KATTER ? UN GALOP D'ESSAI POUR CERDAN AVANT KOUIDRI
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire :
ayant abattu définitivement au tapis, à la
cinquième reprise, le Berlinois Alfred Katter,
notre champion des mi-moyens, Marcel
Cerdan, n'a donc pas à s'enorgueillir outre mesure
de ce succès.
Non pas que ça n'a pas marché, jeudi, à Wagram
ayant enfin compris de quelle manière il fallait em-
ployer ses dons naturels, vitesse et puissance, Cerdan
abandonna la recherche des poses plastiques, inau-
gurée devant l'Italien Deyana, et joua ses atouts
dès le début. Cette méthode, bonne pour tout pun-
cheur, s'avéra aussitôt efficace : après quelques
passes sans importance, Katter encaissa un crochet
du gauche à la mâchoire qui le projeta au tapis pour
2 secondes. Encore insuffisamment affaibli, l'Alle-
mand put récupérer et se défendre, tant bien que
mal, encore pendant trois rounds, contre un travail
au corps, peut-être pas très précis, mais en tout cas
assez efficace : la cinquième reprise lui fut fatale.
Un knock-down de 8 secondes, et ce fut le coup
final, l'uppercut du droit, qui arriva à toute volée
juste au plexus et coupa littéralement Katter en
deux.
J'ai dit plus haut que ce fut là un triomphe sans
gloire. Loin de moi l'intention de diminuer le jeune
Cerdan, qui est un garçon sympathique, franc et
sérieux. Mais il m'est tout de même impossible de
concevoir que ce Katter — une victime avant la
limite du Belge Al. Baker — ait pu caresser, en
venant à Paris, un autre espoir que celui d'encaisser
son cachet. Il devait, par contre, posséder deux
certitudes : celle d'être knock-out et assister aux
fêtes de l'Armistice.
N'accablons pas trop, pour deux raisons, Dickson
d'avoir mis sur pied un combat aussi inégal. D'abord
parce que ce match avait été conclu avant l'arrivée
de Jeff à Paris, retour de son voyage aux Etats-
Unis. Puis, il faut tout de même reconnaître que la
valeur actuelle du franc rend très difficile, pour une
rencontre de Wagram, par exemple, la venue d'un
boxeur étranger de valeur ou même d'une cer-
taine valeur.
Le 24 novembre courant, Marcel Cerdan s'atta-
quera enfin à un gaillard tout autre que Baker,
Deyana et Katter : il s'agira de défendre son titre
de champion de France devant son challenger officiel,
l'Arabe Omar Kouidri. Certes, je sais que Cerdan
compte trois victoires sur trois rencontres avec son
futur adversaire ; certes, je n'ignore pas que Kouidri
est un welter léger, qui aura à rendre au champion
2 kilos environ. Mais il est à craindre pour l'élève
TOUCHÉ PAR UN CROCHET du droit à la mâchoire au 5e round, l'Allemand tombe,
puis met un genou à terre. L'arbitre Schemann compte et tient Katter au courant, au moyen
d'un langage spécial, de la marche du temps.
CERDAN EST PRÊT à bondir et on a l'impression que le bras gauche, timidement allongé
par Katter, ne bloquera pas l'attaque.
de Roupp que la forme joue un grand rôle dans
l'affaire.
Or, il est indéniable qu'en dépit de la dernière
exhibition du champion, bien supérieure aux pré-
cédentes, la condition de Kouidri, récent vainqueur
d'Humery et de Locatelli, donne plus de garanties
que celle de Cerdan.
o o
En fin de cette soirée de Wagram, Fernand Viez,
qui se sent infiniment plus à l'aise dans les légers
que dans les welters, a dominé assez nettement par
la finesse de son jeu le Nord-Africain Abad.
Verrons-nous Viez redevenir champion de France ?
Ce n'est, ma foi, pas impossible.
Avec un succès populaire et sportif complet,
l'Elyséc-Montmartre a rouvert, mercredi soir, ses
A BRUXELLES, le champion de Belgique poids
mi-moyens Félix Wouters attaque l'Irlandais
Paddy Roche, qu'il battra aux points.
portes à la boxe. On a revu, après une absence de
six mois, le challenger au titre des poids coq, Robert
Bourdet. Opposé a l'Espagnol Fortunato Ortega,
Bourdet fit de son mieux, mais il doit s'estimer fort
heureux de s'en tirer avec un match nul.
Si Bourdet a eu, l'autre soir, une certaine chance,
il en a moins avec le titre qu'il brigue, puisque les
contrats pour le match Leroux-Bourdet doivent
être déposés avant le... 15 novembre à la Fédération.
Or, en dépit des propositions émanant d'une orga-
nisation lyonnaise et du promoteur Cuisin, de
l'Elysée-Montmartre, rien n'a encore été conclu
au moment où paraissent ces lignes.
VICTOR CUAPIRO.
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