\%a\anstere
ïtHifi&fcliflE
Traité de
T association
domestique
. agricole,
K 1822.
Nouveau
monde
industriel;
1829.
Théorie
des quatre
mouvements,
L 1808.
affectant
FOURIER
’ut'is le 10 Oi
Indigence.
Fourberie.
Oppressioi
Intcmpérii
Maladies f
Cercle vie:
'iétaire .
0c be 3
La forme générale que l’on voit ici est exactement celle qui dérive du plan de FourieI. Cette forme remplit parfaitement
toutes les convenances sociétaires, tous les avantages de commodité, salubrité et sûreté. |l est inutile de dire que cette forme
n’a rien d’absolu, que les configurations du terrain et mille exigences particulières pourtant la modifier; que les façades, le
style et les détails offriront dans tous les Phalanstères des variétés infinies; en un mot, if 11c faut voir ici qu’une forme assu
rant le service général, et remplissant les grandes convenances; un type de Phalanstère, comme la croix est un type de cathé
drale, comme le front bastionné est un type de fortification; type flexible et souple aux accidents du terrain, aux convenances
des lieux et des climats, et qui n’arrêtera pas lourdement le vol des artistes de l’avenir.!
Nous avons devant nous, en regardant le Phalanstère, le corps central au milieu duquel s’élève la tour d’ordre; les deux
ailes qui tombent perpendiculairement sur le centre, et forment la grande cour d’hoimeur où s’exécutent les parades et
manœuvres industrielles; puis les deux ailerons reviennent en bord de fer à cheval, et dessinent la grande route qui borde
la cour d’honneur, et s’étend le long du front de bandière du Phalanstère, entre cet édifice et les bâtiments ruraux postés
en avant.
Les corps de bâtiments sont redoublés; le Phalanstère se replie sur lui-même, pour éviter une trop grande étendue du
front, un éloignement trop considérable des ailes et du centre, pour favoriser enfin l’act&ité des relations en les concentrant.
Les ateliers bruyants, les écoles criardes sont rejetées dans une cour d’extrémité, an bout d’un des ailerons; le bruit
s’absorde dans cette cour de tapage , et l’on évite ainsi ces insupportables fracas de toute nature répandus au hasard dans
tous les quartiers des villes civilisées, où l’enclume du forgeron et le marteau du ferblantier conspirent contre les oreilles
publiques, avec le flageolet, la clarinette, le cor des enfants et des écoliers.
A l’aileron de l’outre extrémité se trouve la caravansérai ou hôtellerie affectée aux étrangers. Cette disposition a pour but
d’éviter les encombrements dans le centre d’activité.
Les grandes salles de relations générales pour la régence, la bourse, les réceptions, les banquets, les bals, les concerts, etc.,
sont situées au centre du Palais, aux environs de la tour d’ordre; puis les ateliers, les appartements de dimensions et de prix
variés, sont répartis dans le développement des bâtiments. Les ateliers sont généralement au rez-de-chaussée : plusieurs pour
tant, comme seraient ceux de broderie, de mode, et d’autres du même genre, sont susceptibles d’être montés au premier étage.
Les espaces entre les bâtiments sont des cours plantées d’arbres, rafraîchies par des bassins, et affectées à différents ser
vices ■ elles peuvent être ornées de plates-bandes et de parterres intérieurs.
Dans le grand carré central se trouve le jardin d’hiver, planté en partie d’arbres verts et résineux, afin qu’en toute saison
il puisse récréer les yeux. Tout à l’entour sont disposées les serres les plus précieuses, dont on peut combiner l’arrangement
avec celui des galeries et des salles de bains. C’est le jardin le plus riche et le plus luxueux de tous les jardins de la Pha
lange; il forme une promenade élégante, abritée et chaude, ou les vieillards elles convalescents se plaisent à respirer l’air
et le soleil.
Je n’aurais pas pu figurer dans la perspective les arbres des cours et des jardins, sans nuire à l’intelligence de la dispo
sition architecturale du Phalanstère.
