Itères DE LA GUERRE
, ET DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
N° 908
Paris, 26 août 1918.
Bulletin Quotidien de Presse Etrangère
NOTA. — Les renseignements ci-dessous, d'un caractère
C 0 N F I D E N T lE L confidentiel, ne peuvent être reproduits ou utilisés
i1y^1 IVJ CL IN * ■" qu'avec une autorisation spéciale de MM. les Ministres
—————————1—' de la Guerre et des Affaires Étrangères.
QUESTIONS MILITAIRES
; OPERATIONS
Ensemble des fronts : PRESSE SUISSE. —
Les indices n'ont pas été trompeurs. L'of-
fensive des Alliés s'est arrêtée. Elle se ter-
mine dans de sanglantes attaques partielles,
qui n'aspirent plus qu'à remporter des avan-
tages locaux. Foch a dû se contenter de
reprendre la ligne de l'Avre et le secteur
du Matz, la résistance des Allemands ayant
dépassé toutes les prévisions sur la ligne
Ville - Thiescourt - Lassigny - Roye , Hallu-
Chaulnes-Bray. Les Français se battent pour
le secteur de la Divette et les routes qui
rayonnent autour de Roye. Les Anglais
sont arrêtés à Bray et à Albert, sur le pla-
teau calcaire, entre la Somme et l'Ancre.
Les Allemands se sont établis solidement
sur les positions de la bataille de la Somme,
où l'herbe a poussé. Nous verrons par la
suite si les Alliés peuvent engager assez
d' artillerie, assez de tanks et de troupes
d'assaut, pour déclencher, avec des. chances
de succès, une nouvelle offensive. En atten-
dant des engagements dans la vallée de la
Lys ont provoqué des déplacements locaux
de troupes ; le point culminant de ces opé-
rations a été l'occupation de Merville par
les Britanniques. Plus importante a été la
tentative des Français, entre Aisne et Oise,
pour gagner du terrain et mettre à l'abri
d'une attaque de flanc celles de leurs trou-
pes qui s'avancent de Ville vers Noyon.
Nous avions lannoncé.le 16 août, qu'il fal-
lait s'attendre, comme entr'acte, au repli de
la position allemande sur l'Oise, au sud de
l'Ailette. Ce renli s'opère en ce moment.
Sous la pression; de l'adversaire, Boehn
s'est retiré entre l'Aisne et l'Oise, dans la
moitié nord du plateau, divisé en deux par-
les par des ravins. Les Français ont at-
teint la ligne : Nouvron-Morsain-Audigni-
court-Nampcel-Carlepont. De l'autre côté du
ravin l'ennemi occupe les crêtes d'Epagny-
Le MesniLBIérancourt-Lombray et Cuts. Il
est en liaison, à gauche, avec l'aile droite
du kronprinz, qui tient le plateau de Vre-
gny; à droite avec les défenseurs de Noyon,
Lassigny, sur la Divette. - Beaucoup plus
importants que ces combats d intermède.
qui malgré leur violence témoignent a'un
Certain épuisement est la nouvelle que les
Anglais ont occupé Bakou. Une fois encore.
les Anglais ont fait une opération rue récla-
maient les intérêts militaires de l'Entent
mais qui pouvait leur paraître utile pour
fortifier et étendre leur puissance person-
nelle. Cette occupation de Bakou laisse pré-
voir une domination complète de la Perse
- et la couverture absolue de Bagdad, base
principale d'opérations. Toutefois, l'Angle-
terre n'est pas sûre de se maintenir à Ba-
kou. Tout dépendra de la façon dont va s or-
ganiser le Caucase au point de vue politi-
SJifi et militaire. Il y a des Allemands à
Tiflis. D'autre part, une grande offensive
i
turque dans la direction de Mossoul-Bagdad
pourrait devenir fatale à la ligne Bagdad-
Bakou. Il n'est pas nécessaire d'insister sur
les rapports qu'il y a entre l'expédition bri-
tannique et l'intervention de grande enver-
gure de l'Entente en Russie,car, personne
n'en doute Bakou, la côte mourmane et
Arkhangel ainsi que Vladivostok sont les
points extrêmes d'où, au Sud, au Nord et
à l'Est, on pénètre à l'intérieur de cet em-
pire colossal et impuissant, dont les Alle-
mands occupent le flanc occidental. -
(H. St.) Bund. 21.8.
Côte mourmane : PRESSE ALLEMANDE. -
Sur la côte mourmane les Anglais et leurs
Alliés utilisent la voie ferrée comme base
de leur avance. Ils ont déjà progressé jus-
qu'à Petrozavodsk, et ainsi ils ne sont plus
très loin de la liaison avec le chemin de fer
sibérien, qu'ils occupent déjà à Vologda.
Ainsi, ils menacent Pétrograd et ils sont en
mesure de se frayer l'accès à l'intérieur de
la Russie', dans la région moscovite propre-
ment dite, et aussi de se réunir avec les
Tchéco.Slovaques qui opèrent sur la
moyenne Volga. Sans doute l'approche de
la mauvaise saison gênera leur avance. A
partir d'octobre ou de novembre, ils ne dis-
poseront plus que de la voie mourmane,
mais d'ici là ils auront pu remporter quel-
ques succès. Nous avons déjà signalé l'ex-
trême importance que peuvent avoir pour
nous tous cés événements. Ils peuvent
exercer une influence sur le régime russe
actuel, car celui-ci pourra-t-il se maintenir
contre une attaque venue du Nord et de
l'Est, et au milieu de ses difficultés inté-
rieures? D'autre part le nouvel Etat finlan-
dais, dont le maintien et la prospérité ont
tant d'importance pour nous, sera profon-
dément impressionné par cette avance. La
nouvelle voie ferrée est en effet parallèle à
sa frontière est, et n'en est éloignée en
quelques points que de 100 km à peine. La
population de toute cette zone est foncière-
ment finlandaise ; au point de vue géogra-
phique, le sol qu'elle habite est manifeste-
ment une prolongation de la Finlande.
riche en produits qui peuvent être bien
mieux utilisés du côté finlandais que du
côté russe. Lorsque la Finlande entrevit
pour elle des possibilités d'indépendance,
un mouvement se produisit aussitôt pour
l'annexion de la « Carélie orientale ». Il est
d'une importance capitale pour le nouvel
Etat de prendre pied sur la Mer Blanche et
l'Océan Glacial. Il y a longtemps que la
Finlande projette de construire une voie
ferrée allant de Tornea dans kt direction du
Nord vers le fjord de Varanrfer, et à l'Est
vers Kandalachka. La voie est déjà exploi-
tée jusqu'à Bovanienimi. Quel accueil l'En-
tente fera-t-elle à ces vœux ? La réponse ne
doit pas non plus laisser l'Allemagne' indif-
férente. L'Entente serait infidèle à tous ses
principes, si elle n'essayait d'attirer la Fin-
lande de son côté. — (Dr Dietrich Schafer)
Taglichc Rundschau, 19.8.
QUESTIONS ÉCONOMIQUES
GUERRE SOUS-MARINE
Les Allemands, d'après les derniers ren-
seignements, continuent à cuoler des navi-
res ; on évalue les pertes sûmes tous les
mois par la marine anglaise à environ lOb
navires de 1.600 T. brut. De ce fait, nous
perdons non seulement des navires, mais
de précieuses cargaisons. La situation n'est
pas satisfaisante, lorsque nous regardons
en arrière et que nous nous souvenons des
déclarations officielles. L'amélioration, pro-
voquée par nos champs de mines et nos pa-
trouilles, n'a pas été aussi grande qu'on
pouvait l'espérer. Notre premier ministre a v
déclaré, en outre, que 150 sous-marins
avaient été détruits. Et pourtant, en juillet.
170.000 T. de tonnage anglais et 130.000 T.
de tonnage allié ont été coulées ; s'il n'y a
pas une amélioration sensible, 3.500.00 T.
de tonnage allié auront été coulées à la fin
de l'année. — La construction mondiale des
navires dépassera ce chiffre d'un million de
tonnes. Mais remplacer du tonnage n'équi-
vaut pas à sauver du tonnage. On aura beau
construire de nouveaux bateaux, ceux qui
sont coulés resteront avec leurs cargaisons
au fond de la mer. — Lorsque les mesures
que l'on sait furent prises aux issues de la
mer du Nord, on espérait que la situation
deviendrait plus favorable. Comment expli-
quer la chose ? — Les attaques continuelles
des sous-marins prouvent que ceux-ci uti-
lisent les eaux norvégiennes. Le devoir de
la Norvège est de protéger sa neutralité
contre les submersibles autant que contre
les autres navires. Tant qu'elle ne le fera
pas, le monde aura à souffrir des sinistres
maritimes. L'offensive sur mer est aussi
importante que l'offensive sur terre. Il faut
empêcher le nassage des sous-marins par
les eau norvégiennes. — (Archibald Hurd)
Daily Telegraph, 24.8.
COMMUNICATIONS
Voies fluviales de l'Ukraine à la Baltique
[sous ce titre]. — On nous annonce de
Kiïnigsberg qu'une commission ukranienne
est arrivée dans cette ville pour élaborer le
projet d'une communication fluviale entre
l'Ukraine et la Baltique au nom du gouver-
ment ukranien. Le conseil des ministres
ukraniens, dont cette commission avait à
exécuter les décisions, veut établir les plans
d'aménagement du Dniéper, qui traverse le
centre de l'Ukraine. et entreprendra l'en-
quête sur les possibilités de créer une voie
navigable jusqu'à la Baltique, après que
la régularisation nécessaire du Dniéper
aura été commencée. Deux lignes sont sur-
tout envisagées jusqu'à la Baltique: l'une par
le canal du Dniéper au Boug et par la Vistule
jusqu'à Danzig. l'autre part le canal Oginski
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