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André LATREILLE
(1901-1984)
Membre Emérite
Avec André Latreille, notre Académie a perdu, cet été, l'un de ses
membres à la fois les plus connus au dehors et les plus attachés à sa
vitalité intérieure.
Commencée à Lyon le 29 avril 1901, achevée à Neuville-sur-Saône
le 25 juillet 1984, sa vie s'est déroulée avant tout sous le signe de la
tradition. C'est en effet auprès de son père, Camille Latreille, esprit fin,
actif et curieux, professeur à la Faculté des Lettres, historien de la vie
religieuse et littéraire à Lyon au XIXe siècle, qu'il trouva l'amour des
grandes causes auxquelles il allait consacrer sa vie intellectuelle et
publique : l'Eglise catholique, dont il fut un fils inconditionnellement
fidèle l'Université, grand corps de l'Etat, Etat auquel il fut si près d'ap-
partenir ; sa ville natale, dans laquelle il s'enracina, qu'il aima, et dont
il voulut être un notable; l'histoire, enfin, qui pour lui fut non seulement
connaissance, mais surtout trésor et expérience et source de sagesse.
Ces grandes causes, il les aima et les servit au point de les incorporer
à sa personne, en un tout indissociable. L'histoire du catholicisme, les
rapports entre l'Eglise et l'Etat, l'histoire de Lyon, les liens entre la
Ville et l'Université : quand une entreprise voyait le jour en l'un de ces
domaines, il lui semblait naturel d'y prendre une part active et même,
de plus en plus avec l'âge, de la diriger ou de la patronner.
Il y fut servi par un ensemble peu commun de qualités fondamen-
tales. Qualités intellectuelles : grande clarté de l'esprit, qui n'allait pas
sans une certaine sécheresse et un manque d'intérêt pour la vision
philosophique des choses, mais qui lui faisait débrouiller et exposer les
questions, chaque chose à sa place, en une synthèse ample et aisée ;
puissance et rapidité de travail qui lui permirent de mener de front de
nombreuses tâches absorbantes : enseignement, rédactions d'articles
ou de lois, participation à de multiples organismes publics ou privés.
Les qualités morales furent en harmonie. Sens du devoir, sans compro-
mis ni compromissions ; droiture, non sans raideur, perceptible même
dans son maintien ; zèle énergique et actif, ardeur à payer de sa per-
sonne. J'ai parlé de sécheresse, de raideur : de fait, il était souvent
cassant, jusque dans le timbre et l'intonation de la voix, et même faci-
lement blessant. Mais, selon toute vraisemblance, à son insu, tant les
convictions et les bonnes intentions, chez lui, étaient entières : on
n'imagine pas André Latreille atteint par le doute, pas plus sur les
causes qu'il servait que sur sa mission ou sur lui-même. C'est là une
force.
On comprend mieux, ainsi, d'où lui vinrent un ascendant et une
notoriété que sa carrière universitaire, à elle seule, n'eût pas suffit à
susciter. Professeur aux lycées de Clermont, de Marseille, de Lyon, il
soutint sa thèse en 1936 et enseigna aux Facultés de Poitiers, puis de
