Titre : L'Artiste messin : journal hebdomadaire ["puis" arts, littérature, critique, théâtre]
Éditeur : [s.n.] (Metz)
Date d'édition : 1865-11-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32702932f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 novembre 1865 19 novembre 1865
Description : 1865/11/19 (A6,N25). 1865/11/19 (A6,N25).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG57 Collection numérique : BIPFPIG57
Description : Collection numérique : Presse mosellane Collection numérique : Presse mosellane
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k82393564
Source : Bibliothèques-Médiathèques de Metz, A 327
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/07/2022
FETE DE SAINTE-CECILE.
Mercredi prochain, 22 novembre, la Société de
Ste-Cécile célébrera par une messe en musique,
en l’église Notre-Dame, le 11* anniversaire de sa
fondation et la fête de sa patronne.
La quête sera faite par Mme de Bouteiller, au
profit de la caisse de secours de l’Assôeiation des
Artistes musiciens de France.
Les morceaux suivants seront exécutés pendant la
messe.
Kyrie, Gloria et Credo (messe d’A.' Ehvart). —
Sanctus (lre messe de J. Baudot). — A gnu» Dei,
(Mozart) chanté par M’lc P... — A VElévation, Solo
de violon avec accompagnement d’orgue, (Jonvaux).
exécuté par MM. Jonvaux et Printz — Entrée, Offer
toire et Sortie exécutés par M. Printz.
Musique de Chambre
Le programme de la séance de musique de
chambre, annoncée pour le lundi 27 novembre
courant, dans les salons de l’hôtel de ville, est
composé de la manière la plus heureuse par les
célèbres artistes exécutants. Ils joueront les mor
ceaux suivants :
Mozart. — 9’ quatuor en fa.
Beethoven. — 9e quatuor en ut.
Beethoven. — Sérénade.
A partir de lundi prochain, 20 novembre, jus
qu’au 23 on pourra se procurer des billets, chez
M. Frantz, marchand de musique, rue du Palais.
— Places réservées et numérotées, 3 fr.— Places
ordinaires, 3 fr.
BULLETIN ARTISTIQUE.
Pendant l’exposition universelle de 1867, il pa
raîtra à Paris, au moins une fois par semaine,une
feuille écrite en français, en allemand, en italien
et en anglais, sous ce titre : Moniteur polyglotte
des Exposants. L’idée de cette publication est
exclusivement privée.
— M. Aurélien Scholl se livre, dans le Nain
jaune, à d’intéressants calculs sur le prix de
revient des roulades de nos principaux artistes
lyriques. Depuis 11 mois, Gueymard a coûté par
représentation, à l’administration de l’Opéra,
4,047 francs, Mme Gueymard 1,330 francs, Faure,
1,600 francs, Niemann, engagé spécialement pour
le Tannhauser, à raison de 46,000 francs par an,
et n’ayant chanté que trois fois, a coûté 15,333 fr.
13 centimes par soirée.
— Un nouveau journal va paraître. Il sera
intitulé : la Charge, et fera concurrence au
Charivari.
M. — Sainte-Beuve a abandonne à la veuve et
aux enfants de Proudhon ses droits d’auteur sur
l’intéressant travail qu’il consacre au célèbre
écrivain. Les éditeurs du futur livre, MM. Gar
nier, se sont joints à M. Sainte Beuve dans cet
acte de délicate bienfaisance.
— Il est question d’engager la Patti à l’Opéra
Comique pour créer le rôle de Fior d’Aliza dans
1 opéra de M. de Lamartine et de Victor Massé ;
mais la négociation a échoué. On raconte que la
célèbre cantatrice vient d’offrir à l’Impératrice
un album contenant 24 photographies , dans les
quelles elle est représentée sous 24 physiono
mies différentes dans le rôle de Marguerite, de
Faust, qui était son rôle de prédilection à Londres.
L’Impératrice aurait envoyé, en retour, une char
mante parure en brillants à la Patti.
— Le petit village de Romainville vient de
donner un exemple dont maintes villes de pro
vince pourraient bien profiter.
