qu'eux.
— Je les connais trop. On ne peut
r 0lTlPter SUr rien. Ce serait à recommen-
cer tous les jdurs. Ils se ruinent comme
Ils s'enriMf-JOUrs- Ils se ruinent comme
ils s'enri c rlchlssent. Vous n'avez pas vu
Je l'ai ocher i en bas? Il a été financier.
Pârii par charité.
'- pa- ri. s 'voulut se mettre au ton.
nous vivons au temps
h T1MBMKaro(8és. Et puisque vous
avez commencé, je vous en propose un
autre. Mon galant est Truchet de la Re-
thonde.
Mazé éclata de rire.
- Ah! que c'est drôle! fit-elle. Quoi,
le petit Truchet, que j'ai eu à la cuisine
et qui a commencé l'escompte avec ce
qu'il m'a volé sur le prix des volailles!
— Il vient d'acheter la terre de la Re-
thonde, près Compiègne.
— La belle affaire, elles sont pour
rien !
— Et puis, il paraît qu'il vous adore
depuis qu'il vous servait.
— Tant pis ! non, je ne pourrais pas ;
j'aurais toujours envie de lui dire : Tru-
chet, allez plumer vos dindons.
— Vous avez tort.
— Non, ma bonne, je sais ce que je
fais. Inutile d'insister, parce que, voyez-
vous, ce serait le Grand Turc, j'en ai
assez. ,,
La Paris se leva, mais Mazé ne la
laissa pas partir sans lui donner une pe-
tite croix d'or en souvenir d'elle et parce
que cette vieille lui avait souvent rendu
service..
— Si vous changez d'idée, pensez a
moi, dit-elle sur le pas de la porte.
- J'y penserai, sois-en sûre, mur-
mura la Mazé, et elle acheva sa toilette.
Elle se fit coiffer en hauteur, pour mon-
trer son beau cou. Elle mit du rouge.
Nie se posa les mouches les plus assas-
sines, l'une sous l'œil gauche, une autre
au coin de la bouche, et la troisième à
la naissance de la gorge, qu'on aperce-
vait à demi hors de sa cage de baleine.
Puis, elle commanda d'atteler son vis-à-
vis et, sur les dix heures, elle partit,
conduite par Bombignon.
Elle se fit arrêter à la chapelle des
Petits Pères où elle se confessa. Ensuite,
elle passa la barrière et continua à tra-
vers champs, pendant plusieurs heures.
Il faisait un beau soleil, et les paysans
souriaient à cette jolie femme qui glis-
sait sur son char, comme Cérès. Elle
descendit un peu plus loin que le châ-
teau de Croissy, ordonnant au cocher de
retourner.
— Mais, madame, commença-t-il^
— Il faut apprendre à obéir dans vo-
tre nouvel état, mon garçon, lui dit-elle,
et elle s'éloigna d'un côté pendant qu'il
partait de l'autre. Elle allait vers la ri-
vière, qui roulait entre ses bords fleuris.
Des paysans l'ont retrouvée ce matin,
non loin de la machine de Marly. Ils
virent quelque chose qui brillait dans les
roseaux. Ils y allèrent. C'était la robe
lamée d'argent. Mazé avait la figure dans
l'eau. Mais elle était encore belle, et ni
son rouge, ni ses mouches n'étaient
tombés. Elle a toujours eu les meilleurs
fournisseurs.
On l'a conté au régent, et comme il
est plein de moralité depuis la fuite de
son cher Ecossais, il a dit avec mélan-
colie :
— Pauvre fille, elle n'avait pas le vice
bien portant!
Paul DOLLFUS.
Nous publierons demain une nouvelle de
TRISTAN BERNARD
LES BOUCHONS GRAS
Fort souvent les journaux politiques
ont entrepris d'utiles campagnes en fa-
veur des officiers mécaniciens de la ma-
rine, de ces « bouchons gras » qui, injus-
tement dédaignés par les officiers com-
battants, représentent l'âme même de
nos cuirassés modernes.
Je crois qu'une campagne analogue et
tout aussi juste pourrait être entreprise
sur nos scènes lyriques, en faveur de
l'orchestre toujours oublié par le public,
d'une façon véritablement excessive.
Aux vedettes, aux étoiles, vont tous
les applaudissements, aux bouchons gras
de l'orchestre jamais rien.
Sur le" programmes, dans les comptes
rendus, c est à peine si l'on en fait men-
tion.
Il est évident que sur ce point l'édu-
cation de la foule est entièrement à
faire, et l'on peut être assuré que Co-
mœdia saura s'y employer.
Car si l'on n'y prend garde, par ce
temps de C. G. T., ces messieurs de
l'orchestre, lassés par tant d'ingratitude,
finiront par se mettre en grève, et nous
les regretterons sans doute le jour où,
pour accompagner Lohengrin, nous
n'aurons plus à l'Opéra qu'une vieille
dame recouverte d'un fichu à franges et
tenant le piano, comme dans une bras-
serie de province.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
M
Edmond Rostand, dont la convales-
cence s'accentue de jour en jour,
est un auteur riche en projet, oa »
serve » ne compte pas moins de trente piè-
ces dont six complètement achevées.
Citons, entre autres, une traduction inté-
ressante de Faust qui date de dix ans et
dont le rôle principal, celui de « Méphisto-
phélès », a spécialement été écrit pour
Mme Sarah Bernhardt.
Viennent ensuite: Le Théâtre, une étude
de mœurs théâtrales contemporaines, desti-
née, elle aussi, à Sarah ; puis la Maison
des Amants, dont M. CJaretie attend tou-
jours le manuscrit ; eïrfln le faffreïit Chàn-
tecler qui, probablement, ne verra point en-
core le feu de la rampe cette saison.
Et,, malgré cela, M. Rostand amasse,
amasse.
Quand il quittera Bayonne pour Cam-
bo — pays féerique qu'il affectionne,
qu'il ne quittera jamais et où il mourra —
ce sera pour recommencer à amasser: à
amasser des scénarios dans sa tête au front
vaste, à amasser des alexandrins qui s'em-
pileront au coin de sa table de travail.
Et, pourtant, le public attend ce qu'a pro-
mis Cyrano!
A
nniversaire.
Il y a aujourd'hui deux cent trente-sept
ans — et Comœdia se devait de le men-
tionner — que fut donnée à Chambord la
première représentation du Bourgeois Gen-
tilhomme, de Molière. Cette première re-
présentation eut, en effet, lieu le 14 octo-
bre 1670. Le Bourgeois Gentilhomme ne
devait être joué à Paris, pour la première
fois, que le 29 novembre suivant.
L
orsque, au cinématographe-réclame du
boulevard, apparaît, entre deux Dro-
duits sans-pareils, - la face tourmentée et
l'œil pétillant de. malice de Footit, incon-
sciemment on pense à la navrante histoire
d'un de ses confrères en drôlerie.
La scène se passe dans une grande ville
d'Angleterre. Un médecin, célèbre spécia-
liste de la neurasthénie et des maladies ner-
veuses, reçoit un jour un monsieur à la
physionomie douloureuse et profondément
triste.
