Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-12-04
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 décembre 1899 04 décembre 1899
Description : 1899/12/04 (Numéro 7240). 1899/12/04 (Numéro 7240).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
Çingtlèln* Année. â N' 7240
J
Lundi \ Décembre 1800
/-/
5 Centimes
Le numéro
â P*E1S ET DÉPARTEMENTS â
LA JUSTICE
K wiitp»
lyp Le Sniaéro
â PARIS KT D»pibt=M^.NÏI â
Les Annonces sont reçues au Bureau du Journal
87. FAUBOURG MONTMARTRE, 87
POUR LA REDACTION :
au Secrétaire 4e la rédaction.
JOURNAL POLITIQUE DU MATIN
Rédaction ©t Administration i 57, Faubourg Montmartre
v
pr»i* i/AnnwpTEMEirr ,
."cris : 3 mr.is. 5 r'r. â « mois, Cfr. â Un an, 18 fr.
r Départ* et An>: mois Ôfr. â 6 mois, il fr. â Uu an» 30fr,
Union postale : 3 ci ois, 10 fr. â 6 ffiote, 18 fr. â Un an, 35 fr.
A>irwr lettre* ei rramtat* à M. £. RO BUTTE, AdministratêWH
I Ml -M-- ââ
LMHpIit^
On connaît la vieille blague des I
réactionnaires :
« Que lit-on sur le mur'!disent-ils
II LIBERTÉ ÊUALITÉ FRATBBNITÉ?
(i Erreur. On oublie les points. C'est
II LIBERTÉ POINT. ÉGALITÉ POINT. J
« ÏRATER>'ITÊ POINT.qu'il fautlire »
Est-ce vrai? Le mur n-t-il raison?
La liberté, l'égalité, la fraternité
n'existent-elles plus chez nous?Fai-
sons notre examen de conscience,
LIBERTÉ I
â Zola est, poursuivi pour ses opi- 1
nions ;
â Gohier est poursuivi pour ses '
opinions;
â Grimaux a été frappé pour ses
opinions ;
â Théodore Lardaux, Arthur |,
Vauthier, Régis Meunier, Liartl- t.
Courtois sont au bagne pour leurs ''
opinions ;
â Girier-Lorion est mort au bagne
pour ses opinions. Il y a été suppli- 11
cié ; c
â François Monod va revenir du .
bagne, où il a été envoyé, non pas Jj
même pour avoir exprimé ses opi- u
nions, mais pour avoir répondu à un
agent provocateur ; « Tu as raison », I
Cet. agent formulait l'opinion qu'on
reproche à Monod et n'a pas été au
bagne ; a
â D'autres sont au bagno pour ï
leurs opinions . On le sait ;
â Sahlayrollcs est & btrib*. pour
avoir crié : « Vive Dreyfus ! » à
â Quand on parle de liberté, on d
pense tout de suite aux juifs, aux- ?'
quels on refuse, non pas seulement jj
la liberté de penser, mais celle de ,i
vivre ; u
â La liberté d'association est illu- v
solre pour qui n'est pas congréga- a
niste. Quant aux coogrôgauistes,
leur fortune immobilière s'est éievéo,
de 1881 à 1898 de 800 millions à n
2 milliards. Les congrégations dé- ai
tiennent actuellement 10 milliards, ts
Elles dévorent la patrie: d
â La presse immonde abrutit le
peuple, l'habitue à l'iniquité. Peu à Jj
peu, toutes les libertés deviennent
mythes;
â Quelles libertés restent actuelle-
ment au pauvre, au faible, â l'op-
primé?
Liberté de se taire,
Liberté de mourir. »:
ÉGALITÉ à
â Sus aux bons, paix aux coupa- e
bles ; ti
â Mercier a avoué son crime. On n
ne lui applique pas la loi. Il est au- ci
dessus de la loi. La loi n'est pas pour Ç
lui ; t!
â Esterhazy, est libre, acquitte par Jj
les militaires," mis hors de cause par Cl
les juges civils au mépris de la loi, â
au nez et à la barbe des juges suprê- v
mes impuissants ; r
â On l'a condamné hier sur une
plainte particulière. Trop tard. Injus- fi
tice est rendue contre l'innocent ; q
â Du Paty, faussaire au dire du b
juge d'instruction, faussaire au dire de jj
Cuisnet, est libre, mis hors de cause j,
de la même manière ; q
â Picquart, qui a osé dire la vérité, v
a passé des mois en prison, est encore j,
sous le coup do poursuites; c
â Gonse n'est pas inquiété, mal- I
gré l'affaire Painlevé, malgré le J
reste ; 5
â Etc..., etc..., etc..., de Roget à °
Savignaud eu passant par Maurel et J
Teyssonniéres ; c
â Cela ne suffit pas. On va nous j
infliger la honte suprême de l'amnis- r
tie, absoudre les faux témoignages,
étouffer les faits nouveaux ;
â On va nous infliger l'amnistie
scélérate qui mettra les criminels hors
de cause et déniera la justice aux jus-
tes. Zola,Picquart, Reinach,Dreyfus,
seront sacrifiés à la tranquillité d'un
syndicat de coupables. Selon [ intérêt
de ce syndicat, l'Etat est pressé ou de
hâter ou de supprimer les procès.
L'arbitraire régne ; * .
â Qui viendra soutenir l'égalité
des Français devant la loi ?
â Nous parlions tout à l'heure des
juifs Ils ne sont plus les égaux des
autres citoyens. On a déchiré pour
eux les Droits do l'Homme ;
â Tout cela n'est rien à céte de
l'inégalité sociale. Les uns jouissent,
les autres souffrent |
â Une égalité reste :
La mort !
FRATERNITÉ
â Chacun pour soi;
Les vieux s'asphyxient encore
en 1899;
Le.Çijeones aussi. Le suicide est
l'ami, puisque la fraternité ne tend
pas la main ; .
_ siècles passent, la misère
reste; .
â Et toujours, en un coin quel-
conque'" de la,.terre, sévit la guerre
hideuse, .négation dé la fraternité;
â Et les hètacomhes lurrttames
5uivent leur cours, laissant mpas-
sibles les humains, car la pitié, fra-
ternité suprême, déserte le coeur de
nos frères.
***
Il est temps que les braves gens se
lèvent et regardent, le mur. Nos ad- :
versalres disent vrai, par hasard. Les '
points symboliques existent et gâtent 1
la devisé, la grande, la belle devise !
républicaine, la devise de l'huma- '
nité. j
Otons-les donc ces points. C'est fa- ]
elle, si nous nous laissons guider par
la justice et par la bonté.
Pour Saint-Antoine <
Notre confrère en Dieu, la Vérité, r
possède parmi les richesses qui font J
l'éclat de ses augustes colonnes une ru- c
brique vraiment bizarre. c
Chaque jour, sous !etitre: « Le Pain I
de Saint Antoine > le s»ge lecteur de la
Vérité trouve une note ainsi conçue : £
Noua avoni reçu la lettre suivante : f
Cher Monsieur, r
Veuillez accepter pour le Pain des Pauvres g
la modeste obole de.... francs cl-jointe, en ,
témoignage de reconnaissance à Saint-An- â¢
tolae.
Agrée?., etc. 1
Depuis le temps que cela dure, le
malheureux Saint-Antoine doit trouver *
ce pain bien dur.
Notre pieux confrère ne croit-il pas ,
qu'il serait miséricordieux, et d'una dé-
licate attention, d'offrir 1 Saint-Antoine *
uu peu de lard? j
[M LETTRE DEJL FOURRIÈRE p
M. Fournière, député de l'Aisne, a 'p
adressé la lettre suivante à M. Waldeck- c,
Bousseau : ri
i*- décembre 18G&.
Monsieur le Président du Conseil, ^
Sur les faits dont jTal donné connaissance *
à la Chambre au cours des séances du 28 et
du30 novembre, sur ceux que j'ai passés £
sous silence faute d'avoif. pu recueillir des
têmoign&ges verbaux et sur ceux qui m'ont Vi
été signalés ces jours derniers, j'ai L'honneur
de vous adresser ci-joint, pour ksiastruc- q
lions judiciaires et les enquêtes administratif [j
vos ouvertes et à ouvrir, une liste de 33 té- n
moinp qui se décompose ainsi :
Quatorze témoins entendus par moi ;
Treize témoins qui m'osit écrit; "
Enfin, cinq témoins dont on m'a commu- c-
niqué les nom et adresse. 1
J'y ajoute le titre exact et L'adresse de la g
société financière de charitéqui garantit un q
taux d'intèrôt à ses obligataires sur le pro* []
duit du travail des orphelins. n
Veuillez agréer, Monsieur le Président du
Conseil, l'assurance de ma haute considéra-
tion.
