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- TABLE DES MATIÈRES
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- TABLES DES PRINCIPALES COMMUNICATIONS ANALYSÉES DANS LES PROCÈS-VERBAUX. 1964
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L'ABBÉ SIGORGNE ET Mme DU DEFFAND 1
Peut-être, vous étonnerez-vous d'entendre accoler les noms de deux personnages aussi
dissemblables ?
Vous savez très bien, en effet, que TOUT — à commencer par leur naissance — aurait
dû les séparer, et que les mondes où ils vivaient, étaient si éloignés l'un de l'autre qu'ils
n'avaient qu'une chance bien minime de se rencontrer...
Mon propos, aujourd'hui, est de vous conter comment le destin s'y prit pour les faire
se rejoindre à Mâcon, un soir, vers le milieu du XVIIIe siècle... et ce qui s'ensuivit.
Pierre Sigorgne naquit le 24 octobre 1719, à Rembercourt-aux-Pots, petit village du
duché de Lorraine, où son père vivait médiocrement en exerçant les fonctions de gruyer,
c'est-à-dire juge d'une de ces juridictions subalternes de la maîtrise des Eaux et Forêts.
Il fit ses études à Pont-à-Mousson, y passa son baccalauréat de philosophie et son diplôme
de maître ès arts, puis, se destinant à l'état ecclésiastique, alla à Paris étudier la théologie
en Sorbonne.
En 1740, âgé de vingt et un ans, il était déjà licencié en théologie quand il eut des doutes
sur la réalité de sa vocation : ses goûts et sa tournure d'esprit le portaient irrésistiblement
vers le professorat et l'étude des sciences exactes. Aussi, décida-t-il de changer l'orienta-
tion de sa vie ; il resterait d'église, certes, puisqu'il était déjà diacre, mais il n'aspirerait
jamais à la prêtrise. Il demanda et obtint une chaire de philosophie au collège du Plessis 2.
L'enseignement de la philosophie était alors tout différent de ce qu'il est aujourd'hui,
et comportait avant tout, celui des sciences mathématiques et physiques : n'oublions pas
que les deux plus grands philosophes de cette époque étaient Descartes, qui avait inventé
la géométrie analytique, et Newton qui avait énoncé la loi de l'attraction universelle.
Cette loi était précisément le sujet de la querelle qui, en 1740 — dix ans après la mort
de Newton et cent ans après celle de Descartes — divisait le monde des philosophes en
newtoniens et en cartésiens : ceux-ci croyaient que des tourbillons éthérés emportaient
les planètes, sans qu'elles eussent de mouvement propre, alors que ceux-là professaient
avec Newton que les corps célestes s'attiraient en raison directe de leur masse et, qu'en
conséquence, les tourbillons devenaient inutiles pour expliquer le cours des astres.
Au collège du Plessis, où Sigorgne venait d'être nommé, les professeurs penchaient pour
Newton, tandis qu'à la Sorbonne, ils étaient encore cartésiens, et parmi ceux-ci, le plus
intransigeant était l'abbé Privat de Molières, membre de l'Académie des Sciences.
Le jeune Pierre Sigorgne entra aussitôt en lice, et avec la fougue de ses vingt et un ans,
s'attaqua à ce vénérable savant qui en avait soixante-trois... Il publia un opuscule inti-
tulé : « Examen et réfutation des leçons de physique données au Collège royal par Privât
de Molières ». Celui-ci répondit vertement à Sigorgne, qui répliqua à son tour par une
démonstration physico-mathématique, ironisant sur les « petits tourbillons de M. de Mo-
lières ». Cette dispute aigre-douce tourna vite à la confusion de Privat de Molières, qui
se vit bientôt abandonné par ses derniers disciples et en mourut de chagrin l'année sui-
vante.
Sigorgne, sorti vainqueur incontesté de cette joute savante, put introduire officiellement
le newtonianisme dans son enseignement, et ses cours suscitèrent un si vif intérêt qu'on
lui demanda de les faire imprimer, ce qu'il fit sous le titre « Les Institutions newtoniennes ».
