Titre : Le Miroir des sports
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1943-06-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb45254553g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 juin 1943 15 juin 1943
Description : 1943/06/15 (N100). 1943/06/15 (N100).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9796357p
Source : INSEP (Institut National du Sport de l'Expertise et de la Performance), 2013-54014
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
LE TOUR CYCLISTE DE CLICHY, patronné par Le Petit Parisien et organisé par le Club Olympique de Clichy, a été
gagné dimanche matin par l'athlétique Lucien Verdier (Jeunesses Populaires Sportives), battant de plusieurs longueurs,
à l 'enlevage un groupe de coureurs. Beyaert se classa 2e. La distance était de 100 kilomètres. On voit ci-dessus, de g.
à dr., un virage place de la République ; l'arrivée victorieuse de Verdier ; le vainqueur (à gauche) et Beyaert.
Entre eux, le maire de Clichy, M. Caldaguès.
Gabriel GAUDIN
Qc l, dans le grand public, connaissait
Gabriel Gaudin avant sa retentis-
sante victoire dans Paris-Tours ?
Quelques fanatiques, suivant de près
les moindres événements du sport cycliste,
avaient pu voir, ces dernières années, figurer
assez souvent son nom parmi les résultats
- régionaux » ; les spectateurs assidus du
Vel'd'Hiv' n'avaient pas été non plus sans
remarquer cet hiver, en deux ou trois occa-
sions, la silhouette fort caractéristique (buste
très long, jambes courtes et bien modelées)
de ce jeune provincial venu tenter sa chance
à Paris... Mais pour la plupart des sportifs,
Gaudin était un parfait inconnu et son suc-
m dans une épreuve aussi importante que
Paris-Tours fut réellement une très grande
surprise.
Bien sûr, Gaudin a bénéficié, dans celle
eourse, de circonstances très particulières et
singulièrement favorables pour lui : la plu-
part des vedettes furent éliminées ou retar-
dées par des incidents matériels et l'échappée
it laquelle il participait réussit contre toute
attente. et toute logiqete. Mais le.résultat
est là, et il est bien certain que ce n'est
jamais tout ei fait par hasard que l'on enlève
une compétition de l'envergure de Paris-
Tours. Gabriel Gaudin est incontestable-
ment un coureur cycliste de qualité : il est
surtout très rapide, plus rapide peut-être
que faut Maye, GllY Lapébie, Caput et
Blum (on attend avec curiosité une confron-
tation sérieuse entre ces « finisseurs » répu-
tés) ; enfin, il a pu acquérir, dans le cadre
« régional - tout au moins, une solide expé-
rience de routier qui lui a donné confiance
et aitiorité.
o o o
Quand Gabriel Gaudin — cédant aux
instances de nombreux conseilleurs — se
décida, au début de l'année 1943, « venir
tenter fortune à Paris. il possédait donc un
bagage bien fourni. Ce n'était pas le ~timide
provincial, mal équipé et d'une touchante
maladresse,. perdu d'avance dans le tour-
billon de la capitale, mais un gai liant
habitué au succès, plein d'assurance et de
confiance... C'est pourquoi Gaullin a l'u,
sans aucune transition, passer de l'état de
coureur régional à celui de vedette nationale
et même internationale. Incorporé dans une
équipe jeune et sympathique, celle des
" lionceaux - de Camille Sarcy, il s'est
adapté tout de suite, car son fructueux
apprentissage local avait préparé tout natu-
rellement son avènement dans la catégorie
. -. des champions. Acheminement logique et,
aussi, nouvelle et probante constatation :
pour s'imposer et réussir, un régional doit
obligatoirement venir Ii Paris, quitte à con-
sentir pour cela de rudes sacrifices de toutes
sortes !
SUR LA PISTE, Gaudin à vraiment l'allure d'un sprinter. Voyez comme la
musculature des bras et des jambes se détache nettement !
Gabriel Gaudin a. on peut le dire, été
« poussé » presque malgré lui vers la noto-
riété... Dès 1939, il était considéré comme
l'un des « caïds - de la région de l'Ouest et il
aurait pu (léjà venir s'essayer dans la capi-
tale. Seulement, il se trouvait bien dans son
coin ; il avait petite gloire, mais substantiels
profils et il hésita longtemps à quitter le sûr
pour l'incertain... Gaudin démettra ' ré-
gional » jusqu'à la fin de 1942, et, peut-être,
sa carrière de vedelle se trouva-t-elle ainsi
retardée de plusieurs années.
