Titre : Revue de l'instruction publique en France et dans les pays étrangers
Éditeur : Librairie de L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1859-07-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328574167
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 juillet 1859 07 juillet 1859
Description : 1859/07/07 (A19,N14). 1859/07/07 (A19,N14).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9792560m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC5-60
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/08/2017
212 1. BIBLIOGRAPHIE.
La classification qu'a adoptée M. Vapereau
est simple, naturelle et commode. En trois
chapitre distincts, Poésie, Roman, Théâtre,
il embrasse d'abord tout ce qui dans la lit-
térature est le produit plus particulier de
l'imagination. Ce qui procède plutôt de la
réflexion et du jugement, ce qui offre plus
ou moins le caractère de science, se trouve
étudié par catégories sous les dénominations
diverses d'Histoire, de Sciences morales et
politiques, d'Esthétique et de Philologie. Un
chapitre intitulé Variétés vient ensuite. Là
trouveront place les travaux bibliographi-
ques importants, accomplis dans l'année, et
tous les écrits de nature diverse qui portent
sur des sujets spéciaux, étrangers à la litté-
rature, et qui ne laissent pas cependant que
d'offrir un intérêt littéraire. Un dernier
chapitre reste réservé sous le nom de Chro-
nique. Il pourra devenir le plus curieux de
tous; ce n'est point des événements litté-
raires qu'il traitera, mais des événements
survenus à la littérature; cette année, le
compte rendu de deux procès, le procès
Montalembert et le procès Proudhon, le
congrès de Bruxelles, sur la propriété litté-
raire, quelques notices nécrologiques en
font les frais.
Le livre de M. Vapereau est à l'histoire
littéraire ce que sont à l'histoire politique
les récits des chroniqueurs. L'auteur n'est
déjà plus critique de journal, et, son juge-
ment ne portant point sur une masse assez
considérable de faits intellectuels et sur une
série close d'évolutions d'idées, il ne saurait
être encore historien. Les opinions moyennes
conviennent à ce genre mitoyen qui d'ail-
leurs les engendre naturellement. J'ajoute
que ces sortes de résumés annuels parais-
sent surtout destinés au gros du public,
hommes occupés, ayant la curiosité plutôt
que le goût passionné et constant des lettres,
de ces gens qui sont trop peu zélés pour
hanter tous les jours les lieux saints, et qui
ne sont pas assez profanes pour ignorer les
grandes fêtes. Ces gens-là, qui ne se sou-
cient point ou qui même n'ont pas les
moyens de courir aux journaux et aux re-
vues, seront aises qu'à la fin de chaque
année ce livre vienne les trouver pour les
remettre au courant. La manière sage,
cursive, claire et détendue de M. Yapereau,
s'adapte bien au genre et au public. Des
principes fermes, do l'esprit, du bon sens,
de la justesse, un style sain et rapide, de la
modération, de l'indulgence autant que faire
se peut, de la sincérité impartiale, des faits
précis, des pièces à l'appui, nulle crainte
de trop expliquer et de se trop développer ;
car, si utile qu'elle soit aux plus instruits,
l'Année littéraire, encore une fois, s'a-
dresse, par sa nature même, à nombre
de gens fort capables de comprendre tout
ce qu'on leur expliquera, mais dont l'in-
struction, les lumières ni les loisirs n'iront
pas jusqu'à rien deviner. Le Dictionnaire
des Contemporains a fait tapage. Sauf les cri-
tiques, traités un peu dédaigneusement par
M. Vapereau, et sur lesquels nous revien-
drons tout à l'heure, nous serions bien
surpris qu' aucun écrivain de quelque va-
leur fût mécontent de son livre; on en
nommerait certainement plus de trois à
qui, dans son désir de n'être injuste envers
aucun effort, il a accordé beaucoup plus
de place qu'ils ne méritaient. C'est pécher
par trop de scrupule. Aussi les moins doux,
même parmi les yoëtes, qui ne sont pas,
comme chacun sait, les plus doux des hom-
mes, trouveront difficilement ici aucun sujet
de s'irriter. M. Vapereau expose avec net-
teté, analyse avec soin, met en lumière ce
qui est excellent et bon, au besoin le cite,
et ne s'appesantit point sur le blâme. Il faut
pourtant quelquefois blâmer; il se borne
alors à constater en chroniqueur fidèle l'im-
pression générale du public éclairé, ou,
quand il parle en son nom, il met le doigt
sur les détails et reproduit les propres pas-
sages qui le choquent. « Voilà mes preu-
ves », dit-il, de sorte qu'il est loisible au
lecteur de juger par la valeur des preuves
celle du reproche. Si une œuvre a été beau-
coup louée et beaucoup attaquée, il rappelle
les plaidoieries en sens contraires de la cri-
tique, et il donne volontiers la parole aux
deux parties. Je ne prends la responsabilité
ni de ses critiques, ni de ses éloges, ni même
de sa méthode; ici et là j'aurais jugé, et
j'ai déjà jugé autrement que lui; j'indique
cette méthode, habilement appropriée à
l'œuvre, qui fait qu'il ne saurait beaucoup
errer.
