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Des Ex-Voto en forme de crapaud
provenant de la chapelle Saint Vit
Le musée de Saverne conserve sept curieux ex-voto en forme
de crapaud qui proviennent de la chapelle de Saint Vit. Ils
ont été donnés au musée dès 1859 par le sieur Herwé (ou
Hervé) et le garde-forestier Boistelle (1). Six de ces crapauds
votifs sont en tôle de fer découpée et grossièrement façonnee
pour faire ressortir les formes du corps aux flancs arrondis,
la tête, les pattes et des sortes de doigts. Les yeux sont indi-
qués soit par des trous percés au poinçon, soit par de simples
cavités embouties. Les vestiges de cernes dorés ou blanchâtres,
à peine visibles, autour des yeux, comme l'indication de^ la
bouche, seraient dus à des retouches faites au XIXe siècle
par les conservateurs du musée. La bouche du crapaud est
parfois aussi représentée par un trou percé ou une cavité
emboutie.
CATALOGUE DES EX-VOTO (fig. 9)
1) jd 140 — 0,10 x 0,06 m — Tôle mince découpée et
façonnée. Le corps en forme d'outre est marqué par deux
légères pliures verticales pour donner l'impression de bombe-
ment du corps. La tête, énorme, est aussi façonnée par deux
doubles pliures pour lui donner un relief en quatre plans.
Le cou est indiqué par une pliure. Les yeux sont profondément
emboutis mais non percés. Les cernes des yeux et le tracé
la bouche sont visibles (refaits ?). Deux pattes antérieures à
doubles replis se terminent par quatre éléments digités pointus.
Pas de pattes postérieures (détruites ?). Traces de rouille sous
le vernis.
2) jd 141 — 10,5 x 0,06 m — Tôle mince découpée et
façonnée. Traitement plus naturaliste de la forme du corps,
façonné en relief par deux pliures verticales. La^ tête légère-
ment décentrée sur la droite, également façonnée. Les yeux
et la bouche sont des trous percés par dessous avec un poinçon
de section carrée ; les barbelures sont saillantes. Cernes
blanchâtres. A droite, une patte antérieure à double replis et
quatre doigts pointus ; une patte postérieure remarquable-
ment vivante, en forme de patte de grenouille à quatre doigts
pointus et allongés. Traces de rouille. C'est le plus bel
exemplaire de la série.
3) jd 142 — 0,075 x 0,06 m — Tôle assez épaisse ou fer
forgé très grossier. Forme très stylisée indiquant la tête, le
corps et la patte postérieure gauche sans digitation.
4) jd 143 — 0,075 x 0,06 m - Tôle mince.
Le corps arrondi, la tête bien marquée, assez petite, trois
orifices percés par le haut pour les yeux et la bouche. Deux
pattes antérieures en arc de cercle vers l'avant, sans doigts.
Moignon d'une patte postérieure gauche.
5) jd 144 — 0,11 x 0,08 m — Fer forgé.
La tête manque. Le corps très différent des précédents ; quatre
pattes courbées de différentes tailles. Exemplaire unique de
ce type. Le modelé est assez expressif.
6) jd 145 — 0,10 x 0,10 m — Tôle mince, découpée.
Le corps trapu en forme d'outre, légèrement bombé. La tête
petite en forme de demi-cercle ; le cou n'est pas marqué. Trois
trous pour les yeux et la bouche ouverts par le dessous au
poinçon rond, barbelures saillantes. Deux pattes antérieures
en arc de cercle vers l'arrière, sans digitation. La patte
arrière gauche horizontale. La droite brisée. Bel exemple de
stylisation du thème.
7) jd 146 — 0,10 x 0,115 m — Tôle de fer battu assez
épaisse. Bien conservé. Corps aux flancs saillants et arrondis.
Petite tête ronde. Deux yeux ronds estampés. Trace de bouche
semi-circulaire. Les quatre pattes très fortes sont arquées et
se terminent par une digitation irrégulière de 4 ou 5 éléments
pointus ou arrondis. Bel exemplaire (2).
INTERPRETATION DE CETTE PRATIQUE
Depuis longtemps les auteurs ont cherché à connaître d'une
part le sens de la pratique des ex-voto en forme de crapaud
d'autre part la raison qui fait associer ce rite au culte de
Saint Vit (3). On s'accorde pour faire du crapaud dans le
Bestiaire ancien, un animal maléfique, lié aux pratiques de
la sorcellerie et un des symboles de la luxure. Dans les arts
roman et gothique, pour ne pas remonter plus haut, les
femmes de mauvaise vie qui purgent leur peine en enfer sont
souvent représentées nues, torturées par des crapauds qui
mordent leurs seins ou s'insinuent entre leurs cuisses. Les
peintres Bosch, Grünewald et bien d'autres artistes ont caché
le sexe féminin sous la représentation d'un crapaud. C'est que
cet animal laid et visqueux était considéré comme un équiva-
lent symbolique de l'utérus (4). L'ancienne médecine affirmait
que cet organe féminin avait la forme d'un crapaud, f( retour-
né comme un gant ». Cette croyance est aussi liée inconsciem-
ment au fait que le sexe de la femme et l'utérus étaient
considérés comme une « bouche de l'enfer », source du vice.