Le mal n'est d'ailleurs pas très grave, car
notre « espoir » est encore un vrai jeune.
En effet, il n'a même pas vingt-trois ans
étant né le 24 août 1919, aux Epesses, un
petit bourg de trois cents habitants, situé en
pleine Vendée, sur les bords de la Sèvre
Nantaise, non loin de Cholet et du fameux
Mont-des-Alouettes. Les parents et grands-
parents étaient Vendéens eux aussi et
Gabriel Gandin (1 m. 69 et 68 kilos, visage
mince et futé, yeux rieurs) est donc un pur
produit du sol des Chouans.
ooo
Le père travaillait dans une des nom-
breuses filatures de la région et Gabriel, ses
études primaires terminées, fut également
installé devant un « métier -... Comme
grande distraction, le dimanche, il y avait le
vélo et vous devinez aisément la filière : on
fait des randonnées dans la campagne voi-
sine, on s'aperçoit que les camarades tirent
la langue derrière vous, on trouve un ami
qui vous conseille vivement d'essayer de faire
des courses... En Vendée comme en Bre-
tagne, il existe beaucoup de « kermesses -
et de « pardons - Oii il n'est pas besoin de
licences, de papiers, d'autorisations... et de
costumes spéciaux. Sur un solide vélo à
pneus, Gabriel Gaudin débute en 19,36 et,
après avoir gagné plusieurs courses de fêtes,
décide de persévérer dans le sport cycliste.
En 1937, il entre au Véloce Club Chole-
tais et s'engage dans de « vraies » courses,
sans s'arrêter toutefois au Premier Pas
Dunlop, fait assez exceptionnel pour mériter
la notation. Beaucoup de victoires, surtout
au sprint...
En 1938, Gabriel Gaudin, devenu une
vedette locale (voyez avec quelle rapidité !)
accumule succès sur succès locaux et devient
fort justement champion départemental sur
route... et de vitesse. Il aborde les épreuves
plus importantes en sortant de son pays et
est 1er de Poitiers-Angoulême (devant
Bourlott), 2e du Grand Prix de la ville de
Thouars, 2" du Circuit de Saules (derrière
Albert Goutal). Bref, à la fin de la saison,
on le juge assez « costaud » pour mériter une
licence d'aspirant. Et il n'a que dix-neuf
ans !
L'année 1939 est encore plus brillante :
24 places de premier! De quoi décourager les
autres pédaleurs de la région !
La guerre : mobilisation et séjour sans
histoire au 18, R. à Pau ; retour aux
Epesses après l'exode, juste à temps pour
gagner les championnats départementaux,
route et piste.
1941 et 1942 : les championnats dépar-
tementaux bien entendu (Gaudin monopo-
lisa les titres quatre années de suite) et une
invraisemblable collection de victoires dans
les circuits routiers el sur les vélodromes
(42 succès en 1942).
0 0 0
Sur route, il est considéré comme le grand
caïd ' de toute la région de l'Ouest et, sur
piste, sa notoriété n'est pas moins grande.
A telle enseigne que Lucien Michard, qui
le voit plusieurs fois à Cholet, lui conseille
très vivement de se consacrer à la vitesse pure.
Gabriel Gaudin reçoit bien d'autres avis :
Gélot, l'ancien « flic volant » du Tour de
France, retiré à L'Hermenault, le pousse ti-
« monter » it Paris ; des coureurs parisiens,
qu'il a l'occasion de rencontrer... et de battre
dans son pays, l'engagent également à partir
tenter sa chance ; enfin, l'énergique Lou-
viot, séduit par ce brillant régional qu'il
voit évoluer un jour aux Sables-d'Olonne,
décide de s'occuper sérieusement de lui... Il
en parle au manager Mouton et au directeur
des vélodromes parisiens Delblat et Galldin.
après un premier essai au Parc des Princes
(où il courut le kilomètre en l' 10" 2/S) est
« invité » à participer à plusieurs réunions
du Vel' d Hiv. Notre Vendéen va s'intaller
fi Seuilly-Plaisance chez son « protecteur »
Louviot et, malgré son inexpérience de la
piste de Grenelle, fait très bonne impression
en poursuite, en omnium et en américaine.