Lorsqu'on est contraint de se réduire à
un volume, cette méthode, toute d'expo-
sition, à qui par conséquent l'espace est
indispensable, n'est pas toujours d'une appli-
cation bien facile. Les difficultés et les insuf-
fisances peuvent en devenir sensibles, avec
le temps, dans la partie de l'ouvrage qui
traite de l'histoire, de la politique et de la
philosophie. Cette année, M. Vapereau s'en
est tiré à son honneur. Il a su éviter la sé-
cheresse et la monotonie des longues énu-
mérations. 11 a mêlé à l'analyse le grain de
discussion ingénieuse qui en relève la sa-
veur. Et cependant, dès aujourd'hui, soit
que cela tienne ou non à la nature des choses,
la première moitié du livre, celle qui est con-
sacrée aux œuvres d'imagination, paraît la
mieux réussie des deux. M. Vapereau fait
bien sentir les romans et les œuvres drama-
tiques dont il parle; il en donne la fleur
dans un petit nombre de citations, choisies
avec goût, qui offrent toutes de fil'iutéret
ou de l'agrément. L'année a été riche en
beaux vers, et les poëtes contemporains
ont de l'obligation à M. Vapereau, qui
nous les fait lire par extraits. Je ne sais
toutefois s'ils seront charmés de ce titre
dont il fait précéder son paragraphe
trois : Un seul poëme en un volume! Un
seult cela l'étonné et le fâche; le point
d'exclamation est de lui. Est-ce que M. Va-
pereau s'attend à une Enéide par an? Un
poëme se compose-t-il aussi vite qu'un
Almanach liégeois? Un seul, ce n'est point
peu, s'il est bon, et, s'il est médiocre, hélas !
c'est beaucoup.
Je touche ici à une passion secrète de
M. Vapereau et à une passion malheureuse.
Elle se trahit en plus d'un endroit de son
'livre. Il ne hait pas les longs écrits ; c'est un
goût qu'à la rigueur on lui passerait. Mais
il est enclin à juger fort lestement les écrits
courts, et je réclame. Ces deux tendances
s'expliquent par ses antécédents; il a long-
temps appartenu à un corps où il n'est pire
réputation que celle de journaliste, et où
certains se sont trouvés en passe de parvenir
à tout, lorsqu'après avoir cousu un lambeau
de Platon à un lambeau d'Aristote, ils ont
pu dire fièrement : oc J'ai fait un volume ; il
contient tant de rames et pèse tant d'onces. »
Devant un in-folio, M. Vapereau s'incline-
rait. Un grand in-octavo lui impose. Il con-
sent à s'amuser d'un compact de la biblio-
thèque variée, format in-18 ; par pure
complaisance pour la maison qui l'édite, il
descendra, au besoin, jusqu'à la bibliothè-
que des chemins de fer ; mais ne lui parlez
pas d'un conte de cinquante pages, et, lors-
qu'il arrive à ces infiniment petits qu'on
appelle des articles de journal, peuh L il faut
voir comme il souffle sur ces rognures. Nous
sommes au S 8 du chapitre Roman. M. Va-
pereau a sonné généreusement de la trom-
pette en l'honneur des longs volumes, à
mesure qu'ils ont défilé devant lui. Nous
arrivons au « petit roman », à Mme Char-
les Reybaud, une fleur de délicatesse et
de mélancolie, et à M. Alfred Assollant,
une étincelle de Sterne jaillissant sur la
langue de Voltaire. La trompette, insensi-
blement, devient flûte, et flûte aux sons
expirants. « Ce petit roman nous mène aux
simples recueils de Nouvelles. A ce modeste
genre.... » M. Vapereau, à la vérité, ne re-
fuse pas de louer les qualités qui peuvent
parer ce genre inférieur. Mais comme si
l'éloge lui brûlait les lèvres, il ne quitte pas
les auteurs de nouvelles sans leur lancer
cette flèche de Parthe : « En voilà assez sur
ce genre de petits récits qui se prêtent mal
à d'aussi grandes entreprises, et qui, si gra-
cieux qu'ils soient, ne peuvent compter dans
la littérature que comme intermède ou
comme préludes. Leur place est plutôt dans
les revues que dans les livres; on aime surtout
à les accueillir comme une révélation et une
promesse. » Je ne m'informe pas des récits
qui inspirent à M. Vapereau ces réflexions.