- Docteur, j'ai un spleen affreux, une
noire tristesse; malgré tous mes efforts, je
suis hanté par l'idée de me tuer. Guérissez-
moi!
Le médecin, après s'être assuré que son
client avait déjà, sans succès, suivi tous les
régimes appliqués en pareil cas, finit par
lui dire:
- Allez donc au cirque ^a cote. Il y a
là un clown admirable. Personne ne résiste
à ses éclats de gaieté et à son rire com-
municatif. Moi-même, qui ai le caractère
passablement assombri, j'ai ri aux larmes.
A ces mots, le malade jeta un regard na-
vré sur l'homme de la science:
- Ce clown. c'est moi !.;. lui di^t-il. -
Le lendemain matin, on le trouvait pendu
dans sa chambre d'hôtel.
F
'rançois Coppée, dont l'état de santé
fait l'objet des préoccupations de tous,
se plaît à raconter i mstoire suivante:
Un jour, passant sur le pont des Arts,
il s'aperçut que le malheureux atteint de
cécité et aui porte une pancarte avec ces
mots: « Aveugle de naissance », avait un
concurrent aTli s'était établi exactement en
face sur l'autre trottoir. Le poète des hum-
bles crut de son devoir d'avertir le pre-
mier occupant qui lui demanda alors si
l'autre avait également une pancarte et ce
qu'elle portait comme mention. De loin,
François Coppée lut à haute voix:
- « Aveugle par accident. »
— Peuh, fit le premier aveugle avec dé-
dain, encore un parvenu!
L
a Société de l'Histoire du Théâtre dé-
cernera, en 1908, un prix de cinq
cents francs à l'auteur du meilleur mé-
moire sur l'Histoire de l'opéra italien en
France jusqu'à la Révolution
Il est à souhaiter que cette amorce un
peu grêle suffise à séduire quelque musi-
cographe talentueux, car les documents sur
cet âge oublié de l'art musical sont, à notre
connaissance, assez diffus.
D'aucuns s'étonneront de voir la « grande
colère du peuple » choisie comme une
étape de l'art lyrique. Si le théâtre et la
littérature trouvèrent en tous temps, dans
les événements politiques, de riches ap-
points, il est permis de douter que l'art de
grouper des notes ait jamais reçu de ceux-ci
quelque notable impulsion. Par bonheur,
l'éclatant triomphe de Gluck, sa victoire
célèbre sur l'Italien Piccini et la fin de la
guerre des bouffons, coïncident assez bien,
au point de vue chronologique, avec l'ex-
plosion des haines accumulées contre la mo-
narchie. La Révolution française peut donc,
à la rigueur; s'utiliser comme un jalon, sur-
tout si l'on compare l'abondance et la vulga-
risation des documents historiques du dix-
neuvième siècle à nos connaissances im-
parfaites sur la musique de l'ancien ré-
gime. Souhaitons qu'une plume autorisée
fasse revivre pour nous, avec vigueur, ces
vieilles querelles de doctrines, étrangement
semblables — on l'ignore beaucoup dans le
public — à celles qui divisent notre actua-
lité lyrique.
S
ait-on que, sous la vaine apparence de
nos rois, se dissimulent des artistes
lyriques distingues r
La reine mère d'Espagne possède un
merveilleux mezzo. S. M. Victoria est une
des meilleures élèves de La Patti, et l'on
affirme que, dans les concerts intimes de
la Cour, ce n'est pas la grande étoile qui
charmait le plus un auditoire princier.
Le roi de Portugal barytonne. Léopold -
autrefois — chanta les ténors. Ténorino
aussi, Oscar II de Suède. Il adore le Del-
met. Ferdinand de Bulgarie chante les bas-
ses. Victor-Emmanuel III chante faux des
« lamentos » navrants. Abdul-Hamid impro-
vise sur l'orgue. Nicolas de Russie ne chan-
te plus: il siffle.
Seule, la petite reine Wilhelmine a hor-
reur de la musique.
Le voilà bien, le « Concert européen »!
L
'idée n'est pas banale et vaut la peine
qu'on s'y arrête un instant. ,..
Le directeur a un tneatre américain a
imaginé un système qui a pour but d'éviter
aux spectateurs le supplice d'une pièce qui
l'assomme, et aux interprètes les pommes
cuites qui sont encore en usage dans quel-
ques villes américaines. La méthode de
l'ingénieur-directeur consiste dans le frac-
tionnement du prix des places par acte.
Tout spectateur doit payer à l'entrée le prix
total de sa place pour entendre une pièce
de quatre actes, par exemple.' Mais si, après
le premier acte, il en a assez, il n'a qu'à se
présenter à la caisse et on; lui remboursa
les trois quarts du prix de son billet; si
c'est seulement après le deuxième acte qu'il
a « soupe » du chef-d'œuvre, on lui rend
la moitié de sa monnaie, et ainsi de suite.
On affirme que plusieurs directeurs de
théâtre de New-York ont l'intention d'expé-
rimenter la méthode cet hiver,
A
près tant a autres aucusmeurs, voici
un M. Nicol, maître , d'école à Lon-
dres qui vient pretenare a son tour que
Shakespeare était un imposteur et n'était
pas l'auteur des pièces publiées sous son
nom.
M Nicol a étudie, parait-il, pendant deux
ans la reproduction photographique de la
première page des divers manuscrits de
Shakespeare, et il affirme avoir trouvé un
nouveau cryptogramme d'où il résulterait
que l'auteur des tragédies et comédies at..
tribuées à Shakespeare aurait été, en réa-
lité le comte de Southampton, son patron.
M. Nicol apporte beaucoup d'arguments
pour soutenir sa thèse, tout comme on l'a-
vait fait autrefois en faveur de Bacon. Il ne
faut pas oublier non plus que, 1 année der-
nière, un savant allemand prouvait, de la
façon la plus péremptoire, que l œuvre de
Shakespeare était due au comte Rutland.
0
n vient de découvrir un manuscrit
d'Edgard-Allan Poë, qui contient un
drame inachevé intitulé polizwno. -,,
ou Ange Politien, était un célèbre huma-
niste et poète italien qui vivait à Florence
au quinzième siècle.
Une toute petite partie de ce drame fut
publiée en 1835, dans la revue Southern
Literary Messenger, sous le titre Scènes
d'un drame inédit. Neuf ans plus tard, Ed-
gard Poë fit un tout de ces scènes éparses
et en composa un volume qui parut sous le
titre de Poliziano.
Le tirage fut très restreint, et depuis
bien longtemps l'ouvrage avait complète-
ment disparu.
L
es uns sur les autres:
Arquillière, qui est un comédien très
sûr et très consciencieux, et, en outre, un
auteur dramatique de talent — la Grande
Famille Ta parfaitement prouvé — est, de
plus, un pince-sans-rire, fauteur de mots à
l'emporte-pièce, qu'il serait regrettable de
ne point recueillir. Nous l'allons prouver
tout à l'heure.
Un jour; en je ne sais plus quelle repré-
sentation à bénéfice, Silvain, le grand Sil-
vain de la Grande Maison, déclamait Sedan,
de Victor Hugo. Sedan est dans L'Année
terrible i z t c'est terriblement long.
