Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1939-05-21
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 mai 1939 21 mai 1939
Description : 1939/05/21 (Numéro 5938). 1939/05/21 (Numéro 5938).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k823410h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
DEUX
LE POPULAIRE,
2]-5:39.
mins défilait sans trêve le flot Inin-
terrompu des vaincus, il y avait eu
des « entrées clandestines », comme si.
même s'ils y avaient pensé, ils eussent
pu trouver où faire les déclarations lé-
gales !
Cette monstrueuse et odieuse comé-
die est enfin terminée. Sur l'entremise
de Me Joë Nordmann, un compromis est
intervenu avec l'administration des
Douanes, partie civile. Les trésors con-
fisqués restent sa propriété, l'amende,
d'ailleurs irrecouvrable, est supprimée,
les objets appartenant aux héros oon-
damnés â qui avaient été honteuse-
ment dépouillés â leur seront restitués.
Quel va être maintenant le sort de ces
hommes ? Après s'être r>attus pendant
près de trois ans pour la Liberté â et
pour la Paix de l'Europe, y compris la
France â ils ont été traités en crimi-
nels pour avoir jusqu'au bout servi
loyalement. Osera-t-on ne les sortir dp
la geôle d'infamie que pour les jeter
dans un camp de concentration ?
Que se passe-t-il à Collioure?
La Ligue des Droits de l'Homme
communique :
Les journaux ont révélé que des mi-
liciens de l'armée républicaine espa-
gnole et d'anciens volontaires des bri-
gades internationales étaient internés»
au fort de Collioure et soumis au secret
le plus rigoureux.
La Ligue des Droits de l'Homme a de-
mandé à M. le préfet des Pyrénées-
Orientales sur l'ordre de qui et dans
quelles conditions ces anciens combat-
tants ont été incarcérés, quelle faute ils
ont commise, qui les a-condamnés, h
quelle peine, en application de quels rè-
glements.
. . Elle n'a reçu aucune réponse.
De ce silence inexplicable, la Ligue
est obligée de conclure que les préfets
s'arrogent' le droit de faire enfermer
sans jugement, sans explication, sans
limitation de durée, en dehors de tou-
tes les formes du droit et de la justice
les combattants espagnols qui leur dé-
plaisent.
La Ligue des Droits de l'Homme de-
mande à l'opinion républicaine si .elle
est prête à tolérer^ au 150e anniversaire
de la Révolution française, le rétablis-
sement des lettres de cachet.
Reconstitution
de la Fédération lyonnaise
de la Ligue
des Droits de l'Homme
....qui s'était dissoute
par la démission de son président
et de la plupart de ses membres
Lyon, 20 mai (dép. Radio). â On sait
que, dernièrement, M. Emery, prési-
dent de la section de Lyon et de la
Fédération du Rhône de la Ligue des
Droits' de l'Homme, s'était retiré de cet
organisme, suivi, dans sa retraite, par
la majorité de la -section lyonnaise et
de plusieurs sections du Rhône.
Le motif de cette séparation venait
d'un désaccord avec le comité central.
Une réunion vient de se tenir à
Lyon, sous la présidence de André Phi-
lip, .député socialiste du Rhône. M.
Emery, après avoir développé les rai-
sons de sa retraite, s'est refusé à re-
venir sur sa décision. Mais un bureau
nouveau a été formé, sous la présiden-
ce de Philip, et la Fédération du Rhô-
ne a pu être reconstituée.
LE PSEUDO
TINO ROSSI
n'était qu'un
vulgaire
cambrioleur
SUITE DE LA PREMIERE PAGE
Ils constatèrent tout d'abord qu'il
menait grand train de vie, puis qu'il
tirait ses ressources d'une vente de bi-
joux d'origine douteuses.
Appréhendé, le faux Tino . concéda
qu'il se nommait en réalité Armand-
Yves Roger, né-le 10 juillet 1910 à Ha-
noï. Le sommier révéla qu'il était titu-
laire de quatre condamnations pour vol
et sous le coup d'une interdiction de
séjour égale à six ans
On établit très vite qu'il était l'au-
teur du cambriolage de Carcassonne. Il
avait déposé son butin dans le coffre
d'un établissement de crédit de la pla-
ce dé la Madeleine. Il l'écoulait au fur
et à mesure des besoins et, au moment
où on l'appréhenda ,il se disposait à
réaliser le solde.
Conduit devant MM. Roches et Clôt,
chef de la brigade spéciale de la police
judiciaire et son secrétaire,' Roger es-
saya d'une fable qui n'obtint guère de
crédit. A l'entendre, il avait acheté les
bijoux à-Barcelone en décembre et jan-
vier derniers, et les écoulait selon
l'occasion.
M. Roches décida alors de visiter le
coffre. En galant, homme, il pria Ro-
ger de l'accompagner...
Et notre faux Tino fut facilement
confondu. Les quelque 150.000 francs
de joyaux restant en banque étalent
encore munis des étiquettes de vente
y adjointes par M. Millet.
Roger ne put, devant l'évidence, que
passer des aveux complets.
Il a été envoyé au Dépôt. â A. L.
DEPARTEMENTS
â Le négociant Bourrioux, compro-
mis dans l'affaira de l'escroquerie aux
lingots d'or, dont fut victime un ban-
quier lyonnais, a été interrogé hier. Il
a refusé de répondre aux questions du
magistrat, qui a lancé par ailleurs deux
mandats d'arrêt contre deux complices
de Bourrioux.
â Craignant d'être abandonnée par
son amant â qui était en même temps
son patron, René Lucet, d'Aufferville
(Seine-et-Marne) â la Polonaise Hélè-
ne Placha tenta d'égorger son énfant
âgé de 3 ans. Désarmée à temps, elle
fut dénoncée à la gendarmerie et ar-
rêtée.
â La gendarmerie de Forbach, après
une habile enquête, a arrêté le nommé
Mahlof Willy, qui, au risque de provo-
quer un- grave accident de chemin de
fer, avait coupé et emporté le câble
d'un signal de la voie ferrée, entre For-
bach et Stiring-Wendel.
MOTS CROISES
PROBLEME N° 564
HORIZONTALEMENT. â 1. Exagé-
ration. â 2. Extraordinaire. Pris con-
naissance. â 3. Celle des femmes et
des diplomates est souvent douteuse. â
4. Pronom. Frère de Moïse. â 5. On
l'extrait du pétrole. â 6. Il peuple les
plages. Ce qui constitue l'essence d'un
être.- â 7. Voiture russe. Prénom fémi-
nin. â 8. Privés d'un viscère. Termi-
naison d'infinitif. â 9. Douloureux.
Précis. â 10. Pronom.. Pronom. Trou-
blée. â 11. Pout lesquelles on est loin
d'éprouver de la sympathie.
- VERTICALEMENT. â 1. Mère de
tous les vices. Evite une répétition. â
2. Ce que ne doit pas-être une conven-
tion. â 3. Se hausse dans la colère.
Bouquet symbolique. â 4. Son réveil
est bruyant. Privé, de chef. â 5. Cri
de douleur. Pas sérieuses. â 6. Fis
une entaille. â 7. Révoltant. Au mon-
de. â 8. A qui certains croient qu'il
i (arrivera malheur. â 9. Prénom mascu-
lin. Pas droits. â 10. Porasé. Grande
quantité. Pronom.
Solution du Problème N° 563
VU ROBipA dê/ IÔÔO
=3 (3V
Vacances décennales...
ANS enthousiasme, Hélène continuait, à fai-
K re du journalisme. Elle en était toujours à
son premier duel, grâce à sa prudente cir-
a/J conspection : mais son rédacteur en chef
n'était pas très content d'elle et lui avait
infligé une forte diminution d'appointe-
ments. La jeune fille patientait en attendant le
moment des vacances décennales qui, en interrom-
pant le cours des solennités mondaines, devaient lui
donner d'agréables loisirs.
