W4 LA GUIENNE ANGLAISE
c'est possible, puisqu'un chemin de grande communication passait à côté; mais, pour le moment,
je ne connais rien de plus triste que ce coin de terre. Le fort, au lieu d'être placé sur un point
culminant, est situé dans un bas-fond (Planche XXXIII). Le Ciron, sans escarpement dans cet
endroit seulement, coule triste et monotone au pied des murailles, et la vue est bornée de tous
les côtés par la forêt, composée exclusivement de pins et de quelques chênes rabougris.
CHATEAU DE MALENGIN
A Parsac, canton de Lussac, arrondissement de Libourne.
En 1330, Édouard III, roi d'Angleterre, permet à Gaillard de Malengin (Malyngyn) de détruire
une maison forte dans la châtellenie de Puisseguin (Puy et Seguin) (1). Il est difficile de saB si ce
seigneur a donné son nom au château qu'il venait de construire, ou si déjà cette localité le portait
depuis longtemps; ce qu'il y a de positif, c'est que, antérieurement à la domination romaine, le
plateau qui sert d'assiette à la forteresse était occupé ; il est, en effet, couvert de fragments de silex
taillés qui servaient d'armes et d'outils aux populations gauloises.
Le 9 juillet 1363, Aymeric de Malengin (Melenguin), écuyer, figure au nombre des seigneurs
qui vinrent prêter serment au prince de Galles dans l'église de Saint-André de Bordeaux (2). Comme
tous les autres seigneurs gascons, ceux de Malengin durent, suivant les circonstances et leurs
intérêts, embrasser tantôt le parti de la France, tantôt celui de l'Angleterre.
En 1420, les Bordelais, incités par le roi d'Angleterre, voulant porter un dernier coup aux
partisans de la France en Guienne, firent le siége de diverses villes et châteaux des environs qui
suivaient le parti de Charles VI. Le seigneur de Malengin était de ce nombre; son château fut
assiégé. On employa, pour cette attaque, une bombarde qui lançait des boulets de 7 quintaux.
Lorsque les Bordelais faisaient leurs préparatifs de départ, le grand canon n'était pas achevé, et les
jurats ordonnèrent de le finir au plus tôt. Ces pièces monstrueuses étaient fabriquées par un nommé
Jean Gautier, officier d'artillerie de la ville. Cette bombarde achevée, les jurats lui firent fondre un
autre gros canon qui lançait 500 ou 525 livres de balles (sine quinlaus o sine quintaus et ung car-
teyron). Les jurats s'engagèrent à fournir tout le fer et tout le charbon nécessaire pour son exécution.
Il fut fabriqué à la porte du Cailhau (3). On faisait, à cette époque, des pièces encore plus énormes
et des engins qui luttaient de puissance avec les bombardes.
En 1382, les habitants de Gand assiégeaient Oudenarde; ils firent « ouvrer, ordonner et char-
» penter à force sur le mont d'Audenarde, un engin merveilleusement grand, lequel avoit vingt
» pieds de large et vingt pieds jusqu'à l'étage, et quarante pieds de long; et appeloit-on cet engin
» un mouton, pour jeter pierres de faix dedans la ville et tout effondrer. Encore de rechef, pour
» plus ébahir ceux de la garnison d'Audenarde, ils firent faire et ouvrer une bombarde merveilleu-
» sement grande, laquelle avait cinquante-trois pouces de bec, et jetoit carreaux merveilleusement
>> grands et gros et pesants; et quand cette bombarde descliquoit, on l'ouoit par jour bien de cinq
» lieues loin, et par nuit de dix, et menoit si grand'noise au descliquer que il sembloit que tous les
(1) Rôles Gascons. — (2) Delpit; Documents, p. 90. — (3) Bulletin Polymathique, Mémoire historique sur l'esprit et la forme du
gouvernement de Bordeaux, par l'abbé Baurein; année 1812, vol. X, p. 367 et suiv.
c'est possible, puisqu'un chemin de grande communication passait à côté; mais, pour le moment,
je ne connais rien de plus triste que ce coin de terre. Le fort, au lieu d'être placé sur un point
culminant, est situé dans un bas-fond (Planche XXXIII). Le Ciron, sans escarpement dans cet
endroit seulement, coule triste et monotone au pied des murailles, et la vue est bornée de tous
les côtés par la forêt, composée exclusivement de pins et de quelques chênes rabougris.