Toutes les pièces de la construction harmonienne, appartements et ateliers, et tous les corps de bâtiments, sont reliés
entre eux par une rue-galerie qui les embrasse, circule autour de l’édifice, et l’enveloppe tout entier. Celte circumgalerie
est double. Au rez-de-chaussée, elle est formée par des arcades qui s’étendent parallèlement au bâtiment, comme au Palais-
royal; la galerie du rez-de-chaussée est coupée par des passages couverts, agrément dont les rois mêmes sont dépourvus
aujourd’hui. En entrant dans leurs palais, on est exposé à la pluie, au froid; en entrant dans le Phalanstère, la moindre
voiture passe des porches couverts aux porches fermés et chauffés, ainsi que les vestibules et les escaliers.
Au-dessus du plafond de la galerie inférieure s’élèverait celle du premier étage : elle pourrait monter jusqu’au sommet
de l’édifice, et prendre jour par de hautes et longues fenêtres, auquel cas, les appartements des étages supérieurs s’ouvri
raient sur elle; ou bien elle pourrait s’arrêter et former terrasse pour le second ou troisième étage.
Il est inutile de dire que ces galeries sont bien vitrées, ventilées, et rafraîchies en été, chauffées en hiver, toujours bien
pouvues d’air et agréablement tempérées.
Cette pièce est certainement la plus importante et la plus caractéristique de l’architecture sociétaire; elle est aussi large et
aussi somptueuse que la galerie du Louvre; elle sert pour les grauds repas et les réunions extraordinaires; elle est parée de
fleurs comme une serre, et décorée par un riche étalage de certains produits d’industrie, et des produits artistiques de la
Phalange et des Phalanges voisines. Les galeries et les salons des Phalanstères sont pour lés artistes d’harmonie des expositions
permanentes.
Il faut se figurer cette élégante galerie courant tout autour des corps de bâtiments, des jardins intérieurs et des cours
du Phalanstère, tantôt en dehors, tantôt en dedans du Palais; tantôt s’élargissant pour former une large rotonde, un atrium
inondé de jour; projetant dans les cours ses couloirs sur colonnes ou de légers ponts suspendus, pour réunir deux faces
parallèles de l’édifice, s’embranchant aux grands escaliers blancs, et ouvrant partout des communications faciles, larges et
somptueuses.
Cette galerie qui se ploie aux flancs de l’édifice sociétaire et lui fait comme une longue ceinture qui relie toutes les parties
à un tout, qui établit le contact du centre cl des extrémités, c’est le canal par où circule la vie dans le gi and corps Plialans-
térien ; c’est l’artère qui, du cœur, porte le sang dans toutes les veines; c’est ainsi le symbole et l’expression architecturale
du haut ralliement social et de l’harmonie passionnelle de la Phalange, dans cette grande construction unitaire dont chaque
pièce a un sens spécial, dont chaque détail exprime une pensée particulière, répond à une convenance, et se coordonne à
l’ensemble, et dont l’ensemble reproduit, complète, visible et corporise la loi suprême de l’association, la pensée intégrale
d’harmonie.
Quand on aurait habité un Phalanstère, où une population de"deux mille personnes peut se livrer à toute; ses relations
civiles ou industrielles, aller à ses fonctions, voir son monde; circuler des ateliers aux appartements, des appartements aux
salles de bal et de spectacle; vaquer à ses affaires et ses plaisirs, à l’abri de toute intempérie, de toute injure de l’air, de
toute variation atmosphérique ; quand on aurait vécu deux jours dans un pareil milieu, qui pourrait supporter les villes et
les villages civilisés, avec leurs boues, leurs immondices? qui pourrait se résoudre à se rembarquer encore dans leurs rues
sales, ardentes et méphitiques en été, ouvertes en hiver à la neige, au froid, à tous les vents? qui pourrait se résigner à
reprendre le manteau, les socques, le paraplu'3, les doubles souliers , attirail bizarre dont l’individu est obligé de s’embar
rasser , de se charger, de se couvrir, parce que la population n’a pas su créer le logement qui la garantirait si bien en masse?
Quelle économie de dépenses, d’ennuis et d’incommodités, de rhumes, de maladies de tout espèce, obtenue par une simple
disposition d’architecture sociétaire ! que de jeunes filles qui sont mortes trois jours après le bal où elles s’étaient montrées
éclatantes de vie et de jeunesse, et qui répondraient encore aux baisers de leurs mères, si celte garantie de santé existait dans
nos villes !