Je laisse de côté les Scènes de la vie améri-
caine, quoique M. Assollant courût grand
risque de faire fausse route s'il les considé-
rait comme une promesse de talent et non
comme son genre propre et définitif, et
s'il ne s'avisait point que le style, dont il
a écrit Acacia, est un style achevé. Mais
quelle théorie inadmissible que celle qui
amènerait M. Vapereau à considérer les
contes de Voltaire comme un intermède, et
l'Encyclopédie comme l'œuvre capitale dans
l'histoire du xvm8 siècle! Babouc tient dans
une demi-feuille, et personne ne jugera que
ce soit une œuvre si modeste ni de si petite
conséquence. _
Nous ne saurions accepter davantage l'in-
juste dédain de M. Vapereau à l'égard des
livres, communément désignés sous le nom
d'Essais et de Mélanges, et qui sont, pour
la plupart, des recueils d'articles précédem-
ment publiés dans les journaux. La Revue de
Vinstruction publique serait coupable envers
elle-même, si elle se taisait sur ce point; elle
a compté et elle compte encore dans ses rangs
des représentants trop élevés, trop brillants
et trop originaux de l'esprit critique. Deux
ou trois d'entre eux ont rassemblé en vo-
lume leurs principaux articles, et ils tombent
sous le coup de la comparaison sournoise
que M. Vapereau fait de l'homme de lettres
au XIXe siècle et de l'avare fourmi. M. Va-
pereau semble excédé de la multitude des
essayistes et des critiques. cc Il y en a, dit-il
avec humeur, des myriades. » Oui, comme
il y a des myriades de peintres, de roman-
ciers et de poëtes, à condition de confondre
ceux qui ont le sentiment supérieur de l'art
avec la nuée de barbouilleurs et de bavards
insipides qui se pressent sur les mêmes
routes qu'eux. A bien compter, même dans
ce moment, où M. Vapereau se plaint non
J sans cause de la disette générale des autres
La classification qu'a adoptée M. Vapereau
est simple, naturelle et commode. En trois
chapitre distincts, Poésie, Roman, Théâtre,
il embrasse d'abord tout ce qui dans la lit-
térature est le produit plus particulier de
l'imagination. Ce qui procède plutôt de la
réflexion et du jugement, ce qui offre plus
ou moins le caractère de science, se trouve
étudié par catégories sous les dénominations
diverses d'Histoire, de Sciences morales et
politiques, d'Esthétique et de Philologie. Un
chapitre intitulé Variétés vient ensuite. Là
trouveront place les travaux bibliographi-
ques importants, accomplis dans l'année, et
tous les écrits de nature diverse qui portent
sur des sujets spéciaux, étrangers à la litté-
rature, et qui ne laissent pas cependant que
d'offrir un intérêt littéraire. Un dernier
chapitre reste réservé sous le nom de Chro-
nique. Il pourra devenir le plus curieux de
tous; ce n'est point des événements litté-
raires qu'il traitera, mais des événements
survenus à la littérature; cette année, le
compte rendu de deux procès, le procès
Montalembert et le procès Proudhon, le
congrès de Bruxelles, sur la propriété litté-
raire, quelques notices nécrologiques en
font les frais.
