Titre : Le Miroir des sports : publication hebdomadaire illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-09-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38728672j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 septembre 1927 13 septembre 1927
Description : 1927/09/13 (N391). 1927/09/13 (N391).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97961325
Source : INSEP (Institut National du Sport de l'Expertise et de la Performance), 2013-54014
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
218 LE MIROIR DES SPORTS
LES IMPRESSIONS D'ANDRÉ ROUTIS SUR SON SÉJOUR AUX ÉTATS-UNIS
Nul n'est prophète en son pays. Une nouvelle
confirmation de ce vieux proverbe nous est
fournie par la carrière de notre champion
des poids plume André Routis. Ignore des
organisateurs parisims, le boxeur bordelais
se vit obligé, pour gagner sa vie, de s'expa-
trier aux Etats-Unis. A la surprise générale,
la fougue du champion de France conquit
la foule des sportifS des Etats-Unis, et, en.
treize mois, Ro-utis a acquis, à Nezv-York,
la même popularité que possédèrent, quelques
années auparavant, Carpentier, hedoux et
Criqui. Routis sera-t-il, -un jour, champion du
monde? Il l'espère fermement, tout en ne se
dissimulant pas les difficultés de Ventreprise.
VAINCU sur la balance de la Fédération de
Boxe, Alf. Ross venait de prendre l'avan-
tage sur Pegazzano par un coup de tête
arrivé, avec précision, au-dessus de l'œil
gauche. Le public, qui s'était rendu à la salle
Wagram pour voir un championnat de France
et qui assista à une bagarre, manifestait bruyam-
ment son mécontentement. Tout le monde était
debout, et parmi les assistants, pour la plupart
fort surexcités par les phases de la bataille, je
découvris, soudain, un jeune homme calme, de
taille plutôt réduite, les épaules larges, cheveux
fous et yeux rieurs, cachés sous des arcades sour-
cilières quelque peu enflées par de récents combats.
Il n'y avait point à s'y tromper : c'était André
Routis.
L'occasion était belle. Vite, je « coinçai » le
champion de France des poids plume dans un coin
et commençai le travail de près :
— Alors, Routis, parlez-moi un peu de votre
tournée américaine ? Cela s'est-il bien passé?
Mais il est plus facile, je pense, de faire pénétrer
dix « resquilleurs » sans billet à_ la salle Wagram
que de faire parler Routis de lui-même. Excès de
modestie? Peut-être. Insensiblement, la conver-
, sation dévie sur ses camarades européens d'outre-
Atlantique, sur les procédés des managers améri-
cains, sur le public, sur ces mille riens qui n'exis-
tent pas pour l'indigène, mais qui frappent
l'homme qui commence à s'acclimater dans; un
pays-
— Quinze combats : dix victoires, un match
nul, quatre défaites, dont deux par Joë Glicfc,
défaites que, d'accord avec le public, je conteste.
Vous avez, d'ailleurs, pu lire dans les journaux
américains..,
« Il faut parfois battre un homme deux fois
pour vaincre. Un jour, à Chicago, je rencontre un
boxeur nommé Harry Léonard. Au deuxième
round, je le accorda deux minutes de repos. Réclamer? Impos-
sible ! Charbonnier est maître chez lui. Battez-vous
ou vous ne serez pas payé.
« Et les arbitres ! Tenez, un jour, Pierre Gandon
boxait contre..., le nom ne me revient pas à la
mémoire. Dès la première reprise, il « sonne » son
homme à l'estomac. Le « referee » le disqualifie
froidement pour coup bas, et comme Gandon, qui
ne connaissait pas, à ce moment, un mot d'anglais,
« rouspéta J) en son langage natal, sa révolte fut
vite réprimée. Un mois de suspension... et sans
sursis. Six semaines après, à Spring Field, il ren-
contre un nommé Mac Gorgary. Au cinquième
round, celui-ci le fauche par
un swing qui arriva doulou-
reusement à un endroit dé-
fendu. Gandon réclama, mais
fut déclaré battu par knock-
out, sans examen du médecin.
Depuis ce temps-là, Pierre
bouquine ferme la langue bri-
tannique...