Au point central du Palais s’élève et domine la tour-d’ordre : c’est laque sont placés l’observatoire, le carillon, le télé
graphe, l’horloge, bs pigeons de correspondance, la vigie de nuit; c’est là que flotte au vent le drapeau de la Phalange.
La tour-d’ordre est b centre de direction et de mouvement des opérations industrielles du canton ; elle commande les manœu
vres avec ses pavillois, ses signaux, ses lunettes et ses porte-voix, comme un général d’armée placé sur un haut mamelon.
Il est facile de voir que la distribution Phalantérienne que nous avons sous les yeux se prête à toutes les convenances, se
plie à toutes les exigences des relations sociétaires, et réalise merveilleusement les plus belles économies.
Chacun trouve à se loger suivant sa fortune et ses goûts dans les différents quartiers du Phalanstère ; on s’abonne avec la
Phalange pour logenent comme pour nourriture, soit que l’on prenne un appartement garni, soit que 1 on se mette dans ses
meubles. Plus de cesembarras, de ces nombreux ennuis de ménage, attachés à l’insipide système domestique de la famille. On
peut, à la rigueur, a’avoir en propriété que ses habits et ses chaussures, et se fournir de linge et de tout le reste par abon
nement. Il est cèrtah même que cette coutume, singulièrement économique et commode, se généralisera beaucoup, quand on
verra la propreté raffinée des lingeries sociétaires.
L’harmonie n’a pis à songer à tous ces minutieux arrangements de chaque jour, qui harcèlent le civilisé, et lui font une
vie si matérielle, si prosaïque, si fastidieuse, et si bourgeoise. Et c’est ainsi que Fourif.r, précisément parce qu’il a spéculé
sur les dispositions matérielles et domestiques, a trouvé moyen d’affranchir l’homme du joug de plomb que les dispositions
abrutissantes de la civilisation lui imposent à chaque heure de son existence; c’est ainsi qu’il a trouvé le moyen de poétiser la vie.
Le séristère des cuisines, muni de ses grands fours, de ses ustensiles, de ses mécaniques abrégeant l’ouvrage, de ses fon
taines à ramifications hydrophores, et armé de ses batteries, se développe à la fois sur des cours intérieures de service et du
côté de la campagne; scs magasins d’arrivages, de dépôt et de conserve, et les salles de l’office sont a proximité.
Les tables et les buffets sont chargés dans ces salles basses; et de là, pris et élevés, aux heures de repas, par des machines
qui les apportent tout servis dans les salles de banquets, régnant à l’étage supérieur, et dont les planchers sont pourvus d’un
équipage de trappes destiné à donner aux grandes opérations du service unitaire la rapidité prestigieuse des changements à
vue d’un opéra féerique. L’harmonie trouve son intérêt à prodiguer tous ces prestiges, afin de procurer des jouissances sans
nombre à tout son peuple.
La chaleur perdue du séristère des cuisines est employée à chauffer les serres, les bains, etc. Un seul calorifère central suffit
ensuite pour distribuer la chaleur dans toutes les parties de l’édifice, galerie, ateliers, salles et appartements. Celte chaleur,
unitairement ménagée, est conduite dans ces différentes pièces par un système de tuyaux de communication, armés de robi
nets, au moyen desquels on varie et gradue à volonté la température en tout lieu du Palais sociétaire. Un système de tuyaux
intérieurs et ccnccutriques à ceux du calorifère portent en même temps de l’eau chaude dans les séristères où elle est néces
saire, et dans 1 nnartements. Il existe un service analogue pour la distribution de l’eau froide. On conçoit facilement
combien ces isemble sont favorables à la propreté générale, combien elles font circuler de confort, et contri
buent à dép domestique de ce qu’il a de sale, de répugnant, et surtout de hideux dans les ménages de civilisation.
La même >réside au dispositif de tous les services. J^insi c’est par un mode analogue que des bassins supé
rieurs, pla< ,les, recevant les eaux du ciel, ou s’alimentant par des corps de pompe, fournissent des ramifi
cations de 1 îles, d’où l’eau projetée avec la force de compression due à sa hauteur, entretient, pendant les cha
leurs de l’é iums, les salles ei les grands escaliers, des fontaines jaillissantes, des cascatelles aux bassins blancs,
et de hard ns les jardins et les cours. Les boyaux mobiles sont employés au service journalier de l’arrosage des
abords du s servent aussi à laver les toitures et les façades, et surtout à ôter toute chance a l’incendie.