EUGÈNE FOURNIÈRE. n
â a
l>ésllli»sioii
â I n
Je viens de rencontrer un honorable
citoyen, M. d'O de !a Villette, que je
connais vaguement pour l'avoir apeirçu 'l
dansp!usieursmanifestakionspolitiqu«e,
et qui voulut bien me rappeler, en me
tendant la main, qu'il faillit une fois t
m'assommer parce que je refusais de ,
crier avec lui : t Mort aux Juifs ! >
Gomme je ne répondais pas d'une façon '
très empressée a ses avances, il prit sa P'
plus douce voix de rogon-me pour me "
dire : t Je comprends que vous ayez 11
contre moi quelque ressentiment ; mais
si vous saviez comme je me repeus d'a-
voir été de la ligue à Guérin, vous n» "J
refuseriez pas de me payer un verre » "
Je ne pus maîtriser un geste de stupé- v
faction, et mon homme continua, lyri- ^
que : n Ah ! quand il s'agissait d'estour- "
bii- les parités sur le boulevard, de jouer
de la matraque ou du surin, c'étai t hath
alors et on ne rechîïiait pas sur 1r tur-
bin, mais maintenant voilà le patron F
qui flanche ! Moi, une fois j'ai été coffré 11
pour avoir cogné sur un sergot, eh bien !
je n'ai pas nié. J'ai hurlé atrx juges que »â¢
c'était une rosse et que je regrettais seu- «
lement de ne pas l'avoir plus démoli. 4
Mais voyez-vous Guérin qui fait du ohi-
chi, qui prétend n'avoir voulu que tirer
des pétards pour amuser les flics ! \ r-n,
ça me dégoûte. Ils peuvent m'offrir des
thunes et même des jaunets, je ne mar- ,
che plus. Quand Déroulède eût soupe
de la politique, il alla planter ses choux, J
moi je vais retourner à ma marmite. » f
ECHOS |
Avis aux personnes qui'voudraient g'offrir
un attelago de rennes, une compagnie de '
phoques ou d'ours blancs.
Aujourd'hui,par autorité de justice,toute la
troupe animal© de la u Vie au pôle Nord », t
qui nous donna pendant quelques mois, en ; j
pleine rue de GLichy, riUusion des contrées ;i j
septentrionales, sera dispeïaée sous le j
marteau du commisaaire-priseur. j
On ne vendra pas moins de 10 phoques j
dont la moitié dressés, 9 otaries, 10 ours j
blancs, 2 rennes, un morse dressé, un pin-
gouin, une loutre et sept oiseaux aquati ,
! que s. !
La vente attirerera certainement beau- i
coup de monde, mais combien d'ache-
teuTs 1
***
' Les jurés de l'Exposition vont avoir un
insigne. . . .
C'est le graveur Louis Bottée qui vient de
présenter à MM. Picard et Dervillé, 1 fm>
dèle du petit bibelot - argent mât patiné
d'or â destiné à ces messieurs, modèle qui
a été tout de suite adopté et qui va être
frappé à treize cent» exemplaires, un par
membre des divers jurys, treize cents exem-
plaires personnels, et pas un de plus.
L'insigne des jurés des dernières Exposi-
tions consistait en un simple disque émaillé
portant Biar une bandé le mot ; Jury, Mais
nous allons changer tout cela.
1 M. Bottée a gravé de f&ep en bas-relief una
' _ S'k.j'
femme assise en un siège antique, à demi
drapée et tenant d'iïrip mafn la trompett».
euibiéme de ia renommie, et de vautre une
palme, emblème de la récompense.
Au sommet de la composition est la date
i900 surmontée du flambeau ailé et rayon-
nant du Progrès formant bélière pour alta-
I cher la breloque. A la base, en pointe, l'é-
gide rappelant que les membres des jurys
doivent être j, par lenr sagesse^ les cousins de
Minerve.
U laisse ipMic Piinlardl
ET LE COHMaHOmiT GULLET
En faisant communiquer secrètement
aux juges de 1891 un dossier accusateur
accompagné d'un commentaire, le géné-
ral Mercier n'a pas seulement commis <
une illégalité; il a fait sciemment usage
d'un faux, car le.dossier eu question
contenait la tiupse traduction de la dé-
pèche Panizzardi.
Redoutant, i bon droit, les consé-
quences que pourrait entraîner plus
tard l'usage qu'il avait fait ainsi d'un
faux document, le général Mercier a
S ris la précaution de se faire remettre et
e détruire le commentaire qui consti-
tuait, en quelque sorte, le bordereau
officiel des pièoes illégalement commu-
niquées.
Nos lecteurs se rappellent même quel
prétexte fut invoque, à ce propos, par le
général Mercier et ses complices. L'an-
cien ministre de la guerre prétendit que
le commentaire en question était sa
propriété personne® e I a
Mais la vérité s'est fait jour, en dépit i
des elforts du général Mercier pour la c
refouler, et, grâce à la déposition du ca- i
pitaine Freysloetter, nous savons au-
.lourd'hui que la dépêche falsifiée de j
Panizzardi a été lue et expliquée en j
ciambre du conseil par le colonel Mau-
rel. 1
Je n'insiste pas sur U façon dont ce |
dernier a déposé. Tout ce que je puis
trouver de plus doui, à son endroit,
c'est de dire que le jésuitisme dont 11 a
fait preuve nous oblige à chercher !a
vérité ailleurs que dans son témoignage. j|
Mais je tiens à rappeler, aujourd'hui, f
qu'à la sollicitation du général Mercier,
trois juges de 1894 ont écrit à l'ancien i
ministre, pour déclarer qu'ils neparve- j
liaient pas à se rappelersi la dépêche en i
question avait été ou n'avait pas été 11
communiquée en chambre du conseil.
Uu quatrième juge a m&me adressé au
générai Mercier la seule réponse que )
celui-ci attendait deses correspondants; '
il n'a pas craint d'affirmer, celui-là,qu'il
n'avait pas eu connaissance de la dépê-
che Panizzardi.
Parmi les trois juges qui ont déclaré
ne pas garder un souvenir précis de la
communication en question, figure le
commandant Gatlet.
C'est à lui, particulièrement que je
m'adresse.
Sa mémoire lui fait défaut... soit !
Maia il doit être permis d'essayer,par
tous les moyens, de réveiller ses souve-
nirs.
Je lui demande donc de répondre à la
question suivante : j
Bien avant le procès de Rennes, et I
alors même que rien ne le faisait pré-
voir, ne s'est-il pas expliqué, sur la dé-
pêche Panizzardi, à la table d'un fonc-
tionnaire de l'OiBe appartenant à l'ad-
ministration préfectorale 1
Ne prévoyant pas, alors, la gravité de
sca paroles j no pouvant s'imaginer
qu'un jour viendrait où le général Mer-
cier aurait intérêt à nier le fait, n'a't-il
pas spontanément raconté, à ce dîner,
que la dépèche panizzardi avait été
communiquée aux membres du Conseil (
de guerre ?
A propos de la déposition Freyslaïlter,
le général Mercier a parlé dé «super-
position de mémoire». Par uu phéno- f
mène inverse mais analogue, il est pos- s
sible que le commandant Gallet â qui, ]
au mois de septembre dernier ne gardait r
.yas mémoire de la communication, en ^
questionâse rappelle, cependant, s'être ^
entretenu de cetto communication à la
table d'un fonctionnaire.
J'ajoute que, si le oommandttnlGallet
a décidément passé l'éponge, à ce sujet,
sur l'ensemble de seBsouvenirs,il ne fau-
drait pas, cependant, désespérer de tirer
cette affaire au clair, parce que â tort
heureusement pour la manifestation fi-
nale de la vérité â il pourrait se trou-
ver, parmi les fonctionnaires de l'admi-
nistration préfectorale, des personnes
jouissant d'une mémoire plus précise et,
par conséquent, plus sûre.
Le général Roget
Après de nombreuses tentatives d'bbs-
truction devant lesquelles â soit dit en
passant â la Haute Cour ne nous sem-
ble pas suffisamment énergique, l'audi-
tion des témoins a pu être reprise à la
fin de la séance d'hier, ce qui nous a
permis devoir apparaître M. le général
Hoget.
Aussi bien aurait-on pu se dispenser
de provoquer ainsi la réédition pure et
simple d'une déposition que nous avons
déjà entendue en cour d'assises.