— Revenons à vous, Routis.
Quels étaient vo& combats les
plus durs?
— Sans aucun doute contre
Joë Glick, surtout la première
fois. J'étais en pleine forme.
Quant à mon adversaire, il est
classé immédiatement après le
champion du monde des poids
plume Ted Morgan, sur les
tablettes des imprésarios. C'eftt
été une telle surprise si j'avais
été déclaré vainqueur ! Et puis,
les bookmakers m'offraient à
trois et même à quatre contre
un. Quel désastre pour ces
braves gens, si on m'avait
donné la décision, que, pour-
tant, je crois avoir bien mé-
ritée l
— On joue donc beaucoup
là-bas?
— Plus que vous pouvez
l'imaginer. Pour un match
d'importance, tout le monde
appuie la chance d'un des deux
boxeurs, parfois même des
deux, en faisant de l'arbitrage.
Les spectateurs, les juges, le
referee, les managers. Tenez, je
ne jurerais point que mon ma-
nager, Pat Reilley, n'a point
perdu d'argent, en certaines
circonstances, en pariant con-
tre, ma chance, à moi son -
e poulain ».
— Trouvez-vous facilement
à combattre?
— Oui, ma boxe plaît aux
Américains, et, si je voulais, ie
pourrais monter sur le ring de
combat une fois par semaine.
Tex Rickard et son match-
maker, MaC" Màhon, m'ont « à
la bonne ». Le plus difficile
était de débuter. Bretonnel, Francis Charles et
moi devions débuter ensemble, le 14 juillet de l'an
dernier, à Ebbets Fields.
« La réunion fut remise cinq fois. Enfin, le
20 août, j'affrontais Eddie Anderson et le battais
aux points. Je regagnais le vestiaire, situé là-bas
très loin du ring. A peine j'entre dans le lavabo
qu'un camarade me rattrape en courant et me
remet mon portefeuille, que je lui avais donné à
garder.
« — Va-t'en vite, lui dis-je, va encourager
Francis qui s'« explique » avec Berlenbach, et
apporte-moi des nouvelles dans deux ou trois
rounds.
« — Mais je t'en apporte, et de toutes fraîches,
riposte mon copain. Charles a déjà abandonné,
mais si tu avais vu Berlenbach !... Quant à Bre-
tonnel, Dundee finit par le vaincre et... »
— Comment et pourquoi vous êtes-vous séparé
de Robert Eudeline?
— Lorsque nous arrivâmes à New-York, notre
fondé de pouvoirs était Barney Cantoor,qui me
(1 vendit » corps et biens à Reilley, lorsque je
commençai à faire parler de moi. En même temps,
Eudeline m'abandonna. Je suppose que son désin-
téressement de ma personne ne devait pas être
désintéressé. Pat Reilley n'a pas une « écurie »
bien nombreuse : le poids lourd Jack Delaney,
le léger Sammy Vogel et moi, mais, pourtant, Ià-
bas, il fait même figure que Descamps en France. '
— Voyagiez-vous beaucoup?
— Non. Depuis le 1er juillet 1926, date de mon
arrivée en Amérique, je suis resté presque cons-
ROUTIS (à dr.) S'ENTRAINE A BROOKLYN, SOUS L'ŒIL DE L'ANCIEN CHAMPION SHARKEY
tamment au Bey's Training Camp, à une vingtaine
de milles de New-York, où ont séjourné successi-
vement Bretonnel père et nls. Charles, Hautemulle,
Kid Francis, Paolino, Sportiello, Martinez, Al.
Francis et Bertys. Sur mes quinze combats, j'en ai
fourni douze à Brooklyn, un à Chicago et deux à
Philadelphie. Et c'est pourtant en déplacement
que j'ai éprouve ma plus forte émotion. C'est
lorsque, un jour, je suis allé faire une exhibition à
Hartford, sur le même ring où, quelques mois aupa-
ravant, le pauvre Charles Péguilhan trouvait sa fin.
— Kid Francis est-il populaire à New-York?
