Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-03-24
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mars 1895 24 mars 1895
Description : 1895/03/24 (Numéro 5811). 1895/03/24 (Numéro 5811).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
Seizième année, â N* 5,8 t l
Dimanche 24 Mars 1895
5 Centimes
Le numéro
â PABIS ET DÉPAR'IfJiEflTS â
LA JUSTICE
5â¬entimes
Le Huméro
â PARIS ET DÉPARTEMENTS â.
BUREAUX DU JOURNAL : 24, Ru» Chsuchat
Les Annonces sont reçues an Bureau du Journal
POOB LA RÉDACTION S'ADRESSHR A M. A. MANIÈRE
Secrétaire de la Rédaction.
Rédacteur en chef: G. CLEMENCEAU
rail DB L1 ABOtVlESfSKT t
Paris : 3 «ois, 5 fr. â 6 mois, 9ir. â Un an, 18 fr.
Départ' et A Ujém : 3 mois, «fr. â 6 mois, 11 fr. â Un an, 20 fr»
Union postale : 3 mois, 10 fr. â 6 mois, 18 fr. â Un an, 35 fr.
ADRESSER LETTRES ET MANDATS A IW. E. ROBUTTE
A dminlstrateur.
MI-CARÊME
Paris s'est mis en fête pour sa Mi-
Carème. Le boulevard n'a pas vu de
plus beau carnaval. Les journaux di-
sent les chars, les mascarades, les
fanfares, le spectacle tapageur,
tout ec dont le Parisien s'ébahit
Les costumes excentriques, le
dévergondage d'imagination de la
jeunesse, la satire de l'autorité
existante, le scintillement dans l'air
chaud du printemps d'une pluie
d'étoiles filantes, blanches, rouges,
bleues, vertes, ou dorées palpitant
au ras du sol, ou papillonnant sur
la foule, les poches de confetti se
vidant subitement du haut d'un
balcon, éclatant tout 6 coup dans le
ciel en gerbes d'étincelles, les vio-
lentes fusées des serpentins qui s'é-
lancent rayant l'air de mille flam-
mes colorées dont les jets s'entre-
croisent en folles sarabandes, com-
me de mille arc-en-ciel dont les
cou leurs se seraient toutà coup sépa-
ri.es pour se livrer entre elles une
bataille de folie, voilà ce qui fait
l'émerveillement de tous.
J'avoue que pour moi, qui mar-
chais tout vivant dans ce rêve étoilé,
il n'y avait pas de plus admirable
merveille que le bon parisien de
tout rang, bourgeois, commerçant,
ouvrier, échappé du bureau, de la
boutique ou de l'atelier pour jouir,
en spectateur et en acteur de
la grande, représentation popu-
laire.
Dans la nuit grise et tiède ,
jusqu'à deux heures du matin,
sous les fantastiques reflets de
l'électricité, une foule joyeuse,
mablement riante, promenait sa
belle humeur sur nos longs bou-
levards assourdis d'un épais
tapis de haute lisse aux poin-
tillés multicolores, entre deux ran-
gées d'arbres follement enruban-
nés, festonnés, pelotés de bande-
rolles flottantes, agitant au vent
toutes les lueurs du prisme enche-
vêtrées à plaisir. Sur la chaussée,
sur le moutonnement humain, dans
les cheveux, dans les barbes, dans
les nez, dans les oreilles, partout
une neige fleurie de printemps, qui
change, comme en un rêve,l'aspect
des hommes et des choses. Partout
dans l'air de petits feux-follets,
voletant parmi les longs serpentins
de flammes qui, rampant aux
troncs, s'accr chant aux bran-
ches, nous font des arbres de féerie :
de grands saules pleurant des cas-
cades de larmes bleuâtres, des
futaies de branchages raidis dans
une givre orangé, toutes les invrai-
semblances d'un détire de couleurs,
d'une fantasmagorie vivante de lu-
mièresubitement décomposée, sem-
ble-t-il, par le prisme inouï d'un as-
tre de cristal survenu tout à coup
dans les cieux.
Et dans ce décor de prodige, cette
Chose plus prodigieuse encore: des
hommes heureux. Oui des hommes,
des Français, race agitée, agitante,
des hommes de labeur, de soucis
incessants,échappés tout à coup de
la vie dure qui les guette au tour-
nant de demain, oubliant peine
passée, peine future et se précipi-
tant tète baissée dans la joie désor-
donnée de vivre. Pourquoi 1 Pour
rien. Pour le plaisir d'être heureux
an jour, une heure entre deux an-
goisses, entre deux sanglots.
Un étranger brusquement survenu
des antipodes se fût imaginé peut-
être que ce peuple fêtait quelqu'une
de ces aventures miraculeuses qui
font des dates inoubliables dans
l'histoire des nations. Pas du tout,
ces joyeux compagnons, hommes
robustes, jeunes femmes, en-
fants, vieillards, ne fêtaient rien
qu eux-mêmes. Et vraiment, je me
demande si l'homme fêta jamais
antre chose. Fêtes du roi, prise de
la Bastille, .souvenirs révolutionnai-
res,actes religieux, ou carnaval des
blanchisseuses, qu'est-ce que tout
cela recouvre au fond sinon la brève
lueur d une trève de paix dans la ba-
taille de la vie? Le penseur, absurde,
prêtre, philosophe ou politique, se
croyant maître de la foule, prétend
l'alimenter de sentiments, d'idées
qui l'exaltent dans une communion
surhumaine des êmes enivrées
d'idéal. Fête ton roi, dî» le
maître; fête ton Dieu, dit le pon-
tife ; fête ta liberté, dit le gouverne-
ment ; et l'homme fêtant, fête en ap-
parence, tout ce qu'on voudra, sa-
chant bien, tout au fond de son
coeur qu'il ne fête rien que lui-
même.
Ge qu'il lui faut, c'est la détente.
Le prétexte n'importe pas. Cher-
chez-les aujourd'hui ces gens qui
hier affolaient la rue du désordre
de leur exubérance. Où sont-ils à
cette heure? Courbés sur le travail,
silencieux, méditatifs, anxieux de
la minute qui vient. C'était hier ainsi.
Demain ce sera tout de même.Et c'est
pour rompre cette tension prolon-
gée d'un effort sans relâche, cette
crampe de vie contractée, que toute
occasion leur est bonne pour s'ar-
racher à la monotone fatigue de
labeur, coupée des souffrances sans
nombre où se perdent les courtes
joies.
Au théâtre l'homme se repose de
l'action de la vie, par le plaisir
de n'être plus que spectateur de
drames où son émotion désinté-
ressée peut se dépenser sans
douleur. Dans la fêle populaire, la
passion du spectateur et de l'acteur
se confondent, et, tout le mal de
l'existence écarté pour une heu-
re, la pleine joie flambante illu-
mine d'un éclair de bonheur elles
sombres jours qui précèdent et les
sombres jours qui suivront. Voilà le
grand secret de ces fêtes, voilà ce
que j'aperçois dans la Mi-Carême
de Paris, telle que je l'ai vue hier.
L'envie me prenait parfois,
d'arrêter au hasard un de ces
hommes heureux, et de lui deman-
der confidentiellement la raison de
son bonheur. Et puis je réfléchis
que, sincère, il m'aurait simplement
répondu : « je me réjouis, pour me
réjouir, parce que j'ai besoin d'être
heureux, et que la vie m'a donné
congé pour tout un jour. » Quelle
meilleure raison trouver, et quelle ré-
ponse plus décisive? Être heureux,
est-ce autre chose que de croire
qu'on tient le bonheur ? Combien
d'êtres ne doivent la félicité de leur
vie qu'aux joies de mensonge dans
lesquelles ils vivent et meurent
contents.