Comme, dans la salle, le voisin d'Ar-
quillière, qui assistait à cette petite fête,
commençait à trouver que la tirade durait
vraiment trop, Arquillière, d'une voix douce,
lui glissa:
— Silvain est tiré, il faut le boire!
Et, quelques centaines de vers plus lots,
comme Silvain déclamait:
« 0 mon pays ! »
- Où donc est né Silvain? demanda le
voisin d'Arquillière.
Et ArquiIÎière répondit froidement:
— A l'Odéon!
B
illets de faveur:
Le jour de la première représenta-
tion de Catilina, de Prosper Crébillon, cette
tragédie qui se titattendrewvingt-cinq ans,
l'auteur se vit assiéger par les quéman-
deurs de billets. Un de ses parents les plus
proches lui en demandant pour quelques
amis, Crébillon s'écria:
- Morbleu ! vous savez bien que je ne
veux pas qu'il y ait dans le parterre une
seule personne qui se croie obligée de m'ap-
plaudir!.
— Eh! mon Dieu! répliqua l'autre, ne
craignez rien : ceux pour qui je vous de-
mande des billets ne vous feront aucune
grâce si votre pièce ne leur plaît pas!
— Puisqu'il en est ainsi, dit alors Cré-
billon, je vous Les donne!.
Il y a vraiment peu d'auteurs qui, le cas
échéant, agiraient de la sorte.
D
e la jurisprudence en matière de « cha-
, peaux ».
Elle est favorable aux dames — naturel-
lement ! Un jugement récent l'atteste qui,
cassant un procès-verbal dressé par un com-
missaire de police à. une spectatrice trop
haut coiffée, renvoie la dame des fins de la
poursuite sans amende ni dépens. En voici
les attendus :
« Attendu que l'accès des théâtres a
« longtemps été interdit aux femmes en
« cheveux, l'absence de coiffure étant con-
« sidéré comme un indice de mœurs équi-
« voques ; que les femmes qui ont fait les
a premières usage de la tolérance qui leur
« donnait accès au parterre étaient des per-
« sonnes désireuses surtout de se faire re-
« marquer ; que c'est ensuite, et peu à
« peu, que d'autres, aux allures moins ta-
« pageuses, ont suivi, si bien que, main-
« tenant, on peut voir à ces places l'ou-
« vrière coudoyer la demi-mondaine et
« celle-ci frayer la bourgeoise ;- que, par
1( suite, plusieurs autres spectatrices se
« trouvant dans le même cas, il n'y avait
« pas lieu d'être plus sévère pour l'une que
« pour les autres. etc. »
Vous avez la première manche, mes-
dames !
E
xtrait de la lettre d'un rédacteur de
- L'Art Moderne, voyageant en Italie:
« Je n'ai entendu la-oas que la Mat-
chiche qui sortait, qui suintait de partout:
des portes, des fenêtres, des soupiraux, des
égouts, des vignes, des oliviers ! Dans la
ville d'Assise, la musique municipale répé-
tait un grand pot-pourri sur VAfricaine,
pour la fête de saint François! »
--
NOUVELLE A LA MAIN
0
n dit que, îorsquon joue, on s'expose
à perdre son argent. Eh bien ! moi,
dit Calino, je puis vous citer toute une cen-
taine d'individus qui ont joué hier pendant
quatre heures et qui ont gagné chacun une
dizaine de francs.
- ???'
- Les musiciens de Chevillard!
Le ftfascfiie de êir'è.
Interview de Sarah 73ernhardt
Où il est démontré qu'il ne faut faire à l'illustre tragédienne
a. en la personne des Artistes de sa Compagnie ne
nulle peine. même légère.
Par faveur toute spéciale, dont nous lui
sommes infiniment reconnaissants, Mme Sa-
rah Bernhardt, de passage hier à Paris, a
bien voulu recevoir l'envoyé de Comœdia,
qui venait prendre de ses nouvelles et lui
présenter les hommages du nouveau jour-
nal théâtral.
L'illustre tragédienne occupait l'avant-
scène gauche de son théâtre, en compagnie
de nombreux amis et amies. Après un ac-
cueil fort amène, elle nous fit prendre place
derrière elle, en nous lançant à mi-voix
cette toute petite phrase:
— Ça promet!
Puis elle se mit à suivre fort attentive-
ment le spectacle de La Maîtresse de piano,
qui avait attiré une foule énorme, ce diman-
che, au Théâtre Sarah-Bernhardt.
— Ça promet, quoi? Nous nous deman-
dions avec angoisse ce que ça pouvait pro-
mettre, cependant qu'un léger frisson nous
parcourait l'épiderme. En face' de nous,
dans l'avant-scène droite, une barbe soyeuse
brillait dans l'ombre. Je la fixais désespéré-
ment. Ironique et mystérieuse, elle sem-
blait narguer l'infortuné interviewer qui tou-
jours cherchait ce que pouvait bien être ce
ça prometteur. La barbe remua. Une tête
se pencha hors l'avant-scène : c'était
Tristan Bernard.
- Bah! pensai-je, c'est un auteur heu-
Pfioh WANUEB
Mme SARAH BERNHARDT5 'MibM 'M'ANUm
reux. Le présage ne saurai être mauvais.
Attendons.
L'acte terminé, Mme Sarah Bernhardt
donna le signal des applaudissements. Tout
le monde passa dans le salon qui précède la
loge de la grande tragédienne.
— Venez, me dit-elle sentiment, avec
un gracieux sourire; venez, Monsieur.
Et comme, dans l'obscurité de l'avant-
scène, elle ne pouvait distinctement lire la
carte que nous lui avions transmise, elle
reprit :
— Venez, Monsieur. Comœdia!!
Je ne conçus aucun orgueil d'assumer la
responsabilité d'une aussi lourde charge.
En vérité, c'était me faire, à moi chétif,
trop d'honneur.
Monsieur Comœdia suivit donc. et prit
« quelque chose », encore que la présence
de notre éminent critique, M. Jean Riche-
pin, dans le salon de Mme Sarah Bernhardt,
l'ait quelque peu rasséréné.
Comœdia, il y a quelques Jours, avait,,
sur la foi d'un correspondant, imprimé que
Mme Sarah Bernhardt « serinait » leurs
rôles aux artistes de sa Compagnie. Tudieu !
comme elle les défend; c'était une vérita-
ble lionne, superbe en vérité, et. relative-1
ment généreuse:
- Mes artistes ne sont plus des élèves,,
ce sont des artistes, vous m'entendez bien,
des artistes de talent! Dites, si vous le'
voulez, que. que j'ai cent mille ans.
— Personne ne le croira!
— Que je suis laide à faire peur!.
— Ce serait un abominable mensonger
J'ai devant moi la preuve du contraire.
— Que je n'ai aucun talent!.
— La foule innombrable de vos admira
teurs me lyncherait.
La grande artiste sourit. Elle était désar*
mée.
Un peu remis de mon émotion grande,
je lui déclarai que Comœdia était, avant
tout, un journal de bonne foi; la preuve.