1. Communication présentée à la séance du 8 octobre 1964.
2. Actuellement lycée Louis-le-Grand.
Peut-être, vous étonnerez-vous d'entendre accoler les noms de deux personnages aussi
dissemblables ?
Vous savez très bien, en effet, que TOUT — à commencer par leur naissance — aurait
dû les séparer, et que les mondes où ils vivaient, étaient si éloignés l'un de l'autre qu'ils
n'avaient qu'une chance bien minime de se rencontrer...
Mon propos, aujourd'hui, est de vous conter comment le destin s'y prit pour les faire
se rejoindre à Mâcon, un soir, vers le milieu du XVIIIe siècle... et ce qui s'ensuivit.
Pierre Sigorgne naquit le 24 octobre 1719, à Rembercourt-aux-Pots, petit village du
duché de Lorraine, où son père vivait médiocrement en exerçant les fonctions de gruyer,
c'est-à-dire juge d'une de ces juridictions subalternes de la maîtrise des Eaux et Forêts.
Il fit ses études à Pont-à-Mousson, y passa son baccalauréat de philosophie et son diplôme
de maître ès arts, puis, se destinant à l'état ecclésiastique, alla à Paris étudier la théologie
en Sorbonne.
En 1740, âgé de vingt et un ans, il était déjà licencié en théologie quand il eut des doutes
sur la réalité de sa vocation : ses goûts et sa tournure d'esprit le portaient irrésistiblement
vers le professorat et l'étude des sciences exactes. Aussi, décida-t-il de changer l'orienta-
tion de sa vie ; il resterait d'église, certes, puisqu'il était déjà diacre, mais il n'aspirerait
jamais à la prêtrise. Il demanda et obtint une chaire de philosophie au collège du Plessis 2.
L'enseignement de la philosophie était alors tout différent de ce qu'il est aujourd'hui,
et comportait avant tout, celui des sciences mathématiques et physiques : n'oublions pas
que les deux plus grands philosophes de cette époque étaient Descartes, qui avait inventé
la géométrie analytique, et Newton qui avait énoncé la loi de l'attraction universelle.
Cette loi était précisément le sujet de la querelle qui, en 1740 — dix ans après la mort
de Newton et cent ans après celle de Descartes — divisait le monde des philosophes en
newtoniens et en cartésiens : ceux-ci croyaient que des tourbillons éthérés emportaient
les planètes, sans qu'elles eussent de mouvement propre, alors que ceux-là professaient
avec Newton que les corps célestes s'attiraient en raison directe de leur masse et, qu'en
conséquence, les tourbillons devenaient inutiles pour expliquer le cours des astres.
Au collège du Plessis, où Sigorgne venait d'être nommé, les professeurs penchaient pour
Newton, tandis qu'à la Sorbonne, ils étaient encore cartésiens, et parmi ceux-ci, le plus
intransigeant était l'abbé Privat de Molières, membre de l'Académie des Sciences.
Le jeune Pierre Sigorgne entra aussitôt en lice, et avec la fougue de ses vingt et un ans,
s'attaqua à ce vénérable savant qui en avait soixante-trois... Il publia un opuscule inti-
tulé : « Examen et réfutation des leçons de physique données au Collège royal par Privât
de Molières ». Celui-ci répondit vertement à Sigorgne, qui répliqua à son tour par une
démonstration physico-mathématique, ironisant sur les « petits tourbillons de M. de Mo-
lières ». Cette dispute aigre-douce tourna vite à la confusion de Privat de Molières, qui
se vit bientôt abandonné par ses derniers disciples et en mourut de chagrin l'année sui-
vante.
Sigorgne, sorti vainqueur incontesté de cette joute savante, put introduire officiellement
le newtonianisme dans son enseignement, et ses cours suscitèrent un si vif intérêt qu'on
lui demanda de les faire imprimer, ce qu'il fit sous le titre « Les Institutions newtoniennes ».
1. Communication présentée à la séance du 8 octobre 1964.
2. Actuellement lycée Louis-le-Grand.
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