Titre : Jeunesse : organe de la Section de la jeunesse de la Croix-rouge française
Auteur : Croix-Rouge française de la jeunesse. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-12-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32796151b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 décembre 1934 01 décembre 1934
Description : 1934/12/01 (A10,N81)-1934/12/31. 1934/12/01 (A10,N81)-1934/12/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9690078q
Source : Croix-Rouge française, 2016-69794
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/06/2016
JEUNESSE
39
LA FÉE
TOILE
DE LIIN
Linogravures des Juniors de l'Ecole Frans Fischer.
A Saint-Bonaventure-les-Belles-T oiles, de-
meurait une femme qui possédait si peu de
linge qu elle avait grande honte quand arrivait
le temps de la lessive annuelle.
Soudain alors, sur les prés dont reverdissait
1 herbe, cur la haie des courtils bourgeonnants
s épanouissaient au premier soleil des blan-
cheurs vives, claquantes à la brise comme ailes
de colombes.
Et les ménagères de Saint-Bonaventure de
s enorgueillir de leurs beaux grands draps de
toile lourde et forte, de leurs serviettes, de leurs
nappes offertes aux baisers du soleil et à l'ad-
mirstion du prochain !...
La i:emme dont je parle et qui s'appelait Ja-
votte à peine avait-elle à étendre devant sa
porte, sur la cordelle, quatre méchants draps
rapetassés, une nappe trouée, de mauvais tor-
chons, ce qui faisait dire à ceux qui passaient :
— Ce ch 'ti linge de Javotte, quelle pitié, bon-
nes gens !...
Pourtant, quand elle s'était mise en ménage,
Javotte avait reçu de sa marraine un plein pied
de bas d écus pour s acheter un trousseau !
Mais elle était fille si vaine !...
Dédaignant de se marier en coiffe à la mode
du. pays, elle avait couru à la ville acheter de
blancs atours : robe falbalassée à traîne longue
d une aune, chaperon de fleurs, voile plus léger
que la nue, sans compter une croix d'or et des
pendants d'oreille...
Le village béa d'admiration devant une aussi
belle mariée, mais tous les é:cus avaient passé
à.ces fanfioles, et Javotte paya ce jour de triom-
phe de t ien des jours humiliés.
Il était dans le même temps, par le monde,
une fée qu'une grosse peine accablait.
Elle s appelait Toile-de-Lin et s'affligeait de
ce que les femmes eussent perdu le goût du
beau linge abondant et solide, des massives ar-
moires pleines comme un œuf; fleurant bon le
lessive, la lavande et l'iris.
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LA FÉE
TOILE
DE LIIN
Linogravures des Juniors de l'Ecole Frans Fischer.
A Saint-Bonaventure-les-Belles-T oiles, de-
meurait une femme qui possédait si peu de
linge qu elle avait grande honte quand arrivait
le temps de la lessive annuelle.
Soudain alors, sur les prés dont reverdissait
1 herbe, cur la haie des courtils bourgeonnants
s épanouissaient au premier soleil des blan-
cheurs vives, claquantes à la brise comme ailes
de colombes.
Et les ménagères de Saint-Bonaventure de
s enorgueillir de leurs beaux grands draps de
toile lourde et forte, de leurs serviettes, de leurs
nappes offertes aux baisers du soleil et à l'ad-
mirstion du prochain !...
La i:emme dont je parle et qui s'appelait Ja-
votte à peine avait-elle à étendre devant sa
porte, sur la cordelle, quatre méchants draps
rapetassés, une nappe trouée, de mauvais tor-
chons, ce qui faisait dire à ceux qui passaient :
— Ce ch 'ti linge de Javotte, quelle pitié, bon-
nes gens !...
Pourtant, quand elle s'était mise en ménage,
Javotte avait reçu de sa marraine un plein pied
de bas d écus pour s acheter un trousseau !
Mais elle était fille si vaine !...
Dédaignant de se marier en coiffe à la mode
du. pays, elle avait couru à la ville acheter de
blancs atours : robe falbalassée à traîne longue
d une aune, chaperon de fleurs, voile plus léger
que la nue, sans compter une croix d'or et des
pendants d'oreille...
Le village béa d'admiration devant une aussi
belle mariée, mais tous les é:cus avaient passé
à.ces fanfioles, et Javotte paya ce jour de triom-
phe de t ien des jours humiliés.
Il était dans le même temps, par le monde,
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Elle s appelait Toile-de-Lin et s'affligeait de
ce que les femmes eussent perdu le goût du
beau linge abondant et solide, des massives ar-
moires pleines comme un œuf; fleurant bon le
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