Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-10
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 octobre 1907 10 octobre 1907
Description : 1907/10/10 (A1,N10). 1907/10/10 (A1,N10).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645308v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
^^femière Année. — N° 10 (Quotidien).
Le Numéro : 5 centime*
r jeudi 10 Octobre 1907"; :
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^B99L H HM^S JHr B* MfrS^j B 1ÊÊÊ afc. N*Mk
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
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27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
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tranger 40 » 20 »
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Paris et Départements 24 fr. 12/fr.
Étranger. 40 » 20 d
Anecdote
d'un
soir d'Été
Par un délicieux soir de juillet.
Chacun sait ce que c'est qu'une suave
soirée d'été. Cela n'a lieu nulle part,
croirait-on, ni en aucun temps, mais
c'est une émotion violente qui nous en-
vah fUne sorte d'ivresse pendant la-
ié e. e On se trouve à la fois poète de
génie, amoureux irrésistible et glorieux
héros, et tout cela pourquoi? Pour quel-
ques Cigales qui auront chanté à l'heure
où le soleil déclinait, pour une brise plus
fraîche qui embaumait, pour deux ou
froi arbres qui se balançaient, pleins
Oiseaux, pour moins encore, un mur-
mure d'herbes ou d'eaux vives, un nuage
blé Ciel, un frisson dans les champs de
bléf
En Proie donc à ce trouble savoureux
et ProfgndY un beau jeune homme mar-
chait, au soir du 20 juillet 1819, entre
les carrés de choux, d'avoines et d'épis
mûrs, parmi les vergers et les métai-
ries qui bordaient, à droite et à gauche,
la Inn route de Neuilly. Il avait, dans
la io U5n^e' visité un parent logé sur le
bord ( la Seine, au diable vauvert, et
s'en revenait à pied vers la porte Mail-
lot
Soudain naquit au loin un grand fra-
cas, 1 troublant la solitude charmante de
la plaine. Le bruit se précisa : c'était, là-
bas, une chaise de poste lancée au trot
furieux de deux puissants chevaux, cou-
verts d'écume. -
Le jeune homme s'arrêta contre le
talus de la route, regarda non sans dépit
»r guêtres poussiéreuses, puis passa en
grande hâte des gants raPiécés, porta le
poing à sa hanche et s'appuya fièrement
ch r Sa canne, tout en assurant, parmi ses
ch eveux en coup de vent, un grand cha-
peau haut de forme, malheureusement
f «ssi par l'injure du temps. Sait-on ja-
mais si la chaise qui brûle le pavé ou la
diligence qui passe lourdement sur le
grand chemin, ne contiennent pas la jolie
femme qui vous aimera furieusement,
que l' on ëéduira en dépit de tous les eîfô-
tacles, et que l'on enlèvera enfin à la
barbe de cent rivaux?. En outre, notre
-
bea u jeune homme n'avait pas encore
vingt ans, n'oublions point cela. -
Il attendait là, immobile et déjà prêt à
sourire, que la chaise le rejoignît, quand,
à son grand émoi, une personne ravis-
sante, frisée, coiffée de plumes, et toute
pâle, parut à la portière, donnant un or-
dre au postillon: après quoi, la voiture
s'arrêta précisément devant lui. Deux
yeux suppliants le - fixaient. « Monsieur,
fit, une voix tremblante, Monsieur, je
vous en prie, montez auprès de moi! »
Et le laquais abattait en même temps le
marchepied.
Le jeune homme, fou de joie et le
cœur battant la chamade, mit le chapeau
à la main et se trouva d'un saut dans la
chaise de poste. Il ne savait que dire,
sinon que le parfum dont il se sentit
soudain tout pénétré lui semblait venir du
Paradis même. D'ailleurs, la jolie dame
UI eût point laissé placer un mot :
1-:- Monsieur, s'écria-t-elle aussitôt
en lui prenant les mains, sauvez-moi,
sauvez-nous ! Mon mari conspirait à
Dieppe; une dette sacrée fait de lui le
séide et l'esclave de l'Empereur exilé.
Or la Police du roi a surpris là-bas l'un
des conciliabules. M. de Belfeuil, mon
vari, se trouve actuellement en fuite
Vçrs les rives anglaises. Mais on l'a vu,
peut-être, on le soupçonne. Que d'an-
goisses, Monsieur!. Un courrier, venu
de leppe à franc étrier, m'apporte cette
nouvelle tout à l'heure. J'étais en mon
château de Neuilly: j'y possédais par
bonheur mon passeport et celui de Sos-
thène, mon mari, qui voyageait sous un
faux nom. Voulez-vous être Sosthène de
Belfeuil, Monsieur, pendant un instant,
afin que l'on vous voie, que l'on vous
signale à Paris?. Il y a un corps de
garde à l'Etoile, nous ferons viser les
passeports. Vous ressemblez un peu au
comte de Belfeuil. Cela créera l'alibi,
comprenez-vous ?. Et vous le sauve-
rez. Mais je tremble, hélas! vous avez
air SI jeune, Monsieur, si jeune.
- Si jeune, Madame? Rassurez-vous.
Je prendrai l'air qu'il faudra. Je serai
tout ce qu'il me plaira, ou mieux, tout
Ce qu'il me plaira, ou mieux, tout
ce qu'il vous plaira. Qu'est ceci? Simple
question de voix et d'attitude. Allons
donc! une bagatelle! Parlons d'autre
chos e> et ne vous mettez plus en peine.
Le parfum dont vous usez est, Dieu
merci, des plus délicats. »
Au corps de garde, tout se passa le
fau Ux du monde. La physionomie du
faux comte de Belfeuil changea subite-
ment. tin air d'ennui, de vieillesse pré-
maturée, se répandit comme par enchan-
tement sur ses traits. Il refusa de descen-
dre rnanda l'adjudant de garde, le salua
de haut, et présenta les deux passeports
en les tenant entre deux doigts d'un air
dégoûté. On lui fit signer à lui-même un
autre papier:
« - au a plume crache, coquin! », dit-
il a u soldat qui tenait l'écritoire. Puis,
au laquais, d'un ton excédé: « Donne
un écu à ces gens-là. » Ensuite, et tou-
jours sans bouger de place : « Fouette! »,
cria-t-il au postillon.
La ^0mtesse de Belfeuil contemplait
avec stupeur cet adolescent qui savait,
en du elQues minutes, vieillir de vingt
ans, et qui sauvait peut-être là, si joli-
ment, si galamment, la vie, ou du moins
la liberté de son époux très cher et très
aimé.