La France a maintenant un gouvernement parle-
mentaire tempéré par des révolutions régulières
dites « vacances décennales ». En dix ans, la machi-
ne politique, surchauffée, a eu tout le temps, èsti-
me-t-on, de s'encrasser. La révolution régulière est
la soupape de sûreté qui supprime tout danger
d'explosion. Pendant l'arrêt des vacances décenna-
les, la-machine se remet à neuf et au bout du tri-
mestre, le gouvernement se trouve de nouveau en
état de marcher dix ans sans remontage ni catas-
trophe.
Tout est préparé, organisé de longue date pour
rendre ces vacances plus pittoresques que celles
! Lvi ns .i Liouttms)
Répétition générale sur une barricade
de la période précédente. Dans toutes les villes des
comités se sont formés pour l'organisation de la
révolution et. la préparation d'émotions inédites, de
surprises intéressantes.
En arrivant un matin au journal, Hélène trouva
l'hôtel occupé par un détachement de soldats et
le'rédacteur en chef en train de parlementer avec
les officiers. .. .... ..
⢠-ââ¢Et la .liberté''de-la presse, messieurs ? s'écriait;
Piquefol. Que faites-vous de la liberté de la
presse ?
â Qu'y a-t-il ? demanda Hélène, prête à se
sauver.
â C'est le gouvernement, dit un rédacteur, qui
fait couper les fils de notre téléphone 1 L'« Epo-
que » est supprimée !...
â Vcus ne pouviez pas me prévenir ? reprit
Hector Piquefol. J'aurais appelé tous mes rédac-
teurs à la défense de notre journal et vous n'auriez
encloué nos téléphones qu'après une prise d'as-
saut... Quel beau spectacle pour nos abonnés ! En-
fin, .je vais rédiger une protestation solennelle !
Hector Piquefol rassembla ses rédacteurs et les
harangua du haut d'une table. .
« Mesdames, messieurs I Encore huit jours et le
gouvernement qui pèse sur notre malheureuse
France aura sombré dans l'abîme où, depuis â !a
chute des Capétiens, cinquante-huit gouvernements
l'ont précédé ! La révolution est fixée au 2 avril
et ce, sans aucune remise, â l'Observatoire, con-
sulté, garantit le beau temps !... Au 2 avril, mes-
dames et messieurs ! Chacun de nous se rendra
à son poste de combat, pour assister à tous les épi-
sodes *êt donner à nos abonnés un tableau fidèle de
la grande révolution de 1953 !
Hector continua pendant quelque temps. T1 don-
na ses dernières instructions à chacun de ses ré-
dacteurs, chargea l'un de brosser un tableau pit-
toresque des barricades, donna pour mission à un
autre de s'occuper spécialement du compte rendu
des faits militaires, commanda une série d'articles
sur Paris révolutionnaire nocturne, une autre sér
rie sur les faits aériens de la révolution, un ro-
man intitulé « l'Enfant- de la barricade », etc., etc.
Hélene se croyait tranquille : plus de premières
représentations, de concerts ni de soirées et, par-
tant-, plus de courrier mondain. Mais Piquefol en
avait décidé autrement.
â Vous, mademoiselle, dit-il à Hélène, tout le
côté féminin de la révolution vous appartient : les
clubs féminins, la Mode révolutionnaire. Je vous
attache au bataillon des volontaires, féminins de
Marseille qui débarque le 2 avril au matin, par
train spécial, du tube méditerranéen... Vous regarde-
rez et, vous prendrez des notes. Commandez-vous
immédiatement un uniforme.
Hélène rentra chez elle bien contrariée.
Mme Ponto parut à la fois étonnée et scandali-
sée du _peu d'enthousiasme marqué par sa pupille
en revenant du journal.
â Vous m'avez habituée à bien" des surprises
déjà, dit-elle, mais vraiment vous me paraissez bien
difficile^.. Comment, vous n'êtes pas contente d'être
attachée au bataillon des Marseillaises !... Vous .allez
voir la révolution de près, aux meilleures places,
vous irez partout et vous passerez . partout... Ce
sera dé'icieux ! je vous donnerai une lettre pour la
commandante, toutes les officières seront vos amies...
â Je ne tenais pas à voir de si près...
â Nous serons forcées de nous contenter - des
balcons et des tribunes... Barbe et Barnabette vont^
envier votre chance... Nous connaîtrons tout à
l'heure le programme définitif de la révolution. M.
Ponto a donné cinq cent mille francs à la grande^
souscription organisée pour payer les frais des va-
cances nationales et le comité central révolution-
naire l'a nommé son trésôrier, de sorte qu'il assiste
aujourd'hui à la réunion où doivent être définiti-
vement arrêtés l'ordre et la marche des événe-
ments et divertissements.
Héli-ne poussa un soupir de résignation.
â Je comptais, dit-elle, avoir, comme tous les
Français, mes trois mois de vacances.
â Vous ne pouvez pas abandonner votre journal.
Pour quelques articles à bâcler, vous serez cons-
tamment aux premières loges !
M.' P.ontô ne revint du « Comité central révolu-
tionnaire.» que très tard .dans la soirée.
â Je suis exténué! dit-il en tombant dans un
fauteuil. Quel travail ! nies collègues ne s'enten-
dent pas, chacun a son programme et veut le faire
triompher... Il m'a fallu discourir pendant six heu-
res pour arriver à quelque chose... il y a dans ce
comité ti^ip de journalistes et trop de politiciens
sans goûts artistiques...
« Voyant que l'on n'allait faire rien de bon, rien
d'originai, j'ai pris la parole pour combattre réso-
lument. leurs absurdes projets.
â Enfin, qu'a décidé le comité.? fit Mme Ponto.
Aurons-nous quelque chose de bien.?
â Ce sera très bien et surtout pai trop banal...
â Par quoi commence-t-on ?
â Par l'arrestation de tous les chefs, de l'oppo-
'sit.io.fi' 1 dîft'S"lâ°nuit du ler avril,'c'est entendu- avec
le Ttiiriîstëréi.v"arrestation à la lueur des torches,
charges de cavalerie, tocsin, générale, etc., incar-
cération brutale des prisonniers dans les cachots
de la Bastille... ,
â De la Bastille ? mais...
â Nous avons encore huit jours, j'ai fait appeler
immédiatement, un entrepreneur et un décorateur,
la Bastille sera reconstruite, légèrement et som-
mairement, mais elle sera reconstruite... le traité
est signé... que dites-vous de mon idée de recons-
truction de la Bastille ? Superbe, n'est-ce pas ? Le
matin du 2 avril, effervescence populaire, rappel,
générale, tocsin, charges de cavalerie;.. A 3 heu-
res, défilé sur les boulevards-du peuple marchant
sur' la Bastille. Attaque et défense. A 9 heures, .as-
saut à la lumière électrique, sac et incendie ! Les
y, 4 et K avril, construction d.e.s'barriicades dans tous
lès quartiers, exposition des spécimens de barrica-
des des. ingénieurs -bamcadiers, promenades, feux
de. joie,-etc. Le 6 avril mouvement offensif des trou-
pes gouvernementales, attaque générale, enlève-,
ment de la première ligne de barricades, combat
nocturne sur toute la ligne des boulevards éclairés
à la lumière électrique... Le 8 avril, les troupes met-
tent la crosse en l'air, journée de fraternisation gé-
nérale. Fête de » nuit aux -Champs-Elysées ; attaque
du palais du gouvernement. Pillage. Le gouverne-
ment est .culbuté, etc. Voilà le commencement... je
vous passe les détails, mais vous vérrez que ce "sera
pittoresque: ! (A. suivre.)
