Titre : Bulletin pyrénéen : publié avec le concours de la Section de Pau du Club alpin français (CAF) et de la Société des excursionnistes du Béarn (SEB)
Auteur : Club alpin français. Section (Pyrénées-Atlantiques). Auteur du texte
Auteur : Société des excursionnistes du Béarn. Auteur du texte
Auteur : Fédération franco-espagnole des sociétés pyrénéistes. Auteur du texte
Auteur : Fédération pyrénéenne de ski et du Musée pyrénéen. Auteur du texte
Éditeur : Bulletin pyrénéen (Pau)
Date d'édition : 1936-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32732870b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1936 01 juillet 1936
Description : 1936/07/01 (N221)-1936/09/30. 1936/07/01 (N221)-1936/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Midi-Pyrénées
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k96262931
Source : Musée pyrénéen de Lourdes, R3 035
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2016
282 BULLETIN PYRÉNÉEN
pulation fine, policée, beaucoup plus civilisée (sic, sic et resic) que les français
de l'époque : le Béarn ».
On peut ici mettre les choses au point avec autant plus de libre franchise que
notre Béarn contemporain n'a rien à envier, sous ce rapport, aux autres pro-
vinces dé France : la vérité pure c'est que, au XIVe siècle, en face de la France
de Charles V, de Jean de Berry et des Valois de Bourgogne, la France des cathé-
drales sublimes, du Roman de la Rose, d'E. Deschamps -et de Christine de Pisan,
les pays des Pyrénées occidentales apparaissent incultes, intellectuellement
parlant. A la magnifique civilisation du Languedoc et de la Provence, ils ne
participent que de très loin et bien faiblement. Pas d'art local : les modestes
églises que l'on élève ne témoignent que d'influences étrangères. Pour construire
ses châteaux béarnais, Phébus doit s'adresser à un architecte de son comté de
Foix, Sicard de Lordat, dont les procédés, — empruntés aux écoles languedo-
ciennes et avignonaise, — sont très en retard sur les théories architectoniques
d'outre-Garonne (Cf. P. Raymond : Mœurs Béarnaises, et Les Artistes en Béarn).
En Béarn, il y a seulement cinq écoles en 1385 (P. Raymond, Le Béarn sous
Gaston Phœbus, 1873, p. XI) et neuf à la fin du xv" siècle (Ch. Dartigue, La
vicomté de Béarn sous Henri d'Albret, 1934, p. 384). Au XVIe siècle encore, «tan-
dis' que dans d'autres régions du Sud-Ouest de la France, on assiste à la diffu-
sion de l'instruction, celle-ci est donnée en Béarn de la manière la plus irrégu-
lière et la moins complète... A comparer le Béarn avec d'autres régions voisines,
telles le Bordelais, le Bas-Quercy, le Toulousain, il s'y révèle une vie intellec-
tuelle beaucoup moins intense ».
Le premier texte béarnais littéraire, — encore ne s'agit-il que d'une traduc-
tion, et fort plate, — ne remonte pas au-delà du xve siècle (Récits, d'histoire
sainte en béarnais, p. p. par Lespy et Raymond, 1876). Phébus, «symbole» au
dire de M. N. « d'un nationalisme de langue d'oc » a écrit son Livre de la Chasse
et son Livre des Oraisons, en français. Nombreux pourtant furent, au Moyeii-
Age, les chevaliers-poètes du Midi qui employèrent dans leurs œuvres leur par-
ler roman.
C'est désolant pour M. N., mais je n'y puis rien : tout démontre qu'en Béarn
la vie intellectuelle ne s'est développée que depuis la réunion à la France. Voiilà
pourquoi, peut-être des écrivains béarnais illustres, le premier en date est
M-arca, archevêque de Paris, et le dernier M. Nabonne lui-même, romancier
parisien...
Ce qui, par une transition toute, naturelle, m'amène à déférer à une autre
« mise en demeure » dudit M. N. J'ai, paraît-il, fait « planer un soupçon sur ses
intentions », et j'aurais laissé entendre qu'il pourrait avoir « un intérêt maté-
riel » à vanter la supériorité du Béarn. M. N. rêve : je n'ai rien dit de tel. Mais,
en m'étonnant de le voir malmener Paris et le Nord lui. romancier parisien et
lauréat des jurys parisiens, j'ai exprimé une pensée parfaitement claire, qui
peut se résumer ainsi : il convient mal de professer un régionalisme aussi intran-
sigeant quand on n'a pas exclusivement consacré sa vie et son talent à sa région.
C'est pourquoi, tandis que je n'accorde aucune circonstance atténuante à M. N.,
je respecte, par exemple, Mme Philadelphe de Gerde, — sans l'approuver, au
reste, lorsqu'elle appelle la France d'oïl « ero soràstro » et les vainqueurs de
Muret « eds carcans de r'oro negrasso », - parce que la grande poétesse bigour-
dane a voué son farouche génie à la Gascogne, qu'elle a toujours vécu en
Aquitaine et toujours écrit et parlé la langue d'oc.
Phébus et la France.— A ce sujet, M. N. me taxe poliment de mauvaise foi.
Je m'en fâcherais si ma probité d'historien n'était à l'abri de telles insultes.
Mais, puisque M. N. court au-devant d'une leçon cruelle, je la, lui donnerai
avec autant de vigueur que de sérénité.
Il a donné, assure-t-il, des détails « scrupuleusement contrôlés », p. 200-202
de son livre, sur le changement de politique de Phébus à la mort de son fils et
sur le traité de 1390 « qui en fut la conséquence ». Et il affirme qu'il connaît ce
traité « aussi bien que moi ».
Diable ! voilà qui'est franc, net -et catégorique. Mais'voyons un peu .