Certains envieront ces Parisiens
joyeux à qui une vie uniformément
âpre fait une plus grande
facilité de bonheur. Il y a là vrai-
mentune grande leçon à ceux de nos
maîtres, président de république ou
législateurs, qui n'ont cherché
dans ce spectacle que le dêsennui
d'une heure. Rêvez ce qu'on pour-
rait faire de joie pour un peuple,
si on lui donnait vraiment quelque
cause de 8e réjouir. Le Parisien phi-
losophe fait présentement son bon-
heur de rien, faute de mieux, d'une
blanchisseuse qui passe coiffée d'un
cercle de cuivre doré, de petits pa-
piers roses voltigeant dans l'air, de
rubans bleus pendant des branches,
suggestionnant par l'éclat de rire sans
cause, le rire imitateur. Est-ce donc
utopie de penser qu'on pourrait don-
ner à tous ces souffrants de la vie,de
véritables causes de joie qui leur fe-
raient un bonheur sinon plus vif.
au moins plus durable. Nous ne
changerons pas l'homme, d'un coup
de magie, nous ne l'affranchirons
pas de ses erreurs et de ses fautes:
peut-être pourrions-nous essayer de
lui donner une part plus grande
des joies de la terre. SU nous
voyait noys acharner résolument.
à cette oeuvre, ce serait déjà pour
lui une source infinie de joie et
d'espérance, une belle cause de
fêtes.
Mais non. Nous montons aux fe-
nêtres pour regarder passer ce
peuple en délire, nous rions de
joyeuse bataille des confetti
sans comprendre la grande leçon.
Ecoulez le principal organe de
la bourgeoisie française : « Ce
n'est pas un peuple malheureux
et féroce, ùn peuple enfin tel
que nous le représentent te -so-
cialistes, c'est-à-dire, uniquemen-
prèoccupé des exigences de l'esto-
mac, celui qui emplissait hier les
boulevards de bruit, de mouvement
elde gaîté ». Voilà tout ce qu'a vu le
Figaro, et tout ce qu'il a retiré de la
fête d'hier. Le peuple s'amuse, la
haute bourgeoisie peut dormir.
Bien oublieux, le journal des ral-
liés. Les pères, les frères, les ca-
marades de ces gens qui se bom-
bardaient gaiement hier de papiers
multicolores,je les ai vus en tas de
cadavres sur ces mêmes boulevards
il y a vingt-trois ans. Toute labour-
geoisie ralliée en exultait de joie,
poursuivant de ses acclamations
un des plus glorieux auteurs dé
cette boucherie de prisonniers dé-
sarmés, M. de Gullifet, que l'oppor-
tunisme aux abois se prépare à
nous donner comme ministre de la
guerre et dictateur de la Républi-
que française.
Ces morts s'étaient réjouis aux Mi-
Carême du passé, comme les vivants
d'aujourd'hui se réjouissent à leur
tour. Mais je vous le dis, à vousdont
toute la sagesse est « de laisser ie
pessimisme aux pays nébuleux », ces
rieurs d'hier demanderont d'autres
joies demain, et les mitraillades de
Gallifet, en les réduisant au si-
lence, n'aboutiront qu'a préparer
de nouvelles exigences de bonheur.
Votre moyen degouvernementde-
puis cent ans,c'est la fameuse saignêe
préconisée par M. Arthur Meyer.
Que vous demandent doncces gens?
Rienqu'un peu plus de joie pour tous.
Qui le leur refuse ? Ceux qui ne trou-
vent dans l'accumulation des possibi-
lités de jouissances,que le dégoût de
vivre dans le mortel ennui des bla-
sés.
Puisque ce peuple n'est pas fé-
roce, comme vous en convenez vous
mêmes,puisqu'il est bon s'il est heu-
reux, pourquoi l'affolez-vous de
votre sauvagerie bourgeoise?
Vous ne disposez pas du bonheur,
sans doute, mais vous pouvez sup-
primer quelque chose du malheur.
Au lieu d'aggraver la souffrance par
vos massacres de guerre civile, di-
minuez-là, comme il vous est fa-
cile, répandez l'espérance à pleines
mains, etdissipant ainsi les haines,
les terreurs, vous pourrez rempla-
cer, dans l'heureuse quiétude, les
semaines sanglantes de Gallifet par
les gaités ininterrompues des Mi-
Carême qui viendront.
G. CLEMENCEAU.
CRISPI SE FACHE
La divulgation faite par le Figaro au
sujet des circonstances qui auraient amené
l'aministîe du capitaine Romani, fournit
à la presse l'occasion de vives attaques
contre le comte Gianotti, préfet du palais,
grand maître des cérémonies.
VItalie annonce Que M. Crispi a fait re- !
marquer au roi que la situation du grand- !
maître des cérémonies pouvait devenir dif-
ficile è la suite des propos qui lui pont at-
tribués relativement à la libération du capi-
taine Romani.
M. Grispi n'aurait pas caché sa surprise
d'avoir appris par les journaux que des dé'
marches avaient été faites à ce sujet à son
insu, démarches qu'il n'eût peut-être pas
approuvées si on lui avait démandé son
avis.
On disait aujourd'hui, ajoute l'Italie, que
ce regrettable incident pourrait donner lieu
à des changements dans le haut personnel
du palais.
L'Esercito Italiano apprend que le gou-
vernement donnera à cet incident les suites
qu'il comporte.
Choses d'Espagne
Ce sont les journalistes madrilènes qui
gardent décidément le beau rôle dans
cette crise ouverte par la brutalité de
quelques officiers.
Cos officiers - nous voulons parler
des meneurs â sont connus des rédac-
teurs du Resumen et du Globo. Mais nos
confrères refusent de faire connaître les
noms de leurs agresseurs parce que le
rôle de délateur ne saurait leur conve-
nir.
C'est àla justice de faire son devoir.
A la justice militaire? Non I Et sur ce
point, la presse espagnole est unanime.
Nos confrères soutiennent l'incompé-
tence des Iribunaux militaires et la Cour
de cassation va certainement tendre un
arrêt dans lé même sens.
En attendant, et en dehors d'un cer-
tain nombre de rencontres entre officiers
et publicistes,l'autorité militaire s'efforce
d'atteindre le plus grand nombre possi-
ble dejournaux.
Nous avons déjà signalé de nombreu-
ses poursuites.
On annonce aujourd'hui que le direc-
teur et deux rédacteurs d'une feuille ré-
publicaine de Reus, l'Automonia, ont
été arrêtés et transférés à Barcelone. Il
s'agit toujours, naturellement, de pré-
tendues attaques contre l'armée. Notons
que la presse locale, sans distinction d'o-
pinions, a déjà protesté de sa sympathie
pour les détenus.
On annonce également qu'un conseil
de guerre réuni nier à Alicante a con-
damné le directeur d'une feuille socia-
liste, le Cri du peuple.