L’éclairage général, .intérieur et extérieur, est aussi réglé dans la Phalange sur la même idée unitaire. Personne n’ignore que
la plupart des établissenùçnts publics, ainsi que des quartiers entiers, sont déjà, dans les grandes villes, éclairés par ce pro
cédé. Les réfracteurs lenticulaires et les réflecteurs paraboliques seront d’un heureux emploi dans cet aménagement unitaire
de la lumière, qui multipliera sa puissance en combinant convenablement les ressources de la catoptriqne et de la dioptrique.
Disons enfin que notre architecture harmonienne universalise le confort et le bien-être qui loge Vhomme, et non pas seu
lement quelques hommes comme 1’architecture civilisée; et résumons la description précédente en disant que, dans la cons
truction sociétaire, tout est prévu et pourvu, organisé et combiné, et que l’homme y gouverne en maître l’eau, l’air, la
chaleur et la lumière.
Les Palais des Phalanges, artistes! les kiosques, les belvédères et les castels dont elles parsèment leurs riches campagnes;
les villes monumentales et la capitale du globe, voilà, artistes, de quoi occuper votre imagination. Il faudra des voûtes hardies
jetées sur des murs de pierre, des coupoles, des tours et des flèches élancées; votre génie sera à l’aise dans ces grandes lignes
dont vous aurez à combiner les mouvements et les allures ! Il faudra aux palais des Phalanges des portes ou sept chevaux de
front puissent sortir à l’aise; il faudra des fenêtres, grandes ouvertes par où entrera le soleil dans la maison de l’homme, pour
y porter largement la vie et la couleur; il faudra des galeries, des balcons et des terrasses, où la population du Phalanstère
puisse s’épandre, et lui faire d’éclatantes guirlandes avec ses mille têtes de femmes et de-joyeux enfants II faudra des ta
bleaux à ses galeries et à ses salles, des couleurs à ses grands ateliers, des fresques aux parois de ses théâtres, à ses vendes des
fresques et des sculptures; des statues dans ses atriums et ses grands escaliers, des statues sur ses entablements et parmi les
arbres de ses jardins ombreux; des gargouilles ouvrées aux angles des corniches; à ses machines à vapeur, des têtes de bronze
et des gueules de fer; des marbres à ses bassins, des autels à ses temples, et mille chefs-d’œuvre d’art pour les revêtir et les
dignement parer.
Là, voyez-vous, il faudra harmoniser l’eau, le feu, la lumière, le granit et les métaux; l’art aura dans ses larges mains
tous les éléments à manier ensemble; ce sera une création.
Puis, des orchestres à mille parties, des chœurs à mille voix; des hymnes et des poèmes chantés par des masses, des manœu
vres chorégraphiques dansées par des populations Car, dans les Phalanstères, l’éducation élève chaque homme à la dignité
d’artiste; et si chaque homme n’est pas poète et compositeur, chaquç homme du moins sait exécuter et faire sa partie dans
l’ensemble; chaque homme est une note dans le grand concert.
Oui, oui, c’est la destinée de l’humanité d’être heureuse et riche, et de parer sa planète, et de lui faire une robe resplen
dissante, qui ne la rende pas honteuse au bal céleste où elle occupe, dans la ronde lumineuse, une place d’honneur à côté du
soleil! Oui, quand l’humanité marchera dans sa force et dans sa loi, on verra éclore bien d’autres merveilles sous l’influence
de la puissance humaine, combinée à la puissance vivifiante du globe.
( Destinée sociale. Victor CONSIDÉRANT ).
Nota. Ce monument doit être situé au centre d’une lieue carrée de terrain ; son développement de l’extrémité d’une
aile à l’autre est de trois cent soixante toises; l’espace entre les deux ailes est de deux cents toises, et la façade de chaque
aile de quatre-vingts toises.
Bordeaux. Imprimerie et Lithographie de Hekry Faye , rue du Cahernan, 44.
