- Aller à la page de la table des matièresI
- TABLE DES MATIÈRES DU TOME PREMIER DES DOCUMENTS SUR L’ORIGINE ET LE DÉVELOPPEMENT DES CHEMINS DE FER
G — 122
arbres, cet illustre château, cette terrasse, l'orgueil et la joie du Parisien, du haut 2e
laquelle il semble contempler à loisir tous les royaumes du monde, la ville et la
forêt de Saint-Germain, ce charmant pèlerinage, sont aux portes de Paris. Hier
encore, aller à Saint-Germain, c'était un voyage; aujourd'hui il ne s'agit plus que
de sortir de sa maison. C'est tout un monde que nous venons de conquérir. C'est
maintenant que le Parisien se peut écrier dans son enthousiasme : Novus mihi nas-
citur or do !
Il y a à peine deux heures, nous étions encore arrêtés dans cette belle place de
l'Europe qui domine tout ce quartier de la ville. Déjà, autour de cette place, sont
venues se grouper, dans un ordre admirable, un grand nombre de maisons char-
mantes, attirées par le bruit, par le mouvement, par la vie intérieure et extérieure que
va jeter tout à l'entour cette voie nouvelle. Notre regard suivait avec une avide atten-
tion ce léger sillon de fer qui s'en va tout droit, en courant sans reprendre haleine,
jusqu'à cette montagne de Saint-Germain, chargée de maisons blanches et couronnée
de verdure. C'est un admirable sillon profondément jeté à travers ces terres incultes
ou cultivées.
Tout à coup on nous avertit que M. le duc d'Orléans arrive, et que tout à l'heure
nous serons arrivés à Saint-Germain ; et cependant nous n'étions pas encore partis !
M. le duc d'Orléans n'est pas arrivé seul. La Reine, heureuse de donner
l'exemple, a voulu être la première à essayer le chemin de fer. Avec la Reine est
venue Mme la duchesse d'Orléans, sont venus les jeunes princesses, le duc d'Aumale,
le duc de Montpensier, M. le comte de Flahaut, les aides de camp de service et les
officiers d'ordonnance, M. le ministre du commerce, le préfet de la Seine, le préfet de
police, M. le directeur général des ponts et chaussées, M. le comte de Medem, de
l'ambassade de Russie, M. Jacques Lefebvre, député, M. Gautier, pair de France, et
quelques heureux de la foule. Maintenant la fête était complète, le succès du chemin
de fer était déjà assuré. Qui donc maintenant, parmi nos plus timides petites-maî-
tresses, osera avoir peur de se confier à une route essayée par la duchesse d'Orléans
et par la Reine ? Certes, c'est là ce qui s'appelle donner l'exemple, et le donner brave-
ment. Grâce à elles, toutes les belles dames de Paris, et les plus timides et les plus
craintives, feront avant huit jours ce long voyage de quelques minutes, qu'elles
auraient à ^eine entrepris l'été dernier.
Les augustes voyageurs ont été reçus par MM. le baron James de Rothschild,
d'Eichthal, Sanson Davillier et Thurneyssen, administrateurs; M. Émile Pereire,
directeur, et MM. Lamé et Clapeyron, ingénieurs du chemin de fer, dans une vaste
salle toute couverte d'élégantes peintures. On dirait les murailles et le plafond du
foyer de l'Opéra. C'est M. Feuchères qui a jeté sur ces murs toutes ces capricieuses
figures. Pourtant cette belle salle, ces vastes galeries qui l'entourent, ce riche pla-
fond, ces élégantes murailles, tout cela n'est que provisoire. Maintenant que le che-
min de fer n'est plus un problème, on espère que bientôt on lui permettra de
s'avancer de quelques pas dans l'intérieur de la ville, jusqu'à la Madeleine, par
exemple; et certes ce serait justice. A quoi bon cacher sur ces hauteurs réculées ce
chef-d'œuvre dont nous devons être fiers? Pourquoi nous forcer à aller chercher
nous-mêmes le chemin de fer, quand le chemin de fer ne demande pas mieux que de
venir à nous? Mais vous verrez qu'avant peu, avant six mois sans doute, nous lui
ferons tous les honneurs de la ville, et que nous lui dirons comme à un conquérant
pacifique : soyez le bien venu, seigneur !
A 2 h. i /2, la Reine, Mme la duchesse d'Orléans, les jeunes princes et les jeunes
princesses, montaient dans une de ces immenses et riches voitures qui semblent mar-
cher toutes seules sur ce chemin qui marche et qui les pousse; M. le duc d'Orléans et
arbres, cet illustre château, cette terrasse, l'orgueil et la joie du Parisien, du haut 2e
laquelle il semble contempler à loisir tous les royaumes du monde, la ville et la
forêt de Saint-Germain, ce charmant pèlerinage, sont aux portes de Paris. Hier
encore, aller à Saint-Germain, c'était un voyage; aujourd'hui il ne s'agit plus que
de sortir de sa maison. C'est tout un monde que nous venons de conquérir. C'est
maintenant que le Parisien se peut écrier dans son enthousiasme : Novus mihi nas-
citur or do !
Il y a à peine deux heures, nous étions encore arrêtés dans cette belle place de
l'Europe qui domine tout ce quartier de la ville. Déjà, autour de cette place, sont
venues se grouper, dans un ordre admirable, un grand nombre de maisons char-
mantes, attirées par le bruit, par le mouvement, par la vie intérieure et extérieure que
va jeter tout à l'entour cette voie nouvelle. Notre regard suivait avec une avide atten-
tion ce léger sillon de fer qui s'en va tout droit, en courant sans reprendre haleine,
jusqu'à cette montagne de Saint-Germain, chargée de maisons blanches et couronnée
de verdure. C'est un admirable sillon profondément jeté à travers ces terres incultes
ou cultivées.
Tout à coup on nous avertit que M. le duc d'Orléans arrive, et que tout à l'heure
nous serons arrivés à Saint-Germain ; et cependant nous n'étions pas encore partis !
M. le duc d'Orléans n'est pas arrivé seul. La Reine, heureuse de donner
l'exemple, a voulu être la première à essayer le chemin de fer. Avec la Reine est
venue Mme la duchesse d'Orléans, sont venus les jeunes princesses, le duc d'Aumale,
le duc de Montpensier, M. le comte de Flahaut, les aides de camp de service et les
officiers d'ordonnance, M. le ministre du commerce, le préfet de la Seine, le préfet de
police, M. le directeur général des ponts et chaussées, M. le comte de Medem, de
l'ambassade de Russie, M. Jacques Lefebvre, député, M. Gautier, pair de France, et
quelques heureux de la foule. Maintenant la fête était complète, le succès du chemin
de fer était déjà assuré. Qui donc maintenant, parmi nos plus timides petites-maî-
tresses, osera avoir peur de se confier à une route essayée par la duchesse d'Orléans
et par la Reine ? Certes, c'est là ce qui s'appelle donner l'exemple, et le donner brave-
ment. Grâce à elles, toutes les belles dames de Paris, et les plus timides et les plus
craintives, feront avant huit jours ce long voyage de quelques minutes, qu'elles
auraient à ^eine entrepris l'été dernier.
Les augustes voyageurs ont été reçus par MM. le baron James de Rothschild,
d'Eichthal, Sanson Davillier et Thurneyssen, administrateurs; M. Émile Pereire,
directeur, et MM. Lamé et Clapeyron, ingénieurs du chemin de fer, dans une vaste
salle toute couverte d'élégantes peintures. On dirait les murailles et le plafond du
foyer de l'Opéra. C'est M. Feuchères qui a jeté sur ces murs toutes ces capricieuses
figures. Pourtant cette belle salle, ces vastes galeries qui l'entourent, ce riche pla-
fond, ces élégantes murailles, tout cela n'est que provisoire. Maintenant que le che-
min de fer n'est plus un problème, on espère que bientôt on lui permettra de
s'avancer de quelques pas dans l'intérieur de la ville, jusqu'à la Madeleine, par
exemple; et certes ce serait justice. A quoi bon cacher sur ces hauteurs réculées ce
chef-d'œuvre dont nous devons être fiers? Pourquoi nous forcer à aller chercher
nous-mêmes le chemin de fer, quand le chemin de fer ne demande pas mieux que de
venir à nous? Mais vous verrez qu'avant peu, avant six mois sans doute, nous lui
ferons tous les honneurs de la ville, et que nous lui dirons comme à un conquérant
pacifique : soyez le bien venu, seigneur !
A 2 h. i /2, la Reine, Mme la duchesse d'Orléans, les jeunes princes et les jeunes
princesses, montaient dans une de ces immenses et riches voitures qui semblent mar-
cher toutes seules sur ce chemin qui marche et qui les pousse; M. le duc d'Orléans et
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.92%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.92%.
- Auteurs similaires Péreire Émile Péreire Émile /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Péreire Émile" or dc.contributor adj "Péreire Émile")Péreire Isaac Péreire Isaac /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Péreire Isaac" or dc.contributor adj "Péreire Isaac") Laurent de Villedeuil Pierre Charles Laurent de Villedeuil Pierre Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Laurent de Villedeuil Pierre Charles" or dc.contributor adj "Laurent de Villedeuil Pierre Charles")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 146/1106
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k9764496p/f146.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k9764496p/f146.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k9764496p/f146.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k9764496p/f146.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k9764496p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k9764496p
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k9764496p/f146.image × Aide