ILLUSTRATIONS DE L'AUTEUR
Copyright 193P, iy Robida, pour texte et les dessins
La !#®v
LES nazis vont publier une nouvelle édition de la Bible ; édition « revue eî
corrige ». Le Populaire l'a déjà annoncé, mais il faut y. revenir en four-
nissant quelques détails supplémentaires. Les occasions de s'amuser ne sont
pas si fréquentes. : ' h
Donc, an ncuvel institut vient d'être inaugure qui se nomme : « IristituYpour la
recherche et l'élimination de l'influence juive dans la oie de l'église allemande m
A cette occasion, le professeur Crundmann, d'Icnu. éminent hitlérien, a fait une confé-~
rence pour caractériser les intentions et le- tâchés de la nouvelle fondation. Jl a expliqué
que le travail dr la Réforme était incomplet, qu'il fallait réformer jusqu'au bout. Pour-
cela, nécessité de nier la liaison établie dans le Nouveau Testament entre Abraham
et Jésus. Nécesi-.té aussi de reconnaître que « la préhistoire allemande est tout aussi
importent pour le christianisme que les histoires de l'Ancien Testament ». Simplement.
Si je comprend* bien l'éminenl professeur, il s'agit d' « organiser » coûie que
coûte, d'apprendre aux enfants que Jésus n ai'ait rien d un sémite ; peut-etre même
de leur expliquer qu'il vivait dans les pays nordiques ; à tout le moins que le christia-
nisme descend des Cermams, que tes apô-
tres sont les disciples de Wotan, que l'Lden
s'appelle le IValhalia et que les IValky-
ries sont des prêtresses chrétiennes.
Qn nous annonce que « les tâches con-
crètes de l'Institut consisteraient d'abord
dans la création d'un nouveau livre de
chants de l'Eglise, épurés de toute trace
de judaïsme ». Puis viendra enfin, l'initia-
tive dont je vous parle au début de cet ar-
ticle : la création d'une Bible du peuple
allemand, c'est-à-dire « une édition des
Evangiles fondée sur la tradition la plus
antique du christianisme ' primitif et qui
élimine toutes les transformations et toutes
les légendes de provenance juive qui faus-
sent lis Evangiles tels qu'ils se trouvent
dans le texte traditionnel »,
Je vous avoue que la Bible n'est pas ^
mon livre de chevet. Je n'ai pas coutume
de chercher mes inspirations dans l'Ancien
Testament, ni dans le Nouveau. Mais je
guetterai la publication de ce nouveau livre.
J'\) puiserai plus de joie que dans la lec-
ture de maint roman contemporain. On peut
s attendre a recouvrir, dans t hvangile selon Crvndmann, dlena, des révélations de
tout premier ordre. On n'y trouvera, comme promis, aucune trace de filiation entré
Jésus-Christ et Abraham. Mais je serais bien surpris si on n'y trouvait pas des preu-
ves irréfutables de filiation entre Hitler et Jésus-Christ. On aura soin de donner un
nouveau baptême aux apôtres qui ne seront plus de sales « poutres », mais d'honnêtes
aryens. Et sans doute ira-l-on jusqu'à nous conter qu'ils s'appelaient Hermann comme
Coering, Richard comme Goebbcls, Rudolf comme Hess, Alfred comme Rosenbèrg.
Seulement, en se demande pourquoi Hitler se donne tant de mal pour falsifier
la Bible. Il n'y a qu'une Bible qui compte, sacrcbleu ! C'est Mein Kampf. De même
qu'il n'j) a qu'un Messie: c'est Adolf H:tler...
Pour abrtre pacifiquement les fous du III' Reich, les nations pacifiques sont
en train de constituer un solide barrage. Mais, dans la bataille, les pacifiques ont
un allié sérieux dont on ne parle pas dans les chancelleries : c'est un noble seigneur
qui a nom Ridicule. Il finira bien par tuer les insensés qui le défient chaque jour. â
L. L.
. FOIRE DE PARIS. Parc des Ex-
positions. Porte de Versailles. Ouvert
de 9 h. à 18 h.
DON FRANÇAIS
A UNE BIBLIOTHEQUE
M DE SIMONIN, ministre plénipo-
tentiaire de France, a remis à la
bibliothèque de l'Université de Witwa-
tersrand, une collection de plus de
700 volumes, don du gouvernement
français, afin d'encourager le dévelop-
pement de la culture£fmnçat$e :~e3i
A f H que du Sud.
UN. SEMAINE D'ARTS
BASQUES A. PARIS
p OUR faire connaître les arts basques
r la Ligue Internationale des Amis des
Easques présidée par M. François
Mauriac organise, à partir de lundi
prochain 22 mai, de grandes manifes-
tations. Ce jour-là, le Salon des pein-
tres "basques ouvrira ses portes pour
20 jours, 7, rue du Faubourg-Saiht-
Hor.oré.
Pour les deux jours de Pentecôte,
,aur Fronton de Parisi se: déroulera un
grand tournoi de .pelote disputé-en-
tre -les meilleurs pelota.ris français
à la tête desquels sera le légendaire
Chiquito.
Enfin 'tout l'art musical et choré-
graphique des Basques triomphera au
Palais Ohaillot, le vendredi 26 mai,
à 21 heures, avec le concours de la
célèbre chorale Erresoinlca (110 exé-
cutants) et des 23 jeunes chanteurs
et danseurs d'Elaï-Alaï groupés au-
tour de Lida de Olaeta, la plus jeune
danseuse du monde. Pour -ce gâla
exceptionnel, on peut dès maintenant
retenir ses places au Théâtre du Pa-
lais Chaillot, place dii Trocadéro.
Par la peinture, la sculpture, la mu-
sique, la chorégraphie, les sports, la
Ligue des Amis des Basques fera con-
naître au public parisien l'âme même
de ce peuple dont Victor Hugo a dit
-qu'il porte en lui, toujours vivante, la
plus ancienne civilisation.
tOUIS BERNICOT
LA CROISIÈRE
DANAHITA
Ce merveilleux voyage oyifot/r du.monde du
Commando»! LSui^^iSfT^vTà boriTcff sç&fàihe
AnahjJa,. eïlutfejfojriferfaoke'feçon tje'covroge eî
d'énergie humaine, un exempftTcfe ce que ceî deux vef~
fus peuvent, foire accomplir à un marin, à un Fronçais.
Un volume In- dovble-cooronns,
ioui cowverfwre photographique,
comporter*' un frontfjpice, uns
carte, trois croquii et un glossoire
des termes nautiques. ... 18 fr.
Editlon-nyméretée sur vergé"
antique, rsliéeuleine toHertitnref'
motifs or. 40 fr
Craignant
une réprimande
un ouvrier agricole
se suicide
Albi, 20 mai. :âCraignant d'être ré-
primandé parce qu'il avait" tué urié. gé-
nisse qui tentait de s'échapper ~ de l'étâ-
ble, l'ouvrier Antoine Cadamuro, âgé
de 26 ans, de nationalité italiénne.' tra-
vaillant chez M. Sylvestre, marchand'
de bestiaux à Réalmont, s'est ttré ' uni-
coup de revolver dans "la-tête.
Grièvement blessé, le malheureux a'
été transporté à l'hôpital d'Albi; où ïl:
a succombé peu après. - - : :
Première partie
IV
' â Monsieur de La Haye Vri-
gny ! uit Bernard.
â Est-ce vous qui vous battez,
ou ce sergent ? demanda René.
Et Beau-Soleil répondit :
' â- Je vais avoir cet avantage,
monsieur,
Les deux jeunes gens ne s'étaient
point encore salués, la présence des
gardes-françaises, et des gardes-du-
corps enveloppant leur reconnais-
sance d'une sorte d'indécision,
d'hostilité latente.
Avec beaucoup de grâce, La
Haye-Vrigny tira son chapeau :
â En ce cas, monsieur, permet-
tez-moi de vous souhaiter bonne
chance.
