Titre : L'Attaque : organe socialiste révolutionnaire de la jeunesse / rédacteur en chef Ernest Gegout
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-06-27
Contributeur : Gégout, Ernest (1854-1936). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32706292b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2168 Nombre total de vues : 2168
Description : 27 juin 1888 27 juin 1888
Description : 1888/06/27 (A1,N2)-1888/07/04. 1888/06/27 (A1,N2)-1888/07/04.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62420843
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-40136
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
PREMIÈRE ANNÉE. — N8 2. Paris : 10 Centimes
Du 27 juin au 4 juillet 1888
L'ATTAQUE
Organe Socialiste Révolutioimaire de 1a Jeunesse
PARAISSANT TOUS LES MERCREDIS
ABONNEMENTS
UN AN. r- fr -
Six MOIS 3 FR-
TROIS MOIS t fr. 50
Les Annonces sont traitées à forfait aux bureaux
du Journal
Rédacteur en chef ;
ERNEST GEGOUrr
RÉDACTION & ADMINISTRATION
21, Rue Croix -des -Petite -Champa', Si
Secrétaire de Rédaction : G. PIGOURT
Bos Etudiants à Bologne
Voici comment la Jeunesse instruite,
la Jeunesse qui se prétend sélectée, la
Jeunesse bourgeoise, en un mot, com-
prend et pratique cette fraternité ins-
crite au cœur de tout être de par la
grande Loi Humaine.
J'avais demandé à un jeune étudiant
de me faire la relation des fêtes univer-
sitaires qui viennent d'avoir lieu à Bo-
logne, et auxquelles ont pris par* les
Universités de tous pays.
Je l'ai reçue. J'y croyais trouver l'ex-
pression de confraternité enthousiaste,
la vibrance d'une générosité juvénile-
apanage presque exclusif des cœurs
neufs. — J'ai été cruellement déçu. Les
jeunes d'aujourd'hui, futurs bourgeois
de demain, sont vieux déjà ; ils ne res
sentent plus, ils jouissent ; ils ne com
prennent plus, ils vivent. L'égoïsme,
cette lèpre hideuse qui a tué leur classe,
leur ronge déjà et la cervelle et le cœur.
Ils semblent ne plus pouvoir com-
prendre cette sublime loi philosophique
de par laquelle plus les sentiments élar-
gissent le cercle de leur rayonnement,
plus ils sont élevés et enviables. Loi de
solidarité universelle qui place le senti
ment familial au-dessus du sentiment
individuel, l'idée patriotique au-dessus
de l'idée familiale, les devoirs sociaux
au-dessus des considérations de patrie.
Mon premier mouvement avait été de
retourner à son auteur, ce récit atroce-
ment chauvin. J'ai réfléchi: Il était plus
utile de le servir à ses camarades comme
un document impersonnel, comme un
rendement hideux d'une génération ma-
ladive. Les plaies sociales ne peu-
vent être traitées que mises au vif.
Il en est, et de nombreux, je le sais,
parmi la jeunesse cosmopolitcdesEcoles,
qui protesteront et de la bonne façon, en
propageant plus activement que jamais
les idées internationales qui, seules,
conduiront les Peuples à l'entente et à
la Fraternité universelles.
Je cède la parole à mon correspon-
dant :
« A leur arrivée à Bologne, les Français
< furent accueillis avec un enthousiasme ex-
• traordinaire. Dans la foule sympathique,
« il y avait des camarades que nos compa-
« triotes ne s'attendaient pas à rencontrer :
« C'étaient les étudiants allemands, agitant
« leurs drapeaux et criant : « Vive la
« FI'aflce! » Un salut très froid fut, naturel-
lement, la seule réponse les étudiants fran-
« çais.
< Mais les Allemands ont la tète dure, et il
c leur faut quelque temps avant de sa rendre
< un compte exact des choses : ils continuè-
« rent donc leurs avances, et, au banquet qui
« réunit les étudiants des différentes nations,
« le Président de la délégation teutonne se
« leva, et, s'adressant aux Français, leur
« porta un toast en criant : « Vive la France! >
« Le Président de l'Association des Etudiants
« de Paris leur répondit : « Je vous remercie,
« Messieurs, mais j'ai le regret de ne pou-
« voir crier avec vous : « Vive l'Allemagne! »
« Cette fois les Allemands avaient compris
« et ils cessèrent leurs étranges tentatives de
« réconciliation.
« Maintenant, d'où venaient ces avances,
« que rien du côté des Français ne justi-
« fiait? Les Allemands avaient un but, que
m voici : Au défilé des délégations, les Fran-
< çais et les Allemands avaient été mis sur
« le même rang. Or, les derniers espéraient
« qu'en se montrant aimables envers nos re-
« présentants, ceux-ci ne protesteraient pas.
« Il n'en a pas été ainsi; nos étudiants ont
« énergiquement réclamé la préséance, et
« dans le cortège le drapeau français a pris
« le rang qui lui revenait, c'est-à-dire le
« premier. C'est de cet échec que vient la
« rage des Allemands, et leurs dénégations
concernant les avances inutiles qu'ils ont
« faites.
« Le roi et la reine avaient été charmants
« vis-à-vis de nos délégués. Après un eatre-
« lien fort amical entre Humbert 1er et le
« Président des Etudiants, « ces messieurs »,
« selon l'expression d'un professeur de nos
« facultés, s'étaient cordialement serrés la
< main. Entre autres choses aimables, à no-
« tre adresse, le roi, tenant A effacer certaines
« préventions, avait môme dit que le sang
« versé en commun ne s'oubliait pas et parlé
1 de la sympathie qui unira toujours les deux
« peuples. Le lendemain de la réception, nos
« étudiants commandaient un magnifique
c bouquet aux couleurs françaises qu'ils offri-
« rent à la reine. Eh bien, ces mêmes Alle-
« mands, qui se prétendent tellement escla-
« vas. de la politesse qu'ils se sont crus for-
1 cés de crier : t Vive la France !» sans en
« penser un mol, avaient complètement né-
1 gligé ce petit devoir de galanterie..
N'est-ce pas navrant !
Poussés à des luttes fratricides par des
gouvernants ambitieux, par des politi-
ciens aux abois, par des capitalistes
rapaces, par une classe de jouisseurs
acculés au mur des derniers expédients,
les peuples à toutes les époques, se sont
aveuglément et sans profit, rués les uns
sur les autres, laissant sur chaque siècle
une large et sanglante traînée d'eux-
mêmes ; et, quand certains d'entre eux,
las de ces boucheries périodiques, de
ces saignées populaires par lesquelles
s'écoule la sève la plus féconde des jeunes
générations, oublient toute haine natio-
nale, toute animosité de race, se font,
suivant le vœu de Michelet, les média-
teurs entre classes et peuples, vous,
étudiants français, vous refusez la main
qu'ils vous tendent, vous vous riez de
la fraternelle politesse qu'ils adressent
à vos compatriotes au nom des leurs, et
dénaturez à plaisir leurs plus nobles
élans.
Prenez garde, vous assumez là une
lourde responsabilité devant l'histoire
de la Civilisation. Apprenez donc qu'une
seule haine doit rester vivace au cœur
de tout être pensant : celle du Maître.
Nous haïssons les gouvernants quels
qu'ils soient et où qu'ils soient; mais
nous aimons les Peuples.
Et quand vous, les descendants de
ceux qui exigèrent la décollation do
Capet, vous allez offrir de « magnifi-
ques bouquets > à des reines exotiques,
vous n'avez le droit de réclamer ni l'es-
time des hommes libres, ni la préséance
au cortège des Peuples en voie d'af-
franchissement.
Les étudiants socialistes allemands
ont compris qu'ils ne devaient aucune
galanterie aux tyrans.
Je les approuve.
Ernest GEGOUT.
MOT D'ATTAQUE
Nous, les Révolutionnaires, c'est-à-
dire les ennemis irréconciliables du
mal, nous ne voyons pas la Révolution
sous la forme d'une bonne femme cou-
ronnée, assise majestueusement dans un
fauteuil, entourée de gloire, mais comme
une vague perpétuellement agitée qui,
soulevant sans relâche les flots profonds,
les empêche de se corrompre.
LISSAGARAY.
Après la lutte pour le salut de la
Commune, Louise Michel, la grande
Révolutionnaire, déposa le fusil et reprit
la plume.
Elle chanta merveilleusement, à ses
frères d'exil, avec toute la poésie et la
tendresse d'un cœur de femme, les
multiples impressions de voyage à travers
l'Océan et les souvenirs des rives
lointaines.
D'un nouveau recueil de ses chants —
recueil qui sera publié dans quelques
jours (1) — notre vaillante amie nous
envoie les primeurs.
Au nom de nos lecteurs, nous l'en
remercions vivement. E. G.
DANS LES MERS POLAIRES
La neige tombé, le flot roule,
L'air est glacé, le ciel est noir,
Le vaisseau craque sous la houle,
Et le matin se mêle au soir.
Formant une ronde pesante,
Les marins dansent en chantant;
Comme un orgue (1 la voix tonnant.,
Dans les voiles souffle le vent.
De peur que le froid ne les gagne,
Ils disent au poêle glacé
Un air des landes de Bretagne.
Un vieux bardit du temps passé.
Et le bruit du vent dans les voiles,
Cet air si naïf et si vieux :
La neige, le ciel sans étoiles,
De larmes emplissent les yeux.
Cet air est-il un chant magique,
Pour attendrir ainsi le cœur 1
Non, c'est un souffle d'Armorique
Tout rempli de genêts en fleur.
Et c'est le vent des mers polaires
Tonnant dans les trompes d'airain,
Les nouveaux bardits populaires
De la légende de demain.
SOIR D'ETÊ
Par les beaux soirs d'été t ombre est légère et
[douce;
La brise va chantant, sur ronde et sur la mousse,
o nuit! ô rêve! ô rossignol!
Un souffle chaud emplit la montagne et les plai-
Le voyageur, repose et l'aile des phalènes [net;
Le louche à peine dans son vol.
Le. flot dort sur la rive et l'insecte dans l'herlle;
Le voyageur a mis sa tête sur la gerbe
O calme des mers ! paix des champs!
Dormez, ô prés ! ô bois! dormez, ô vastes onde,!
Dans le ciel, sur la terre, et dans les mers pro-
Nul bruit, ni d'ailes. ni de vents, [fondes;
A cette heure du soir, avec d'dpres haleines
Monte l'odeur du chaume, arraché dans les
Sous l'ardeur du soleil d'été : [plaines;
Au vol capricieux se balance le rêve;
Au hasard il s'en va, comme un chant sur 14
Pressant son vol en liberté. Igrève.
Mais les niaoulis tordus dans la tourmente.
Plus que le chanvre encore ont une odeur puis-
Plus forte et plus douce pourtant, [sante
Pareille aux coudriers chargés pour les abeilles.
Une poudre d'or tombe en milliers de parcelles
Au pied des arbres au tronc blanc.
LOUISE MICUEL.
(1) Edinger, 36, rue de la Montagne-Ste-Genoviève.
Du 27 juin au 4 juillet 1888
L'ATTAQUE
Organe Socialiste Révolutioimaire de 1a Jeunesse
PARAISSANT TOUS LES MERCREDIS
ABONNEMENTS
UN AN. r- fr -
Six MOIS 3 FR-
TROIS MOIS t fr. 50
Les Annonces sont traitées à forfait aux bureaux
du Journal
Rédacteur en chef ;
ERNEST GEGOUrr
RÉDACTION & ADMINISTRATION
21, Rue Croix -des -Petite -Champa', Si
Secrétaire de Rédaction : G. PIGOURT
Bos Etudiants à Bologne
Voici comment la Jeunesse instruite,
la Jeunesse qui se prétend sélectée, la
Jeunesse bourgeoise, en un mot, com-
prend et pratique cette fraternité ins-
crite au cœur de tout être de par la
grande Loi Humaine.
J'avais demandé à un jeune étudiant
de me faire la relation des fêtes univer-
sitaires qui viennent d'avoir lieu à Bo-
logne, et auxquelles ont pris par* les
Universités de tous pays.
Je l'ai reçue. J'y croyais trouver l'ex-
pression de confraternité enthousiaste,
la vibrance d'une générosité juvénile-
apanage presque exclusif des cœurs
neufs. — J'ai été cruellement déçu. Les
jeunes d'aujourd'hui, futurs bourgeois
de demain, sont vieux déjà ; ils ne res
sentent plus, ils jouissent ; ils ne com
prennent plus, ils vivent. L'égoïsme,
cette lèpre hideuse qui a tué leur classe,
leur ronge déjà et la cervelle et le cœur.
Ils semblent ne plus pouvoir com-
prendre cette sublime loi philosophique
de par laquelle plus les sentiments élar-
gissent le cercle de leur rayonnement,
plus ils sont élevés et enviables. Loi de
solidarité universelle qui place le senti
ment familial au-dessus du sentiment
individuel, l'idée patriotique au-dessus
de l'idée familiale, les devoirs sociaux
au-dessus des considérations de patrie.