Nous savions déjà, en effet, da-la bou-
che de cet officier, qu'il était, en ce qui
touche le complot,aussi purquel'agneau
qui vient de naitre, aussi blauo que les
neiges de l'Himalaya. Nous savions
qu'il avait été très < étonné t de l'acte
as M. Déroulède. Nous savions, enfin,'
qu'il né se rappelait pas, le moins du
monde, avoir entendu crier : A l'Ely-
sée l
Ce que nous pensons des affirmations
de M. Roget devant les juridictions di-
verses qui ont eu l'occasion d'écouter
ses discours, nos lecteurs le savent
déjà.
J'ai expliqué naguère,ici même, qu'un
de mes camarades d'enfance, ardent
nationaliste, antidreyfusard acharné et
grand partisan du coup de force tenté
par Déroulède, tiTékaifflfit on récit très
vivant, très r'^iré, de- ce qui s'était
passé aux abords de la caserne de
lîeuilly. Il pouvait dire, comme dans la
Fable: « J'étais là. Telle chose m'advint.»
11 s'était égosillé â lui et des centai-
nes d'autres â à crier : i A l'Elysée ! A
l'Elysée I » Et comme je lui faisais re-
marquer qu'aucun dea officiers entendus
comme tétneins ne se rappelait un pa-
reil cri, le brave garçon, â quoique très
< Vive l'Aimée! » â me répondit naïve-
ment: « Voyonsl Conimentveux-tu q>u'un
capitaine, qu'un commandant, qu'un co-
lonel même reconnaisse avoir entendu
crier : « A l'Elysé ! j puisque le général
Roget déclare, lui, ne pas se souvenir de
ce cri! »
Cette façon d'aesujetir la vérité à la
discipline militaire no vous donne-t-elle
pas la clef de la plupart des dépositions
entendues au cours de l'affaire Dreyfus ?
Mais revenons, bien vite, au général
Roget.
Nous ne discuterons pas avec lui, na- '
turellement. Ce serait peine perdue. A '
l'instar du sage Ulysse, le général se 1
bouche les oreilles avec de la cire dès
qu'on lui parle de la manifestation de
Reuilly et des conciliabules qui l'ont 1
précédée. Mais il nous permettra bien j
de dir* qu'un homme qui nie l'évidence, ;
eu ce qui touche les intention» et les pa- J
rôles de M. Déroulède, ne saurait être '
cru davantage quand il affirme n'avoir '
même pas été pressenti par les organisa-
teurs de ce coup de force.
Certes.,il nous est pénible de n'ajouter 1
ainsi aucune loi à la parole d'un soldat;
mais MM. les officiers généraux no vou- 1
dront bien s'en prendre qu'à eux-mê- 1
mes si, depuis quelques années, nous '
commençons à croire qu'14 y a, «n effet, 1
deux façons de comprendre la vérité, la 1
justice et l'honneur.
Informations Politiqu&s j
La commission des dour.nes
La commission des douanes a entendu
hier mardi M. de Ponlbrianti,qui a défendu
sa proposition tendant à la suppression de
raainitjsion temporaire des blés.
M. Jourde est venu d'autre part demander
le rétablissement des entrepôts spéciaux
pour les vins. La commission a décidé de
faire à ce sujet une enquête auprès des syn-
dicats compétents.
Lesbureaux de bienfaisance
La commission d'assurance et de pré-
voyance sociales a entendu son rapporteur,
M. Bienvenu-Martin. Tille a décidé d'ad-
joindre dans les grandes villes, au-dessus
de 100,000 habitants, aux bureaux de bien-
faisance, un certain nombre de membres
rchoisis par quartier et désignés par le con-
Beîl municipal pour dies?er laliete des vieil-
lards indigents, admis au secours.
Ello a maintenu le principe de K loi sur
l'assistance médicale gratuite de 1893, qui,
en matière de réclamation, confie à une com-
mission cantonale, présidée par le ÊOas-
préfet et à sou défaut par Lo juge de paix, le
droit de statuer sur les réclamations, ins-
criptions ou radiations*
LA
iestionMMMS-nia»
DEVANT LE PARLEMENT
La distribution d'hier vendredi com-
prenait, notamment, un projet de loi dé-
posé au nom de !a commission des colo- ,
nies, à la suite d'une longue discussion ,
et de démarches faites par cette corn- ,
mission auprès du gouvernement, au
sujet des cibles sous-marins.
La proposition porte simplement : ;
« La Chambre des Députés invite le |
gouvernement à mettre à l'étude laques- !
tion des communications télégraphiques !
directes entre la France et les colonies.»
Mais une annexe présente unintéres- j
saut ensemble de emisidératioiis sur la j
situation actuelle. Il y est constaté d'a-
bord, à la auite des événements du ,
Transvaal, que l'Angleterre est maî-
tresse des réseaux télégraphiques du ,
inonde :
« La censure s'applique sans aucun
ménagement, même aux correspondan-
ces de pays non compris dans la zone
des hostilités avec le Transvaal, et c'est
ainsi qu'elastation du télégraphed'Aden
arrête toute dépêche en langage du code
pour Madagascar, même s'il s'agit des
dépêches officielles des gouvernements
avec leurs agents.
s 11 y a là pour la France, dont le do-
maine colonial a un si grand besoin de
surveillance et de défense, la constata-
tion d'une infériorité; mais combien
dangereuse serait cette infériorité, si, au
lieu d'être en présence d'une guerre en-
tre nations étrangères, la France avait
elle-même à pourvoir à la défense de
ses colonies dans une guerre avec une
puiseance étrangère.
t SI l'on admet, un instant, cette
éventualité, qui a été menaçante, U y a
peu de temps, on peut se demander ce
que deviendront nos colonies d'Afrique,
d'Orient et d'Extrême-Orient et ce que
pourront faire nos escadres.
«Le gouvernement lrançaisne pourra
transmettre l'avis de 1 ouverture des
hostilités au delà de Marseille pour l'O-
rient, au delà d'Alger et d'Oran pour
l'Afrique ; pour aller plus loin, il devait
se Bervir des ligne» anglaises. Nos na-
vires resteront sans nouvelles et ne
c»nûaitront pas même la déclaration do :
guerre ; nos gouverneurs seront sont
instructions et sans moyens de défense.
Il y a là un danger que l'on a entievu, il
y a quelques mois, et contre lequel ii y
aurait aujourd'hui imprévoyance cou-
pable à ne pas se prémunir.
« Mais, en dehors même du cas de
guerre, ily a le plus grand intérêt à sous-
traire la France à la dépendance où elle
est vis-à-vis de l'Angleterre pour ses
«ommunicaitions télégraphiquesaveeses
colonies. La création de réseaux de ci-
bles français répondrait à des besoins
économiques et commerciaux suffisants
par eux-mêmes pour pousser à cette
r création et l'exemple de l'Angleterre f
vlont encore i l'appui decctteldée.
« On constate, en effet,que le dévelop-
pement du commerce des colonies an-
glaises, marche parallèlementdéveloppement des réseaux do câbles té-
légraphiques desservaut ces colonies.
En regard de cette puissance, nous
n'avons, â et c'est une création ré-
cente, â qu'an petit réseau desservant
les Antilleset l'Amérique du Nord. Mais
nous sommes séparés de nrs possessions
d'Afrique, d'Orient et d'Extrême-Orient
En conséquence, la commission des
colonies propose au gouvernement, dans
l'ordre d'urgence, les créations suivan-
tes:
« En première ligne :
« 1- Daiis l'Atlantique, pour la côte
d'Afrique, constitution d'une voie fran-
çaise entre la France et le Sénégal ;
coût : 10 millions au maximum.
3' Dans l'océan Indien :
( Etablissement d'un réseau indépen-
dant entre l'Europe et Madagascar et
ses dépendances; coût: 45 millions an
maximum.
< 3' En Extrême-Orient :
c Rachat du câble établi entre la Co-
chinchioo et le Tonkin ; pose d'uucâble
pour relier le Tonkin aux lignes de la
Compagnie danoise des télégraphes du
Nord qui rejoignent le réseau terrestre
russe ; dépense prise en charge par le
budget de l'Indo-Chine.
t Ën seconde ligne :
t I- Sur la côte occidentale d'Atri-
frique :
« Etablissement de lignes françaises
pour relier directement au Sénégal nos
possessions de Konakry, Grand-Bas-
sam, Kotonou et du Congo, actuelle-
ment desservies par des lignes anglai-
sés; coût : 10 millions au maximum.