— Ici, il n'a fourni que trois combats prélimi-
naires. J'ai beau dire aux organisateurs qu'ii m'a
battu en France, la seule fois que nous nous
sommes rencontrés. Ils sont méfiants depuis le
Championnat du monde des « mouches », qu'ils
ont organisé entre La.. Barba et Elky Clarke. Ce
dernier les a tellement déçus que, désormais, ils
demandent à voir la marchandise... plutôt deux
fois qu'une.
— Mais, au fait, vous avez assisté au match
Delaney-Paolino. Qui aurait gagné, à votre avis,
sans la disqualification d'Escudun?
— Sauf surprise, Delaney l'aurait emporté haut
la main. Et, pourtant, je suis bien camarade avec
Paolino, qui est un des boute-en-train de notre
camp. D'ailleurs, je tiens Delaney pour le meilleur
boxeur du monde toutes catégories. Il boxe
comme... Carpentier, lorsque Georges était cham-
pion de l'univers. De plus, il a une de ces frappes !
« Lorsqu'il rencontra Malonev, il se présenta
sur le ring avec un bras droit qu il ne pouvait pas
plier par suite d'une déchirure musculaire et eut de
suite la main gauche brisée. Malgré cela et 15 kilos
de handicap, il ne succomba que de justesse aux
points. Je le crois de taille à vaincre Dempsey et
Tunney.
— A propos, et le grand match de Chicago?
Qui va l'emporter, cette fois ?
— J'ai vu boxer Dempsey contre Sharkey. Il
s'est montré frappeur et encaisseur, mais lourd
et imprécis. Dempsey n'est, assurément, plus lui-
même, et si Tunney, que je ne connais pas, est un
véritable champion, il devrait gagner facilement,
peut-être avant la limite. Ici, Rickard soigne la
publicité de Dempsey, l'annonce en pleine forme,
espérant ainsi atteindre 3.500.000 dollars de
recette. Je crois que le prochain champion du
monde toutes catégories sera, ou Delaney, ou le
jeune géant du Nébraska, Monte Munn, 2 mètres,
104 kilos.
— Restez-vous longtemps en France et comptez-
vous combattre une fois à
Paris ?
—- Je partirai pour New-
York dans les premiers jours
de novembre, toujours, natu-
rellement, avec ma femme.
«Quant à combattre à Paris,
c'est possible. Pour l'instant,
je vais aller me reposer chez
moi, à Bordeaux. L'adver-
saire que, généreusement, m'a
désigné l'opinion publique,
Al. Brown, ne doit pas être
enchanté, je crois, de me ren-
contrer, car il vient de recevoir
un télégramme d'Amérique
émanant de Mac Mahon. Et ce
dernier, qui nous connaît bien
tous les deux, lui déconseille
de me rencontrer. Si une offre
sérieuse m'est faite, — j'en-
tends par sérieuse une bourse
respectable, — j'affronterai
avec plaisir le noir Al. Brown.
Je compte pouvoir prouver, ce
jour-là, aux Parisiens que,
depuis un an,'j'ai fait de...
légers progrès.
« Par ailleurs, Tex Rickard
m'a signé un contrat pour dis-
puter, à Madison, deux « demi-
finales s, c'est-à-dire que mon
nom figurera en seconde place
sur l'affiche; puis, si, comme je
l'espère, je lui donne satis-
faction, vous verrez André
Routis combattre pour le
titre mondial.»
A ce moment précis, nous
entendîmes la voix toni-
truante du speaker annoncer :
« Raphaël vainqueur ! » Le
dernier match était terminé,
les lumières s'éteignaient, et
les représentants de la force
publique nous firent compren-
dre, sans douceur, que notre
place n'était plus ici. Force N
me fut de rendre sa liberté au
champion de France, à celui qui
peut-être, un jour, nous rendra
un titre mondial.
VICTOR CHAPIRO.