D'abord, les détails « scrupuleusement contrôlés » dont M. N. se targue, ont
été souvent donnés. On les trouve, notamment, dans l'ouvrage de Gaiicheraud sur
Gaston Phébus, paru en 1834. Il y a longtemps que l'on sait que, si Phébus fit
donation posi mortem de ses états à Charles VI, ce fut pour exhéréder Mathieu
de Foix, son successeur légitime. Mais cède-t-on à de tels mobiles quand on est
le « symbole d'un nationalisme de langue d'oc » ?
pulation fine, policée, beaucoup plus civilisée (sic, sic et resic) que les français
de l'époque : le Béarn ».
On peut ici mettre les choses au point avec autant plus de libre franchise que
notre Béarn contemporain n'a rien à envier, sous ce rapport, aux autres pro-
vinces dé France : la vérité pure c'est que, au XIVe siècle, en face de la France
de Charles V, de Jean de Berry et des Valois de Bourgogne, la France des cathé-
drales sublimes, du Roman de la Rose, d'E. Deschamps -et de Christine de Pisan,
les pays des Pyrénées occidentales apparaissent incultes, intellectuellement
parlant. A la magnifique civilisation du Languedoc et de la Provence, ils ne
participent que de très loin et bien faiblement. Pas d'art local : les modestes
églises que l'on élève ne témoignent que d'influences étrangères. Pour construire
ses châteaux béarnais, Phébus doit s'adresser à un architecte de son comté de
Foix, Sicard de Lordat, dont les procédés, — empruntés aux écoles languedo-
ciennes et avignonaise, — sont très en retard sur les théories architectoniques
d'outre-Garonne (Cf. P. Raymond : Mœurs Béarnaises, et Les Artistes en Béarn).
En Béarn, il y a seulement cinq écoles en 1385 (P. Raymond, Le Béarn sous
Gaston Phœbus, 1873, p. XI) et neuf à la fin du xv" siècle (Ch. Dartigue, La
vicomté de Béarn sous Henri d'Albret, 1934, p. 384). Au XVIe siècle encore, «tan-
dis' que dans d'autres régions du Sud-Ouest de la France, on assiste à la diffu-
sion de l'instruction, celle-ci est donnée en Béarn de la manière la plus irrégu-
lière et la moins complète... A comparer le Béarn avec d'autres régions voisines,
telles le Bordelais, le Bas-Quercy, le Toulousain, il s'y révèle une vie intellec-
tuelle beaucoup moins intense ».
Le premier texte béarnais littéraire, — encore ne s'agit-il que d'une traduc-
tion, et fort plate, — ne remonte pas au-delà du xve siècle (Récits, d'histoire
sainte en béarnais, p. p. par Lespy et Raymond, 1876). Phébus, «symbole» au
dire de M. N. « d'un nationalisme de langue d'oc » a écrit son Livre de la Chasse
et son Livre des Oraisons, en français. Nombreux pourtant furent, au Moyeii-
Age, les chevaliers-poètes du Midi qui employèrent dans leurs œuvres leur par-
ler roman.
C'est désolant pour M. N., mais je n'y puis rien : tout démontre qu'en Béarn
la vie intellectuelle ne s'est développée que depuis la réunion à la France. Voiilà
pourquoi, peut-être des écrivains béarnais illustres, le premier en date est
M-arca, archevêque de Paris, et le dernier M. Nabonne lui-même, romancier
parisien...
Ce qui, par une transition toute, naturelle, m'amène à déférer à une autre
« mise en demeure » dudit M. N. J'ai, paraît-il, fait « planer un soupçon sur ses
intentions », et j'aurais laissé entendre qu'il pourrait avoir « un intérêt maté-
riel » à vanter la supériorité du Béarn. M. N. rêve : je n'ai rien dit de tel. Mais,
en m'étonnant de le voir malmener Paris et le Nord lui. romancier parisien et
lauréat des jurys parisiens, j'ai exprimé une pensée parfaitement claire, qui
peut se résumer ainsi : il convient mal de professer un régionalisme aussi intran-
sigeant quand on n'a pas exclusivement consacré sa vie et son talent à sa région.
C'est pourquoi, tandis que je n'accorde aucune circonstance atténuante à M. N.,
je respecte, par exemple, Mme Philadelphe de Gerde, — sans l'approuver, au
reste, lorsqu'elle appelle la France d'oïl « ero soràstro » et les vainqueurs de
Muret « eds carcans de r'oro negrasso », - parce que la grande poétesse bigour-
dane a voué son farouche génie à la Gascogne, qu'elle a toujours vécu en
Aquitaine et toujours écrit et parlé la langue d'oc.
Phébus et la France.— A ce sujet, M. N. me taxe poliment de mauvaise foi.
Je m'en fâcherais si ma probité d'historien n'était à l'abri de telles insultes.
Mais, puisque M. N. court au-devant d'une leçon cruelle, je la, lui donnerai
avec autant de vigueur que de sérénité.
Il a donné, assure-t-il, des détails « scrupuleusement contrôlés », p. 200-202
de son livre, sur le changement de politique de Phébus à la mort de son fils et
sur le traité de 1390 « qui en fut la conséquence ». Et il affirme qu'il connaît ce
traité « aussi bien que moi ».
Diable ! voilà qui'est franc, net -et catégorique. Mais'voyons un peu .
D'abord, les détails « scrupuleusement contrôlés » dont M. N. se targue, ont
été souvent donnés. On les trouve, notamment, dans l'ouvrage de Gaiicheraud sur
Gaston Phébus, paru en 1834. Il y a longtemps que l'on sait que, si Phébus fit
donation posi mortem de ses états à Charles VI, ce fut pour exhéréder Mathieu
de Foix, son successeur légitime. Mais cède-t-on à de tels mobiles quand on est
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