Les femmes atteintes d'affections gynécologiques ou de
troubles nerveux d'origine hystérique ne pouvant offrir par
décence l'image d'un utérus comme ex-voto (comme on peut
le faire pour un membre, bras, jambe...) consacraient alors
un crapaud en fer, en cire ou en bois, grossièrement façonné.
Encore faudrait-il savoir s'il s'agit d'ex-voto déposés une
fois la guérison obtenue ou d'objets destinés à provoquer la
guérison des maladies utérines ou nerveuses. En tout cas les
rapports du crapaud avec la génération, la naissance et ses
douleurs, les relevailles, la stérilité, les maladies utérines ou
à caractère hystérique semblent attestés et reconnus dans tous
les pays germaniques du sud, du Tyrol à la Lorraine avec
des pratiques ou des croyances variées.
Mais pourquoi ces rites sont-ils associés au culte de Saint
Vit ? Deux hypothèses peuvent être avancées. Les troubles
hystériques peuvent prendre des formes apparemment proches
des symptômes épileptiques de la « danse de Saint Guy », d'où
un rapprochement possible. Mais le crapaud a toujours aussi
passé pour une bête venimeuse qui, par son haleine, sa bave
et son urine empoisonnées serait capable de donner la mort.
Si cette superstition est exagérée, il paraît (5) que certaines
espèces de crapaud comme le crapaud des joncs (bufo calami-
ta) possède sur le dos des glandes f( à venin » contenant un
alcaloïde proche de celui que l'on peut isoler dans l'amanite-
tue-mouches. Ce poison serait capable de provoquer des
troubles hallucinatoires. C'est donc peut-être par ce biais que
le rapport entre le crapaud provocateur de troubles (en
partie imaginaires) et le saint capable de les guérir a été
établi. On a aussi remarqué que dans la croyance populaire
et dans les légendes une liaison courante existait entre le
crapaud, animal souterrain, et les grottes qui s'enfoncent
dans la terre.
On ne sait pas grand chose de l'histoire de ces ex-voto. On
ignore à quelle époque cette pratique a pris naissance. Elle
existait, très vivace, au XVIIIe siècle puisque, comme il est
dit par ailleurs, elle a été fortement réprouvée et interdite
par le Cardinal de Rohan en 1758. Mais l'habitude du rite
s'est maintenue jusque dans la deuxième moitié du
15
provenant de la chapelle Saint Vit
Le musée de Saverne conserve sept curieux ex-voto en forme
de crapaud qui proviennent de la chapelle de Saint Vit. Ils
ont été donnés au musée dès 1859 par le sieur Herwé (ou
Hervé) et le garde-forestier Boistelle (1). Six de ces crapauds
votifs sont en tôle de fer découpée et grossièrement façonnee
pour faire ressortir les formes du corps aux flancs arrondis,
la tête, les pattes et des sortes de doigts. Les yeux sont indi-
qués soit par des trous percés au poinçon, soit par de simples
cavités embouties. Les vestiges de cernes dorés ou blanchâtres,
à peine visibles, autour des yeux, comme l'indication de^ la
bouche, seraient dus à des retouches faites au XIXe siècle
par les conservateurs du musée. La bouche du crapaud est
parfois aussi représentée par un trou percé ou une cavité
emboutie.
CATALOGUE DES EX-VOTO (fig. 9)
1) jd 140 — 0,10 x 0,06 m — Tôle mince découpée et
façonnée. Le corps en forme d'outre est marqué par deux
légères pliures verticales pour donner l'impression de bombe-
ment du corps. La tête, énorme, est aussi façonnée par deux
doubles pliures pour lui donner un relief en quatre plans.
Le cou est indiqué par une pliure. Les yeux sont profondément
emboutis mais non percés. Les cernes des yeux et le tracé
la bouche sont visibles (refaits ?). Deux pattes antérieures à
doubles replis se terminent par quatre éléments digités pointus.
Pas de pattes postérieures (détruites ?). Traces de rouille sous
le vernis.
2) jd 141 — 10,5 x 0,06 m — Tôle mince découpée et
façonnée. Traitement plus naturaliste de la forme du corps,
façonné en relief par deux pliures verticales. La^ tête légère-
ment décentrée sur la droite, également façonnée. Les yeux
et la bouche sont des trous percés par dessous avec un poinçon
de section carrée ; les barbelures sont saillantes. Cernes
blanchâtres. A droite, une patte antérieure à double replis et
quatre doigts pointus ; une patte postérieure remarquable-
ment vivante, en forme de patte de grenouille à quatre doigts
pointus et allongés. Traces de rouille. C'est le plus bel
exemplaire de la série.
3) jd 142 — 0,075 x 0,06 m — Tôle assez épaisse ou fer
forgé très grossier. Forme très stylisée indiquant la tête, le
corps et la patte postérieure gauche sans digitation.
