Titre : La Vie au grand air : revue illustrée de tous les sports
Éditeur : P. Lafitte (Paris)
Date d'édition : 1900-01-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32888685g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1179 Nombre total de vues : 1179
Description : 07 janvier 1900 07 janvier 1900
Description : 1900/01/07 (N69). 1900/01/07 (N69).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9606054p
Source : Musée Air France, 2013-54106
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/07/2015
LA VIE AU GRAND AIR
219
Le Tir dans
l'Armée anglaise
0
N ne s'étonnera pas que, passionné de tir comme je
le suis, j'aie profité d'uu voyage récent en Angle-
terre pour me rendre compte aussi complètement
que possible de la façon dont le tir y est organisé.
11 y aurait, à vrai dire, tout un livre à écrire sur ce
sujet, car les Anglais, fanatiques de tous les exercices
physiques, ne prisent pas moins celui qui
développe leur adresse que celui qui déve-
loppe leur force. C'est ce que m'a déclaré or-
gueilleusement un officier supérieur de sa
Gracieuse Majesté, excellent tireur lui-même,
et qui se trouvait enchanté de pouvoir s'entre-
tenir du sport qui lui est cher avec un ama-
teur passionné comme lui.
brace à l'obligeance de cet offi-
cier, réellement gentleman, j'ai fait
d intéressantes visites à divers
shooting grounds, et je suis rentré
en France avec un assez volumineux
bagage de traités de tir anglais et
d articles variés.
Cela dit, occupons-nous de la ma-
mère dont le tir est
inculqué à cette armée
qui est aux prises
avec le vaillant petit
peuple Boer.
Il est incontestable
que l'éducation de la
recrue an-
glaise au
Point de
vue du tir
laisse
rnoiusàdé-
sirer que
chez nous.
L'ins-
truction
des offi-
ciers et des
sergents
relative à
.. leurs de-
voirs com-
me ins-
tructeurs
de régiment se fait à l'école de Mousqueterie d'IIythe,
Où chaque année environ quatre cents officiers et des
délégués des régiments de toutes les parties de l'im-
mense empire anglais reçoivent des notions très com-
plètes de tir et de mousqueterie. Il s'y tient cinq cours
par an, chacun de six semaines, et durant ces cours les
officiers travaillent avec un zèle digne des plus grands
éloges.
Le grand et compétent État-Major, à Hythe, est com-
posé d'hommes d'élite commandés par le colonel Jean
llamilton, assisté, entre autres, par le capitaine Datton
Hunt, le tireur connu, et ces officiers sont secondés
par des instructeurs de tir vraiment remarquables
La cible mobile du lieutenant Bourne : cavalerie chargeant.
Positions adoptées par certains forts
tireurs anglais et américains, pour
le tir aux grandes distances.
parmi les-
quels il faut
citer le ser-
gent S. - J.
Wallingforld,
qui est le
__ . «n • n „
meilleur nue-
man de l'armée anglaise.
Contrairement à nos
errements, les instructeurs
;mglais s'attachent avant
tout à intéresser le plus
possible le jeune soldat à
1 son travail et à lui faire
comprendre que sans cela
il ne deviendra jamais un
vrai tireur. Une solide, systématique
instruction, une excessive douceur et
une patience illimitée sont de rigueur.
Bref, l'élève soldat « doit être traité
comme un enfant en nourrice Il. Oui,
les instructeurs câlinent, cajolent ceux
dont ils ont la charge comme s'ils
étaient des bébés, leur répètent les
commandements, les leur expliquent
jusqu'à ce qu'ils reconnaissent, a l'expression de leurs
regards, qu'ils leb ont compris. Et, ainsi, à force de se
donner du mal, ils les font réussir.
Mais observons la progression suivie dans
l'instruction pratique du tireur :
On l'exerce d'abord à bien prendre la ligne
de mire avec un fusil placé sur un trépied, méthode
qui ne nous est pas inconnue. Plus tard, une fois qu'il
sait épauler correctement, on lui donne pour but une
cible mobile qui consiste en... un homme de peine se
promenant devant le fusil — non chargé naturellement.