LES IMPRESSIONS D'ANDRÉ ROUTIS SUR SON SÉJOUR AUX ÉTATS-UNIS
Nul n'est prophète en son pays. Une nouvelle
confirmation de ce vieux proverbe nous est
fournie par la carrière de notre champion
des poids plume André Routis. Ignore des
organisateurs parisims, le boxeur bordelais
se vit obligé, pour gagner sa vie, de s'expa-
trier aux Etats-Unis. A la surprise générale,
la fougue du champion de France conquit
la foule des sportifS des Etats-Unis, et, en.
treize mois, Ro-utis a acquis, à Nezv-York,
la même popularité que possédèrent, quelques
années auparavant, Carpentier, hedoux et
Criqui. Routis sera-t-il, -un jour, champion du
monde? Il l'espère fermement, tout en ne se
dissimulant pas les difficultés de Ventreprise.
VAINCU sur la balance de la Fédération de
Boxe, Alf. Ross venait de prendre l'avan-
tage sur Pegazzano par un coup de tête
arrivé, avec précision, au-dessus de l'œil
gauche. Le public, qui s'était rendu à la salle
Wagram pour voir un championnat de France
et qui assista à une bagarre, manifestait bruyam-
ment son mécontentement. Tout le monde était
debout, et parmi les assistants, pour la plupart
fort surexcités par les phases de la bataille, je
découvris, soudain, un jeune homme calme, de
taille plutôt réduite, les épaules larges, cheveux
fous et yeux rieurs, cachés sous des arcades sour-
cilières quelque peu enflées par de récents combats.
Il n'y avait point à s'y tromper : c'était André
Routis.
L'occasion était belle. Vite, je « coinçai » le
champion de France des poids plume dans un coin
et commençai le travail de près :
— Alors, Routis, parlez-moi un peu de votre
tournée américaine ? Cela s'est-il bien passé?
Mais il est plus facile, je pense, de faire pénétrer
dix « resquilleurs » sans billet à_ la salle Wagram
que de faire parler Routis de lui-même. Excès de
modestie? Peut-être. Insensiblement, la conver-
, sation dévie sur ses camarades européens d'outre-
Atlantique, sur les procédés des managers améri-
cains, sur le public, sur ces mille riens qui n'exis-
tent pas pour l'indigène, mais qui frappent
l'homme qui commence à s'acclimater dans; un
pays-
— Quinze combats : dix victoires, un match
nul, quatre défaites, dont deux par Joë Glicfc,
défaites que, d'accord avec le public, je conteste.
Vous avez, d'ailleurs, pu lire dans les journaux
américains..,
« Il faut parfois battre un homme deux fois
pour vaincre. Un jour, à Chicago, je rencontre un
boxeur nommé Harry Léonard. Au deuxième
round, je le accorda deux minutes de repos. Réclamer? Impos-
sible ! Charbonnier est maître chez lui. Battez-vous
ou vous ne serez pas payé.
« Et les arbitres ! Tenez, un jour, Pierre Gandon
boxait contre..., le nom ne me revient pas à la
mémoire. Dès la première reprise, il « sonne » son
homme à l'estomac. Le « referee » le disqualifie
froidement pour coup bas, et comme Gandon, qui
ne connaissait pas, à ce moment, un mot d'anglais,
« rouspéta J) en son langage natal, sa révolte fut
vite réprimée. Un mois de suspension... et sans
sursis. Six semaines après, à Spring Field, il ren-
contre un nommé Mac Gorgary. Au cinquième
round, celui-ci le fauche par
un swing qui arriva doulou-
reusement à un endroit dé-
fendu. Gandon réclama, mais
fut déclaré battu par knock-
out, sans examen du médecin.
Depuis ce temps-là, Pierre
bouquine ferme la langue bri-
tannique...
— Revenons à vous, Routis.
Quels étaient vo& combats les
plus durs?
— Sans aucun doute contre
Joë Glick, surtout la première
fois. J'étais en pleine forme.
Quant à mon adversaire, il est
classé immédiatement après le
champion du monde des poids
plume Ted Morgan, sur les
tablettes des imprésarios. C'eftt
été une telle surprise si j'avais
été déclaré vainqueur ! Et puis,
les bookmakers m'offraient à
trois et même à quatre contre
un. Quel désastre pour ces
braves gens, si on m'avait
donné la décision, que, pour-
tant, je crois avoir bien mé-
ritée l
— On joue donc beaucoup
là-bas?