CHATEAU DE MALENGIN
A Parsac, canton de Lussac, arrondissement de Libourne.
En 1330, Édouard III, roi d'Angleterre, permet à Gaillard de Malengin (Malyngyn) de détruire
une maison forte dans la châtellenie de Puisseguin (Puy et Seguin) (1). Il est difficile de saB si ce
seigneur a donné son nom au château qu'il venait de construire, ou si déjà cette localité le portait
depuis longtemps; ce qu'il y a de positif, c'est que, antérieurement à la domination romaine, le
plateau qui sert d'assiette à la forteresse était occupé ; il est, en effet, couvert de fragments de silex
taillés qui servaient d'armes et d'outils aux populations gauloises.
Le 9 juillet 1363, Aymeric de Malengin (Melenguin), écuyer, figure au nombre des seigneurs
qui vinrent prêter serment au prince de Galles dans l'église de Saint-André de Bordeaux (2). Comme
tous les autres seigneurs gascons, ceux de Malengin durent, suivant les circonstances et leurs
intérêts, embrasser tantôt le parti de la France, tantôt celui de l'Angleterre.
En 1420, les Bordelais, incités par le roi d'Angleterre, voulant porter un dernier coup aux
partisans de la France en Guienne, firent le siége de diverses villes et châteaux des environs qui
suivaient le parti de Charles VI. Le seigneur de Malengin était de ce nombre; son château fut
assiégé. On employa, pour cette attaque, une bombarde qui lançait des boulets de 7 quintaux.
Lorsque les Bordelais faisaient leurs préparatifs de départ, le grand canon n'était pas achevé, et les
jurats ordonnèrent de le finir au plus tôt. Ces pièces monstrueuses étaient fabriquées par un nommé
Jean Gautier, officier d'artillerie de la ville. Cette bombarde achevée, les jurats lui firent fondre un
autre gros canon qui lançait 500 ou 525 livres de balles (sine quinlaus o sine quintaus et ung car-
teyron). Les jurats s'engagèrent à fournir tout le fer et tout le charbon nécessaire pour son exécution.
Il fut fabriqué à la porte du Cailhau (3). On faisait, à cette époque, des pièces encore plus énormes
et des engins qui luttaient de puissance avec les bombardes.
En 1382, les habitants de Gand assiégeaient Oudenarde; ils firent « ouvrer, ordonner et char-
» penter à force sur le mont d'Audenarde, un engin merveilleusement grand, lequel avoit vingt
» pieds de large et vingt pieds jusqu'à l'étage, et quarante pieds de long; et appeloit-on cet engin
» un mouton, pour jeter pierres de faix dedans la ville et tout effondrer. Encore de rechef, pour
» plus ébahir ceux de la garnison d'Audenarde, ils firent faire et ouvrer une bombarde merveilleu-
» sement grande, laquelle avait cinquante-trois pouces de bec, et jetoit carreaux merveilleusement
>> grands et gros et pesants; et quand cette bombarde descliquoit, on l'ouoit par jour bien de cinq
» lieues loin, et par nuit de dix, et menoit si grand'noise au descliquer que il sembloit que tous les
(1) Rôles Gascons. — (2) Delpit; Documents, p. 90. — (3) Bulletin Polymathique, Mémoire historique sur l'esprit et la forme du
gouvernement de Bordeaux, par l'abbé Baurein; année 1812, vol. X, p. 367 et suiv.
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