Mais ce qui prouve bien que tout le
monde s'attend à la décision ne la cour
de cassation déclarant les tribunaux mi-
litaires incompétents c'est que VImpar-
tial attribue aux généraux qui siègent
au Sénat « l'intention de présenter une
proposition de loi pour préciser l'inter-
prétation des articles du code pénal mi-
litaire au sujet des délits de presse, y
Quant à la crise ministérielle elle n'a
pas encore pris fin.La Reine régente con-
tinue A recueillir l'avis d'un certain nom-
bre de notabilités politiques. Il est proba-
ble que toutes ces négociations aboutiront
à la formation d'un cabinet batard qui
aurait la prétention d'être appuyé à la
par foisles libéraux elles conservateurs.
A dire vrai cette prétention, par le
temps qui court, n'a rien d'excessif La
gravité de la situation est telle qu'une
sorte de trève pourrait intervenir entre
les partis du centre, bien que certains
chefs du parti libéral ne croient pas pos-
sible de faire la moindre concession aux
conservateurs. M. Sagasta, dans ces con-
ditions, acceptera-t-il de réformer un ca-
binet? Il semble que le maréchal Marti-
noz Campos qui jouit, on le sait, d'une
grande autorité morale sur l'armée,
veuille bien faciliter la tâche de l'ancien
premier ministre.
Ce qui est certain c'est que les chefs
de tous les corps de la garnison de Ma-
drid ont résolu de se présenter au maré-
chal pour lui donner l'assurance que
leurs officiers s'abstiendraient de toute
nouvelle manifestation et qu'ils promet-
taient de se ranger sans condition autour
du nouveau cabinet quel qu'il fut.
On pense d'ailleurs que le ministre
s'efforcera d'éviter tout débat rétros-
pectif sur les déplorables événements
de ces jours derniers et laissera la jus-
tice civile suivre son cours.
LES RENTES DES TRAVAILLEURS
Ensevelis vivant
EN FRANGÉ
Bonneville, 22 mars
Un ouvrier puisatier de lu commune de
Sclonzier, qui se trouvait au fond d'un puits
qu'il avait construit dernièrement, a été en-
seveli par les matériaux de cet ouvrage dé-
moli subitement
Les travaux de déblaiement sont active
ment poussés.
AUX ÉTATS-UNIS
Une terrible explosion s'est produite dans
une mine de charbon à Redcannon (Etat de
Wyoming); Gî mineurs sont ensevelis vi-
vants, sept sont emprisonnés dans une ga-
lerie «voisinant l'orifice. Il faudra au moins
trois jours pour pénétrer jusqu'à l'endroit
oû se trouvent les mineurs ensevelis.
On attribue la catastrophe à l'explosion
subite des poussières en suspension, à la
suite d'un coup de mine, La consternation
est générale dans la région. Les familles se
pressent autour des nuits. On a remonté
deux cadavres complètement défigurés et
méconnaissables.
LES ACCIDENTS^ DU TRAVAIL
La sécuritë dans le.» mines*
L'administration vient de publier une sô- i
rie de tableaux sur la mortalité chez îes
ouvriers employés dans îes raines,
La mortalité par accident dans les mines i
diverses, autres que celles de combustibles, ;
a été, en 4893, 1,3 tués par 1,000 ouvriers
employés. Elle a varié de 1,9 à 1,0 au cours
de îa période décennale 1833-1892 ; de 2,4 à
1,0 au cours de la période 1873-1882 ; de 2,1
à 1,2 au cours de ïa période 1863-1872 ; en-
fin, de 3.3 à 1,0 pendant lee années 1853-
4&>2.
Elle décroît donc aussi dans «ne certaine
mesure.
D'après l'expérience de l'Allemagne, de
4888 à 1892, voici, avec l'industrie des
mines, les genres d'industries qui sont le
plus dangereux :
De 1888 à 1892: la meunerie, 0.9 tués par
1,000 ouvriers et par an ; les chemins de fer
(pour l'ensemble du personnel), 4,3 ; k
brasserie, 1,3 ; les transports de fardeaux
et le magasinage, 1,5; la conduite des voi-
tures, 2,0; la navigation fluviale, 2,1 ; la
navigation maritime, 2,2. (Ce dernier groupe
comprend avec les marins proprement dits,
les ouvriers des ports, mais les pêcheurs
n'en font point partie-}
En Angleterre, une statistique de neuf
années (1883-4892) donne S,H cas de mort
pouf 1,000 marins dans la marine à vapeur,
et 7,7éjô dans l'ensemble de la marine» bâ-
timents de pêche compris.
La Commission extra-parlementaire
DE LA MARINE
La commission extràparlementaire de îa
marine s'est réunie hier matin pour conti-
nuer la discussion sur le fonds de roule-
ment.
La commission, qui a décidé d'entendre
tous lès Chefs de service sur cette impor-
tante question, a reçu les dépositions du
générai Rocque, directeur de l'artillerie au
ministère de ta marine, et du capitaine de
vaisseau Le Mercier-Moussaux, chef du
service central des défenses sous-mai ines.
Ces deux officiers, favorables au fonds do
roulement, ont réclamé l'autonomie pour
leurs services. La commission entendra
dans sa prochaine séance le commissaire
général Bergis, directeur de la comptabilité
générale au ministère de la marine.
M. Brisson, président de la Chambre, as-
sistait i la séance.
LE CONGRES DE LENS
Troisième journée. â Les Caisses
de secours et «le retraites,
On a ouvert hier la séance en donnant
lecture d'une lettre de M. Guérard, secré-
taire général du syndicat des agents et des
ouvriers des chemins de fer français M
Guérard adresse des encouragements en
envoyant un salut fraternel aux congres-
sistes. Puis on aborde la discussion du pro-
jet de loi sur les caisses de secours et sur
les retraites spéciales aux mineurs.
On décide de demander qu'il ne soit plus
rien versé par les ouvriers pour alimenter
ces caisses et que les Compagnies seules
versent une somme égale a 6 OtO des
salaires des ouvriers à la caisse des re-
traites et A OjO à la caisse des secours, plus
le produit des amendes infligées au per-
sonnel des mines.
Discutant ensuite l'article 2 sur la propo-
sition du délégué Calvignac, de Carmaux,
le congrès décide que les versements se-
ront répartis de façon à assurer également
une pension aux femmes d'ouvriers mi-
neurs.
Cette pension serait égale à la moitié de
celle servie aux maris,
On aborde en terminant la question de îa
liquidation des anciennes caisses de secours
ce qui permet aux congressistes de criti-
quer te fonctionnement des caisses établies
dans leurs compagnies respectives.
Notamment M. Moché, secrétaire général
du syndicat du Nord déclare que la caisse
de secours des mines d'Aniches accuse en
liquidation 200,000 freinas de déficit, alors
que l'excédent de recettes devrait être de
trois è quatre millions,
Séance de l'après-midi
Le congrès national des mineurs a conti-
nué dans l'après-midi la discussion sur le
mode le plus favorable àla liquidation des
caisses de secours.
M. Calvignac a expliqué le fonctionne-
ment des caisses de retraites de Carmaux.
MM. Mazars et Rondet ont également donné
des explications sur les caisses de retraites
de Decazeville et de Saint-Etienne.
M. Rondet s'est efforcé de démontrer que
pour la liquidation des anciennes caisses,
il y a intérêt à toujour recourir à l'arbitrage.
M, Beugnet a exposé le système de liqui-
dation employé par les mines de Béthune.
Il voudrait voir adopter ce système par
toutes les Compagnies, car il procure de
nombreux avantages aux ouvriers.
