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Goujet et Dom Bouquet (11), travaillait à une réédition du diction-
naire de Moréri, et qui, en relations avec le comte de Ghystelle,
ne lui cachait pas que le procureur avait un caractère trop peu
souple, ne savait ni ramper, ni dissimuler, et se pliait mal aux
exigences du gouvernement monastique trop changeant et trop
despotique (12). Il aurait pu ajouter que Dom Le Masson était, en
outre, excessif dans certains de ses jugements. Les Picards ont
peut-être la tête chaude, mais ils ne sont tout de même pas, de
méchants animaux (13).
Dom Le Masson avait une activité débordante, il se mêlait d'un
peu de tout, et même de ce qui ne le regardait pas. H a beaucoup
d'affinité avec un autre personnage, haut en couleurs, ressuscité
par t' Serstevens (14) : le Père Labat de l'ordre des Prêcheurs, qui,
aux Antilles, avait été architecte, cultivateur, maçon, ingénieur,
meunier, artilleur, flibustier à l'occasion, et missionnaire à ses
moments perdus.
Le bailly général de Flocques étant tombé en enfance (15), le
procureur proposa à l'abbé qui accepta, d'envoyer des lettres de
survivance — ou de remplacement provisoire — à un notaire,
Joseph Debranges, déjà substitut du procureur fiscal (16). Debranges,
aux dires de Dom Le Masson, était celui de tous les officiers, le
plus attaché à l'abbé. On l'accusait bien d'être accablé de dettes,
mais c'était, parait-il, une raison de plus pour qu'il fût fidèle ;
fi ailleurs il n'avait pas agi comme les autres officiers qui s'étaient
enrichis en volant et en pillant le public. Son remplaçant comme
adjoint au procureur fiscal, était tout trouvé : Charles Ducamps
(17;, jeune notaire installé depuis peu à Saint-Valery qui paraissait
fort honnête homme, mais qu'il convenait de mettre à l'essai.
Et puisqu'on en était aux nominations, Dom Le Masson recom-
manda pour la cure de Tully à la collation du comte, dont le titulaire,
l'abbé Yvart, venait de mourir, un cousin du père cellerier, André
Rogeré, chapelain et vicaire du Crotoy, originaire de Campagne-les-
Hesdin (18). Le poste de Tully, à portion congrue, n'était guère
intéressant ; il valait, tout au plus, 600 livres, et il n'était point
besoin pour une cure d'aussi petite conséquence, de faire expatrier
(11) Ces noms figurent dans la correspondance de Dumortray.
(12) Lettre du 27 Octobre 1750.
(13) Lettre du 14 Juin 1750 de Dom Le Masson à l'abbé.
(14) « La Comédie ecclésiastique ». Le terme comédie doit être
entendu dans son sens italien qui n'entraîne aucune idée péjorative.
(15) Lettre du 29 Avril 1749.
(16) Joseph François Debranges reçu le 30 Avril 1725, marchand
drapier, épicier et cirier. Adrien Huguet « Histoire d'une ville
picarde » p. 732, 757, 761, 1017.
(17) Procureur de l'Amirauté, originaire de Luzarches. Héros
involontaire d'une aventure tragi-comique qui lui valut d'être
accusé d'avoir « assassiné » le bailly Dubrun lequel mourut de
sa belle mort en 1808. Voir. Ad. Huguet, ouv. cité, p. 1074 et ss.
(18) Lettres des 4 et 20 Juin 1749.
Goujet et Dom Bouquet (11), travaillait à une réédition du diction-
naire de Moréri, et qui, en relations avec le comte de Ghystelle,
ne lui cachait pas que le procureur avait un caractère trop peu
souple, ne savait ni ramper, ni dissimuler, et se pliait mal aux
exigences du gouvernement monastique trop changeant et trop
despotique (12). Il aurait pu ajouter que Dom Le Masson était, en
outre, excessif dans certains de ses jugements. Les Picards ont
peut-être la tête chaude, mais ils ne sont tout de même pas, de
méchants animaux (13).
Dom Le Masson avait une activité débordante, il se mêlait d'un
peu de tout, et même de ce qui ne le regardait pas. H a beaucoup
d'affinité avec un autre personnage, haut en couleurs, ressuscité
par t' Serstevens (14) : le Père Labat de l'ordre des Prêcheurs, qui,
aux Antilles, avait été architecte, cultivateur, maçon, ingénieur,
meunier, artilleur, flibustier à l'occasion, et missionnaire à ses
moments perdus.
Le bailly général de Flocques étant tombé en enfance (15), le
procureur proposa à l'abbé qui accepta, d'envoyer des lettres de
survivance — ou de remplacement provisoire — à un notaire,
Joseph Debranges, déjà substitut du procureur fiscal (16). Debranges,
aux dires de Dom Le Masson, était celui de tous les officiers, le
plus attaché à l'abbé. On l'accusait bien d'être accablé de dettes,
mais c'était, parait-il, une raison de plus pour qu'il fût fidèle ;
fi ailleurs il n'avait pas agi comme les autres officiers qui s'étaient
enrichis en volant et en pillant le public. Son remplaçant comme
adjoint au procureur fiscal, était tout trouvé : Charles Ducamps
(17;, jeune notaire installé depuis peu à Saint-Valery qui paraissait
fort honnête homme, mais qu'il convenait de mettre à l'essai.
Et puisqu'on en était aux nominations, Dom Le Masson recom-
manda pour la cure de Tully à la collation du comte, dont le titulaire,
l'abbé Yvart, venait de mourir, un cousin du père cellerier, André
Rogeré, chapelain et vicaire du Crotoy, originaire de Campagne-les-
Hesdin (18). Le poste de Tully, à portion congrue, n'était guère
intéressant ; il valait, tout au plus, 600 livres, et il n'était point
besoin pour une cure d'aussi petite conséquence, de faire expatrier
(11) Ces noms figurent dans la correspondance de Dumortray.
(12) Lettre du 27 Octobre 1750.
(13) Lettre du 14 Juin 1750 de Dom Le Masson à l'abbé.
(14) « La Comédie ecclésiastique ». Le terme comédie doit être
entendu dans son sens italien qui n'entraîne aucune idée péjorative.
(15) Lettre du 29 Avril 1749.
(16) Joseph François Debranges reçu le 30 Avril 1725, marchand
drapier, épicier et cirier. Adrien Huguet « Histoire d'une ville
picarde » p. 732, 757, 761, 1017.
(17) Procureur de l'Amirauté, originaire de Luzarches. Héros
involontaire d'une aventure tragi-comique qui lui valut d'être
accusé d'avoir « assassiné » le bailly Dubrun lequel mourut de
sa belle mort en 1808. Voir. Ad. Huguet, ouv. cité, p. 1074 et ss.
(18) Lettres des 4 et 20 Juin 1749.
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