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- TABLE DES MATIÈRES DU TOME PREMIER DES DOCUMENTS SUR L’ORIGINE ET LE DÉVELOPPEMENT DES CHEMINS DE FER
G — 77
10 Question de convenance.
Nos adversaires disent qu'il y a utilité pour nous à aboutir à la place de la Made-
leine, mais qu'il n'y a pas utilité pour le public. A cela notre réponse est aisée.
Notre plan ne peut être dans notre intérêt, que parce qu'il est dans l'intérêt
public. Si nous nous sommes déterminés à dépenser deux millions de plus, c'est
apparemment que nous pensions que la dépense nous serait profitable; et comment
peut-elle l'être, si ce n'est en augmentant la somme de nos recettes, c'est-à-dire en
nous amenant plus de voyageurs ? Si pourtant il reste du doute, ce n'est pas en ce qui
concerne l'avantage du public, c'est en ce qui concerne le nôtre. Ce qu'il y a d'incon-
testable, c'est la commodité plus grande pour le public qui se servira de notre chemin.
Ce qui reste incertain et éventuel, c'est le profit de la Compagnie. De la rue Saint-
Lazare à la place de la Madeleine, le chemin de fer coûtera deux millions, en admet-
tant, comme nous l'espérons, que le jury réduise à un chiffre plus équitable les pré-
tentions excessives de quelques propriétaires. Pour que la Compagnie retrouve
l'intérèt de cette dépense, il faut que la proximité plus grande du point de départ lui
procure un produit net supplémentaire de 100,000 francs, ce qui suppose un surcroît
de 140,000 voyageurs par an.
Nous avons longtemps hésité avant d'adopter une résolution aussi grave pour
notre Compagnie. Mais elle nous a semblé si complètement exigée par l'intérèt du
public, et par conséquent par le nôtre, que nous nous sommes volontairement imposé
ce sacrifice. Nous nous sommes dit que si le chemin de fer aboutissait à un point
excentrique, le public le négligerait; que les curieux et les promeneurs y afflueraient,
au contraire, s'il aboutissait à un beau quartier. Nous avons pensé que si le chemin
de fer se terminait ailleurs qu'à proximité des magnifiques dégagements qu'offrent la
place de la Madeleine, les boulevards, la rue Royale, la rue et le faubourg St-Honoré;
s'il fallait que les voyageurs restassent à se morfondre dans des rues étroites comme
la rue Saint-Nicolas, ou encombrées comme la rue Saint-Lazare, le public se servirait
moins du chemin de fer; que dès lors il serait infiniment moins utile aux habitants
de Paris, de Saint-Germain, de Versailles et de toutes les autres communes environ-
nantes, et par conséquent à nous-mêmes. Nous avons cru enfin que l'avantage de
rapprocher le point de départ de huit, à dix minutes de marche, pouvait bien être
d'une importance médiocre pour un chemin de fer qui irait au Hâvre ou à Bruxelles,
mais que -c'était une amélioration notable pour une courte distance; que c'en était
une essentielle pour un trajet comme celui de Paris à Saint-Germain ou à Versailles,
qui durera trente à trente-cinq minutes, ou comme celui de Saint-Cloud et de Nan-
terre, qui sera de dix-huit minutes à vingt, sans parler de celui des Batignolles,
Clichy et Asnières, qui ne prendra que trois à huit minutes.
Dès lors notre parti a été pris.
Au surplus, messieurs, l'exemple de l'Angleterre et des États-Unis nous avait
montré qu'il y avait avantage pour le public et pour les Compagnies, à ce que les
chemins de fer pénétrassent dans l'intérieur des villes.
Ainsi, messieurs, nous confessons qu'en proposant de terminer notre chemin de
fer à la place de la Madeleine, nous avons eu en vue notre intérèt; mais nous affir-
mons qu'en cela notre intérêt est nécessairement d'accord avec celui du public, et
qu'il consiste à le satisfaire.
Tout récemment, le conseil municipal de Versailles a témoigné qu'il partageait
cette conviction. Ayant eu à se prononcer sur divers tracés du chemin de fer de Paris
a \ ersailles. il est revenu sur ses voles précédents, et a définitivement donné la préfé-
10 Question de convenance.
Nos adversaires disent qu'il y a utilité pour nous à aboutir à la place de la Made-
leine, mais qu'il n'y a pas utilité pour le public. A cela notre réponse est aisée.
Notre plan ne peut être dans notre intérêt, que parce qu'il est dans l'intérêt
public. Si nous nous sommes déterminés à dépenser deux millions de plus, c'est
apparemment que nous pensions que la dépense nous serait profitable; et comment
peut-elle l'être, si ce n'est en augmentant la somme de nos recettes, c'est-à-dire en
nous amenant plus de voyageurs ? Si pourtant il reste du doute, ce n'est pas en ce qui
concerne l'avantage du public, c'est en ce qui concerne le nôtre. Ce qu'il y a d'incon-
testable, c'est la commodité plus grande pour le public qui se servira de notre chemin.
Ce qui reste incertain et éventuel, c'est le profit de la Compagnie. De la rue Saint-
Lazare à la place de la Madeleine, le chemin de fer coûtera deux millions, en admet-
tant, comme nous l'espérons, que le jury réduise à un chiffre plus équitable les pré-
tentions excessives de quelques propriétaires. Pour que la Compagnie retrouve
l'intérèt de cette dépense, il faut que la proximité plus grande du point de départ lui
procure un produit net supplémentaire de 100,000 francs, ce qui suppose un surcroît
de 140,000 voyageurs par an.
Nous avons longtemps hésité avant d'adopter une résolution aussi grave pour
notre Compagnie. Mais elle nous a semblé si complètement exigée par l'intérèt du
public, et par conséquent par le nôtre, que nous nous sommes volontairement imposé
ce sacrifice. Nous nous sommes dit que si le chemin de fer aboutissait à un point
excentrique, le public le négligerait; que les curieux et les promeneurs y afflueraient,
au contraire, s'il aboutissait à un beau quartier. Nous avons pensé que si le chemin
de fer se terminait ailleurs qu'à proximité des magnifiques dégagements qu'offrent la
place de la Madeleine, les boulevards, la rue Royale, la rue et le faubourg St-Honoré;
s'il fallait que les voyageurs restassent à se morfondre dans des rues étroites comme
la rue Saint-Nicolas, ou encombrées comme la rue Saint-Lazare, le public se servirait
moins du chemin de fer; que dès lors il serait infiniment moins utile aux habitants
de Paris, de Saint-Germain, de Versailles et de toutes les autres communes environ-
nantes, et par conséquent à nous-mêmes. Nous avons cru enfin que l'avantage de
rapprocher le point de départ de huit, à dix minutes de marche, pouvait bien être
d'une importance médiocre pour un chemin de fer qui irait au Hâvre ou à Bruxelles,
mais que -c'était une amélioration notable pour une courte distance; que c'en était
une essentielle pour un trajet comme celui de Paris à Saint-Germain ou à Versailles,
qui durera trente à trente-cinq minutes, ou comme celui de Saint-Cloud et de Nan-
terre, qui sera de dix-huit minutes à vingt, sans parler de celui des Batignolles,
Clichy et Asnières, qui ne prendra que trois à huit minutes.
Dès lors notre parti a été pris.
Au surplus, messieurs, l'exemple de l'Angleterre et des États-Unis nous avait
montré qu'il y avait avantage pour le public et pour les Compagnies, à ce que les
chemins de fer pénétrassent dans l'intérieur des villes.
Ainsi, messieurs, nous confessons qu'en proposant de terminer notre chemin de
fer à la place de la Madeleine, nous avons eu en vue notre intérèt; mais nous affir-
mons qu'en cela notre intérêt est nécessairement d'accord avec celui du public, et
qu'il consiste à le satisfaire.
Tout récemment, le conseil municipal de Versailles a témoigné qu'il partageait
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