Toutefois, M. Beugnet reconnaît que ces
avantages ont été accordés par cette Gom-
i pagnie uniquement pour éviter des difficul-
tés avec ses ouvriers et les empêcher de
recourir à un arbitrage et de contrôler sa
gestion.
Néanmoins M. Beugnet insiste pour que
le mode de liquidation employé par les
mines de Béthune soit pris pour modèle.
Une résolution en ce sens a été volée l'u-
nanimité.
On discute ensuite une motion déposée
par M. Calvignac.
La motion Calvignac
La motion Calvignac est adoptée à l'una-
nimité. ELLe est ainsi conçue:
« Le congrès national des mineurs réuni
A Lens considère que ta loi du 29 juin 4894,
en ce qui concerne la liquidation des droits
acquis par les ouvriers mineurs dans leur
caisse de retraite respective, doit êtreinter-
prêtée, non dans un sens restrictif, mais
comme le disait te ministre des travaux pu-
blics dans Son discours, à l'installation de
la commission arbitrale, avec des vues
larges, pouvant donner satisfaction aux
desiderata formulés depuis 488i sur la ma-
tière; estime que les droits actuels doivent
être liquidés, au plus tard, au 30 juin 1895.
de manière qu'en aucun cas, la moindre
parcelle de ces droits ne puisse faire dé-
faut à l'ayant droit, lorsqu'il aura atteint'
l'Age prévu par les statuts des dites caisses.
«Le congrès considère encore qu'en au-
cun cas l'ouvrier mineur ne doit recevoir
une retraite moindre que celle prévue par
les statuts de sa caisse de retraite actuelle
et insiste pour qu'une commission arbitrale
mette A h» charge des compagnies la diffé-
rence de retraite provenant de l'application !
de la loi. H insiste aussi pour que le gouver-
nement fasse une forte pression auprès des
compagnies minières, afin qu'elles ne se re-
fusent pas à porter la liquidation devant les ,
commissions arbitrales et prenne égale-
ment des mesures pour qu'il n'y ait pas de
pression de leur part et de celle des ingé-
nieurs du contrôle pour faire abandonner
le bénéfice de la loi par îes intéressés eux-
mêmes, t
A PARIS ET AILLEURS
CONTRE LA FAIM
Un docteur américain est à la veille, m'a-
t-on dit, de gratifier l'humanité d'Une pré-
cieuse découverte.
Son invention aurait pour but de parve-
nir è concentrer dans un certain breuvage
les éléments nutritif indispensables à 3a
vie Ceux-ci seraient combinés de telle
sorte qu'une dose moyenne de la liqueur
quotidiennement absorbée, suffirait à l'ali-
mentation de l'homme, sans nuire,bien en-
tendu ,au bon état de sa santé. Or, comme
le prix de cette liqueur reprétenterait à ré-
sultat égal, un chiffre sensiblement infé-
rieur A celui que dépense u>n ouvrier pour
ses achats de nourriture, la question de
subsistance serait réglée à très peu de frais.
Je ne puis garantir l'exactitude du ren-
seignement ni à quelle échéance nous par-
viendra cette bienheureuse solution, qui,
certainement à mon avis résoudrait mieux
que toutes les réformes proposées le dou-
loureux problème socïal. En la prenant à
titre d'hypothèse elle peut servir de point
de départ qour entreprendre de nouvelles
tentatives d'après ce mode de recherches.
J'avoue m'être souvent demandé com-
ment il se pouvait faire qu'aucun essai n'ait
été tenté jusqu'alors. Le progrès s'est ef-
fectué dans tous les genres, sauf à l'égard
de ce besoin . Nous possédons la vapeur et
l'électricité ; les travaux de chimie, abou-
tissent fréquemment à d'étonnantes décou-
vertes. Tout ce qui tient à l'habitation, au
confortable, à la toilette s'est certainement
amélioré. L'usage de l'outil mécanique a
produit le résultat d'amoindrir sensiblement
ie prix des choses. Seuls îes vivres se ven-
dent encore aux anciens cours ; beaucoup
même sont augmenté. Qu'a fait la science,
qu'ont fait les hommes, pour satisfaire la
faim des pauvres? Je vous le demande.
Et cependant de toutes les nécessités''
n'est-elle pas la plus urgente? Privé d'asile,
l'homme au besoin peut se construire pouï
quelques jours, ou rencontrer sur son che-
min, un toit quelconque; privé de linge il
s'arrangera tant bien que mal pour s'en
passer; privé de vivres, c'est impossible.
La torture de la faim, dont tant de gen?
connaissent les affres, n'a pu réussir à
tenter la science en vue d'un remède
cace à opposer à ses angoisses. Cette dé-
couverte est difficile; j'en conviens; on ne
peut la déclarer irréalisable, n'étant encore
qu'aux prîmes essais.
Entre cette regrettable apathie, contraire
aux intérêts de tous,f la société fait encore pire :
Ne trouvant pas la vie du pauvre suffisam-
ment chargée, pour la rendre plus onéreuse
et plus atroce, elle l'accable davantage. ,
Interrogez sur ce point divers sociologues?
ils vous ont déjà expliqué et Us vous expli-
queront encore beaucoup mieux que je ne
saurais le faire, comme quoi, sous us ré*
gime démocratique, l'ouvrier qui, en appa
rence, a Pair d'être exempt d'impôts, paie
tous les jours, à toutes les heures, sous des
formes dissimulées, sa part de taxe. Qu'il
s'agisse de la farine et du vin, du café ou du
sucre, les denrées alimentaires dont le prix
brut est par lui-même assez élevé soot frap-
pées de droits énormes.
En ces temps où pour le pauvre ta ques-
tion de subsistance est un problème ou ce
qui s'appelle, joindre les deux bouts, de-
vient parfois ur. tour de force, je me de-
, mande comment il se fait que toutes îes
| améliorations, toutes les reformes, toutes
les recherches, ne visent pas au résultat de
rendre l'existence matérielle possible à tous,
j Tout le monde parle de îa faim pour discu-
' ter ses causes, personne ne trouve la solu-
tion qui par un procédé nouveau correspon-
dra à ses appels !
Le redoutable problème de vie qui date
des premiers jours de l'homme est certai
moment plus compliqué qu'à cette époque.
Le primitif pouvait disposer à sa guise des
ressources environnantes, contre périls et
contre risques, néanmoins ressources li-
bres, à la portée du plus adroit ou du plus
fort Les ressources d'aujourd'hui appar-
tiennent à de nombreux propriétaire; nulle
ne se trouve sur les chemins, a part les
quelques fruits des haies, tout est retenu,
Le civilisé pauvre, exclusion faite du pay.
san. qui vit sur son lopin de terre à très
peu de frais, achète quotidiennement ses 1
vivres, il paie son pain. Admettons qu'il,
manque d'argent, je vous laisse juge.
Parler de la faim sans trouver une com-
binaison qui la conjure» c'est rassembler de
loin à ce savant qui s'empressa de sou-:
mettre un jour à l'Académie des science?
ua remarquable travail de statistique sut
la quantité de charançons renfermés dans
un volume déterminé de blé. Un des mem-
bres de l'assemblée répondit à brûle-pour-
point qu'au lieu de calculer ie nombre de?
charançons, mieux eut valu se préoccupe!
du moyen de les détruire.