— Plus que vous pouvez
l'imaginer. Pour un match
d'importance, tout le monde
appuie la chance d'un des deux
boxeurs, parfois même des
deux, en faisant de l'arbitrage.
Les spectateurs, les juges, le
referee, les managers. Tenez, je
ne jurerais point que mon ma-
nager, Pat Reilley, n'a point
perdu d'argent, en certaines
circonstances, en pariant con-
tre, ma chance, à moi son -
e poulain ».
— Trouvez-vous facilement
à combattre?
— Oui, ma boxe plaît aux
Américains, et, si je voulais, ie
pourrais monter sur le ring de
combat une fois par semaine.
Tex Rickard et son match-
maker, MaC" Màhon, m'ont « à
la bonne ». Le plus difficile
était de débuter. Bretonnel, Francis Charles et
moi devions débuter ensemble, le 14 juillet de l'an
dernier, à Ebbets Fields.
« La réunion fut remise cinq fois. Enfin, le
20 août, j'affrontais Eddie Anderson et le battais
aux points. Je regagnais le vestiaire, situé là-bas
très loin du ring. A peine j'entre dans le lavabo
qu'un camarade me rattrape en courant et me
remet mon portefeuille, que je lui avais donné à
garder.
« — Va-t'en vite, lui dis-je, va encourager
Francis qui s'« explique » avec Berlenbach, et
apporte-moi des nouvelles dans deux ou trois
rounds.
« — Mais je t'en apporte, et de toutes fraîches,
riposte mon copain. Charles a déjà abandonné,
mais si tu avais vu Berlenbach !... Quant à Bre-
tonnel, Dundee finit par le vaincre et... »
— Comment et pourquoi vous êtes-vous séparé
de Robert Eudeline?
— Lorsque nous arrivâmes à New-York, notre
fondé de pouvoirs était Barney Cantoor,qui me
(1 vendit » corps et biens à Reilley, lorsque je
commençai à faire parler de moi. En même temps,
Eudeline m'abandonna. Je suppose que son désin-
téressement de ma personne ne devait pas être
désintéressé. Pat Reilley n'a pas une « écurie »
bien nombreuse : le poids lourd Jack Delaney,
le léger Sammy Vogel et moi, mais, pourtant, Ià-
bas, il fait même figure que Descamps en France. '
— Voyagiez-vous beaucoup?
— Non. Depuis le 1er juillet 1926, date de mon
arrivée en Amérique, je suis resté presque cons-
ROUTIS (à dr.) S'ENTRAINE A BROOKLYN, SOUS L'ŒIL DE L'ANCIEN CHAMPION SHARKEY
tamment au Bey's Training Camp, à une vingtaine
de milles de New-York, où ont séjourné successi-
vement Bretonnel père et nls. Charles, Hautemulle,
Kid Francis, Paolino, Sportiello, Martinez, Al.
Francis et Bertys. Sur mes quinze combats, j'en ai
fourni douze à Brooklyn, un à Chicago et deux à
Philadelphie. Et c'est pourtant en déplacement
que j'ai éprouve ma plus forte émotion. C'est
lorsque, un jour, je suis allé faire une exhibition à
Hartford, sur le même ring où, quelques mois aupa-
ravant, le pauvre Charles Péguilhan trouvait sa fin.
— Kid Francis est-il populaire à New-York?
— Ici, il n'a fourni que trois combats prélimi-
naires. J'ai beau dire aux organisateurs qu'ii m'a
battu en France, la seule fois que nous nous
sommes rencontrés. Ils sont méfiants depuis le
Championnat du monde des « mouches », qu'ils
ont organisé entre La.. Barba et Elky Clarke. Ce
dernier les a tellement déçus que, désormais, ils
demandent à voir la marchandise... plutôt deux
fois qu'une.
— Mais, au fait, vous avez assisté au match
Delaney-Paolino. Qui aurait gagné, à votre avis,
sans la disqualification d'Escudun?