Quand, peu après, il prit congé d'elle
devant l'un des hôtels du faubourg Saint-
Honoré :
« - Mais, Monsieur, lui demanda-t-
elle, qui êtes-vous donc? Vous avez si
bonne façon.
— Malgré mes gants percés, n est-il
pas vrai, et mes souliers qui ne valent
pas mieux?
- Mon Dieu.
— Me croyez-vous au moins gen-
tilhomme, et peut-être, qui sait, l'égal du
comte de Belfeuil?
- Assurément!
— Eh bien, Madame, je ne suis rien
qu'un humble mime, qui fait des singe-
ries et figure aux représentations du Cir-
que Franconi.
— Est-il possible?. Mais je veux en
tout cas connaître votre nom, celui d'un
homme de cœur. celui.
, - Il est tellement obscur, tellement
inconnu!
— Je vous en prie!
— Eh bien, soit. Je m'appelle Frédé-
rick-Lemaître, Madame. »
Sur quoi, il salua, puis, mélancolique
et noble, s'en fut.
Marcel BOULENGÈR.
LA PLUIE POUR TOUS
Si l'on voulait convaincre un étranger
de la passion que témoignent les Fran-
çais pour le théâtre, il suffirait, je crois,
de leur faire observer pendant quelques
instants la foule docile qui fait queue, le
soir, au guichet populaire de l'Opéra.
Les Parisiens, je le sais, ont déjà té-
moigné, durant le siège de Paris, qu'ils
pouvaient pendant des heures entières
faire queue devant une boucherie pour
obtenir, après une journée passée sous
la pluie un simple rat. Dès lors, leur
attente infinie devant notre Académie
Nationale de Musique n'a plus nen qui
puisse étonner, et nous aurions mauvaise
grâce de la vouloir b!âmer. —
Tout le monde sait, en effet, qu'une
chose n'est agréable qu'autant qu'on la
désire: C'est ce qui fait le; vifctâs de
certains rubans accordés par h gouver-
nement dans des conditions de difficulté
inconnues chez les passementiers.
Il est évident qu'après être resté les
pieds dans l'eau sur l'asphalte d'un
terre-plein pendant deux heures, un
malheureux qui pénètre ensuite dans la
salle de l'Op-éra doit trouver le specta-
cle infiniment plus admirable qu'un
gentleman venant d'un appartement bril-
lamment éclairé, et l'on ne saurait trop
approuver les administrateurs de nos
grands théâtres d'avoir su ménager ainsi
les émotions d'un public qu'ils sont char-
gés d'éduauer.
Par exemple, ce que l'on comprend
moins, c'est qu'après une aussi longue
attente les spectateurs des places popu-
laires, même les premiers, ne trouvent
plus aux guichets, à une ou deux excep-
tions près, que des 4e amphithéâtres de
côté, d'où l'on ne peut voir que des mor-
ceaux de héros et des fragments de dé-
cors.
Il est nn principe qui veut, en France,
que tout soldat ait dans son sac un bâton
de maréchal. Les gens raisonnables, je
le sais, qui font leur service militaire, ne
prennent point la chose au pied de la
lettre et renoncent, dès le début, à un
grade qui leur paraît d'autant plus inac-
cessible qu'il n'existe pas. Mais cela fait
tout de même vlaisir et donne au soldat
de deuxième classe un certain prestige
vis-à-vis de la marchande de brioches du
terrain de manoeuvres.
Il en va de même pour tes places po-
pulaires. Attendre, patauger dans la
boue, cela ne serait rien si l'on savait
qu'il existe au moins, dans les guichets
du théâtre, quelques bonnes vlaces. On
attendrait là comme on prend un billet
de loterie. Mais savoir aue l'on ne peut
compter sur rien, cela n'est vlus de jeu
et cadre mal avec nos habitudes démo-
cratiques.
Ces bonnes places attendues par tous
les spectateurs populaires, -l' Administra-
tion trouve plus simple, je le sais, de les
laisser partir aux mains des marchands
de billets qui les recèdent pour 5 à 6
francs, au lieu de 2 fr. 50.
Il faut bien avouer qu'une telle prati-
que ne peut que froisser profondément
les sentiments d'éauité du public.
Ou bien alors, car les foules sont fa-
ciles à satisfaire, que l'on force les mar-
chands de billets à séjourner eux aussi,
ne serait-ce que de huit à neuf, dans
leur bureau, les pieds dans l'eau. Ce se-
rait une satisfaction purement morale, je
le sais, mais, en France, c'est tout ce
qu'il nous faut.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
v :
A
la répétition générale des Plumes du
Paon.
Un hasard des plus heureux nous plaçait
tout à côté de M. Alfred Capus, et ce voisi-
nage nous remit en mémoire un mot char-
mant qu'en ce même théâtre, eut le spirituel
auteur de la Veine.
C'était il y a deux ou trois ans. On ve-
nait de repéter, avec le plus grartune œuvre en vers dont les principaux in-
terprètes étaient Mlle Sergine et Dorival.
Une salle enthousiaste acclamait et récla-
mait l'auteur.
Celui-ci,poète réputé et critique dramatique
notoire — ce n'était pas Catulle Mendès —
parut enfin, traîné sur la scène par ses in-
terprètes, dont un certain nombre de régis-
seurs, machinistes et pompiers secondaient
l'effort.
Alors, M. Capus, se tournant vers nous
et nous montrant l'auteur qui saluait, très
ému : « Savez-vous, nous dit-il, ce que j'ad-
mire le plus chez lui?. C'est qu'à son âge,
ce b là ait encore la force de pousser
ainsi vingt hommes devant lui ! »
L
e sort en est jeté : la Société des Au-
teurs dramatique oui devait onitter.
hier, ses locaux de la rue Hippolyte-Lebas,
ne s'en va pas encore. Ce déménagement,
si bruyamment annoncé en mai, est renvoyé
au terme d'avril.
Le propriétaire du nouvel hôtel, 12, rue
Léonie, n'a pas consenti, en effet, à résilier
ses anciens baux au profit de la jeune et si
active association que préside M. Pierre De-
courcelle. Le premier des locataires actuels
ne partant que dans six mois, le départ des
autres, subordonné aux mêmes conditions,
s'échelonnera au cours des années 1908 et
1909.
Cependant le bel immeuble, à façade de
palais italien, de la rue Léonie, a déjà subi
quelques transformations : un coquet pavil-
lon y a été érigé, dans la cour en forme de
rotonde. Mais le plan dressé par M. Pierre
Sardou, fils du célèbre auteur de Patrie, ne
sera mis en application qu'autant que la
prise de possession de la maison aura été
définitive.