« 2' Extrême-Orient :
« Etablissement d'unelignerattachant .
l'Indo-Chine à Djibouti et venant s'a-
morcer sur la réseau qui aurait été uréé
pour Madagascar; coiit : 30 millions ail
maximum.
t En troisième ligne :
« Dans le Pacifique ;
< Etude et surveillance du développe-
ment des intérêts américains et aile- ;
manda, afin de mettre à profit les projets ,
qui pourront naître de ce côté pour re- â
lier les possessions françaises au réseau
télégraphique généra] dans les condi- â
tiens spéciales indiquées plus haut. :
i Nous croyons Inutile ds faire une i
prévision de dépenses pour le Pa-ciiique
et, résumant le coût total de toutes les ,
autres lignes dont nous venons de par-
ler, nous trouvons que ce plan d'ensem-
ble exigerait une dépense de moins de
100 millions, y compris la miBe en ser-
vice, l'installation des stalions et les ba-
teaux d'entretien. La réalisation de ce
plan demanderait sans doute cinq an-
nées. â¢
L'Affaire de l'Hôpital Beanjon
A l'hôpital les recherches continuent :
directeurs et employés, médecins et in-
ternes cherchent à élucider le mystère et
chacun donne son opinion. La majorité
incline pour rendre responsable du mé-
fait un candidat malheureux, qui aurait
essayé ainsi"de faire recommencer l'exa-
men tout entier.
Tout le monde est d'avis que le nou-
veau concoure, s'il a lien, ne se produise
qu'entre les candidats dont les copies
' n'ont pas été lues; c'esl, du reste, l'opi-
nion dee docteurs Troisiers, Benjamin
Auger, membres de la commission d'exa- i
men, qui, du reste, semble réunir les
suffrages de tous leurs collègues. Plu-
sieurs examinateurs voulaient que l'on ]
prenne dans les balles,les copies restées i
à peu près intactes, mais celles-ci pré- i
sententeertamee lacunes qui pourraient i
influer sur. la i4oision des juges et par j
ce fait être nuisibles à leurs auteurs.
D'autre part, la question des candi- I
dats qui font leur service militaire sem-
ble également résolue. Oqze candidats 1
.sont en ce moment soldats: avant de â
partir, ils ont subi les épreuves écrites
et l'examen oral et n'ont pas été reçus.
Enfin, l'on prélend (et ici nous ne fai-
sons qu'enregistrer un bruit qui court
parmi les futurs médeàns) que le cou-
pable doit se trouver soit parmi Icb 580
candidats inscrits, soit parmi les 833
ayant pris part à l'examen.
l'Amiral Foarnier il ConsUnthioplt
Un accueil chaleureux a été fait à l'a-
miral Fournier par le sultan, qui lui a
remis le grand cordon de l'Osmanie.
Demain, le sultan donne un dîner de
gala en l'honneur de l'amiral.
Chanson de Rout
Sur un air connu.
I
Déroulède, battant des ailes,
Gofciy coin, coin !
Disait à SAS derniers fidèles
Coin, coin* coin !
G'qu'il faut faire, .
Coin, coin, coin !
C'qu'iï faut faire,
Coin, coin, coin 1
C'est fleh' r.gouvernement par terre.
Coin, coin, coin, coin !
Choeur
Goppée, ta dors,
Si tu n'dors pas, tu pleures,
Coppée, mon coeur-re
Qu'est-c'que t'as donc encore ?
( Pourquoi qu'tu {ter) pleures,
| Pourquoi qu'tu (ter) dors ?
II
Quand l'gouvernement s'ra par terre,
Coin, coin, coin I
Le nez au vent, l'allure altière,
Coin, coin, coin 1
J'irai pour.
Coin, coin, coin !
J'Irai pour.
Coin, coin, coin 1
La vingt-neuvièm' fois r'prendr* Strasbourg, !
Coin, coin, coin, coin !
(Choeur) \
r m
Puis ensuite, sur L'EKsêe,
Coin, coin, coin î
Suivi d* la foute . |eetri«ée,
Coin, coio, coin !
Je inatch'i&i,
Coin, coin, coin !
Je march'rai,
Coin, coin, coin î
Pour f... iur la g... à Loubet.
Coin, coin, coin, coin I
(Choeur)
IV
Ayant ainsi rétabli l'ordre,
Coin, coin, coin !
Vers îa place de la Concorde,
Coin, coin, coin ! â¢
J'irai pour,
Coin, coin, coin i
J'irai pour.
Cojû, coin, coin ! *
La Irentièm' fois reprendr' Strasbourg.
Coin, coin, coin, coin !
{Choeur)
V
Puis, saisissant l'momcnt propice,
Coin, coin, coin !
J* rétablis aussi la .Justice,
Coin, coin, coin !
Et du coup,
Coin, coin, coin !
Et du coup,
Coin, coin, coin !
J' f.,s tons les dreyfusards au clou.
Coin, coin, coin, coin !
(Choeur)
VI
Soyez sûrs qu'sous ma Présidence,
Coin, coin, coin î
N'y aura que d'Io gloir'pour la France.
Coin, coin, coin !
Tous les jours,
Coin, coin, coin l
Tous les jours,
Coin, coin, coin !
J' m'engage à aller l'preadr' Strasbourg.
Coin, coin, coin, coin î
(Choeur)
(Pourra ôlre continué.)
L'AjHÉTIN.
LE JOUR ET LA NUIT
Noua trouvons dan? un journal voué
au Sacré-Coeur de Jésus, l'avis suivant
qui, nous l'avouons, nous a laissé rê-
veurs.
Le pèlerinage des membres actifs de l'oeu-
vre de l'adoration NOCTUIINE aura lieu, au
Sacré-Coeur, dimanche prochain, â 0 heures
Dïï MATEN.
Décidément, l'Eglise commence à per-
dre sa puissance spirituelle
Scandaleux procédés des Anglais
Bruxelles, 2 décembre.
Les journaux flamands et hollandais
font grand état d'une lettre reçue par le
journal tfArnheim de son correspon-
dant au Cap.
Ce correspondant a visité les Boërs
faits prisonniers à la babille d'Elans-
laagte, et qu'on garde à bord du Pene-
lope dans la baie de Symons.
Parmi les captifs, se trouve le colonel
SchieL qui ne peut plus marcher qu'en
s'aidant de deux béquilles.
Les prisonniers sont dans un état de
misère et de malpropreté écoeurant. On
ne les met même pas en éLat de changer
de linge et on les nourrit à peine.
Les Boërs prisonniers se plaignent vi
veinent des Anglais, qu'ils traitent de
pillards et de voleurs. H paraît, en effet,
quë> sur le champ de bataille d'Elands-
laagte, les Anglais ont dépouillé les ca-
davres, les blessés et les prisonniers de
tout l'argent et de tous les bijoux qu'ils
possédaient. Le général Koch, qui gisait
là, mourant, a été volé de quarante livres
sterling qu'il avait en poche. Ces sol-
dats anglais coupaient même les doigts
des blessés pour s'emparer plus vite des
bagues.
Cette lettre produit une grande sensa-
tion ici*
M. Cliainberlain
L'homme d'Etat anglais sur qui pè-
sent, à l'heure actuelle, les plus lourdes
responsabilités, semble, cependant, en
rechercher de plus graves encore. Abys-
sus abyssum vocat ! A près avoir poussé
son pays dans une sinistre aventure,
ne s'avise-t-il pas de prononcer, à notre
adresse, de menaçantes paroles?
Certes, nous réprouvons les stupidoa
exagérations de langage de nos nationa-
listes et les caricatures d'un goût déplo-
rables que certainsjournauxontpubliéts
récemment sur la reine d'Angleterre. '
Mais ce n'est pas une raison pour per-
mettre à M. Chamberlain de le prendre
avec nous sur un ton aussi élevé.
Nous ne saurions admettre qu'un ar-
ticle de M. Millevoye ou le dessin d'un
Willette puisse justifier un tel diapason
chez des nommes d'Etat anglais, alors
surtout qua ces hommes d'Etat savent à
merveille avec quelle passion et quelle
injustice notre presse t nationaliste »
s attaque à nos gouvernants.
D'ailleurs,il suffira à M. Chamberlain
de parcourir les journaux de Londres
pour s'&percevoir qu'il a dépassé toute
mesure. Les journaux raisonnables d«
la Cité sont d accord pour regretter, si-
non son intervention, du moinsle ton de
cette intervention. Et ils lui signalent,
avec raison, les paroles autrement poli-
tiques qui viennent d'être échangées,au
Club nautique de Londres, sur le même
sujet, entre lord lleresford etnotre atta-
ché naval.
Ceci dit, est-ll nécessaire de discuter
avec M. Chamberlain la vraisemblance
de sa nouvelle triplice ?.. Ce serait per-
dre notre temps. Là encore, nous préfé-
rons le renvoyer à la lecture des jour-
naux de Londres, de Berlin et de New-
York.