Z- i?ô<î.-CA5)
ïtHifi&fcliflE
Traité de
T association
domestique
. agricole,
K 1822.
Nouveau
monde
industriel;
1829.
Théorie
des quatre
mouvements,
L 1808.
affectant
FOURIER
’ut'is le 10 Oi
Indigence.
Fourberie.
Oppressioi
Intcmpérii
Maladies f
Cercle vie:
'iétaire .
0c be 3
La forme générale que l’on voit ici est exactement celle qui dérive du plan de FourieI. Cette forme remplit parfaitement
toutes les convenances sociétaires, tous les avantages de commodité, salubrité et sûreté. |l est inutile de dire que cette forme
n’a rien d’absolu, que les configurations du terrain et mille exigences particulières pourtant la modifier; que les façades, le
style et les détails offriront dans tous les Phalanstères des variétés infinies; en un mot, if 11c faut voir ici qu’une forme assu
rant le service général, et remplissant les grandes convenances; un type de Phalanstère, comme la croix est un type de cathé
drale, comme le front bastionné est un type de fortification; type flexible et souple aux accidents du terrain, aux convenances
des lieux et des climats, et qui n’arrêtera pas lourdement le vol des artistes de l’avenir.!
Nous avons devant nous, en regardant le Phalanstère, le corps central au milieu duquel s’élève la tour d’ordre; les deux
ailes qui tombent perpendiculairement sur le centre, et forment la grande cour d’hoimeur où s’exécutent les parades et
manœuvres industrielles; puis les deux ailerons reviennent en bord de fer à cheval, et dessinent la grande route qui borde
la cour d’honneur, et s’étend le long du front de bandière du Phalanstère, entre cet édifice et les bâtiments ruraux postés
en avant.
Les corps de bâtiments sont redoublés; le Phalanstère se replie sur lui-même, pour éviter une trop grande étendue du
front, un éloignement trop considérable des ailes et du centre, pour favoriser enfin l’act&ité des relations en les concentrant.
Les ateliers bruyants, les écoles criardes sont rejetées dans une cour d’extrémité, an bout d’un des ailerons; le bruit
s’absorde dans cette cour de tapage , et l’on évite ainsi ces insupportables fracas de toute nature répandus au hasard dans
tous les quartiers des villes civilisées, où l’enclume du forgeron et le marteau du ferblantier conspirent contre les oreilles
publiques, avec le flageolet, la clarinette, le cor des enfants et des écoliers.
A l’aileron de l’outre extrémité se trouve la caravansérai ou hôtellerie affectée aux étrangers. Cette disposition a pour but
d’éviter les encombrements dans le centre d’activité.
Les grandes salles de relations générales pour la régence, la bourse, les réceptions, les banquets, les bals, les concerts, etc.,
sont situées au centre du Palais, aux environs de la tour d’ordre; puis les ateliers, les appartements de dimensions et de prix
variés, sont répartis dans le développement des bâtiments. Les ateliers sont généralement au rez-de-chaussée : plusieurs pour
tant, comme seraient ceux de broderie, de mode, et d’autres du même genre, sont susceptibles d’être montés au premier étage.
Les espaces entre les bâtiments sont des cours plantées d’arbres, rafraîchies par des bassins, et affectées à différents ser
vices ■ elles peuvent être ornées de plates-bandes et de parterres intérieurs.
Dans le grand carré central se trouve le jardin d’hiver, planté en partie d’arbres verts et résineux, afin qu’en toute saison
il puisse récréer les yeux. Tout à l’entour sont disposées les serres les plus précieuses, dont on peut combiner l’arrangement
avec celui des galeries et des salles de bains. C’est le jardin le plus riche et le plus luxueux de tous les jardins de la Pha
lange; il forme une promenade élégante, abritée et chaude, ou les vieillards elles convalescents se plaisent à respirer l’air
et le soleil.
Je n’aurais pas pu figurer dans la perspective les arbres des cours et des jardins, sans nuire à l’intelligence de la dispo
sition architecturale du Phalanstère.