Pourtant, avec un peu de bonne volonté,
tout aurait fini par s'arranger. peut-être!
M
Micheau, l'habile directeur des Nou-
,, veautés, est un farouche antisé-
mite. Il aime a répéter que si un geste de
lui pouvait éviter un massacre général des
juifs, il s'épargnerait la fatigue de ce geste.
Et, cependant, M. Micheau a, depuis vingt
ans, comme ami particulier et secrétaire à
son théâtre M. Lionnel-Meyer.
Deux de ses artistes préférés sont MM.
Marcel Simon et Paul Ardot (Paul Cohen).
Il vient d'engager la jolie Mlle Alice
Clairville (Alice Cahen) et il a un faible
pour MM. Tristan Bernard et Alfred Athis
(Alfred Nathanson) auxquels il doit son ac-
tuel succès : Cabotine. -
Il est vrai que M. Micheau ne manque
jamais de les traiter, les uns et les autres,
de « sales youpins »/ en leur serrant cor-
dialement la main ! ! ---:
L
e Grand Préfacier.
Au catalogue général de la Bibliothè-
que nationale, qui en est, en ce moment-ci,
aux lettres C L A, on peut lire que M. Jules
Claretie, administrateur général de la Comé-
die-Française, est déjà l'auteur de quatre-
vingt-huit préfaces et de huit lettres-préfa-
ces; ce qui fait, en somme, quatre-vingt-
seize préfaces.
Or, le catalogue a été donné à l'impres-
sion voici un an à peu près. Gageons que
M. Jules Claretie, préfacier, a, à l'heure
qu'il est, dépassé sa centième!
Habitude de directeur de théâtre, n'est-ce
pas ?
E
tre assuré, ou presque, de trois cents
représentations consécutives - d'une
œuvre qui entre a peine en répétitions,
n'est-ce pas ce que peut rêver de mieux un
auteur?
Cela sera sans doute, d'autant que la
pièce dont il s'agit est gentille.
Quel est cet heureux auteur?
Cherchez! Il sera, cette saison, presque
en même temps, joué sur différentes scènes,
et non des moindres.
Vous ne trouvez pas? Eh bien! sachez
seulement qu'il désire lancer, imposer un
théâtre qui fut, jadis, très florissant, et
qu'après avoir consenti tous les sacrifices
possibles pour avoir une brillante interpré-
tation, de riches costumes, l'auteur est dé-
cidé à maintenir la pièce sur l'affiche, deux
cents ou trois cents fois, si elle ne lui mange
pas plus de six cents francs par jour.
L
e directeur de ! Odéon — nul ne
t. l'ignore — est M. Antoine; son se-
crétaire est m. L>naries, son administrateur,
M. Jacques, et nous trouvons, dans sa
troupe, M. Bernard, Mme Colas, M. Alexan-
dre, Mlle Sylvie, Mlle Lucas, voire même
M. Degeorge.
Un vrai calendrier, quoi !
M
lIe George, dont il n'est, certes,
point besoin de faire l'éloge dans ce
journal, se trouvait à Moscou quand la
guerre éclata entre Napoléon Ior et la Rus-
sie. Elle prit aussitôt ses dispositions pour
retourner en France.
Le tsar Alexandre, qui la prisait beau-
coup, s'y 'opposa, en disant :
— Pour vous garder, charmante, je sou-
tiendrai la guerre contre Napoléon.
— Mais, sire, répondit Mlle George, ma
place n'est plus ici, elle est en France!.
— Laissez prendre les devants à mon ar-
mée, dit alors le tsar, je vous conduirai moi-
même auprès de vos compatriotes.
• - En ce cas, sire, riposta vivement la
spirituelle artiste, j'aime mieux rester à Mos-
cou. J'attendrai moins longtemps.
L
e Musical Time s'indigne parce que
l'on vient de publier, à Londres, un
quadrille entièrement compose de motifs
empruntés aux œuvres de Mendelssohn; le
« pantalon » est construit avec la finale de
la Symphonie italienne, la « poule » est em-
pruntée à une Romance sans paroles, la
« pastourelle » au Songe d'une nuit d'été,
etc.
Il existe des précédents. Ce joyeux
wagnérien de table d'hôte, Chabrier, confec-
tionna sur des thèmes de Tristan un qua-
drille échevelé où, maintes fois, figura La-
moureux avec le traducteur belge de Wag-
ner, Wilder, comme vis-à-vis.
Du temps que j'étais « Ouvreuse », j'en-
tendis souvent un quadrille tétralogique,
d'une extraordinaire bouffonnerie, savam-
ment édifié sur des motifs du Ring; le fa-
meux gruppetto de clarinette de Brünnhilde
y subit des transformations imprévues et le
thème héroïque de Siegfried s'y désarticule
avec une sacrilège alacrité. Cette parodie sa-
voureuse n'est pas gravée, mais, un soir,
elle fut enregistrée par le phonographe du
comte de Cha.-Quit., devant MM. Gabriel
Fauré, Pierre de Bréville, Léon Moreau,
Florent Schmitt, René de Castéra U-agtrrs
musiciens. -
Je ne nommerai pas les compositeurs qui
la commirent: l'un dirige le Conservatoire,
l'autre l'Opéra.
Quelle horrible saison nous traversons de-
puis les premiers jours d'octobre. Aussi
est-ce le moment de sortir les somptueuses
automobiles aux carrosseries Vedrine im-
peccables. Il semble que les jolies artistes
enfouies dans les coussins profonds soient
plus jolies encore dans le cadre d'élégance
que constitue une carrosserie signée : Ve-
drine.
Nous apprenons avec plaisir que Made-
moiselle Dulaurens, le professeur si sûr et
si apprécié, a repris ses leçons de chant, 28,
rue Lafontaine, à Paris. Les élèves de cette
artiste de grosse valeur sont, chaque année,
plus nombreuses.
U
n compositeur de musique raconte qu'il
est allé, le matin, à l'enterrement d'un
musicien de l'orcnestre a un tneatre lyrique.
— Oui, ajoute-t-il, comme il avait sou-
vent « accompagné » mes ouvrages, j'ai cru
devoir lui rendre la pareille!
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain une nou-
velle de *
TRISTAN BERNARD
QUELQUES ARTISTES DE L'OPÉRA=COMIQUE
(Photos MANUEL)
En haut ": Mme VAILANDRI*, - Au milieu, à gauche -.- Mlle V::\:; à droite -
Pme CARRÉ. — En bas. à gauche : Mme THIERRY: à droite ; M-Ut PRICHt.
