Titre : Pyrénées : organe officiel du Musée pyrénéen du Château-fort de Lourdes, de la Fédération franco-espagnole des sociétés pyrénéistes, du G.P.H.M. / Société des amis du Musée pyrénéen
Auteur : Société des amis du Musée pyrénéen. Auteur du texte
Éditeur : Société des amis du Musée pyrénéen (Lourdes)
Éditeur : Société des amis du Musée pyrénéenSociété des amis du Musée pyrénéen (Lourdes)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/02/2016
La Femme nue des Pyrénées
1. — L'HISTOIRE
Le Journal de l'Empire, qui quelques semaines plus tard allait transformer son titre pour devenir le Journal des Débats, apporta à ses lecteurs, dans son numéro du 17 janvier 1814, une nouvelle bien sensationnelle. Reproduisant un article publié dix jours avant dans le Journal de VAriège, sous la signature de Bascle de Lagrèze, ancien sous-préfet de Foix, ce docte quotidien révélait que, quelques années auparavant, d'intrépides chasseurs s'étant aventurés sur les pentes pratiquement inaccessibles du Montcalm, cime de plus de 3.000 mètres dans les Pyrénées ariégeoises, y avaient eu la surprise de voir soudain se dresser devant eux, au sommet d'un promontoire dominant un impressionnant abîme, une femme entièrement nue. Elle était de taille élancée, sa peau était halée, et une abondante chevelure descendait bas sur ses épaules et son dos. Les braves ariégeois n'en crurent pas leurs yeux et songèrent tout d'abord être victimes d'une hallucination collective. Puis, ils tentèrent d'atteindre cette apparition imprévue, mais, à leur approche, la femme poussa un cri strident, et, bondissant de roche en roche avec une agilité stupéfiante, disparut dans l'envol de sa splendide chevelure.
Rentrés au village de Suc, dans la vallée de Vicdessos, ces hom- mes racontèrent leur découverte, mais nul ne voulut les croire. Ils furent cependant tellement affirmatifs que les habitants décidèrent d'organiser une expédition pour vérifier d'aussi invraisemblables déclarations. Une battue fut décidée afin de retrouver les traces d'un aussi étrange animal, et une embuscade habilement établie dans le secteur où s'était produite cette apparition, permit de capturer effectivement une femme entièrement nue. On lui présenta aussitôt des vêtements, qu'elle s'empressa de rejeter et déchira même avec violence. Ses yeux lançant des éclairs, ses mouvements étant désordonnés, et convulsifs, on dut la ficeler comnie un saucisson pour la descendre au village.
Là, le brave abbé Joseph Dandine, curé de Suc, fut invité à interroger cette singulière pénitente. Il s'y employa avec beaucoup de douceur, lui adressant des paroles de réconfort et d'apaisement qui ne parvinrent pas à faire sortir la femme de son mutisme
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