À première vue, cette remarque était logi-
que, cependant j'objecterai que le chiffra,
énoncé, de même que les écrits qui jour
nettement dénoncent les douloureuses mi"
aères des clases d'en bos, sont d'excellent#
Dimanche 24 Mars 1895
5 Centimes
Le numéro
â PABIS ET DÉPAR'IfJiEflTS â
LA JUSTICE
5â¬entimes
Le Huméro
â PARIS ET DÉPARTEMENTS â.
BUREAUX DU JOURNAL : 24, Ru» Chsuchat
Les Annonces sont reçues an Bureau du Journal
POOB LA RÉDACTION S'ADRESSHR A M. A. MANIÈRE
Secrétaire de la Rédaction.
Rédacteur en chef: G. CLEMENCEAU
rail DB L1 ABOtVlESfSKT t
Paris : 3 «ois, 5 fr. â 6 mois, 9ir. â Un an, 18 fr.
Départ' et A Ujém : 3 mois, «fr. â 6 mois, 11 fr. â Un an, 20 fr»
Union postale : 3 mois, 10 fr. â 6 mois, 18 fr. â Un an, 35 fr.
ADRESSER LETTRES ET MANDATS A IW. E. ROBUTTE
A dminlstrateur.
MI-CARÊME
Paris s'est mis en fête pour sa Mi-
Carème. Le boulevard n'a pas vu de
plus beau carnaval. Les journaux di-
sent les chars, les mascarades, les
fanfares, le spectacle tapageur,
tout ec dont le Parisien s'ébahit
Les costumes excentriques, le
dévergondage d'imagination de la
jeunesse, la satire de l'autorité
existante, le scintillement dans l'air
chaud du printemps d'une pluie
d'étoiles filantes, blanches, rouges,
bleues, vertes, ou dorées palpitant
au ras du sol, ou papillonnant sur
la foule, les poches de confetti se
vidant subitement du haut d'un
balcon, éclatant tout 6 coup dans le
ciel en gerbes d'étincelles, les vio-
lentes fusées des serpentins qui s'é-
lancent rayant l'air de mille flam-
mes colorées dont les jets s'entre-
croisent en folles sarabandes, com-
me de mille arc-en-ciel dont les
cou leurs se seraient toutà coup sépa-
ri.es pour se livrer entre elles une
bataille de folie, voilà ce qui fait
l'émerveillement de tous.
J'avoue que pour moi, qui mar-
chais tout vivant dans ce rêve étoilé,
il n'y avait pas de plus admirable
merveille que le bon parisien de
tout rang, bourgeois, commerçant,
ouvrier, échappé du bureau, de la
boutique ou de l'atelier pour jouir,
en spectateur et en acteur de
la grande, représentation popu-
laire.
Dans la nuit grise et tiède ,
jusqu'à deux heures du matin,
sous les fantastiques reflets de
l'électricité, une foule joyeuse,
mablement riante, promenait sa
belle humeur sur nos longs bou-
levards assourdis d'un épais
tapis de haute lisse aux poin-
tillés multicolores, entre deux ran-
gées d'arbres follement enruban-
nés, festonnés, pelotés de bande-
rolles flottantes, agitant au vent
toutes les lueurs du prisme enche-
vêtrées à plaisir. Sur la chaussée,
sur le moutonnement humain, dans
les cheveux, dans les barbes, dans
les nez, dans les oreilles, partout
une neige fleurie de printemps, qui
change, comme en un rêve,l'aspect
des hommes et des choses. Partout
dans l'air de petits feux-follets,
voletant parmi les longs serpentins
de flammes qui, rampant aux
troncs, s'accr chant aux bran-
ches, nous font des arbres de féerie :
de grands saules pleurant des cas-
cades de larmes bleuâtres, des
futaies de branchages raidis dans
une givre orangé, toutes les invrai-
semblances d'un détire de couleurs,
d'une fantasmagorie vivante de lu-
mièresubitement décomposée, sem-
ble-t-il, par le prisme inouï d'un as-
tre de cristal survenu tout à coup
dans les cieux.
Et dans ce décor de prodige, cette
Chose plus prodigieuse encore: des
hommes heureux. Oui des hommes,
des Français, race agitée, agitante,
des hommes de labeur, de soucis
incessants,échappés tout à coup de
la vie dure qui les guette au tour-
nant de demain, oubliant peine
passée, peine future et se précipi-
tant tète baissée dans la joie désor-
donnée de vivre. Pourquoi 1 Pour
rien. Pour le plaisir d'être heureux
an jour, une heure entre deux an-
goisses, entre deux sanglots.
Un étranger brusquement survenu
des antipodes se fût imaginé peut-
être que ce peuple fêtait quelqu'une
de ces aventures miraculeuses qui
font des dates inoubliables dans
l'histoire des nations. Pas du tout,
ces joyeux compagnons, hommes
robustes, jeunes femmes, en-
fants, vieillards, ne fêtaient rien
qu eux-mêmes. Et vraiment, je me
demande si l'homme fêta jamais
antre chose. Fêtes du roi, prise de
la Bastille, .souvenirs révolutionnai-
res,actes religieux, ou carnaval des
blanchisseuses, qu'est-ce que tout
cela recouvre au fond sinon la brève
lueur d une trève de paix dans la ba-
taille de la vie? Le penseur, absurde,
prêtre, philosophe ou politique, se
croyant maître de la foule, prétend
l'alimenter de sentiments, d'idées
qui l'exaltent dans une communion
surhumaine des êmes enivrées
d'idéal. Fête ton roi, dî» le
maître; fête ton Dieu, dit le pon-
tife ; fête ta liberté, dit le gouverne-
ment ; et l'homme fêtant, fête en ap-
parence, tout ce qu'on voudra, sa-
chant bien, tout au fond de son
coeur qu'il ne fête rien que lui-
même.
Ge qu'il lui faut, c'est la détente.
Le prétexte n'importe pas. Cher-
chez-les aujourd'hui ces gens qui
hier affolaient la rue du désordre
de leur exubérance. Où sont-ils à
cette heure? Courbés sur le travail,
silencieux, méditatifs, anxieux de
la minute qui vient. C'était hier ainsi.
Demain ce sera tout de même.Et c'est
pour rompre cette tension prolon-
gée d'un effort sans relâche, cette
crampe de vie contractée, que toute
occasion leur est bonne pour s'ar-
racher à la monotone fatigue de
labeur, coupée des souffrances sans
nombre où se perdent les courtes
joies.
Au théâtre l'homme se repose de
l'action de la vie, par le plaisir
de n'être plus que spectateur de
drames où son émotion désinté-
ressée peut se dépenser sans
douleur. Dans la fêle populaire, la
passion du spectateur et de l'acteur
se confondent, et, tout le mal de
l'existence écarté pour une heu-
re, la pleine joie flambante illu-
mine d'un éclair de bonheur elles
sombres jours qui précèdent et les
sombres jours qui suivront. Voilà le
grand secret de ces fêtes, voilà ce
que j'aperçois dans la Mi-Carême
de Paris, telle que je l'ai vue hier.
L'envie me prenait parfois,
d'arrêter au hasard un de ces
hommes heureux, et de lui deman-
der confidentiellement la raison de
son bonheur. Et puis je réfléchis
que, sincère, il m'aurait simplement
répondu : « je me réjouis, pour me
réjouir, parce que j'ai besoin d'être
heureux, et que la vie m'a donné
congé pour tout un jour. » Quelle
meilleure raison trouver, et quelle ré-
ponse plus décisive? Être heureux,
est-ce autre chose que de croire
qu'on tient le bonheur ? Combien
d'êtres ne doivent la félicité de leur
vie qu'aux joies de mensonge dans
lesquelles ils vivent et meurent
contents.