Nos auteurs en exil S
Le Combat de Cerfs, de notre collaborateur Emile Herserai, Va être
représenté brillamment au Théâtre du Parc à Bruxelles.
L'auteur dit ce Qu'il pense de sa pièce à notre correspondant.
La première de Combat de Cerfs, au
théâtre du Parc, est un grand événement
à Bruxelles ! On sait que la pièce est
très hardie, très audacieuse. La curiosité
est éveillée. On a aussi la très légitime
fierté d'avoir une pièce toute neuve, pas
encore déflorée par les applaudissements
parisiens, et très littéraire, comme le
peut être une pièce d'Emile Bergerat.
Le spirituel écrivain vient d'arriver à
Bruxelles et nous venons de le voir.
Bergerat dirige et les artistes, très
fidèlement, changent des intonations ou
des gestes au gré de ses désirs d'auteur
on ne peut plus expérimenté.
, A un certain moment, il est question
d'une perte de six millions et la jeune
fille de la pièce, qui s'attendait à un autre
malheur, s'écrie en riant :
— Comment, ce n'est que cela? Ah!
vous m'avez fait peur!
Un artiste fait alors une observation
à Bergerat. Le public bruxellois —r com-
posé en grande partie de commerçants
— va-t-il comprendre une telle philoso-
phie? Mais Bergerat s'en moque:
— Il faut que ce soit ainsi.-Je n'ai pas
à savoir ce que pense le public. Il est
des cas où un auteur ne doit pas craindre
le public. Il n'est grand que s'il le
brave.
— Au moins, on ne me reprochera
pas, comme auteur, d'avoir flatté la foule
et d'avoir sacrifié quoi que ce soit de
mon art à des calculs mercantiles. Par-
dessus tout, chez moi, a dominé l'artiste.
Si je dois à ces préoccupations d'avoir
eu moins de succès, tant pis pour moi,
et tant pis. pour les autres! J'ai l'orgueil
de n'avoir jamais capitulé. C'est d ail-
leurs ce qui m'a valu des sympathies
ardentes comme celle de Sully-Pru-
dhomme dont. je brigue le fauteuil à
l'Académie. Sully-Prudhomme m'a tou-
jours patronné. Malade, il est allé un
jour de Chatenay à l'Institut tout exprès
pour voter pour moi. Et il a fait cette
chose extraordinaire dans les annales de
l'Académie: il m'a écrit une lettre dans
laquelle il me déclarait tout nettement
qu'il avait voté pour moi.
- Et le Comabt de Cerfs?
- Le Combat de Cerfs, c'est Hamlet.
Voilà.-.. Mais attention, un Hamlet mo-
derne, avec nos idées modernes; un
Hamlet que je n'ai pas trouvé dans Sha-
kespeare, mais dans la Gazette des Tri-
bunaux. Un homme apprenant qu'un de
ses amis s'est rendu coupable des plus
épouvantables lâchetés, ne voyant en lui
que le misérable qu'il est, l'attire chez.
lui et le tue. Puis il épouse la femme et
élève le fils du mort avec un soin tout,
paternel. Tout se découvre un jour.
» Il y a trente ans que ce procès a eu
lieu : l'idée m'en était restée, vivace. Je
n'ai été content que lorsque, de ce drame
vécu, j'ai fini par faire, eh 1903, celui
EMILE BERGERAT
que cet excellent Reding donnera ven**(
dredi à son théâtre du Parc. i
» On voit d'abord des gens heureux,;
qui jouissent pleinement de la vie dans
ce qu'elle a de plus délicieusement fa-
milial. Il y a le mari, la femme, le fils
du premier lit, la fille du second. Une
étroite intimité les unit dans une affection
très douce. Petit à petit, par gradation,
le drame monte. Il rampe 'd'abord aux
pieds de mes personnages, il -les effleure,
il arrive aux talons, il s'élève aux ge-
noux, et, brusquement, il atteint h ;
cœurs et les mord et les broie. La lutte
est âprement violente chez ce fils qui
apprend que l'homme qu'il aime et vé-
nère, et qui l'a élevé comme un père,
est l'assassin de son père véritable. Mais
cet assassin a commis un crime héroï-
que. C'est par vertu et par devoir qu'il
a tué. Et le fils comprend. Il ne par-
donne pas seulement par pitié, et parce
que le meurtrier est le père de sa sœur,
il pardonne aussi par devoir comme l'au-
tre avait tué. Ainsi se dégage, de ma
pièce, une pensée philosophique qui peut
froisser certains sentiments, mais qui
reste fortement, impérieusement hu--
maine.
- Et le Combat de Cerfs a une his-
toire?
— Comme toutes les pièces. Porel la
garde cinquante-deux jours et ne la lit
pas. Je la reprends. La voici chez Gé-
mier où elle reste un ou deux mois. Gé-
mier m'écrit qu'il n'ose pas la jouer. Je
l'envoie à Lugné-Poë qui la trouve, lui
aussi, trop hardie. Une démarche est
faite chez Antoine par Léon Hennique :
Antoine refuse même de la connaître.
Elle avait été faite, écrite, je dois vous
aire, par la Comédie-Française, où on
la verra peut-être quelque jour. Mais
Claretie fut effrayé de mes hardiesses
de pensée, non pour lui, mais pour ses
abonnes. Il a jusqu'ici hésité. Comme
vous voyez, mon drame a pas mal cir-
cule. r
HENRI CHARRIAUT.
Les Concerts Symphoniques
Réouverture prochaine des Concerts Populaires. « Souvenir
d'une séance chez Pasdeloup, à propos du bâton de Lulli.
La destinée qui, depuis l'origine, force
l'Association des Concerts Lamoureux à
chercher un local, n'a pas laissé M. Che-
villard en repos, jusqu'à présent. Le
voici rue de la Boétiç, à la salle Gaveau.
Y restera-t-il? Nous l'espérons sans oser
y croire. Trouvera-t-il là toutes les qua-
lités d'acoustique nécessaires a l'audi-
tion des œuvres qu'il doit exécuter, et
quelles seront ces œuvres?
Dimanche prochain, son premier pro-
ora^ie hors série, contenant les noms
4e Schumann de Berlioz et de Gagner,
ne fait pas prévoir la place qui sera ré-
servée aux nouveaux ouvrages. Mais,
pour 1 amour du public, que M. Chevil-
lard se méfie des concertos ! Il y en a si
peu d intéressants ! Ils he servent, en gé-
néral, qu'à faire briller la virtuosité du
soliste, dont on ne peut jamais apprécier
toutes les qualités dans un cadre tou-
jours trop grand pour lui. A part quel-
ques exceptions, qu'il se mène aussi des
chanteurs médiocres qu'il engage.
