noms du Saint-Clou (devenu « de Saint-
Cloud » dans les actes officiels) et de Saint-
Mansuy; ailleurs, une fois sur deux, la foire
coïncide avec la fête ou la période de celle-ci :
à la Saint-Pierre à Fontenoy-la-Joute, à Bertri-
champs, à la Saint-Martin à Dieuze, à Noviant,
à Badonviller, à la Saint-Joseph à Phalsbourg
puis le lundi « après l'Assomption ». Cette
coïncidence voulue entre la foire animée et la
fête, jour de liesse et de disponibilité, ne posa
aucun problème sous l'Ancien régime et encore
au début du xixe siècle. L'article 7 de la loi du
19 novembre 1814 se contentait de rappeler que
les ventes devaient absolument cesser pendant
les offices divins. Ainsi Rozelieures avait sa
foire à la Saint-Jean : le maire questionné en
1823 sur l'inconvénient de cette coexistence
répond que la dévotion des communes voisines
aux reliques de saint Jean-Baptiste (en l'église
de Rozelieures) « a fourni l'origine de cette
foire, que les marchands d'épicerie y sont
d'abord venus étaler leurs marchandises, le
débit en a attiré d'autres et la foire a grossi : elle
doit donc se tenir le dimanche de la fête » (5).
Pourtant, le 18 septembre 1851, le préfet de
Nancy demande aux sous-préfets si on pouvait
prescrire le report des foires au lendemain de
fêtes « car la foire se tient près de l'église,
trouble l'existence du culte et porte atteinte à la
liberté de conscience en plaçant les citoyens
dans l'alternative de négliger l'accomplissement
de leurs devoirs religieux ou de laisser en
souffrance leurs intérêts temporels ». Le sous-
préfet de Château-Salins répondit : il n'y a
aucune gêne à cela. Celui de Toul, plus expli-
cite, écrit que les foires avaient été créées par les
évêques « qui avaient autant que nous le souci
de la religion et qui avaient affaire à des masses
beaucoup plus croyantes que celle d'au-
jourd'hui. Déplacer les foires de Toul hors de
ces fêtes serait une mesure qui aurait tout le
monde contre elle, vexante et contraire aux
intérêts des forains; ainsi quand la foire du
3 septembre (Saint-Mansuy) débute un mardi
ou un mercredi, l'administration la tolère
jusqu'au dimanche suivant à la demande de
tous; elle se tient d'ailleurs hors ville dans une
prairie qui dépendait du domaine des évêques
et qui fut grevée de la servitude de cette foire
jusqu'à aujourd'hui ».
Le gouvernement de Louis-Philippe avait très
bien accepté en 1837 le déplacement des trois
foires de Cirey systématiquement au dimanche
mais le décret impérial du 13 août 1864 rappela
l'interdiction de placer toute foire un dimanche
ou un jour de fête : « si la date traditionnelle
tombe un de ces jours fériés la foire aura lieu
le lendemain ». Ce fut la solution lentement
adoptée par la suite (6).
Un événement national a pu être cause de
report, ce qui ne fut pas du goût de tous. En
avril 1821, le maire de Vézelize écrit au préfet :
« le 1 er mai prochain, jour fixé pour la célébra-
tion du baptême de S.A.R. Mgr le duc de
Bordeaux, étant un jour de foire très fréquenté
dans notre ville et comme je crains que les
embarras de celle-ci n'empêchent de donner à
cette fête tout l'éclat qu'elle exige, je vous
supplie de m'autoriser à la transférer au 2 mai
et de me mander si vous n'y voyez aucun
inconvénient ». Le préfet n'en vit aucun. Mais
après 1831, le 1er mai devint la célébration
annuelle de l'avénement de Louis-Philippe : on
replaça donc la « foire de mai » au second jour
du mois mais l'affluence des marchands baissa
nettement; ils tenaient au 1er mai, date bien
inscrite dans les mémoires locales et à laquelle
on revint dès 1848.
Les périodes fastes à ces rassemblements
exceptionnels couvrent une bonne partie de
l'année, avec une cadence très réduite au creux
de l'hiver, décembre et janvier et lors des grands
travaux d'été en août. Pour des raisons climati-
ques, cette concurrence des récoltes pouvait
même faire tort aux foires plus longtemps : le
maire de Nomeny, en 1837, déplore le déclin de
ses foires qui se sont rencontrées en juin et
octobre avec la fenaison et la vendange. Celui
de Pagny-sur-Moselle constate que sa foire du
3e lundi d'août a été très satisfaisante alors que
la moisson était encore en cours, mais il ne se
fait pas d'illusion ; « ce succès peut n'être que
passager et j'ai l'honneur de faire remarquer à
M. le Préfet qu'il est fâcheux que la commune
n'ait pu obtenir une autre fixation hors du mois
d'août; je la redemanderai ». Château-Salins
ayant obtenu deux foires aux bestiaux à la
Saint-Jean et le 26 décembre, demanda très vite
leur transfert à mars et septembre car « en juin
et décembre, les paysans ne se déplacent pas et
cela explique l'insuccès de ces réunions ».
5. Autres cas probant : des trois foires de Vic-sur-Seille,
seule celle de la Saint-Christophe conserva son succès « car
les cultivateurs et marchands de grains ont pris l'habitude
de se donner rendez-vous le dit jour pour y traiter du prix
de la navette et du colza : cette circonstance étrangère à la
Foire (à son origine) amène beaucoup de monde et y
multiplie les affaires ».
6. Dès 1807, il faut préciser que des communes voulant
éviter tout conflit avaient placé leur foire renaissante au
lendemain ou au surlendemain d'une grande fête : la
Saint-Michel, la Toussaint, la Saint-Nicolas, la Pentecôte.
95
Cloud » dans les actes officiels) et de Saint-
Mansuy; ailleurs, une fois sur deux, la foire
coïncide avec la fête ou la période de celle-ci :
à la Saint-Pierre à Fontenoy-la-Joute, à Bertri-
champs, à la Saint-Martin à Dieuze, à Noviant,
à Badonviller, à la Saint-Joseph à Phalsbourg
puis le lundi « après l'Assomption ». Cette
coïncidence voulue entre la foire animée et la
fête, jour de liesse et de disponibilité, ne posa
aucun problème sous l'Ancien régime et encore
au début du xixe siècle. L'article 7 de la loi du
19 novembre 1814 se contentait de rappeler que
les ventes devaient absolument cesser pendant
les offices divins. Ainsi Rozelieures avait sa
foire à la Saint-Jean : le maire questionné en
1823 sur l'inconvénient de cette coexistence
répond que la dévotion des communes voisines
aux reliques de saint Jean-Baptiste (en l'église
de Rozelieures) « a fourni l'origine de cette
foire, que les marchands d'épicerie y sont
d'abord venus étaler leurs marchandises, le
débit en a attiré d'autres et la foire a grossi : elle
doit donc se tenir le dimanche de la fête » (5).
Pourtant, le 18 septembre 1851, le préfet de
Nancy demande aux sous-préfets si on pouvait
prescrire le report des foires au lendemain de
fêtes « car la foire se tient près de l'église,
trouble l'existence du culte et porte atteinte à la
liberté de conscience en plaçant les citoyens
dans l'alternative de négliger l'accomplissement
de leurs devoirs religieux ou de laisser en
souffrance leurs intérêts temporels ». Le sous-
préfet de Château-Salins répondit : il n'y a
aucune gêne à cela. Celui de Toul, plus expli-
cite, écrit que les foires avaient été créées par les
évêques « qui avaient autant que nous le souci
de la religion et qui avaient affaire à des masses
beaucoup plus croyantes que celle d'au-
jourd'hui. Déplacer les foires de Toul hors de
ces fêtes serait une mesure qui aurait tout le
monde contre elle, vexante et contraire aux
intérêts des forains; ainsi quand la foire du
3 septembre (Saint-Mansuy) débute un mardi
ou un mercredi, l'administration la tolère
jusqu'au dimanche suivant à la demande de
tous; elle se tient d'ailleurs hors ville dans une
prairie qui dépendait du domaine des évêques
et qui fut grevée de la servitude de cette foire
jusqu'à aujourd'hui ».
Le gouvernement de Louis-Philippe avait très
bien accepté en 1837 le déplacement des trois
foires de Cirey systématiquement au dimanche
mais le décret impérial du 13 août 1864 rappela
l'interdiction de placer toute foire un dimanche
ou un jour de fête : « si la date traditionnelle
tombe un de ces jours fériés la foire aura lieu
le lendemain ». Ce fut la solution lentement
adoptée par la suite (6).
Un événement national a pu être cause de
report, ce qui ne fut pas du goût de tous. En
avril 1821, le maire de Vézelize écrit au préfet :
« le 1 er mai prochain, jour fixé pour la célébra-
tion du baptême de S.A.R. Mgr le duc de
Bordeaux, étant un jour de foire très fréquenté
dans notre ville et comme je crains que les
embarras de celle-ci n'empêchent de donner à
cette fête tout l'éclat qu'elle exige, je vous
supplie de m'autoriser à la transférer au 2 mai
et de me mander si vous n'y voyez aucun
inconvénient ». Le préfet n'en vit aucun. Mais
après 1831, le 1er mai devint la célébration
annuelle de l'avénement de Louis-Philippe : on
replaça donc la « foire de mai » au second jour
du mois mais l'affluence des marchands baissa
nettement; ils tenaient au 1er mai, date bien
inscrite dans les mémoires locales et à laquelle
on revint dès 1848.
Les périodes fastes à ces rassemblements
exceptionnels couvrent une bonne partie de
l'année, avec une cadence très réduite au creux
de l'hiver, décembre et janvier et lors des grands
travaux d'été en août. Pour des raisons climati-
ques, cette concurrence des récoltes pouvait
même faire tort aux foires plus longtemps : le
maire de Nomeny, en 1837, déplore le déclin de
ses foires qui se sont rencontrées en juin et
octobre avec la fenaison et la vendange. Celui
de Pagny-sur-Moselle constate que sa foire du
3e lundi d'août a été très satisfaisante alors que
la moisson était encore en cours, mais il ne se
fait pas d'illusion ; « ce succès peut n'être que
passager et j'ai l'honneur de faire remarquer à
M. le Préfet qu'il est fâcheux que la commune
n'ait pu obtenir une autre fixation hors du mois
d'août; je la redemanderai ». Château-Salins
ayant obtenu deux foires aux bestiaux à la
Saint-Jean et le 26 décembre, demanda très vite
leur transfert à mars et septembre car « en juin
et décembre, les paysans ne se déplacent pas et
cela explique l'insuccès de ces réunions ».
5. Autres cas probant : des trois foires de Vic-sur-Seille,
seule celle de la Saint-Christophe conserva son succès « car
les cultivateurs et marchands de grains ont pris l'habitude
de se donner rendez-vous le dit jour pour y traiter du prix
de la navette et du colza : cette circonstance étrangère à la
Foire (à son origine) amène beaucoup de monde et y
multiplie les affaires ».
6. Dès 1807, il faut préciser que des communes voulant
éviter tout conflit avaient placé leur foire renaissante au
lendemain ou au surlendemain d'une grande fête : la
Saint-Michel, la Toussaint, la Saint-Nicolas, la Pentecôte.
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