Au lieu de rouler dans sa tête d'aussi
vastes desseins. M. Chamberlain ferait
peut-être mieux de méditersur l'étendue
des sacrifices que sa vanité et sa témé-
rité imposent à son pays.
i ' - â . .. : T I'.' 1. '
i â¢
J
Lundi \ Décembre 1800
/-/
5 Centimes
Le numéro
â P*E1S ET DÉPARTEMENTS â
LA JUSTICE
K wiitp»
lyp Le Sniaéro
â PARIS KT D»pibt=M^.NÏI â
Les Annonces sont reçues au Bureau du Journal
87. FAUBOURG MONTMARTRE, 87
POUR LA REDACTION :
au Secrétaire 4e la rédaction.
JOURNAL POLITIQUE DU MATIN
Rédaction ©t Administration i 57, Faubourg Montmartre
v
pr»i* i/AnnwpTEMEirr ,
."cris : 3 mr.is. 5 r'r. â « mois, Cfr. â Un an, 18 fr.
r Départ* et An>: mois Ôfr. â 6 mois, il fr. â Uu an» 30fr,
Union postale : 3 ci ois, 10 fr. â 6 ffiote, 18 fr. â Un an, 35 fr.
A>irwr lettre* ei rramtat* à M. £. RO BUTTE, AdministratêWH
I Ml -M-- ââ
LMHpIit^
On connaît la vieille blague des I
réactionnaires :
« Que lit-on sur le mur'!disent-ils
II LIBERTÉ ÊUALITÉ FRATBBNITÉ?
(i Erreur. On oublie les points. C'est
II LIBERTÉ POINT. ÉGALITÉ POINT. J
« ÏRATER>'ITÊ POINT.qu'il fautlire »
Est-ce vrai? Le mur n-t-il raison?
La liberté, l'égalité, la fraternité
n'existent-elles plus chez nous?Fai-
sons notre examen de conscience,
LIBERTÉ I
â Zola est, poursuivi pour ses opi- 1
nions ;
â Gohier est poursuivi pour ses '
opinions;
â Grimaux a été frappé pour ses
opinions ;
â Théodore Lardaux, Arthur |,
Vauthier, Régis Meunier, Liartl- t.
Courtois sont au bagne pour leurs ''
opinions ;
â Girier-Lorion est mort au bagne
pour ses opinions. Il y a été suppli- 11
cié ; c
â François Monod va revenir du .
bagne, où il a été envoyé, non pas Jj
même pour avoir exprimé ses opi- u
nions, mais pour avoir répondu à un
agent provocateur ; « Tu as raison », I
Cet. agent formulait l'opinion qu'on
reproche à Monod et n'a pas été au
bagne ; a
â D'autres sont au bagno pour ï
leurs opinions . On le sait ;
â Sahlayrollcs est & btrib*. pour
avoir crié : « Vive Dreyfus ! » à
â Quand on parle de liberté, on d
pense tout de suite aux juifs, aux- ?'
quels on refuse, non pas seulement jj
la liberté de penser, mais celle de ,i
vivre ; u
â La liberté d'association est illu- v
solre pour qui n'est pas congréga- a
niste. Quant aux coogrôgauistes,
leur fortune immobilière s'est éievéo,
de 1881 à 1898 de 800 millions à n
2 milliards. Les congrégations dé- ai
tiennent actuellement 10 milliards, ts
Elles dévorent la patrie: d
â La presse immonde abrutit le
peuple, l'habitue à l'iniquité. Peu à Jj
peu, toutes les libertés deviennent
mythes;
â Quelles libertés restent actuelle-
ment au pauvre, au faible, â l'op-
primé?
Liberté de se taire,
Liberté de mourir. »:
ÉGALITÉ à
â Sus aux bons, paix aux coupa- e
bles ; ti
â Mercier a avoué son crime. On n
ne lui applique pas la loi. Il est au- ci
dessus de la loi. La loi n'est pas pour Ç
lui ; t!
â Esterhazy, est libre, acquitte par Jj
les militaires," mis hors de cause par Cl
les juges civils au mépris de la loi, â
au nez et à la barbe des juges suprê- v
mes impuissants ; r
â On l'a condamné hier sur une
plainte particulière. Trop tard. Injus- fi
tice est rendue contre l'innocent ; q
â Du Paty, faussaire au dire du b
juge d'instruction, faussaire au dire de jj
Cuisnet, est libre, mis hors de cause j,
de la même manière ; q
â Picquart, qui a osé dire la vérité, v
a passé des mois en prison, est encore j,
sous le coup do poursuites; c
â Gonse n'est pas inquiété, mal- I
gré l'affaire Painlevé, malgré le J
reste ; 5
â Etc..., etc..., etc..., de Roget à °
Savignaud eu passant par Maurel et J
Teyssonniéres ; c
â Cela ne suffit pas. On va nous j
infliger la honte suprême de l'amnis- r
tie, absoudre les faux témoignages,
étouffer les faits nouveaux ;
â On va nous infliger l'amnistie
scélérate qui mettra les criminels hors
de cause et déniera la justice aux jus-
tes. Zola,Picquart, Reinach,Dreyfus,
seront sacrifiés à la tranquillité d'un
syndicat de coupables. Selon [ intérêt
de ce syndicat, l'Etat est pressé ou de
hâter ou de supprimer les procès.
L'arbitraire régne ; * .
â Qui viendra soutenir l'égalité
des Français devant la loi ?
â Nous parlions tout à l'heure des
juifs Ils ne sont plus les égaux des
autres citoyens. On a déchiré pour
eux les Droits do l'Homme ;
â Tout cela n'est rien à céte de
l'inégalité sociale. Les uns jouissent,
les autres souffrent |
â Une égalité reste :
La mort !
FRATERNITÉ
â Chacun pour soi;
Les vieux s'asphyxient encore
en 1899;
Le.Çijeones aussi. Le suicide est
l'ami, puisque la fraternité ne tend
pas la main ; .
_ siècles passent, la misère
reste; .
â Et toujours, en un coin quel-
conque'" de la,.terre, sévit la guerre
hideuse, .négation dé la fraternité;
â Et les hètacomhes lurrttames
5uivent leur cours, laissant mpas-
sibles les humains, car la pitié, fra-
ternité suprême, déserte le coeur de
nos frères.
***
Il est temps que les braves gens se
lèvent et regardent, le mur. Nos ad- :
versalres disent vrai, par hasard. Les '
points symboliques existent et gâtent 1
la devisé, la grande, la belle devise !
républicaine, la devise de l'huma- '
nité. j
Otons-les donc ces points. C'est fa- ]
elle, si nous nous laissons guider par
la justice et par la bonté.
Pour Saint-Antoine <
Notre confrère en Dieu, la Vérité, r
possède parmi les richesses qui font J
l'éclat de ses augustes colonnes une ru- c
brique vraiment bizarre. c
Chaque jour, sous !etitre: « Le Pain I
de Saint Antoine > le s»ge lecteur de la
Vérité trouve une note ainsi conçue : £
Noua avoni reçu la lettre suivante : f
Cher Monsieur, r
Veuillez accepter pour le Pain des Pauvres g
la modeste obole de.... francs cl-jointe, en ,
témoignage de reconnaissance à Saint-An- â¢
tolae.
Agrée?., etc. 1
Depuis le temps que cela dure, le
malheureux Saint-Antoine doit trouver *
ce pain bien dur.
Notre pieux confrère ne croit-il pas ,
qu'il serait miséricordieux, et d'una dé-
licate attention, d'offrir 1 Saint-Antoine *
uu peu de lard? j
[M LETTRE DEJL FOURRIÈRE p
M. Fournière, député de l'Aisne, a 'p
adressé la lettre suivante à M. Waldeck- c,
Bousseau : ri
i*- décembre 18G&.
Monsieur le Président du Conseil, ^
Sur les faits dont jTal donné connaissance *
à la Chambre au cours des séances du 28 et
du30 novembre, sur ceux que j'ai passés £
sous silence faute d'avoif. pu recueillir des
têmoign&ges verbaux et sur ceux qui m'ont Vi
été signalés ces jours derniers, j'ai L'honneur
de vous adresser ci-joint, pour ksiastruc- q
lions judiciaires et les enquêtes administratif [j
vos ouvertes et à ouvrir, une liste de 33 té- n
moinp qui se décompose ainsi :
Quatorze témoins entendus par moi ;
Treize témoins qui m'osit écrit; "
Enfin, cinq témoins dont on m'a commu- c-
niqué les nom et adresse. 1
J'y ajoute le titre exact et L'adresse de la g
société financière de charitéqui garantit un q
taux d'intèrôt à ses obligataires sur le pro* []
duit du travail des orphelins. n
Veuillez agréer, Monsieur le Président du
Conseil, l'assurance de ma haute considéra-
tion.