A son tour, Bernard se décou-
' vrit, puis ils se serrèrent la main,
franchement.
Et, à cette vue, dans une com-
municative pensée, oubliant pour
une heure rancunes et défiances,
grenadiers et cavaliers échangèrent
leur salut, tout en se tenant à dis-
tance.
De nouveaux piétons, de nou-
veaux carrosses étaient survenus.
Sur lés sièges des voitures, plus de
housses chamarrées - ! des laquais
sans galons ! aux portières, plus
d'armoiries, de devises héraldi-
ques 1 le peuple des faubourgs fai-
sant mauvais parti' à la livrée et
plaquant de boue les symboles féo-
daux. Mais d'aimables curieuses se
penchaient, joliment coiffées.
La Haye-Vrigny - aperçut une
amie, rangea son cheval auprès
d'elle : quelque petite maîtresse dé-
licate, toute langoureuse, à la veil-
le dVmigrer, de quitter ce Paris
grondant voué au fer et au sang,
où tant de tendresses gracieuses,
d'intimes élégances, trouvaient en-
core à se nicher,
Et Pvose, enfiévrée de jalousie,
se rejeta au fond de sa voiture, ne
voulant plus voir ces sourires,
â Nous nous, sommes trop pres-
sés, dit Bernard.'
Tavernac eut un geste d'impa-
tience :
â Possible ! Pourtant voici
l'heure 1
â Et voilà M. d'Angeville !
murmura-Charles.
D'une berline attelée en poste
descendaient le vicomte et ses té-
moins.
En ouelques minutes, Tavernac
et M. de Brégy eurent terminé les
préparatifs du combat qu'ils de-
vaient diriger. La grande avenue
convenait parfaitement ; il eût été
cruel, tn choisissant une allée sous
bois, ds priver du coup d'oeil une
assistance si choisie. Ayant rapide-
ment échangé leur parole que ci M.
d'Angeville, ni M., Renou ne con-
naissaient les armes apportées, ils
SCÈNES DE GUERRE CIVILE
ROMAN HISTORIQUE
PAR ⢠â¦
JACQUES LOZËRE
tirèrent au sort celles qui allaient
'Servir, arrêtèrent les dispositions
dernières :
â Les pistolets ne seraient pas
rechargés. Les adversaires, placés
à vingt-cinq pas, pourraient au
commandement, tirer ou réserver
léur feu et marcher '.'un sur l'au-
tre. De l'épée qui leur serait re-
mise dans la main gauche, ils pour-
raient se servir à volonté. Aucune
intervention des témoins ne serait
possible, une fois donné l'unique si-
gnal ciu combat. La formule res-
tait précise : celui qui tombera et
ne tombera que blessé, pourra être
tué par l'autre, sans miséricorde,
et quoique sans défense.
Assistés des deux autres témoins,
ils chargèrent les pistolets désignés,
tirèrent les épées de leur gaine.
Se reculant soudain, se tassant
au pied des arbres, de chaque côté
de la large avenue, les spectateurs
laissèrent un vaste espace libre,
plusieurs gardes-françaises ayant
aligné en deux files séparées, tout
contre le bois, les carrosses où les
dames commençaient à frissonner,
bien que certaines eussent pris une
place commode sur les sièges cédés
par les laquais. Droits sur les'
étriers, encaqués parmi piétons et
voitures, les cavaliers dominaient
la scène aussi bien que les plus har-
dies curieuses.
Et, tout à coup, au milieu du re-
cueillement profond de cette toule,
silence troublé seulement par quel-
ques chocs de harnais, quelques
ébrouements des chevaux, deux
hommes, dont l'un allait, mourir,
se dressèrent, tête nue, habit' .bas,
le pistolet à la main droite, l'épée
à la main gauche, et une voix so-
nore s'éleva, ordonnant le combat.
A pas très raccourcis, ils marchè-
rent l'un sur l'autre, une même
pensée leur soufflant que celui qui
se presserait perdrait des chances.
D'un brusque et semblable mou-
vement, ils,"avaient abaissé leur pis-
tolet dans, la .ligne, de tir. . .
D'Angeville s'arrêta. Renou con-
tinuait d'avancer, n'était plus qu'à
dix pas. Le vicomte tira, E' unç
réflexion lui traversa l'esprit, sitôt
la détente-lâchée :
Il avait choisi le ton moment 1
Comment eût-if pu manquer le but,
si près ! â
Et pourtant il l'avait manqué!"
Le sergent avançait toujours, len-
tement, le pistolet braqué.
Déjà d'Angeville prenait son-
épée de la main droite. Une seule
chance lui restait : duelliste réflé-
chi, il l'avait méditée, tout à l'heu-
re, en venant, cette ressource pos-
sible. Le corps replié, il fonça com-
me un taureau. ' "
Surpris, cherchant à viser de nou-
veau, Bernard eut un moment d'hé-
sitation, trop longue encore. Per-
dant le sentiment qu'une balle ar-
rêterait mieux qu'une parade l'épée
qu'il se voyait au corps, il opposa,
avec un mouvement de retraite,
son bras droit'au fer.
Le sang jaillit des chairs déchi-
rées. Bienheureuse blessure! car le
vicomte rompit pour porter i-n au-
tre-coupj pour trouer la poitrine.
â Le maladroit ! s'exciamait
Fleur-d'Epine d'une voix basse,
étranglée; qu il le brûle donc,
maintenant; la partie est gagnée!
En . effet, d'Angeville semblait
perdu, son attaque furieuse ayant
échoué au principal. Mais kenou,
loin de brûler son adversaire dé-
contenancé, paraissait considérer
son pistolet comme une arme se-,
condaire. Ses deux mains "a \ aient
fait un échange : c'était l'épée que
tenait sa droite, tandis que 1 !e pis-
tolet passait à sa gauche, point me-
naçant puisque la gueule s'abais-
sait vers la terre, comrne le bras.
Et lis deux lames se lièrent.
Un fin tireur, le vicomte, un des
meilleurs escrimeurs dè: là célèbre
salle du professeur Gervajs!... .
Blême, la bouche tordue, il jou- -
ait serré, ayant senti aussitôt qu'il
était plus fort que sor advèrsàire,
voulant le coucher à terre, d'un
maître coup.
Bernard, au régiment, pouvait
faire honneur à son prévôt; repen-
dant, lui aussi comprit vite que
d'Angeville arrivait toujours à la
parade avec une impeccable adres-
se, qu'il ferraillait en attendait une
faute prochaine dont il profiterait
pleinement; et le sergent, alors,
tout en redoublant les attaques du
fer, releva son pistolet, l'armejm-
placable sur laquelle il comptait
pour lia.pas mourir sans tuer.
Tous les- hpnimé§;iqpj~(eg|rcla|êii.t'
devinèrent, sa,: penséK^vo|anï "q'^ij
ne tirait pas, :.et d'Angeville-.aussi,-'
car il en perdit Une'partie" dé sà ."
confiance, gtietta. U longue épée".
qui étincelait, et-guetta l'arme cour;-.
te et sombre. . -
11 >*rut venu le moméht d'uné ri-"'
poste tentante ;, il dégagea, se fen- .-
dit à fend, ne put revenir à-H pa-'
rade; si chemise se tâcha"dé "rOïige;
mais celle du. sergent.' touché.ffttê":
fois au-dessous du sein,-se mouil-
lait de taches plus laiges-." - ' '-v :
.' ... - - (A suivre.)
Publication autorisée '3 £
par la maison Çat.haxn-Lévy
>f>f
Le POPULAIRE
de Paris
9, Poe Victor-SI à l'Ait IS CÏX'I
PRIX DES ABONNEMENTS
3 mois 6 mois i an.
