Achille Moreau, Maire de Clermont de 1908 à 1912
Depuis plus de dix années, l'hommage régulier que
nous avons décidé de rendre aux Maires de la com-
mune inhumés à Clermont nous a permis de com-
prendre l'évolution de Clermont, de connaître les
enjeux qui ont présidé aux choix des plus importants
investissements qui marquent encore aujourd'hui
notre commune.
Ce travail d'exhumation des réalisations de nos
prédécesseurs nous a contraints à beaucoup d'humili-
té et nous a appris à nous méfier des idées simples et
des certitudes pouvant parfois habiter ceux qui sou-
haitent pouvoir décider au nom des autres.
Une fois encore, avec l'évocation du mandat
d Achille Moreau, Maire de 1908 à 1912, et parce
que les clivages politiques très marqués de cette
époque ne pèsent plus dans les mêmes termes de nos
jours, nous avons suffisamment de distance pour
observer sereinement cette partie de l'histoire de notre
chère commune et pour comprendre les choix arrêtés
par la Municipalité d'alors.
C est donc sans mauvais esprit, sans arrière-pensée
déplacée que nous nous permettrons de vous conter, et
donc immanquablement de commenter, cette courte
mais intéressante période de l'histoire de Clermont.
Achille Moreau, parisien d'origine et serrurier de
profession, s'installe avec son épouse dans les années
1880, au 10 place de l'Hôtel de Ville.
Clermontois par choix, il ne manque pas de s'inté-
resser à la vie locale et la proximité de son logis avec
1 Hôtel de Ville n'est peut-être pas étrangère à sa
mobilisation progressive dans les affaires politiques de
notre cité.
En ce début de siècle en effet, la politique est for-
tement présente dans les débats locaux. Les partis
organisés sur le plan national font leur apparition,
notamment à gauche de l'échiquier politique.
Les conservateurs et, dans une moindre mesure, les
libéraux poursuivent encore à l'époque leur travail au
sein de réseaux que leur naissance ou leur profession
leur permettent de constituer.
La III1 République, établie sur la base de lois
constitutionnelles, est désormais bien ancrée dans le
paysage politique ; Monarchistes et Bonapartistes se
sont marginalisés ou se sont accommodés des
Institutions. La plupart des acteurs politiques se récla-
ment de la République, puis se drapent du qualificatif
de Républicains indépendants, modérés ou progres-
sistes selon les circonstances.
Après les durs combats relatifs à la création d'un
système scolaire laïc, gratuit et obligatoire, les gou-
vernements sont amenés à s'attaquer ensuite à la sépa-
ration de l'Eglise et de l'Etat. Loin d'être un débat
théorique et lointain, cette querelle divise la France
entière. Non seulement elle va modifier les
Institutions, mais elle bouleversera dans la vie quoti-
dienne ce qui paraissait établi depuis toujours. Ainsi,
certaines actions charitables, prises en charge par des
congrégations religieuses, doivent laisser la place au
service public, pour lequel la commune notamment,
doit procurer les moyens nécessaires à son bon fonc-
tionnement.
La question religieuse, ainsi que l'hégémonie du
parti radical-socialiste, vont représenter pendant ces
années précédant la première guerre mondiale les
principaux sujets des débats politiques.
Le clan de ceux qui vont se nommer les «modé-
rés», regroupant Républicains de droite et Libéraux,
va d'ailleurs, lors des scrutins locaux, réfuter l'utilisa-
tion du terme «politique». Ils déclareront systémati-
quement n'œuvrer que pour les intérêts locaux, sans
esprit partisan.
A Clermont, depuis 1904, les Radicaux-socialistes
dirigent les affaires communales.
Mais le 5 décembre 1907, la commune de
Clermont est endeuillée par la disparition brutale de
son Maire, Eugène Fortin. Cet industriel, propriétaire
d'une usine de feutres, présent au Conseil durant plus
de 23 ans, avait eu à gérer notamment les premières
répercussions de la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Son départ soudain, qui survient après deux démis-
sions, nécessite alors la nomination de trois nouveaux
membres du Conseil et l'élection au sein de ce conseil
d'un nouveau maire. C'est Juste Vaillant, jusqu'alors
1er adjoint, qui est élu, mais pour quelques mois seu-
lement puisque, les 3 et 10 mai 1908, de nouvelles
élections municipales sont organisées nationalement.
Vaillant ne parvient pas à conserver la majorité.
Sur les 23 membres élus, 12 sont nouveaux et parmi
eux, placé en 8e position par rapport au nombre de
suffrages obtenus, nous trouvons Achille Moreau.
Seul candidat au poste de Maire, Moreau obtient
13 voix face à 10 bulletins blancs ou nuls, l'opposi-
tion ne présentant aucun candidat.
Le fait de ne bénéficier que d'une courte majorité
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