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- SOMMAIRE
- I. - Hommage à Emile Millet
- .......... Page(s) .......... 37
- .......... Page(s) .......... 40
- II. - Administration de la Société
- .......... Page(s) .......... 45
- .......... Page(s) .......... 46
- .......... Page(s) .......... 47
- III. - Excursion du 15 mai 1983
- .......... Page(s) .......... 48
- IV. - Autour de l'excursion
- .......... Page(s) .......... 55
- .......... Page(s) .......... 57
- .......... Page(s) .......... 60
- V. - Articles divers
- .......... Page(s) .......... 62
- .......... Page(s) .......... 65
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- .......... Page(s) .......... 71
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A FONTAINE-LE-COMTE
Nous accomplissons aujourd'hui un vœu que j'avais formulé il y a 5 ou 6 ans ; nous
étions allés, en 1977, à Fontenay-le-Comte et à Maillezais rendre hommage à Rabelais sur
les lieux où il reçut sa première formation humaniste : nous voici dans l'abbaye de Fon-
taine-le-Comte où cette formation va se trouver confirmée et élargie sur le monde par la
fréquentation et l'exemple de quelques-uns de ceux qui sont parmi « les plus excellens »
de ce siècle.
Nous savons dans quelles circonstances Rabelais quitte l'Ordre de saint François à
Fontenay-le-Comte et passe, chez les bénédictins de Maillezais, sous la crosse de Geoffroy
d'Estissac, abbé de Saint-Pierre et évêque de Maillezais ; cette période de sa vie monas-
tique est surtout marquée d'un libéralisme intelligent, Rabelais étant le secrétaire de
l'évêque, le suit en tous ses déplacements — et la pluralité des charges ecclésiastiques
ainsi que le souci de l'éducation du fils de son défunt frère, en imposaient de nombreux
à Geoffroy d'Estissac ; ces déplacements ont amené Rabelais en Poitou et spécialement à
Ligugé, d'où l'amitié l'a attiré à l'abbaye de Fontaine-le-Comte où j'ose dire que son
séjour revêt une importance capitale.
A Fontaine-le-Comte étaient des religieux Augustins — et l'on notera que c'est à cet
ordre qu'appartient Luther. L'abbé est alors Antoine Ardillon — que nous appelons le
Deuxième — et c'est un personnage d'une telle qualité que frère Jean, qui ne fait jamais
l'éloge de ses supérieurs, fait pour une fois une exception quand au Tiers Livre il dit
qu'il a bien connu Perrin Daudin, l'appointeur de procès, de Smarves (à quelques kilo-
mètres d'ici) quand il était « à Fontaine-le-Comte, soubz le noble abbé Ardillon » (T.L.,
XLIII) ; vous me direz que l'éloge paraît un peu mince mais il prend une valeur consi-
dérable dans la bouche de frère Jean. En outre, lors de son voyage de Poitiers à Maillezais,
lorsqu'il va se recueillir su rie tombeau de Geoffroy à la grand dent, Pantagruel s'arrêtera
à Fontaine-le-Comte pour y saluer « le noble abbé Ardillon ».
Il n'est pas douteux que dans ces deux passages l'épithète noble a un valeur morale
et non sociale, bien que la noblesse des Ardillon ne soit pas douteuse elle non plus, leurs
armes (trois ardillons de boucle) ayant été disposées par l'abbé premier du nom à la clef
de voûte du transept. La « noblesse » d'âme de notre abbé Ardillon tenait d'abord à ses
qualités de supérieur religieux : il observe strictement la règle de résidence, celles de la
dignité et de la frugalité dans la réflexion religieuse ; et se conformant lui-même à la
Règle, il veille à ce qu'elle soit observée par tous ; on sait d'ailleurs qu'une Réforme
intérieure avait dès la fin du XV" siècle été mise en œuvre dans l'Ordre des Augustins.
Le « noble abbé Ardillon » n'était pas de ceux qui professent que l'ignorance est vertu
(selon le reproche d'Erasme), c'était un homme cultivé et son plus grand plaisir était
d'être entouré de ses amis. Jean Bouchet, qui était procureur à Poitiers (nous aurions dit
il y a quelques années « avoué »), qui était père de famille nombreuse et qui était poète,
de l'école que nous appelons la « Grande Rhétorique », Jean Bouchet nous a fait connaître
les noms de certains des amis de l'abbé Ardillon qui se réunissaient à Fontaine-le-Comte :
on trouve parmi eux des « escholiers amateurs des Muses », un docteur en théologie
régent à l'Université de Poitiers Messire Jacques Prévost, un licencié ès-droits Nicolas
Petit, un cordelier très instruit Trojan, un autre religieux le grand voyageur Quintin,
l'abbé Jean d'Auton, le chanoine Jacques Le Puytesson — tous gens de savoir — et Plattard
nous dit que « du fond de son étude encombrée de sacs, Jean Bouchet rêvait de cette
fraîche vallée de Fontaine-le-Comte et de cette docte compagnie » (Adolescence, p. 60).
Nous ne passerons pas en revue tous les sujets qui étaient abordés dans ces entre-
tiens : disons que « l'humaine écriture » (c'est-à-dire les « Lettres profanes ») et notam-
ment la poésie des Grands Rhétoriqueurs, y tenait une grande place ; et d'ailleurs l'abbé
Ardillon publiera une épître latine en tête du Labyrinthe de Fortune de Jean Bouchet, et
il y fait l'éloge des principaux poètes du temps, tandis que Jean Quintin en publie une
autre en tête des Annales d'Aquitaine du même Bouchet et à l'éloge de son ami il joint
celui de Jean Lemaire de Belges, « le plus bel ornement de notre temps ».
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Nous accomplissons aujourd'hui un vœu que j'avais formulé il y a 5 ou 6 ans ; nous
étions allés, en 1977, à Fontenay-le-Comte et à Maillezais rendre hommage à Rabelais sur
les lieux où il reçut sa première formation humaniste : nous voici dans l'abbaye de Fon-
taine-le-Comte où cette formation va se trouver confirmée et élargie sur le monde par la
fréquentation et l'exemple de quelques-uns de ceux qui sont parmi « les plus excellens »
de ce siècle.
Nous savons dans quelles circonstances Rabelais quitte l'Ordre de saint François à
Fontenay-le-Comte et passe, chez les bénédictins de Maillezais, sous la crosse de Geoffroy
d'Estissac, abbé de Saint-Pierre et évêque de Maillezais ; cette période de sa vie monas-
tique est surtout marquée d'un libéralisme intelligent, Rabelais étant le secrétaire de
l'évêque, le suit en tous ses déplacements — et la pluralité des charges ecclésiastiques
ainsi que le souci de l'éducation du fils de son défunt frère, en imposaient de nombreux
à Geoffroy d'Estissac ; ces déplacements ont amené Rabelais en Poitou et spécialement à
Ligugé, d'où l'amitié l'a attiré à l'abbaye de Fontaine-le-Comte où j'ose dire que son
séjour revêt une importance capitale.
A Fontaine-le-Comte étaient des religieux Augustins — et l'on notera que c'est à cet
ordre qu'appartient Luther. L'abbé est alors Antoine Ardillon — que nous appelons le
Deuxième — et c'est un personnage d'une telle qualité que frère Jean, qui ne fait jamais
l'éloge de ses supérieurs, fait pour une fois une exception quand au Tiers Livre il dit
qu'il a bien connu Perrin Daudin, l'appointeur de procès, de Smarves (à quelques kilo-
mètres d'ici) quand il était « à Fontaine-le-Comte, soubz le noble abbé Ardillon » (T.L.,
XLIII) ; vous me direz que l'éloge paraît un peu mince mais il prend une valeur consi-
dérable dans la bouche de frère Jean. En outre, lors de son voyage de Poitiers à Maillezais,
lorsqu'il va se recueillir su rie tombeau de Geoffroy à la grand dent, Pantagruel s'arrêtera
à Fontaine-le-Comte pour y saluer « le noble abbé Ardillon ».
Il n'est pas douteux que dans ces deux passages l'épithète noble a un valeur morale
et non sociale, bien que la noblesse des Ardillon ne soit pas douteuse elle non plus, leurs
armes (trois ardillons de boucle) ayant été disposées par l'abbé premier du nom à la clef
de voûte du transept. La « noblesse » d'âme de notre abbé Ardillon tenait d'abord à ses
qualités de supérieur religieux : il observe strictement la règle de résidence, celles de la
dignité et de la frugalité dans la réflexion religieuse ; et se conformant lui-même à la
Règle, il veille à ce qu'elle soit observée par tous ; on sait d'ailleurs qu'une Réforme
intérieure avait dès la fin du XV" siècle été mise en œuvre dans l'Ordre des Augustins.
Le « noble abbé Ardillon » n'était pas de ceux qui professent que l'ignorance est vertu
(selon le reproche d'Erasme), c'était un homme cultivé et son plus grand plaisir était
d'être entouré de ses amis. Jean Bouchet, qui était procureur à Poitiers (nous aurions dit
il y a quelques années « avoué »), qui était père de famille nombreuse et qui était poète,
de l'école que nous appelons la « Grande Rhétorique », Jean Bouchet nous a fait connaître
les noms de certains des amis de l'abbé Ardillon qui se réunissaient à Fontaine-le-Comte :
on trouve parmi eux des « escholiers amateurs des Muses », un docteur en théologie
régent à l'Université de Poitiers Messire Jacques Prévost, un licencié ès-droits Nicolas
Petit, un cordelier très instruit Trojan, un autre religieux le grand voyageur Quintin,
l'abbé Jean d'Auton, le chanoine Jacques Le Puytesson — tous gens de savoir — et Plattard
nous dit que « du fond de son étude encombrée de sacs, Jean Bouchet rêvait de cette
fraîche vallée de Fontaine-le-Comte et de cette docte compagnie » (Adolescence, p. 60).
Nous ne passerons pas en revue tous les sujets qui étaient abordés dans ces entre-
tiens : disons que « l'humaine écriture » (c'est-à-dire les « Lettres profanes ») et notam-
ment la poésie des Grands Rhétoriqueurs, y tenait une grande place ; et d'ailleurs l'abbé
Ardillon publiera une épître latine en tête du Labyrinthe de Fortune de Jean Bouchet, et
il y fait l'éloge des principaux poètes du temps, tandis que Jean Quintin en publie une
autre en tête des Annales d'Aquitaine du même Bouchet et à l'éloge de son ami il joint
celui de Jean Lemaire de Belges, « le plus bel ornement de notre temps ».
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