58 LA GUIENNE ANGLAISE
CHATEAU DE POMMIERS
A Sa in t-Fé lix-de- Pom miers, canton de Sauveterre, arrondissement de La Réole.
On peut avancer sans crainte que presque tous nos châteaux ont pris naissance avec la féodalité,
et que si les constructions que nous voyons aujourd'hui ne remontent pas à une aussi haute antiquité,
elles ont été élevées sur un emplacement occupé déjà depuis longtemps; seulement, les documents
historiques manquent pour en donner la preuve, et le monument lui-même peut rarement la fournir.
Les documents les plus anciens que j'aie pu trouver sur Pommiers ne remontent qu'au XIe siècle.
Guillaume Amanieu de Pommiers est cité dans une charte de 1 098 comme l'un des bienfaiteurs du
monastère de Saint-Pierre de La Réole (t), et le château lui-même ne fournit pas une date plus
reculée que le XIIIe siècle. Cependant, à cette époque, la famille de Pommiers était assez puissante
pour faire supposer qu'elle était déjà d'ancienne date. Alors, les membres de cette famille avaient
une certaine considération; l'un d'eux, Amanieu de Pommiers, avait épousé Marie de Pins ou Piis,
dont la famille était une des plus puissantes de la Guienne (2); un autre, Pierre Amanieu, qualifié de
chevalier, fut en 1276, la veille de la Noël, commis par Luc de Tany, sénéchal de Gascogne, pour
juger à Langon trois membres de la famille de Lados, accusés de meurtres (3).
En 1294, le roi d'Angleterre écrivit aux seigneurs gascons pour les engager à lui être fidèles
dans la guerre qu'il allait entreprendre contre Philippe le Bel. Rymer nous a conservé les noms de
ces divers seigneurs : celui de Pommiers s'appelait Guillaume Sans.
Pendant le XIIIe siècle, les seigneurs de Pommiers étaient astreints envers le roi d'Angleterre à
une curieuse redevance : lorsque ce roi voyageait et s'arrêtait à leur château de La Redorte, ils
devaient le nourrir, lui et dix de ses chevaliers; ils devaient lui servir « de la chair de porc et de
» vache, des choux, de la moutarde et des poulets rôtis. Si l'un des seigneurs de Pommiers était
» chevalier, il devait, sans bottines, en chausses d'écarlate rouge, et les éperons d'or aux pieds,
» servir le roi pendant son repas. S'il n'y avait pas de chevaliers dans leur famille, celui d'entre eux
» qui servait le roi devait avoir des chausses d'écarlate blanche et des éperons d'argent (4). »
Au commencement du siècle suivant, les sires de Pommiers étaient fort dévoués au roi d'Angle-
terre. Nous voyons, en effet, par une lettre de Jean Travers, connétable de Bordeaux, à Hugues Le
Despenser, et dans laquelle il se plaignait que le roi d'Angleterre laissait la Guienne sans défense
tandis que les Français se fortifiaient de tous les côtés, que le sire de Pommiers dévoila les projets
que son ami Antoine Pesaigne méditait contre l'Angleterre. Voici le passage de cette lettre, qui
donne une idée du français parlé en 1 325 : « Nepurquant pur ceo ni pur nules paroles ni treitis
» il ne devroyt lessier de soy le mieus garnir pur le guerre, si comme font les Franceys, qui ce
» garnissent de totes partz, au mieuz et plus fort que eux puent, et ont envoye celi Antoyne Pesaigne,
» qui est chivalier du dit notre seignur le Roy e fut son seneschal de Gascoigne e a qui il a fetz
» grans biens et grant honours, en Lambardie, pour avoir et assembler totes les galyes que il porra,
(1) M1 Dupin; Notice historique et statistique sur La Réole, p. 261.
1*1 Archives historiques de la Gironde, vol. I, p. 119.
(3; Martial et Jules Delpit; Notice d'un manuscrit de la bibliothèque de rVolfenbuttel. p. 143.