M. Colonne qd, d'habitude, par [cri
jours le second, arrive souvent t ii pre-
Le Numéro : 5 centime*
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Anecdote
d'un
soir d'Été
Par un délicieux soir de juillet.
Chacun sait ce que c'est qu'une suave
soirée d'été. Cela n'a lieu nulle part,
croirait-on, ni en aucun temps, mais
c'est une émotion violente qui nous en-
vah fUne sorte d'ivresse pendant la-
ié e. e On se trouve à la fois poète de
génie, amoureux irrésistible et glorieux
héros, et tout cela pourquoi? Pour quel-
ques Cigales qui auront chanté à l'heure
où le soleil déclinait, pour une brise plus
fraîche qui embaumait, pour deux ou
froi arbres qui se balançaient, pleins
Oiseaux, pour moins encore, un mur-
mure d'herbes ou d'eaux vives, un nuage
blé Ciel, un frisson dans les champs de
bléf
En Proie donc à ce trouble savoureux
et ProfgndY un beau jeune homme mar-
chait, au soir du 20 juillet 1819, entre
les carrés de choux, d'avoines et d'épis
mûrs, parmi les vergers et les métai-
ries qui bordaient, à droite et à gauche,
la Inn route de Neuilly. Il avait, dans
la io U5n^e' visité un parent logé sur le
bord ( la Seine, au diable vauvert, et
s'en revenait à pied vers la porte Mail-
lot
Soudain naquit au loin un grand fra-
cas, 1 troublant la solitude charmante de
la plaine. Le bruit se précisa : c'était, là-
bas, une chaise de poste lancée au trot
furieux de deux puissants chevaux, cou-
verts d'écume. -
Le jeune homme s'arrêta contre le
talus de la route, regarda non sans dépit
»r guêtres poussiéreuses, puis passa en
grande hâte des gants raPiécés, porta le
poing à sa hanche et s'appuya fièrement
ch r Sa canne, tout en assurant, parmi ses
ch eveux en coup de vent, un grand cha-
peau haut de forme, malheureusement
f «ssi par l'injure du temps. Sait-on ja-
mais si la chaise qui brûle le pavé ou la
diligence qui passe lourdement sur le
grand chemin, ne contiennent pas la jolie
femme qui vous aimera furieusement,
que l' on ëéduira en dépit de tous les eîfô-
tacles, et que l'on enlèvera enfin à la
barbe de cent rivaux?. En outre, notre
-
bea u jeune homme n'avait pas encore
vingt ans, n'oublions point cela. -
Il attendait là, immobile et déjà prêt à
sourire, que la chaise le rejoignît, quand,
à son grand émoi, une personne ravis-
sante, frisée, coiffée de plumes, et toute
pâle, parut à la portière, donnant un or-
dre au postillon: après quoi, la voiture
s'arrêta précisément devant lui. Deux
yeux suppliants le - fixaient. « Monsieur,
fit, une voix tremblante, Monsieur, je
vous en prie, montez auprès de moi! »
Et le laquais abattait en même temps le
marchepied.
Le jeune homme, fou de joie et le
cœur battant la chamade, mit le chapeau
à la main et se trouva d'un saut dans la
chaise de poste. Il ne savait que dire,
sinon que le parfum dont il se sentit
soudain tout pénétré lui semblait venir du
Paradis même. D'ailleurs, la jolie dame
UI eût point laissé placer un mot :
1-:- Monsieur, s'écria-t-elle aussitôt
en lui prenant les mains, sauvez-moi,
sauvez-nous ! Mon mari conspirait à
Dieppe; une dette sacrée fait de lui le
séide et l'esclave de l'Empereur exilé.
Or la Police du roi a surpris là-bas l'un
des conciliabules. M. de Belfeuil, mon
vari, se trouve actuellement en fuite
Vçrs les rives anglaises. Mais on l'a vu,
peut-être, on le soupçonne. Que d'an-
goisses, Monsieur!. Un courrier, venu
de leppe à franc étrier, m'apporte cette
nouvelle tout à l'heure. J'étais en mon
château de Neuilly: j'y possédais par
bonheur mon passeport et celui de Sos-
thène, mon mari, qui voyageait sous un
faux nom. Voulez-vous être Sosthène de
Belfeuil, Monsieur, pendant un instant,
afin que l'on vous voie, que l'on vous
signale à Paris?. Il y a un corps de
garde à l'Etoile, nous ferons viser les
passeports. Vous ressemblez un peu au
comte de Belfeuil. Cela créera l'alibi,
comprenez-vous ?. Et vous le sauve-
rez. Mais je tremble, hélas! vous avez
air SI jeune, Monsieur, si jeune.
- Si jeune, Madame? Rassurez-vous.
Je prendrai l'air qu'il faudra. Je serai
tout ce qu'il me plaira, ou mieux, tout
Ce qu'il me plaira, ou mieux, tout
ce qu'il vous plaira. Qu'est ceci? Simple
question de voix et d'attitude. Allons
donc! une bagatelle! Parlons d'autre
chos e> et ne vous mettez plus en peine.
Le parfum dont vous usez est, Dieu
merci, des plus délicats. »
Au corps de garde, tout se passa le
fau Ux du monde. La physionomie du
faux comte de Belfeuil changea subite-
ment. tin air d'ennui, de vieillesse pré-
maturée, se répandit comme par enchan-
tement sur ses traits. Il refusa de descen-
dre rnanda l'adjudant de garde, le salua
de haut, et présenta les deux passeports
en les tenant entre deux doigts d'un air
dégoûté. On lui fit signer à lui-même un
autre papier:
« - au a plume crache, coquin! », dit-
il a u soldat qui tenait l'écritoire. Puis,
au laquais, d'un ton excédé: « Donne
un écu à ces gens-là. » Ensuite, et tou-
jours sans bouger de place : « Fouette! »,
cria-t-il au postillon.
La ^0mtesse de Belfeuil contemplait
avec stupeur cet adolescent qui savait,
en du elQues minutes, vieillir de vingt
ans, et qui sauvait peut-être là, si joli-
ment, si galamment, la vie, ou du moins
la liberté de son époux très cher et très
aimé.
Quand, peu après, il prit congé d'elle
devant l'un des hôtels du faubourg Saint-
Honoré :
« - Mais, Monsieur, lui demanda-t-
elle, qui êtes-vous donc? Vous avez si
bonne façon.
— Malgré mes gants percés, n est-il
pas vrai, et mes souliers qui ne valent
pas mieux?
- Mon Dieu.
— Me croyez-vous au moins gen-
tilhomme, et peut-être, qui sait, l'égal du
comte de Belfeuil?
- Assurément!
— Eh bien, Madame, je ne suis rien
qu'un humble mime, qui fait des singe-
ries et figure aux représentations du Cir-
que Franconi.
— Est-il possible?. Mais je veux en
tout cas connaître votre nom, celui d'un
homme de cœur. celui.
, - Il est tellement obscur, tellement
inconnu!
— Je vous en prie!
— Eh bien, soit. Je m'appelle Frédé-
rick-Lemaître, Madame. »
Sur quoi, il salua, puis, mélancolique
et noble, s'en fut.
Marcel BOULENGÈR.
LA PLUIE POUR TOUS
Si l'on voulait convaincre un étranger
de la passion que témoignent les Fran-
çais pour le théâtre, il suffirait, je crois,
de leur faire observer pendant quelques
instants la foule docile qui fait queue, le
soir, au guichet populaire de l'Opéra.
Les Parisiens, je le sais, ont déjà té-
moigné, durant le siège de Paris, qu'ils
pouvaient pendant des heures entières
faire queue devant une boucherie pour
obtenir, après une journée passée sous
la pluie un simple rat. Dès lors, leur
attente infinie devant notre Académie
Nationale de Musique n'a plus nen qui
puisse étonner, et nous aurions mauvaise
grâce de la vouloir b!âmer. —
Tout le monde sait, en effet, qu'une
chose n'est agréable qu'autant qu'on la
désire: C'est ce qui fait le; vifctâs de
certains rubans accordés par h gouver-
nement dans des conditions de difficulté
inconnues chez les passementiers.
Il est évident qu'après être resté les
pieds dans l'eau sur l'asphalte d'un
terre-plein pendant deux heures, un
malheureux qui pénètre ensuite dans la
salle de l'Op-éra doit trouver le specta-
cle infiniment plus admirable qu'un
gentleman venant d'un appartement bril-
lamment éclairé, et l'on ne saurait trop
approuver les administrateurs de nos
grands théâtres d'avoir su ménager ainsi
les émotions d'un public qu'ils sont char-
gés d'éduauer.
Par exemple, ce que l'on comprend
moins, c'est qu'après une aussi longue
attente les spectateurs des places popu-
laires, même les premiers, ne trouvent
plus aux guichets, à une ou deux excep-
tions près, que des 4e amphithéâtres de
côté, d'où l'on ne peut voir que des mor-
ceaux de héros et des fragments de dé-
cors.
Il est nn principe qui veut, en France,
que tout soldat ait dans son sac un bâton
de maréchal. Les gens raisonnables, je
le sais, qui font leur service militaire, ne
prennent point la chose au pied de la
lettre et renoncent, dès le début, à un
grade qui leur paraît d'autant plus inac-
cessible qu'il n'existe pas. Mais cela fait
tout de même vlaisir et donne au soldat
de deuxième classe un certain prestige
vis-à-vis de la marchande de brioches du
terrain de manoeuvres.
Il en va de même pour tes places po-
pulaires. Attendre, patauger dans la
boue, cela ne serait rien si l'on savait
qu'il existe au moins, dans les guichets
du théâtre, quelques bonnes vlaces. On
attendrait là comme on prend un billet
de loterie. Mais savoir aue l'on ne peut
compter sur rien, cela n'est vlus de jeu
et cadre mal avec nos habitudes démo-
cratiques.
Ces bonnes places attendues par tous
les spectateurs populaires, -l' Administra-
tion trouve plus simple, je le sais, de les
laisser partir aux mains des marchands
de billets qui les recèdent pour 5 à 6
francs, au lieu de 2 fr. 50.
Il faut bien avouer qu'une telle prati-
que ne peut que froisser profondément
les sentiments d'éauité du public.
Ou bien alors, car les foules sont fa-
ciles à satisfaire, que l'on force les mar-
chands de billets à séjourner eux aussi,
ne serait-ce que de huit à neuf, dans
leur bureau, les pieds dans l'eau. Ce se-
rait une satisfaction purement morale, je
le sais, mais, en France, c'est tout ce
qu'il nous faut.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
v :
A
la répétition générale des Plumes du
Paon.
Un hasard des plus heureux nous plaçait
tout à côté de M. Alfred Capus, et ce voisi-
nage nous remit en mémoire un mot char-
mant qu'en ce même théâtre, eut le spirituel
auteur de la Veine.
C'était il y a deux ou trois ans. On ve-
nait de repéter, avec le plus grartune œuvre en vers dont les principaux in-
terprètes étaient Mlle Sergine et Dorival.
Une salle enthousiaste acclamait et récla-
mait l'auteur.
Celui-ci,poète réputé et critique dramatique
notoire — ce n'était pas Catulle Mendès —
parut enfin, traîné sur la scène par ses in-
terprètes, dont un certain nombre de régis-
seurs, machinistes et pompiers secondaient
l'effort.
Alors, M. Capus, se tournant vers nous
et nous montrant l'auteur qui saluait, très
ému : « Savez-vous, nous dit-il, ce que j'ad-
mire le plus chez lui?. C'est qu'à son âge,
ce b là ait encore la force de pousser
ainsi vingt hommes devant lui ! »
L
e sort en est jeté : la Société des Au-
teurs dramatique oui devait onitter.
hier, ses locaux de la rue Hippolyte-Lebas,
ne s'en va pas encore. Ce déménagement,
si bruyamment annoncé en mai, est renvoyé
au terme d'avril.
Le propriétaire du nouvel hôtel, 12, rue
Léonie, n'a pas consenti, en effet, à résilier
ses anciens baux au profit de la jeune et si
active association que préside M. Pierre De-
courcelle. Le premier des locataires actuels
ne partant que dans six mois, le départ des
autres, subordonné aux mêmes conditions,
s'échelonnera au cours des années 1908 et
1909.
Cependant le bel immeuble, à façade de
palais italien, de la rue Léonie, a déjà subi
quelques transformations : un coquet pavil-
lon y a été érigé, dans la cour en forme de
rotonde. Mais le plan dressé par M. Pierre
Sardou, fils du célèbre auteur de Patrie, ne
sera mis en application qu'autant que la
prise de possession de la maison aura été
définitive.
Pourtant, avec un peu de bonne volonté,
tout aurait fini par s'arranger. peut-être!
M
Micheau, l'habile directeur des Nou-
,, veautés, est un farouche antisé-
mite. Il aime a répéter que si un geste de
lui pouvait éviter un massacre général des
juifs, il s'épargnerait la fatigue de ce geste.
Et, cependant, M. Micheau a, depuis vingt
ans, comme ami particulier et secrétaire à
son théâtre M. Lionnel-Meyer.
Deux de ses artistes préférés sont MM.
Marcel Simon et Paul Ardot (Paul Cohen).
Il vient d'engager la jolie Mlle Alice
Clairville (Alice Cahen) et il a un faible
pour MM. Tristan Bernard et Alfred Athis
(Alfred Nathanson) auxquels il doit son ac-
tuel succès : Cabotine. -
Il est vrai que M. Micheau ne manque
jamais de les traiter, les uns et les autres,
de « sales youpins »/ en leur serrant cor-
dialement la main ! ! ---:
L
e Grand Préfacier.
Au catalogue général de la Bibliothè-
que nationale, qui en est, en ce moment-ci,
aux lettres C L A, on peut lire que M. Jules
Claretie, administrateur général de la Comé-
die-Française, est déjà l'auteur de quatre-
vingt-huit préfaces et de huit lettres-préfa-
ces; ce qui fait, en somme, quatre-vingt-
seize préfaces.
Or, le catalogue a été donné à l'impres-
sion voici un an à peu près. Gageons que
M. Jules Claretie, préfacier, a, à l'heure
qu'il est, dépassé sa centième!
Habitude de directeur de théâtre, n'est-ce
pas ?
E
tre assuré, ou presque, de trois cents
représentations consécutives - d'une
œuvre qui entre a peine en répétitions,
n'est-ce pas ce que peut rêver de mieux un
auteur?
Cela sera sans doute, d'autant que la
pièce dont il s'agit est gentille.
Quel est cet heureux auteur?
Cherchez! Il sera, cette saison, presque
en même temps, joué sur différentes scènes,
et non des moindres.
Vous ne trouvez pas? Eh bien! sachez
seulement qu'il désire lancer, imposer un
théâtre qui fut, jadis, très florissant, et
qu'après avoir consenti tous les sacrifices
possibles pour avoir une brillante interpré-
tation, de riches costumes, l'auteur est dé-
cidé à maintenir la pièce sur l'affiche, deux
cents ou trois cents fois, si elle ne lui mange
pas plus de six cents francs par jour.
L
e directeur de ! Odéon — nul ne
t. l'ignore — est M. Antoine; son se-
crétaire est m. L>naries, son administrateur,
M. Jacques, et nous trouvons, dans sa
troupe, M. Bernard, Mme Colas, M. Alexan-
dre, Mlle Sylvie, Mlle Lucas, voire même
M. Degeorge.
Un vrai calendrier, quoi !
M
lIe George, dont il n'est, certes,
point besoin de faire l'éloge dans ce
journal, se trouvait à Moscou quand la
guerre éclata entre Napoléon Ior et la Rus-
sie. Elle prit aussitôt ses dispositions pour
retourner en France.
Le tsar Alexandre, qui la prisait beau-
coup, s'y 'opposa, en disant :
— Pour vous garder, charmante, je sou-
tiendrai la guerre contre Napoléon.
— Mais, sire, répondit Mlle George, ma
place n'est plus ici, elle est en France!.
— Laissez prendre les devants à mon ar-
mée, dit alors le tsar, je vous conduirai moi-
même auprès de vos compatriotes.
• - En ce cas, sire, riposta vivement la
spirituelle artiste, j'aime mieux rester à Mos-
cou. J'attendrai moins longtemps.
L
e Musical Time s'indigne parce que
l'on vient de publier, à Londres, un
quadrille entièrement compose de motifs
empruntés aux œuvres de Mendelssohn; le
« pantalon » est construit avec la finale de
la Symphonie italienne, la « poule » est em-
pruntée à une Romance sans paroles, la
« pastourelle » au Songe d'une nuit d'été,
etc.
Il existe des précédents. Ce joyeux
wagnérien de table d'hôte, Chabrier, confec-
tionna sur des thèmes de Tristan un qua-
drille échevelé où, maintes fois, figura La-
moureux avec le traducteur belge de Wag-
ner, Wilder, comme vis-à-vis.
Du temps que j'étais « Ouvreuse », j'en-
tendis souvent un quadrille tétralogique,
d'une extraordinaire bouffonnerie, savam-
ment édifié sur des motifs du Ring; le fa-
meux gruppetto de clarinette de Brünnhilde
y subit des transformations imprévues et le
thème héroïque de Siegfried s'y désarticule
avec une sacrilège alacrité. Cette parodie sa-
voureuse n'est pas gravée, mais, un soir,
elle fut enregistrée par le phonographe du
comte de Cha.-Quit., devant MM. Gabriel
Fauré, Pierre de Bréville, Léon Moreau,
Florent Schmitt, René de Castéra U-agtrrs
musiciens. -
Je ne nommerai pas les compositeurs qui
la commirent: l'un dirige le Conservatoire,
l'autre l'Opéra.
Quelle horrible saison nous traversons de-
puis les premiers jours d'octobre. Aussi
est-ce le moment de sortir les somptueuses
automobiles aux carrosseries Vedrine im-
peccables. Il semble que les jolies artistes
enfouies dans les coussins profonds soient
plus jolies encore dans le cadre d'élégance
que constitue une carrosserie signée : Ve-
drine.
Nous apprenons avec plaisir que Made-
moiselle Dulaurens, le professeur si sûr et
si apprécié, a repris ses leçons de chant, 28,
rue Lafontaine, à Paris. Les élèves de cette
artiste de grosse valeur sont, chaque année,
plus nombreuses.
U
n compositeur de musique raconte qu'il
est allé, le matin, à l'enterrement d'un
musicien de l'orcnestre a un tneatre lyrique.
— Oui, ajoute-t-il, comme il avait sou-
vent « accompagné » mes ouvrages, j'ai cru
devoir lui rendre la pareille!
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain une nou-
velle de *
TRISTAN BERNARD
QUELQUES ARTISTES DE L'OPÉRA=COMIQUE
(Photos MANUEL)
En haut ": Mme VAILANDRI*, - Au milieu, à gauche -.- Mlle V::\:; à droite -
Pme CARRÉ. — En bas. à gauche : Mme THIERRY: à droite ; M-Ut PRICHt.
Nos auteurs en exil S
Le Combat de Cerfs, de notre collaborateur Emile Herserai, Va être
représenté brillamment au Théâtre du Parc à Bruxelles.
L'auteur dit ce Qu'il pense de sa pièce à notre correspondant.
La première de Combat de Cerfs, au
théâtre du Parc, est un grand événement
à Bruxelles ! On sait que la pièce est
très hardie, très audacieuse. La curiosité
est éveillée. On a aussi la très légitime
fierté d'avoir une pièce toute neuve, pas
encore déflorée par les applaudissements
parisiens, et très littéraire, comme le
peut être une pièce d'Emile Bergerat.
Le spirituel écrivain vient d'arriver à
Bruxelles et nous venons de le voir.
Bergerat dirige et les artistes, très
fidèlement, changent des intonations ou
des gestes au gré de ses désirs d'auteur
on ne peut plus expérimenté.
, A un certain moment, il est question
d'une perte de six millions et la jeune
fille de la pièce, qui s'attendait à un autre
malheur, s'écrie en riant :
— Comment, ce n'est que cela? Ah!
vous m'avez fait peur!
Un artiste fait alors une observation
à Bergerat. Le public bruxellois —r com-
posé en grande partie de commerçants
— va-t-il comprendre une telle philoso-
phie? Mais Bergerat s'en moque:
— Il faut que ce soit ainsi.-Je n'ai pas
à savoir ce que pense le public. Il est
des cas où un auteur ne doit pas craindre
le public. Il n'est grand que s'il le
brave.
— Au moins, on ne me reprochera
pas, comme auteur, d'avoir flatté la foule
et d'avoir sacrifié quoi que ce soit de
mon art à des calculs mercantiles. Par-
dessus tout, chez moi, a dominé l'artiste.
Si je dois à ces préoccupations d'avoir
eu moins de succès, tant pis pour moi,
et tant pis. pour les autres! J'ai l'orgueil
de n'avoir jamais capitulé. C'est d ail-
leurs ce qui m'a valu des sympathies
ardentes comme celle de Sully-Pru-
dhomme dont. je brigue le fauteuil à
l'Académie. Sully-Prudhomme m'a tou-
jours patronné. Malade, il est allé un
jour de Chatenay à l'Institut tout exprès
pour voter pour moi. Et il a fait cette
chose extraordinaire dans les annales de
l'Académie: il m'a écrit une lettre dans
laquelle il me déclarait tout nettement
qu'il avait voté pour moi.
- Et le Comabt de Cerfs?
- Le Combat de Cerfs, c'est Hamlet.
Voilà.-.. Mais attention, un Hamlet mo-
derne, avec nos idées modernes; un
Hamlet que je n'ai pas trouvé dans Sha-
kespeare, mais dans la Gazette des Tri-
bunaux. Un homme apprenant qu'un de
ses amis s'est rendu coupable des plus
épouvantables lâchetés, ne voyant en lui
que le misérable qu'il est, l'attire chez.
lui et le tue. Puis il épouse la femme et
élève le fils du mort avec un soin tout,
paternel. Tout se découvre un jour.
» Il y a trente ans que ce procès a eu
lieu : l'idée m'en était restée, vivace. Je
n'ai été content que lorsque, de ce drame
vécu, j'ai fini par faire, eh 1903, celui
EMILE BERGERAT
que cet excellent Reding donnera ven**(
dredi à son théâtre du Parc. i
» On voit d'abord des gens heureux,;
qui jouissent pleinement de la vie dans
ce qu'elle a de plus délicieusement fa-
milial. Il y a le mari, la femme, le fils
du premier lit, la fille du second. Une
étroite intimité les unit dans une affection
très douce. Petit à petit, par gradation,
le drame monte. Il rampe 'd'abord aux
pieds de mes personnages, il -les effleure,
il arrive aux talons, il s'élève aux ge-
noux, et, brusquement, il atteint h ;
cœurs et les mord et les broie. La lutte
est âprement violente chez ce fils qui
apprend que l'homme qu'il aime et vé-
nère, et qui l'a élevé comme un père,
est l'assassin de son père véritable. Mais
cet assassin a commis un crime héroï-
que. C'est par vertu et par devoir qu'il
a tué. Et le fils comprend. Il ne par-
donne pas seulement par pitié, et parce
que le meurtrier est le père de sa sœur,
il pardonne aussi par devoir comme l'au-
tre avait tué. Ainsi se dégage, de ma
pièce, une pensée philosophique qui peut
froisser certains sentiments, mais qui
reste fortement, impérieusement hu--
maine.
- Et le Combat de Cerfs a une his-
toire?
— Comme toutes les pièces. Porel la
garde cinquante-deux jours et ne la lit
pas. Je la reprends. La voici chez Gé-
mier où elle reste un ou deux mois. Gé-
mier m'écrit qu'il n'ose pas la jouer. Je
l'envoie à Lugné-Poë qui la trouve, lui
aussi, trop hardie. Une démarche est
faite chez Antoine par Léon Hennique :
Antoine refuse même de la connaître.
Elle avait été faite, écrite, je dois vous
aire, par la Comédie-Française, où on
la verra peut-être quelque jour. Mais
Claretie fut effrayé de mes hardiesses
de pensée, non pour lui, mais pour ses
abonnes. Il a jusqu'ici hésité. Comme
vous voyez, mon drame a pas mal cir-
cule. r
HENRI CHARRIAUT.
Les Concerts Symphoniques
Réouverture prochaine des Concerts Populaires. « Souvenir
d'une séance chez Pasdeloup, à propos du bâton de Lulli.
La destinée qui, depuis l'origine, force
l'Association des Concerts Lamoureux à
chercher un local, n'a pas laissé M. Che-
villard en repos, jusqu'à présent. Le
voici rue de la Boétiç, à la salle Gaveau.
Y restera-t-il? Nous l'espérons sans oser
y croire. Trouvera-t-il là toutes les qua-
lités d'acoustique nécessaires a l'audi-
tion des œuvres qu'il doit exécuter, et
quelles seront ces œuvres?
Dimanche prochain, son premier pro-
ora^ie hors série, contenant les noms
4e Schumann de Berlioz et de Gagner,
ne fait pas prévoir la place qui sera ré-
servée aux nouveaux ouvrages. Mais,
pour 1 amour du public, que M. Chevil-
lard se méfie des concertos ! Il y en a si
peu d intéressants ! Ils he servent, en gé-
néral, qu'à faire briller la virtuosité du
soliste, dont on ne peut jamais apprécier
toutes les qualités dans un cadre tou-
jours trop grand pour lui. A part quel-
ques exceptions, qu'il se mène aussi des
chanteurs médiocres qu'il engage.
M. Colonne qd, d'habitude, par [cri
jours le second, arrive souvent t ii pre-
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