était dans ce numéro de dimanche même,
où Comœdia relate les triomphes d'auteun
et d'interprète que Mme Sarah Bernhardt.
vient de remporter avec son Adrienne Le-
couvreur.
Elle y voulut bien condescendre. Partît
de Lille ce matin, à peine arrivée à Paris*.
1
Mme Sarah Bernhardt, infatigable, s.'étaiJ"
tôt rendue à son théâtre applaudir l'œuvré
de MM. Duquesnel et André Barde. Elïet
n'avait pas encore parcouru Comœdia, bien,
qu'elle en soit une très fidèle lectrice.
Nous la questionnâmes sur, ses projeta
d'avenir: (
— D'abord, j'ai hâte de reprendre mort,
cours du Conservatoire. Malgré que jei
m'absente de Paris à nouveau, je le repren-*
drai cette semaine (les voilà bien, les pro.,
grès dus à l'automobilisme!).
Et, se tournant vers M. Jean Richepin'J
Mme Sarah Bernhardt ajouta :
- Et nous allons bientôt mettre il l'é-
tude La Belle au bois dormant. Quand it
sera temps, l'auteur vous renseignera mieux
que moi encore sur ce sujet.
Et Monsieur Comœdia, tout rassérène
prit congé de l'illustre tragédienne, lestd
d'un sourire et d'un cordial shake-hand.
GUALBERT GUINCHARD.
CONCERTS SYMPHONIQUES
Réouverture des
Concerts LaNfioureux
Hier, salle GaVeau, M. Camille Chevillard a donné un Concert hors
série au profit de la Caisse de Préf:Joyance de l'Association. 1
Réouverture
Le public des Concerts Lamoureux
ne varie pas plus que leur répertoire.
Quel que soit le local où Chevillard di-
rige sa phalange d'instrumentistes,
(« phalange » signifie qu'il les a bien en
« main »), on est certain d'y voir l'âpre
figure rasée de Forain et d'y entendre la
voix d'Iseult mourante lutter, sans suc-
cès, contre les implacables sonorités du
Sterbelied grondant à l'orchestre.
Hier, dans la salle Gaveau, petite,
blanche et coquette (comme Mlle Greu-
ze) ce furent l'ordinaire assistance et
le programme accoutumé, avec, en plus,
M. Dujardin-Beaumetz, souriant dans
une loge de gauche, et l'élégant marquis
poudré du clavecin, Diémer, perlant un
Concerto de Mozart aux grâces suran-
nées
Ça et là, le brun directeur du Conser-
vatoire; plus brun encore, Francis Tho-
mé fervent de la musique gaie, et un
grand éditeur fervent. Delagrave. La
critique musicale est représentée par
Gaston Carraud, Samazeuilh et Capelle.
La redoutable corporation des pianistes
a délégué Paul Braud, au nez aristocra-
tique. Les littérateurs abondent depuis
le hautain chantre d'Anton#, Edouard
Dujardin, jusqu'à Henri Amie, incontes-
1
tablement moins symboliste. Parmi les
gens du monde: baron Jacques de Mon-
tesquieu, prince de Warlasch, vicomte
de Bressieu. Quant aux compositeurs,
c'est par leur absence qu'ils brillent.
Dedans on transpire. Dehors il pleut,
WILLY.
Concerts Symphoniques
Après une saison d'été, prétexte à dé-
placements et villégiatures, où l'on en-
tend, dans des Casinos plus ou moins
classés, des orchestres qui n'ont souvent
à leur actif qu'une bonne volonté évi-
dente, il n'est pas désagréable de re-
trouver ces Associations d'instrumentis-
tes qui, sous la direction savante de
leurs chefs, donnent aux mélomanes
toutes les satisfactions artistiques par
une parfaite interprétation des œuvres
classiques et modernes.
C'est M. Chevillard qui, cette année,
commence la série des. concerts du Di-
manche. Après avoir erré de théâtre en
théâtre, ne voulant pas subir, ici ou là,
des prétentions locatives d'une scanda-
leuse exagération (je connais les chiffres
des sommes demandées), M. Chevillard
a fini par s'installer 45, rue de la Boétie,
dans une salle neuve, fort bien agencée
et d'une sonorité patfalte. Le pïanissinrol
Le Numéro : 5 centimes -
Lundi 14 Octobre 1907*.^
Q
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION :
27> Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : CO AME DI A.PARIS
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arlS et Départements 24 fr. 12 fr.
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UN AN e MOIS
r
- -
Paris et Départements 24 fr.. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
REINES de théâtre
La
démissionnaire
VOus savez la dernière cabriole de la
petite Mazé? Mazé, de l'Opéra, Mazé,
qui avait tant d'esprit dans les jambes,
Mazé, si piquante et si fine, Mazé,
enfin.
Sette cigale, qui avait commencé par
la danse et n'avait jamais chanté, pos-
saUi l, ame d'une fourmi. Elle thésauri-
sait. L'or était son dieu, et elle ne s'en
cachait pas. Des adorateurs lui disaient:
- Comment, si jolie, pouvez-vous être
si avare?
— Quand je serai assez riche, répon-
dait-elle, je ne danserai plus.
— Ne plus danser. Eh! qui vous y
e, ne sommes-nous pas là?
v Quand je serai assez riche, je ne
vous verrai plus. Ah! non. Je serai
enfin à moi, à moi, à moi.
C' etalt une folie comme une autre.
Mazé soupait, buvait, riait, recevait les
hommages, tantôt d'un grand seigneur,
tantôt Un fermier général, tantôt de
l'un et de l'autre, avait les plus beaux
bijoux, des chevaux fringants, quelques
laquais et déjà trois mille livres de
rente sur l'Hotel de Ville. Vint le Sys-
tème. Mazé devina le Pactole. Des pre-
mières, elle comprit qu'à changer l'or
contre du papier, on le multipliait. C'est
alors qu' elle sut user desr amis qu'elle
avait à la Cour et dans la finance. Tandis
rnêm a masse du public, les bourgeois et
mêm e 1 nobles, et des dames de rang,
et des comtes et des marquis, se pres-
saient dans la rue Quincampoix pour
aChef er des cédules, Mazé se les faisait
apporter à domicile par ceux qui l'a-
vaient almée, et toujours au plus juste
Prix
Elle Put des mères, des filles et des
petites-filles, comme on disait. Elle en
achet de tout son bien. Ses rentes, sa
maison, ses plus beaux diamants y pas-
sèrent. Mais quand les actions valurent
dix mille livres, Mazé fut plus riche que
Samuel nernard. Elle ne se montrait
Plus à VBernard- ne se montrait
plus à l'Opéra, elle ne recevait plus un
galant. Si, elle en reçut un, un ancien,
un traitant, Bombignon, qui lui avait of-
fert s 0n Preinier carrosse. Mais Bombi-
rnesu etalt ruiné. Il avait mal pris ses
es' vendu trop tôt ses actions, en
somme perdu tout, en voulant tout ga-
gner. Il en était aux croûtes quand Mazé,
dans uVenlr du bon temps, le reçut, mais
qUais son antichambre, au titre de la-
quais.
ce Nous avons vu bien de ces retours en
\?niPs.