F-anct et cslent«,.."T.- > 33. 63 120
Etranger (accord pwlal). 63 122 240
Etranger (non accofd).. g(j 150 310
Adresser mandats et tateun è ('Adiiiini'straîniir.
déltgve ; Comçte-cttequt "postal 27»^37 Paai,
^ ' "" â ''r â ' i '
LE POPULAIRE,
2]-5:39.
mins défilait sans trêve le flot Inin-
terrompu des vaincus, il y avait eu
des « entrées clandestines », comme si.
même s'ils y avaient pensé, ils eussent
pu trouver où faire les déclarations lé-
gales !
Cette monstrueuse et odieuse comé-
die est enfin terminée. Sur l'entremise
de Me Joë Nordmann, un compromis est
intervenu avec l'administration des
Douanes, partie civile. Les trésors con-
fisqués restent sa propriété, l'amende,
d'ailleurs irrecouvrable, est supprimée,
les objets appartenant aux héros oon-
damnés â qui avaient été honteuse-
ment dépouillés â leur seront restitués.
Quel va être maintenant le sort de ces
hommes ? Après s'être r>attus pendant
près de trois ans pour la Liberté â et
pour la Paix de l'Europe, y compris la
France â ils ont été traités en crimi-
nels pour avoir jusqu'au bout servi
loyalement. Osera-t-on ne les sortir dp
la geôle d'infamie que pour les jeter
dans un camp de concentration ?
Que se passe-t-il à Collioure?
La Ligue des Droits de l'Homme
communique :
Les journaux ont révélé que des mi-
liciens de l'armée républicaine espa-
gnole et d'anciens volontaires des bri-
gades internationales étaient internés»
au fort de Collioure et soumis au secret
le plus rigoureux.
La Ligue des Droits de l'Homme a de-
mandé à M. le préfet des Pyrénées-
Orientales sur l'ordre de qui et dans
quelles conditions ces anciens combat-
tants ont été incarcérés, quelle faute ils
ont commise, qui les a-condamnés, h
quelle peine, en application de quels rè-
glements.
. . Elle n'a reçu aucune réponse.
De ce silence inexplicable, la Ligue
est obligée de conclure que les préfets
s'arrogent' le droit de faire enfermer
sans jugement, sans explication, sans
limitation de durée, en dehors de tou-
tes les formes du droit et de la justice
les combattants espagnols qui leur dé-
plaisent.
La Ligue des Droits de l'Homme de-
mande à l'opinion républicaine si .elle
est prête à tolérer^ au 150e anniversaire
de la Révolution française, le rétablis-
sement des lettres de cachet.
Reconstitution
de la Fédération lyonnaise
de la Ligue
des Droits de l'Homme
....qui s'était dissoute
par la démission de son président
et de la plupart de ses membres
Lyon, 20 mai (dép. Radio). â On sait
que, dernièrement, M. Emery, prési-
dent de la section de Lyon et de la
Fédération du Rhône de la Ligue des
Droits' de l'Homme, s'était retiré de cet
organisme, suivi, dans sa retraite, par
la majorité de la -section lyonnaise et
de plusieurs sections du Rhône.
Le motif de cette séparation venait
d'un désaccord avec le comité central.
Une réunion vient de se tenir à
Lyon, sous la présidence de André Phi-
lip, .député socialiste du Rhône. M.
Emery, après avoir développé les rai-
sons de sa retraite, s'est refusé à re-
venir sur sa décision. Mais un bureau
nouveau a été formé, sous la présiden-
ce de Philip, et la Fédération du Rhô-
ne a pu être reconstituée.
LE PSEUDO
TINO ROSSI
n'était qu'un
vulgaire
cambrioleur
SUITE DE LA PREMIERE PAGE
Ils constatèrent tout d'abord qu'il
menait grand train de vie, puis qu'il
tirait ses ressources d'une vente de bi-
joux d'origine douteuses.
Appréhendé, le faux Tino . concéda
qu'il se nommait en réalité Armand-
Yves Roger, né-le 10 juillet 1910 à Ha-
noï. Le sommier révéla qu'il était titu-
laire de quatre condamnations pour vol
et sous le coup d'une interdiction de
séjour égale à six ans
On établit très vite qu'il était l'au-
teur du cambriolage de Carcassonne. Il
avait déposé son butin dans le coffre
d'un établissement de crédit de la pla-
ce dé la Madeleine. Il l'écoulait au fur
et à mesure des besoins et, au moment
où on l'appréhenda ,il se disposait à
réaliser le solde.
Conduit devant MM. Roches et Clôt,
chef de la brigade spéciale de la police
judiciaire et son secrétaire,' Roger es-
saya d'une fable qui n'obtint guère de
crédit. A l'entendre, il avait acheté les
bijoux à-Barcelone en décembre et jan-
vier derniers, et les écoulait selon
l'occasion.
M. Roches décida alors de visiter le
coffre. En galant, homme, il pria Ro-
ger de l'accompagner...
Et notre faux Tino fut facilement
confondu. Les quelque 150.000 francs
de joyaux restant en banque étalent
encore munis des étiquettes de vente
y adjointes par M. Millet.
Roger ne put, devant l'évidence, que
passer des aveux complets.
Il a été envoyé au Dépôt. â A. L.
DEPARTEMENTS
â Le négociant Bourrioux, compro-
mis dans l'affaira de l'escroquerie aux
lingots d'or, dont fut victime un ban-
quier lyonnais, a été interrogé hier. Il
a refusé de répondre aux questions du
magistrat, qui a lancé par ailleurs deux
mandats d'arrêt contre deux complices
de Bourrioux.
â Craignant d'être abandonnée par
son amant â qui était en même temps
son patron, René Lucet, d'Aufferville
(Seine-et-Marne) â la Polonaise Hélè-
ne Placha tenta d'égorger son énfant
âgé de 3 ans. Désarmée à temps, elle
fut dénoncée à la gendarmerie et ar-
rêtée.
â La gendarmerie de Forbach, après
une habile enquête, a arrêté le nommé
Mahlof Willy, qui, au risque de provo-
quer un- grave accident de chemin de
fer, avait coupé et emporté le câble
d'un signal de la voie ferrée, entre For-
bach et Stiring-Wendel.
MOTS CROISES
PROBLEME N° 564
HORIZONTALEMENT. â 1. Exagé-
ration. â 2. Extraordinaire. Pris con-
naissance. â 3. Celle des femmes et
des diplomates est souvent douteuse. â
4. Pronom. Frère de Moïse. â 5. On
l'extrait du pétrole. â 6. Il peuple les
plages. Ce qui constitue l'essence d'un
être.- â 7. Voiture russe. Prénom fémi-
nin. â 8. Privés d'un viscère. Termi-
naison d'infinitif. â 9. Douloureux.
Précis. â 10. Pronom.. Pronom. Trou-
blée. â 11. Pout lesquelles on est loin
d'éprouver de la sympathie.
- VERTICALEMENT. â 1. Mère de
tous les vices. Evite une répétition. â
2. Ce que ne doit pas-être une conven-
tion. â 3. Se hausse dans la colère.
Bouquet symbolique. â 4. Son réveil
est bruyant. Privé, de chef. â 5. Cri
de douleur. Pas sérieuses. â 6. Fis
une entaille. â 7. Révoltant. Au mon-
de. â 8. A qui certains croient qu'il
i (arrivera malheur. â 9. Prénom mascu-
lin. Pas droits. â 10. Porasé. Grande
quantité. Pronom.
Solution du Problème N° 563
VU ROBipA dê/ IÔÔO
=3 (3V
Vacances décennales...
ANS enthousiasme, Hélène continuait, à fai-
K re du journalisme. Elle en était toujours à
son premier duel, grâce à sa prudente cir-
a/J conspection : mais son rédacteur en chef
n'était pas très content d'elle et lui avait
infligé une forte diminution d'appointe-
ments. La jeune fille patientait en attendant le
moment des vacances décennales qui, en interrom-
pant le cours des solennités mondaines, devaient lui
donner d'agréables loisirs.