EUGÈNE FOURNIÈRE. n
â a
l>ésllli»sioii
â I n
Je viens de rencontrer un honorable
citoyen, M. d'O de !a Villette, que je
connais vaguement pour l'avoir apeirçu 'l
dansp!usieursmanifestakionspolitiqu«e,
et qui voulut bien me rappeler, en me
tendant la main, qu'il faillit une fois t
m'assommer parce que je refusais de ,
crier avec lui : t Mort aux Juifs ! >
Gomme je ne répondais pas d'une façon '
très empressée a ses avances, il prit sa P'
plus douce voix de rogon-me pour me "
dire : t Je comprends que vous ayez 11
contre moi quelque ressentiment ; mais
si vous saviez comme je me repeus d'a-
voir été de la ligue à Guérin, vous n» "J
refuseriez pas de me payer un verre » "
Je ne pus maîtriser un geste de stupé- v
faction, et mon homme continua, lyri- ^
que : n Ah ! quand il s'agissait d'estour- "
bii- les parités sur le boulevard, de jouer
de la matraque ou du surin, c'étai t hath
alors et on ne rechîïiait pas sur 1r tur-
bin, mais maintenant voilà le patron F
qui flanche ! Moi, une fois j'ai été coffré 11
pour avoir cogné sur un sergot, eh bien !
je n'ai pas nié. J'ai hurlé atrx juges que »â¢
c'était une rosse et que je regrettais seu- «
lement de ne pas l'avoir plus démoli. 4
Mais voyez-vous Guérin qui fait du ohi-
chi, qui prétend n'avoir voulu que tirer
des pétards pour amuser les flics ! \ r-n,
ça me dégoûte. Ils peuvent m'offrir des
thunes et même des jaunets, je ne mar- ,
che plus. Quand Déroulède eût soupe
de la politique, il alla planter ses choux, J
moi je vais retourner à ma marmite. » f
ECHOS |
Avis aux personnes qui'voudraient g'offrir
un attelago de rennes, une compagnie de '
phoques ou d'ours blancs.
Aujourd'hui,par autorité de justice,toute la
troupe animal© de la u Vie au pôle Nord », t
qui nous donna pendant quelques mois, en ; j
pleine rue de GLichy, riUusion des contrées ;i j
septentrionales, sera dispeïaée sous le j
marteau du commisaaire-priseur. j
On ne vendra pas moins de 10 phoques j
dont la moitié dressés, 9 otaries, 10 ours j
blancs, 2 rennes, un morse dressé, un pin-
gouin, une loutre et sept oiseaux aquati ,
! que s. !
La vente attirerera certainement beau- i
coup de monde, mais combien d'ache-
teuTs 1
***
' Les jurés de l'Exposition vont avoir un
insigne. . . .
C'est le graveur Louis Bottée qui vient de
présenter à MM. Picard et Dervillé, 1 fm>
dèle du petit bibelot - argent mât patiné
d'or â destiné à ces messieurs, modèle qui
a été tout de suite adopté et qui va être
frappé à treize cent» exemplaires, un par
membre des divers jurys, treize cents exem-
plaires personnels, et pas un de plus.
L'insigne des jurés des dernières Exposi-
tions consistait en un simple disque émaillé
portant Biar une bandé le mot ; Jury, Mais
nous allons changer tout cela.
1 M. Bottée a gravé de f&ep en bas-relief una
' _ S'k.j'
femme assise en un siège antique, à demi
drapée et tenant d'iïrip mafn la trompett».
euibiéme de ia renommie, et de vautre une
palme, emblème de la récompense.
Au sommet de la composition est la date
i900 surmontée du flambeau ailé et rayon-
nant du Progrès formant bélière pour alta-
I cher la breloque. A la base, en pointe, l'é-
gide rappelant que les membres des jurys
doivent être j, par lenr sagesse^ les cousins de
Minerve.
U laisse ipMic Piinlardl
ET LE COHMaHOmiT GULLET
En faisant communiquer secrètement
aux juges de 1891 un dossier accusateur
accompagné d'un commentaire, le géné-
ral Mercier n'a pas seulement commis <
une illégalité; il a fait sciemment usage
d'un faux, car le.dossier eu question
contenait la tiupse traduction de la dé-
pèche Panizzardi.
Redoutant, i bon droit, les consé-
quences que pourrait entraîner plus
tard l'usage qu'il avait fait ainsi d'un
faux document, le général Mercier a
S ris la précaution de se faire remettre et
e détruire le commentaire qui consti-
tuait, en quelque sorte, le bordereau
officiel des pièoes illégalement commu-
niquées.
Nos lecteurs se rappellent même quel
prétexte fut invoque, à ce propos, par le
général Mercier et ses complices. L'an-
cien ministre de la guerre prétendit que
le commentaire en question était sa
propriété personne® e I a
Mais la vérité s'est fait jour, en dépit i
des elforts du général Mercier pour la c
refouler, et, grâce à la déposition du ca- i
pitaine Freysloetter, nous savons au-
.lourd'hui que la dépêche falsifiée de j
Panizzardi a été lue et expliquée en j
ciambre du conseil par le colonel Mau-
rel. 1
Je n'insiste pas sur U façon dont ce |
dernier a déposé. Tout ce que je puis
trouver de plus doui, à son endroit,
c'est de dire que le jésuitisme dont 11 a
fait preuve nous oblige à chercher !a
vérité ailleurs que dans son témoignage. j|
Mais je tiens à rappeler, aujourd'hui, f
qu'à la sollicitation du général Mercier,
trois juges de 1894 ont écrit à l'ancien i
ministre, pour déclarer qu'ils neparve- j
liaient pas à se rappelersi la dépêche en i
question avait été ou n'avait pas été 11
communiquée en chambre du conseil.
Uu quatrième juge a m&me adressé au
générai Mercier la seule réponse que )
celui-ci attendait deses correspondants; '
il n'a pas craint d'affirmer, celui-là,qu'il
n'avait pas eu connaissance de la dépê-
che Panizzardi.
Parmi les trois juges qui ont déclaré
ne pas garder un souvenir précis de la
communication en question, figure le
commandant Gatlet.
C'est à lui, particulièrement que je
m'adresse.
Sa mémoire lui fait défaut... soit !
Maia il doit être permis d'essayer,par
tous les moyens, de réveiller ses souve-
nirs.
Je lui demande donc de répondre à la
question suivante : j
Bien avant le procès de Rennes, et I
alors même que rien ne le faisait pré-
voir, ne s'est-il pas expliqué, sur la dé-
pêche Panizzardi, à la table d'un fonc-
tionnaire de l'OiBe appartenant à l'ad-
ministration préfectorale 1
Ne prévoyant pas, alors, la gravité de
sca paroles j no pouvant s'imaginer
qu'un jour viendrait où le général Mer-
cier aurait intérêt à nier le fait, n'a't-il
pas spontanément raconté, à ce dîner,
que la dépèche panizzardi avait été
communiquée aux membres du Conseil (
de guerre ?
A propos de la déposition Freyslaïlter,
le général Mercier a parlé dé «super-
position de mémoire». Par uu phéno- f
mène inverse mais analogue, il est pos- s
sible que le commandant Gallet â qui, ]
au mois de septembre dernier ne gardait r
.yas mémoire de la communication, en ^
questionâse rappelle, cependant, s'être ^
entretenu de cetto communication à la
table d'un fonctionnaire.
J'ajoute que, si le oommandttnlGallet
a décidément passé l'éponge, à ce sujet,
sur l'ensemble de seBsouvenirs,il ne fau-
drait pas, cependant, désespérer de tirer
cette affaire au clair, parce que â tort
heureusement pour la manifestation fi-
nale de la vérité â il pourrait se trou-
ver, parmi les fonctionnaires de l'admi-
nistration préfectorale, des personnes
jouissant d'une mémoire plus précise et,
par conséquent, plus sûre.
Le général Roget
Après de nombreuses tentatives d'bbs-
truction devant lesquelles â soit dit en
passant â la Haute Cour ne nous sem-
ble pas suffisamment énergique, l'audi-
tion des témoins a pu être reprise à la
fin de la séance d'hier, ce qui nous a
permis devoir apparaître M. le général
Hoget.
Aussi bien aurait-on pu se dispenser
de provoquer ainsi la réédition pure et
simple d'une déposition que nous avons
déjà entendue en cour d'assises.
Nous savions déjà, en effet, da-la bou-
che de cet officier, qu'il était, en ce qui
touche le complot,aussi purquel'agneau
qui vient de naitre, aussi blauo que les
neiges de l'Himalaya. Nous savions
qu'il avait été très < étonné t de l'acte
as M. Déroulède. Nous savions, enfin,'
qu'il né se rappelait pas, le moins du
monde, avoir entendu crier : A l'Ely-
sée l
Ce que nous pensons des affirmations
de M. Roget devant les juridictions di-
verses qui ont eu l'occasion d'écouter
ses discours, nos lecteurs le savent
déjà.