Toutes les pièces de la construction harmonienne, appartements et ateliers, et tous les corps de bâtiments, sont reliés
entre eux par une rue-galerie qui les embrasse, circule autour de l’édifice, et l’enveloppe tout entier. Celte circumgalerie
est double. Au rez-de-chaussée, elle est formée par des arcades qui s’étendent parallèlement au bâtiment, comme au Palais-
royal; la galerie du rez-de-chaussée est coupée par des passages couverts, agrément dont les rois mêmes sont dépourvus
aujourd’hui. En entrant dans leurs palais, on est exposé à la pluie, au froid; en entrant dans le Phalanstère, la moindre
voiture passe des porches couverts aux porches fermés et chauffés, ainsi que les vestibules et les escaliers.
Au-dessus du plafond de la galerie inférieure s’élèverait celle du premier étage : elle pourrait monter jusqu’au sommet
de l’édifice, et prendre jour par de hautes et longues fenêtres, auquel cas, les appartements des étages supérieurs s’ouvri
raient sur elle; ou bien elle pourrait s’arrêter et former terrasse pour le second ou troisième étage.
Il est inutile de dire que ces galeries sont bien vitrées, ventilées, et rafraîchies en été, chauffées en hiver, toujours bien
pouvues d’air et agréablement tempérées.
Cette pièce est certainement la plus importante et la plus caractéristique de l’architecture sociétaire; elle est aussi large et
aussi somptueuse que la galerie du Louvre; elle sert pour les grauds repas et les réunions extraordinaires; elle est parée de
fleurs comme une serre, et décorée par un riche étalage de certains produits d’industrie, et des produits artistiques de la
Phalange et des Phalanges voisines. Les galeries et les salons des Phalanstères sont pour lés artistes d’harmonie des expositions
permanentes.
Il faut se figurer cette élégante galerie courant tout autour des corps de bâtiments, des jardins intérieurs et des cours
du Phalanstère, tantôt en dehors, tantôt en dedans du Palais; tantôt s’élargissant pour former une large rotonde, un atrium
inondé de jour; projetant dans les cours ses couloirs sur colonnes ou de légers ponts suspendus, pour réunir deux faces
parallèles de l’édifice, s’embranchant aux grands escaliers blancs, et ouvrant partout des communications faciles, larges et
somptueuses.
Cette galerie qui se ploie aux flancs de l’édifice sociétaire et lui fait comme une longue ceinture qui relie toutes les parties
à un tout, qui établit le contact du centre cl des extrémités, c’est le canal par où circule la vie dans le gi and corps Plialans-
térien ; c’est l’artère qui, du cœur, porte le sang dans toutes les veines; c’est ainsi le symbole et l’expression architecturale
du haut ralliement social et de l’harmonie passionnelle de la Phalange, dans cette grande construction unitaire dont chaque
pièce a un sens spécial, dont chaque détail exprime une pensée particulière, répond à une convenance, et se coordonne à
l’ensemble, et dont l’ensemble reproduit, complète, visible et corporise la loi suprême de l’association, la pensée intégrale
d’harmonie.
Quand on aurait habité un Phalanstère, où une population de"deux mille personnes peut se livrer à toute; ses relations
civiles ou industrielles, aller à ses fonctions, voir son monde; circuler des ateliers aux appartements, des appartements aux
salles de bal et de spectacle; vaquer à ses affaires et ses plaisirs, à l’abri de toute intempérie, de toute injure de l’air, de
toute variation atmosphérique ; quand on aurait vécu deux jours dans un pareil milieu, qui pourrait supporter les villes et
les villages civilisés, avec leurs boues, leurs immondices? qui pourrait se résoudre à se rembarquer encore dans leurs rues
sales, ardentes et méphitiques en été, ouvertes en hiver à la neige, au froid, à tous les vents? qui pourrait se résigner à
reprendre le manteau, les socques, le paraplu'3, les doubles souliers , attirail bizarre dont l’individu est obligé de s’embar
rasser , de se charger, de se couvrir, parce que la population n’a pas su créer le logement qui la garantirait si bien en masse?
Quelle économie de dépenses, d’ennuis et d’incommodités, de rhumes, de maladies de tout espèce, obtenue par une simple
disposition d’architecture sociétaire ! que de jeunes filles qui sont mortes trois jours après le bal où elles s’étaient montrées
éclatantes de vie et de jeunesse, et qui répondraient encore aux baisers de leurs mères, si celte garantie de santé existait dans
nos villes !
Au point central du Palais s’élève et domine la tour-d’ordre : c’est laque sont placés l’observatoire, le carillon, le télé
graphe, l’horloge, bs pigeons de correspondance, la vigie de nuit; c’est là que flotte au vent le drapeau de la Phalange.
La tour-d’ordre est b centre de direction et de mouvement des opérations industrielles du canton ; elle commande les manœu
vres avec ses pavillois, ses signaux, ses lunettes et ses porte-voix, comme un général d’armée placé sur un haut mamelon.
Il est facile de voir que la distribution Phalantérienne que nous avons sous les yeux se prête à toutes les convenances, se
plie à toutes les exigences des relations sociétaires, et réalise merveilleusement les plus belles économies.
Chacun trouve à se loger suivant sa fortune et ses goûts dans les différents quartiers du Phalanstère ; on s’abonne avec la
Phalange pour logenent comme pour nourriture, soit que l’on prenne un appartement garni, soit que 1 on se mette dans ses
meubles. Plus de cesembarras, de ces nombreux ennuis de ménage, attachés à l’insipide système domestique de la famille. On
peut, à la rigueur, a’avoir en propriété que ses habits et ses chaussures, et se fournir de linge et de tout le reste par abon
nement. Il est cèrtah même que cette coutume, singulièrement économique et commode, se généralisera beaucoup, quand on
verra la propreté raffinée des lingeries sociétaires.
L’harmonie n’a pis à songer à tous ces minutieux arrangements de chaque jour, qui harcèlent le civilisé, et lui font une
vie si matérielle, si prosaïque, si fastidieuse, et si bourgeoise. Et c’est ainsi que Fourif.r, précisément parce qu’il a spéculé
sur les dispositions matérielles et domestiques, a trouvé moyen d’affranchir l’homme du joug de plomb que les dispositions
abrutissantes de la civilisation lui imposent à chaque heure de son existence; c’est ainsi qu’il a trouvé le moyen de poétiser la vie.
Le séristère des cuisines, muni de ses grands fours, de ses ustensiles, de ses mécaniques abrégeant l’ouvrage, de ses fon
taines à ramifications hydrophores, et armé de ses batteries, se développe à la fois sur des cours intérieures de service et du
côté de la campagne; scs magasins d’arrivages, de dépôt et de conserve, et les salles de l’office sont a proximité.
Les tables et les buffets sont chargés dans ces salles basses; et de là, pris et élevés, aux heures de repas, par des machines
qui les apportent tout servis dans les salles de banquets, régnant à l’étage supérieur, et dont les planchers sont pourvus d’un
équipage de trappes destiné à donner aux grandes opérations du service unitaire la rapidité prestigieuse des changements à
vue d’un opéra féerique. L’harmonie trouve son intérêt à prodiguer tous ces prestiges, afin de procurer des jouissances sans
nombre à tout son peuple.
La chaleur perdue du séristère des cuisines est employée à chauffer les serres, les bains, etc. Un seul calorifère central suffit
ensuite pour distribuer la chaleur dans toutes les parties de l’édifice, galerie, ateliers, salles et appartements. Celte chaleur,
unitairement ménagée, est conduite dans ces différentes pièces par un système de tuyaux de communication, armés de robi
nets, au moyen desquels on varie et gradue à volonté la température en tout lieu du Palais sociétaire. Un système de tuyaux
intérieurs et ccnccutriques à ceux du calorifère portent en même temps de l’eau chaude dans les séristères où elle est néces
saire, et dans 1 nnartements. Il existe un service analogue pour la distribution de l’eau froide. On conçoit facilement
combien ces isemble sont favorables à la propreté générale, combien elles font circuler de confort, et contri
buent à dép domestique de ce qu’il a de sale, de répugnant, et surtout de hideux dans les ménages de civilisation.
La même >réside au dispositif de tous les services. J^insi c’est par un mode analogue que des bassins supé
rieurs, pla< ,les, recevant les eaux du ciel, ou s’alimentant par des corps de pompe, fournissent des ramifi
cations de 1 îles, d’où l’eau projetée avec la force de compression due à sa hauteur, entretient, pendant les cha
leurs de l’é iums, les salles ei les grands escaliers, des fontaines jaillissantes, des cascatelles aux bassins blancs,
et de hard ns les jardins et les cours. Les boyaux mobiles sont employés au service journalier de l’arrosage des
abords du s servent aussi à laver les toitures et les façades, et surtout à ôter toute chance a l’incendie.
