Titre : L'Attaque : organe socialiste révolutionnaire de la jeunesse / rédacteur en chef Ernest Gegout
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-12-01
Contributeur : Gégout, Ernest (1854-1936). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32706292b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2168 Nombre total de vues : 2168
Description : 01 décembre 1888 01 décembre 1888
Description : 1888/12/01 (A1,N24)-1888/12/07. 1888/12/01 (A1,N24)-1888/12/07.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62421067
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-40136
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
PREMIERE ANNÉE. — N* 24 Paris : 10 Centimes
Du ter Décembre au 7 Déoombre 18811
L'ATTAQUE
Organe Socialiste Révolutionnair
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
ABONNEMENTS il
UN AN 5 fr-
Six MOIS 3 fr.
TROIS MOIS 1 fr. SO
i -
Les Annonces sont Iraitees à forfait aux burtaux I
du Journal I
Rédacteur en chef :
ERNEST GEGOUT
RÉDACTION A ADMINISTRATION
24- — Rue Croix-des-Petits-Champs — ai
Secrétare de Rédaction: G. PICOUR1
Ceux de nos souscripteurs dont
l'abonnement a pris fin sont priés
de nous en adresser le renouvelle-
ment pour éviter toute interrup-
tion dans le service.
ENCORE LES CADETTISTES
Dans son dernier article — « Rêves et Réa-
lités - le citoyen Fonrnière m'adjure ami-
calement d'aller le rejoindre rue Cadet pour
situ ver la Hépublique,
« Je vous en prie—me dit-il — ne soyons pas
« Boulangistes sans le savoir. Sauvons la
« République d'abord, puis nous réglerons
« nos comptes avec ceux qui sans nous
< l'eussent perdue. »
Vous en êtes encore lù, citoyen ! Vous
croyez que lorsque les Ranc, les Cléinenceau
et consorts seront remontés en selle ils ac.
cepteront tranquillement ensuite de « régler
leurs comptes » avec vous !
Les comptes seront vite réglés, allez 1 Et
inutile de vous dire comment.
Et voilà ceque vous appelez quitter le « rêve.
pourla. réalité. Grand merci de l'invitation !
Maintenant et pour n'y plus revenir, per-
mettez-moi une déclaration qui, je l'espère,
calmera votre inquiétude.
< Ne soyons pas boulangistes sans le sa-
voir » dites-vous. Je vai. vous rassurer.
Le soudard vaniteux et féroce, couvert du
sang des communards et en qui le mensonge
s'est incarné m'inspire le plus immense dé-
goût.
Vienne le jour ou le peuple de Paris « collera
au mur » cet être abject et toute la bande qui
l'acclame a cette heure, y compris Rochefort,
l'allcien complice des traîtres du 4 septembre
devenu complice — logiquement — de l'as-
sassin des Fédérés, je vous jure que, me suf-
fit-il de lever le doigt pour arrêter cette
mesure de salubrité publique, je ne le lève-
rais pas !
Mais, ceci dit, vous croyez que je serais assez
naïf pour aller rue Cadet demander aide et
assistance en faveur de la République, me-
nacée par les bandits de la rue de Sèye! Non,
mille fois non! et voici pourquoi :
Dès l'origine du boulangisme, j'ai pensé et
je suis de plus en plus convaincu que, si Bou-
langer pas plus que Dieu n'existait, les fer-
rystes, lloquettistes, brissonnistes, clémen-
tistes, enfin opportunistes et radicaux de
- tout poil l'eussent inventé.
Mais c'est leur salut à ces gens, pris dans
les traquenards qu'ils se sont mutuellement
tendus depuis la Commune, traquenards dont
Gambetta et son compère Ranc ont été les
ingénieux inventeurs.
Tombés successivement dans l'impuissance
et sous le mépris universel, désormais inca-
pables de conserver ou de reconquérir le pou-
voir convoité par eux depuis de si longues
années et dont ils n'ont rien su faire qu'une
arme pour assassiner les républicains, ils en
sont arrivés au point où se trouvaient leurs
alnés en trahisons la veille du Deux-Déccm-
lne 1851.
Toutes làihetii, tÓutés infamies leur seront
bonnes; et ils crieront d'eux-mêmes—retenez
cela, citoyen Fourniére — « Vive Boulan-
gerl » avec les camelots de Rochefort et con-
sorts, dès qu'iis seront certains (si par notre
attitude nous leur donnons cette confiance)
que le général de la rue de Sèze sera réelle-
ment assez fort pour étrangler du môme coup
la République dont ils n'ont cure etla Sociale
dont Ils ont plus peur encore que des monar-
chistes.
Leurs devanciers d'il y a quarante ans leur
ont ouvert le chemin; tant ceux-ci avaient
alors peur de 52, cette échéance fatidique en
laquelle les déshérités d'alors avaient mis
leurs espérances.
Lisez attentivement, citoyen Fourniére, les
livres de Ténot, de Schoelcher, de Victor Hu-
go, qui ont vainement tenté de se transfor-
mer en héros, eux et leurs amis, à propos de
leur prétendue résistance au coup d'Etat,
vous y verrez de quelles lâchetés se rendireu t
coupables en réalité les républicains bour-
geois de ce temps.
Les cadavres de Baudin et de Dussoubs
— deux communistes - ne leur appartien
nent pas — non plus que les douze tètes de
paysans qui roulèrent sur l'échafaud de Bé-
ziers, de Lectoure, de Clamecy et de Bourg, —
ces paysans, guillotinés pour avoir défendu
la République, mais dénoncés comme pillards
et incendiaires par les Peyrat et autres jour-
nalistes prétendus républicnins,
Eh bien ! le chemin ouvert par ces mes-
sieurs d'alors, les cadettistes n'hésiteront pas,
l'heure venue, à s'y précipiter, n'en doutez
pas.
Comme leurs alliés, les fameux rouges de
1851, ils préféreront cent fois voir crouler la
Hépublique - déjil déshonorée par eux — que
de se préler à l'avènement des travailleurs
qu'ils ont en souveraine haine et mépris, ils
l'ont assez montré de 1871 à 1877 — six an
nées — alors qu'ils se roulaient aux pieds de
l'immonde vieillard de l'hôtel St-Georges,
l'ordonnateur des massacres dont les Galilfet,
les Boulanger et autres soudards ne furent
que les vils exécuteurs.
La République, citoyen Fourniére, ne court
en somme de réels dangers que parce que ses
vrais défenseurs se sont trop laissé aller à
l'esprit de coterie, de chapelle ou même d'é-
glise si vous voulez.
On s'est classé en soldais d'un côté, en pen-
seurs de l'autre; oubliant que, désunies, la
force et l'idée sont également impuissantes.
Il serait urgent que cela cessât.
Heureusement, le gros des travailleurs de
Paris et des grandes villes n'entend rien à
toutes ces linasseries de politiqueurs. — C'est
là qu'est la seule force de la Révolution so-
ciale, de la vraie République. — C'est là que
sera le salut. — C'est là qu'est notre place à
tous. Et ce n'est point un rêve, mais la seule
réalité possible.
Agir autrement serait — je vous le dis en
toute sincérité — nous rendre plus respon-
sables que tons autres de la catastrophe que
nous redoutons. ;
C'est vous dire, ami Fournière, que je
n'irai point rite C,ad«t.
G. LEFRANÇAIS.
0 han sons d'Attaque
LES
ENFANTS AUX PIEDS NUS.
1
Dans les faubourgs de la grand1 ville
J'ai vu quelquefois en!passant,
Des bambins Il l'air caressant
Fouler, piells nus, la terre vile.
Malgré leurs grands yeux ingénus
Et leurs cheveu, v d'or ou d'ébène,
Toujours ils m'unt fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
II 1
Tous mêlés, garçonnets et filles,
Ils vont, jouant, soir et matin,
Hl leur joyeux rire enfantin
S'envole en merveilleuses trilles.
Mais malgré leurs jeux continus,
Leurs refrains lancés à voix pleine,
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
III
C'est qu'en les regardant je pense
A l'avenir qui les attend :
Sur leur tête frêle s'étend
Déjà la main de l'indigence,
Des durs malheurs bientôt venus
Pour eux sera lourde la chaîne,
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
IV
Sur la roule par tous suivie
Combien resteront en chemin t
Combien, fuyant le lendemain,
Lassés, déserteront la vie :
Combien, aux gouffres inconnus,
S'en iront, roulés par la Seine f
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits en fants auœ pieds nus.
V
Des fillettes à tête blonde
Qui passent chantant il loisir,
Combien serviront au plaisir
Des bourgeois à la lèvre immonde 1
Chers petits êtres tout menus 1
La misère au vice vous mène.
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
VI
Èt des garçons à tète brune!
Combien, pour le Bon droit humain,
Iront tomber fusil en main
En criant : * Vive la Commune ! >
Des fusillés, des méconnus,
Ces mômes-ld, c'est de la graine !
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
E. HBRBEL,
A BATONS RONPUS
Que le diable emporte mon cher ami Gegost,
qui, à brûle-pourpoint, me rançonne d'un
article à la dernière minute!
Mais le diable ne remportera pas, et pour
deux causes :
Primo, parce que ce personnage n'existe
plus que dans le cerveau de quelques pauvres
attardés;
Secundo, parce que, s'il existait, je ne par
viendrais pas à l'extraire de ma bourse, où
un domicile de choix lui semble depuis long-
temps et pour longtemps destiné.
Donc, il faut que je m'exécute.
Oui, mais de quoi parler?
Les événements et les incidents, cette se-
maine, se sont pressés, poussés, bouHculéH,
juxtaposés, avec une abondance telle, que le
choix me laisse hésitant.
*
* *
Si je parle du « grand complot » dénoncé
parles canards du Capitole boulangiste, il me
faudra au moins une colonne et demie pour
constater que ce n'est pas du ministère Flo-
quet qu'on peut attendre un tel acte de salut
républicain, et pour déplorer avec beaucoup
de socialistes que la peine de mort ne soit
abolie en matière politique que lorsqu'il ne
s'agit pas de communards.
Or, cette colonne et demie, les autres actua-
lités ne sela disputent-elles pas? Je me repro-
cherais, entre autres, de no pas adresser
mon vivat chaleureux au magistral dis-
cours de Liebknecht, qui, en plein Reichstag-
a qualifié « crime. le vol de l'Alsace-Lor-
raine et demandé le [désarmement européen,
à commencer par l'Allemagne et la France.
Les brutes galonnées et les hobereaux igna-
res qui forment le centre parlementaire sur
les bords de la Sprée ont. grogné ; mais, cou-
rageusement, le député socialiste a dit tout ce
qu'il avait sur le .cœur. Hoch 1 der edle Lieb-
necht, dreimal hoch!
*
* *
J'aurais bien voulu aussi dire un mot des
boucheries municipales, sur lesquelles la dis-
cussion est ouverte au Conseil. Les conseil-
lers socialistes feront bien de veiller, ce me
semble, à ce que le présent ne soit pas sacri-
fié à l'avenir, comme dans le vote sur les bou-
langeries. Voter qu'on créera des établisse-
ments municipaux, c'est parfait; mais limi-
ter, en attendant, par la taxe officielle, les
gains scandaleux prélevés sur la faim publi-
que, ce n'est pas trop mal.
LeConseil municipal m'eut également fourni
la matière d'un article, à propos de l'initia-
tive qu'il a prise en décidant que le peuple
honorerait demain l'acte héroïque d'un dépôt*
qui mit aon écharpe — et oa poitrine — entre
Du ter Décembre au 7 Déoombre 18811
L'ATTAQUE
Organe Socialiste Révolutionnair
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
ABONNEMENTS il
UN AN 5 fr-
Six MOIS 3 fr.
TROIS MOIS 1 fr. SO
i -
Les Annonces sont Iraitees à forfait aux burtaux I
du Journal I
Rédacteur en chef :
ERNEST GEGOUT
RÉDACTION A ADMINISTRATION
24- — Rue Croix-des-Petits-Champs — ai
Secrétare de Rédaction: G. PICOUR1
Ceux de nos souscripteurs dont
l'abonnement a pris fin sont priés
de nous en adresser le renouvelle-
ment pour éviter toute interrup-
tion dans le service.
ENCORE LES CADETTISTES
Dans son dernier article — « Rêves et Réa-
lités - le citoyen Fonrnière m'adjure ami-
calement d'aller le rejoindre rue Cadet pour
situ ver la Hépublique,
« Je vous en prie—me dit-il — ne soyons pas
« Boulangistes sans le savoir. Sauvons la
« République d'abord, puis nous réglerons
« nos comptes avec ceux qui sans nous
< l'eussent perdue. »
Vous en êtes encore lù, citoyen ! Vous
croyez que lorsque les Ranc, les Cléinenceau
et consorts seront remontés en selle ils ac.
cepteront tranquillement ensuite de « régler
leurs comptes » avec vous !
Les comptes seront vite réglés, allez 1 Et
inutile de vous dire comment.
Et voilà ceque vous appelez quitter le « rêve.
pourla. réalité. Grand merci de l'invitation !
Maintenant et pour n'y plus revenir, per-
mettez-moi une déclaration qui, je l'espère,
calmera votre inquiétude.
< Ne soyons pas boulangistes sans le sa-
voir » dites-vous. Je vai. vous rassurer.
Le soudard vaniteux et féroce, couvert du
sang des communards et en qui le mensonge
s'est incarné m'inspire le plus immense dé-
goût.
Vienne le jour ou le peuple de Paris « collera
au mur » cet être abject et toute la bande qui
l'acclame a cette heure, y compris Rochefort,
l'allcien complice des traîtres du 4 septembre
devenu complice — logiquement — de l'as-
sassin des Fédérés, je vous jure que, me suf-
fit-il de lever le doigt pour arrêter cette
mesure de salubrité publique, je ne le lève-
rais pas !
Mais, ceci dit, vous croyez que je serais assez
naïf pour aller rue Cadet demander aide et
assistance en faveur de la République, me-
nacée par les bandits de la rue de Sèye! Non,
mille fois non! et voici pourquoi :
Dès l'origine du boulangisme, j'ai pensé et
je suis de plus en plus convaincu que, si Bou-
langer pas plus que Dieu n'existait, les fer-
rystes, lloquettistes, brissonnistes, clémen-
tistes, enfin opportunistes et radicaux de
- tout poil l'eussent inventé.
Mais c'est leur salut à ces gens, pris dans
les traquenards qu'ils se sont mutuellement
tendus depuis la Commune, traquenards dont
Gambetta et son compère Ranc ont été les
ingénieux inventeurs.
Tombés successivement dans l'impuissance
et sous le mépris universel, désormais inca-
pables de conserver ou de reconquérir le pou-
voir convoité par eux depuis de si longues
années et dont ils n'ont rien su faire qu'une
arme pour assassiner les républicains, ils en
sont arrivés au point où se trouvaient leurs
alnés en trahisons la veille du Deux-Déccm-
lne 1851.
Toutes làihetii, tÓutés infamies leur seront
bonnes; et ils crieront d'eux-mêmes—retenez
cela, citoyen Fourniére — « Vive Boulan-
gerl » avec les camelots de Rochefort et con-
sorts, dès qu'iis seront certains (si par notre
attitude nous leur donnons cette confiance)
que le général de la rue de Sèze sera réelle-
ment assez fort pour étrangler du môme coup
la République dont ils n'ont cure etla Sociale
dont Ils ont plus peur encore que des monar-
chistes.
Leurs devanciers d'il y a quarante ans leur
ont ouvert le chemin; tant ceux-ci avaient
alors peur de 52, cette échéance fatidique en
laquelle les déshérités d'alors avaient mis
leurs espérances.
Lisez attentivement, citoyen Fourniére, les
livres de Ténot, de Schoelcher, de Victor Hu-
go, qui ont vainement tenté de se transfor-
mer en héros, eux et leurs amis, à propos de
leur prétendue résistance au coup d'Etat,
vous y verrez de quelles lâchetés se rendireu t
coupables en réalité les républicains bour-
geois de ce temps.
Les cadavres de Baudin et de Dussoubs
— deux communistes - ne leur appartien
nent pas — non plus que les douze tètes de
paysans qui roulèrent sur l'échafaud de Bé-
ziers, de Lectoure, de Clamecy et de Bourg, —
ces paysans, guillotinés pour avoir défendu
la République, mais dénoncés comme pillards
et incendiaires par les Peyrat et autres jour-
nalistes prétendus républicnins,
Eh bien ! le chemin ouvert par ces mes-
sieurs d'alors, les cadettistes n'hésiteront pas,
l'heure venue, à s'y précipiter, n'en doutez
pas.
Comme leurs alliés, les fameux rouges de
1851, ils préféreront cent fois voir crouler la
Hépublique - déjil déshonorée par eux — que
de se préler à l'avènement des travailleurs
qu'ils ont en souveraine haine et mépris, ils
l'ont assez montré de 1871 à 1877 — six an
nées — alors qu'ils se roulaient aux pieds de
l'immonde vieillard de l'hôtel St-Georges,
l'ordonnateur des massacres dont les Galilfet,
les Boulanger et autres soudards ne furent
que les vils exécuteurs.
La République, citoyen Fourniére, ne court
en somme de réels dangers que parce que ses
vrais défenseurs se sont trop laissé aller à
l'esprit de coterie, de chapelle ou même d'é-
glise si vous voulez.
On s'est classé en soldais d'un côté, en pen-
seurs de l'autre; oubliant que, désunies, la
force et l'idée sont également impuissantes.
Il serait urgent que cela cessât.
Heureusement, le gros des travailleurs de
Paris et des grandes villes n'entend rien à
toutes ces linasseries de politiqueurs. — C'est
là qu'est la seule force de la Révolution so-
ciale, de la vraie République. — C'est là que
sera le salut. — C'est là qu'est notre place à
tous. Et ce n'est point un rêve, mais la seule
réalité possible.
Agir autrement serait — je vous le dis en
toute sincérité — nous rendre plus respon-
sables que tons autres de la catastrophe que
nous redoutons. ;
C'est vous dire, ami Fournière, que je
n'irai point rite C,ad«t.
G. LEFRANÇAIS.
0 han sons d'Attaque
LES
ENFANTS AUX PIEDS NUS.
1
Dans les faubourgs de la grand1 ville
J'ai vu quelquefois en!passant,
Des bambins Il l'air caressant
Fouler, piells nus, la terre vile.
Malgré leurs grands yeux ingénus
Et leurs cheveu, v d'or ou d'ébène,
Toujours ils m'unt fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
II 1
Tous mêlés, garçonnets et filles,
Ils vont, jouant, soir et matin,
Hl leur joyeux rire enfantin
S'envole en merveilleuses trilles.
Mais malgré leurs jeux continus,
Leurs refrains lancés à voix pleine,
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
III
C'est qu'en les regardant je pense
A l'avenir qui les attend :
Sur leur tête frêle s'étend
Déjà la main de l'indigence,
Des durs malheurs bientôt venus
Pour eux sera lourde la chaîne,
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
IV
Sur la roule par tous suivie
Combien resteront en chemin t
Combien, fuyant le lendemain,
Lassés, déserteront la vie :
Combien, aux gouffres inconnus,
S'en iront, roulés par la Seine f
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits en fants auœ pieds nus.
V
Des fillettes à tête blonde
Qui passent chantant il loisir,
Combien serviront au plaisir
Des bourgeois à la lèvre immonde 1
Chers petits êtres tout menus 1
La misère au vice vous mène.
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
VI
Èt des garçons à tète brune!
Combien, pour le Bon droit humain,
Iront tomber fusil en main
En criant : * Vive la Commune ! >
Des fusillés, des méconnus,
Ces mômes-ld, c'est de la graine !
Toujours ils m'ont fait de la peine
Les petits enfants aux pieds nus.
E. HBRBEL,
A BATONS RONPUS
Que le diable emporte mon cher ami Gegost,
qui, à brûle-pourpoint, me rançonne d'un
article à la dernière minute!
Mais le diable ne remportera pas, et pour
deux causes :
Primo, parce que ce personnage n'existe
plus que dans le cerveau de quelques pauvres
attardés;
Secundo, parce que, s'il existait, je ne par
viendrais pas à l'extraire de ma bourse, où
un domicile de choix lui semble depuis long-
temps et pour longtemps destiné.
Donc, il faut que je m'exécute.
Oui, mais de quoi parler?
Les événements et les incidents, cette se-
maine, se sont pressés, poussés, bouHculéH,
juxtaposés, avec une abondance telle, que le
choix me laisse hésitant.
*
* *
Si je parle du « grand complot » dénoncé
parles canards du Capitole boulangiste, il me
faudra au moins une colonne et demie pour
constater que ce n'est pas du ministère Flo-
quet qu'on peut attendre un tel acte de salut
républicain, et pour déplorer avec beaucoup
de socialistes que la peine de mort ne soit
abolie en matière politique que lorsqu'il ne
s'agit pas de communards.
Or, cette colonne et demie, les autres actua-
lités ne sela disputent-elles pas? Je me repro-
cherais, entre autres, de no pas adresser
mon vivat chaleureux au magistral dis-
cours de Liebknecht, qui, en plein Reichstag-
a qualifié « crime. le vol de l'Alsace-Lor-
raine et demandé le [désarmement européen,
à commencer par l'Allemagne et la France.
Les brutes galonnées et les hobereaux igna-
res qui forment le centre parlementaire sur
les bords de la Sprée ont. grogné ; mais, cou-
rageusement, le député socialiste a dit tout ce
qu'il avait sur le .cœur. Hoch 1 der edle Lieb-
necht, dreimal hoch!
*
* *
J'aurais bien voulu aussi dire un mot des
boucheries municipales, sur lesquelles la dis-
cussion est ouverte au Conseil. Les conseil-
lers socialistes feront bien de veiller, ce me
semble, à ce que le présent ne soit pas sacri-
fié à l'avenir, comme dans le vote sur les bou-
langeries. Voter qu'on créera des établisse-
ments municipaux, c'est parfait; mais limi-
ter, en attendant, par la taxe officielle, les
gains scandaleux prélevés sur la faim publi-
que, ce n'est pas trop mal.
LeConseil municipal m'eut également fourni
la matière d'un article, à propos de l'initia-
tive qu'il a prise en décidant que le peuple
honorerait demain l'acte héroïque d'un dépôt*
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