Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-08-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32802914p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 45941 Nombre total de vues : 45941
Description : 15 août 1898 15 août 1898
Description : 1898/08/15 (Numéro 6791). 1898/08/15 (Numéro 6791).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k824928q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
19 Année - N' 6 791
Lundi 15 Août 1898
5 Cent»
Le Snméro
-» Pitma te-tXfAUnugmraB â
LA JUSTICE
5 Mm
LeSmaér»
â PAJUB »CT
Les Annonces so*t reçues au Bureau du Journal
87, l'AUBOUHQ MOWTMAHXKK, *7
POUR LA RÉDACTION «
Tadrtsirr AH StcriUWi 4» la ritstUem.
JOURNAL POLITIQUE DU MÂTIN
Rédaction «t Administration t 37, Faubourg Montmartre
sb.â <»«<â¢, 9b. â Onu, ttle.
Dtfarf it Alférit : 3 a en. 6fr. â f mois, 11 ft, â tlm an, 10 (B>
Onitn postait j taili, 10 tr. â t atii, 1| fir. » hu.ltb,
Adresser Uttra « mandon 4 M. E: HOBUTTE, idnintiMnl)
LIS DEUX BACCALAUREATS
La discussion continue...
M. Alfred Fouillée, mombre de l'Institut,
vient d'adresser au Temps une longue lettre
dans laquelle il proteste contre l'égalité de
droits qu'on tend à accorder aux doux bac-
calauréats rivaux.
c D'égalité en égalité, dit-il, nous arrive-
rons à rabaissement de tout et de tous. »
M. Alfred Fouillée admet bien qu'on
oriente l'Enseignement moderne vers les
professions industrielles, commerciales et
coloniales qui ont besoin d'être favorisées et
relevées ; mais il s'élève contre la création
« d'humanités nouvelles s, tout en affirmant
n'éprouver aucune superstition à l'endroit du
ïatin et du grec.
l'honorable membre de l'Institut termine
son plaidoyer en disant : « Il ne me reste
plus qu'à laisser aux politiciens la lourde
responsabilité des mesures que Je considère
comme de nouveaux et sûrs moyens d'abais-
sement pour mon pays. »
A cette lettre, le Ternes répond que les
fondateurs de l'Enseignement moderne ont
eu l'intention de fournir aux jeunes gens,
dans un cycle régulier d'études, mais par
d'autres moyons que l'Enseignement classi-
que, une certaine culture générale...
Notre confrère passe ensuite en revue les
matières de l'examen que doivent subir les
aspirants au baccalauréat moderne. A pro-
pos de la < dissertation philosophique i, il
rappelle que la moyenne des copies des
e modernes» n'est pas inférieure à la moyenne
des copies des « classiques, »
< Nul no contestera â ajoute le Temps â
que les humanités gréco-latines, par leur
orientation générait!, disposent les jeunes
gens à embrasser les carrières dites e libéra-
les ». La proportion des bacheliers classi-
ques qui, -une fois leurs études Unies, se dé-
cident à laire du commerce, de l'industrie,
contraire, l'enseignement moderne donnant,
avec une culture générale, un certain nom-
ire de connaissances plus directement utili-
sables dans les professions dont nous venons
de parler, inspire plutôt aux jeunes gens
l'idée et lo goût de ces professions, Le ba-
chelier moderne devient, beaucoup plus vo-
lontiers que le bachelier classique un indus-
triel, an commerçant, un colonial. Si donc
on est d'avis qu'il y a pour notre pays un
intérêt capital k diriger de plus en plus les
jeunes gens da la bourgeoisie vors ces car-
rières, on doit souhaiter que renseignement
moderne ait tous ses moyens de développe-
ment.
* Or, il ne les aura que le jour où. l'égalité
des sanctions aura été proclamée^ N'est-il
pas évident, en effet, que, sans souhaiter que
Éon fils devienne plus tard avocat ou méde-
cin, le père de famille hésitera à choisr un.
enseignement qui risque de contrarier pins
tard une vocation bien déterminée? II se dira
ceci : * Je serai enchanté que mon garçon,
lorsqu'il auraterminé ses études, aille à
l'étranger ou dans les colonies et Cherche à
se faire une position commerciale ou indus-
trielle) ; mais cependant si, à dix-huit ans, il
me déclare qu'il tient à être avocat ou méde-
cin. et s'il me semble offrir les aptitudes re-
quises, je veux qu'il puisse suivre son incli-
nation. Je ne l'engagerai donc pas dans une
voie qui risque de le conduire à une im-
passe ». Ce raisonnement, tous les chefs d'é-
tablissements secondaires Pont entendu faire
cent fcHs par des parents prévoyants. Ne
conçoit-on pas qu'il empêche le recrutement
normal de renseignement moderne et que, !
tant que les choses resteront en l'état, cet !
enseignement, selon i'expressioa d'un ancien
grand maître de ^Université, apparaîtra
comme uû enseignement n abaissé et dépré-
cié » .
Nous ne nous faisons aucune illusion :
cette réponse à la lettre de M. Fouillée ne
mettra pas lin à la polémique. Des flots
d'encre couleront encore sur la question de
savoir si le baccalauréat moderne ® doit pou-
voir conduire à tout » ou ai quelques carriè-
res libérales doivent rester accessibles aux
seuls bacheliers de l'ensei gnement classique.
Mais pourquoi n'essayerions nous pas do ra-
mener l'accord dans les deux camps en pro-
posant la suppression pure et simple des
baccalauréats w question ? Certes l'idée
n'est pas nouvelle Mais voici le moment do
a reprendre et de la creuser.
Lfi POLITIQUE
.Et la calomnie enflaitfiait toujours ! !
Ne sachant plus quel grief formu-
ler contre la ministère, les modérés ne
clament pas moins que, si M. Méline
était président, si M. Méline était là, les
choses marcheraient mieux qu elles ne
vont.
On ne nous dit pas on quoi, par exem-
ple, â et pour cause !
M. Méline a été si capable, en effet,
d'assurer le bonheur du pays,que même
la législation économique dont il est
l'instigateur ne satisfait pas les intérêts.
Les sucriers se plaignent avec M.
Georges Graux ! La filature do la soie se
plaint avec M. Antonio Dubost Les vi-
gnerons se plaignent avee M. du Périer
de Larsan !
il v a unanimité & constater, sinon la
faillite, du moins l'insuffisance des lois
économiques de M. Méline. Et, par les
noms que nous venons de citer, et qui
sont tous c eux, d'amis dévoués du député
des Vosges, o" voit que nous n'inven-
tons rien et ut 1 faisons que constater.
Mais vous verrez, demain, comme
hier, que les modérés ne voudront point
convenir de ces vérités.
ils crieront plus fort que jamais. Voici
déjà que la Liberté, à propos du der-
nier mouvement administratif en pré-
paration, accuse d'avance le ministère
Brisson i de former la dernière cha-
rette. »
C'est à croire que, dans leur rage de
se voir éloignés (lu pouvoir, les mélinis-
tes sont plus férus que jamais de l'Al-
liance avec la Droite.
Grand bien leur fasse, d'ailleurs !
Mais la persistance de leurs sympa-
thies cléricales et réactionnaires montre
combien était grandie péril que, leur
présence au pouvoir faisait courir à la
République, et quelle urgence il y avait
à les renvoyer, au milieu des hommes
du Seize et du Vingt-quatre mai, dé-
plorer que le pape ne soit pas le maître
de la France.
A L'EXTÉRIEUR
Les Chemin» de fer Chinois
On mande de Pékin que l'Empereur
de Chine est décidé à ratifier, malgré les
protestations de l'Angleterre Se chemin
de fer belge de Pékin à Han-Kau.
L'influence anglaise est donc enbaisse
en Chine ; et nous avons quelque raison
de nous en réjouir si nous considérons
que le Fils du Ciel a pris là une déci-
sion de principe, écartant la prédomi-
nance économique exclusive d'une na-
tion européenne quelconque, et par con-
séquent reconnaissant à toutes un droit
égal aux entreprises industrielles.
L'intervention de la France et de la
Russie ne sont pas étrangères à cette dé-
cision.
A Londres, on n'en est pas satisfait, et
cela se conçoit.
Mais, ainsi que nous le disions récem-
ment, la superficie de la Chine est vrai-
ment assez vaste pour qu'il y ait place
pour toutes les nations européennes.
Aussi, le mécontentement des Anglais
ne saurait-il nous émouvoir.
Si leur prépondérance en Extrême-
Orient reçoit là une atteinte morale plus
grave que le préjudice matériel qui peut
en résulter, la faute est simplement à
l'exagération des prétentions du Foreign-
Office.