La France a maintenant un gouvernement parle-
mentaire tempéré par des révolutions régulières
dites « vacances décennales ». En dix ans, la machi-
ne politique, surchauffée, a eu tout le temps, èsti-
me-t-on, de s'encrasser. La révolution régulière est
la soupape de sûreté qui supprime tout danger
d'explosion. Pendant l'arrêt des vacances décenna-
les, la-machine se remet à neuf et au bout du tri-
mestre, le gouvernement se trouve de nouveau en
état de marcher dix ans sans remontage ni catas-
trophe.
Tout est préparé, organisé de longue date pour
rendre ces vacances plus pittoresques que celles
! Lvi ns .i Liouttms)
Répétition générale sur une barricade
de la période précédente. Dans toutes les villes des
comités se sont formés pour l'organisation de la
révolution et. la préparation d'émotions inédites, de
surprises intéressantes.
En arrivant un matin au journal, Hélène trouva
l'hôtel occupé par un détachement de soldats et
le'rédacteur en chef en train de parlementer avec
les officiers. .. .... ..
⢠-ââ¢Et la .liberté''de-la presse, messieurs ? s'écriait;
Piquefol. Que faites-vous de la liberté de la
presse ?
â Qu'y a-t-il ? demanda Hélène, prête à se
sauver.
â C'est le gouvernement, dit un rédacteur, qui
fait couper les fils de notre téléphone 1 L'« Epo-
que » est supprimée !...
â Vcus ne pouviez pas me prévenir ? reprit
Hector Piquefol. J'aurais appelé tous mes rédac-
teurs à la défense de notre journal et vous n'auriez
encloué nos téléphones qu'après une prise d'as-
saut... Quel beau spectacle pour nos abonnés ! En-
fin, .je vais rédiger une protestation solennelle !
Hector Piquefol rassembla ses rédacteurs et les
harangua du haut d'une table. .
« Mesdames, messieurs I Encore huit jours et le
gouvernement qui pèse sur notre malheureuse
France aura sombré dans l'abîme où, depuis â !a
chute des Capétiens, cinquante-huit gouvernements
l'ont précédé ! La révolution est fixée au 2 avril
et ce, sans aucune remise, â l'Observatoire, con-
sulté, garantit le beau temps !... Au 2 avril, mes-
dames et messieurs ! Chacun de nous se rendra
à son poste de combat, pour assister à tous les épi-
sodes *êt donner à nos abonnés un tableau fidèle de
la grande révolution de 1953 !
Hector continua pendant quelque temps. T1 don-
na ses dernières instructions à chacun de ses ré-
dacteurs, chargea l'un de brosser un tableau pit-
toresque des barricades, donna pour mission à un
autre de s'occuper spécialement du compte rendu
des faits militaires, commanda une série d'articles
sur Paris révolutionnaire nocturne, une autre sér
rie sur les faits aériens de la révolution, un ro-
man intitulé « l'Enfant- de la barricade », etc., etc.
Hélene se croyait tranquille : plus de premières
représentations, de concerts ni de soirées et, par-
tant-, plus de courrier mondain. Mais Piquefol en
avait décidé autrement.
â Vous, mademoiselle, dit-il à Hélène, tout le
côté féminin de la révolution vous appartient : les
clubs féminins, la Mode révolutionnaire. Je vous
attache au bataillon des volontaires, féminins de
Marseille qui débarque le 2 avril au matin, par
train spécial, du tube méditerranéen... Vous regarde-
rez et, vous prendrez des notes. Commandez-vous
immédiatement un uniforme.
Hélène rentra chez elle bien contrariée.
Mme Ponto parut à la fois étonnée et scandali-
sée du _peu d'enthousiasme marqué par sa pupille
en revenant du journal.
â Vous m'avez habituée à bien" des surprises
déjà, dit-elle, mais vraiment vous me paraissez bien
difficile^.. Comment, vous n'êtes pas contente d'être
attachée au bataillon des Marseillaises !... Vous .allez
voir la révolution de près, aux meilleures places,
vous irez partout et vous passerez . partout... Ce
sera dé'icieux ! je vous donnerai une lettre pour la
commandante, toutes les officières seront vos amies...
â Je ne tenais pas à voir de si près...
â Nous serons forcées de nous contenter - des
balcons et des tribunes... Barbe et Barnabette vont^
envier votre chance... Nous connaîtrons tout à
l'heure le programme définitif de la révolution. M.
Ponto a donné cinq cent mille francs à la grande^
souscription organisée pour payer les frais des va-
cances nationales et le comité central révolution-
naire l'a nommé son trésôrier, de sorte qu'il assiste
aujourd'hui à la réunion où doivent être définiti-
vement arrêtés l'ordre et la marche des événe-
ments et divertissements.
Héli-ne poussa un soupir de résignation.
â Je comptais, dit-elle, avoir, comme tous les
Français, mes trois mois de vacances.
â Vous ne pouvez pas abandonner votre journal.
Pour quelques articles à bâcler, vous serez cons-
tamment aux premières loges !
M.' P.ontô ne revint du « Comité central révolu-
tionnaire.» que très tard .dans la soirée.
â Je suis exténué! dit-il en tombant dans un
fauteuil. Quel travail ! nies collègues ne s'enten-
dent pas, chacun a son programme et veut le faire
triompher... Il m'a fallu discourir pendant six heu-
res pour arriver à quelque chose... il y a dans ce
comité ti^ip de journalistes et trop de politiciens
sans goûts artistiques...
« Voyant que l'on n'allait faire rien de bon, rien
d'originai, j'ai pris la parole pour combattre réso-
lument. leurs absurdes projets.
â Enfin, qu'a décidé le comité.? fit Mme Ponto.
Aurons-nous quelque chose de bien.?
â Ce sera très bien et surtout pai trop banal...
â Par quoi commence-t-on ?
â Par l'arrestation de tous les chefs, de l'oppo-
'sit.io.fi' 1 dîft'S"lâ°nuit du ler avril,'c'est entendu- avec
le Ttiiriîstëréi.v"arrestation à la lueur des torches,
charges de cavalerie, tocsin, générale, etc., incar-
cération brutale des prisonniers dans les cachots
de la Bastille... ,
â De la Bastille ? mais...
â Nous avons encore huit jours, j'ai fait appeler
immédiatement, un entrepreneur et un décorateur,
la Bastille sera reconstruite, légèrement et som-
mairement, mais elle sera reconstruite... le traité
est signé... que dites-vous de mon idée de recons-
truction de la Bastille ? Superbe, n'est-ce pas ? Le
matin du 2 avril, effervescence populaire, rappel,
générale, tocsin, charges de cavalerie;.. A 3 heu-
res, défilé sur les boulevards-du peuple marchant
sur' la Bastille. Attaque et défense. A 9 heures, .as-
saut à la lumière électrique, sac et incendie ! Les
y, 4 et K avril, construction d.e.s'barriicades dans tous
lès quartiers, exposition des spécimens de barrica-
des des. ingénieurs -bamcadiers, promenades, feux
de. joie,-etc. Le 6 avril mouvement offensif des trou-
pes gouvernementales, attaque générale, enlève-,
ment de la première ligne de barricades, combat
nocturne sur toute la ligne des boulevards éclairés
à la lumière électrique... Le 8 avril, les troupes met-
tent la crosse en l'air, journée de fraternisation gé-
nérale. Fête de » nuit aux -Champs-Elysées ; attaque
du palais du gouvernement. Pillage. Le gouverne-
ment est .culbuté, etc. Voilà le commencement... je
vous passe les détails, mais vous vérrez que ce "sera
pittoresque: ! (A. suivre.)
ILLUSTRATIONS DE L'AUTEUR
Copyright 193P, iy Robida, pour texte et les dessins
La !#®v
LES nazis vont publier une nouvelle édition de la Bible ; édition « revue eî
corrige ». Le Populaire l'a déjà annoncé, mais il faut y. revenir en four-
nissant quelques détails supplémentaires. Les occasions de s'amuser ne sont
pas si fréquentes. : ' h
Donc, an ncuvel institut vient d'être inaugure qui se nomme : « IristituYpour la
recherche et l'élimination de l'influence juive dans la oie de l'église allemande m
A cette occasion, le professeur Crundmann, d'Icnu. éminent hitlérien, a fait une confé-~
rence pour caractériser les intentions et le- tâchés de la nouvelle fondation. Jl a expliqué
que le travail dr la Réforme était incomplet, qu'il fallait réformer jusqu'au bout. Pour-
cela, nécessité de nier la liaison établie dans le Nouveau Testament entre Abraham
et Jésus. Nécesi-.té aussi de reconnaître que « la préhistoire allemande est tout aussi
importent pour le christianisme que les histoires de l'Ancien Testament ». Simplement.
Si je comprend* bien l'éminenl professeur, il s'agit d' « organiser » coûie que
coûte, d'apprendre aux enfants que Jésus n ai'ait rien d un sémite ; peut-etre même
de leur expliquer qu'il vivait dans les pays nordiques ; à tout le moins que le christia-
nisme descend des Cermams, que tes apô-
tres sont les disciples de Wotan, que l'Lden
s'appelle le IValhalia et que les IValky-
ries sont des prêtresses chrétiennes.
Qn nous annonce que « les tâches con-
crètes de l'Institut consisteraient d'abord
dans la création d'un nouveau livre de
chants de l'Eglise, épurés de toute trace
de judaïsme ». Puis viendra enfin, l'initia-
tive dont je vous parle au début de cet ar-
ticle : la création d'une Bible du peuple
allemand, c'est-à-dire « une édition des
Evangiles fondée sur la tradition la plus
antique du christianisme ' primitif et qui
élimine toutes les transformations et toutes
les légendes de provenance juive qui faus-
sent lis Evangiles tels qu'ils se trouvent
dans le texte traditionnel »,
Je vous avoue que la Bible n'est pas ^
mon livre de chevet. Je n'ai pas coutume
de chercher mes inspirations dans l'Ancien
Testament, ni dans le Nouveau. Mais je
guetterai la publication de ce nouveau livre.
J'\) puiserai plus de joie que dans la lec-
ture de maint roman contemporain. On peut
s attendre a recouvrir, dans t hvangile selon Crvndmann, dlena, des révélations de
tout premier ordre. On n'y trouvera, comme promis, aucune trace de filiation entré
Jésus-Christ et Abraham. Mais je serais bien surpris si on n'y trouvait pas des preu-
ves irréfutables de filiation entre Hitler et Jésus-Christ. On aura soin de donner un
nouveau baptême aux apôtres qui ne seront plus de sales « poutres », mais d'honnêtes
aryens. Et sans doute ira-l-on jusqu'à nous conter qu'ils s'appelaient Hermann comme
Coering, Richard comme Goebbcls, Rudolf comme Hess, Alfred comme Rosenbèrg.
Seulement, en se demande pourquoi Hitler se donne tant de mal pour falsifier
la Bible. Il n'y a qu'une Bible qui compte, sacrcbleu ! C'est Mein Kampf. De même
qu'il n'j) a qu'un Messie: c'est Adolf H:tler...
Pour abrtre pacifiquement les fous du III' Reich, les nations pacifiques sont
en train de constituer un solide barrage. Mais, dans la bataille, les pacifiques ont
un allié sérieux dont on ne parle pas dans les chancelleries : c'est un noble seigneur
qui a nom Ridicule. Il finira bien par tuer les insensés qui le défient chaque jour. â
L. L.
. FOIRE DE PARIS. Parc des Ex-
positions. Porte de Versailles. Ouvert
de 9 h. à 18 h.
DON FRANÇAIS
A UNE BIBLIOTHEQUE
M DE SIMONIN, ministre plénipo-
tentiaire de France, a remis à la
bibliothèque de l'Université de Witwa-
tersrand, une collection de plus de
700 volumes, don du gouvernement
français, afin d'encourager le dévelop-
pement de la culture£fmnçat$e :~e3i
A f H que du Sud.
UN. SEMAINE D'ARTS
BASQUES A. PARIS
p OUR faire connaître les arts basques
r la Ligue Internationale des Amis des
Easques présidée par M. François
Mauriac organise, à partir de lundi
prochain 22 mai, de grandes manifes-
tations. Ce jour-là, le Salon des pein-
tres "basques ouvrira ses portes pour
20 jours, 7, rue du Faubourg-Saiht-
Hor.oré.
Pour les deux jours de Pentecôte,
,aur Fronton de Parisi se: déroulera un
grand tournoi de .pelote disputé-en-
tre -les meilleurs pelota.ris français
à la tête desquels sera le légendaire
Chiquito.
Enfin 'tout l'art musical et choré-
graphique des Basques triomphera au
Palais Ohaillot, le vendredi 26 mai,
à 21 heures, avec le concours de la
célèbre chorale Erresoinlca (110 exé-
cutants) et des 23 jeunes chanteurs
et danseurs d'Elaï-Alaï groupés au-
tour de Lida de Olaeta, la plus jeune
danseuse du monde. Pour -ce gâla
exceptionnel, on peut dès maintenant
retenir ses places au Théâtre du Pa-
lais Chaillot, place dii Trocadéro.
Par la peinture, la sculpture, la mu-
sique, la chorégraphie, les sports, la
Ligue des Amis des Basques fera con-
naître au public parisien l'âme même
de ce peuple dont Victor Hugo a dit
-qu'il porte en lui, toujours vivante, la
plus ancienne civilisation.
tOUIS BERNICOT
LA CROISIÈRE
DANAHITA
Ce merveilleux voyage oyifot/r du.monde du
Commando»! LSui^^iSfT^vTà boriTcff sç&fàihe
AnahjJa,. eïlutfejfojriferfaoke'feçon tje'covroge eî
d'énergie humaine, un exempftTcfe ce que ceî deux vef~
fus peuvent, foire accomplir à un marin, à un Fronçais.
Un volume In- dovble-cooronns,
ioui cowverfwre photographique,
comporter*' un frontfjpice, uns
carte, trois croquii et un glossoire
des termes nautiques. ... 18 fr.
Editlon-nyméretée sur vergé"
antique, rsliéeuleine toHertitnref'
motifs or. 40 fr
Craignant
une réprimande
un ouvrier agricole
se suicide
Albi, 20 mai. :âCraignant d'être ré-
primandé parce qu'il avait" tué urié. gé-
nisse qui tentait de s'échapper ~ de l'étâ-
ble, l'ouvrier Antoine Cadamuro, âgé
de 26 ans, de nationalité italiénne.' tra-
vaillant chez M. Sylvestre, marchand'
de bestiaux à Réalmont, s'est ttré ' uni-
coup de revolver dans "la-tête.
Grièvement blessé, le malheureux a'
été transporté à l'hôpital d'Albi; où ïl:
a succombé peu après. - - : :
Première partie
IV
' â Monsieur de La Haye Vri-
gny ! uit Bernard.
â Est-ce vous qui vous battez,
ou ce sergent ? demanda René.
Et Beau-Soleil répondit :
' â- Je vais avoir cet avantage,
monsieur,
Les deux jeunes gens ne s'étaient
point encore salués, la présence des
gardes-françaises, et des gardes-du-
corps enveloppant leur reconnais-
sance d'une sorte d'indécision,
d'hostilité latente.
Avec beaucoup de grâce, La
Haye-Vrigny tira son chapeau :
â En ce cas, monsieur, permet-
tez-moi de vous souhaiter bonne
chance.
A son tour, Bernard se décou-
' vrit, puis ils se serrèrent la main,
franchement.
Et, à cette vue, dans une com-
municative pensée, oubliant pour
une heure rancunes et défiances,
grenadiers et cavaliers échangèrent
leur salut, tout en se tenant à dis-
tance.
De nouveaux piétons, de nou-
veaux carrosses étaient survenus.
Sur lés sièges des voitures, plus de
housses chamarrées - ! des laquais
sans galons ! aux portières, plus
d'armoiries, de devises héraldi-
ques 1 le peuple des faubourgs fai-
sant mauvais parti' à la livrée et
plaquant de boue les symboles féo-
daux. Mais d'aimables curieuses se
penchaient, joliment coiffées.
La Haye-Vrigny - aperçut une
amie, rangea son cheval auprès
d'elle : quelque petite maîtresse dé-
licate, toute langoureuse, à la veil-
le dVmigrer, de quitter ce Paris
grondant voué au fer et au sang,
où tant de tendresses gracieuses,
d'intimes élégances, trouvaient en-
core à se nicher,
Et Pvose, enfiévrée de jalousie,
se rejeta au fond de sa voiture, ne
voulant plus voir ces sourires,
â Nous nous, sommes trop pres-
sés, dit Bernard.'
Tavernac eut un geste d'impa-
tience :
â Possible ! Pourtant voici
l'heure 1
â Et voilà M. d'Angeville !
murmura-Charles.
D'une berline attelée en poste
descendaient le vicomte et ses té-
moins.
En ouelques minutes, Tavernac
et M. de Brégy eurent terminé les
préparatifs du combat qu'ils de-
vaient diriger. La grande avenue
convenait parfaitement ; il eût été
cruel, tn choisissant une allée sous
bois, ds priver du coup d'oeil une
assistance si choisie. Ayant rapide-
ment échangé leur parole que ci M.
d'Angeville, ni M., Renou ne con-
naissaient les armes apportées, ils
SCÈNES DE GUERRE CIVILE
ROMAN HISTORIQUE
PAR ⢠â¦
JACQUES LOZËRE
tirèrent au sort celles qui allaient
'Servir, arrêtèrent les dispositions
dernières :
â Les pistolets ne seraient pas
rechargés. Les adversaires, placés
à vingt-cinq pas, pourraient au
commandement, tirer ou réserver
léur feu et marcher '.'un sur l'au-
tre. De l'épée qui leur serait re-
mise dans la main gauche, ils pour-
raient se servir à volonté. Aucune
intervention des témoins ne serait
possible, une fois donné l'unique si-
gnal ciu combat. La formule res-
tait précise : celui qui tombera et
ne tombera que blessé, pourra être
tué par l'autre, sans miséricorde,
et quoique sans défense.
Assistés des deux autres témoins,
ils chargèrent les pistolets désignés,
tirèrent les épées de leur gaine.
Se reculant soudain, se tassant
au pied des arbres, de chaque côté
de la large avenue, les spectateurs
laissèrent un vaste espace libre,
plusieurs gardes-françaises ayant
aligné en deux files séparées, tout
contre le bois, les carrosses où les
dames commençaient à frissonner,
bien que certaines eussent pris une
place commode sur les sièges cédés
par les laquais. Droits sur les'
étriers, encaqués parmi piétons et
voitures, les cavaliers dominaient
la scène aussi bien que les plus har-
dies curieuses.
Et, tout à coup, au milieu du re-
cueillement profond de cette toule,
silence troublé seulement par quel-
ques chocs de harnais, quelques
ébrouements des chevaux, deux
hommes, dont l'un allait, mourir,
se dressèrent, tête nue, habit' .bas,
le pistolet à la main droite, l'épée
à la main gauche, et une voix so-
nore s'éleva, ordonnant le combat.
A pas très raccourcis, ils marchè-
rent l'un sur l'autre, une même
pensée leur soufflant que celui qui
se presserait perdrait des chances.
D'un brusque et semblable mou-
vement, ils,"avaient abaissé leur pis-
tolet dans, la .ligne, de tir. . .
D'Angeville s'arrêta. Renou con-
tinuait d'avancer, n'était plus qu'à
dix pas. Le vicomte tira, E' unç
réflexion lui traversa l'esprit, sitôt
la détente-lâchée :
Il avait choisi le ton moment 1
Comment eût-if pu manquer le but,
si près ! â
Et pourtant il l'avait manqué!"
Le sergent avançait toujours, len-
tement, le pistolet braqué.
Déjà d'Angeville prenait son-
épée de la main droite. Une seule
chance lui restait : duelliste réflé-
chi, il l'avait méditée, tout à l'heu-
re, en venant, cette ressource pos-
sible. Le corps replié, il fonça com-
me un taureau. ' "
Surpris, cherchant à viser de nou-
veau, Bernard eut un moment d'hé-
sitation, trop longue encore. Per-
dant le sentiment qu'une balle ar-
rêterait mieux qu'une parade l'épée
qu'il se voyait au corps, il opposa,
avec un mouvement de retraite,
son bras droit'au fer.
Le sang jaillit des chairs déchi-
rées. Bienheureuse blessure! car le
vicomte rompit pour porter i-n au-
tre-coupj pour trouer la poitrine.
â Le maladroit ! s'exciamait
Fleur-d'Epine d'une voix basse,
étranglée; qu il le brûle donc,
maintenant; la partie est gagnée!
En . effet, d'Angeville semblait
perdu, son attaque furieuse ayant
échoué au principal. Mais kenou,
loin de brûler son adversaire dé-
contenancé, paraissait considérer
son pistolet comme une arme se-,
condaire. Ses deux mains "a \ aient
fait un échange : c'était l'épée que
tenait sa droite, tandis que 1 !e pis-
tolet passait à sa gauche, point me-
naçant puisque la gueule s'abais-
sait vers la terre, comrne le bras.
Et lis deux lames se lièrent.
Un fin tireur, le vicomte, un des
meilleurs escrimeurs dè: là célèbre
salle du professeur Gervajs!... .
Blême, la bouche tordue, il jou- -
ait serré, ayant senti aussitôt qu'il
était plus fort que sor advèrsàire,
voulant le coucher à terre, d'un
maître coup.
Bernard, au régiment, pouvait
faire honneur à son prévôt; repen-
dant, lui aussi comprit vite que
d'Angeville arrivait toujours à la
parade avec une impeccable adres-
se, qu'il ferraillait en attendait une
faute prochaine dont il profiterait
pleinement; et le sergent, alors,
tout en redoublant les attaques du
fer, releva son pistolet, l'armejm-
placable sur laquelle il comptait
pour lia.pas mourir sans tuer.
Tous les- hpnimé§;iqpj~(eg|rcla|êii.t'
devinèrent, sa,: penséK^vo|anï "q'^ij
ne tirait pas, :.et d'Angeville-.aussi,-'
car il en perdit Une'partie" dé sà ."
confiance, gtietta. U longue épée".
qui étincelait, et-guetta l'arme cour;-.
te et sombre. . -
11 >*rut venu le moméht d'uné ri-"'
poste tentante ;, il dégagea, se fen- .-
dit à fend, ne put revenir à-H pa-'
rade; si chemise se tâcha"dé "rOïige;
mais celle du. sergent.' touché.ffttê":
fois au-dessous du sein,-se mouil-
lait de taches plus laiges-." - ' '-v :
.' ... - - (A suivre.)
Publication autorisée '3 £
par la maison Çat.haxn-Lévy
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Adresser mandats et tateun è ('Adiiiini'straîniir.
déltgve ; Comçte-cttequt "postal 27»^37 Paai,
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