— Sauf surprise, Delaney l'aurait emporté haut
la main. Et, pourtant, je suis bien camarade avec
Paolino, qui est un des boute-en-train de notre
camp. D'ailleurs, je tiens Delaney pour le meilleur
boxeur du monde toutes catégories. Il boxe
comme... Carpentier, lorsque Georges était cham-
pion de l'univers. De plus, il a une de ces frappes !
« Lorsqu'il rencontra Malonev, il se présenta
sur le ring avec un bras droit qu il ne pouvait pas
plier par suite d'une déchirure musculaire et eut de
suite la main gauche brisée. Malgré cela et 15 kilos
de handicap, il ne succomba que de justesse aux
points. Je le crois de taille à vaincre Dempsey et
Tunney.
— A propos, et le grand match de Chicago?
Qui va l'emporter, cette fois ?
— J'ai vu boxer Dempsey contre Sharkey. Il
s'est montré frappeur et encaisseur, mais lourd
et imprécis. Dempsey n'est, assurément, plus lui-
même, et si Tunney, que je ne connais pas, est un
véritable champion, il devrait gagner facilement,
peut-être avant la limite. Ici, Rickard soigne la
publicité de Dempsey, l'annonce en pleine forme,
espérant ainsi atteindre 3.500.000 dollars de
recette. Je crois que le prochain champion du
monde toutes catégories sera, ou Delaney, ou le
jeune géant du Nébraska, Monte Munn, 2 mètres,
104 kilos.
— Restez-vous longtemps en France et comptez-
vous combattre une fois à
Paris ?
—- Je partirai pour New-
York dans les premiers jours
de novembre, toujours, natu-
rellement, avec ma femme.
«Quant à combattre à Paris,
c'est possible. Pour l'instant,
je vais aller me reposer chez
moi, à Bordeaux. L'adver-
saire que, généreusement, m'a
désigné l'opinion publique,
Al. Brown, ne doit pas être
enchanté, je crois, de me ren-
contrer, car il vient de recevoir
un télégramme d'Amérique
émanant de Mac Mahon. Et ce
dernier, qui nous connaît bien
tous les deux, lui déconseille
de me rencontrer. Si une offre
sérieuse m'est faite, — j'en-
tends par sérieuse une bourse
respectable, — j'affronterai
avec plaisir le noir Al. Brown.
Je compte pouvoir prouver, ce
jour-là, aux Parisiens que,
depuis un an,'j'ai fait de...
légers progrès.
« Par ailleurs, Tex Rickard
m'a signé un contrat pour dis-
puter, à Madison, deux « demi-
finales s, c'est-à-dire que mon
nom figurera en seconde place
sur l'affiche; puis, si, comme je
l'espère, je lui donne satis-
faction, vous verrez André
Routis combattre pour le
titre mondial.»
A ce moment précis, nous
entendîmes la voix toni-
truante du speaker annoncer :
« Raphaël vainqueur ! » Le
dernier match était terminé,
les lumières s'éteignaient, et
les représentants de la force
publique nous firent compren-
dre, sans douceur, que notre
place n'était plus ici. Force N
me fut de rendre sa liberté au
champion de France, à celui qui
peut-être, un jour, nous rendra
un titre mondial.
VICTOR CHAPIRO.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.36%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.36%.
- Collections numériques similaires Philipon Charles Philipon Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Philipon Charles" or dc.contributor adj "Philipon Charles")Petit journal pour rire : aux bureaux du journal amusant, du musée français-anglais et des modes parisiennes / dir. Ch. Philipon ; réd. en chef Nadar /ark:/12148/bd6t51422839x.highres Journal amusant : journal illustré, journal d'images, journal comique, critique, satirique, etc. /ark:/12148/bd6t5142948w.highresAudibert Auguste Audibert Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Audibert Auguste" or dc.contributor adj "Audibert Auguste") Desnoyers Louis Desnoyers Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desnoyers Louis" or dc.contributor adj "Desnoyers Louis") Gonzalès Emmanuel Gonzalès Emmanuel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Gonzalès Emmanuel" or dc.contributor adj "Gonzalès Emmanuel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 9/15
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k97961325/f9.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k97961325/f9.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k97961325/f9.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k97961325/f9.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k97961325
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k97961325
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k97961325/f9.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest