LES " POIDS LOURDS " BELGES KAERS ET DEBRUYCKER GAGNENT LES 100 MILLES
I Un impressionnant relais de l'équipe Kaers (à dr.) - Debruycker.-
... et un autre de l'équipe française Diot (à g.)-Fernand Wambst.
L'ÉQUIPE été qui belge Kaers-Debruycker n'a pas encore
été sélectionnée pour les Six Jours de Paris,
qui seront courus du 7 au 13 mars prochain ;
mais les organisateurs ne manqueront cer-
tainement pas de faire appel aux deux champions
belges, après la belle victoire qu'ils ont remportée
dimanche au Vel'd'Hi,,' sur 100 milles à l'améri-
caine. Ils ont en effet battu de grandes équipes qui,
elles, sont d'ores et déjà assurées d'être au départ
des Six Jours : Buysse-Billet, Aimar-Bertocco,
Lapébie-Ignat, Girard-Goujon, Gronewegen-Bovens.
100 milles — 160 km. 900 - - c'est une distance
à laquelle ne sont pas habitués les spécialistes de
la course à l'américaine. C'est pendant trois heures
et demie qu'ils durent s'employer sur la piste du
Vêt' d'Hiv'. La distance a d'ailleurs, au même titre
que l'allure très rapide de la course, été la cause de
quelques abandons. Avec la fatigue grandissante
chez les coureurs, les chutes se firent nombreuses et
décimèrent les concurrents. C'est ainsi que, sur
quinze équipes, onze seulement se retrouvèrent à
l'arrivée.
On aurait pu croire que les « américains », partis
pour courir 160 kilomètres, se réserveraient au début
de la course, et ne produiraient d'efforts véritables
que dans la dernière heure. Or, nous avons assisté
à une grande épreuve, à une bataille qui commença
à la première minute pour ne prendre fin qu'à l'ins-
tant même de l'arrivée. Les coureurs se sont dépensés
sans compter, comme s'il ne s'agissait pour eux que
d'une distance réduite. On peut même dire qu'ils ont
commencé à démarrer, à sprinter dans le but de
prendre un tour de piste à leurs adversaires, beau-
coup plus tôt qu'ils ne font habituellement dans des
courses qui n'ont que 100 kilomètres. Et c'est ainsi
que. dans l'heure, ils ont couvert 47 km. 420, ce qui
est une bonne performance (rappelons que le record
de l'heure à l'américaine, au Vel'd'Hiv\ est de
47 km. 750 par Slaats et Pellenaars).
Les premiers animateurs furent Girard et Goujon,
qui, au bout de 22 kilomètres, avaient un tour
d'avance sur le reste du peloton. Mais la course était
menée à une telle allure, et toutes les équipes mon-
traient un tel désir de gagner que Girard - Goujon
partageaient bientôt leur place de leaders avec
Charles Pélissier-Fournier.
C'est à ce moment que Debruycker s'arrêta, on
ne sait pour quelle raison. Cet arrêt valut deux tours
de retard à l'équipe Kaers-Debruycker, deux tours
qu'ils eurent beaucoup de mal à reprendre par la
suite.
Ainsi, la première moitié de la course vit tour à
tour Girard-Goujon, Pélissier-Fournier à la pre-
mière place, tandis que les Belges Buysse-Billiet et
Kaers-Debruycker, partis plus lentement, étaient
à plusieurs tours des deux équipes françaises.
Mais comme, dans toutes les épreuves de longue
distance, les efforts prématurés se paient, et, après
une heure et demie de course, ce n'étaient plus
Girard-Goujon qui se trouvaient en tête. Ils avaient
cédé devant les démarrages incessants des deux
régionaux, Aimar et Bertocco, suivis de très près
par Charles Pélissier-Fournier. Pendant que s'opé-
raient ces changements dans les équipes de tête,
Kaers et Debruycker avaient réussi à combler une
grande partie de leur retard et ils n'étaient bientôt
plus qu'à un tour des leaders, en compagnie des
LES ATHLÉTIQUES DEBRUYCKER (à g.) ET
KAERS, fleuris après leur victoire.
Hollandais Groenenegen-Boyens et de l'équipe Diot-
Femand Wambst.
Aimar et Bertocco résistèrent du mieux qu'ils
purent aux démarrages successifs de Kaers, de Billiet,
de Diot, de Foumicr, mais Diot et Wambst s'ins-
tallèrent avec eux en tête du classement. Kaers
et Debruycker n'étaient plus qu'à un tour.
C'est alors que les Italiens Romanetti et Introzzi,
qui ne s'étaient guère mis en valeur, abandonnèrent
la course, bientôt suivis par Pélissier et Fournier,
ce dernier ayant été victime d'une chute malencon-
treuse.
Aimar et Bertocco faiblissaient à leur tour; ils
rétrogradaient, laissant seuls en tête Diot - Fernand
Wambst. En trois heures, les coureurs avaient cou-
vert 138 kilomètres et les équipes se plaçaient pour
l'effort final.
Le moment était venu pour Kaers de chercher à
gagner la course. Au prix d'un démarrage dont il a
le secret, il rejoignit Diot-Wambst. Un nouveau
démarrage, mais de Debruycker, assura la première
place à l'équipe belge, et un tour d'avance sur
Diot et Wambst.
La course était virtuellement terminée. En dépit
des efforts de Diot, de Buysse et Billiet, de Lapébie-
Ignat, qui terminèrent " brillamment. Kaers et
Ilebruyckère conservèrent leur place. Mieux même,
Kaers gagna le dernier sprint sur la ligne d'arrivée.
o o o
La formule des 100 milles a plu aux spectateurs,
venus au Vel' d'Hiv' presque aussi nombreux
qu'aux plus belles soirées des Six Jours, et qui
créèrent cette ambiance nécessaire aux grandes mani-
festations de cyclisme sur piste. Mais, avant de faire
de l'américaine de 100 milles une épreuve classique,
il faudra tenter une autre expérience et qu'elle soit
concluante.
Dimanche, les coureurs ont lutté de bout en bout,
et c'est leur belle activité qui a maintenu l'intérêt
du spectacle pendant trois heures et demi. Que
serait-il advenu si les équipes n'avaient pas aussi
loyalement couru, ou si, plus simplement, elles
n'avaient pas toutes été capables de tenir une aussi
longue distance? En pareil cas, la formple des
100 milles eût fait faillite.
FKRNAND LEGOUGE.
Classement
1. Kaers-Debruycker, les 100 milles en 3 h. 29'
41*1/5 ; 2. Diot-F. Wamhst. à 1 tour; 3. Buysse-
Billiet. à 2 tours ; 4. R. Lapébie-Ignat ; 5. Grœne-
wegen-Boyens, à 3 tours ; 6. Girard-Goujon ; 7.
Aimar-Bertocco, à 4 tours ; 8. Falk Hansen-Grund-
hall Hansen et A. Sérès-G. Sérès, à 5 tours ; 10.
Bouchard-Giliberti, à 6 tours : n. Samyn-Wengler,
à 9 tours. *
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