4) jd 143 — 0,075 x 0,06 m - Tôle mince.
Le corps arrondi, la tête bien marquée, assez petite, trois
orifices percés par le haut pour les yeux et la bouche. Deux
pattes antérieures en arc de cercle vers l'avant, sans doigts.
Moignon d'une patte postérieure gauche.
5) jd 144 — 0,11 x 0,08 m — Fer forgé.
La tête manque. Le corps très différent des précédents ; quatre
pattes courbées de différentes tailles. Exemplaire unique de
ce type. Le modelé est assez expressif.
6) jd 145 — 0,10 x 0,10 m — Tôle mince, découpée.
Le corps trapu en forme d'outre, légèrement bombé. La tête
petite en forme de demi-cercle ; le cou n'est pas marqué. Trois
trous pour les yeux et la bouche ouverts par le dessous au
poinçon rond, barbelures saillantes. Deux pattes antérieures
en arc de cercle vers l'arrière, sans digitation. La patte
arrière gauche horizontale. La droite brisée. Bel exemple de
stylisation du thème.
7) jd 146 — 0,10 x 0,115 m — Tôle de fer battu assez
épaisse. Bien conservé. Corps aux flancs saillants et arrondis.
Petite tête ronde. Deux yeux ronds estampés. Trace de bouche
semi-circulaire. Les quatre pattes très fortes sont arquées et
se terminent par une digitation irrégulière de 4 ou 5 éléments
pointus ou arrondis. Bel exemplaire (2).
INTERPRETATION DE CETTE PRATIQUE
Depuis longtemps les auteurs ont cherché à connaître d'une
part le sens de la pratique des ex-voto en forme de crapaud
d'autre part la raison qui fait associer ce rite au culte de
Saint Vit (3). On s'accorde pour faire du crapaud dans le
Bestiaire ancien, un animal maléfique, lié aux pratiques de
la sorcellerie et un des symboles de la luxure. Dans les arts
roman et gothique, pour ne pas remonter plus haut, les
femmes de mauvaise vie qui purgent leur peine en enfer sont
souvent représentées nues, torturées par des crapauds qui
mordent leurs seins ou s'insinuent entre leurs cuisses. Les
peintres Bosch, Grünewald et bien d'autres artistes ont caché
le sexe féminin sous la représentation d'un crapaud. C'est que
cet animal laid et visqueux était considéré comme un équiva-
lent symbolique de l'utérus (4). L'ancienne médecine affirmait
que cet organe féminin avait la forme d'un crapaud, f( retour-
né comme un gant ». Cette croyance est aussi liée inconsciem-
ment au fait que le sexe de la femme et l'utérus étaient
considérés comme une « bouche de l'enfer », source du vice.
Les femmes atteintes d'affections gynécologiques ou de
troubles nerveux d'origine hystérique ne pouvant offrir par
décence l'image d'un utérus comme ex-voto (comme on peut
le faire pour un membre, bras, jambe...) consacraient alors
un crapaud en fer, en cire ou en bois, grossièrement façonné.
Encore faudrait-il savoir s'il s'agit d'ex-voto déposés une
fois la guérison obtenue ou d'objets destinés à provoquer la
guérison des maladies utérines ou nerveuses. En tout cas les
rapports du crapaud avec la génération, la naissance et ses
douleurs, les relevailles, la stérilité, les maladies utérines ou
à caractère hystérique semblent attestés et reconnus dans tous
les pays germaniques du sud, du Tyrol à la Lorraine avec
des pratiques ou des croyances variées.
Mais pourquoi ces rites sont-ils associés au culte de Saint
Vit ? Deux hypothèses peuvent être avancées. Les troubles
hystériques peuvent prendre des formes apparemment proches
des symptômes épileptiques de la « danse de Saint Guy », d'où
un rapprochement possible. Mais le crapaud a toujours aussi
passé pour une bête venimeuse qui, par son haleine, sa bave
et son urine empoisonnées serait capable de donner la mort.
Si cette superstition est exagérée, il paraît (5) que certaines
espèces de crapaud comme le crapaud des joncs (bufo calami-
ta) possède sur le dos des glandes f( à venin » contenant un
alcaloïde proche de celui que l'on peut isoler dans l'amanite-
tue-mouches. Ce poison serait capable de provoquer des
troubles hallucinatoires. C'est donc peut-être par ce biais que
le rapport entre le crapaud provocateur de troubles (en
partie imaginaires) et le saint capable de les guérir a été
établi. On a aussi remarqué que dans la croyance populaire
et dans les légendes une liaison courante existait entre le
crapaud, animal souterrain, et les grottes qui s'enfoncent
dans la terre.
On ne sait pas grand chose de l'histoire de ces ex-voto. On
ignore à quelle époque cette pratique a pris naissance. Elle
existait, très vivace, au XVIIIe siècle puisque, comme il est
dit par ailleurs, elle a été fortement réprouvée et interdite
par le Cardinal de Rohan en 1758. Mais l'habitude du rite
s'est maintenue jusque dans la deuxième moitié du
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