Mais, nous cous réjouissons d'autant
plus delà solution qui vient d'être don-
née à cette question, que intervenue à
propos du chemin de fer belge, elle
écarte toute possibilité de conflit entre
la Russie et 1 Angleterre.
Tout est bien qui finit bien.
ÉCHOS
Au grand étonnement des habitants
de Grenelle, une longue file de camions
chargés de tableaux et de statues aux
attitudes langoureuses ou mélodramati-
ques serpentait hier matin par les ave-
nues voisines de l'Ecole militaire.
Depuis cinq semaines, la galerie des
Machines rendait chaque jour quelques
kilos d'art, mais jamais pn ne se serait
douté qu'elle renfermait encore tant de
chefs-d'oeuvre, et d'ailleurs ce reflux
avait cessé il y a quelques jours.
Qu'était-ce aone que ce nouveau et in-
terminable convoi ?
â L'exode suprême, nous a expliqué
le dernier gardien des beaux-arts, de-
meuré en faction à la galerie des Machi-
nes, le départ définitif des « boulots 3»
abandonnés par leurs auteurs et que
l'on dirige vers les hangars de l'entre-
positaire Bodel, à la a. ménagerie » ! Ils
y resteront jusqu'à ce que, pris de re-
mords, les artistes qui les envoyèrent au
Salon se décident à les y aller repren-
dre.
L'administration des beaux-arts, en
effet, ne saurait garder plus longtemps
la responsabilité d'oeuvres que menace
à chaque instant le bouleversement de
la galerie des Machines en pleine trans-
formation.
Elle n'a fait qu'une exception. Le
groupe Fais ce que dois, de Barrau,reste
seul, en effet, comme un appel et un re-
proche à. son auteur qui manque à tous
ses devoirs en laissant cette belle oeuvre
ainsi exposée.
Voici le cas de parodier la fameuse
chanson de Mac-Nab :
On n'en finira donc jamais
Avec ces noms de Dieu d'voyantes!
En effet, à Petersdoff, on signale en-
core une femme qui se prétend honorée
d'apparitions de la Vierge.
Joséphine Brusko, telle est son nom,
recevait une foule de visites ,⢠elle tom-
bait en extase, si bien quo l'autorité
s'émut. On la pressa un peu. et elle finit
par avouer qu'on l'avait instiguée à jouer
une comédie.
Elle a nommé les coupables... â Tout
finirait toujours ainsi et partout, si la
police daignait s'occuper de l'industrie
malsaine des voyantes.
***
Le ministre.de l'instruction publique
a fait connaître à l'Académie de méde-
cine, qu'un legs de 50.000 francs vient de
lui être fait par Mme Caroline-Elisabeth
Bragayract, veuve Jacquemier.
***
Une dépêche de Saint-Louis annonce
que les survivants de la mission Caze-
majou sont arrivés le 28 juillet à Say.
Ils sont au nombre de 2>, comprenant
notamment un interprète indigène, un
sergent indigène, onze tirailleurs et six
employés.
L'interprète indigène affirme qne le
guet-apens dans lequelle capitaine Caze-
majou a succombé a été tendu à l'Insti-
gation d'un chef du Sokoto.
***
Nous connaissons chez nous des
' i cours » bizarres, tels que ceux de
«maintien t, de « bonne tenue «, voire
de « démarche (!) récemment innové en
quelques institutions libres.
Les Belges vont plus loin : un journal
de Bruxelles nous apprend en effet que
l'administration communale d'Auder-
lecht vient de supprimer, entre autres
cours, la « classe ae nature »! ! !
Qu'est-ce que èela peut bien être, sa-
vez-vous, que la t classe de nature » ?
M. Robin (de Cempuis)lui-même se-
rait, je parie, obligé de donner sa langue
aux chats.
***
Du Cri de Taris :
Curieuse coïncidence.
Tandis que M. Lockroy, ministre de
la marine, inspectait nos cuirassés et nos
torpilleurs en rade de Brest, son beau-
fils, M. Georges Hugo, accomplissait
dans la même ville de Brest une période
de 38 jours en qualité de matelot.
Etant données les relations plutôt ai-
gres que douces qui existent entre notre
ministre de la Marine et le petit-fils du
grand poète, on peut se demander si ce
dernier a mis beaucoup d'enthousiasme
à saluer son grand chef hiérarchique.
***
*
Les ambassadeurs abyssins ont quitté
Lempdes hier soir pour se renpre a Vi-
chy et de là retourner à Paris avant de
quitter la France.
A midi a eu lieu en leur honneur,
chez M. Lagarde, à Lempdes, un diner
de trente couverts.
En attendant que le Métropolitain soit
fait, et de façon a pouvoir se raccorder
plus facilement avec lui, toutes les Gom-
pagnies de Chemins de fer modifient
eurs gares terminus ; des maisons sont
déjà démolies rue d'Alsace, et dans lés
rues de Metz.de Nancy; dans le faubourg
Saint-Martin on prépare les fondations
des nouveaux bâtiments.!out sera édifié
et prêt pour 1900.
***
M. Antoine de Goedrich, champion de
l'< Union internationale », qui vient
d'accomplir, sur sa bicyclette, le record
Athènes-Paris, soit trois mille six cents
kilomètres en dix-neuf jours six heures
et demie.est à Paris en ce moment.
Parti d'Athènes le 33 juillet à 6 h. Ij3
du soir, il èst arrivé à Paris hier à mi-
nuit. Après ce long voyage,, où il a eu
mille périls à affronter, notamment pen-
dant une descente vertigineuse en tra-
versant lea Balkans, il no se plaint au-
jourd'hui que d'< un peu de fatigue ».
Pour se reposer, il va rester une di-
zaine de jours à Paris. Puis il se rendra
en Angleterre, en Allemagne, et enfin
en Moravie où il réverra ses parents
dont il est séparé depuis neuf ans. De là
il retournera à Athènes.... par le chemin
de fer.
*â **
De La Nature.
Cent soixante-deux kilomètres sous un
wagon. Et à toute vitesse encore â voilà
un genre de voyage qui n'a rien d'ordi-
naire, rien de très confortable non plus.
Un homme d'équipe do la gare de King's
Cross, à Londres, vient d'en faire la dé-
sagréable expérience, il était occupé à
graisser les freins d'un express qui allait
partir pour Aberdeen (Ecosse), lorsque,
surpris par l'heure, ii s'aperçut non sans
effroi que le train démarrait tont à coup
assez rapidement, et qu'il lui serait im-
possible de regagner le quai en passant
entre deux voitures. Aussitôt notre
homme, s'aidant des pieds et des mains,
s'accroche avec sa ceinture à la conduite
dù frein, sous le châssis du wagon, et
s'arc-boute contre les essieux. Pour
comble do malheur, l'express dont il
s'agit ns s'arrêtait pas avant la gare de
Grantham, soit à 162 kilomètres de
King'sCross.Quand, après deux heures
de course à toute vapeur, le train arriva
à Grantham, les voyageurs ne furent pas
peu surpris de voir surgir da dessous la
dernière voiture un employé aux regards
ahuris, aux vêtements couverts de pous-
sière, jurant, â mais un peu tard â
qu'on ne l'y prendrait plus.
**â
Arton occupe à l'hôpital Saint-Louis
la chambre n- 2 du pavillon Gabriel.
Ce pavillon, qui est situé au milieu
d'un bouquet d'arbres et assez éloigné
des autres bâtiments, a abrité quelques
prisonniers de marque ; ne contenant
que des chambres séparées, la surveil-
lance des prisonniers devient des plus
faibles.
Arton est placé dans le service du doc-
teur Jacquet, remplaçant M. Ducastel;
il souffre depuis longtemps du diabète,
mais il n'est pas alité.
Surveillé constamment par deux
agents de la Sûreté, il suit ponctuelle-
ment le régime ordonné et il est proba-
ble que son séjour à Saint-Louis ne sera
que de courte durée.
***
L'heureux gagnant du gros lot ati der-
nier tirage des obligations de la Ville de
Paris (1876) est M. Gustave Girardot,
chef du service des mi*es en vente à la
librairie Ollendorff.
M. Gustave Girardot lisait les jour-
naux hier matin ; il fut frappé du rap-
prochement d'un des numéros sortis
avec celui d'un de3 titres qu'il possédait
et courut à son domicile pour vérifier le
fait. Assuré, dès lors, que son obligation
portait le numéro auquel était attribué
le lot de 100.000 francs, il se rendit à
l'Hôtel-de-Ville, pour plus de sûreté en-
core. On lui dit de repasser dans quinze
jours et qu'on lui verserait la somme de
96.016 fr. 60 en échange de son titre.