,4) Idem, p. 30.
CHATEAU DE POMMIERS
A Sa in t-Fé lix-de- Pom miers, canton de Sauveterre, arrondissement de La Réole.
On peut avancer sans crainte que presque tous nos châteaux ont pris naissance avec la féodalité,
et que si les constructions que nous voyons aujourd'hui ne remontent pas à une aussi haute antiquité,
elles ont été élevées sur un emplacement occupé déjà depuis longtemps; seulement, les documents
historiques manquent pour en donner la preuve, et le monument lui-même peut rarement la fournir.
Les documents les plus anciens que j'aie pu trouver sur Pommiers ne remontent qu'au XIe siècle.
Guillaume Amanieu de Pommiers est cité dans une charte de 1 098 comme l'un des bienfaiteurs du
monastère de Saint-Pierre de La Réole (t), et le château lui-même ne fournit pas une date plus
reculée que le XIIIe siècle. Cependant, à cette époque, la famille de Pommiers était assez puissante
pour faire supposer qu'elle était déjà d'ancienne date. Alors, les membres de cette famille avaient
une certaine considération; l'un d'eux, Amanieu de Pommiers, avait épousé Marie de Pins ou Piis,
dont la famille était une des plus puissantes de la Guienne (2); un autre, Pierre Amanieu, qualifié de
chevalier, fut en 1276, la veille de la Noël, commis par Luc de Tany, sénéchal de Gascogne, pour
juger à Langon trois membres de la famille de Lados, accusés de meurtres (3).
En 1294, le roi d'Angleterre écrivit aux seigneurs gascons pour les engager à lui être fidèles
dans la guerre qu'il allait entreprendre contre Philippe le Bel. Rymer nous a conservé les noms de
ces divers seigneurs : celui de Pommiers s'appelait Guillaume Sans.
Pendant le XIIIe siècle, les seigneurs de Pommiers étaient astreints envers le roi d'Angleterre à
une curieuse redevance : lorsque ce roi voyageait et s'arrêtait à leur château de La Redorte, ils
devaient le nourrir, lui et dix de ses chevaliers; ils devaient lui servir « de la chair de porc et de
» vache, des choux, de la moutarde et des poulets rôtis. Si l'un des seigneurs de Pommiers était
» chevalier, il devait, sans bottines, en chausses d'écarlate rouge, et les éperons d'or aux pieds,
» servir le roi pendant son repas. S'il n'y avait pas de chevaliers dans leur famille, celui d'entre eux
» qui servait le roi devait avoir des chausses d'écarlate blanche et des éperons d'argent (4). »
Au commencement du siècle suivant, les sires de Pommiers étaient fort dévoués au roi d'Angle-
terre. Nous voyons, en effet, par une lettre de Jean Travers, connétable de Bordeaux, à Hugues Le
Despenser, et dans laquelle il se plaignait que le roi d'Angleterre laissait la Guienne sans défense
tandis que les Français se fortifiaient de tous les côtés, que le sire de Pommiers dévoila les projets
que son ami Antoine Pesaigne méditait contre l'Angleterre. Voici le passage de cette lettre, qui
donne une idée du français parlé en 1 325 : « Nepurquant pur ceo ni pur nules paroles ni treitis
» il ne devroyt lessier de soy le mieus garnir pur le guerre, si comme font les Franceys, qui ce
» garnissent de totes partz, au mieuz et plus fort que eux puent, et ont envoye celi Antoyne Pesaigne,
» qui est chivalier du dit notre seignur le Roy e fut son seneschal de Gascoigne e a qui il a fetz
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(1) M1 Dupin; Notice historique et statistique sur La Réole, p. 261.
1*1 Archives historiques de la Gironde, vol. I, p. 119.
(3; Martial et Jules Delpit; Notice d'un manuscrit de la bibliothèque de rVolfenbuttel. p. 143.
,4) Idem, p. 30.
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