L’éclairage général, .intérieur et extérieur, est aussi réglé dans la Phalange sur la même idée unitaire. Personne n’ignore que
la plupart des établissenùçnts publics, ainsi que des quartiers entiers, sont déjà, dans les grandes villes, éclairés par ce pro
cédé. Les réfracteurs lenticulaires et les réflecteurs paraboliques seront d’un heureux emploi dans cet aménagement unitaire
de la lumière, qui multipliera sa puissance en combinant convenablement les ressources de la catoptriqne et de la dioptrique.
Disons enfin que notre architecture harmonienne universalise le confort et le bien-être qui loge Vhomme, et non pas seu
lement quelques hommes comme 1’architecture civilisée; et résumons la description précédente en disant que, dans la cons
truction sociétaire, tout est prévu et pourvu, organisé et combiné, et que l’homme y gouverne en maître l’eau, l’air, la
chaleur et la lumière.
Les Palais des Phalanges, artistes! les kiosques, les belvédères et les castels dont elles parsèment leurs riches campagnes;
les villes monumentales et la capitale du globe, voilà, artistes, de quoi occuper votre imagination. Il faudra des voûtes hardies
jetées sur des murs de pierre, des coupoles, des tours et des flèches élancées; votre génie sera à l’aise dans ces grandes lignes
dont vous aurez à combiner les mouvements et les allures ! Il faudra aux palais des Phalanges des portes ou sept chevaux de
front puissent sortir à l’aise; il faudra des fenêtres, grandes ouvertes par où entrera le soleil dans la maison de l’homme, pour
y porter largement la vie et la couleur; il faudra des galeries, des balcons et des terrasses, où la population du Phalanstère
puisse s’épandre, et lui faire d’éclatantes guirlandes avec ses mille têtes de femmes et de-joyeux enfants II faudra des ta
bleaux à ses galeries et à ses salles, des couleurs à ses grands ateliers, des fresques aux parois de ses théâtres, à ses vendes des
fresques et des sculptures; des statues dans ses atriums et ses grands escaliers, des statues sur ses entablements et parmi les
arbres de ses jardins ombreux; des gargouilles ouvrées aux angles des corniches; à ses machines à vapeur, des têtes de bronze
et des gueules de fer; des marbres à ses bassins, des autels à ses temples, et mille chefs-d’œuvre d’art pour les revêtir et les
dignement parer.
Là, voyez-vous, il faudra harmoniser l’eau, le feu, la lumière, le granit et les métaux; l’art aura dans ses larges mains
tous les éléments à manier ensemble; ce sera une création.
Puis, des orchestres à mille parties, des chœurs à mille voix; des hymnes et des poèmes chantés par des masses, des manœu
vres chorégraphiques dansées par des populations Car, dans les Phalanstères, l’éducation élève chaque homme à la dignité
d’artiste; et si chaque homme n’est pas poète et compositeur, chaquç homme du moins sait exécuter et faire sa partie dans
l’ensemble; chaque homme est une note dans le grand concert.
Oui, oui, c’est la destinée de l’humanité d’être heureuse et riche, et de parer sa planète, et de lui faire une robe resplen
dissante, qui ne la rende pas honteuse au bal céleste où elle occupe, dans la ronde lumineuse, une place d’honneur à côté du
soleil! Oui, quand l’humanité marchera dans sa force et dans sa loi, on verra éclore bien d’autres merveilles sous l’influence
de la puissance humaine, combinée à la puissance vivifiante du globe.
( Destinée sociale. Victor CONSIDÉRANT ).
Nota. Ce monument doit être situé au centre d’une lieue carrée de terrain ; son développement de l’extrémité d’une
aile à l’autre est de trois cent soixante toises; l’espace entre les deux ailes est de deux cents toises, et la façade de chaque
aile de quatre-vingts toises.
Bordeaux. Imprimerie et Lithographie de Hekry Faye , rue du Cahernan, 44.
Z- i?ô<î.-CA5)
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