Après ce coup de fortune, M. Girardot
a demandé l'autorisation, qui lui a été
accordée, d'aller porter la bonne nou-
velle à sa famille, en Franche-Comté.
***
Une forte tête.
Le chapelier du prince de Bismarck,
établi à Francfort, vient, parait-il, de
déposer, dans la salle des dépêches de
la Gazette de Francfort, une curieuse
relique: c'est le i conformateur » qui se-
vait à mesurer la tête du chancelier pour
la confection de ses chapeaux... Et toute
la ville défile devant cet objet, qui va
devenir historique.
Le tour de tête du prince était, lors de
la confection de son dernier chapeau, de
92 centimètres, ce qui est un dimension
peu banale.
Il parait, d'après les documents du
chapelier, que ce tour-de-tète n'était que
de 59 centimètres 1[2, il y a trente ans.
Ce qui justifie bien l'avis de son em-
pereur Guillaume II : « Bismarck, en
vieillisant, devient de plus en plus en-
têté... >
NOUVELLE A LA MAIN
â Oui, mon bon, c'est comme ça;
deux mois après notre mariage, ma
femme n'avait plus de prévenances, de
gentillesses que pour son chien.
â C'est ce qu'on peut appeler les
coups de caniche dans le contrat !
CLEVELAND
HnHWiWB'FH 'mJ 't'.i K&33? G, Place da la Madeleine, jPar/a.
ANERIE
Le Figaro publie, sou3 la signature de M-
Cornély les lignes suivantes :
9 Puisque l'occasion s'en présente, je
veux, sans nommer personne, pour ne pas
faire de réclame, eontep un trait qui s'est
passé à la fin du mois dernier dans un lycée
ae Paris.
t L'aumônier avait dit aux candidats qui
se présentaient aux épreuves du baccalau-
réat :
â Si on mettait ses petites affaires de
conscience en ordre et si on demandait une
recommandation au Saint-Esprit, ça ne nui-
rait peut-être pas à l'examen.
« El il avait eu la satisfaction de voir les
quatorze rhétoriciens lés plu» c trapus »,
comme on dit en argot universitaire, suivre
ses conseils.
« D'ordinaire, en ce cas-là, par discrétion,
on donne la communion aux candidats
avant Ou après là messe du lycée.
c Cette fois-ci,d'eux-mêmes ils sont venus
trouver l'aumônier, disant :
â Ce que nous faisons est-il mal ? Non.
Alors nous le devons faire en public.
« Et tout le lycée a assisté à la communion
des candidats.
â N'est-ce pas que ce n'est pas mal ?
« Un surveillant général, qui est dans la
maison depuis trente-neuf ans, racontait
que c'était la première fois qu'il voyait pa-
reil spectacle; Or il n'en faut pas davantage
pour créer une tradition.
« Si vous voulez savoir où la chose s'est
passée, cherchez à l'est de Paris. »
Dans l'impossibilité où l'on est de douter
de M. Cornély, nous nous demandons com-
ment, à notre époque, se peuvent accomplir
des actes de pareil crétinisme.
Dés âneries de cette envergure sont épou-
vantables, en ce que l'on ne voit pas du tout
comment oà peut être assez niais pour at-
tendre du Saint-Esprit la science infuse !
Il est inadmissible, en tous cas, que les
lycées et collèges de l'Etat assument de pa-
reilles hontes!
LE CADASTRE
A l'occasion dê la publication du
6' fascicule des procès-verbaux de la
Commission extraparlementaire du
Cadastre, quelques correspondants
ont bien voulu me demander s'il était
de l'intèrêtde telle ou telle commune
de procéder à la réfection de son ca-
dastre â plans et matrices â en fai-
sant appel 5 la loi Boudenoot, loi qui
favorise, on le sait, cette réfection,
puisque l'Etat et le département vien-
nent très largement en aide à toute
commune qui réclame de nouveaux
plans et de nouvelles matrices cadas-
trales.
La réponse à pareille question n'est
pas précisément aisée. Et pourquoi?
Parce que si nous ae considérons le
cadastre qu'au point de vue fiscal,
au point de vue de la répartition de
l'impôt foncier â et je crois que plu-
sieurs de mes correspondants ne
volent pas autre chose dans le ca-
dastre â il est possible que la com-
mune A ait grand intérêt à réclamer
la réfection immédiate de ses matri-
ces cadastrales, alors que la com-
mune B agirait sagement, au con-
traire, en ne soulevant pas ce « liè-
vre ». Car de même que dans, une
commune, tel propriétaire foncier est
actuellement ménagé par rapport à
tel autre, de même pourrait-on dres-
ser la lista des communes qui, dans
tel département, sont ménagées par
rapport aux autres,
N'oublions pas, en outre, que les
Chambresâ désespérant, sans doute,
de voir aboutir les travaux de la com-
mission extraparlementaire du ca-
dastre â ont voté récemment une loi
en vertu de laquelle il devra être pro-
cédé, d'un bout a l'autre du terri-
toire, à de nouvelles évaluations ca-
dastrales, et cela sans attendre la
réfection des plans.
Si donc une commune est exclusi-
vement préoccupée d'une meilleure
répartition de l'impôt foncier, U sem-
ble qu'elle n'ait aucun intérêt à faire
appel à la loi Boudenoot, Pourquoi se
mettrait-elle martel en té'te ï Pour-
quoi ferait-elle appel aux géomètres ?
Pourquoi grèverait-elle son budget ?
Est-ce que l'Etat ne se chargera pas
tout seul de procéder à de nouvelles
évaluations de la propriété non bâtie,
comme il l'a déjà fait pour la pro-
priété bâtie ?
Mais ici, puisque je suis interrogé,
je dois répondre en conscience que la
loi sur la nouvelle évaluation de la
propriété non bâtie me parait inappli-
cable.
1 Tout au moins est-il permis de dire
que cette loi ne sera appliquée qu'au
prix des plus grandes difficultés.
Il s'agit, en effet, non pas d'évaluer
le revenu global des propriétés â ce
serait trop logique et trop simple â
mais de «descendre jusqu'à la parcelle»
et cela en partant du numérotage
des anciennes parcelles aujourd'hui
divisées. J'entrevois â surtout dans
les communes où le cadastre a par-
ticulièrement vieilli â des compli-
cations qui ne sont pas certainement
insurmontables, mais qui nécessite-
ront beaucoup de temps, beaucoup
d'argent, beaucoup de soins... On
parle bien de mettre messieurs les
percepteurs à la disposition des con-
trôleurs dos contributions directes...
Mais il y a percepteur et percepteur,
comme il y a fagot et fagot. Beaucoup
ne seront pas â la hauteur d'une tâche
à laquelle ils ne sont d'ailleurs nul-
lement préparés. Quant à la dépense,
elle est évaluée à 2S millions. C'est
déjà un joli denier. Comptons sur le
double, et nous approcherons de la
vérité.
Bref,pour les raisons qui précédent,
et pour d'autres encore qu'il serait
trop long de développer, j'éprouve
de la méfiance à l'endroit da cette loi
sur l'évaluation nouvelle de la pro-
priété non bâlie.
Et, alors, je ne puis honnêtement
conseiller aux communes,impatientes
d'une meilleure répartition de l'im-
pôt foncier,d'attendre les évaluations
en question.
Refaisons donc le cadastre complet
â plans et matrices â d'après la loi
Boudenoot ! Et commençons par les
communes, ou plutôt par les cantons
où le cadastre actuel est notoirement
insuffisant.
Mais U faut qu'il soit bien entendu
que, refaire ies plans dans le seul but
de refaire les matrices cadastrales,
ce serait folie pure.
Nous n'avons nul besoin, en effet,
pour établir un bon impôt foncier, du
mesurage rigoureux des parcelles.
S'il s'agit, en revanche, d'un ca-
dastre capable de rendre des servi-
ces aux cultivateurs, d'un cadastre
qui fera titre, par exemple, en «ma-
tière de limites, parce quo le levé du
plan aura été précédé d'une délimita-
tion juridique des propriétés ; s'il s'a-
git d'un cadastre établi sur un ré-
seau de bornes-repères destinées à
perpétuer les effets de la délimita-
tion, d'un cadastre pouvant se prêter
aux réformes à l'avenir. de l'établisse-
ment des Livres fonciers et d'un meil-
leur régime hypothécaire ; s'il s'agit,
enfin, d'un cadastre qui doive être
constamment tenu à jour, alors, oui :
cela vaut peut-être la peine de faire
appel à nos meilleurs géomètres.
Mais que de réserves à faire en ce
qui touche la marche des opérations,
les méthodes à suivre, lo personnel à
recruter, !e degré d'exactitude à obte-
nir, les prix de revient, etc., etc...