La recrue ayant accompli avec succès cette partie de
son instruction, on lui enseigne à se rendre compte des
distances comme on le fait chez nous. Cet exercice est
aussi important pour la section des instructeurs qu'il
l'est pour les hommes placés sous leurs ordres. C'est
pour ce motif qu'il comporte deux cours dont l'un est
réservé aux recrues, et l'autre aux hommes entraînés
et aux officiers.
Ces exercices ayant été exécutés, le jeune soldat est
prêt à aborder la pratique de la cible ; dès qu'elle lui
sera familière, il ne sera plus une « recrue », mais un
homme « instruit Il. Il s'est servi jusqu'ici d'un fusil
non chargé, ou de cartouches à blanc; on va lui faire
faire maintenant du « tir-miniature JI ce que l'on tra-
duit en bon français par (c tir réduit. Il Pour ce tir ré-
duit on enfonce un tube Morris dans la chambre et l'on
se sert d'une cartouche également miuiature pour faire
feu sur des cibles proportionnées.
Il serait bien surprenant si la recrue, après avoir
passé par tous les exercices décrits ci-dessus, n'était
pas capable d'atteindre le nombre de points demandé
et grâce à la pratique qu'il a déjà acquise, les difficultés
de l'exercice qui suit immédiatement seront rapide-
ment surmontées. Ainsi « l'homme instruit JI deviendra
en peu de temps un « exercé ».
On peut juger par là combien l'instruction du jeune
soldat est intelligemment conduite, par quelles phases
progressives elle aboutit au but qu'on s'est proposé,
celui de faire un excellent tireur en dépit des difficultés
du terrain, des oppositions du vent ou de toute autre
cause naturelle. En ajoutant à ces exercices la façon
douce, attentionnée de traiter le jeune soldat, la pa-
tience inaltérable qu'on déploie envers lui, on est sûr
de ses progrès rapides dans un exercice dont l'impor-
tance est incontestable, incomparable peut-être. Un bon
tir n'est-il pas considéré par tout peuple comme la. base
de l'instruction d'un soldat? Ces principes sont donc
à adopter par toute nation désireuse de former de bons
soldats.
Une ligne de cibles à Hyte et le marqueur.
Instruction plus avancée dans la discipline du tir, pratique
de la cible, tir individuel rapide, feu de salve rapide et délibéré,
feu indépendant en courant, en se mouvant, doivent être à l'ordre
du jour.
Un mot ici de l'ingénieuse cible que l'école doit au lieutenant
F. Bourne : elle représente neuf figures montées. Cette cible de
cavalerie charge un groupe faisant feu à distance d'environ
800 yards. Elle parcourt 600 yards en deux minutes et demie par
un vent favorable, possède une vitesse presque égale à celle
d'une cavalerie chargeant dans la vie réelle, sa force motrice
est telle que Je commandant de la troupe faisant feu n'a pas de
temps à perdre pour juger des distances, faire ses commande-
ments et diriger la défense de sa position en général. Il faut
voir de telles manœuvres. C'est un spectacle fort curieux, en
vérité !
Mais je m'aperçois que je n'ai pas encore parlé des positions
en usage dans l'armée anglaise.
La position du tireur debout et celle du tireur à genou sont iden-
tiques aux nôtres.
La position « assise Il que nos soldats ne connaissent pas, est
employée par la cavalerie : on s'assied les jambes croisées ou sépa-
rées à volonté, les coudes reposant sur les genoux.
Quant à la position « couchée ", la figure que nous publions
en donne une parfaite idée; l'épaule droite est chassée en ar-
rière, les coudes fermés, autant que cela est possible sans fa-
tigue, tout le poids du fusil portant sur le coude gauche.
Voilà pour les positions de Thomas Atkins. Ce nom, on le sait,
est le sobriquet populaire du « pioupiou » anglais.
Cependant nos voisins d'Outre-Manche, dès qu'ils abordent le
tir comme un exercice purement sportif, profitent de ce qu'ils
ne sont plus contraints d'obéir aux exigences des règlements
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Le Tir dans
l'Armée anglaise
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N ne s'étonnera pas que, passionné de tir comme je
le suis, j'aie profité d'uu voyage récent en Angle-
terre pour me rendre compte aussi complètement
que possible de la façon dont le tir y est organisé.
11 y aurait, à vrai dire, tout un livre à écrire sur ce
sujet, car les Anglais, fanatiques de tous les exercices
physiques, ne prisent pas moins celui qui
développe leur adresse que celui qui déve-
loppe leur force. C'est ce que m'a déclaré or-
gueilleusement un officier supérieur de sa
Gracieuse Majesté, excellent tireur lui-même,
et qui se trouvait enchanté de pouvoir s'entre-
tenir du sport qui lui est cher avec un ama-
teur passionné comme lui.
brace à l'obligeance de cet offi-
cier, réellement gentleman, j'ai fait
d intéressantes visites à divers
shooting grounds, et je suis rentré
en France avec un assez volumineux
bagage de traités de tir anglais et
d articles variés.
Cela dit, occupons-nous de la ma-
mère dont le tir est
inculqué à cette armée
qui est aux prises
avec le vaillant petit
peuple Boer.
Il est incontestable
que l'éducation de la
recrue an-
glaise au
Point de
vue du tir
laisse
rnoiusàdé-
sirer que
chez nous.
L'ins-
truction
des offi-
ciers et des
sergents
relative à
.. leurs de-
voirs com-
me ins-
tructeurs
de régiment se fait à l'école de Mousqueterie d'IIythe,
Où chaque année environ quatre cents officiers et des
délégués des régiments de toutes les parties de l'im-
mense empire anglais reçoivent des notions très com-
plètes de tir et de mousqueterie. Il s'y tient cinq cours
par an, chacun de six semaines, et durant ces cours les
officiers travaillent avec un zèle digne des plus grands
éloges.
Le grand et compétent État-Major, à Hythe, est com-
posé d'hommes d'élite commandés par le colonel Jean
llamilton, assisté, entre autres, par le capitaine Datton
Hunt, le tireur connu, et ces officiers sont secondés
par des instructeurs de tir vraiment remarquables
La cible mobile du lieutenant Bourne : cavalerie chargeant.
Positions adoptées par certains forts
tireurs anglais et américains, pour
le tir aux grandes distances.
parmi les-
quels il faut
citer le ser-
gent S. - J.
Wallingforld,
qui est le
__ . «n • n „
meilleur nue-
man de l'armée anglaise.
Contrairement à nos
errements, les instructeurs
;mglais s'attachent avant
tout à intéresser le plus
possible le jeune soldat à
1 son travail et à lui faire
comprendre que sans cela
il ne deviendra jamais un
vrai tireur. Une solide, systématique
instruction, une excessive douceur et
une patience illimitée sont de rigueur.
Bref, l'élève soldat « doit être traité
comme un enfant en nourrice Il. Oui,
les instructeurs câlinent, cajolent ceux
dont ils ont la charge comme s'ils
étaient des bébés, leur répètent les
commandements, les leur expliquent
jusqu'à ce qu'ils reconnaissent, a l'expression de leurs
regards, qu'ils leb ont compris. Et, ainsi, à force de se
donner du mal, ils les font réussir.
Mais observons la progression suivie dans
l'instruction pratique du tireur :
On l'exerce d'abord à bien prendre la ligne
de mire avec un fusil placé sur un trépied, méthode
qui ne nous est pas inconnue. Plus tard, une fois qu'il
sait épauler correctement, on lui donne pour but une
cible mobile qui consiste en... un homme de peine se
promenant devant le fusil — non chargé naturellement.
La recrue ayant accompli avec succès cette partie de
son instruction, on lui enseigne à se rendre compte des
distances comme on le fait chez nous. Cet exercice est
aussi important pour la section des instructeurs qu'il
l'est pour les hommes placés sous leurs ordres. C'est
pour ce motif qu'il comporte deux cours dont l'un est
réservé aux recrues, et l'autre aux hommes entraînés
et aux officiers.
Ces exercices ayant été exécutés, le jeune soldat est
prêt à aborder la pratique de la cible ; dès qu'elle lui
sera familière, il ne sera plus une « recrue », mais un
homme « instruit Il. Il s'est servi jusqu'ici d'un fusil
non chargé, ou de cartouches à blanc; on va lui faire
faire maintenant du « tir-miniature JI ce que l'on tra-
duit en bon français par (c tir réduit. Il Pour ce tir ré-
duit on enfonce un tube Morris dans la chambre et l'on
se sert d'une cartouche également miuiature pour faire
feu sur des cibles proportionnées.
Il serait bien surprenant si la recrue, après avoir
passé par tous les exercices décrits ci-dessus, n'était
pas capable d'atteindre le nombre de points demandé
et grâce à la pratique qu'il a déjà acquise, les difficultés
de l'exercice qui suit immédiatement seront rapide-
ment surmontées. Ainsi « l'homme instruit JI deviendra
en peu de temps un « exercé ».
On peut juger par là combien l'instruction du jeune
soldat est intelligemment conduite, par quelles phases
progressives elle aboutit au but qu'on s'est proposé,
celui de faire un excellent tireur en dépit des difficultés
du terrain, des oppositions du vent ou de toute autre
cause naturelle. En ajoutant à ces exercices la façon
douce, attentionnée de traiter le jeune soldat, la pa-
tience inaltérable qu'on déploie envers lui, on est sûr
de ses progrès rapides dans un exercice dont l'impor-
tance est incontestable, incomparable peut-être. Un bon
tir n'est-il pas considéré par tout peuple comme la. base
de l'instruction d'un soldat? Ces principes sont donc
à adopter par toute nation désireuse de former de bons
soldats.
Une ligne de cibles à Hyte et le marqueur.
Instruction plus avancée dans la discipline du tir, pratique
de la cible, tir individuel rapide, feu de salve rapide et délibéré,
feu indépendant en courant, en se mouvant, doivent être à l'ordre
du jour.
Un mot ici de l'ingénieuse cible que l'école doit au lieutenant
F. Bourne : elle représente neuf figures montées. Cette cible de
cavalerie charge un groupe faisant feu à distance d'environ
800 yards. Elle parcourt 600 yards en deux minutes et demie par
un vent favorable, possède une vitesse presque égale à celle
d'une cavalerie chargeant dans la vie réelle, sa force motrice
est telle que Je commandant de la troupe faisant feu n'a pas de
temps à perdre pour juger des distances, faire ses commande-
ments et diriger la défense de sa position en général. Il faut
voir de telles manœuvres. C'est un spectacle fort curieux, en
vérité !
Mais je m'aperçois que je n'ai pas encore parlé des positions
en usage dans l'armée anglaise.
La position du tireur debout et celle du tireur à genou sont iden-
tiques aux nôtres.
La position « assise Il que nos soldats ne connaissent pas, est
employée par la cavalerie : on s'assied les jambes croisées ou sépa-
rées à volonté, les coudes reposant sur les genoux.
Quant à la position « couchée ", la figure que nous publions
en donne une parfaite idée; l'épaule droite est chassée en ar-
rière, les coudes fermés, autant que cela est possible sans fa-
tigue, tout le poids du fusil portant sur le coude gauche.
Voilà pour les positions de Thomas Atkins. Ce nom, on le sait,
est le sobriquet populaire du « pioupiou » anglais.
Cependant nos voisins d'Outre-Manche, dès qu'ils abordent le
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