000
On le pousse à demeurer sur la piste. Mais
Gaudin préfère la route et il retourne aux
Epesses pour se préparer. Il revient à Paris
au début d'avril pour participer, sous les
couleurs de Peugeot, au Critérium National,
sa première grande course... Il crève malen-
contreusement au bout de quelques dizaines
de kilomètres, mais n'est nullement décou-
ragé. Il va ensuite au Grand Prix de Nantes,
mais le froid lui donne des crampes et lui,
le sprinter, est huitième du paquet de tête
de huit coureurs !... Dans Paris-Reims, il
pense avoir une magnifique occasion de
placer sa pointe finale... et de gagner, mais
if quelques kilomètres de l'arrivée, une
branche d'arbre vient se loger insidieusement
dans sa roue arrière ; il veut la retirer en
continuant (L rouler... et il réussit simple-
ment à faire sauter sa chaîne ; il parvient
quand même, à rejoindre le peloton juste
à l'entrée du vélodrome, pénètre sur la piste
en dernière position du peloton de vingt-trois.
et, après un effort méritoire, remonte 'quan-
tité de concurrents pour venir terminer fi
ta neuvième place..
O O O ^
Dans Paris-Tours, Gaudin aimit envie
de faire « quelque chose » puisque l'on disait
partout que c'était 1(1 course des sprinters.
Aussi, après Châteandun, quand il voit
démarrer Hendrickx et Denhez, il n'hésite
pas à se lancer à leurs trousses en même
temps que Dunneels, Ach. Buysse, Grauss
et lJeclerq.
— On parlera un peu fte moi, se dit-il
sans autre ambition.
Mais après Amboise et le « ntur » de
Btéré (qui ne l'impressionne pas le moins
du monder, notre Vendéen commence à
raisonner d'une tout autre riiinière. Il se
LE VENDÉEN Gabriel Gaudin en |
tenue de route Remarquez la Ion- I
gueur exceptionnelle de son buste. K
Photos ' ' Miroir des Sports ' ' 1
sent encore très frais, très fort, et il a con-
fiance dans l'efficacité de son sprint. Le
fameux Danneels lui-même ne lui fait pas
peur ! Quand Danneels se trouve en diffi-
culté avec son pneu arrière dégonflé, le
merveilleux espoir de Gaudin se transforme
en une certitude absolue : si une crevaison
ne l'arrête pas... ou si une branche ne se
prend pas dans ses rayons, il va gagner
Paris-Tours 1 .
C'est, en effet, avec une magnifique assu-
rancei une impressionnante autorité que
notre jeune aspirant conduit... et gagne
le sprint sur le vélodrome de la Barrière de
Grammont.
ooo
Voilà maintenant le régional Gabriel
Gaudin en passe d'être promu au rang
de grande vedette nationale... Il lui reste
encore, bien entendu, à confirmer ce premier
- et retentissant succès. Mais nous avons
tout lieu de penser que le rapide Vendéen.
athlète de race certaine, possède les vertus
nécessaires pour se tailler promptement une
belle place parmi les meilleurs routiers de
notre pays.
C'est d'ailleurs son opinion, qu'il nous
sert toute nette et toute franche :
— Pourquoi pas ? Vos champions de
Paris ne m'ont pas tellement épaté, sauf
Idée tout de même... Je suis solide et résis-
tant, j'ai une très bonne santé ^— jamais
on ne m'a vu malade —, je grimpe bien
et je vais vite au sprint... si la malchance
ne s'en mêle pas, je dois donc pouvoir faire
mon chemin... Allez, il y en a, chez nous
et ailleurs, des provinciaux qui marchent !
Il suffirait parfois de les aider un tout petit
peu, de les pousser. de les encotirager...
Tenez. j'ai mon frère .Jean qui a un an
et demi de plus que moi et est actuelle-
ment prisonnier ; eh bien, il aurait été
sûrement plus fort (lue moi...