Comme les revenus du théâtre ne permettaient
pas à une entreprise de fonctionner régulière
ment, ses habitants ont ouvert une souscription
destinée à subventionner la direction, à la tète de
laquelle ils ont appelé un homme d’une intelli
gence et d’une expérience éprouvée. M. Quinchez,
ancien régisseur au Théâtre-Lyrique.
— On annonce la mort de M. Victor Leclerc,
le savant doyen de la Faculté des lettres de Paris,
membre de l’Académie des inscriptions et belles-
lettres. M. Leclerc a succombé à la douloureuse
maladie qui depuis quelques jours ne laissait
presque plus d’espoir. L’érudition française et la
littérature savante perdent en lui un de leurs re
présentants les plus éminents.
—On annonce la mort de Philippe Dumanoir,
l’un de nos plus charmants écrivains dramatiques.
Il a succombé, assure-t-on , à une maladie de
langueur. Dumanoir n’avait pas 60 ans. Il a écrit
seul ou en collaboration avec nos auteurs les plus
estimés, près de 200 pièces, dont quelques-unes
resteront comme peintures curieuses de certains
travers de notre temps. Dumanoir était un enfant
de nos colonies. Il était né à la Guadeloupe et
était venu en France, de très bonne heure.
MODES DU JOUR
On connaît la tentative de quelques dames
parisiennes qui servent peut-être de paravent à
quelques chapeliers, pour introduire la mode des
chapeaux tricornes.
Ce n’était pas assez du tricorne lampion que
plusieurs d’entre elles arborent avec la crànerie
d’un soldat aux gardes ; il s’agirait aujourd’hui
de bien autre chose : nous voulons parler du
poignard porté à la jarretière. Un armurier du
boulevard exhibe, dit-on , des poignards desti
nés à cet usage spécial. Est-ce pour satisfaire à
la mode, ou ne serait-ce pas plutôt pour la faire
naître? Nous l’ignorons. Tout ce que nous pou
vons dire, c’est que des poignards à certaines
jarretières, c’est plus que du luxe.
Il parait qu’une partie de notre élégant public
masculin n’entend pas être en reste d’excentricité,
car il y est question de revenir à l’usage des
bottes par dessus le pantalon pour les sorties du
matin à pied ou à cheval.
Une autre préoccupation non moins grave de
quelques tètes aristocratiques est de faire rentrer
dorénavant les couleurs de la livrée de ses gens
dans celles des armoiries de la famille, partie
trop négligée jusqu’ici du costume de la domes
ticité des bonnes maisons. Le Sport donne à ce
sujet quelques détails d’un puissant intérêt et
que je regrette, vu leur longueur, de ne pouvoir
transcrire en entier. Qu’il vous suffise de savoir
que, d après les règles héraldiques, le gilet du
laquais doit être de la même couleur que le
champ de Vécu du maître, et la culotte de la
même couleur que la pièce principale de Vécu.
Cela promet des costumes bariolés à faire envie
aux oiseaux des tropiques.
La mort de M. Dupin laisse un fauteil vacant
à l’Académie. Le steeple-ehase des aspirants va
commencer. C’est peut-être ici le cas de rappeler
à nos lecteurs la boutade suivante :
La visite académique.
Pour entrer à l’Académie,
Un candidat allait trottant,
En habit de cérémonie ;
De porte en porte visitant,
Sollicitant et récitant
Une banale litanie.
Demi-modeste, en mots choisis ;
Il arrive enfin au logis
D’un doyen de la compagnie.
11 monte, il frappe à petits coups.
— Hé, monsieur, que demandez-vous?
Lui dit une bonne servante,
Qui tout en larmes se présente.
— Pourrai-je bien avoir 1 honneur
De dire deux mots à monsieur ?
— Las ! quand il vient de rendre l'âme?
.— Il est mort ? — Vous pouvez d ici,
Entendre les cris de madame ;
Il ne souffre plus, Dieu merci !
— Ah ! bon Dieu ! je suis tout saisi ! ..