J'ai expliqué naguère,ici même, qu'un
de mes camarades d'enfance, ardent
nationaliste, antidreyfusard acharné et
grand partisan du coup de force tenté
par Déroulède, tiTékaifflfit on récit très
vivant, très r'^iré, de- ce qui s'était
passé aux abords de la caserne de
lîeuilly. Il pouvait dire, comme dans la
Fable: « J'étais là. Telle chose m'advint.»
11 s'était égosillé â lui et des centai-
nes d'autres â à crier : i A l'Elysée ! A
l'Elysée I » Et comme je lui faisais re-
marquer qu'aucun dea officiers entendus
comme tétneins ne se rappelait un pa-
reil cri, le brave garçon, â quoique très
< Vive l'Aimée! » â me répondit naïve-
ment: « Voyonsl Conimentveux-tu q>u'un
capitaine, qu'un commandant, qu'un co-
lonel même reconnaisse avoir entendu
crier : « A l'Elysé ! j puisque le général
Roget déclare, lui, ne pas se souvenir de
ce cri! »
Cette façon d'aesujetir la vérité à la
discipline militaire no vous donne-t-elle
pas la clef de la plupart des dépositions
entendues au cours de l'affaire Dreyfus ?
Mais revenons, bien vite, au général
Roget.
Nous ne discuterons pas avec lui, na- '
turellement. Ce serait peine perdue. A '
l'instar du sage Ulysse, le général se 1
bouche les oreilles avec de la cire dès
qu'on lui parle de la manifestation de
Reuilly et des conciliabules qui l'ont 1
précédée. Mais il nous permettra bien j
de dir* qu'un homme qui nie l'évidence, ;
eu ce qui touche les intention» et les pa- J
rôles de M. Déroulède, ne saurait être '
cru davantage quand il affirme n'avoir '
même pas été pressenti par les organisa-
teurs de ce coup de force.
Certes.,il nous est pénible de n'ajouter 1
ainsi aucune loi à la parole d'un soldat;
mais MM. les officiers généraux no vou- 1
dront bien s'en prendre qu'à eux-mê- 1
mes si, depuis quelques années, nous '
commençons à croire qu'14 y a, «n effet, 1
deux façons de comprendre la vérité, la 1
justice et l'honneur.
Informations Politiqu&s j
La commission des dour.nes
La commission des douanes a entendu
hier mardi M. de Ponlbrianti,qui a défendu
sa proposition tendant à la suppression de
raainitjsion temporaire des blés.
M. Jourde est venu d'autre part demander
le rétablissement des entrepôts spéciaux
pour les vins. La commission a décidé de
faire à ce sujet une enquête auprès des syn-
dicats compétents.
Lesbureaux de bienfaisance
La commission d'assurance et de pré-
voyance sociales a entendu son rapporteur,
M. Bienvenu-Martin. Tille a décidé d'ad-
joindre dans les grandes villes, au-dessus
de 100,000 habitants, aux bureaux de bien-
faisance, un certain nombre de membres
rchoisis par quartier et désignés par le con-
Beîl municipal pour dies?er laliete des vieil-
lards indigents, admis au secours.
Ello a maintenu le principe de K loi sur
l'assistance médicale gratuite de 1893, qui,
en matière de réclamation, confie à une com-
mission cantonale, présidée par le ÊOas-
préfet et à sou défaut par Lo juge de paix, le
droit de statuer sur les réclamations, ins-
criptions ou radiations*
LA
iestionMMMS-nia»
DEVANT LE PARLEMENT
La distribution d'hier vendredi com-
prenait, notamment, un projet de loi dé-
posé au nom de !a commission des colo- ,
nies, à la suite d'une longue discussion ,
et de démarches faites par cette corn- ,
mission auprès du gouvernement, au
sujet des cibles sous-marins.
La proposition porte simplement : ;
« La Chambre des Députés invite le |
gouvernement à mettre à l'étude laques- !
tion des communications télégraphiques !
directes entre la France et les colonies.»
Mais une annexe présente unintéres- j
saut ensemble de emisidératioiis sur la j
situation actuelle. Il y est constaté d'a-
bord, à la auite des événements du ,
Transvaal, que l'Angleterre est maî-
tresse des réseaux télégraphiques du ,
inonde :
« La censure s'applique sans aucun
ménagement, même aux correspondan-
ces de pays non compris dans la zone
des hostilités avec le Transvaal, et c'est
ainsi qu'elastation du télégraphed'Aden
arrête toute dépêche en langage du code
pour Madagascar, même s'il s'agit des
dépêches officielles des gouvernements
avec leurs agents.
s 11 y a là pour la France, dont le do-
maine colonial a un si grand besoin de
surveillance et de défense, la constata-
tion d'une infériorité; mais combien
dangereuse serait cette infériorité, si, au
lieu d'être en présence d'une guerre en-
tre nations étrangères, la France avait
elle-même à pourvoir à la défense de
ses colonies dans une guerre avec une
puiseance étrangère.
t SI l'on admet, un instant, cette
éventualité, qui a été menaçante, U y a
peu de temps, on peut se demander ce
que deviendront nos colonies d'Afrique,
d'Orient et d'Extrême-Orient et ce que
pourront faire nos escadres.
«Le gouvernement lrançaisne pourra
transmettre l'avis de 1 ouverture des
hostilités au delà de Marseille pour l'O-
rient, au delà d'Alger et d'Oran pour
l'Afrique ; pour aller plus loin, il devait
se Bervir des ligne» anglaises. Nos na-
vires resteront sans nouvelles et ne
c»nûaitront pas même la déclaration do :
guerre ; nos gouverneurs seront sont
instructions et sans moyens de défense.
Il y a là un danger que l'on a entievu, il
y a quelques mois, et contre lequel ii y
aurait aujourd'hui imprévoyance cou-
pable à ne pas se prémunir.
« Mais, en dehors même du cas de
guerre, ily a le plus grand intérêt à sous-
traire la France à la dépendance où elle
est vis-à-vis de l'Angleterre pour ses
«ommunicaitions télégraphiquesaveeses
colonies. La création de réseaux de ci-
bles français répondrait à des besoins
économiques et commerciaux suffisants
par eux-mêmes pour pousser à cette
r création et l'exemple de l'Angleterre f
vlont encore i l'appui decctteldée.
« On constate, en effet,que le dévelop-
pement du commerce des colonies an-
glaises, marche parallèlement
légraphiques desservaut ces colonies.
En regard de cette puissance, nous
n'avons, â et c'est une création ré-
cente, â qu'an petit réseau desservant
les Antilleset l'Amérique du Nord. Mais
nous sommes séparés de nrs possessions
d'Afrique, d'Orient et d'Extrême-Orient
En conséquence, la commission des
colonies propose au gouvernement, dans
l'ordre d'urgence, les créations suivan-
tes:
« En première ligne :
« 1- Daiis l'Atlantique, pour la côte
d'Afrique, constitution d'une voie fran-
çaise entre la France et le Sénégal ;
coût : 10 millions au maximum.
3' Dans l'océan Indien :
( Etablissement d'un réseau indépen-
dant entre l'Europe et Madagascar et
ses dépendances; coût: 45 millions an
maximum.
< 3' En Extrême-Orient :
c Rachat du câble établi entre la Co-
chinchioo et le Tonkin ; pose d'uucâble
pour relier le Tonkin aux lignes de la
Compagnie danoise des télégraphes du
Nord qui rejoignent le réseau terrestre
russe ; dépense prise en charge par le
budget de l'Indo-Chine.
t Ën seconde ligne :
t I- Sur la côte occidentale d'Atri-
frique :
« Etablissement de lignes françaises
pour relier directement au Sénégal nos
possessions de Konakry, Grand-Bas-
sam, Kotonou et du Congo, actuelle-
ment desservies par des lignes anglai-
sés; coût : 10 millions au maximum.
« 2' Extrême-Orient :
« Etablissement d'unelignerattachant .
l'Indo-Chine à Djibouti et venant s'a-
morcer sur la réseau qui aurait été uréé
pour Madagascar; coiit : 30 millions ail
maximum.
t En troisième ligne :
« Dans le Pacifique ;
< Etude et surveillance du développe-
ment des intérêts américains et aile- ;
manda, afin de mettre à profit les projets ,
qui pourront naître de ce côté pour re- â
lier les possessions françaises au réseau
télégraphique généra] dans les condi- â
tiens spéciales indiquées plus haut. :
i Nous croyons Inutile ds faire une i
prévision de dépenses pour le Pa-ciiique
et, résumant le coût total de toutes les ,
autres lignes dont nous venons de par-
ler, nous trouvons que ce plan d'ensem-
ble exigerait une dépense de moins de
100 millions, y compris la miBe en ser-
vice, l'installation des stalions et les ba-
teaux d'entretien. La réalisation de ce
plan demanderait sans doute cinq an-
nées. â¢
L'Affaire de l'Hôpital Beanjon
A l'hôpital les recherches continuent :
directeurs et employés, médecins et in-
ternes cherchent à élucider le mystère et
chacun donne son opinion. La majorité
incline pour rendre responsable du mé-
fait un candidat malheureux, qui aurait
essayé ainsi"de faire recommencer l'exa-
men tout entier.
Tout le monde est d'avis que le nou-
veau concoure, s'il a lien, ne se produise
qu'entre les candidats dont les copies
' n'ont pas été lues; c'esl, du reste, l'opi-
nion dee docteurs Troisiers, Benjamin
Auger, membres de la commission d'exa- i
men, qui, du reste, semble réunir les
suffrages de tous leurs collègues. Plu-
sieurs examinateurs voulaient que l'on ]
prenne dans les balles,les copies restées i
à peu près intactes, mais celles-ci pré- i
sententeertamee lacunes qui pourraient i
influer sur. la i4oision des juges et par j
ce fait être nuisibles à leurs auteurs.
D'autre part, la question des candi- I
dats qui font leur service militaire sem-
ble également résolue. Oqze candidats 1
.sont en ce moment soldats: avant de â
partir, ils ont subi les épreuves écrites
et l'examen oral et n'ont pas été reçus.
Enfin, l'on prélend (et ici nous ne fai-
sons qu'enregistrer un bruit qui court
parmi les futurs médeàns) que le cou-
pable doit se trouver soit parmi Icb 580
candidats inscrits, soit parmi les 833
ayant pris part à l'examen.
l'Amiral Foarnier il ConsUnthioplt
Un accueil chaleureux a été fait à l'a-
miral Fournier par le sultan, qui lui a
remis le grand cordon de l'Osmanie.
Demain, le sultan donne un dîner de
gala en l'honneur de l'amiral.
Chanson de Rout
Sur un air connu.
I
Déroulède, battant des ailes,
Gofciy coin, coin !
Disait à SAS derniers fidèles
Coin, coin* coin !
G'qu'il faut faire, .
Coin, coin, coin !
C'qu'iï faut faire,
Coin, coin, coin 1
C'est fleh' r.gouvernement par terre.
Coin, coin, coin, coin !
Choeur
Goppée, ta dors,
Si tu n'dors pas, tu pleures,
Coppée, mon coeur-re
Qu'est-c'que t'as donc encore ?
( Pourquoi qu'tu {ter) pleures,
| Pourquoi qu'tu (ter) dors ?
II
Quand l'gouvernement s'ra par terre,
Coin, coin, coin I
Le nez au vent, l'allure altière,
Coin, coin, coin 1
J'irai pour.
Coin, coin, coin !
J'Irai pour.
Coin, coin, coin 1
La vingt-neuvièm' fois r'prendr* Strasbourg, !
Coin, coin, coin, coin !
(Choeur) \
r m
Puis ensuite, sur L'EKsêe,
Coin, coin, coin î
Suivi d* la foute . |eetri«ée,
Coin, coio, coin !
Je inatch'i&i,
Coin, coin, coin !
Je march'rai,
Coin, coin, coin î
Pour f... iur la g... à Loubet.
Coin, coin, coin, coin I
(Choeur)
IV
Ayant ainsi rétabli l'ordre,
Coin, coin, coin !
Vers îa place de la Concorde,
Coin, coin, coin ! â¢
J'irai pour,
Coin, coin, coin i
J'irai pour.
Cojû, coin, coin ! *
La Irentièm' fois reprendr' Strasbourg.
Coin, coin, coin, coin !
{Choeur)
V
Puis, saisissant l'momcnt propice,
Coin, coin, coin !
J* rétablis aussi la .Justice,
Coin, coin, coin !
Et du coup,
Coin, coin, coin !
Et du coup,
Coin, coin, coin !
J' f.,s tons les dreyfusards au clou.
Coin, coin, coin, coin !
(Choeur)
VI
Soyez sûrs qu'sous ma Présidence,
Coin, coin, coin î
N'y aura que d'Io gloir'pour la France.
Coin, coin, coin !
Tous les jours,
Coin, coin, coin l
Tous les jours,
Coin, coin, coin !
J' m'engage à aller l'preadr' Strasbourg.
Coin, coin, coin, coin î
(Choeur)
(Pourra ôlre continué.)
L'AjHÉTIN.
LE JOUR ET LA NUIT
Noua trouvons dan? un journal voué
au Sacré-Coeur de Jésus, l'avis suivant
qui, nous l'avouons, nous a laissé rê-
veurs.
Le pèlerinage des membres actifs de l'oeu-
vre de l'adoration NOCTUIINE aura lieu, au
Sacré-Coeur, dimanche prochain, â 0 heures
Dïï MATEN.
Décidément, l'Eglise commence à per-
dre sa puissance spirituelle
Scandaleux procédés des Anglais
Bruxelles, 2 décembre.
Les journaux flamands et hollandais
font grand état d'une lettre reçue par le
journal tfArnheim de son correspon-
dant au Cap.
Ce correspondant a visité les Boërs
faits prisonniers à la babille d'Elans-
laagte, et qu'on garde à bord du Pene-
lope dans la baie de Symons.
Parmi les captifs, se trouve le colonel
SchieL qui ne peut plus marcher qu'en
s'aidant de deux béquilles.
Les prisonniers sont dans un état de
misère et de malpropreté écoeurant. On
ne les met même pas en éLat de changer
de linge et on les nourrit à peine.
Les Boërs prisonniers se plaignent vi
veinent des Anglais, qu'ils traitent de
pillards et de voleurs. H paraît, en effet,
quë> sur le champ de bataille d'Elands-
laagte, les Anglais ont dépouillé les ca-
davres, les blessés et les prisonniers de
tout l'argent et de tous les bijoux qu'ils
possédaient. Le général Koch, qui gisait
là, mourant, a été volé de quarante livres
sterling qu'il avait en poche. Ces sol-
dats anglais coupaient même les doigts
des blessés pour s'emparer plus vite des
bagues.
Cette lettre produit une grande sensa-
tion ici*
M. Cliainberlain
L'homme d'Etat anglais sur qui pè-
sent, à l'heure actuelle, les plus lourdes
responsabilités, semble, cependant, en
rechercher de plus graves encore. Abys-
sus abyssum vocat ! A près avoir poussé
son pays dans une sinistre aventure,
ne s'avise-t-il pas de prononcer, à notre
adresse, de menaçantes paroles?
Certes, nous réprouvons les stupidoa
exagérations de langage de nos nationa-
listes et les caricatures d'un goût déplo-
rables que certainsjournauxontpubliéts
récemment sur la reine d'Angleterre. '
Mais ce n'est pas une raison pour per-
mettre à M. Chamberlain de le prendre
avec nous sur un ton aussi élevé.
Nous ne saurions admettre qu'un ar-
ticle de M. Millevoye ou le dessin d'un
Willette puisse justifier un tel diapason
chez des nommes d'Etat anglais, alors
surtout qua ces hommes d'Etat savent à
merveille avec quelle passion et quelle
injustice notre presse t nationaliste »
s attaque à nos gouvernants.
D'ailleurs,il suffira à M. Chamberlain
de parcourir les journaux de Londres
pour s'&percevoir qu'il a dépassé toute
mesure. Les journaux raisonnables d«
la Cité sont d accord pour regretter, si-
non son intervention, du moinsle ton de
cette intervention. Et ils lui signalent,
avec raison, les paroles autrement poli-
tiques qui viennent d'être échangées,au
Club nautique de Londres, sur le même
sujet, entre lord lleresford etnotre atta-
ché naval.
Ceci dit, est-ll nécessaire de discuter
avec M. Chamberlain la vraisemblance
de sa nouvelle triplice ?.. Ce serait per-
dre notre temps. Là encore, nous préfé-
rons le renvoyer à la lecture des jour-
naux de Londres, de Berlin et de New-
York.
Au lieu de rouler dans sa tête d'aussi
vastes desseins. M. Chamberlain ferait
peut-être mieux de méditersur l'étendue
des sacrifices que sa vanité et sa témé-
rité imposent à son pays.
i ' - â . .. : T I'.' 1. '
i â¢
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