Le livre de M. Vapereau est à l'histoire
littéraire ce que sont à l'histoire politique
les récits des chroniqueurs. L'auteur n'est
déjà plus critique de journal, et, son juge-
ment ne portant point sur une masse assez
considérable de faits intellectuels et sur une
série close d'évolutions d'idées, il ne saurait
être encore historien. Les opinions moyennes
conviennent à ce genre mitoyen qui d'ail-
leurs les engendre naturellement. J'ajoute
que ces sortes de résumés annuels parais-
sent surtout destinés au gros du public,
hommes occupés, ayant la curiosité plutôt
que le goût passionné et constant des lettres,
de ces gens qui sont trop peu zélés pour
hanter tous les jours les lieux saints, et qui
ne sont pas assez profanes pour ignorer les
grandes fêtes. Ces gens-là, qui ne se sou-
cient point ou qui même n'ont pas les
moyens de courir aux journaux et aux re-
vues, seront aises qu'à la fin de chaque
année ce livre vienne les trouver pour les
remettre au courant. La manière sage,
cursive, claire et détendue de M. Yapereau,
s'adapte bien au genre et au public. Des
principes fermes, do l'esprit, du bon sens,
de la justesse, un style sain et rapide, de la
modération, de l'indulgence autant que faire
se peut, de la sincérité impartiale, des faits
précis, des pièces à l'appui, nulle crainte
de trop expliquer et de se trop développer ;
car, si utile qu'elle soit aux plus instruits,
l'Année littéraire, encore une fois, s'a-
dresse, par sa nature même, à nombre
de gens fort capables de comprendre tout
ce qu'on leur expliquera, mais dont l'in-
struction, les lumières ni les loisirs n'iront
pas jusqu'à rien deviner. Le Dictionnaire
des Contemporains a fait tapage. Sauf les cri-
tiques, traités un peu dédaigneusement par
M. Vapereau, et sur lesquels nous revien-
drons tout à l'heure, nous serions bien
surpris qu' aucun écrivain de quelque va-
leur fût mécontent de son livre; on en
nommerait certainement plus de trois à
qui, dans son désir de n'être injuste envers
aucun effort, il a accordé beaucoup plus
de place qu'ils ne méritaient. C'est pécher
par trop de scrupule. Aussi les moins doux,
même parmi les yoëtes, qui ne sont pas,
comme chacun sait, les plus doux des hom-
mes, trouveront difficilement ici aucun sujet
de s'irriter. M. Vapereau expose avec net-
teté, analyse avec soin, met en lumière ce
qui est excellent et bon, au besoin le cite,
et ne s'appesantit point sur le blâme. Il faut
pourtant quelquefois blâmer; il se borne
alors à constater en chroniqueur fidèle l'im-
pression générale du public éclairé, ou,
quand il parle en son nom, il met le doigt
sur les détails et reproduit les propres pas-
sages qui le choquent. « Voilà mes preu-
ves », dit-il, de sorte qu'il est loisible au
lecteur de juger par la valeur des preuves
celle du reproche. Si une œuvre a été beau-
coup louée et beaucoup attaquée, il rappelle
les plaidoieries en sens contraires de la cri-
tique, et il donne volontiers la parole aux
deux parties. Je ne prends la responsabilité
ni de ses critiques, ni de ses éloges, ni même
de sa méthode; ici et là j'aurais jugé, et
j'ai déjà jugé autrement que lui; j'indique
cette méthode, habilement appropriée à
l'œuvre, qui fait qu'il ne saurait beaucoup
errer.
Lorsqu'on est contraint de se réduire à
un volume, cette méthode, toute d'expo-
sition, à qui par conséquent l'espace est
indispensable, n'est pas toujours d'une appli-
cation bien facile. Les difficultés et les insuf-
fisances peuvent en devenir sensibles, avec
le temps, dans la partie de l'ouvrage qui
traite de l'histoire, de la politique et de la
philosophie. Cette année, M. Vapereau s'en
est tiré à son honneur. Il a su éviter la sé-
cheresse et la monotonie des longues énu-
mérations. 11 a mêlé à l'analyse le grain de
discussion ingénieuse qui en relève la sa-
veur. Et cependant, dès aujourd'hui, soit
que cela tienne ou non à la nature des choses,
la première moitié du livre, celle qui est con-
sacrée aux œuvres d'imagination, paraît la
mieux réussie des deux. M. Vapereau fait
bien sentir les romans et les œuvres drama-
tiques dont il parle; il en donne la fleur
dans un petit nombre de citations, choisies
avec goût, qui offrent toutes de fil'iutéret
ou de l'agrément. L'année a été riche en
beaux vers, et les poëtes contemporains
ont de l'obligation à M. Vapereau, qui
nous les fait lire par extraits. Je ne sais
toutefois s'ils seront charmés de ce titre
dont il fait précéder son paragraphe
trois : Un seul poëme en un volume! Un
seult cela l'étonné et le fâche; le point
d'exclamation est de lui. Est-ce que M. Va-
pereau s'attend à une Enéide par an? Un
poëme se compose-t-il aussi vite qu'un
Almanach liégeois? Un seul, ce n'est point
peu, s'il est bon, et, s'il est médiocre, hélas !
c'est beaucoup.