I:1I~lnt la débâcle. Mazé n'y crut pas.
Elle avait l'intuition de toutes les imes-
ses des financiers, elle en connaissait
Pitisit dont elle avait profité, elle crut
que C en était une nouvelle, qu'on vou-
lait faire peur aux naïfs, les amener à
les r dhe leurs actions à vil prix, pour
les C e er toutes. Elle voulut être de
la cuac, er toutes. Elle voulut être de
la cur et acheta, acheta, acheta tant
qu'elle put trouver de fonds à emprun-
ter sur ce qu'elle possédait. En sorte
sa m se réveilla un matin sans le sou,
de Maison saisie, ses hardes menacées
de vente, n'ayant plus, de tous ses mil-
illo. ns ql'un ballot de papier, de quoi ta-
Elle Out son hôtel.
n'était fit ses comptes d'un œil sec. Ce
n'était pas difficile, elle n'avait plus rien.
était y avait la liste de ses dettes.
C'était trop long, elle y renonça. Elle
aPpeia pSa femme de chambre et lui dit:
— b aiS-moi belle, Marthon, je veux
être belle aujourd'hui. Prépare-moi la
r°be i3?1^, 6 d'argent que Mme la du-
chesse de Bourbon m'a donnée un jour
<îi!e j'n!. - dansé à Sceaux.
Tanr8 qu'elle était à sa toilette, on
annonça la Paris. Mazé la reçut. La
vieille savait déjà l'état des affaires, car
entra d'un air contrit, et vint à la
i > m des mines de condoléance:
faite >. pauvre enfant, qu'allez-vous
faire alntenant?
— O n le verra, dit Mazé en arran-
Ves sourcils.
— Vous allez rentrer à l'Opéra?
— Non, ma bonne. Je ne me trémous-
serai plus. Je me suis assez trémoussée.
-. ais vous n'avez plus rien,
lIvres t à l'Opéra, j'aurai dix-huit cents
livres, qu'en ferai-je?
fIS. Vous vouliez, commença la Pâ-
>luMais je ne veux pas. J'ai assez
voulu, autrefois. J'ai cru que ce serait
fini., Vo je serais aseez riche pour ne
ter. J YO,Uloir. Je n'ai pas su me conten-
ne ve al eu l'éblouissement. Tant pis. Je
-- Ux Plus.
— 9°utez donc, avant de vous fâ-
Cher dIt l'autre. 11 vous aime. Il est
riche comme Crésus. Il rachète votre
çst' à votre nom. Il rachète tout ce
qui est saisi. Il paie vos dettes. Il vous
assure la tnême vie que vous avez me-
née jusqu'ici et même plus belle. Là,
que vous faut-il de plus?
- n traitant?.
— Il n'y a plus qu'eux.
— Je les connais trop. On ne peut
r 0lTlPter SUr rien. Ce serait à recommen-
cer tous les jdurs. Ils se ruinent comme
Ils s'enriMf-JOUrs- Ils se ruinent comme
ils s'enri c rlchlssent. Vous n'avez pas vu
Je l'ai ocher i en bas? Il a été financier.
Pârii par charité.
'- pa- ri. s 'voulut se mettre au ton.
nous vivons au temps
h T1MBMKaro(8és. Et puisque vous
avez commencé, je vous en propose un
autre. Mon galant est Truchet de la Re-
thonde.
Mazé éclata de rire.
- Ah! que c'est drôle! fit-elle. Quoi,
le petit Truchet, que j'ai eu à la cuisine
et qui a commencé l'escompte avec ce
qu'il m'a volé sur le prix des volailles!
— Il vient d'acheter la terre de la Re-
thonde, près Compiègne.
— La belle affaire, elles sont pour
rien !
— Et puis, il paraît qu'il vous adore
depuis qu'il vous servait.
— Tant pis ! non, je ne pourrais pas ;
j'aurais toujours envie de lui dire : Tru-
chet, allez plumer vos dindons.
— Vous avez tort.
— Non, ma bonne, je sais ce que je
fais. Inutile d'insister, parce que, voyez-
vous, ce serait le Grand Turc, j'en ai
assez. ,,
La Paris se leva, mais Mazé ne la
laissa pas partir sans lui donner une pe-
tite croix d'or en souvenir d'elle et parce
que cette vieille lui avait souvent rendu
service..
— Si vous changez d'idée, pensez a
moi, dit-elle sur le pas de la porte.
- J'y penserai, sois-en sûre, mur-
mura la Mazé, et elle acheva sa toilette.
Elle se fit coiffer en hauteur, pour mon-
trer son beau cou. Elle mit du rouge.
Nie se posa les mouches les plus assas-
sines, l'une sous l'œil gauche, une autre
au coin de la bouche, et la troisième à
la naissance de la gorge, qu'on aperce-
vait à demi hors de sa cage de baleine.
Puis, elle commanda d'atteler son vis-à-
vis et, sur les dix heures, elle partit,
conduite par Bombignon.
Elle se fit arrêter à la chapelle des
Petits Pères où elle se confessa. Ensuite,
elle passa la barrière et continua à tra-
vers champs, pendant plusieurs heures.
Il faisait un beau soleil, et les paysans
souriaient à cette jolie femme qui glis-
sait sur son char, comme Cérès. Elle
descendit un peu plus loin que le châ-
teau de Croissy, ordonnant au cocher de
retourner.
— Mais, madame, commença-t-il^
— Il faut apprendre à obéir dans vo-
tre nouvel état, mon garçon, lui dit-elle,
et elle s'éloigna d'un côté pendant qu'il
partait de l'autre. Elle allait vers la ri-
vière, qui roulait entre ses bords fleuris.
Des paysans l'ont retrouvée ce matin,
non loin de la machine de Marly. Ils
virent quelque chose qui brillait dans les
roseaux. Ils y allèrent. C'était la robe
lamée d'argent. Mazé avait la figure dans
l'eau. Mais elle était encore belle, et ni
son rouge, ni ses mouches n'étaient
tombés. Elle a toujours eu les meilleurs
fournisseurs.
On l'a conté au régent, et comme il
est plein de moralité depuis la fuite de
son cher Ecossais, il a dit avec mélan-
colie :
— Pauvre fille, elle n'avait pas le vice
bien portant!
Paul DOLLFUS.
Nous publierons demain une nouvelle de
TRISTAN BERNARD
LES BOUCHONS GRAS
Fort souvent les journaux politiques
ont entrepris d'utiles campagnes en fa-
veur des officiers mécaniciens de la ma-
rine, de ces « bouchons gras » qui, injus-
tement dédaignés par les officiers com-
battants, représentent l'âme même de
nos cuirassés modernes.
Je crois qu'une campagne analogue et
tout aussi juste pourrait être entreprise
sur nos scènes lyriques, en faveur de
l'orchestre toujours oublié par le public,
d'une façon véritablement excessive.
Aux vedettes, aux étoiles, vont tous
les applaudissements, aux bouchons gras
de l'orchestre jamais rien.
Sur le" programmes, dans les comptes
rendus, c est à peine si l'on en fait men-
tion.
Il est évident que sur ce point l'édu-
cation de la foule est entièrement à
faire, et l'on peut être assuré que Co-
mœdia saura s'y employer.
Car si l'on n'y prend garde, par ce
temps de C. G. T., ces messieurs de
l'orchestre, lassés par tant d'ingratitude,
finiront par se mettre en grève, et nous
les regretterons sans doute le jour où,
pour accompagner Lohengrin, nous
n'aurons plus à l'Opéra qu'une vieille
dame recouverte d'un fichu à franges et
tenant le piano, comme dans une bras-
serie de province.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
M
Edmond Rostand, dont la convales-
cence s'accentue de jour en jour,
est un auteur riche en projet, oa »
serve » ne compte pas moins de trente piè-
ces dont six complètement achevées.
Citons, entre autres, une traduction inté-
ressante de Faust qui date de dix ans et
dont le rôle principal, celui de « Méphisto-
phélès », a spécialement été écrit pour
Mme Sarah Bernhardt.
Viennent ensuite: Le Théâtre, une étude
de mœurs théâtrales contemporaines, desti-
née, elle aussi, à Sarah ; puis la Maison
des Amants, dont M. CJaretie attend tou-
jours le manuscrit ; eïrfln le faffreïit Chàn-
tecler qui, probablement, ne verra point en-
core le feu de la rampe cette saison.
Et,, malgré cela, M. Rostand amasse,
amasse.
Quand il quittera Bayonne pour Cam-
bo — pays féerique qu'il affectionne,
qu'il ne quittera jamais et où il mourra —
ce sera pour recommencer à amasser: à
amasser des scénarios dans sa tête au front
vaste, à amasser des alexandrins qui s'em-
pileront au coin de sa table de travail.
Et, pourtant, le public attend ce qu'a pro-
mis Cyrano!
A
nniversaire.
Il y a aujourd'hui deux cent trente-sept
ans — et Comœdia se devait de le men-
tionner — que fut donnée à Chambord la
première représentation du Bourgeois Gen-
tilhomme, de Molière. Cette première re-
présentation eut, en effet, lieu le 14 octo-
bre 1670. Le Bourgeois Gentilhomme ne
devait être joué à Paris, pour la première
fois, que le 29 novembre suivant.
L
orsque, au cinématographe-réclame du
boulevard, apparaît, entre deux Dro-
duits sans-pareils, - la face tourmentée et
l'œil pétillant de. malice de Footit, incon-
sciemment on pense à la navrante histoire
d'un de ses confrères en drôlerie.
La scène se passe dans une grande ville
d'Angleterre. Un médecin, célèbre spécia-
liste de la neurasthénie et des maladies ner-
veuses, reçoit un jour un monsieur à la
physionomie douloureuse et profondément
triste.
- Docteur, j'ai un spleen affreux, une
noire tristesse; malgré tous mes efforts, je
suis hanté par l'idée de me tuer. Guérissez-
moi!
Le médecin, après s'être assuré que son
client avait déjà, sans succès, suivi tous les
régimes appliqués en pareil cas, finit par
lui dire:
- Allez donc au cirque ^a cote. Il y a
là un clown admirable. Personne ne résiste
à ses éclats de gaieté et à son rire com-
municatif. Moi-même, qui ai le caractère
passablement assombri, j'ai ri aux larmes.
A ces mots, le malade jeta un regard na-
vré sur l'homme de la science:
- Ce clown. c'est moi !.;. lui di^t-il. -
Le lendemain matin, on le trouvait pendu
dans sa chambre d'hôtel.
F
'rançois Coppée, dont l'état de santé
fait l'objet des préoccupations de tous,
se plaît à raconter i mstoire suivante:
Un jour, passant sur le pont des Arts,
il s'aperçut que le malheureux atteint de
cécité et aui porte une pancarte avec ces
mots: « Aveugle de naissance », avait un
concurrent aTli s'était établi exactement en
face sur l'autre trottoir. Le poète des hum-
bles crut de son devoir d'avertir le pre-
mier occupant qui lui demanda alors si
l'autre avait également une pancarte et ce
qu'elle portait comme mention. De loin,
François Coppée lut à haute voix:
- « Aveugle par accident. »
— Peuh, fit le premier aveugle avec dé-
dain, encore un parvenu!
L
a Société de l'Histoire du Théâtre dé-
cernera, en 1908, un prix de cinq
cents francs à l'auteur du meilleur mé-
moire sur l'Histoire de l'opéra italien en
France jusqu'à la Révolution
Il est à souhaiter que cette amorce un
peu grêle suffise à séduire quelque musi-
cographe talentueux, car les documents sur
cet âge oublié de l'art musical sont, à notre
connaissance, assez diffus.
D'aucuns s'étonneront de voir la « grande
colère du peuple » choisie comme une
étape de l'art lyrique. Si le théâtre et la
littérature trouvèrent en tous temps, dans
les événements politiques, de riches ap-
points, il est permis de douter que l'art de
grouper des notes ait jamais reçu de ceux-ci
quelque notable impulsion. Par bonheur,
l'éclatant triomphe de Gluck, sa victoire
célèbre sur l'Italien Piccini et la fin de la
guerre des bouffons, coïncident assez bien,
au point de vue chronologique, avec l'ex-
plosion des haines accumulées contre la mo-
narchie. La Révolution française peut donc,
à la rigueur; s'utiliser comme un jalon, sur-
tout si l'on compare l'abondance et la vulga-
risation des documents historiques du dix-
neuvième siècle à nos connaissances im-
parfaites sur la musique de l'ancien ré-
gime. Souhaitons qu'une plume autorisée
fasse revivre pour nous, avec vigueur, ces
vieilles querelles de doctrines, étrangement
semblables — on l'ignore beaucoup dans le
public — à celles qui divisent notre actua-
lité lyrique.
S
ait-on que, sous la vaine apparence de
nos rois, se dissimulent des artistes
lyriques distingues r
La reine mère d'Espagne possède un
merveilleux mezzo. S. M. Victoria est une
des meilleures élèves de La Patti, et l'on
affirme que, dans les concerts intimes de
la Cour, ce n'est pas la grande étoile qui
charmait le plus un auditoire princier.
Le roi de Portugal barytonne. Léopold -
autrefois — chanta les ténors. Ténorino
aussi, Oscar II de Suède. Il adore le Del-
met. Ferdinand de Bulgarie chante les bas-
ses. Victor-Emmanuel III chante faux des
« lamentos » navrants. Abdul-Hamid impro-
vise sur l'orgue. Nicolas de Russie ne chan-
te plus: il siffle.
Seule, la petite reine Wilhelmine a hor-
reur de la musique.
Le voilà bien, le « Concert européen »!
L
'idée n'est pas banale et vaut la peine
qu'on s'y arrête un instant. ,..
Le directeur a un tneatre américain a
imaginé un système qui a pour but d'éviter
aux spectateurs le supplice d'une pièce qui
l'assomme, et aux interprètes les pommes
cuites qui sont encore en usage dans quel-
ques villes américaines. La méthode de
l'ingénieur-directeur consiste dans le frac-
tionnement du prix des places par acte.
Tout spectateur doit payer à l'entrée le prix
total de sa place pour entendre une pièce
de quatre actes, par exemple.' Mais si, après
le premier acte, il en a assez, il n'a qu'à se
présenter à la caisse et on; lui remboursa
les trois quarts du prix de son billet; si
c'est seulement après le deuxième acte qu'il
a « soupe » du chef-d'œuvre, on lui rend
la moitié de sa monnaie, et ainsi de suite.
On affirme que plusieurs directeurs de
théâtre de New-York ont l'intention d'expé-
rimenter la méthode cet hiver,
A
près tant a autres aucusmeurs, voici
un M. Nicol, maître , d'école à Lon-
dres qui vient pretenare a son tour que
Shakespeare était un imposteur et n'était
pas l'auteur des pièces publiées sous son
nom.
M Nicol a étudie, parait-il, pendant deux
ans la reproduction photographique de la
première page des divers manuscrits de
Shakespeare, et il affirme avoir trouvé un
nouveau cryptogramme d'où il résulterait
que l'auteur des tragédies et comédies at..
tribuées à Shakespeare aurait été, en réa-
lité le comte de Southampton, son patron.
M. Nicol apporte beaucoup d'arguments
pour soutenir sa thèse, tout comme on l'a-
vait fait autrefois en faveur de Bacon. Il ne
faut pas oublier non plus que, 1 année der-
nière, un savant allemand prouvait, de la
façon la plus péremptoire, que l œuvre de
Shakespeare était due au comte Rutland.
0
n vient de découvrir un manuscrit
d'Edgard-Allan Poë, qui contient un
drame inachevé intitulé polizwno. -,,
ou Ange Politien, était un célèbre huma-
niste et poète italien qui vivait à Florence
au quinzième siècle.
Une toute petite partie de ce drame fut
publiée en 1835, dans la revue Southern
Literary Messenger, sous le titre Scènes
d'un drame inédit. Neuf ans plus tard, Ed-
gard Poë fit un tout de ces scènes éparses
et en composa un volume qui parut sous le
titre de Poliziano.
Le tirage fut très restreint, et depuis
bien longtemps l'ouvrage avait complète-
ment disparu.
L
es uns sur les autres:
Arquillière, qui est un comédien très
sûr et très consciencieux, et, en outre, un
auteur dramatique de talent — la Grande
Famille Ta parfaitement prouvé — est, de
plus, un pince-sans-rire, fauteur de mots à
l'emporte-pièce, qu'il serait regrettable de
ne point recueillir. Nous l'allons prouver
tout à l'heure.
Un jour; en je ne sais plus quelle repré-
sentation à bénéfice, Silvain, le grand Sil-
vain de la Grande Maison, déclamait Sedan,
de Victor Hugo. Sedan est dans L'Année
terrible i z t c'est terriblement long.
Comme, dans la salle, le voisin d'Ar-
quillière, qui assistait à cette petite fête,
commençait à trouver que la tirade durait
vraiment trop, Arquillière, d'une voix douce,
lui glissa:
— Silvain est tiré, il faut le boire!
Et, quelques centaines de vers plus lots,
comme Silvain déclamait:
« 0 mon pays ! »
- Où donc est né Silvain? demanda le
voisin d'Arquillière.
Et ArquiIÎière répondit froidement:
— A l'Odéon!
B
illets de faveur:
Le jour de la première représenta-
tion de Catilina, de Prosper Crébillon, cette
tragédie qui se titattendrewvingt-cinq ans,
l'auteur se vit assiéger par les quéman-
deurs de billets. Un de ses parents les plus
proches lui en demandant pour quelques
amis, Crébillon s'écria:
- Morbleu ! vous savez bien que je ne
veux pas qu'il y ait dans le parterre une
seule personne qui se croie obligée de m'ap-
plaudir!.
— Eh! mon Dieu! répliqua l'autre, ne
craignez rien : ceux pour qui je vous de-
mande des billets ne vous feront aucune
grâce si votre pièce ne leur plaît pas!
— Puisqu'il en est ainsi, dit alors Cré-
billon, je vous Les donne!.
Il y a vraiment peu d'auteurs qui, le cas
échéant, agiraient de la sorte.
D
e la jurisprudence en matière de « cha-
, peaux ».
Elle est favorable aux dames — naturel-
lement ! Un jugement récent l'atteste qui,
cassant un procès-verbal dressé par un com-
missaire de police à. une spectatrice trop
haut coiffée, renvoie la dame des fins de la
poursuite sans amende ni dépens. En voici
les attendus :
« Attendu que l'accès des théâtres a
« longtemps été interdit aux femmes en
« cheveux, l'absence de coiffure étant con-
« sidéré comme un indice de mœurs équi-
« voques ; que les femmes qui ont fait les
a premières usage de la tolérance qui leur
« donnait accès au parterre étaient des per-
« sonnes désireuses surtout de se faire re-
« marquer ; que c'est ensuite, et peu à
« peu, que d'autres, aux allures moins ta-
« pageuses, ont suivi, si bien que, main-
« tenant, on peut voir à ces places l'ou-
« vrière coudoyer la demi-mondaine et
« celle-ci frayer la bourgeoise ;- que, par
1( suite, plusieurs autres spectatrices se
« trouvant dans le même cas, il n'y avait
« pas lieu d'être plus sévère pour l'une que
« pour les autres. etc. »
Vous avez la première manche, mes-
dames !
E
xtrait de la lettre d'un rédacteur de
- L'Art Moderne, voyageant en Italie:
« Je n'ai entendu la-oas que la Mat-
chiche qui sortait, qui suintait de partout:
des portes, des fenêtres, des soupiraux, des
égouts, des vignes, des oliviers ! Dans la
ville d'Assise, la musique municipale répé-
tait un grand pot-pourri sur VAfricaine,
pour la fête de saint François! »
--
NOUVELLE A LA MAIN
0
n dit que, îorsquon joue, on s'expose
à perdre son argent. Eh bien ! moi,
dit Calino, je puis vous citer toute une cen-
taine d'individus qui ont joué hier pendant
quatre heures et qui ont gagné chacun une
dizaine de francs.
- ???'
- Les musiciens de Chevillard!
Le ftfascfiie de êir'è.
Interview de Sarah 73ernhardt
Où il est démontré qu'il ne faut faire à l'illustre tragédienne
a. en la personne des Artistes de sa Compagnie ne
nulle peine. même légère.
Par faveur toute spéciale, dont nous lui
sommes infiniment reconnaissants, Mme Sa-
rah Bernhardt, de passage hier à Paris, a
bien voulu recevoir l'envoyé de Comœdia,
qui venait prendre de ses nouvelles et lui
présenter les hommages du nouveau jour-
nal théâtral.
L'illustre tragédienne occupait l'avant-
scène gauche de son théâtre, en compagnie
de nombreux amis et amies. Après un ac-
cueil fort amène, elle nous fit prendre place
derrière elle, en nous lançant à mi-voix
cette toute petite phrase:
— Ça promet!
Puis elle se mit à suivre fort attentive-
ment le spectacle de La Maîtresse de piano,
qui avait attiré une foule énorme, ce diman-
che, au Théâtre Sarah-Bernhardt.
— Ça promet, quoi? Nous nous deman-
dions avec angoisse ce que ça pouvait pro-
mettre, cependant qu'un léger frisson nous
parcourait l'épiderme. En face' de nous,
dans l'avant-scène droite, une barbe soyeuse
brillait dans l'ombre. Je la fixais désespéré-
ment. Ironique et mystérieuse, elle sem-
blait narguer l'infortuné interviewer qui tou-
jours cherchait ce que pouvait bien être ce
ça prometteur. La barbe remua. Une tête
se pencha hors l'avant-scène : c'était
Tristan Bernard.
- Bah! pensai-je, c'est un auteur heu-
Pfioh WANUEB
Mme SARAH BERNHARDT5 'MibM 'M'ANUm
reux. Le présage ne saurai être mauvais.
Attendons.
L'acte terminé, Mme Sarah Bernhardt
donna le signal des applaudissements. Tout
le monde passa dans le salon qui précède la
loge de la grande tragédienne.
— Venez, me dit-elle sentiment, avec
un gracieux sourire; venez, Monsieur.
Et comme, dans l'obscurité de l'avant-
scène, elle ne pouvait distinctement lire la
carte que nous lui avions transmise, elle
reprit :
— Venez, Monsieur. Comœdia!!
Je ne conçus aucun orgueil d'assumer la
responsabilité d'une aussi lourde charge.
En vérité, c'était me faire, à moi chétif,
trop d'honneur.
Monsieur Comœdia suivit donc. et prit
« quelque chose », encore que la présence
de notre éminent critique, M. Jean Riche-
pin, dans le salon de Mme Sarah Bernhardt,
l'ait quelque peu rasséréné.
Comœdia, il y a quelques Jours, avait,,
sur la foi d'un correspondant, imprimé que
Mme Sarah Bernhardt « serinait » leurs
rôles aux artistes de sa Compagnie. Tudieu !
comme elle les défend; c'était une vérita-
ble lionne, superbe en vérité, et. relative-1
ment généreuse:
- Mes artistes ne sont plus des élèves,,
ce sont des artistes, vous m'entendez bien,
des artistes de talent! Dites, si vous le'
voulez, que. que j'ai cent mille ans.
— Personne ne le croira!
— Que je suis laide à faire peur!.
— Ce serait un abominable mensonger
J'ai devant moi la preuve du contraire.
— Que je n'ai aucun talent!.
— La foule innombrable de vos admira
teurs me lyncherait.
La grande artiste sourit. Elle était désar*
mée.
Un peu remis de mon émotion grande,
je lui déclarai que Comœdia était, avant
tout, un journal de bonne foi; la preuve.
était dans ce numéro de dimanche même,
où Comœdia relate les triomphes d'auteun
et d'interprète que Mme Sarah Bernhardt.
vient de remporter avec son Adrienne Le-
couvreur.
Elle y voulut bien condescendre. Partît
de Lille ce matin, à peine arrivée à Paris*.
1
Mme Sarah Bernhardt, infatigable, s.'étaiJ"
tôt rendue à son théâtre applaudir l'œuvré
de MM. Duquesnel et André Barde. Elïet
n'avait pas encore parcouru Comœdia, bien,
qu'elle en soit une très fidèle lectrice.
Nous la questionnâmes sur, ses projeta
d'avenir: (
— D'abord, j'ai hâte de reprendre mort,
cours du Conservatoire. Malgré que jei
m'absente de Paris à nouveau, je le repren-*
drai cette semaine (les voilà bien, les pro.,
grès dus à l'automobilisme!).
Et, se tournant vers M. Jean Richepin'J
Mme Sarah Bernhardt ajouta :
- Et nous allons bientôt mettre il l'é-
tude La Belle au bois dormant. Quand it
sera temps, l'auteur vous renseignera mieux
que moi encore sur ce sujet.
Et Monsieur Comœdia, tout rassérène
prit congé de l'illustre tragédienne, lestd
d'un sourire et d'un cordial shake-hand.
GUALBERT GUINCHARD.
CONCERTS SYMPHONIQUES
Réouverture des
Concerts LaNfioureux
Hier, salle GaVeau, M. Camille Chevillard a donné un Concert hors
série au profit de la Caisse de Préf:Joyance de l'Association. 1
Réouverture
Le public des Concerts Lamoureux
ne varie pas plus que leur répertoire.
Quel que soit le local où Chevillard di-
rige sa phalange d'instrumentistes,
(« phalange » signifie qu'il les a bien en
« main »), on est certain d'y voir l'âpre
figure rasée de Forain et d'y entendre la
voix d'Iseult mourante lutter, sans suc-
cès, contre les implacables sonorités du
Sterbelied grondant à l'orchestre.
Hier, dans la salle Gaveau, petite,
blanche et coquette (comme Mlle Greu-
ze) ce furent l'ordinaire assistance et
le programme accoutumé, avec, en plus,
M. Dujardin-Beaumetz, souriant dans
une loge de gauche, et l'élégant marquis
poudré du clavecin, Diémer, perlant un
Concerto de Mozart aux grâces suran-
nées
Ça et là, le brun directeur du Conser-
vatoire; plus brun encore, Francis Tho-
mé fervent de la musique gaie, et un
grand éditeur fervent. Delagrave. La
critique musicale est représentée par
Gaston Carraud, Samazeuilh et Capelle.
La redoutable corporation des pianistes
a délégué Paul Braud, au nez aristocra-
tique. Les littérateurs abondent depuis
le hautain chantre d'Anton#, Edouard
Dujardin, jusqu'à Henri Amie, incontes-
1
tablement moins symboliste. Parmi les
gens du monde: baron Jacques de Mon-
tesquieu, prince de Warlasch, vicomte
de Bressieu. Quant aux compositeurs,
c'est par leur absence qu'ils brillent.
Dedans on transpire. Dehors il pleut,
WILLY.
Concerts Symphoniques
Après une saison d'été, prétexte à dé-
placements et villégiatures, où l'on en-
tend, dans des Casinos plus ou moins
classés, des orchestres qui n'ont souvent
à leur actif qu'une bonne volonté évi-
dente, il n'est pas désagréable de re-
trouver ces Associations d'instrumentis-
tes qui, sous la direction savante de
leurs chefs, donnent aux mélomanes
toutes les satisfactions artistiques par
une parfaite interprétation des œuvres
classiques et modernes.
C'est M. Chevillard qui, cette année,
commence la série des. concerts du Di-
manche. Après avoir erré de théâtre en
théâtre, ne voulant pas subir, ici ou là,
des prétentions locatives d'une scanda-
leuse exagération (je connais les chiffres
des sommes demandées), M. Chevillard
a fini par s'installer 45, rue de la Boétie,
dans une salle neuve, fort bien agencée
et d'une sonorité patfalte. Le pïanissinrol
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