Ce cher !... Ma douleur est si forte !
Le candidat, parlant ainsi,
Referme doucement la porte,
Et sur 1 escalier dit : Je vois
Que l'affaire change de face ;
Je venais demander sa voix,
Je m’eu vais demander sa place.
CHRONIQUE PARISIENNE
Il faut avouer que notre époque soumet le
peu de bon sens que chacun de nous est censé
posséder à des épreuves vraiment bizarres.
Depuis un an, on nous tympanise avec le
FEUILLETON.
UH HOME INVISIBLE
Je me trouvais dernièrement dans une maison
où l’on parlait d’esprits, de magnétisme et de
sorcellerie. C’est un des sujets de conversation
les plus attachants que Von puisse traiter entre
minuit et une heure du matin. L’assemblée était
partagée en deux camps, comme à l'ordinaire:
ceux qui croyaient et ceux qui ne croyaient pas,
et les uns et les autres étaient au plus fort de
leur dispute, quand le docteur Cl..., qui jusque-
là avait gardé le silence, nous dit :
— Il y a bien des choses inexplicables dans ce
monde. Moi qui vous parle, j’ai été invisible
pendant une journée.
Tout le monde se retourna vers le docteur Cl...,
qui avait tiré le coup de pistolet avec un calme
parfait, sans avoir l’air d’y toucher.
Le docteur Cl... est très-distinguc dans son
art. Il a vu beaucoup d’hommes et de choses, et
ne passe pas pour un homme chimérique. L’ex
pression de sa physionomie est plutôt l’ironie
que la naïveté ; en ce moment, elle reflétait une
conviction bien établie.
— J’ai été invisible toute une journée, répéta-
t-il, en plein midi, sur les boulevards. Cela est
d’autant plus étonnant, je l’avoue, qu’en général
les puissances occultes ne s’attaquent pas aux
médecins ; c’est pourtant la vérité. Vouiez-vous
que je vous raconte mon histoire ?
On ne demandait pas mieux, et il commença
de la sorte :
— Il y a une trentaine d années, j’en avais
vingt-huit, je venais d’ètre reçu docteur. Les
soins de ma clientèle me laissaient beaucoup de
temps, que j’employais au plaisir et au travail
avec une égale ardeur, ce qui est absurde. 11 ne
faut pas brûler la chandelle par les deux bouts,
mais bien les allumer l’un après Vautre. Bref,
je me couchais toujours très-tard, et je faisais
souvent la grasse matinée.
Le 27 décembre 1836, vers sept heures trois
quarts du matin, je fus réveillé par un violent
eoup de sonnette, et avant que j’eusse eu le temps
de rassembler mes idées, mon domestique intro
duisit dans ma chambre un petit homme bancal,
tenant sous son bras un paquet enveloppé de
serge verte, dans lequel je reconnus Anâcharsis
Kurtz, mon bottier. Pendant qu’il mettait de la
poudre dans une paire de bottes, accroupi sur le
parquet, je le regardais,, assis sur mon séant,
d'un air aussi hébété que furieux, tente de sau
ter en bas du lit pour le mettre à la porte, et
cloué à ma place par une torpeur invincible,
car il y avait à peine deux heures que je m’étais
couché.
Il faut croire que le besoin de sommeil fut le
plus fort, et qu’Anarcharsis partit sans que je
m’eu aperçusse ; ce qui est certain, c’est qu’en
me réveillant pour de bon, vers onze heures, je
constatai qu'il n’était plus là Sans la paire de
bottes neuves qui brillait au soleil, j’aurais pu
croire que j’avais fait un rêve.
Je me levai bien dispos , la tète partaitenent
libre, et deux lettres qui m’arrivèrent en même
temps donnèrent un tout autre cours à mes idées.
L’une était de Dupuytren, qui voulait bien s’in
téresser à moi: il m’annonçait qu’un riche ban
quier, le marquis de V..., était disposé à me
confier son fils pour le conduire en Orient : il
m’engageait à aller le voir, et me conseillait de
me faire faire un pont d’or pour me dédomma
ger des pertes que je subirais en abandonnant
mes malades. Malgré cette amère raillerie, la
lettre de Dupuytren me fit sauter de joie, et je
m’habillai à la hâte pour aller rendre visite au
marquis de V....
La seconde lettre était une invitation a diner
Mercredi prochain, 22 novembre, la Société de
Ste-Cécile célébrera par une messe en musique,
en l’église Notre-Dame, le 11* anniversaire de sa
fondation et la fête de sa patronne.
La quête sera faite par Mme de Bouteiller, au
profit de la caisse de secours de l’Assôeiation des
Artistes musiciens de France.
Les morceaux suivants seront exécutés pendant la
messe.
Kyrie, Gloria et Credo (messe d’A.' Ehvart). —
Sanctus (lre messe de J. Baudot). — A gnu» Dei,
(Mozart) chanté par M’lc P... — A VElévation, Solo
de violon avec accompagnement d’orgue, (Jonvaux).
exécuté par MM. Jonvaux et Printz — Entrée, Offer
toire et Sortie exécutés par M. Printz.
Musique de Chambre
Le programme de la séance de musique de
chambre, annoncée pour le lundi 27 novembre
courant, dans les salons de l’hôtel de ville, est
composé de la manière la plus heureuse par les
célèbres artistes exécutants. Ils joueront les mor
ceaux suivants :
Mozart. — 9’ quatuor en fa.
Beethoven. — 9e quatuor en ut.
Beethoven. — Sérénade.
A partir de lundi prochain, 20 novembre, jus
qu’au 23 on pourra se procurer des billets, chez
M. Frantz, marchand de musique, rue du Palais.
— Places réservées et numérotées, 3 fr.— Places
ordinaires, 3 fr.
BULLETIN ARTISTIQUE.
Pendant l’exposition universelle de 1867, il pa
raîtra à Paris, au moins une fois par semaine,une
feuille écrite en français, en allemand, en italien
et en anglais, sous ce titre : Moniteur polyglotte
des Exposants. L’idée de cette publication est
exclusivement privée.
— M. Aurélien Scholl se livre, dans le Nain
jaune, à d’intéressants calculs sur le prix de
revient des roulades de nos principaux artistes
lyriques. Depuis 11 mois, Gueymard a coûté par
représentation, à l’administration de l’Opéra,
4,047 francs, Mme Gueymard 1,330 francs, Faure,
1,600 francs, Niemann, engagé spécialement pour
le Tannhauser, à raison de 46,000 francs par an,
et n’ayant chanté que trois fois, a coûté 15,333 fr.
13 centimes par soirée.
— Un nouveau journal va paraître. Il sera
intitulé : la Charge, et fera concurrence au
Charivari.
M. — Sainte-Beuve a abandonne à la veuve et
aux enfants de Proudhon ses droits d’auteur sur
l’intéressant travail qu’il consacre au célèbre
écrivain. Les éditeurs du futur livre, MM. Gar
nier, se sont joints à M. Sainte Beuve dans cet
acte de délicate bienfaisance.
— Il est question d’engager la Patti à l’Opéra
Comique pour créer le rôle de Fior d’Aliza dans
1 opéra de M. de Lamartine et de Victor Massé ;
mais la négociation a échoué. On raconte que la
célèbre cantatrice vient d’offrir à l’Impératrice
un album contenant 24 photographies , dans les
quelles elle est représentée sous 24 physiono
mies différentes dans le rôle de Marguerite, de
Faust, qui était son rôle de prédilection à Londres.
L’Impératrice aurait envoyé, en retour, une char
mante parure en brillants à la Patti.
— Le petit village de Romainville vient de
donner un exemple dont maintes villes de pro
vince pourraient bien profiter.
Comme les revenus du théâtre ne permettaient
pas à une entreprise de fonctionner régulière
ment, ses habitants ont ouvert une souscription
destinée à subventionner la direction, à la tète de
laquelle ils ont appelé un homme d’une intelli
gence et d’une expérience éprouvée. M. Quinchez,
ancien régisseur au Théâtre-Lyrique.
— On annonce la mort de M. Victor Leclerc,
le savant doyen de la Faculté des lettres de Paris,
membre de l’Académie des inscriptions et belles-
lettres. M. Leclerc a succombé à la douloureuse
maladie qui depuis quelques jours ne laissait
presque plus d’espoir. L’érudition française et la
littérature savante perdent en lui un de leurs re
présentants les plus éminents.
—On annonce la mort de Philippe Dumanoir,
l’un de nos plus charmants écrivains dramatiques.
Il a succombé, assure-t-on , à une maladie de
langueur. Dumanoir n’avait pas 60 ans. Il a écrit
seul ou en collaboration avec nos auteurs les plus
estimés, près de 200 pièces, dont quelques-unes
resteront comme peintures curieuses de certains
travers de notre temps. Dumanoir était un enfant
de nos colonies. Il était né à la Guadeloupe et
était venu en France, de très bonne heure.
MODES DU JOUR
On connaît la tentative de quelques dames
parisiennes qui servent peut-être de paravent à
quelques chapeliers, pour introduire la mode des
chapeaux tricornes.
Ce n’était pas assez du tricorne lampion que
plusieurs d’entre elles arborent avec la crànerie
d’un soldat aux gardes ; il s’agirait aujourd’hui
de bien autre chose : nous voulons parler du
poignard porté à la jarretière. Un armurier du
boulevard exhibe, dit-on , des poignards desti
nés à cet usage spécial. Est-ce pour satisfaire à
la mode, ou ne serait-ce pas plutôt pour la faire
naître? Nous l’ignorons. Tout ce que nous pou
vons dire, c’est que des poignards à certaines
jarretières, c’est plus que du luxe.
Il parait qu’une partie de notre élégant public
masculin n’entend pas être en reste d’excentricité,
car il y est question de revenir à l’usage des
bottes par dessus le pantalon pour les sorties du
matin à pied ou à cheval.
Une autre préoccupation non moins grave de
quelques tètes aristocratiques est de faire rentrer
dorénavant les couleurs de la livrée de ses gens
dans celles des armoiries de la famille, partie
trop négligée jusqu’ici du costume de la domes
ticité des bonnes maisons. Le Sport donne à ce
sujet quelques détails d’un puissant intérêt et
que je regrette, vu leur longueur, de ne pouvoir
transcrire en entier. Qu’il vous suffise de savoir
que, d après les règles héraldiques, le gilet du
laquais doit être de la même couleur que le
champ de Vécu du maître, et la culotte de la
même couleur que la pièce principale de Vécu.
Cela promet des costumes bariolés à faire envie
aux oiseaux des tropiques.
La mort de M. Dupin laisse un fauteil vacant
à l’Académie. Le steeple-ehase des aspirants va
commencer. C’est peut-être ici le cas de rappeler
à nos lecteurs la boutade suivante :
La visite académique.
Pour entrer à l’Académie,
Un candidat allait trottant,
En habit de cérémonie ;
De porte en porte visitant,
Sollicitant et récitant
Une banale litanie.
Demi-modeste, en mots choisis ;
Il arrive enfin au logis
D’un doyen de la compagnie.
11 monte, il frappe à petits coups.
— Hé, monsieur, que demandez-vous?
Lui dit une bonne servante,
Qui tout en larmes se présente.
— Pourrai-je bien avoir 1 honneur
De dire deux mots à monsieur ?
— Las ! quand il vient de rendre l'âme?
.— Il est mort ? — Vous pouvez d ici,
Entendre les cris de madame ;
Il ne souffre plus, Dieu merci !
— Ah ! bon Dieu ! je suis tout saisi ! ..
Ce cher !... Ma douleur est si forte !
Le candidat, parlant ainsi,
Referme doucement la porte,
Et sur 1 escalier dit : Je vois
Que l'affaire change de face ;
Je venais demander sa voix,
Je m’eu vais demander sa place.