Sachons cepndant nous borner,en
attendant le bornage de nos proprié-
tés... Nous avons, d'ailleurs, du temps
devant nous pour reeauser de tout
cela.
I LIVRE D'EXPOSITION
Voici deux ans environ que l'Imprimerie
nationale s'occupe d'établir son t chef
d'oeuvre >, suivant l'expression en Usage
dans les anciennes corporations, en vue de
l'Exposition de 1900.
Le sujet a été des plus henreusement choi-
sis, car il correspond à ce qui est, on dehors
des services qu'elle est appelé à rendre aux
administrations centrales, la destination la
moins discutée du grand établissement de la
rue Vieille-du-Temple: ceile d'un véritable
Conservatoire de l'art typographique.
L'ouvrage entrepris est l'Histoire de l'im-
primerie en France aux XV''e(XVI. siècles.
Le soin d'en réunir l^e éléments a été
confié à M. Claudin, le libraire érudit qui
ne s'est pas borné à étudier de près et à dé-
crire avec sagacité les livres rares que son
commerce a fait passer à foison par ses
mains. M. Caludin est un grand coureur de
dépôts publics da la province et de l'étran-
ger, un fureteur des grandes collections pri-
vées. Après s'être occupé avec un soin parti-
culier des impressions lyonnaises. Il a pu- |
blié successivement des notices qui font au-
torité sur les débuts de l'imprimerie dans la
plupart de nos villes Importantes.
Il a depuis longtemps distingué, classé, les
caractères si variés, employés par les pre-
miers imprimeurs. Il a relevé, avec patience, |
les plus beaux échantillons de ces belles
â¢figures sur bois, de ces bordures, de ces let-
tres ornées, et d'abord peintes, qui ont com-
me transporté dans cette invention nouvelle
de la reproduction par la presse, le gout d'or-
nementation des manuscrit» à miniatures.
La direction do l'Imprimerie nationale ne
pouvait s'adresser à un homme plus informé
pour lui procurer, en peu de temps, les fac-
similé des xylographies lea plus caractéris-
tiques, des titres des ouvrages les pins pré-
cieux et les plus célèbres dans l'histoire bi-
bliographique, des marques successives des
imprimeurs et des libraires, etc.
L'illustration du livre sera donc très abon-
dante et entièrement faite des reproductions
par l'héliogravure de pages notables de li-
vres anciens. Un fascicule spécimen vient
d'être établi, et donne l'idée la plus avanta-
geuse de ce que sera la somptuosité de l'en-
semble. L'établissement n'a eu d'ailleurs
qu'à puiser dans ses réserves pour harmoni-
ser l'aspect du texte avec l1 archaïsme de la
partie artistique. C'est ainsi quo l'introduc-
tion a été composée avec ces caractères im-
posants qui datent de la création même de
(Imprimerie royale, dont les matrices ont
été religieusement conservées et qui sont bien,
connues de tous les amateurs.
Nul doute qu'avec un livre ainsi établi,
notre imprimerie d'Etat ne fasse bonne fi-
gure à l'Exposition du siècle. Cela me sem-
ble dana tous les cas une conception plus
ingénieuse et un effort plus méritoire que
l'idée pat- trop simple qui avait consisté,
pour les dernières expositions, à réimpri-
mer du Molière ou du Michelet, d'après des
éditions déjà parfaitement établies» et sans
y ajouter rien de plus notable que ta petite
barre qui marque leB l fondues dans l'an-
cien Palais-Cardinal.
Ce sera au moins, cette fois, un véritable
livre d'exposition, qui deviendra, par sur-
croît, une aubaine appréciée des érudits ut
des bibliophiles.
Le Fait du Jour
L'Amérique, chacun sait çâ. est ïe pays
des merveilles. Chacun sait aussi que nulle
aube ne se lève sans apporter avec elle à
l'Amérique privilégiée une mirobolante
déco uverte.
Pour aujourd'hui, la nouvelle est plus
étonnante que la télégraphie sans fils et que
le phonographe, voire le téléphone photo
grape dont Édison poursuit Ja réalisation.
La recette est simple. Vous prenez de
l'eau de mer (de l'Océan Pacifique de pré-
férence). Vous faites évaporer au soleil ou
par la chaleur. Vous traitez par un réactif
chimique et vous avez? La fortune, tout
simplement sous forme d'or et d'argent !
Voilà ce que le câble nous apporte
d'Amérique. La recette est simple vous
voyez et la fortune est maintenant à la por-
tée de toutes les bourses.
Les aventuriers que pouvait tenter le
Klondyke sont d dûment avertis- Nui besoin
d'aller jusqu'au itn fond de l'Alaska: ils
trouveront d ans les environs de San-Fran-
cisço tout l'or convoité en prenant des bains
de mer !
Voilà le comble dit petit trou pas cher \
mats ce n'est pas tout. Vous savez que les
Etats-Unis sont divisés en deux camps : les
partisans de l'argent et les partisans de
l'or, Eb. bien! la découverte nouvelle est si
merveilleuse qu'elle ne change rien â l'état
présent. Avec une partie d'or, on trouve
deux parties d'argent i En sorte que mono-
métallistes et bimétallistes, foules choses
restant êg u les d'ailleurs, continuent à
pouvoir se battre à leur aise comme par le
passé.
Avouez que ciest là une chose merveil-
leuse !
Mais ce qui est plus merveilleux encore,
c'est que les Océans sont des mines si ri-
ches en métaux précieux que, paraît-il, la
production va augmenter dans des propor-
tions fantastiques. Si bien que les piles
d'or qui forment les millions de M. de
Rotchschild, ne va udront, sous peu, guère
plus que des piles de gros sous I
Et voilà comment en un plomb vil, cet or
se changera.
Et comment bientôt s'établira sans doute
l'égalité des conditions. O merveille !
àwM photogaphiques
ELECTRO â AUTOMATIQUES
Parmi lea merveilles et les clous de
toutes espèces qui doivent attirer des
différents points du globe des visiteurs
à l'Exposition de 1900, la photographie
nous réserve, parait-il, d'Intéressantes
surprises.
Au milieu d'une foule d'instruments
ingénieusement conçus et exécutés avec
ce soin qui distingue la fabrication fran-
çaise, nous verrons fonctionner des ap-
pareils de photographie dite automati-
que, quelque chose de semblable à ces
distributeurs qui, en échange d'une pièce
de monnaie déposée dans leurs tlancs,
vous donnent un objet quelconque, gé-
néralement de consommation.
Un grand nombre de mécaniciens ont
cherché i résoudre le problème difficile
de la photographie automatique. Malheu-
reusement, leurs efforts sont demeurés
stériles en présence de la multiplicité
des opérations et do la quantité d'orga-
nes mécaniques qu'elles nécessitent.
L'idée d'employer l'électricité comme
moteur a permis de surmonter toutes
les difficultés et de mener à bien les
nombreuses manipulations qu'exige uno
photographie.
C'est à il. Enjalbert, Ingénieur élec-
tricien, que revient la priorité de cette
invention, et c'est ce qui me fait choisir
son appareil pour en essayer la descrip-
tion.
Son automate ressemble, extérieure-
ment, à ces balancesautomatiques qu'on
rencontre un peu partout.
A la place au cadran indicateur des
poids, se trouve un objectif photographi-
que au-dessus duquel sont disposes trois
cadrans parcourus par des aiguilles qui
indiquent constamment les opérations
qui s'exécutent à l'intérieur de l'appa-
reil. A droite de l'objectif est une ouver-
ture destinée à recevoir la pièce de mon-
naie. à gauche se voit une plaquette dont
la fonction est tout indiquée par l'ins-
cription qu'elle porte : « Fixes ce point
pendant la pose ».
I.cs épreuves fournies par l'appareil
sont sur plaques de tôles dites ferrotypes
au collodion humide.
Passons à la mise en marche.
Après avoir laissé tomber uno pièce do
monnaie à l'endroit indiqué, ou se place
devant l'objectif suivant les instructions
fournies par les aiguilles qui tournent
sur les cadrans, line sonnerie électrique
se fait entandrue pendant toute la durée
des opérations.
La pièce de monnaie, on tombant dans
la caisse do l'appareil, fait basculer le
levier d'un commutateur qui met en cir-
cuit le moteur électrique. Ce dernier
entre en action et la pièce reste sur le
commutateur pendant toute l'opération
en maintenant la fermeture du circuit,
d'où continuation du mouvement.
L'intérieur de l'appareil ost divisé en
trois cases dans lesquelles s'effectuent
le collodionnage, la sensibilisation de la
plaque, sou exposition, Bon dévelop
pement, son fixage et le lavage final.