Tout à fait d'accord, en ce qui concerne
la valeur de la « pépin ière » provinciale, avec
le Vendéen Gabriel Gaudin dont nous espé-
rons bien avoir à célébrer encore les méritas
et qui fait preuve, en tout ras, d'un bien
bel optimisme : H. II.
t|
gagné dimanche matin par l'athlétique Lucien Verdier (Jeunesses Populaires Sportives), battant de plusieurs longueurs,
à l 'enlevage un groupe de coureurs. Beyaert se classa 2e. La distance était de 100 kilomètres. On voit ci-dessus, de g.
à dr., un virage place de la République ; l'arrivée victorieuse de Verdier ; le vainqueur (à gauche) et Beyaert.
Entre eux, le maire de Clichy, M. Caldaguès.
Gabriel GAUDIN
Qc l, dans le grand public, connaissait
Gabriel Gaudin avant sa retentis-
sante victoire dans Paris-Tours ?
Quelques fanatiques, suivant de près
les moindres événements du sport cycliste,
avaient pu voir, ces dernières années, figurer
assez souvent son nom parmi les résultats
- régionaux » ; les spectateurs assidus du
Vel'd'Hiv' n'avaient pas été non plus sans
remarquer cet hiver, en deux ou trois occa-
sions, la silhouette fort caractéristique (buste
très long, jambes courtes et bien modelées)
de ce jeune provincial venu tenter sa chance
à Paris... Mais pour la plupart des sportifs,
Gaudin était un parfait inconnu et son suc-
m dans une épreuve aussi importante que
Paris-Tours fut réellement une très grande
surprise.
Bien sûr, Gaudin a bénéficié, dans celle
eourse, de circonstances très particulières et
singulièrement favorables pour lui : la plu-
part des vedettes furent éliminées ou retar-
dées par des incidents matériels et l'échappée
it laquelle il participait réussit contre toute
attente. et toute logiqete. Mais le.résultat
est là, et il est bien certain que ce n'est
jamais tout ei fait par hasard que l'on enlève
une compétition de l'envergure de Paris-
Tours. Gabriel Gaudin est incontestable-
ment un coureur cycliste de qualité : il est
surtout très rapide, plus rapide peut-être
que faut Maye, GllY Lapébie, Caput et
Blum (on attend avec curiosité une confron-
tation sérieuse entre ces « finisseurs » répu-
tés) ; enfin, il a pu acquérir, dans le cadre
« régional - tout au moins, une solide expé-
rience de routier qui lui a donné confiance
et aitiorité.
o o o
Quand Gabriel Gaudin — cédant aux
instances de nombreux conseilleurs — se
décida, au début de l'année 1943, « venir
tenter fortune à Paris. il possédait donc un
bagage bien fourni. Ce n'était pas le ~timide
provincial, mal équipé et d'une touchante
maladresse,. perdu d'avance dans le tour-
billon de la capitale, mais un gai liant
habitué au succès, plein d'assurance et de
confiance... C'est pourquoi Gaullin a l'u,
sans aucune transition, passer de l'état de
coureur régional à celui de vedette nationale
et même internationale. Incorporé dans une
équipe jeune et sympathique, celle des
" lionceaux - de Camille Sarcy, il s'est
adapté tout de suite, car son fructueux
apprentissage local avait préparé tout natu-
rellement son avènement dans la catégorie
. -. des champions. Acheminement logique et,
aussi, nouvelle et probante constatation :
pour s'imposer et réussir, un régional doit
obligatoirement venir Ii Paris, quitte à con-
sentir pour cela de rudes sacrifices de toutes
sortes !
SUR LA PISTE, Gaudin à vraiment l'allure d'un sprinter. Voyez comme la
musculature des bras et des jambes se détache nettement !
Gabriel Gaudin a. on peut le dire, été
« poussé » presque malgré lui vers la noto-
riété... Dès 1939, il était considéré comme
l'un des « caïds - de la région de l'Ouest et il
aurait pu (léjà venir s'essayer dans la capi-
tale. Seulement, il se trouvait bien dans son
coin ; il avait petite gloire, mais substantiels
profils et il hésita longtemps à quitter le sûr
pour l'incertain... Gaudin démettra ' ré-
gional » jusqu'à la fin de 1942, et, peut-être,
sa carrière de vedelle se trouva-t-elle ainsi
retardée de plusieurs années.
Le mal n'est d'ailleurs pas très grave, car
notre « espoir » est encore un vrai jeune.
