LXXXIV LA GUIENNE ANGLAISE.
de Vayres, et qu'en outre, s'il était fortifié, il était obligé, suivant la même coutume, de le leur
livrer. Guillaume prétendait le contraire. Enfin, par le conseil de leurs amis, en présence de Jean
de Havering, sénéchal d'Aquitaine, les parties s'en rapportèrent à la décision que rendraient le
comte de Pembrock, le comte de Lincoln, Maurice de Créon, Jean de Saint-Jean et Guillaume
Latimer. Celle des deux parties qui manquerait à l'engagement devait payer 1,000 marcs d'argent.
Amanieu d'Albret donna pour cautions Pierre de Grailly, Pierre Amanieu, captai de Buch, et Pons,
seigneur de Castillon, tous chevaliers. Guillaume de Montravel donna Bertrand Comino, Élie de
Conpana, chevaliers, et Rostand du Soler, citoyens de Bordeaux.
Les arbitres décidèrent que Guillaume de Montravel et ses successeurs seraient tenus de faire
hommage au seigneur de Vayres pour le château de Jabastas, de donner 100 sous d'esporle à
muance de seigneur, et de faire un service de quinze jours dans le château de Vayres, par
eux-mêmes, s'ils se trouvaient à Jabastas ou assez près pour pouvoir y venir, et par le commandant
de ce fief, si le seigneur était absent. Ils décidèrent aussi que Guillaume pourrait continuer à
creuser les fossés comme ils étaient commencés, et entourer son château de palissades ou de murs
en totalité ou en partie ; mais que ces murs ne devraient avoir que 3 pieds d'épaisseur, 10 à 12 pieds
de hauteur, et qu'ils n'auraient ni tours ni créneaux.
Pendant les cent treize ans qui suivirent cette transaction, nous ne trouvons aucune mention
de Jabastas; mais le 1 & juillet 1402, Pey de Maucalhau, fils d'autre Pey, bourgeois de Bordeaux,
reconnut tenir de Raimon de Donissan, damoiseau, seigneur de Jabastas et de Citran, tout ce
mayne environné de fossés, au lieu appelé Jabastas, paroisse d'Izon. Cette reconnaissance nous
apprend, en outre, que Pons de Donissan, père de Raimond, était également seigneur de Jabastas.
Une esporle, du 17 novembre 1550, porte que Guillaume de Donissan était. seigneur de Jabastas,
La Motte Saint-Loubès et Ferroys. Le même, ou un autre Guillaume de Do:iissan, écuyer, sieur
de la maison noble de Jabastas et coseigneur de la maison noble de La Motte Saint-Loubès en
Entre-deux-Mers, avait emprunté une somme de 800 écus à deux particuliers d'Agen. Ne pouvant
pas la rendre au temps fixé, il avait été mis en prison à Agen, d'où, en présence de Pierre de
Lartigue, écuyer, et par devant Brageyrac, notaire royal, il donna procuration à Marguerite de
Jehan, sa femme, pour vendre à Me Joseph d'Andrault, conseiller du roi au Parlement de Bordeaux,
sieur de la maison noble de Rignac, la moitié de la maison noble de La Motte Saint-Loubès, qui
était indivise entre lui et la dame de Malleret, et ce, pour le tirer de prison.
Si Guillaume de Donissan eut des malheurs, son fils, Jacob de Donissan, en éprouva de plus
grands encore. Ayant, en effet, commis quelque infraction aux lois qui régissaient la baronnie de
Vayres, il tua Me Martin Michau, prévôt de ladite baronnie, qui exploitait contre lui. Jeanne
Moreau, veuve de la victime ; Pierre et autre Pierre Michau, ses frères, et enfin le procureur
d'office, demandèrent justice contre le meurtrier. Jacob, reconnu coupable d'homicide, fut,
le 11 octobre 1607, « condamné à déclarer que, malicieusement et méchamment, il avait
» homicidé ledit feu Michau, et de ce en demander pardon à Dieu, au roi, et au seigneur baron de
» Vayres et à sa justice; » puis à être traîné sur une claie par les cantons et carrefours de Vayres,
conduit ensuite par l'exécuteur des hautes œuvres « au lieu ordinaire et accoutumé pour y avoir
le poing coupé et la tête tranchée sur un échafaud qui y sera dressé. » Il fut en outre condamné,
pour réparation pécuniaire, à 2,000 livres d'amende applicables, savoir : 1,700 livres à la veuve
et aux enfants Michau, 200 livres aux frères du mort, et 100 livres pour faire prier Dieu pour
l'âme du défunt. « Et encore, pour la félonie commise par ledit de Donissan, tous les fiefs par lui