CHRONIQUE PARISIENNE
Il faut avouer que notre époque soumet le
peu de bon sens que chacun de nous est censé
posséder à des épreuves vraiment bizarres.
Depuis un an, on nous tympanise avec le
FEUILLETON.
UH HOME INVISIBLE
Je me trouvais dernièrement dans une maison
où l’on parlait d’esprits, de magnétisme et de
sorcellerie. C’est un des sujets de conversation
les plus attachants que Von puisse traiter entre
minuit et une heure du matin. L’assemblée était
partagée en deux camps, comme à l'ordinaire:
ceux qui croyaient et ceux qui ne croyaient pas,
et les uns et les autres étaient au plus fort de
leur dispute, quand le docteur Cl..., qui jusque-
là avait gardé le silence, nous dit :
— Il y a bien des choses inexplicables dans ce
monde. Moi qui vous parle, j’ai été invisible
pendant une journée.
Tout le monde se retourna vers le docteur Cl...,
qui avait tiré le coup de pistolet avec un calme
parfait, sans avoir l’air d’y toucher.
Le docteur Cl... est très-distinguc dans son
art. Il a vu beaucoup d’hommes et de choses, et
ne passe pas pour un homme chimérique. L’ex
pression de sa physionomie est plutôt l’ironie
que la naïveté ; en ce moment, elle reflétait une
conviction bien établie.
— J’ai été invisible toute une journée, répéta-
t-il, en plein midi, sur les boulevards. Cela est
d’autant plus étonnant, je l’avoue, qu’en général
les puissances occultes ne s’attaquent pas aux
médecins ; c’est pourtant la vérité. Vouiez-vous
que je vous raconte mon histoire ?
On ne demandait pas mieux, et il commença
de la sorte :
— Il y a une trentaine d années, j’en avais
vingt-huit, je venais d’ètre reçu docteur. Les
soins de ma clientèle me laissaient beaucoup de
temps, que j’employais au plaisir et au travail
avec une égale ardeur, ce qui est absurde. 11 ne
faut pas brûler la chandelle par les deux bouts,
mais bien les allumer l’un après Vautre. Bref,
je me couchais toujours très-tard, et je faisais
souvent la grasse matinée.
Le 27 décembre 1836, vers sept heures trois
quarts du matin, je fus réveillé par un violent
eoup de sonnette, et avant que j’eusse eu le temps
de rassembler mes idées, mon domestique intro
duisit dans ma chambre un petit homme bancal,
tenant sous son bras un paquet enveloppé de
serge verte, dans lequel je reconnus Anâcharsis
Kurtz, mon bottier. Pendant qu’il mettait de la
poudre dans une paire de bottes, accroupi sur le
parquet, je le regardais,, assis sur mon séant,
d'un air aussi hébété que furieux, tente de sau
ter en bas du lit pour le mettre à la porte, et
cloué à ma place par une torpeur invincible,
car il y avait à peine deux heures que je m’étais
couché.
Il faut croire que le besoin de sommeil fut le
plus fort, et qu’Anarcharsis partit sans que je
m’eu aperçusse ; ce qui est certain, c’est qu’en
me réveillant pour de bon, vers onze heures, je
constatai qu'il n’était plus là Sans la paire de
bottes neuves qui brillait au soleil, j’aurais pu
croire que j’avais fait un rêve.
Je me levai bien dispos , la tète partaitenent
libre, et deux lettres qui m’arrivèrent en même
temps donnèrent un tout autre cours à mes idées.
L’une était de Dupuytren, qui voulait bien s’in
téresser à moi: il m’annonçait qu’un riche ban
quier, le marquis de V..., était disposé à me
confier son fils pour le conduire en Orient : il
m’engageait à aller le voir, et me conseillait de
me faire faire un pont d’or pour me dédomma
ger des pertes que je subirais en abandonnant
mes malades. Malgré cette amère raillerie, la
lettre de Dupuytren me fit sauter de joie, et je
m’habillai à la hâte pour aller rendre visite au
marquis de V....
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