En effet, il n'a même pas vingt-trois ans
étant né le 24 août 1919, aux Epesses, un
petit bourg de trois cents habitants, situé en
pleine Vendée, sur les bords de la Sèvre
Nantaise, non loin de Cholet et du fameux
Mont-des-Alouettes. Les parents et grands-
parents étaient Vendéens eux aussi et
Gabriel Gandin (1 m. 69 et 68 kilos, visage
mince et futé, yeux rieurs) est donc un pur
produit du sol des Chouans.
ooo
Le père travaillait dans une des nom-
breuses filatures de la région et Gabriel, ses
études primaires terminées, fut également
installé devant un « métier -... Comme
grande distraction, le dimanche, il y avait le
vélo et vous devinez aisément la filière : on
fait des randonnées dans la campagne voi-
sine, on s'aperçoit que les camarades tirent
la langue derrière vous, on trouve un ami
qui vous conseille vivement d'essayer de faire
des courses... En Vendée comme en Bre-
tagne, il existe beaucoup de « kermesses -
et de « pardons - Oii il n'est pas besoin de
licences, de papiers, d'autorisations... et de
costumes spéciaux. Sur un solide vélo à
pneus, Gabriel Gaudin débute en 19,36 et,
après avoir gagné plusieurs courses de fêtes,
décide de persévérer dans le sport cycliste.
En 1937, il entre au Véloce Club Chole-
tais et s'engage dans de « vraies » courses,
sans s'arrêter toutefois au Premier Pas
Dunlop, fait assez exceptionnel pour mériter
la notation. Beaucoup de victoires, surtout
au sprint...
En 1938, Gabriel Gaudin, devenu une
vedette locale (voyez avec quelle rapidité !)
accumule succès sur succès locaux et devient
fort justement champion départemental sur
route... et de vitesse. Il aborde les épreuves
plus importantes en sortant de son pays et
est 1er de Poitiers-Angoulême (devant
Bourlott), 2e du Grand Prix de la ville de
Thouars, 2" du Circuit de Saules (derrière
Albert Goutal). Bref, à la fin de la saison,
on le juge assez « costaud » pour mériter une
licence d'aspirant. Et il n'a que dix-neuf
ans !
L'année 1939 est encore plus brillante :
24 places de premier! De quoi décourager les
autres pédaleurs de la région !
La guerre : mobilisation et séjour sans
histoire au 18, R. à Pau ; retour aux
Epesses après l'exode, juste à temps pour
gagner les championnats départementaux,
route et piste.
1941 et 1942 : les championnats dépar-
tementaux bien entendu (Gaudin monopo-
lisa les titres quatre années de suite) et une
invraisemblable collection de victoires dans
les circuits routiers el sur les vélodromes
(42 succès en 1942).
0 0 0
Sur route, il est considéré comme le grand
caïd ' de toute la région de l'Ouest et, sur
piste, sa notoriété n'est pas moins grande.
A telle enseigne que Lucien Michard, qui
le voit plusieurs fois à Cholet, lui conseille
très vivement de se consacrer à la vitesse pure.
Gabriel Gaudin reçoit bien d'autres avis :
Gélot, l'ancien « flic volant » du Tour de
France, retiré à L'Hermenault, le pousse ti-
« monter » it Paris ; des coureurs parisiens,
qu'il a l'occasion de rencontrer... et de battre
dans son pays, l'engagent également à partir
tenter sa chance ; enfin, l'énergique Lou-
viot, séduit par ce brillant régional qu'il
voit évoluer un jour aux Sables-d'Olonne,
décide de s'occuper sérieusement de lui... Il
en parle au manager Mouton et au directeur
des vélodromes parisiens Delblat et Galldin.
après un premier essai au Parc des Princes
(où il courut le kilomètre en l' 10" 2/S) est
« invité » à participer à plusieurs réunions
du Vel' d Hiv. Notre Vendéen va s'intaller
fi Seuilly-Plaisance chez son « protecteur »
Louviot et, malgré son inexpérience de la
piste de Grenelle, fait très bonne impression
en poursuite, en omnium et en américaine.
