PENDANT LA REVOLUTION
147
le district n’étaient point encore toutes exécutées que
déjà il était aux mains de ses ennemis (1).
Un officier municipal de Lanvaudan faillit à son tour
subir le sort de Le Priol et Rivallan. Il s’appelait
Jacques Le Héritte, il avait alors vingt-neuf ans.
Originaire de Bubry, il était meunier à Kerdec, sur la
rivière Le Ilédennec, à une demi-lieue environ de
Saint-Yves (2). C’était lui qui avait conduit à Kerfosse,
le 25 frimaire de l’année précédente, la troupe chargée
d’arrêter Pierre Le Dilly (3). Les chouans le regardaient
donc comme doublement coupable. Quelque temps
auparavant ils avaient déjà fait irruption chez lui ; mais,
pour cette fois, ils s’étaient contentés de manger et
boire et de renouveler leurs provisions à ses dépens.
Quant à lui, par crainte de plus grands maux, il
n’avait pas osé les dénoncer aux autorités (4'.
Us revinrent le 3 brumaire ; ils étaient une quinzaine
environ armés de fusils, baïonnettes, sabres et pistolets :
« C’est ta vie qu'il nous faut, s’écrièrent-ils en aperce
vant Le Héritte ; si nou»te manquons cette fois-ci, nous
te-retrouverons. » Le meunier réussit à leur échap
per. Le lendemain, il se rendait à Inzinzac et donnait
avis du danger qu'il venait de courir, au citoyen
Messager, commandant du détachement des « Amis de
la République » stationné en ce lieu : il exprimait en
même temps ses craintes pour l'avenir et suppliait
qu'on envoyât des troupes pour le protéger et donner
la chasse aux « brigands ».
(1) M. Le Goff venait cependant de recevoir une sorte d’avertis
sement. Dans la nuit du I e1 ' au 2 brumaire, une patrouille sortie
du bourg de Bubry avait arrêté, au village de Saint-Nennec,
Claude Le Saint, « déserteur de la levée de 300.000 hommes, prand
ami du prêtre réfractaire de Saint-Yves » (Arch. départ., L, 1073).
(2) Arch. départ., Etat-civil, Lanvaudan.
(3) V. plus haut, p. 107.
(4) Arch. départ., L, 1074.
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le district n’étaient point encore toutes exécutées que
déjà il était aux mains de ses ennemis (1).
Un officier municipal de Lanvaudan faillit à son tour
subir le sort de Le Priol et Rivallan. Il s’appelait
Jacques Le Héritte, il avait alors vingt-neuf ans.
Originaire de Bubry, il était meunier à Kerdec, sur la
rivière Le Ilédennec, à une demi-lieue environ de
Saint-Yves (2). C’était lui qui avait conduit à Kerfosse,
le 25 frimaire de l’année précédente, la troupe chargée
d’arrêter Pierre Le Dilly (3). Les chouans le regardaient
donc comme doublement coupable. Quelque temps
auparavant ils avaient déjà fait irruption chez lui ; mais,
pour cette fois, ils s’étaient contentés de manger et
boire et de renouveler leurs provisions à ses dépens.
Quant à lui, par crainte de plus grands maux, il
n’avait pas osé les dénoncer aux autorités (4'.
Us revinrent le 3 brumaire ; ils étaient une quinzaine
environ armés de fusils, baïonnettes, sabres et pistolets :
« C’est ta vie qu'il nous faut, s’écrièrent-ils en aperce
vant Le Héritte ; si nou»te manquons cette fois-ci, nous
te-retrouverons. » Le meunier réussit à leur échap
per. Le lendemain, il se rendait à Inzinzac et donnait
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la République » stationné en ce lieu : il exprimait en
même temps ses craintes pour l'avenir et suppliait
qu'on envoyât des troupes pour le protéger et donner
la chasse aux « brigands ».
(1) M. Le Goff venait cependant de recevoir une sorte d’avertis
sement. Dans la nuit du I e1 ' au 2 brumaire, une patrouille sortie
du bourg de Bubry avait arrêté, au village de Saint-Nennec,
Claude Le Saint, « déserteur de la levée de 300.000 hommes, prand
ami du prêtre réfractaire de Saint-Yves » (Arch. départ., L, 1073).
(2) Arch. départ., Etat-civil, Lanvaudan.
(3) V. plus haut, p. 107.
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