pieds de tabac qu’il rencontre autour de la ferme. Le fellah, pour se libérer
de ce nouvel impôt, se voit obligé d’aliéner d’avance une partie de sa
récolte, et il lui reste juste de quoi ne pas mourir de faim. Le nerf de la
culture, le sentiment de la propriété, d’un bien qui est à lui, qui lui
appartient sans conteste, lui fait défaut; il ne sème, il ne cultive que pour
vivre ; en faisant ainsi, il ne s’enrichit pas, il est vrai, mais il appauvrit ses
maîtres et il ménage ses forces. Espérons que le gouvernement turc, com
prenant mieux ses intérêts, fera place au soleil à ces laborieuses et honnêtes
populations du pays de Bcharreh. Du reste, ce n’est pas seulement en
Syrie que les impôts sont lourds, nous en sentons aussi le pioids en France,
pour des causes différentes, il est vrai, mais qui nesontpas à l’honneur delà
civilisation occidentale. Il y a longtemps que le fabuliste, voulant peindre
le malheur du paysan attaché à la glèbe, nous a laissé ce charmant tableau
qui est dans toutes les mémoires:
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Les cre'anciers et la corvée,
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.
Nous acheminant toujours à l’ouest, à travers une succession de collines
et de vallées dont je vous épargnerai la description, le pays conservant toujours
le même caractère, nous arrivons à Tibnîn, forteresse située à 614 mètres
d’altitude, chef-lieu du Belad Bcharrèh, bien située sur une colline aux
pentes escarpées, qui domine une vallée fertile. C’est l’ancien château du
Toron, pris par Hugues de Saint-Omer, vers l’année 1104, et qui a eu la
destinée de tous ces châteaux des Croisades, pris, repris et finalement gardés
par les Musulmans. Celui-ci, commandant les routes qui, de Tyr, se
dirigeaient à travers ce pays de culture pour aboutir ensuite à la route de
Damas ou à celle de Gennesareth, a dû être occupé dès les temps de l’in
vasion cananéenne, mais il n’a rien surnagé de cette antique histoire. Je
ne vous le décrirai pas en détail, car tous ces châteaux se ressemblent. Ce
sont des murailles plus ou moins épaisses, flanquées de tours aux angles et
sur les flancs. L’examen minutieux de ces ouvrages n’intéresse que ceux qui
se livrent à des études rétrospectives sur l’architecture militaire. — A notre
arrivée, toute la population se porte vers nous, curieuse, mais non indis
crète. On nous regarde avec une sorte d’ébahissement; les enfants surtout
s’accroupissent à côté de nous en grand nombre, et quelques-uns finissent
par s’approcher pour solliciter le baghchich ; notre drogman fait mine de
de ce nouvel impôt, se voit obligé d’aliéner d’avance une partie de sa
récolte, et il lui reste juste de quoi ne pas mourir de faim. Le nerf de la
culture, le sentiment de la propriété, d’un bien qui est à lui, qui lui
appartient sans conteste, lui fait défaut; il ne sème, il ne cultive que pour
vivre ; en faisant ainsi, il ne s’enrichit pas, il est vrai, mais il appauvrit ses
maîtres et il ménage ses forces. Espérons que le gouvernement turc, com
prenant mieux ses intérêts, fera place au soleil à ces laborieuses et honnêtes
populations du pays de Bcharreh. Du reste, ce n’est pas seulement en
Syrie que les impôts sont lourds, nous en sentons aussi le pioids en France,
pour des causes différentes, il est vrai, mais qui nesontpas à l’honneur delà
civilisation occidentale. Il y a longtemps que le fabuliste, voulant peindre
le malheur du paysan attaché à la glèbe, nous a laissé ce charmant tableau
qui est dans toutes les mémoires:
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Les cre'anciers et la corvée,
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.
Nous acheminant toujours à l’ouest, à travers une succession de collines
et de vallées dont je vous épargnerai la description, le pays conservant toujours
le même caractère, nous arrivons à Tibnîn, forteresse située à 614 mètres
d’altitude, chef-lieu du Belad Bcharrèh, bien située sur une colline aux
pentes escarpées, qui domine une vallée fertile. C’est l’ancien château du
Toron, pris par Hugues de Saint-Omer, vers l’année 1104, et qui a eu la
destinée de tous ces châteaux des Croisades, pris, repris et finalement gardés
par les Musulmans. Celui-ci, commandant les routes qui, de Tyr, se
dirigeaient à travers ce pays de culture pour aboutir ensuite à la route de
Damas ou à celle de Gennesareth, a dû être occupé dès les temps de l’in
vasion cananéenne, mais il n’a rien surnagé de cette antique histoire. Je
ne vous le décrirai pas en détail, car tous ces châteaux se ressemblent. Ce
sont des murailles plus ou moins épaisses, flanquées de tours aux angles et
sur les flancs. L’examen minutieux de ces ouvrages n’intéresse que ceux qui
se livrent à des études rétrospectives sur l’architecture militaire. — A notre
arrivée, toute la population se porte vers nous, curieuse, mais non indis
crète. On nous regarde avec une sorte d’ébahissement; les enfants surtout
s’accroupissent à côté de nous en grand nombre, et quelques-uns finissent
par s’approcher pour solliciter le baghchich ; notre drogman fait mine de
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