Certains envieront ces Parisiens
joyeux à qui une vie uniformément
âpre fait une plus grande
facilité de bonheur. Il y a là vrai-
mentune grande leçon à ceux de nos
maîtres, président de république ou
législateurs, qui n'ont cherché
dans ce spectacle que le dêsennui
d'une heure. Rêvez ce qu'on pour-
rait faire de joie pour un peuple,
si on lui donnait vraiment quelque
cause de 8e réjouir. Le Parisien phi-
losophe fait présentement son bon-
heur de rien, faute de mieux, d'une
blanchisseuse qui passe coiffée d'un
cercle de cuivre doré, de petits pa-
piers roses voltigeant dans l'air, de
rubans bleus pendant des branches,
suggestionnant par l'éclat de rire sans
cause, le rire imitateur. Est-ce donc
utopie de penser qu'on pourrait don-
ner à tous ces souffrants de la vie,de
véritables causes de joie qui leur fe-
raient un bonheur sinon plus vif.
au moins plus durable. Nous ne
changerons pas l'homme, d'un coup
de magie, nous ne l'affranchirons
pas de ses erreurs et de ses fautes:
peut-être pourrions-nous essayer de
lui donner une part plus grande
des joies de la terre. SU nous
voyait noys acharner résolument.
à cette oeuvre, ce serait déjà pour
lui une source infinie de joie et
d'espérance, une belle cause de
fêtes.
Mais non. Nous montons aux fe-
nêtres pour regarder passer ce
peuple en délire, nous rions de
joyeuse bataille des confetti
sans comprendre la grande leçon.
Ecoulez le principal organe de
la bourgeoisie française : « Ce
n'est pas un peuple malheureux
et féroce, ùn peuple enfin tel
que nous le représentent te -so-
cialistes, c'est-à-dire, uniquemen-
prèoccupé des exigences de l'esto-
mac, celui qui emplissait hier les
boulevards de bruit, de mouvement
elde gaîté ». Voilà tout ce qu'a vu le
Figaro, et tout ce qu'il a retiré de la
fête d'hier. Le peuple s'amuse, la
haute bourgeoisie peut dormir.
Bien oublieux, le journal des ral-
liés. Les pères, les frères, les ca-
marades de ces gens qui se bom-
bardaient gaiement hier de papiers
multicolores,je les ai vus en tas de
cadavres sur ces mêmes boulevards
il y a vingt-trois ans. Toute labour-
geoisie ralliée en exultait de joie,
poursuivant de ses acclamations
un des plus glorieux auteurs dé
cette boucherie de prisonniers dé-
sarmés, M. de Gullifet, que l'oppor-
tunisme aux abois se prépare à
nous donner comme ministre de la
guerre et dictateur de la Républi-
que française.
Ces morts s'étaient réjouis aux Mi-
Carême du passé, comme les vivants
d'aujourd'hui se réjouissent à leur
tour. Mais je vous le dis, à vousdont
toute la sagesse est « de laisser ie
pessimisme aux pays nébuleux », ces
rieurs d'hier demanderont d'autres
joies demain, et les mitraillades de
Gallifet, en les réduisant au si-
lence, n'aboutiront qu'a préparer
de nouvelles exigences de bonheur.
Votre moyen degouvernementde-
puis cent ans,c'est la fameuse saignêe
préconisée par M. Arthur Meyer.
Que vous demandent doncces gens?
Rienqu'un peu plus de joie pour tous.
Qui le leur refuse ? Ceux qui ne trou-
vent dans l'accumulation des possibi-
lités de jouissances,que le dégoût de
vivre dans le mortel ennui des bla-
sés.
Puisque ce peuple n'est pas fé-
roce, comme vous en convenez vous
mêmes,puisqu'il est bon s'il est heu-
reux, pourquoi l'affolez-vous de
votre sauvagerie bourgeoise?
Vous ne disposez pas du bonheur,
sans doute, mais vous pouvez sup-
primer quelque chose du malheur.
Au lieu d'aggraver la souffrance par
vos massacres de guerre civile, di-
minuez-là, comme il vous est fa-
cile, répandez l'espérance à pleines
mains, etdissipant ainsi les haines,
les terreurs, vous pourrez rempla-
cer, dans l'heureuse quiétude, les
semaines sanglantes de Gallifet par
les gaités ininterrompues des Mi-
Carême qui viendront.
G. CLEMENCEAU.
CRISPI SE FACHE
La divulgation faite par le Figaro au
sujet des circonstances qui auraient amené
l'aministîe du capitaine Romani, fournit
à la presse l'occasion de vives attaques
contre le comte Gianotti, préfet du palais,
grand maître des cérémonies.
VItalie annonce Que M. Crispi a fait re- !
marquer au roi que la situation du grand- !
maître des cérémonies pouvait devenir dif-
ficile è la suite des propos qui lui pont at-
tribués relativement à la libération du capi-
taine Romani.
M. Grispi n'aurait pas caché sa surprise
d'avoir appris par les journaux que des dé'
marches avaient été faites à ce sujet à son
insu, démarches qu'il n'eût peut-être pas
approuvées si on lui avait démandé son
avis.
On disait aujourd'hui, ajoute l'Italie, que
ce regrettable incident pourrait donner lieu
à des changements dans le haut personnel
du palais.
L'Esercito Italiano apprend que le gou-
vernement donnera à cet incident les suites
qu'il comporte.
Choses d'Espagne
Ce sont les journalistes madrilènes qui
gardent décidément le beau rôle dans
cette crise ouverte par la brutalité de
quelques officiers.
Cos officiers - nous voulons parler
des meneurs â sont connus des rédac-
teurs du Resumen et du Globo. Mais nos
confrères refusent de faire connaître les
noms de leurs agresseurs parce que le
rôle de délateur ne saurait leur conve-
nir.
C'est àla justice de faire son devoir.
A la justice militaire? Non I Et sur ce
point, la presse espagnole est unanime.
Nos confrères soutiennent l'incompé-
tence des Iribunaux militaires et la Cour
de cassation va certainement tendre un
arrêt dans lé même sens.
En attendant, et en dehors d'un cer-
tain nombre de rencontres entre officiers
et publicistes,l'autorité militaire s'efforce
d'atteindre le plus grand nombre possi-
ble dejournaux.
Nous avons déjà signalé de nombreu-
ses poursuites.
On annonce aujourd'hui que le direc-
teur et deux rédacteurs d'une feuille ré-
publicaine de Reus, l'Automonia, ont
été arrêtés et transférés à Barcelone. Il
s'agit toujours, naturellement, de pré-
tendues attaques contre l'armée. Notons
que la presse locale, sans distinction d'o-
pinions, a déjà protesté de sa sympathie
pour les détenus.
On annonce également qu'un conseil
de guerre réuni nier à Alicante a con-
damné le directeur d'une feuille socia-
liste, le Cri du peuple.
Mais ce qui prouve bien que tout le
monde s'attend à la décision ne la cour
de cassation déclarant les tribunaux mi-
litaires incompétents c'est que VImpar-
tial attribue aux généraux qui siègent
au Sénat « l'intention de présenter une
proposition de loi pour préciser l'inter-
prétation des articles du code pénal mi-
litaire au sujet des délits de presse, y
Quant à la crise ministérielle elle n'a
pas encore pris fin.La Reine régente con-
tinue A recueillir l'avis d'un certain nom-
bre de notabilités politiques. Il est proba-
ble que toutes ces négociations aboutiront
à la formation d'un cabinet batard qui
aurait la prétention d'être appuyé à la
par foisles libéraux elles conservateurs.
A dire vrai cette prétention, par le
temps qui court, n'a rien d'excessif La
gravité de la situation est telle qu'une
sorte de trève pourrait intervenir entre
les partis du centre, bien que certains
chefs du parti libéral ne croient pas pos-
sible de faire la moindre concession aux
conservateurs. M. Sagasta, dans ces con-
ditions, acceptera-t-il de réformer un ca-
binet? Il semble que le maréchal Marti-
noz Campos qui jouit, on le sait, d'une
grande autorité morale sur l'armée,
veuille bien faciliter la tâche de l'ancien
premier ministre.
Ce qui est certain c'est que les chefs
de tous les corps de la garnison de Ma-
drid ont résolu de se présenter au maré-
chal pour lui donner l'assurance que
leurs officiers s'abstiendraient de toute
nouvelle manifestation et qu'ils promet-
taient de se ranger sans condition autour
du nouveau cabinet quel qu'il fut.
On pense d'ailleurs que le ministre
s'efforcera d'éviter tout débat rétros-
pectif sur les déplorables événements
de ces jours derniers et laissera la jus-
tice civile suivre son cours.
LES RENTES DES TRAVAILLEURS
Ensevelis vivant
EN FRANGÉ
Bonneville, 22 mars
Un ouvrier puisatier de lu commune de
Sclonzier, qui se trouvait au fond d'un puits
qu'il avait construit dernièrement, a été en-
seveli par les matériaux de cet ouvrage dé-
moli subitement
Les travaux de déblaiement sont active
ment poussés.
AUX ÉTATS-UNIS
Une terrible explosion s'est produite dans
une mine de charbon à Redcannon (Etat de
Wyoming); Gî mineurs sont ensevelis vi-
vants, sept sont emprisonnés dans une ga-
lerie «voisinant l'orifice. Il faudra au moins
trois jours pour pénétrer jusqu'à l'endroit
oû se trouvent les mineurs ensevelis.
On attribue la catastrophe à l'explosion
subite des poussières en suspension, à la
suite d'un coup de mine, La consternation
est générale dans la région. Les familles se
pressent autour des nuits. On a remonté
deux cadavres complètement défigurés et
méconnaissables.
LES ACCIDENTS^ DU TRAVAIL
La sécuritë dans le.» mines*
L'administration vient de publier une sô- i
rie de tableaux sur la mortalité chez îes
ouvriers employés dans îes raines,
La mortalité par accident dans les mines i
diverses, autres que celles de combustibles, ;
a été, en 4893, 1,3 tués par 1,000 ouvriers
employés. Elle a varié de 1,9 à 1,0 au cours
de îa période décennale 1833-1892 ; de 2,4 à
1,0 au cours de la période 1873-1882 ; de 2,1
à 1,2 au cours de ïa période 1863-1872 ; en-
fin, de 3.3 à 1,0 pendant lee années 1853-
4&>2.
Elle décroît donc aussi dans «ne certaine
mesure.
D'après l'expérience de l'Allemagne, de
4888 à 1892, voici, avec l'industrie des
mines, les genres d'industries qui sont le
plus dangereux :
De 1888 à 1892: la meunerie, 0.9 tués par
1,000 ouvriers et par an ; les chemins de fer
(pour l'ensemble du personnel), 4,3 ; k
brasserie, 1,3 ; les transports de fardeaux
et le magasinage, 1,5; la conduite des voi-
tures, 2,0; la navigation fluviale, 2,1 ; la
navigation maritime, 2,2. (Ce dernier groupe
comprend avec les marins proprement dits,
les ouvriers des ports, mais les pêcheurs
n'en font point partie-}
En Angleterre, une statistique de neuf
années (1883-4892) donne S,H cas de mort
pouf 1,000 marins dans la marine à vapeur,
et 7,7éjô dans l'ensemble de la marine» bâ-
timents de pêche compris.
La Commission extra-parlementaire
DE LA MARINE
La commission extràparlementaire de îa
marine s'est réunie hier matin pour conti-
nuer la discussion sur le fonds de roule-
ment.
La commission, qui a décidé d'entendre
tous lès Chefs de service sur cette impor-
tante question, a reçu les dépositions du
générai Rocque, directeur de l'artillerie au
ministère de ta marine, et du capitaine de
vaisseau Le Mercier-Moussaux, chef du
service central des défenses sous-mai ines.
Ces deux officiers, favorables au fonds do
roulement, ont réclamé l'autonomie pour
leurs services. La commission entendra
dans sa prochaine séance le commissaire
général Bergis, directeur de la comptabilité
générale au ministère de la marine.
M. Brisson, président de la Chambre, as-
sistait i la séance.
LE CONGRES DE LENS
Troisième journée. â Les Caisses
de secours et «le retraites,
On a ouvert hier la séance en donnant
lecture d'une lettre de M. Guérard, secré-
taire général du syndicat des agents et des
ouvriers des chemins de fer français M
Guérard adresse des encouragements en
envoyant un salut fraternel aux congres-
sistes. Puis on aborde la discussion du pro-
jet de loi sur les caisses de secours et sur
les retraites spéciales aux mineurs.
On décide de demander qu'il ne soit plus
rien versé par les ouvriers pour alimenter
ces caisses et que les Compagnies seules
versent une somme égale a 6 OtO des
salaires des ouvriers à la caisse des re-
traites et A OjO à la caisse des secours, plus
le produit des amendes infligées au per-
sonnel des mines.
Discutant ensuite l'article 2 sur la propo-
sition du délégué Calvignac, de Carmaux,
le congrès décide que les versements se-
ront répartis de façon à assurer également
une pension aux femmes d'ouvriers mi-
neurs.
Cette pension serait égale à la moitié de
celle servie aux maris,
On aborde en terminant la question de îa
liquidation des anciennes caisses de secours
ce qui permet aux congressistes de criti-
quer te fonctionnement des caisses établies
dans leurs compagnies respectives.
Notamment M. Moché, secrétaire général
du syndicat du Nord déclare que la caisse
de secours des mines d'Aniches accuse en
liquidation 200,000 freinas de déficit, alors
que l'excédent de recettes devrait être de
trois è quatre millions,
Séance de l'après-midi
Le congrès national des mineurs a conti-
nué dans l'après-midi la discussion sur le
mode le plus favorable àla liquidation des
caisses de secours.
M. Calvignac a expliqué le fonctionne-
ment des caisses de retraites de Carmaux.
MM. Mazars et Rondet ont également donné
des explications sur les caisses de retraites
de Decazeville et de Saint-Etienne.
M. Rondet s'est efforcé de démontrer que
pour la liquidation des anciennes caisses,
il y a intérêt à toujour recourir à l'arbitrage.
M, Beugnet a exposé le système de liqui-
dation employé par les mines de Béthune.
Il voudrait voir adopter ce système par
toutes les Compagnies, car il procure de
nombreux avantages aux ouvriers.
Toutefois, M. Beugnet reconnaît que ces
avantages ont été accordés par cette Gom-
i pagnie uniquement pour éviter des difficul-
tés avec ses ouvriers et les empêcher de
recourir à un arbitrage et de contrôler sa
gestion.
Néanmoins M. Beugnet insiste pour que
le mode de liquidation employé par les
mines de Béthune soit pris pour modèle.
Une résolution en ce sens a été volée l'u-
nanimité.
On discute ensuite une motion déposée
par M. Calvignac.
La motion Calvignac
La motion Calvignac est adoptée à l'una-
nimité. ELLe est ainsi conçue:
« Le congrès national des mineurs réuni
A Lens considère que ta loi du 29 juin 4894,
en ce qui concerne la liquidation des droits
acquis par les ouvriers mineurs dans leur
caisse de retraite respective, doit êtreinter-
prêtée, non dans un sens restrictif, mais
comme le disait te ministre des travaux pu-
blics dans Son discours, à l'installation de
la commission arbitrale, avec des vues
larges, pouvant donner satisfaction aux
desiderata formulés depuis 488i sur la ma-
tière; estime que les droits actuels doivent
être liquidés, au plus tard, au 30 juin 1895.
de manière qu'en aucun cas, la moindre
parcelle de ces droits ne puisse faire dé-
faut à l'ayant droit, lorsqu'il aura atteint'
l'Age prévu par les statuts des dites caisses.
«Le congrès considère encore qu'en au-
cun cas l'ouvrier mineur ne doit recevoir
une retraite moindre que celle prévue par
les statuts de sa caisse de retraite actuelle
et insiste pour qu'une commission arbitrale
mette A h» charge des compagnies la diffé-
rence de retraite provenant de l'application !
de la loi. H insiste aussi pour que le gouver-
nement fasse une forte pression auprès des
compagnies minières, afin qu'elles ne se re-
fusent pas à porter la liquidation devant les ,
commissions arbitrales et prenne égale-
ment des mesures pour qu'il n'y ait pas de
pression de leur part et de celle des ingé-
nieurs du contrôle pour faire abandonner
le bénéfice de la loi par îes intéressés eux-
mêmes, t
A PARIS ET AILLEURS
CONTRE LA FAIM
Un docteur américain est à la veille, m'a-
t-on dit, de gratifier l'humanité d'Une pré-
cieuse découverte.
Son invention aurait pour but de parve-
nir è concentrer dans un certain breuvage
les éléments nutritif indispensables à 3a
vie Ceux-ci seraient combinés de telle
sorte qu'une dose moyenne de la liqueur
quotidiennement absorbée, suffirait à l'ali-
mentation de l'homme, sans nuire,bien en-
tendu ,au bon état de sa santé. Or, comme
le prix de cette liqueur reprétenterait à ré-
sultat égal, un chiffre sensiblement infé-
rieur A celui que dépense u>n ouvrier pour
ses achats de nourriture, la question de
subsistance serait réglée à très peu de frais.
Je ne puis garantir l'exactitude du ren-
seignement ni à quelle échéance nous par-
viendra cette bienheureuse solution, qui,
certainement à mon avis résoudrait mieux
que toutes les réformes proposées le dou-
loureux problème socïal. En la prenant à
titre d'hypothèse elle peut servir de point
de départ qour entreprendre de nouvelles
tentatives d'après ce mode de recherches.
J'avoue m'être souvent demandé com-
ment il se pouvait faire qu'aucun essai n'ait
été tenté jusqu'alors. Le progrès s'est ef-
fectué dans tous les genres, sauf à l'égard
de ce besoin . Nous possédons la vapeur et
l'électricité ; les travaux de chimie, abou-
tissent fréquemment à d'étonnantes décou-
vertes. Tout ce qui tient à l'habitation, au
confortable, à la toilette s'est certainement
amélioré. L'usage de l'outil mécanique a
produit le résultat d'amoindrir sensiblement
ie prix des choses. Seuls îes vivres se ven-
dent encore aux anciens cours ; beaucoup
même sont augmenté. Qu'a fait la science,
qu'ont fait les hommes, pour satisfaire la
faim des pauvres? Je vous le demande.
Et cependant de toutes les nécessités''
n'est-elle pas la plus urgente? Privé d'asile,
l'homme au besoin peut se construire pouï
quelques jours, ou rencontrer sur son che-
min, un toit quelconque; privé de linge il
s'arrangera tant bien que mal pour s'en
passer; privé de vivres, c'est impossible.
La torture de la faim, dont tant de gen?
connaissent les affres, n'a pu réussir à
tenter la science en vue d'un remède
cace à opposer à ses angoisses. Cette dé-
couverte est difficile; j'en conviens; on ne
peut la déclarer irréalisable, n'étant encore
qu'aux prîmes essais.
Entre cette regrettable apathie, contraire
aux intérêts de tous,f la société fait encore pire :
Ne trouvant pas la vie du pauvre suffisam-
ment chargée, pour la rendre plus onéreuse
et plus atroce, elle l'accable davantage. ,
Interrogez sur ce point divers sociologues?
ils vous ont déjà expliqué et Us vous expli-
queront encore beaucoup mieux que je ne
saurais le faire, comme quoi, sous us ré*
gime démocratique, l'ouvrier qui, en appa
rence, a Pair d'être exempt d'impôts, paie
tous les jours, à toutes les heures, sous des
formes dissimulées, sa part de taxe. Qu'il
s'agisse de la farine et du vin, du café ou du
sucre, les denrées alimentaires dont le prix
brut est par lui-même assez élevé soot frap-
pées de droits énormes.
En ces temps où pour le pauvre ta ques-
tion de subsistance est un problème ou ce
qui s'appelle, joindre les deux bouts, de-
vient parfois ur. tour de force, je me de-
, mande comment il se fait que toutes îes
| améliorations, toutes les reformes, toutes
les recherches, ne visent pas au résultat de
rendre l'existence matérielle possible à tous,
j Tout le monde parle de îa faim pour discu-
' ter ses causes, personne ne trouve la solu-
tion qui par un procédé nouveau correspon-
dra à ses appels !
Le redoutable problème de vie qui date
des premiers jours de l'homme est certai
moment plus compliqué qu'à cette époque.
Le primitif pouvait disposer à sa guise des
ressources environnantes, contre périls et
contre risques, néanmoins ressources li-
bres, à la portée du plus adroit ou du plus
fort Les ressources d'aujourd'hui appar-
tiennent à de nombreux propriétaire; nulle
ne se trouve sur les chemins, a part les
quelques fruits des haies, tout est retenu,
Le civilisé pauvre, exclusion faite du pay.
san. qui vit sur son lopin de terre à très
peu de frais, achète quotidiennement ses 1
vivres, il paie son pain. Admettons qu'il,
manque d'argent, je vous laisse juge.
Parler de la faim sans trouver une com-
binaison qui la conjure» c'est rassembler de
loin à ce savant qui s'empressa de sou-:
mettre un jour à l'Académie des science?
ua remarquable travail de statistique sut
la quantité de charançons renfermés dans
un volume déterminé de blé. Un des mem-
bres de l'assemblée répondit à brûle-pour-
point qu'au lieu de calculer ie nombre de?
charançons, mieux eut valu se préoccupe!
du moyen de les détruire.
À première vue, cette remarque était logi-
que, cependant j'objecterai que le chiffra,
énoncé, de même que les écrits qui jour
nettement dénoncent les douloureuses mi"
aères des clases d'en bos, sont d'excellent#
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