000
On le pousse à demeurer sur la piste. Mais
Gaudin préfère la route et il retourne aux
Epesses pour se préparer. Il revient à Paris
au début d'avril pour participer, sous les
couleurs de Peugeot, au Critérium National,
sa première grande course... Il crève malen-
contreusement au bout de quelques dizaines
de kilomètres, mais n'est nullement décou-
ragé. Il va ensuite au Grand Prix de Nantes,
mais le froid lui donne des crampes et lui,
le sprinter, est huitième du paquet de tête
de huit coureurs !... Dans Paris-Reims, il
pense avoir une magnifique occasion de
placer sa pointe finale... et de gagner, mais
if quelques kilomètres de l'arrivée, une
branche d'arbre vient se loger insidieusement
dans sa roue arrière ; il veut la retirer en
continuant (L rouler... et il réussit simple-
ment à faire sauter sa chaîne ; il parvient
quand même, à rejoindre le peloton juste
à l'entrée du vélodrome, pénètre sur la piste
en dernière position du peloton de vingt-trois.
et, après un effort méritoire, remonte 'quan-
tité de concurrents pour venir terminer fi
ta neuvième place..
O O O ^
Dans Paris-Tours, Gaudin aimit envie
de faire « quelque chose » puisque l'on disait
partout que c'était 1(1 course des sprinters.
Aussi, après Châteandun, quand il voit
démarrer Hendrickx et Denhez, il n'hésite
pas à se lancer à leurs trousses en même
temps que Dunneels, Ach. Buysse, Grauss
et lJeclerq.
— On parlera un peu fte moi, se dit-il
sans autre ambition.
Mais après Amboise et le « ntur » de
Btéré (qui ne l'impressionne pas le moins
du monder, notre Vendéen commence à
raisonner d'une tout autre riiinière. Il se
LE VENDÉEN Gabriel Gaudin en |
tenue de route Remarquez la Ion- I
gueur exceptionnelle de son buste. K
Photos ' ' Miroir des Sports ' ' 1
sent encore très frais, très fort, et il a con-
fiance dans l'efficacité de son sprint. Le
fameux Danneels lui-même ne lui fait pas
peur ! Quand Danneels se trouve en diffi-
culté avec son pneu arrière dégonflé, le
merveilleux espoir de Gaudin se transforme
en une certitude absolue : si une crevaison
ne l'arrête pas... ou si une branche ne se
prend pas dans ses rayons, il va gagner
Paris-Tours 1 .
C'est, en effet, avec une magnifique assu-
rancei une impressionnante autorité que
notre jeune aspirant conduit... et gagne
le sprint sur le vélodrome de la Barrière de
Grammont.
ooo
Voilà maintenant le régional Gabriel
Gaudin en passe d'être promu au rang
de grande vedette nationale... Il lui reste
encore, bien entendu, à confirmer ce premier
- et retentissant succès. Mais nous avons
tout lieu de penser que le rapide Vendéen.
athlète de race certaine, possède les vertus
nécessaires pour se tailler promptement une
belle place parmi les meilleurs routiers de
notre pays.
C'est d'ailleurs son opinion, qu'il nous
sert toute nette et toute franche :
— Pourquoi pas ? Vos champions de
Paris ne m'ont pas tellement épaté, sauf
Idée tout de même... Je suis solide et résis-
tant, j'ai une très bonne santé ^— jamais
on ne m'a vu malade —, je grimpe bien
et je vais vite au sprint... si la malchance
ne s'en mêle pas, je dois donc pouvoir faire
mon chemin... Allez, il y en a, chez nous
et ailleurs, des provinciaux qui marchent !
Il suffirait parfois de les aider un tout petit
peu, de les pousser. de les encotirager...
Tenez. j'ai mon frère .Jean qui a un an
et demi de plus que moi et est actuelle-
ment prisonnier ; eh bien, il aurait été
sûrement plus fort (lue moi...
Tout à fait d'accord, en ce qui concerne
la valeur de la « pépin ière » provinciale, avec
le Vendéen Gabriel Gaudin dont nous espé-
rons bien avoir à célébrer encore les méritas
et qui fait preuve, en tout ras, d'un bien
bel optimisme : H. II.
t|
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.0%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/7
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k9796357p/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k9796357p/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k9796357p/f5.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k9796357p/f5.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k9796357p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k9796357p
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k9796357p/f5.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest