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- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Septième année
- 1932
- N os Pages
- ARCHITECTURE
- .......... Page(s) .......... 69
- Projet pour la construction du Palais des Soviets, architectes: Le Corbusier et Pierre Jeanneret 1-2.......... Page(s) .......... 74
- .......... Page(s) .......... 289
- La Cité Hospitalière de Lille, architecte Paul Nelson
- ART FRANÇAIS
- .......... Page(s) .......... 29
- La peinture française moderne à l'Institut des Beaux Arts de Chicago, par James Johnson Sweeney 8-10.......... Page(s) .......... 334
- ART IRLANDAIS
- .......... Page(s) .......... 243
- ART MINOEN
- .......... Page(s) .......... 271
- CANON (Du)
- .......... Page(s) .......... 343
- CHORÉGRAPHIE
- .......... Page(s) .......... 286
- .......... Page(s) .......... 288
- .......... Page(s) .......... 288
- ART DU BÉNIN
- .......... Page(s) .......... 197
- .......... Page(s) .......... 204
- .......... Page(s) .......... 209
- BRAQUE
- .......... Page(s) .......... 13
- DADA
- L'Esprit Dada dans la peinture, par Georges Hugnet:
- .......... Page(s) .......... 57
- .......... Page(s) .......... 281
- .......... Page(s) .......... 358
- FILM
- .......... Page(s) .......... 277
- GIACOMETTI
- .......... Page(s) .......... 337
- LAURENS HENRI
- .......... Page(s) .......... 51
- LÉGER FERNAND
- .......... Page(s) .......... 264
- LIPCHITZ JACQUES
- .......... Page(s) .......... 252
- MANET
- .......... Page(s) .......... 296
- .......... Page(s) .......... 309
- MASSON ANDRÉ
- .......... Page(s) .......... 232
- MAN RAY
- .......... Page(s) .......... 355
- MUSÉES D'ART
- .......... Page(s) .......... 365
- PICASSO
- .......... Page(s) .......... 85
- .......... Page(s) .......... 96
- .......... Page(s) .......... 101
- .......... Page(s) .......... 105
- .......... Page(s) .......... 106
- .......... Page(s) .......... 107
- .......... Page(s) .......... 150
- .......... Page(s) .......... 154
- .......... Page(s) .......... 155
- .......... Page(s) .......... 160
- .......... Page(s) .......... 166
- .......... Page(s) .......... 168
- .......... Page(s) .......... 171
- .......... Page(s) .......... 177
- .......... Page(s) .......... 179
- .......... Page(s) .......... 96
- .......... Page(s) .......... 104
- .......... Page(s) .......... 108
- .......... Page(s) .......... 117
- .......... Page(s) .......... 120
- .......... Page(s) .......... 124
- .......... Page(s) .......... 128
- .......... Page(s) .......... 133
- .......... Page(s) .......... 141
- .......... Page(s) .......... 152
- .......... Page(s) .......... 156
- .......... Page(s) .......... 184
- .......... Page(s) .......... 193
- .......... Page(s) .......... 352
- .......... Page(s) .......... 9
- ROUAULT GEORGES
- .......... Page(s) .......... 67
- SCULPTURE (La) EN PIERRE DE L'EST DE LA STEPPE EURASIQUE
- .......... Page(s) .......... 45
- SCULPTURE (La) DE LA STEPPE EURASIQUE OCCIDENTALE
- .......... Page(s) .......... 259
- .......... Page(s) .......... 78
- .......... Page(s) .......... 82
L'ESPRIT IIAIIA
1K\1\S LA PEINTURE
1. — ZURICH & \i:if YORK
Dada n'a pas d'âge. S'il a un visage, il le perd secrète-
ment et le retrouve sans métamorphose. Il n'a pas de
parents de pauvres, il est seul, il ne fait aucune distinction
entre ce qui est et ce qui n'est pas. Il marche avec ce
contre quoi il lutte. Il approuve en niant, il se nie et reprend
sa force dans sa négation niée. Il vous attaque de face,
en traître. Il ne parle pas. Il est toujours là et sous chaque
parole. Il mine les institutions. Dada tout à coup parle
abondamment et c'est un silence qui dure, qui dure tant
que soudain et progressivement, les sons ne sont plus des
mots et qu'il y a dans le matin une nouvelle pensée sans
confusion et qui n'attend rien. Une pensée de caverne,
un signe qui se déroule, un symbole où l'expérience n'a
pas de passé. Dada se révolte contre lui-même, il se détruit
à plaisir, il voit rouge et son désespoir est sans génie. Il
n'y a pas d'espoir, tout s'identifie, il n'y a plus de degré
dans le bien et dans le mal, il y a une conscience.
Dada est un état d'esprit.
Dada est une constatation et comme une constatation
il est aussi irrémédiable que ridicule. Il n'a d'autre notion
que de lui-même.
Dada n'a une histoire que parce qu'on veut bien y
croire, parce qu'il a mis un chapeau sur un col en celluloïd
et qu'il s'est assis à côté de chacun de nous, inconnu,
méconnu, à qui nous disions bonjour depuis le commence-
ment du monde comme à un inséparable.
NUL N'EST CENSÉ IGNORER DADA
Comme si, un jour, un lundi par exemple, le Bébé Cadum
était descendu dans la rue pour vous bousculer dans
l'autobus, Tristan Tzara a donné un nom à ce malaise
délicieux : Dada.
Dada est né de ce qu'il haïssait. Il a eu du mal à s'éclaircir
la voix. Sur le moment, la plupart ont cru que c'était un
mouvement artistico-littéraire ou un mal du siècle.
Dada n'est pas un mal du siècle, mais le mal du monde.
Dada se moque de l'art et de la littérature, et vous croyez
qu'il plaisante.
A Zurich, en 1916, Hugo Bail fonde un cabaret littéraire :
Le Cabaret Voltaire, où Dada se manifeste dans une confu-
sion telle qu'il a du mal à se distinguer de ce qui est son
ennemi héréditaire : l'Art, et qu'il évolue sur le plan du
cubisme et du futurisme. Mais Dada profite de la confusion,
il profite aussi de ce qui fermente dans Zurich qui abrite
des déserteurs, des anarchistes et des révolutionnaires.
Tous ceux qui se sont réfugiés à Zurich n'ont pas très bien
c onscience de ce qui se passe en eux, de cette force qui
chez certains prend de la consistance et va éclater. Tout
pourrit et tout n'a plus qu'une apparence, qui devient
sordide. Sous les portes filtre une odeur de latrines.
Arp, Van Rees et Mme Van Rees, qui avaient exposé
ensemble, en 1915, accrochent leurs œuvres aux murs
du Cabaret Voltaire, à côté de celles de Picasso, Eggeling,
Segal, Janco, Marinetti... Le 8 février 1916, par l'intermé-
diaire d'un coupe papier, le nouvel esprit trouve au hasard
d'un dictionnaire le nom de ce qui se passe en lui : Dada.
Et une soirée Dada est organisée avec un allemand, Richard
Huelsenbeck, qui arrive de Berlin.
En vue de tenir nos abonnés au courant de toutes les tendances qui se
sont partagés la peinture depuis Cézanne jusqu'à nos jours, comme nous
l'avons déjà fait pour le fauvisme, nous publions une série d'articles sur
le Mouvement Dada qui a joué depuis 1917 un rôle important.
COUVERTURE DES NUMÉROS 4 ET 5 DE LA REVUE DADA. COLLAGE
DE ARP, 1919. -
Dada ne cherche alors qu'à être subversif et en 1916 le
subversif c'est le modernisme : cubisme, futurisme, musique
nègre, tout ce qui exaspère le monde. Or Dada n'est pas
moderne, et encore moins moderniste, Dada est actuel,
de là son activité posthume.
La première publication Dada, ou plutôt dans laquelle
apparaît ce nom : Dada, sort de l'imprimerie Heuberger
et prend pour titre le nom du cabaret. Le Cabaret Voltaire
réunit Apollinaire, Picasso, Modigliani, Arp, Tzara,
van Hoddis, Huelsenbeck, Kandinsky, Marinetti, Can-
giullo, van Rees, Slodky, Bail, Hennings, Janco, Cendrars.
Le Cabaret Voltaire adopte le sous-titre de Recueil artistique
et littéraire et Dada est contre l'art.
Pendant un an ont lieu plusieurs soirées au cours desquelles
Dada se précise : les récitations de Apollinaire, Max Jacob,
Salmon, Laforgue, Jarry et Rimbaud sont remplacées
par des manifestes, par des poèmes faits avec des sons,
par des poëmes simultanéistes, qui sont des prétextes
pour dégager des fanfreluches artistiques, Dada. Les
expositions groupent toujours sous le signe de Dada des
peintres qui n'ont rien à voir avec ce qu'est Dada déjà
pour certains comme Richard Huelsenbeck et surtout Arp
et Tzara.
La collection Dada est fondée et publie deux livres :
la première aventure céleste de m. antipyrine, de Tristan
Tzara, illustré par Janco, et phantastische gebete, de
Richard Huelsenbeck, illustré par Arp.
Dans son premier livre, paru le 28 juillet 1916, Tzara écrit :
« Dada est notre intensité... Dada est l'art sans pantoufles
ni parallèles; qui est contre et pour l'unité et décidément
contre le futur; nous savons sagement que nos cerveaux devien-
dront des coussins douillets, que notre antidogmatisme est
aussi exclusiviste que le fonctionnaire, que nous ne sommes
pas libres et que nous crions liberté Nécessité sévère sans
discipline ni morale et crachons sur l'humanité. Dada reste
dans le cadre européen des faiblesses...
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1K\1\S LA PEINTURE
1. — ZURICH & \i:if YORK
Dada n'a pas d'âge. S'il a un visage, il le perd secrète-
ment et le retrouve sans métamorphose. Il n'a pas de
parents de pauvres, il est seul, il ne fait aucune distinction
entre ce qui est et ce qui n'est pas. Il marche avec ce
contre quoi il lutte. Il approuve en niant, il se nie et reprend
sa force dans sa négation niée. Il vous attaque de face,
en traître. Il ne parle pas. Il est toujours là et sous chaque
parole. Il mine les institutions. Dada tout à coup parle
abondamment et c'est un silence qui dure, qui dure tant
que soudain et progressivement, les sons ne sont plus des
mots et qu'il y a dans le matin une nouvelle pensée sans
confusion et qui n'attend rien. Une pensée de caverne,
un signe qui se déroule, un symbole où l'expérience n'a
pas de passé. Dada se révolte contre lui-même, il se détruit
à plaisir, il voit rouge et son désespoir est sans génie. Il
n'y a pas d'espoir, tout s'identifie, il n'y a plus de degré
dans le bien et dans le mal, il y a une conscience.
Dada est un état d'esprit.
Dada est une constatation et comme une constatation
il est aussi irrémédiable que ridicule. Il n'a d'autre notion
que de lui-même.
Dada n'a une histoire que parce qu'on veut bien y
croire, parce qu'il a mis un chapeau sur un col en celluloïd
et qu'il s'est assis à côté de chacun de nous, inconnu,
méconnu, à qui nous disions bonjour depuis le commence-
ment du monde comme à un inséparable.
NUL N'EST CENSÉ IGNORER DADA
Comme si, un jour, un lundi par exemple, le Bébé Cadum
était descendu dans la rue pour vous bousculer dans
l'autobus, Tristan Tzara a donné un nom à ce malaise
délicieux : Dada.
Dada est né de ce qu'il haïssait. Il a eu du mal à s'éclaircir
la voix. Sur le moment, la plupart ont cru que c'était un
mouvement artistico-littéraire ou un mal du siècle.
Dada n'est pas un mal du siècle, mais le mal du monde.
Dada se moque de l'art et de la littérature, et vous croyez
qu'il plaisante.
A Zurich, en 1916, Hugo Bail fonde un cabaret littéraire :
Le Cabaret Voltaire, où Dada se manifeste dans une confu-
sion telle qu'il a du mal à se distinguer de ce qui est son
ennemi héréditaire : l'Art, et qu'il évolue sur le plan du
cubisme et du futurisme. Mais Dada profite de la confusion,
il profite aussi de ce qui fermente dans Zurich qui abrite
des déserteurs, des anarchistes et des révolutionnaires.
Tous ceux qui se sont réfugiés à Zurich n'ont pas très bien
c onscience de ce qui se passe en eux, de cette force qui
chez certains prend de la consistance et va éclater. Tout
pourrit et tout n'a plus qu'une apparence, qui devient
sordide. Sous les portes filtre une odeur de latrines.
Arp, Van Rees et Mme Van Rees, qui avaient exposé
ensemble, en 1915, accrochent leurs œuvres aux murs
du Cabaret Voltaire, à côté de celles de Picasso, Eggeling,
Segal, Janco, Marinetti... Le 8 février 1916, par l'intermé-
diaire d'un coupe papier, le nouvel esprit trouve au hasard
d'un dictionnaire le nom de ce qui se passe en lui : Dada.
Et une soirée Dada est organisée avec un allemand, Richard
Huelsenbeck, qui arrive de Berlin.
En vue de tenir nos abonnés au courant de toutes les tendances qui se
sont partagés la peinture depuis Cézanne jusqu'à nos jours, comme nous
l'avons déjà fait pour le fauvisme, nous publions une série d'articles sur
le Mouvement Dada qui a joué depuis 1917 un rôle important.
COUVERTURE DES NUMÉROS 4 ET 5 DE LA REVUE DADA. COLLAGE
DE ARP, 1919. -
Dada ne cherche alors qu'à être subversif et en 1916 le
subversif c'est le modernisme : cubisme, futurisme, musique
nègre, tout ce qui exaspère le monde. Or Dada n'est pas
moderne, et encore moins moderniste, Dada est actuel,
de là son activité posthume.
La première publication Dada, ou plutôt dans laquelle
apparaît ce nom : Dada, sort de l'imprimerie Heuberger
et prend pour titre le nom du cabaret. Le Cabaret Voltaire
réunit Apollinaire, Picasso, Modigliani, Arp, Tzara,
van Hoddis, Huelsenbeck, Kandinsky, Marinetti, Can-
giullo, van Rees, Slodky, Bail, Hennings, Janco, Cendrars.
Le Cabaret Voltaire adopte le sous-titre de Recueil artistique
et littéraire et Dada est contre l'art.
Pendant un an ont lieu plusieurs soirées au cours desquelles
Dada se précise : les récitations de Apollinaire, Max Jacob,
Salmon, Laforgue, Jarry et Rimbaud sont remplacées
par des manifestes, par des poèmes faits avec des sons,
par des poëmes simultanéistes, qui sont des prétextes
pour dégager des fanfreluches artistiques, Dada. Les
expositions groupent toujours sous le signe de Dada des
peintres qui n'ont rien à voir avec ce qu'est Dada déjà
pour certains comme Richard Huelsenbeck et surtout Arp
et Tzara.
La collection Dada est fondée et publie deux livres :
la première aventure céleste de m. antipyrine, de Tristan
Tzara, illustré par Janco, et phantastische gebete, de
Richard Huelsenbeck, illustré par Arp.
Dans son premier livre, paru le 28 juillet 1916, Tzara écrit :
« Dada est notre intensité... Dada est l'art sans pantoufles
ni parallèles; qui est contre et pour l'unité et décidément
contre le futur; nous savons sagement que nos cerveaux devien-
dront des coussins douillets, que notre antidogmatisme est
aussi exclusiviste que le fonctionnaire, que nous ne sommes
pas libres et que nous crions liberté Nécessité sévère sans
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