Je touche ici à une passion secrète de
M. Vapereau et à une passion malheureuse.
Elle se trahit en plus d'un endroit de son
'livre. Il ne hait pas les longs écrits ; c'est un
goût qu'à la rigueur on lui passerait. Mais
il est enclin à juger fort lestement les écrits
courts, et je réclame. Ces deux tendances
s'expliquent par ses antécédents; il a long-
temps appartenu à un corps où il n'est pire
réputation que celle de journaliste, et où
certains se sont trouvés en passe de parvenir
à tout, lorsqu'après avoir cousu un lambeau
de Platon à un lambeau d'Aristote, ils ont
pu dire fièrement : oc J'ai fait un volume ; il
contient tant de rames et pèse tant d'onces. »
Devant un in-folio, M. Vapereau s'incline-
rait. Un grand in-octavo lui impose. Il con-
sent à s'amuser d'un compact de la biblio-
thèque variée, format in-18 ; par pure
complaisance pour la maison qui l'édite, il
descendra, au besoin, jusqu'à la bibliothè-
que des chemins de fer ; mais ne lui parlez
pas d'un conte de cinquante pages, et, lors-
qu'il arrive à ces infiniment petits qu'on
appelle des articles de journal, peuh L il faut
voir comme il souffle sur ces rognures. Nous
sommes au S 8 du chapitre Roman. M. Va-
pereau a sonné généreusement de la trom-
pette en l'honneur des longs volumes, à
mesure qu'ils ont défilé devant lui. Nous
arrivons au « petit roman », à Mme Char-
les Reybaud, une fleur de délicatesse et
de mélancolie, et à M. Alfred Assollant,
une étincelle de Sterne jaillissant sur la
langue de Voltaire. La trompette, insensi-
blement, devient flûte, et flûte aux sons
expirants. « Ce petit roman nous mène aux
simples recueils de Nouvelles. A ce modeste
genre.... » M. Vapereau, à la vérité, ne re-
fuse pas de louer les qualités qui peuvent
parer ce genre inférieur. Mais comme si
l'éloge lui brûlait les lèvres, il ne quitte pas
les auteurs de nouvelles sans leur lancer
cette flèche de Parthe : « En voilà assez sur
ce genre de petits récits qui se prêtent mal
à d'aussi grandes entreprises, et qui, si gra-
cieux qu'ils soient, ne peuvent compter dans
la littérature que comme intermède ou
comme préludes. Leur place est plutôt dans
les revues que dans les livres; on aime surtout
à les accueillir comme une révélation et une
promesse. » Je ne m'informe pas des récits
qui inspirent à M. Vapereau ces réflexions.
Je laisse de côté les Scènes de la vie améri-
caine, quoique M. Assollant courût grand
risque de faire fausse route s'il les considé-
rait comme une promesse de talent et non
comme son genre propre et définitif, et
s'il ne s'avisait point que le style, dont il
a écrit Acacia, est un style achevé. Mais
quelle théorie inadmissible que celle qui
amènerait M. Vapereau à considérer les
contes de Voltaire comme un intermède, et
l'Encyclopédie comme l'œuvre capitale dans
l'histoire du xvm8 siècle! Babouc tient dans
une demi-feuille, et personne ne jugera que
ce soit une œuvre si modeste ni de si petite
conséquence. _
Nous ne saurions accepter davantage l'in-
juste dédain de M. Vapereau à l'égard des
livres, communément désignés sous le nom
d'Essais et de Mélanges, et qui sont, pour
la plupart, des recueils d'articles précédem-
ment publiés dans les journaux. La Revue de
Vinstruction publique serait coupable envers
elle-même, si elle se taisait sur ce point; elle
a compté et elle compte encore dans ses rangs
des représentants trop élevés, trop brillants
et trop originaux de l'esprit critique. Deux
ou trois d'entre eux ont rassemblé en vo-
lume leurs principaux articles, et ils tombent
sous le coup de la comparaison sournoise
que M. Vapereau fait de l'homme de lettres
au XIXe siècle et de l'avare fourmi. M. Va-
pereau semble excédé de la multitude des
essayistes et des critiques. cc Il y en a, dit-il
avec humeur, des myriades. » Oui, comme
il y a des myriades de peintres, de roman-
ciers et de poëtes, à condition de confondre
ceux qui ont le sentiment supérieur de l'art
avec la nuée de barbouilleurs et de bavards
insipides qui se pressent sur les mêmes
routes qu'eux. A bien compter, même dans
ce moment, où M. Vapereau se plaint non
J sans cause de la disette générale des autres
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