Mon premier mouvement avait été de
retourner à son auteur, ce récit atroce-
ment chauvin. J'ai réfléchi: Il était plus
utile de le servir à ses camarades comme
un document impersonnel, comme un
rendement hideux d'une génération ma-
ladive. Les plaies sociales ne peu-
vent être traitées que mises au vif.
Il en est, et de nombreux, je le sais,
parmi la jeunesse cosmopolitcdesEcoles,
qui protesteront et de la bonne façon, en
propageant plus activement que jamais
les idées internationales qui, seules,
conduiront les Peuples à l'entente et à
la Fraternité universelles.
Je cède la parole à mon correspon-
dant :
« A leur arrivée à Bologne, les Français
< furent accueillis avec un enthousiasme ex-
• traordinaire. Dans la foule sympathique,
« il y avait des camarades que nos compa-
« triotes ne s'attendaient pas à rencontrer :
« C'étaient les étudiants allemands, agitant
« leurs drapeaux et criant : « Vive la
« FI'aflce! » Un salut très froid fut, naturel-
lement, la seule réponse les étudiants fran-
« çais.
< Mais les Allemands ont la tète dure, et il
c leur faut quelque temps avant de sa rendre
< un compte exact des choses : ils continuè-
« rent donc leurs avances, et, au banquet qui
« réunit les étudiants des différentes nations,
« le Président de la délégation teutonne se
« leva, et, s'adressant aux Français, leur
« porta un toast en criant : « Vive la France! >
« Le Président de l'Association des Etudiants
« de Paris leur répondit : « Je vous remercie,
« Messieurs, mais j'ai le regret de ne pou-
« voir crier avec vous : « Vive l'Allemagne! »
« Cette fois les Allemands avaient compris
« et ils cessèrent leurs étranges tentatives de
« réconciliation.
« Maintenant, d'où venaient ces avances,
« que rien du côté des Français ne justi-
« fiait? Les Allemands avaient un but, que
m voici : Au défilé des délégations, les Fran-
< çais et les Allemands avaient été mis sur
« le même rang. Or, les derniers espéraient
« qu'en se montrant aimables envers nos re-
« présentants, ceux-ci ne protesteraient pas.
« Il n'en a pas été ainsi; nos étudiants ont
« énergiquement réclamé la préséance, et
« dans le cortège le drapeau français a pris
« le rang qui lui revenait, c'est-à-dire le
« premier. C'est de cet échec que vient la
« rage des Allemands, et leurs dénégations
concernant les avances inutiles qu'ils ont
« faites.
« Le roi et la reine avaient été charmants
« vis-à-vis de nos délégués. Après un eatre-
« lien fort amical entre Humbert 1er et le
« Président des Etudiants, « ces messieurs »,
« selon l'expression d'un professeur de nos
« facultés, s'étaient cordialement serrés la
< main. Entre autres choses aimables, à no-
« tre adresse, le roi, tenant A effacer certaines
« préventions, avait môme dit que le sang
« versé en commun ne s'oubliait pas et parlé
1 de la sympathie qui unira toujours les deux
« peuples. Le lendemain de la réception, nos
« étudiants commandaient un magnifique
c bouquet aux couleurs françaises qu'ils offri-
« rent à la reine. Eh bien, ces mêmes Alle-
« mands, qui se prétendent tellement escla-
« vas. de la politesse qu'ils se sont crus for-
1 cés de crier : t Vive la France !» sans en
« penser un mol, avaient complètement né-
1 gligé ce petit devoir de galanterie..
N'est-ce pas navrant !
Poussés à des luttes fratricides par des
gouvernants ambitieux, par des politi-
ciens aux abois, par des capitalistes
rapaces, par une classe de jouisseurs
acculés au mur des derniers expédients,
les peuples à toutes les époques, se sont
aveuglément et sans profit, rués les uns
sur les autres, laissant sur chaque siècle
une large et sanglante traînée d'eux-
mêmes ; et, quand certains d'entre eux,
las de ces boucheries périodiques, de
ces saignées populaires par lesquelles
s'écoule la sève la plus féconde des jeunes
générations, oublient toute haine natio-
nale, toute animosité de race, se font,
suivant le vœu de Michelet, les média-
teurs entre classes et peuples, vous,
étudiants français, vous refusez la main
qu'ils vous tendent, vous vous riez de
la fraternelle politesse qu'ils adressent
à vos compatriotes au nom des leurs, et
dénaturez à plaisir leurs plus nobles
élans.
Prenez garde, vous assumez là une
lourde responsabilité devant l'histoire
de la Civilisation. Apprenez donc qu'une
seule haine doit rester vivace au cœur
de tout être pensant : celle du Maître.
Nous haïssons les gouvernants quels
qu'ils soient et où qu'ils soient; mais
nous aimons les Peuples.
Et quand vous, les descendants de
ceux qui exigèrent la décollation do
Capet, vous allez offrir de « magnifi-
ques bouquets > à des reines exotiques,
vous n'avez le droit de réclamer ni l'es-
time des hommes libres, ni la préséance
au cortège des Peuples en voie d'af-
franchissement.
Les étudiants socialistes allemands
ont compris qu'ils ne devaient aucune
galanterie aux tyrans.
Je les approuve.
Ernest GEGOUT.
MOT D'ATTAQUE
Nous, les Révolutionnaires, c'est-à-
dire les ennemis irréconciliables du
mal, nous ne voyons pas la Révolution
sous la forme d'une bonne femme cou-
ronnée, assise majestueusement dans un
fauteuil, entourée de gloire, mais comme
une vague perpétuellement agitée qui,
soulevant sans relâche les flots profonds,
les empêche de se corrompre.
LISSAGARAY.
Après la lutte pour le salut de la
Commune, Louise Michel, la grande
Révolutionnaire, déposa le fusil et reprit
la plume.
Elle chanta merveilleusement, à ses
frères d'exil, avec toute la poésie et la
tendresse d'un cœur de femme, les
multiples impressions de voyage à travers
l'Océan et les souvenirs des rives
lointaines.
D'un nouveau recueil de ses chants —
recueil qui sera publié dans quelques
jours (1) — notre vaillante amie nous
envoie les primeurs.
Au nom de nos lecteurs, nous l'en
remercions vivement. E. G.
DANS LES MERS POLAIRES
La neige tombé, le flot roule,
L'air est glacé, le ciel est noir,
Le vaisseau craque sous la houle,
Et le matin se mêle au soir.
Formant une ronde pesante,
Les marins dansent en chantant;
Comme un orgue (1 la voix tonnant.,
Dans les voiles souffle le vent.
De peur que le froid ne les gagne,
Ils disent au poêle glacé
Un air des landes de Bretagne.
Un vieux bardit du temps passé.
Et le bruit du vent dans les voiles,
Cet air si naïf et si vieux :
La neige, le ciel sans étoiles,
De larmes emplissent les yeux.
Cet air est-il un chant magique,
Pour attendrir ainsi le cœur 1
Non, c'est un souffle d'Armorique
Tout rempli de genêts en fleur.
Et c'est le vent des mers polaires
Tonnant dans les trompes d'airain,
Les nouveaux bardits populaires
De la légende de demain.
SOIR D'ETÊ
Par les beaux soirs d'été t ombre est légère et
[douce;
La brise va chantant, sur ronde et sur la mousse,
o nuit! ô rêve! ô rossignol!
Un souffle chaud emplit la montagne et les plai-
Le voyageur, repose et l'aile des phalènes [net;
Le louche à peine dans son vol.
Le. flot dort sur la rive et l'insecte dans l'herlle;
Le voyageur a mis sa tête sur la gerbe
O calme des mers ! paix des champs!
Dormez, ô prés ! ô bois! dormez, ô vastes onde,!
Dans le ciel, sur la terre, et dans les mers pro-
Nul bruit, ni d'ailes. ni de vents, [fondes;
A cette heure du soir, avec d'dpres haleines
Monte l'odeur du chaume, arraché dans les
Sous l'ardeur du soleil d'été : [plaines;
Au vol capricieux se balance le rêve;
Au hasard il s'en va, comme un chant sur 14
Pressant son vol en liberté. Igrève.
Mais les niaoulis tordus dans la tourmente.
Plus que le chanvre encore ont une odeur puis-
Plus forte et plus douce pourtant, [sante
Pareille aux coudriers chargés pour les abeilles.
Une poudre d'or tombe en milliers de parcelles
Au pied des arbres au tronc blanc.
LOUISE MICUEL.
(1) Edinger, 36, rue de la Montagne-Ste-Genoviève.
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