Tout le mécanisme contenu dans ces
trois cases est actionné au moyen d une
Lundi 15 Août 1898
5 Cent»
Le Snméro
-» Pitma te-tXfAUnugmraB â
LA JUSTICE
5 Mm
LeSmaér»
â PAJUB »CT
Les Annonces so*t reçues au Bureau du Journal
87, l'AUBOUHQ MOWTMAHXKK, *7
POUR LA RÉDACTION «
Tadrtsirr AH StcriUWi 4» la ritstUem.
JOURNAL POLITIQUE DU MÂTIN
Rédaction «t Administration t 37, Faubourg Montmartre
sb.â <»«<â¢, 9b. â Onu, ttle.
Dtfarf it Alférit : 3 a en. 6fr. â f mois, 11 ft, â tlm an, 10 (B>
Onitn postait j taili, 10 tr. â t atii, 1| fir. » hu.ltb,
Adresser Uttra « mandon 4 M. E: HOBUTTE, idnintiMnl)
LIS DEUX BACCALAUREATS
La discussion continue...
M. Alfred Fouillée, mombre de l'Institut,
vient d'adresser au Temps une longue lettre
dans laquelle il proteste contre l'égalité de
droits qu'on tend à accorder aux doux bac-
calauréats rivaux.
c D'égalité en égalité, dit-il, nous arrive-
rons à rabaissement de tout et de tous. »
M. Alfred Fouillée admet bien qu'on
oriente l'Enseignement moderne vers les
professions industrielles, commerciales et
coloniales qui ont besoin d'être favorisées et
relevées ; mais il s'élève contre la création
« d'humanités nouvelles s, tout en affirmant
n'éprouver aucune superstition à l'endroit du
ïatin et du grec.
l'honorable membre de l'Institut termine
son plaidoyer en disant : « Il ne me reste
plus qu'à laisser aux politiciens la lourde
responsabilité des mesures que Je considère
comme de nouveaux et sûrs moyens d'abais-
sement pour mon pays. »
A cette lettre, le Ternes répond que les
fondateurs de l'Enseignement moderne ont
eu l'intention de fournir aux jeunes gens,
dans un cycle régulier d'études, mais par
d'autres moyons que l'Enseignement classi-
que, une certaine culture générale...
Notre confrère passe ensuite en revue les
matières de l'examen que doivent subir les
aspirants au baccalauréat moderne. A pro-
pos de la < dissertation philosophique i, il
rappelle que la moyenne des copies des
e modernes» n'est pas inférieure à la moyenne
des copies des « classiques, »
< Nul no contestera â ajoute le Temps â
que les humanités gréco-latines, par leur
orientation générait!, disposent les jeunes
gens à embrasser les carrières dites e libéra-
les ». La proportion des bacheliers classi-
ques qui, -une fois leurs études Unies, se dé-
cident à laire du commerce, de l'industrie,
avec une culture générale, un certain nom-
ire de connaissances plus directement utili-
sables dans les professions dont nous venons
de parler, inspire plutôt aux jeunes gens
l'idée et lo goût de ces professions, Le ba-
chelier moderne devient, beaucoup plus vo-
lontiers que le bachelier classique un indus-
triel, an commerçant, un colonial. Si donc
on est d'avis qu'il y a pour notre pays un
intérêt capital k diriger de plus en plus les
jeunes gens da la bourgeoisie vors ces car-
rières, on doit souhaiter que renseignement
moderne ait tous ses moyens de développe-
ment.
* Or, il ne les aura que le jour où. l'égalité
des sanctions aura été proclamée^ N'est-il
pas évident, en effet, que, sans souhaiter que
Éon fils devienne plus tard avocat ou méde-
cin, le père de famille hésitera à choisr un.
enseignement qui risque de contrarier pins
tard une vocation bien déterminée? II se dira
ceci : * Je serai enchanté que mon garçon,
lorsqu'il auraterminé ses études, aille à
l'étranger ou dans les colonies et Cherche à
se faire une position commerciale ou indus-
trielle) ; mais cependant si, à dix-huit ans, il
me déclare qu'il tient à être avocat ou méde-
cin. et s'il me semble offrir les aptitudes re-
quises, je veux qu'il puisse suivre son incli-
nation. Je ne l'engagerai donc pas dans une
voie qui risque de le conduire à une im-
passe ». Ce raisonnement, tous les chefs d'é-
tablissements secondaires Pont entendu faire
cent fcHs par des parents prévoyants. Ne
conçoit-on pas qu'il empêche le recrutement
normal de renseignement moderne et que, !
tant que les choses resteront en l'état, cet !
enseignement, selon i'expressioa d'un ancien
grand maître de ^Université, apparaîtra
comme uû enseignement n abaissé et dépré-
cié » .
Nous ne nous faisons aucune illusion :
cette réponse à la lettre de M. Fouillée ne
mettra pas lin à la polémique. Des flots
d'encre couleront encore sur la question de
savoir si le baccalauréat moderne ® doit pou-
voir conduire à tout » ou ai quelques carriè-
res libérales doivent rester accessibles aux
seuls bacheliers de l'ensei gnement classique.
Mais pourquoi n'essayerions nous pas do ra-
mener l'accord dans les deux camps en pro-
posant la suppression pure et simple des
baccalauréats w question ? Certes l'idée
n'est pas nouvelle Mais voici le moment do
a reprendre et de la creuser.
Lfi POLITIQUE
.Et la calomnie enflaitfiait toujours ! !
Ne sachant plus quel grief formu-
ler contre la ministère, les modérés ne
clament pas moins que, si M. Méline
était président, si M. Méline était là, les
choses marcheraient mieux qu elles ne
vont.
On ne nous dit pas on quoi, par exem-
ple, â et pour cause !
M. Méline a été si capable, en effet,
d'assurer le bonheur du pays,que même
la législation économique dont il est
l'instigateur ne satisfait pas les intérêts.
Les sucriers se plaignent avec M.
Georges Graux ! La filature do la soie se
plaint avec M. Antonio Dubost Les vi-
gnerons se plaignent avee M. du Périer
de Larsan !
il v a unanimité & constater, sinon la
faillite, du moins l'insuffisance des lois
économiques de M. Méline. Et, par les
noms que nous venons de citer, et qui
sont tous c eux, d'amis dévoués du député
des Vosges, o" voit que nous n'inven-
tons rien et ut 1 faisons que constater.
Mais vous verrez, demain, comme
hier, que les modérés ne voudront point
convenir de ces vérités.
ils crieront plus fort que jamais. Voici
déjà que la Liberté, à propos du der-
nier mouvement administratif en pré-
paration, accuse d'avance le ministère
Brisson i de former la dernière cha-
rette. »
C'est à croire que, dans leur rage de
se voir éloignés (lu pouvoir, les mélinis-
tes sont plus férus que jamais de l'Al-
liance avec la Droite.
Grand bien leur fasse, d'ailleurs !
Mais la persistance de leurs sympa-
thies cléricales et réactionnaires montre
combien était grandie péril que, leur
présence au pouvoir faisait courir à la
République, et quelle urgence il y avait
à les renvoyer, au milieu des hommes
du Seize et du Vingt-quatre mai, dé-
plorer que le pape ne soit pas le maître
de la France.
A L'EXTÉRIEUR
Les Chemin» de fer Chinois
On mande de Pékin que l'Empereur
de Chine est décidé à ratifier, malgré les
protestations de l'Angleterre Se chemin
de fer belge de Pékin à Han-Kau.
L'influence anglaise est donc enbaisse
en Chine ; et nous avons quelque raison
de nous en réjouir si nous considérons
que le Fils du Ciel a pris là une déci-
sion de principe, écartant la prédomi-
nance économique exclusive d'une na-
tion européenne quelconque, et par con-
séquent reconnaissant à toutes un droit
égal aux entreprises industrielles.
L'intervention de la France et de la
Russie ne sont pas étrangères à cette dé-
cision.
A Londres, on n'en est pas satisfait, et
cela se conçoit.
Mais, ainsi que nous le disions récem-
ment, la superficie de la Chine est vrai-
ment assez vaste pour qu'il y ait place
pour toutes les nations européennes.
Aussi, le mécontentement des Anglais
ne saurait-il nous émouvoir.
Si leur prépondérance en Extrême-
Orient reçoit là une atteinte morale plus
grave que le préjudice matériel qui peut
en résulter, la faute est simplement à
l'exagération des prétentions du Foreign-
Office.
Mais, nous cous réjouissons d'autant
plus delà solution qui vient d'être don-
née à cette question, que intervenue à
propos du chemin de fer belge, elle
écarte toute possibilité de conflit entre
la Russie et 1 Angleterre.
Tout est bien qui finit bien.
ÉCHOS
Au grand étonnement des habitants
de Grenelle, une longue file de camions
chargés de tableaux et de statues aux
attitudes langoureuses ou mélodramati-
ques serpentait hier matin par les ave-
nues voisines de l'Ecole militaire.
Depuis cinq semaines, la galerie des
Machines rendait chaque jour quelques
kilos d'art, mais jamais pn ne se serait
douté qu'elle renfermait encore tant de
chefs-d'oeuvre, et d'ailleurs ce reflux
avait cessé il y a quelques jours.
Qu'était-ce aone que ce nouveau et in-
terminable convoi ?
â L'exode suprême, nous a expliqué
le dernier gardien des beaux-arts, de-
meuré en faction à la galerie des Machi-
nes, le départ définitif des « boulots 3»
abandonnés par leurs auteurs et que
l'on dirige vers les hangars de l'entre-
positaire Bodel, à la a. ménagerie » ! Ils
y resteront jusqu'à ce que, pris de re-
mords, les artistes qui les envoyèrent au
Salon se décident à les y aller repren-
dre.
L'administration des beaux-arts, en
effet, ne saurait garder plus longtemps
la responsabilité d'oeuvres que menace
à chaque instant le bouleversement de
la galerie des Machines en pleine trans-
formation.
Elle n'a fait qu'une exception. Le
groupe Fais ce que dois, de Barrau,reste
seul, en effet, comme un appel et un re-
proche à. son auteur qui manque à tous
ses devoirs en laissant cette belle oeuvre
ainsi exposée.
Voici le cas de parodier la fameuse
chanson de Mac-Nab :
On n'en finira donc jamais
Avec ces noms de Dieu d'voyantes!
En effet, à Petersdoff, on signale en-
core une femme qui se prétend honorée
d'apparitions de la Vierge.
Joséphine Brusko, telle est son nom,
recevait une foule de visites ,⢠elle tom-
bait en extase, si bien quo l'autorité
s'émut. On la pressa un peu. et elle finit
par avouer qu'on l'avait instiguée à jouer
une comédie.
Elle a nommé les coupables... â Tout
finirait toujours ainsi et partout, si la
police daignait s'occuper de l'industrie
malsaine des voyantes.
***
Le ministre.de l'instruction publique
a fait connaître à l'Académie de méde-
cine, qu'un legs de 50.000 francs vient de
lui être fait par Mme Caroline-Elisabeth
Bragayract, veuve Jacquemier.
***
Une dépêche de Saint-Louis annonce
que les survivants de la mission Caze-
majou sont arrivés le 28 juillet à Say.
Ils sont au nombre de 2>, comprenant
notamment un interprète indigène, un
sergent indigène, onze tirailleurs et six
employés.
L'interprète indigène affirme qne le
guet-apens dans lequelle capitaine Caze-
majou a succombé a été tendu à l'Insti-
gation d'un chef du Sokoto.
***
Nous connaissons chez nous des
' i cours » bizarres, tels que ceux de
«maintien t, de « bonne tenue «, voire
de « démarche (!) récemment innové en
quelques institutions libres.
Les Belges vont plus loin : un journal
de Bruxelles nous apprend en effet que
l'administration communale d'Auder-
lecht vient de supprimer, entre autres
cours, la « classe ae nature »! ! !
Qu'est-ce que èela peut bien être, sa-
vez-vous, que la t classe de nature » ?
M. Robin (de Cempuis)lui-même se-
rait, je parie, obligé de donner sa langue
aux chats.
***
Du Cri de Taris :
Curieuse coïncidence.
Tandis que M. Lockroy, ministre de
la marine, inspectait nos cuirassés et nos
torpilleurs en rade de Brest, son beau-
fils, M. Georges Hugo, accomplissait
dans la même ville de Brest une période
de 38 jours en qualité de matelot.
Etant données les relations plutôt ai-
gres que douces qui existent entre notre
ministre de la Marine et le petit-fils du
grand poète, on peut se demander si ce
dernier a mis beaucoup d'enthousiasme
à saluer son grand chef hiérarchique.
***
*
Les ambassadeurs abyssins ont quitté
Lempdes hier soir pour se renpre a Vi-
chy et de là retourner à Paris avant de
quitter la France.
A midi a eu lieu en leur honneur,
chez M. Lagarde, à Lempdes, un diner
de trente couverts.
En attendant que le Métropolitain soit
fait, et de façon a pouvoir se raccorder
plus facilement avec lui, toutes les Gom-
pagnies de Chemins de fer modifient
eurs gares terminus ; des maisons sont
déjà démolies rue d'Alsace, et dans lés
rues de Metz.de Nancy; dans le faubourg
Saint-Martin on prépare les fondations
des nouveaux bâtiments.!out sera édifié
et prêt pour 1900.
***
M. Antoine de Goedrich, champion de
l'< Union internationale », qui vient
d'accomplir, sur sa bicyclette, le record
Athènes-Paris, soit trois mille six cents
kilomètres en dix-neuf jours six heures
et demie.est à Paris en ce moment.
Parti d'Athènes le 33 juillet à 6 h. Ij3
du soir, il èst arrivé à Paris hier à mi-
nuit. Après ce long voyage,, où il a eu
mille périls à affronter, notamment pen-
dant une descente vertigineuse en tra-
versant lea Balkans, il no se plaint au-
jourd'hui que d'< un peu de fatigue ».
Pour se reposer, il va rester une di-
zaine de jours à Paris. Puis il se rendra
en Angleterre, en Allemagne, et enfin
en Moravie où il réverra ses parents
dont il est séparé depuis neuf ans. De là
il retournera à Athènes.... par le chemin
de fer.
*â **
De La Nature.
Cent soixante-deux kilomètres sous un
wagon. Et à toute vitesse encore â voilà
un genre de voyage qui n'a rien d'ordi-
naire, rien de très confortable non plus.
Un homme d'équipe do la gare de King's
Cross, à Londres, vient d'en faire la dé-
sagréable expérience, il était occupé à
graisser les freins d'un express qui allait
partir pour Aberdeen (Ecosse), lorsque,
surpris par l'heure, ii s'aperçut non sans
effroi que le train démarrait tont à coup
assez rapidement, et qu'il lui serait im-
possible de regagner le quai en passant
entre deux voitures. Aussitôt notre
homme, s'aidant des pieds et des mains,
s'accroche avec sa ceinture à la conduite
dù frein, sous le châssis du wagon, et
s'arc-boute contre les essieux. Pour
comble do malheur, l'express dont il
s'agit ns s'arrêtait pas avant la gare de
Grantham, soit à 162 kilomètres de
King'sCross.Quand, après deux heures
de course à toute vapeur, le train arriva
à Grantham, les voyageurs ne furent pas
peu surpris de voir surgir da dessous la
dernière voiture un employé aux regards
ahuris, aux vêtements couverts de pous-
sière, jurant, â mais un peu tard â
qu'on ne l'y prendrait plus.
**â
Arton occupe à l'hôpital Saint-Louis
la chambre n- 2 du pavillon Gabriel.
Ce pavillon, qui est situé au milieu
d'un bouquet d'arbres et assez éloigné
des autres bâtiments, a abrité quelques
prisonniers de marque ; ne contenant
que des chambres séparées, la surveil-
lance des prisonniers devient des plus
faibles.
Arton est placé dans le service du doc-
teur Jacquet, remplaçant M. Ducastel;
il souffre depuis longtemps du diabète,
mais il n'est pas alité.
Surveillé constamment par deux
agents de la Sûreté, il suit ponctuelle-
ment le régime ordonné et il est proba-
ble que son séjour à Saint-Louis ne sera
que de courte durée.
***
L'heureux gagnant du gros lot ati der-
nier tirage des obligations de la Ville de
Paris (1876) est M. Gustave Girardot,
chef du service des mi*es en vente à la
librairie Ollendorff.
M. Gustave Girardot lisait les jour-
naux hier matin ; il fut frappé du rap-
prochement d'un des numéros sortis
avec celui d'un de3 titres qu'il possédait
et courut à son domicile pour vérifier le
fait. Assuré, dès lors, que son obligation
portait le numéro auquel était attribué
le lot de 100.000 francs, il se rendit à
l'Hôtel-de-Ville, pour plus de sûreté en-
core. On lui dit de repasser dans quinze
jours et qu'on lui verserait la somme de
96.016 fr. 60 en échange de son titre.
Après ce coup de fortune, M. Girardot
a demandé l'autorisation, qui lui a été
accordée, d'aller porter la bonne nou-
velle à sa famille, en Franche-Comté.
***
Une forte tête.
Le chapelier du prince de Bismarck,
établi à Francfort, vient, parait-il, de
déposer, dans la salle des dépêches de
la Gazette de Francfort, une curieuse
relique: c'est le i conformateur » qui se-
vait à mesurer la tête du chancelier pour
la confection de ses chapeaux... Et toute
la ville défile devant cet objet, qui va
devenir historique.
Le tour de tête du prince était, lors de
la confection de son dernier chapeau, de
92 centimètres, ce qui est un dimension
peu banale.
Il parait, d'après les documents du
chapelier, que ce tour-de-tète n'était que
de 59 centimètres 1[2, il y a trente ans.
Ce qui justifie bien l'avis de son em-
pereur Guillaume II : « Bismarck, en
vieillisant, devient de plus en plus en-
têté... >
NOUVELLE A LA MAIN
â Oui, mon bon, c'est comme ça;
deux mois après notre mariage, ma
femme n'avait plus de prévenances, de
gentillesses que pour son chien.
â C'est ce qu'on peut appeler les
coups de caniche dans le contrat !
CLEVELAND
HnHWiWB'FH 'mJ 't'.i K&33? G, Place da la Madeleine, jPar/a.
ANERIE
Le Figaro publie, sou3 la signature de M-
Cornély les lignes suivantes :
9 Puisque l'occasion s'en présente, je
veux, sans nommer personne, pour ne pas
faire de réclame, eontep un trait qui s'est
passé à la fin du mois dernier dans un lycée
ae Paris.
t L'aumônier avait dit aux candidats qui
se présentaient aux épreuves du baccalau-
réat :
â Si on mettait ses petites affaires de
conscience en ordre et si on demandait une
recommandation au Saint-Esprit, ça ne nui-
rait peut-être pas à l'examen.
« El il avait eu la satisfaction de voir les
quatorze rhétoriciens lés plu» c trapus »,
comme on dit en argot universitaire, suivre
ses conseils.
« D'ordinaire, en ce cas-là, par discrétion,
on donne la communion aux candidats
avant Ou après là messe du lycée.
c Cette fois-ci,d'eux-mêmes ils sont venus
trouver l'aumônier, disant :
â Ce que nous faisons est-il mal ? Non.
Alors nous le devons faire en public.
« Et tout le lycée a assisté à la communion
des candidats.
â N'est-ce pas que ce n'est pas mal ?
« Un surveillant général, qui est dans la
maison depuis trente-neuf ans, racontait
que c'était la première fois qu'il voyait pa-
reil spectacle; Or il n'en faut pas davantage
pour créer une tradition.
« Si vous voulez savoir où la chose s'est
passée, cherchez à l'est de Paris. »
Dans l'impossibilité où l'on est de douter
de M. Cornély, nous nous demandons com-
ment, à notre époque, se peuvent accomplir
des actes de pareil crétinisme.
Dés âneries de cette envergure sont épou-
vantables, en ce que l'on ne voit pas du tout
comment oà peut être assez niais pour at-
tendre du Saint-Esprit la science infuse !
Il est inadmissible, en tous cas, que les
lycées et collèges de l'Etat assument de pa-
reilles hontes!
LE CADASTRE
A l'occasion dê la publication du
6' fascicule des procès-verbaux de la
Commission extraparlementaire du
Cadastre, quelques correspondants
ont bien voulu me demander s'il était
de l'intèrêtde telle ou telle commune
de procéder à la réfection de son ca-
dastre â plans et matrices â en fai-
sant appel 5 la loi Boudenoot, loi qui
favorise, on le sait, cette réfection,
puisque l'Etat et le département vien-
nent très largement en aide à toute
commune qui réclame de nouveaux
plans et de nouvelles matrices cadas-
trales.
La réponse à pareille question n'est
pas précisément aisée. Et pourquoi?
Parce que si nous ae considérons le
cadastre qu'au point de vue fiscal,
au point de vue de la répartition de
l'impôt foncier â et je crois que plu-
sieurs de mes correspondants ne
volent pas autre chose dans le ca-
dastre â il est possible que la com-
mune A ait grand intérêt à réclamer
la réfection immédiate de ses matri-
ces cadastrales, alors que la com-
mune B agirait sagement, au con-
traire, en ne soulevant pas ce « liè-
vre ». Car de même que dans, une
commune, tel propriétaire foncier est
actuellement ménagé par rapport à
tel autre, de même pourrait-on dres-
ser la lista des communes qui, dans
tel département, sont ménagées par
rapport aux autres,
N'oublions pas, en outre, que les
Chambresâ désespérant, sans doute,
de voir aboutir les travaux de la com-
mission extraparlementaire du ca-
dastre â ont voté récemment une loi
en vertu de laquelle il devra être pro-
cédé, d'un bout a l'autre du terri-
toire, à de nouvelles évaluations ca-
dastrales, et cela sans attendre la
réfection des plans.
Si donc une commune est exclusi-
vement préoccupée d'une meilleure
répartition de l'impôt foncier, U sem-
ble qu'elle n'ait aucun intérêt à faire
appel à la loi Boudenoot, Pourquoi se
mettrait-elle martel en té'te ï Pour-
quoi ferait-elle appel aux géomètres ?
Pourquoi grèverait-elle son budget ?
Est-ce que l'Etat ne se chargera pas
tout seul de procéder à de nouvelles
évaluations de la propriété non bâtie,
comme il l'a déjà fait pour la pro-
priété bâtie ?
Mais ici, puisque je suis interrogé,
je dois répondre en conscience que la
loi sur la nouvelle évaluation de la
propriété non bâtie me parait inappli-
cable.
1 Tout au moins est-il permis de dire
que cette loi ne sera appliquée qu'au
prix des plus grandes difficultés.
Il s'agit, en effet, non pas d'évaluer
le revenu global des propriétés â ce
serait trop logique et trop simple â
mais de «descendre jusqu'à la parcelle»
et cela en partant du numérotage
des anciennes parcelles aujourd'hui
divisées. J'entrevois â surtout dans
les communes où le cadastre a par-
ticulièrement vieilli â des compli-
cations qui ne sont pas certainement
insurmontables, mais qui nécessite-
ront beaucoup de temps, beaucoup
d'argent, beaucoup de soins... On
parle bien de mettre messieurs les
percepteurs à la disposition des con-
trôleurs dos contributions directes...
Mais il y a percepteur et percepteur,
comme il y a fagot et fagot. Beaucoup
ne seront pas â la hauteur d'une tâche
à laquelle ils ne sont d'ailleurs nul-
lement préparés. Quant à la dépense,
elle est évaluée à 2S millions. C'est
déjà un joli denier. Comptons sur le
double, et nous approcherons de la
vérité.
Bref,pour les raisons qui précédent,
et pour d'autres encore qu'il serait
trop long de développer, j'éprouve
de la méfiance à l'endroit da cette loi
sur l'évaluation nouvelle de la pro-
priété non bâlie.
Et, alors, je ne puis honnêtement
conseiller aux communes,impatientes
d'une meilleure répartition de l'im-
pôt foncier,d'attendre les évaluations
en question.
Refaisons donc le cadastre complet
â plans et matrices â d'après la loi
Boudenoot ! Et commençons par les
communes, ou plutôt par les cantons
où le cadastre actuel est notoirement
insuffisant.
Mais U faut qu'il soit bien entendu
que, refaire ies plans dans le seul but
de refaire les matrices cadastrales,
ce serait folie pure.
Nous n'avons nul besoin, en effet,
pour établir un bon impôt foncier, du
mesurage rigoureux des parcelles.
S'il s'agit, en revanche, d'un ca-
dastre capable de rendre des servi-
ces aux cultivateurs, d'un cadastre
qui fera titre, par exemple, en «ma-
tière de limites, parce quo le levé du
plan aura été précédé d'une délimita-
tion juridique des propriétés ; s'il s'a-
git d'un cadastre établi sur un ré-
seau de bornes-repères destinées à
perpétuer les effets de la délimita-
tion, d'un cadastre pouvant se prêter
aux réformes à l'avenir. de l'établisse-
ment des Livres fonciers et d'un meil-
leur régime hypothécaire ; s'il s'agit,
enfin, d'un cadastre qui doive être
constamment tenu à jour, alors, oui :
cela vaut peut-être la peine de faire
appel à nos meilleurs géomètres.
Mais que de réserves à faire en ce
qui touche la marche des opérations,
les méthodes à suivre, lo personnel à
recruter, !e degré d'exactitude à obte-
nir, les prix de revient, etc., etc...
Sachons cepndant nous borner,en
attendant le bornage de nos proprié-
tés... Nous avons, d'ailleurs, du temps
devant nous pour reeauser de tout
cela.
I LIVRE D'EXPOSITION
Voici deux ans environ que l'Imprimerie
nationale s'occupe d'établir son t chef
d'oeuvre >, suivant l'expression en Usage
dans les anciennes corporations, en vue de
l'Exposition de 1900.
Le sujet a été des plus henreusement choi-
sis, car il correspond à ce qui est, on dehors
des services qu'elle est appelé à rendre aux
administrations centrales, la destination la
moins discutée du grand établissement de la
rue Vieille-du-Temple: ceile d'un véritable
Conservatoire de l'art typographique.
L'ouvrage entrepris est l'Histoire de l'im-
primerie en France aux XV''e(XVI. siècles.
Le soin d'en réunir l^e éléments a été
confié à M. Claudin, le libraire érudit qui
ne s'est pas borné à étudier de près et à dé-
crire avec sagacité les livres rares que son
commerce a fait passer à foison par ses
mains. M. Caludin est un grand coureur de
dépôts publics da la province et de l'étran-
ger, un fureteur des grandes collections pri-
vées. Après s'être occupé avec un soin parti-
culier des impressions lyonnaises. Il a pu- |
blié successivement des notices qui font au-
torité sur les débuts de l'imprimerie dans la
plupart de nos villes Importantes.
Il a depuis longtemps distingué, classé, les
caractères si variés, employés par les pre-
miers imprimeurs. Il a relevé, avec patience, |
les plus beaux échantillons de ces belles
â¢figures sur bois, de ces bordures, de ces let-
tres ornées, et d'abord peintes, qui ont com-
me transporté dans cette invention nouvelle
de la reproduction par la presse, le gout d'or-
nementation des manuscrit» à miniatures.
La direction do l'Imprimerie nationale ne
pouvait s'adresser à un homme plus informé
pour lui procurer, en peu de temps, les fac-
similé des xylographies lea plus caractéris-
tiques, des titres des ouvrages les pins pré-
cieux et les plus célèbres dans l'histoire bi-
bliographique, des marques successives des
imprimeurs et des libraires, etc.
L'illustration du livre sera donc très abon-
dante et entièrement faite des reproductions
par l'héliogravure de pages notables de li-
vres anciens. Un fascicule spécimen vient
d'être établi, et donne l'idée la plus avanta-
geuse de ce que sera la somptuosité de l'en-
semble. L'établissement n'a eu d'ailleurs
qu'à puiser dans ses réserves pour harmoni-
ser l'aspect du texte avec l1 archaïsme de la
partie artistique. C'est ainsi quo l'introduc-
tion a été composée avec ces caractères im-
posants qui datent de la création même de
(Imprimerie royale, dont les matrices ont
été religieusement conservées et qui sont bien,
connues de tous les amateurs.
Nul doute qu'avec un livre ainsi établi,
notre imprimerie d'Etat ne fasse bonne fi-
gure à l'Exposition du siècle. Cela me sem-
ble dana tous les cas une conception plus
ingénieuse et un effort plus méritoire que
l'idée pat- trop simple qui avait consisté,
pour les dernières expositions, à réimpri-
mer du Molière ou du Michelet, d'après des
éditions déjà parfaitement établies» et sans
y ajouter rien de plus notable que ta petite
barre qui marque leB l fondues dans l'an-
cien Palais-Cardinal.
Ce sera au moins, cette fois, un véritable
livre d'exposition, qui deviendra, par sur-
croît, une aubaine appréciée des érudits ut
des bibliophiles.
Le Fait du Jour
L'Amérique, chacun sait çâ. est ïe pays
des merveilles. Chacun sait aussi que nulle
aube ne se lève sans apporter avec elle à
l'Amérique privilégiée une mirobolante
déco uverte.
Pour aujourd'hui, la nouvelle est plus
étonnante que la télégraphie sans fils et que
le phonographe, voire le téléphone photo
grape dont Édison poursuit Ja réalisation.
La recette est simple. Vous prenez de
l'eau de mer (de l'Océan Pacifique de pré-
férence). Vous faites évaporer au soleil ou
par la chaleur. Vous traitez par un réactif
chimique et vous avez? La fortune, tout
simplement sous forme d'or et d'argent !
Voilà ce que le câble nous apporte
d'Amérique. La recette est simple vous
voyez et la fortune est maintenant à la por-
tée de toutes les bourses.
Les aventuriers que pouvait tenter le
Klondyke sont d dûment avertis- Nui besoin
d'aller jusqu'au itn fond de l'Alaska: ils
trouveront d ans les environs de San-Fran-
cisço tout l'or convoité en prenant des bains
de mer !
Voilà le comble dit petit trou pas cher \
mats ce n'est pas tout. Vous savez que les
Etats-Unis sont divisés en deux camps : les
partisans de l'argent et les partisans de
l'or, Eb. bien! la découverte nouvelle est si
merveilleuse qu'elle ne change rien â l'état
présent. Avec une partie d'or, on trouve
deux parties d'argent i En sorte que mono-
métallistes et bimétallistes, foules choses
restant êg u les d'ailleurs, continuent à
pouvoir se battre à leur aise comme par le
passé.
Avouez que ciest là une chose merveil-
leuse !
Mais ce qui est plus merveilleux encore,
c'est que les Océans sont des mines si ri-
ches en métaux précieux que, paraît-il, la
production va augmenter dans des propor-
tions fantastiques. Si bien que les piles
d'or qui forment les millions de M. de
Rotchschild, ne va udront, sous peu, guère
plus que des piles de gros sous I
Et voilà comment en un plomb vil, cet or
se changera.
Et comment bientôt s'établira sans doute
l'égalité des conditions. O merveille !
àwM photogaphiques
ELECTRO â AUTOMATIQUES
Parmi lea merveilles et les clous de
toutes espèces qui doivent attirer des
différents points du globe des visiteurs
à l'Exposition de 1900, la photographie
nous réserve, parait-il, d'Intéressantes
surprises.
Au milieu d'une foule d'instruments
ingénieusement conçus et exécutés avec
ce soin qui distingue la fabrication fran-
çaise, nous verrons fonctionner des ap-
pareils de photographie dite automati-
que, quelque chose de semblable à ces
distributeurs qui, en échange d'une pièce
de monnaie déposée dans leurs tlancs,
vous donnent un objet quelconque, gé-
néralement de consommation.
Un grand nombre de mécaniciens ont
cherché i résoudre le problème difficile
de la photographie automatique. Malheu-
reusement, leurs efforts sont demeurés
stériles en présence de la multiplicité
des opérations et do la quantité d'orga-
nes mécaniques qu'elles nécessitent.
L'idée d'employer l'électricité comme
moteur a permis de surmonter toutes
les difficultés et de mener à bien les
nombreuses manipulations qu'exige uno
photographie.
C'est à il. Enjalbert, Ingénieur élec-
tricien, que revient la priorité de cette
invention, et c'est ce qui me fait choisir
son appareil pour en essayer la descrip-
tion.
Son automate ressemble, extérieure-
ment, à ces balancesautomatiques qu'on
rencontre un peu partout.
A la place au cadran indicateur des
poids, se trouve un objectif photographi-
que au-dessus duquel sont disposes trois
cadrans parcourus par des aiguilles qui
indiquent constamment les opérations
qui s'exécutent à l'intérieur de l'appa-
reil. A droite de l'objectif est une ouver-
ture destinée à recevoir la pièce de mon-
naie. à gauche se voit une plaquette dont
la fonction est tout indiquée par l'ins-
cription qu'elle porte : « Fixes ce point
pendant la pose ».
I.cs épreuves fournies par l'appareil
sont sur plaques de tôles dites ferrotypes
au collodion humide.
Passons à la mise en marche.
Après avoir laissé tomber uno pièce do
monnaie à l'endroit indiqué, ou se place
devant l'objectif suivant les instructions
fournies par les aiguilles qui tournent
sur les cadrans, line sonnerie électrique
se fait entandrue pendant toute la durée
des opérations.
La pièce de monnaie, on tombant dans
la caisse do l'appareil, fait basculer le
levier d'un commutateur qui met en cir-
cuit le moteur électrique. Ce dernier
entre en action et la pièce reste sur le
commutateur pendant toute l'opération
en maintenant la fermeture du circuit,
d'où continuation du mouvement.
L'intérieur de l'appareil ost divisé en
trois cases dans lesquelles s'effectuent
le collodionnage, la sensibilisation de la
plaque, sou exposition, Bon dévelop
pement, son fixage et le lavage final.
Tout le mécanisme contenu dans ces
trois cases est actionné au moyen d une
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "PACA1"La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k824928q/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k824928q/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k824928q/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k824928q/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k824928q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k824928q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k824928q/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest