Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1938-10-06
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 octobre 1938 06 octobre 1938
Description : 1938/10/06 (Numéro 5712). 1938/10/06 (Numéro 5712).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k8231834
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
DEUX
LE POPULAIRE
6-10-38
préoccupait davantage de l'évacuation
de ceux qui n'avaient pu partir que de
la préparation de la rentrée scolaire...
Magasins vides, rues désertes
Les magasins et les boutiques étaient
vides, les rues désertes.
â Dëpuis hier, nous n'avons pas vu
un seul client, nous affirmait tel mar-
chand de confections, alors que les an-
nées passées nous n'arrivions pas à con-
tenter tout le monde.
En revanche, dans un bazar, on nous
cônfiait :
â Ici, ce fut la cohue, mais seule-
ment au rayon des piles électriques et
dès bougies.
De fait, il parait que jamais il ne fut
vendu, dans Paris, autant de bougies et
de piles et de lampes électriques. C'est
par douzaines qu'elles disparaissaient,
chacun voulant se prémunir en cas
d'alerte.
Par ailleurs, non seulement l'habille-
ment et la chaussure, mais la librairie
chômèrent totalement-
Sagement le ministre de l'Education
Nationale avait reporté au 10 octobre
l'ouverture officielle des écoles, tout en
prescrivant aux maîtres non mobilisés et
aux maîtresses d'être à leur poste dès le
3 octobre afin d'assurer un service de
garde ou de procéder à des exercices de
revision là où les enfants Se présente-
raient.
Changement d'atmosphère
Oui, mais le 1er octobre, qui s'annon-
çait si tragiquement, devait marquer
une détente dans la situation internatio-
nale.
Bientôt, après les heures nerveuses, la
vie reprenait, petit à petit, son cours
' normal.
Il n'était guère possible, malgré tout,
de revenir brusquement sur les décisions
prises.
C'est ainsi que lundi, malgré la déten-
te, nous n'avons assisté qu'à une fausse
rentrée.
Dans les villages, là où l'instituteur
n'avait pas été mobilisé, les classes re-
prirent comme par le passé.
:: Mais à la ville, il en fut autrement.
Bon nombre d'enfants n'avaient pu en-
core rejoindre le foyer familial, ou bien
les mamans n'avaient pas encore eu le
temps de remettre le trousseau à neuf.
Fausse rentrée : rentrée échelonnée.
Néanmoins, chaque jour, depuis lundi,
les effectifs augmentent progressive-
ment.
L'animation reprend
L'animation a repris dans les maga-
sins. La mode dés tabliers passe. Lè
classique tablier noir a fait son temps.
Il est remplacé par les blouses aux cou-
leurs plus gaies. La simplicité, la com-
modité, tout ce qui donne l'aisance né-
cessaire aux ébats les plus turbulents,
préside à la toilette enfantine.
Et c'est tant mieux. Rien n'était moins
gai que cètte uniformité qu'on imposait
à la jeunesse de naguère.
Chez les libraires
Même animation retrouvée dans les
- boutiques de librairie.
Tandis que les portes de l'école ne
⢠sont encore qu'entr'ouvertes, les bam-
bins en profitent pour « conduire »
L'essayage d'une blouse de couleur
leurs mamans chez les marchands ou
dans les grands magasins...
Déjà, oubliant les inquiétudes de la
veille â que l'insouciance de l'adoles-
cence est enviable ! â les bambins se
préparent joyeusement à la rentrée offi-
cielle de lundi prochain.
Le rôle des « maîtres »
Quant aux maîtres qui ont la si déli-
cate et si noble mission d'instruire et
d'éduquer les enfants du peuple, après
la terrible épreuve que vient de traver-
ser le monde, ils ne sous-estiment pas le
rôle qu'ils ont à jouer dans l'avenir du
pays.
Et combien émouvantes ces lignes de
Louis Dumas, traduisant la pênsée de
ses collègues, à la veille de cette mélan-
colique rentrée :
« Sans doute, écrit-il dans l'Ecole li-
bératrice, les jours présents sont lourds
et l'inquiétude les ronge et chacun inter-
roge l'avenir avec anxiété. Que sera cet-
te année scolaire ? Nul ne le sait. Mais,
réprènant notre modeste tâche dans le
même sens, nous ouvrons l'école avec le
même sentiment que notre travail obscur
apporte sa contribution quotidienne à
la construction de la paix. Les temps
sont tristes, mais nous persistons à
pendre le rameau d'olivier à la porte
de notre classe. »
PIERRE RIDET.
JO-LA-TERREUR ECOPE
DE SIX MOIS DE PRISON
Toulon, 5 octobre. â Devant le tribu-
nal correctionnel de Toulon, a compa-
ru cet après-midi, Joseph Rizzo, dit Jo-
la-Terreur, mêlé à plusieurs informa-
tions judiciaires, notamment dans l'af-
faire Stavisky.
Rizzo a répondu de coups et blessu-
res dont furent victimes deux pêcheurs
à Bandol. Jo-la-Terreur, se disant en
ét$t de légitime défense, a été condam-
né, ainsi que le nommé Nola, qui prit
part à la bagarre, à six mois de prison
eans sursis.
Lind^ergh se pose au Bourget
La Bourget, 5 octobre. â Le colonel
Charles Lindberg a atterri au Bourget
à 16 h. 50, sur son avion habituel.
L'O.N.M. prévoit...
...Dans les régions parisienne, Nord,
Nord-Ouest, Bretagne et Nord-Est : ciel
généralement très nuageux, quelques
averses et grains suivis d'éclaircies pas-
sagères. Vent d'ouest à sud-ouest fort,
irrégulier, devenant demain assez fort.
Tempête sur les côtes de la Manche. Le
maximum de température sera station-
naire par rapport à celui de la veille.
LA SEANCE DE NUIT A LA CHAMBRE
â
La sèssion exceptionnelle du Parle-
ment'est close. Les Assemblées rentre-
ront lè mardi 15 novembre. Hier soir,
à 21 heures, la Chambre a tenu une
séance de pure forme, pour entendre la
lecture du décret de clôture, lecture qui
avait été faite au Sénat dès l'après-midi
après l'adoption du texte de pleins pou-
voirs qui avait été voté, à 5 h. 30 du
matin, au Palais-Bourbon, par 331 voix
contre 78 et 201 abstentions.
De ces pleins pouvoirs, quel usage le
gouvernement va-t-il faire ? C'est ce
que nous saurons « après ». C'est ce que
beaucoup d'élus du suffrage universel
auraient voulu savoir « avant ». C'est
la question que plusieurs orateurs ont
posée et à laquelle M. Daladier a répon-
du au figuré... puisque les multiples al-
lées et venues, conciliabules et tracta-
tions de la soirée avaient repoussé, à
2 h. 25 du mâtin, l'ouverture du débat.
C'est alors qu'on apprend officielle-
ment de la bouche de M. Jammy
Schmidt, rapporteur général de la com-
mission dés Finances, que celle-ci a ap-
prouvé le projet de pleins pouvoirs par
18 voix contre 5, 18 commissaires s'é-
tant abstenus et 2 étant absents.
â On né sait évidemment pas, glisse
le député de l'Oise, avec une modeste
ingénuité, comment ces déux-là auraient
voté.
â Hum ! Est-ce bien sur ? a l'air
de signifier le bruissement des murmu-
les èt des sourires...
M. Fernand Laurent ne monte pas
à la tribune : d'un bond il s'en empare.
Et voici les milliards qui voltigent. M.
Marchandeau, tout à l'heure, .sera forcé
de lui faire comprendre que les chiffres
sont des instruments de calcul et non
des accessoires de jongleur. D'un ton
quelque peu irrité, car ses amis et lui
« n'auraient pas eu, comme les socia-
listes, les confidences de M. Daladier »,
il est le premier à demander au prési-
dent du Conseil :
â Que comptez-vous faire des pleins
pouvoirs ? En simple matière propre-
ment financière, ils ne vous permettent
qu'une réévaluation de l'encaisse métal-
lique. Or, celle-ci servira tout juste à
combler les avances de la Banque et
en nécessitera de nouvelles...
Alors ?... Alors, M. Fernând Laurent
pense que le seul usage que M. Dala-
dier peut faire des pleins pouvoirs est,
en matière sociale, de « remettre la
France au travail ». On devine quelle
tentative d'opération politique cache
cette formule, à en juger par l'accueil
frénétique que lui font les rescapés de
la défaite lavalienne...
L'intervention d'André Philip
André Philip voudrait bien, lui aussi,
que M. Daladier parlât clairement.
C'est ce que fait, pour sa part, le porte-
parole du groupe socialiste. Dans un
exposé puissant, et dont la force dé-
monstrative soulève, par Instant, avec
les bravos de l'extrême gauche, la colè-
re furibonde des gens rétrogrades à çiui
la vérité fait peur, le député du Rhône
souligne avec vigueur à quel point les
événements justifient le plan présenté
par Léon Blum et dont le Sénat n'a pas
permis la mise à l'épreuve. André Phi-
lip est un homme dont la juvénile élo-
quence traduit à la fois l'ardeur des
sentiments, la fermeté de la pensée et
la volonté d'action. Voici comment il
s'est exprimé :
André Philip. â Si la situation finan-
cière qui motive la demande du Gouver-
nement est exceptionnellement grave,
c'est que les difficultés de ces derniers
temps nous ont trouvés au milieu d'u-
ne crise qui se prolonge hélas ! depuis
huit ans bientôt, et que les dépenses à
faire pour la défense nationale risquent
de rendre encore plus profonde.
Il y a quelques mois, ici, notre cama-
rade Léon Blum a posé fortement le
problème. Il reconnaissait la précarité
de notre situation financière et montrait
le grand effort à accomplir tant sur le
terrain fiscal que sur celui de la politi-
que économique. Cet effort reste encore
à faire, car lés derniers décrets-lois
n'ont réglé que quelques points de dé-
tail.
Nous savons qu'il faut tendre à un
assainissement budgétaire, mais, dans
les circonstances actuelles, la réduction
des dépenses ne peut être que limitée,
étant donné la place prépondérante
qu'occupent les charges de la dette pu-
blique et les dépenses militaires inévi-
tables. (Appl. à l'ext. g.)
D'autre part, il y a aussi un effort
fiscal à accomplir et Léon Blum avait,
du reste, proposé certaines mesures
dans ce sens. Lorsque le Gouvernement
a fait appel aux réserves d'hommes
pour assurer la défense du pays, ne
doit-il pas envisager un appel excep-
tionnel aux réserves de capitaux ? (Ap-
plaud. à l'ext. g.)
Mais, si l'on examine, de 1929 à 1937,
l'évolution des ressources fiscales et cel-
le des revenus privés, il est frappant
de voir que c'est presque toujours la
même proportion des revenus privés
qui a été atteinte par les lois fiscales,
quelles qu'elles fussent.
Au reste, que l'on considère la néces-
sité d'accroître le rendement des im-
pôts ou la possibilité pour la trésorerie
de s'adresser au marché monétaire pour
y placer des emprunts, il faut faire la
mêmè constatation : pas de solution,
si nous ne parvenons pas à augmenter
les revenus du pays, c'est-à-dire à ac-
croître l'ensemble de la production.
Ainsi le problème fondamental auquel
toute la question financière est indis-
solublement liée, c'est celui de la poli-
tique économique. Nous avons essaye,
les uns et les autres, de l'aborder et de
le résoudre par divers procédés. La dé-
flation ayant échoué, nous avons essayé
la politique inverse. Pour un moment
le pouvoir d'achat de la masse a été re-
constitué, mais, lorsque les nécessites
de la défense nationale sont venues nous
imposer d'énormes dépenses, nous nous
sommes trouvés devant le problème ren-
versé. (Appl. à l'ext. g.)
Lorsque j'ai dit que le problème fon-
damental était celui du développement
accru de la production, il en est parmi
nos collègues qui, sans doute, ont pense
qu'il s'agissait de mettre en cause nos
lois sociales et, en particulier, la loi de
40 heures. .
Le Parti socialiste n'est pas hostile a
certains aménagements, mais il estime
que, lorsque des heures supplémentai-
res sont demandées, il convient de sa-
voir d'abord si elles sont bien nécessai-
res- (Appl. à l'extr. g. socialiste.) Il es-
time au surplus que les suppléments de
travail ne doivent jamais être imposés
par les patrons ni même par l'Etat,
mais négociés avec les organisations
ouvrières. ...
Si des sacrifices sont demandés a la
classe ouvrière, il importe que tous les
sacrifices ne soient pas supportés par
elle seule, et que tous les intérêts pri-
vés sans exception s'inclinent égale-
ment devant l'intérêt général. (Appl.
à l'extr. g. socialiste.)
En vérité, le problème essentiel, c'est
le problème de l'organisation du crédit
et de la production. En 1935, plus de 16
milliards ont été exportés, et près de
18 milliards en 1936. Et le premier
mouvement d'évasion des capitaux n'a
pas été déterminé par des causes poli-
tiques, puisqu'il s'est produit alors qu'à
la tête du gouvernement il y avait cet
affreux révolutionnaire qu'est M. Flan-
din. Depuis, ce mouvement s'est pour-
suivi. Il est à l'origine de toutes nos dif-
ficultés économiques présentés. (Appl. à
l'extr. g. socialiste.)
Il y a trois mois, monsieur le prési-
dent du Conseil, vous nous avez déjà
demandé les pleins pouvoirs. Mais au-
cun de vos très nombreux décrets-lois
n'a touché au problème général de l'or-
ganisation du crédit et de la produc-
tion. (Appl. à l'extr. g- socialiste.) Au-
jourd'hui, unis comme nous le sommes
en présence d'un danger pressant, nous
sommes tout disposés à vous suivre si
vous nous proposez un programme
complet.
Tout de même, quand, la Chambre à
peine rentrée, vous lui demandez de re-
connaître de nouveau la nécessité de la
procédure des décrets-lois, il n'est pas
possible que nous n'en éprouvions pas
un sentiment d'humiliation. Il y a là
quelque chose de grave pour la démo-
cratie parlementaire. Nous ne pouvons
pas oublier qu'en Allemagne c'est en sa-
pant peu à peu l'activité du parlement
que Bruning a ouvert les voies à Hitler.
Nous, en particulier, qui sommes jeu-
nes dans cette maison, nous reconnais-
sons les vices du parlementarisme, cet-
te atmosphère où se dissolvent les éner-
gies (Appl. à l'extr. g. et sur de nom-
breux bancs.) cette mauvaise organisa-
tion du travail, à laquelle nous devons
des séances de nuit comme celle-ci.
Mais, au moment où le choc interna-
tional nous a convaincus de la nécessi-
té de nous réformer nous-mêmes, fau-
drait-il admettre que le Parlement se-
rait seul à manquer à la discipline né-
cessaire ? (Appl. à l'extr. g.) En serait-
il à ce point dénué qu'on dût le ren-
voyer aussitôt que réuni ?
Telles sont les réserves que je vou-
lais traduire. Mais dans les circonstan-
ces exceptionnelles où nous nous trou-
vons, nous sommes prêts à accepter
n'importe quel programme, pourvu qu'il
soit clair, précis et complet. Or le gou-
vernement nous a seulement dit ce qu'il
ne fera pas, et nous craignons que,
comme il y a trois mois, il n'entame
aucune action d'envergure.
Nous socialistes, nous avions présen-
té un programme d'ensemble. La Cham-
bre l'a accepté, le Sénat repoussé, vous
savez dans quelles circonstances. Ce-
pendant, nous n'éprouvons aucune ai-
greur. Vous ne reprocherez pas aux
chefs de notre Parti, à la différence
d'autres, de n'avoir pas consenti de sa-
crifices pour vous suivre.
Nous vous demandons de ne pas bri-
ser le Front populaire, malade dans les
couloirs de la Chambre, mais toujours
vif dans le coeur du peuple français
(Appl. à l'extr. g ). Nous vous deman-
dons d'indiquer votre plan d'action :
pourvu que vous puissiez parler claire-
ment, nous sommes prêts à vous aider.
Les socialistes font une vibrante ova-
tion à celui qui vient de définir leur
position. Puis l'assemblée se permet de
relâcher quelque peu son attention pen-
dant que M. René Besse, qui a l'air de
s'adresser confidentiellement aux mi-
nistres assis à leurs bancs, a la com-
plaisance de passer une dizaine de
feuillets. M. Gapiand a plus dé sans-
gêne. Il lit interminablement de mi-
nuscules bouts de papier qu'il a dispo-
sés en trois petits tas sur la tribune et
dont ii tire d'hilarantes formules. L'au-
ditoire passe de l'impatience à la gai-
té. On entend, ici et là :
â Pas de guignol, à 4 heures moins
le quart ! Vous devez écrire rudement
serré ! Vous avez déjà lu ce feuillet
là... Vive Lop !...
Viennent ensuite les explications tech-
niques de M. Marchandeau, agrémen-
tées d'une correction administrée à l'é-
lève Laurent Fernand, lequel se regim-
be comme un beau diable, mais n'en ob-
tient pas moins un zéro de calcul.
Une voix à l'extrême-gauche. â C'est
comme ça que vous comptez, quand
vous établissez le budget de la Ville de
Paris ?
Grésa expose le sens du projet de ré-
solution communiste que la commission
des Finances avait repoussé par 13 voix
contre 5, 23 commissaires s'étant abs-
tenus et 2 étant absents. Et voici M.
Daladier...
Les déclarations
de H. Daladier
Le président du Conseil va s'efforcer
de produire une forte impression sur
l'assistance, par des accents qui, les cir-
constances aidant, prennent une tona-
lité très « salut public ». Au centre
droit et au centre gauche, son éloquen-
ce porte incontestablement. Il semble
même que l'esprit qui anime son dis-
cours rallie au gouvernement une tren-
taine de députés de droite, qui étaient
tout d'abord enclins à suivre M. Marin
et ses amis dans une abstention pleine
de réserves.
M. Daladier. â Comme vous l'a ex-
pliqué M. le ministre des Finances, c'est
évidemment dans les répercussions fi-
nancières de la crise internationale qu'il
faut chercher l'origine de ce projet.
Sans cette crise, le gouvernement au-
rait tenu tous les engagements que, dans
le domaine financier, il avait pris de-
vant le Parlement.
J'avais déclaré que le repli monétaire
que j'avais exécuté ne serait pas dépas-
sé. Malgré tant de semaines de graves
inquiétudes, le cours du franc a été
maintenu dans les, limites fixées.
J'ai dit qu'on pouvait espérer une
rentrée importante de capitaux et, en
effet, près de 19 milliards sont rentrés
(Suite de la première page)
La date limite à laquelle pourront
être pris les décrets-lois était ainsi ra-
menée au 15 novembre au lieu du 31
décembre.
Un danger était donc écarté : en ef-
fet la date du 31 décembre, c'était la
certitude que le Parlement ne serait
pas convoqué en session extraordinai-
re et que le budget serait reconduit.
La date du 15 novembre, par contre,
c'est l'obligation pour le gouvernement
de réunir les Chambres et de leur sou-
mettre son projet de budget. Ainsi,
l'une des principales préoccupations du
groupe socialiste était satisfaite : les
droits du Parlement étalent respectés
et son contrôle s'exercerait normale-
ment.
En ce qui concerne les lois sociales,
le président du Conseil affirma ne pas
vouloir porter sur elles une « hache
destructrice ». Il se référa aux décla-
rations qu'il avait faites devant le
groupe radical au lendemain du fa-
meux discours du 21 août, lequel, on
ne l'a pas oublié, avait provoqué une
émotion qui n'avait pas épargné les
valoisiens au point que M. Daladier
avait dû les rassurer.
Le président du Conseil souligna sa
volonté de maintenir les lois sociales,
voire de les développer à mesure que
les possibilités le permettront. Et si
des aménagements sont nécessaires, il
n'y procédera qu'après avoir récherché
la collaboration ouvrière.
Il ajouta que si des sacrifices étalent
nécessaires, ils seraient davantage de-
mandés à la fortune acquise qu'au tra-
vail. Le groupe socialiste a pris acte
de cet ensemble de déclarations et s'est
abstenu dans le scrutin de confiance.
SI les choses avaient tourné autre-
ment, -c'est-à-dire si les socialistes
avaient été contraints de voter contre
le gouvernement, 11 est sûr qu'ils au-
raient été rejoints par plusieurs dé-
putés radicaux.
D'autre part, un nombre assez sen-
sible de valoisiens, pris entre leur sou-
ci de ne pas se séparer des socialistes
et leur désir de ne pas prendre une po-
sition hostile à l'égard du chef du
gouvernement, en même temps chef de
leur parti, auraient traduit dans l'abs-
tention leur sentiment partagé. Le mê-
me phénomène se serait produit au
sein de l'U.S.R.
Il est donc ainsi établi que les liens
qui réunissent les élus de gauche sont
plus serrés que d'aucuns veulent bien
se l'imaginer. Et qu'il ne sera pas fa-
cile, qu'il ne sera pas possible à la
réaction de faire revivre ce passé de
Bloc national, auquel elle ne songe pas
sans mélancolie. Les socialistes n'ont
jamais joué et ne jouent pas la divi-
sion du groupe radical. Ils ne là sou-
haitent pas. Mais les événements ont
leur logique...
Et il nous sera sans doute permis
de faire observer que l'unité du parti
radical ne pourra jamais être mieux
préservée que par la fidélité aux enga-
gements contractés devant le Suffrage
Universel et par la volonté de mainte-
nir la cohésion des forces républicai-
nes.
Voilà donc le gouvernement en pos-
session des moyens qu'il demandait.
On sait ce qu'il ne fera pas : le con-
trôle des changes, la conversion forcée
des rentes, la dévaluation.
On sait une partie de ce qu'il fera:
la réévaluation de l'encaisse-or, qui lui
permettra de se libérer vis-â-vis de la
Banque de France et", très probable-
ment, de se créer aussi des disponibi-
lités nouvelles. Car quoi qu'en ait pré-
tendu M. Fernand Laurent, la Banque
de France ne possède qu'un privilège
partiel et limité sur le boni de la ré-
évaluation.
A quoi encore le gouvernement em-
ploiera-t-il les pleins pouvoirs? Est-il
lui-même fixé sur sès intentions? Il ne
le semble pas, à se reporter aux dis-
cours de MM. Daladier et Marchan-
deau. Il parait vouloir se fier à un
certain empirisme. Ce qui n'est pas
sans danger.
Rétablira-t-il, comme le bruit en
court, la taxe sur le chiffre d'affaires,
abolie par les socialistes, à la grande
satisfaction des petits commerçants et
des consommateurs?
Recourra-t-il à certaines mesures de
déflation? La voie n'est pas très large
dans cette direction, et la matière pa-
rait bien incompressible.
Procédera-t-il par augmentations
d'impôts, notamment de ceux qui por-
tent sur le tabac et les taxes posta-
les ? Les chargés des contribuables
sont déjà bien lourdes... Au surplus, en
déclarant ne pas vouloir frapper le
capital en formation ni le travail, le
gouvernement s'est interdit d'avance de
franchir certaines limites?
Alors, un emprunt à garantie
de change ?
Ou une contribution exceptionnelle
qui figurait déjà dans le plan Léon
Blum ?
Autant d'Interrogations, autant de
questions que, d'ailleurs, lé gouverne-
ment se pose à lui-même.
Il semble en tout cas acquis qu'il né
faille s'attendre à aucune décision d'ici
quelques jours.
M. B.
depuis que le gouvernement est sur ces
bancs.
Pour qu'il n'y ait aucune équivoque,
j'ajouterai'que ce gouvernement est le
seul ou l'un des rares, depuis longtemps,
qui n'ait jamais recouru aux avances de
la Banque de France.
Mais il faudra bien que nous fassions
face aux conséquences financières de la
crise internationale. Ces conséquences,
nous sommes encore dans l'impossibi-
lité de les fixer.
Je ne veux pas ruser. Je veux en-
core moins me livrer à je ne sais quel
jeu politique que je trouverais indigne
de la situation présente et du poste que
j'occupe à cette heure.
Je fais appel à toutes les volontés
françaises. Ce que je sollicite de la
France, c'est un sursaut de toutes les
énergies. C'est dans cet esprit que je
demande le vote d'un projet de loi, sans
lequel il me serait impossible de conti-
nuer la tâche que j'ai assumée.
J'ai dit à la commission des Finan-
ces que j'étais résolument opposé au
contrôle des changes, parce que la pre-
mière conséquence en est de précipiter
la fuite des capitaux. Comme il exige
des jours et des semaines de « mise
en place », il en résulterait une évasion
rapide et brutale, une véritable hémor-
ragie de capitaux.
D'autre part, je ne veux pas de deux
monnaies françaises, l'une pour l'usage
intérieur et l'autre pour l'usage exté-
rieur. La France est un pays largement
importateur de matières premières : ce
serait, pour notre économie, une véri-
table ruine que d'être soumise à cette
.dualité.
Et puis, dans les pays où le contrôle
des changes est institué, cé sont trop
souvent les classes laborieuses qui font
les frais de l'opération : elles subissent
des conditions de vie extrêmement du-
res.
De même, je suis hostile à la conver-
sion forcée des rentes, et je n'arrive
pas à comprendre comment on pourrait
songer à cette mesure de force et d'ar-
bitraire contre des hommes-à qui tous
les gouvernements, dans les heures de
crise, viennent faire appel pour qu'ils
sauvent les finances de la patrie. (Appl.
à g. et sur de nombreux bancs au cen-
tré et à droite).
Dans quel esprit le gouvernement én-
tend-il donc user de la délégation de
pouvoirs qu'il demande ?
ilf. Daladier. â Cet esprit, c'est celui
qui animait la déclaration que je vous
faisais cet après-midi, lorsque je vous
disais qu'il n'y a pas une heure à per-
dre, et que je faisais appel à l'union de
toutes les énergies françaises, sans la-
quelle nous ne pourrions pas faire face
à des événements redoutables que je
sens venir dans un avenir plus prochain
peut-être que nous nous le figurons les
uns et les autres.
Voix à l'extrême-gauche. â Alors, et
la paix ?...
M. Daladier. â La paix, il faudra la
conquérir jour par jour.
Alors que plus d'un million d'hommes
étaient prêts, si le pays l'eût exigé, à
lui consacrer leur vie, comment peut-on
concevoir qu'il y ait des Français pour
refuser cet effort que nous leur deman-
dans, parce qu'il est nécessaire au salut
commun ! (Appl. à g. au c. et à d.).
On .m'a dit : nous reconnaissons la
nécessité d'accroître la production, et
j'ai applaudi les déclarations faites à
cet égard par M. Philip. Mais vraiment,
croyèz-vous qu'il soit nécessaire que jè
m'explique longtemps sur ce point ?
J'ai toujours dit qu'on ne pouvait de-
mander, des sacrifices à une seule ca-
tégorie de citoyens, et qu'ayant moi-mê-
me voté les lois sociales, je n'avais ja-
mais eu l'idée de porter sur elles la ha-
che destructive. J'ai la volonté de les
maintenir, mais elles ne peuvent être
maintenues que par le labeur.
Je me suis expliqué devant des délé-
gations parlementaires et devant le
groupe de mon parti. Moi aussi, je veux
faire appel à la collaboration ouvrière,
à la conscience ouvrière.
Je lui demanderai l'effort nécessaire
avec insistance, comme un homme qui
a le droit de dire autant que personne
qu'il est un fils du peuple, qu'il aime le
peuple, et que son désir est de voir la
condition des classes laborieuses s'amé-
liorer sans cesse dans toute la mesure
du possible.
Pour le contrôle des décrets-lois, j'ai
proposé moi-même que les présidents et
les rapporteurs généraux des commis-
sions des Finances des deux Chambres
soient appelés en consultation. Je n'ai
nullement l'intention de réaliser une
oeuvre partisane, mais une oeuvre de
salut public, et c'est pour cette oeuvre
de salut public que. je vous demande de
collaborer avec le gouvernement.
Mon appel, je l'adresse à toute l'As-
semblée, à tout le pays. Excusez-moi si
je dis que ceux qui ont le plus d'intérêt
à l'écouter ce sont ceux-là précisément
qui sont le plus attachés au régime par-
lementaire. (Appl. à d. et c.).
Des démocraties voisines ont sombré
dans le désordre financier. La Révolu-
tion française, ce sont les assignats qui
l'ont abattue. La République que nos pè-
res ont fondée, dont ils nous ont légué
la charge, ce n'est point par la facilité
que vous la défendrez contre les mena-
ces qui rôdent autour d'elle.
S'il veut conserver ses libertés politi-
ques et ses lois sociales, le pays ne pour-
ra se sauver que par l'effort.
Voilà les paroles franches que je vou-
lais vous faire entendre. Voici des jours,
des nuits et des nuits que j'ai lutté pour
sauver la paix menacee. (Appl. à g., c.
et d.). Je passerai, s'il le faut, d'autres
jours et d'autres nuits pour cet autre
combat du redressement financier. Le
gagner, c'est la condition même du salut
de la liberté.
A ces mots, au centre droit et au cen-
tre gauche, les députés se lèvent pour
acclamer le président du Conseil. A l'ex-
trême droite et à l'extrême gauche, on
s'abstient de se joindre à cette manifesta-
tion. On vote ensuite sur l'article unique
du projet de loi. On a lu, plus haut, les
résultats du scrutin. M. Flandin n'avait
pas oser souffler mot. Il s'est borné à fai-
re, au milieu de collègues chez lesquels
il sentait une muette réprobation, de
fausses sorties ét de faussés rentrées.
Hier soir MM, Herriot et Daladier ont
procédé, de la manière la plus expéditi-
ve, à la cérémonie de la clôtura devant
de très nombreux députés, un péu hu-
miliés sans doute de la longueur des và-
cances....
Georges-Th. GIRARD.
Les scrutins
à la Chambre
Au cours de l'autre nuit, deux scru-
tins sont intervenus : le premier, con-
cernant la politique extérieure, accor-
dait la confiance au gouvernement par
535 voix contre 75 ; le second, sur lés
questions financières, accordait les
pleins pouvoirs au gouvernement pâr
331 voix contre 78 et 201 abstentions.
Voici le détail de ces scrutins.
Sur la politique extérieure
Ont voté « contre » :
1 indépendant républicain : M. de Ke-
rillis.
1 socialiste : Jean Bouhey.
Les 73 députés communistes.
N'ont pas pris part au vote :
1 membre de la Fédération républi-
caine : M. Taittinger.
1 membre de l'Union socialiste et ré-
publicaine : M. Emile Périn.
Et M. Herriot qui présidait la séancé.
Etaient absents par congé :
1 membre de la Fédération républi-
caine : M. de La Groudière.
1 membre de la Gauche démocratique
et radicale indépendante : M. Jean
Montigny.
1 radical socialiste : M. René Richard.
Tous les autres députés ont voté
« pour ».
M. Emile Périn (Nièvre), porté com-
me « n'ayant pas pris part au vote »,
déclare avoir voulu voter « pour ».
Sur les pleins pouvoirs
Nombre des votants 409
Majorité absolue 205
Pour l'adoption 331
Contre 7â
Ont voté « contre » :
2 indépendants d'Action populaire :
MM. Hueber et Mourer.
2 radicaux socialistes : MM. André
Albert et Crutel.
1 apparenté à la Gauche indépendan-
te : M. Elmiger.
Les 73 députés communistes.
N'ont pas pris part au voté :
3 ' indépendants républicains : MM.
d'Harcourt, Moncelle et Scapini.
5 indépendants d'Action populaire :
MM. Gullung, Hartmann, Meck, Rossé
et Sturmel.
12 membres de la Fédération républi-
caine de France : MM. Bârdoul, Blaisot,
Burgeot, Denais, Alexandre Du val, Hen-
riot, Louis Marin, Augustin Michel, de
Montaigu, Parmentier, Poitou-Duples-
sy et Taittingér.
2 apparentés à la Fédération républi-
caine . MM. Le Cour Grandmaison et
Montfort.
1 apparenté aux démocrates populai-
res : M. Delaunay.
3 républicains indépendants et d'Ac-
tion sociale : MM. Fauchon, Nader et
Robert Sérot.
4 membres de l'Alliance des républi-
cains de gauche : MM. Flandin, Lachal,
Lècâcheux et Perreau-Pradièr.
5 radicaux socialistes : MM. Pierre
Cot, Geistdoerfer, Isoré, Margaine.
Et M. Herriot qui présidait la séance.
3 membres de l'Union socialiste èt ré-
publicaine : MM. Brandon, Ramadièr et
Triballet.
7 membres de la Gauche indépendan-
te : MM. Cayrel, Delom-Sorbé, Planche
(Gauche indépendante) ; Bergery (par-
ti Camille Pèllètàn) ; Plârd (unité pro-
létarienne) ; Pâul Boulét ét Lerôy (par-
ti de la Jeune République).
2 apparentés à la Gauche indépen-
dante : MM. Férnand Bouisson et Mâr-
quet.
Les 156 députés socialistes.
1 isolé : M. Joseph Rous.
Etaient absents par congé ;
1 membre de la Fédération républi-
caine : M. de La Groudière.
1 membre de la Gauche démocratique
et radicale indépendante : M. Jean
Montigny.
1 radical socialiste : M. Réné Ri-
chard.
1 apparenté à la Gauche indépen-
dante : M. Jean Hennessy.
Tous les autres députés ont voté
« pour ».
M. Taittinger, porté comme « n'ayant
pâs pris part au vote », déclare avoir
voulu voter « pour ».
Rectifications de votes
Rectification de vote sur l'article uni-
que du projet de loi tendant à accor-
der au gouvernement les pouvoirs pour
réaliser lè redressemént immédiat dé
la situation économique du pays:
MM. Emerand, Bardoul, de Montai-
gu, Taittinger, Bouisson (Fernand), por-
tés comme « n'ayant pis pris part au
vote » déclarent avoir voulu voter
« pour ».
MM. Michel Brille, de Kérillis, Vallat
(Xaviér), portés comme ayant voté
« pour » déclarent avoir voulu « s'abs-
tenir ».
C'est par suite d'une érreur que M.
Jean Goy a été porté comme ayant vo-
té « pour » étant en congé, son nom
doit être établi dans la liste des mem-
bres « absents par congé ».
LE SENAT
par 280 voix contre 2
adopte le projet
des "pleins pouvoirs"
Grande séance, hiér, au Sénat.
Pourtant, à l'étonnement général, le
bouillant Joseph Caillaux inscrit pour
intervenir a renoncé à là parole.
Quant à M. Abel Gardey, il a pressé
le gouvernement de restreindre l'appli-
cation des lois sociales. Ce désir de ré-
actionnaire camouflé se dissimule en ef-
fet sous des phrases dont le caractère
général n'arrive pas à masquer l'hypo-
crisiè.
Retenons aussi la conclusion :
« Nos finances ne pourront être res-
taurées que si les disciplines individuel-
les et colléctivés sont remisés en hon-
neur dans l'esprit de la démocratie et
sous la loi du salut public ».
M. Marchandeau à répété son dis-
cours de là Chambre, assurant lè Sénat
que le Gouvernement ne pratiquerait
ni une politiquè de facilité, ni une poli-
tique dé contrainte. Son seul but sera,
â-t-il ajouté, de prendre dés mesures
susceptibles de redresser la situation et
de sauvegarder l'avenir.
M. DALADIER
Lè président du Conseil, qui a succédé
à la tribune au ministre des Finances,
a lancé un vibrant appel à la confiance,
« à cèttè confiance Que d'aucuns consi-
dèrent comme un mythe » et à laquelle,
lui, il croit fermement.
Court aperçu sur la situation finan-
cière et voici M. Daladier lancé sur les
accords de Munich, dont le ministre des
Affaires étrangères « surveille, d'heure
en héuré, l'èxécution loyale ».
Une intervention de M. Viollette
« qui a considéré comme fâcheux que
ne puisse s'instituer, devant le Parle-
ment, le débat essentiel sur le problème
financier qui s'aggrave tous les jours »;
des explications de vote et par 280 voix
contré 2, le Sénat a adopté le projet.
Puis, M. Chautemps a lu le décret de
clôture de la session extraordinaire de
1938.
Qui sera ambassadeur
de France à Rome ?
L'ambassadeur de France à Rome
n'est pas encore désigné officiellement.
Cependant tout semble indiquer què
c'est M. François-Poncet, ambassadeur
de France à Berlin, qui ira représenter
la France auprès de Mussolini.
Ajoutons que c'est M. François-Pon-
cet lui-même qui a demandé son chan-
gement.
Cependant deux autres candidats se-
raient sur les rangs : M. Piétri et M.
Mistler. Ce dernier se démène beaucoup
pour obtenir l'ambassade...
Comme M. François-Poncet est enco-
re occupé par la Commission internatio-
nale chargée d'appliquer lès accords dé
Munich, il se peut que sa nomination
soit retardée, et qu'en attendant, un
parlementaire soit désigné comme am-
bassadeur extraordinaire. Dans ce der-
nier cas on choisira probablement entré
M. Piétri et M. Mistler.
On dit que M. François-Poncet sera
remplacé à Berlin par M. Noël. La seu-
le chose qu'on puisse souhaiter c'est quê
M. Noël réussisse à Berlin un peu mieux
qu'à Varsovie...
Et qui succéderait à M. Noël 7 La ru-
meur qui court à ce sujet est vraiment
effarante. On parle de M. Puaux, l'an-
cien ministre de France à Vienne.
Alors quoi ! au Quay d'Orsay on a déjà
tout oublié ?
TROIS BARQUES CHAVIRENT
PRES DE TROMSOE
Oslo, 5 octobre. â Trois petites bar-
ques ont chaviré ce matin.près de Trom-
soe. Sept des dix occupants ont été
noyés.
INFORMATIONS POLITIQUES
â M. Le Beau, gouverneur général de
l'Algérie, est arrivé à Marseille par le
paquebot fil Mansour se rendant à Paris
où il va soumettre au ministre de l'In-
térieur le projet de budget algérien pour
1939.
â M. Daladier, président du Conseil,
a reçu hier après-midi M. Bonnet, mi-
nistre des Affaires Etrangères.
Drame de 1 ivresse
Un drame rapide s'est déroulé dans la
luit de mardi à mèrcredi vêrs trois
meures du matin, en plèin centre des
Halles, 3, rue Pierre-Lescot.
Mme Maria Lièvre, 42 ans, venait de
iéscendre du camion piloté par son ma-
'i, cultivateur à Bagneux, et commen-
;ait à décharger la marchandise lors-
qu'un individu, en complet état d'ivres-
se, brandissant un couteau, se précipita
mr elle et lui en porta un coup à la poi-
trine.
La malheuréuse s'écroula sur le sol,
saignant dans une mare de sang.
Tandis que les témoins du drame
s'empressaient autour de la victime qui
:ut aussitôt transportée à l'Hôtel-Dieu,
su son état fut reconnu grave, le meur-
trier était arrêté.
Il s'agit d'un nommé Alexandre Bru-
ier, sujet yougoslavè, ouvriér agricole
i Grambourg (Creuse).
Un voleur condamné
à trois ans de prison
Mais voler à cet âge ! A 65 ans, un
Chilien, Olegario Velasco, d'ailleurs ex-
pulsé de France avant la guerre déjà,
pratiquait encore l'escroquerie à Paris.
Il s'est fait prendre le 28 juin dernier,
dans l'autobus A.S., alors qu'il tentait
de dévaliser un encaisseur.
Cet encaisseur, M. Albert Welter, ve-
nait de toucher 350.000 francs qu'il avait
serrés dans une serviette. Deux incon-
nus lui firent bientôt remarquer que des
timbres étaient tombés sur le sol et le
garçon de recettes les voulut ramasser.
Il 4evina, à ce moment, que sa serviette
avait été enlevée et qu'une autre lui
avait été substituée.
M. Welter appela au secours. L'un des
voleurs réussit à disparaître. L'autre,
Velasco, fut retenu sur la plate-forme
de l'autobus au moment où il s'apprê-
tait à sauter dans la rue. II portait sous
son bras la serviette de l'encaisseur, le-
quel récupéra « son » argent...
La serviette qui le devait tromper
contenait des boites de sardines vides,
enveloppées dans des journaux... Aussi,
sur réquisitoire de M. Cusin et plaidoi- j
rie de M' Henry Torrès, VelaSço a-t-il
été condamné & trois années de prison. 1
Les travaux forcés
. à perpétuité
pour les bandits
de Saint-Antonin
(De notre correspondant particulier)
Montauban, 5 octobre (par téléphone).
â On se souvient que le 3 janvier 1937,
une agression à main armée commise
à Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne) sou-
leva une grosse émotion dans toute ia
région du Sud-Ouest de la France.
Vers minuit, six individus masqués
pénétrèrent par effraction dans l'étudé
de Me Dutemps, notaire dans ce bourg.
Ils assommèrent M' Dutemps à coups dè
crosses de revolver, ligotèrent et bâil-
lonnèrent Mme et Mlle Dutemps èt s'èm-
pàrèrent de bijoux, de titres ét d'argent
liquide d'une valeur totale de 120 à
130.000 francs environ, ils emportè-
rent même le coffre-fort dans une voi-
ture automobile volée.
Trois de ces bandits ont comparu au-
jourd'hui devant la cour d'assises ; ce
sont : Paul Féraud, 30 ans, né à Saint-
Maximin (Var) ; Paul Viguier, 28 ans.
de Lombers (Tarn) et Jean Sirera, 23
ans, dé Toulouse. Tous sont des répris
de justice. Lès deux autres, Roger Gar-
rigues, 25 ans, d'Agen et Jean Bernard
de Firminy (Loire) sont en fuite.
Les trois prévenus ont nié énérgique-
mént être les auteurs de ce cambrio-
lage ; ils ont affirmé ne pas se con-
naître.
Mme et Mlle Dutemps lés ont formel-
lement reconnus ainsi què d'autres té-
moins.
Après les plaidoiries des parties ci-
viles, le réquisitoire du procureur de la
République et les plaidoiries de là dé-
fense, le jury a répondu affirmative-
ment aux vingt questions qui lui étaient
posées sans circonstances atténuantes.
En conséquence, Féraud, Sirera et Vi-
guier ont été condamnés aux travaux
forcés à perpétuité.
L'affaire d'espionnage
de Forbach
Metz, 5 octobre. â Le tribunal mili-
taire de Metz, après quatre longues au-
diences, a prononcé son jugement dans
l'affaire d'espionnage dans laquelle était
impliqué toute une famille dé For-
bach : le père, Michel Bour, 56 ans,
tenancièr d'un café, rue de Vèrdun ; sa
femme, née Port, âgéé de 51 ans, son
fils ainé, Charles, 23 ans, et son fils ca-
det, 18 ans, le premier des fils caporal
chef au 18e bataillon de chasseurs à
pied à Toul.
Les Bour, par l'intermédiaire de pa-
rents habitant en Allemagné, avaient
fourni des renseignements d'ordre mili-
taire au service d'espionnage allemand.
Ils ont été condamnés tous les quatre
à 20 ans de travaux forcés.
Condamnation d'un espion à Nancy
Nancy, 5 octobre. â Le tribunal mi-
litaire de Nancy a condamné Rudolphè
Ebrhard, 21 ans, précédemmént garçon
d'hôtêl à Strasbourg:, soldat au 26e ré-
giment d'infanterie, inculpé de relations
avec les agents d'une puissance étran-
gère pour livrer des renseignements in-
téressant la Défense nationale, à sept
ans de détention, 20 ans d'interdiction
de séjour, et à la dégradation militaire.
Ebrhard était originaire de Cologne
et avait obtenu la naturalisation fran-
çaise.
La situation
en Palestine
Jérusalem, 6 octobre. â Toute la Pa-
lestine juive célèbre aujourd'hui la fête
de l'expiation appelée Yom Kipour. Crai-
gnant que les rassemblements aux sy-
nagogues ne soient l'occasion de trou-
bles terroristes, des mesures spéciales
ont été prises.
Ce matin, la situation semble effecti-
vement sérieuse, tout au moins dans là
région du nord. Toutes les communica-
tions télégraphiques sont interrompues
par suite de la détérioration des fils.
Des opérations militaires se déroulent
au nord de la Galilée. Les insurgés ont
eu douze tués au pied du Mont Thàbor.
D'autre part, les bureaux du gouver-
nement à Jérusalem ont été envahis par
un groupe de rebelles armés ; après
avoir maîtrisé le gardien ils ont ténté
de mettre le feu aux bureaux, puis ont
pris la fuite.
Dans ces conditions, sir Harold Mao
Michaël, haut-commissaire britannique,
est parti en avion pour Londres s'en-
tretenir du problème palestinien. On
pense même qu'au cours de son séjour
une nouvelle politique pourra être éla-
borée pour mettre fin au conflit.
La crise tchécoslovaque
et les élections
en Yougoslavie
Belgrade, 5 octobre. â Le président
du Conseil, M- Stoyadinovitch, a été
reçu en audience par le prince régént.
Dans lés milieux politiques on croit
savoir qu'au cours de cette audience la
question.de la dissolution de la Cham-
bre et de nouvelles élections ont été
ainsi examinées.
a ce sujet, le correspondant du Timès
à Belgrade écrit :
« Les résultats de la crise pour la
Yougoslavie sont immédiatement visi-
bles. Depuis les élections de 1935, qui
suivaient de près l'assassinat du roi
Alexandre, l'opposition serbe et croate
au gouvernement de M. Stoyadinovitch
avait adopté le slogan « Retour à l'ami-
tié avec la France, l'Angleterre et la
Petite Entente; retour à-la démocra-
tie ». Or les événements de la semaine
écoulée ont été un tel triomphe pour la
politique gouvernementale d'amitié avec
tous les pays et de refus d'étendre lés
engagements de la Yougoslavie a
l'étranger, que l'opposition s'est, pour
ainsi dire, écroulée d'un seul coup: les
nouvelles élections, dont la date était
encore incertaine, se tiendront sans dou-
te bientôt et ne peuvent avoir qu'un
seul résultai : une victoire écrasants
pour le gouvernement Stoyadinovitch. »
LA 11e CONFERENCE
de la Fédération
nationale
des municipalités
socialistes
est ajournée
En raison des événements actuels, le
bureau de la Fédération a décidé en sa
séance du 28 septembre 1938, que la
11* Conférence qui devait se tenir à
Toulouse les 8, 9 et 10 octobre 1938
serait ajournée à une date ultérieure.
Le secrétaire général :
ANTONIN POGGIOLI.
LE POPULAIRE
6-10-38
préoccupait davantage de l'évacuation
de ceux qui n'avaient pu partir que de
la préparation de la rentrée scolaire...
Magasins vides, rues désertes
Les magasins et les boutiques étaient
vides, les rues désertes.
â Dëpuis hier, nous n'avons pas vu
un seul client, nous affirmait tel mar-
chand de confections, alors que les an-
nées passées nous n'arrivions pas à con-
tenter tout le monde.
En revanche, dans un bazar, on nous
cônfiait :
â Ici, ce fut la cohue, mais seule-
ment au rayon des piles électriques et
dès bougies.
De fait, il parait que jamais il ne fut
vendu, dans Paris, autant de bougies et
de piles et de lampes électriques. C'est
par douzaines qu'elles disparaissaient,
chacun voulant se prémunir en cas
d'alerte.
Par ailleurs, non seulement l'habille-
ment et la chaussure, mais la librairie
chômèrent totalement-
Sagement le ministre de l'Education
Nationale avait reporté au 10 octobre
l'ouverture officielle des écoles, tout en
prescrivant aux maîtres non mobilisés et
aux maîtresses d'être à leur poste dès le
3 octobre afin d'assurer un service de
garde ou de procéder à des exercices de
revision là où les enfants Se présente-
raient.
Changement d'atmosphère
Oui, mais le 1er octobre, qui s'annon-
çait si tragiquement, devait marquer
une détente dans la situation internatio-
nale.
Bientôt, après les heures nerveuses, la
vie reprenait, petit à petit, son cours
' normal.
Il n'était guère possible, malgré tout,
de revenir brusquement sur les décisions
prises.
C'est ainsi que lundi, malgré la déten-
te, nous n'avons assisté qu'à une fausse
rentrée.
Dans les villages, là où l'instituteur
n'avait pas été mobilisé, les classes re-
prirent comme par le passé.
:: Mais à la ville, il en fut autrement.
Bon nombre d'enfants n'avaient pu en-
core rejoindre le foyer familial, ou bien
les mamans n'avaient pas encore eu le
temps de remettre le trousseau à neuf.
Fausse rentrée : rentrée échelonnée.
Néanmoins, chaque jour, depuis lundi,
les effectifs augmentent progressive-
ment.
L'animation reprend
L'animation a repris dans les maga-
sins. La mode dés tabliers passe. Lè
classique tablier noir a fait son temps.
Il est remplacé par les blouses aux cou-
leurs plus gaies. La simplicité, la com-
modité, tout ce qui donne l'aisance né-
cessaire aux ébats les plus turbulents,
préside à la toilette enfantine.
Et c'est tant mieux. Rien n'était moins
gai que cètte uniformité qu'on imposait
à la jeunesse de naguère.
Chez les libraires
Même animation retrouvée dans les
- boutiques de librairie.
Tandis que les portes de l'école ne
⢠sont encore qu'entr'ouvertes, les bam-
bins en profitent pour « conduire »
L'essayage d'une blouse de couleur
leurs mamans chez les marchands ou
dans les grands magasins...
Déjà, oubliant les inquiétudes de la
veille â que l'insouciance de l'adoles-
cence est enviable ! â les bambins se
préparent joyeusement à la rentrée offi-
cielle de lundi prochain.
Le rôle des « maîtres »
Quant aux maîtres qui ont la si déli-
cate et si noble mission d'instruire et
d'éduquer les enfants du peuple, après
la terrible épreuve que vient de traver-
ser le monde, ils ne sous-estiment pas le
rôle qu'ils ont à jouer dans l'avenir du
pays.
Et combien émouvantes ces lignes de
Louis Dumas, traduisant la pênsée de
ses collègues, à la veille de cette mélan-
colique rentrée :
« Sans doute, écrit-il dans l'Ecole li-
bératrice, les jours présents sont lourds
et l'inquiétude les ronge et chacun inter-
roge l'avenir avec anxiété. Que sera cet-
te année scolaire ? Nul ne le sait. Mais,
réprènant notre modeste tâche dans le
même sens, nous ouvrons l'école avec le
même sentiment que notre travail obscur
apporte sa contribution quotidienne à
la construction de la paix. Les temps
sont tristes, mais nous persistons à
pendre le rameau d'olivier à la porte
de notre classe. »
PIERRE RIDET.
JO-LA-TERREUR ECOPE
DE SIX MOIS DE PRISON
Toulon, 5 octobre. â Devant le tribu-
nal correctionnel de Toulon, a compa-
ru cet après-midi, Joseph Rizzo, dit Jo-
la-Terreur, mêlé à plusieurs informa-
tions judiciaires, notamment dans l'af-
faire Stavisky.
Rizzo a répondu de coups et blessu-
res dont furent victimes deux pêcheurs
à Bandol. Jo-la-Terreur, se disant en
ét$t de légitime défense, a été condam-
né, ainsi que le nommé Nola, qui prit
part à la bagarre, à six mois de prison
eans sursis.
Lind^ergh se pose au Bourget
La Bourget, 5 octobre. â Le colonel
Charles Lindberg a atterri au Bourget
à 16 h. 50, sur son avion habituel.
L'O.N.M. prévoit...
...Dans les régions parisienne, Nord,
Nord-Ouest, Bretagne et Nord-Est : ciel
généralement très nuageux, quelques
averses et grains suivis d'éclaircies pas-
sagères. Vent d'ouest à sud-ouest fort,
irrégulier, devenant demain assez fort.
Tempête sur les côtes de la Manche. Le
maximum de température sera station-
naire par rapport à celui de la veille.
LA SEANCE DE NUIT A LA CHAMBRE
â
La sèssion exceptionnelle du Parle-
ment'est close. Les Assemblées rentre-
ront lè mardi 15 novembre. Hier soir,
à 21 heures, la Chambre a tenu une
séance de pure forme, pour entendre la
lecture du décret de clôture, lecture qui
avait été faite au Sénat dès l'après-midi
après l'adoption du texte de pleins pou-
voirs qui avait été voté, à 5 h. 30 du
matin, au Palais-Bourbon, par 331 voix
contre 78 et 201 abstentions.
De ces pleins pouvoirs, quel usage le
gouvernement va-t-il faire ? C'est ce
que nous saurons « après ». C'est ce que
beaucoup d'élus du suffrage universel
auraient voulu savoir « avant ». C'est
la question que plusieurs orateurs ont
posée et à laquelle M. Daladier a répon-
du au figuré... puisque les multiples al-
lées et venues, conciliabules et tracta-
tions de la soirée avaient repoussé, à
2 h. 25 du mâtin, l'ouverture du débat.
C'est alors qu'on apprend officielle-
ment de la bouche de M. Jammy
Schmidt, rapporteur général de la com-
mission dés Finances, que celle-ci a ap-
prouvé le projet de pleins pouvoirs par
18 voix contre 5, 18 commissaires s'é-
tant abstenus et 2 étant absents.
â On né sait évidemment pas, glisse
le député de l'Oise, avec une modeste
ingénuité, comment ces déux-là auraient
voté.
â Hum ! Est-ce bien sur ? a l'air
de signifier le bruissement des murmu-
les èt des sourires...
M. Fernand Laurent ne monte pas
à la tribune : d'un bond il s'en empare.
Et voici les milliards qui voltigent. M.
Marchandeau, tout à l'heure, .sera forcé
de lui faire comprendre que les chiffres
sont des instruments de calcul et non
des accessoires de jongleur. D'un ton
quelque peu irrité, car ses amis et lui
« n'auraient pas eu, comme les socia-
listes, les confidences de M. Daladier »,
il est le premier à demander au prési-
dent du Conseil :
â Que comptez-vous faire des pleins
pouvoirs ? En simple matière propre-
ment financière, ils ne vous permettent
qu'une réévaluation de l'encaisse métal-
lique. Or, celle-ci servira tout juste à
combler les avances de la Banque et
en nécessitera de nouvelles...
Alors ?... Alors, M. Fernând Laurent
pense que le seul usage que M. Dala-
dier peut faire des pleins pouvoirs est,
en matière sociale, de « remettre la
France au travail ». On devine quelle
tentative d'opération politique cache
cette formule, à en juger par l'accueil
frénétique que lui font les rescapés de
la défaite lavalienne...
L'intervention d'André Philip
André Philip voudrait bien, lui aussi,
que M. Daladier parlât clairement.
C'est ce que fait, pour sa part, le porte-
parole du groupe socialiste. Dans un
exposé puissant, et dont la force dé-
monstrative soulève, par Instant, avec
les bravos de l'extrême gauche, la colè-
re furibonde des gens rétrogrades à çiui
la vérité fait peur, le député du Rhône
souligne avec vigueur à quel point les
événements justifient le plan présenté
par Léon Blum et dont le Sénat n'a pas
permis la mise à l'épreuve. André Phi-
lip est un homme dont la juvénile élo-
quence traduit à la fois l'ardeur des
sentiments, la fermeté de la pensée et
la volonté d'action. Voici comment il
s'est exprimé :
André Philip. â Si la situation finan-
cière qui motive la demande du Gouver-
nement est exceptionnellement grave,
c'est que les difficultés de ces derniers
temps nous ont trouvés au milieu d'u-
ne crise qui se prolonge hélas ! depuis
huit ans bientôt, et que les dépenses à
faire pour la défense nationale risquent
de rendre encore plus profonde.
Il y a quelques mois, ici, notre cama-
rade Léon Blum a posé fortement le
problème. Il reconnaissait la précarité
de notre situation financière et montrait
le grand effort à accomplir tant sur le
terrain fiscal que sur celui de la politi-
que économique. Cet effort reste encore
à faire, car lés derniers décrets-lois
n'ont réglé que quelques points de dé-
tail.
Nous savons qu'il faut tendre à un
assainissement budgétaire, mais, dans
les circonstances actuelles, la réduction
des dépenses ne peut être que limitée,
étant donné la place prépondérante
qu'occupent les charges de la dette pu-
blique et les dépenses militaires inévi-
tables. (Appl. à l'ext. g.)
D'autre part, il y a aussi un effort
fiscal à accomplir et Léon Blum avait,
du reste, proposé certaines mesures
dans ce sens. Lorsque le Gouvernement
a fait appel aux réserves d'hommes
pour assurer la défense du pays, ne
doit-il pas envisager un appel excep-
tionnel aux réserves de capitaux ? (Ap-
plaud. à l'ext. g.)
Mais, si l'on examine, de 1929 à 1937,
l'évolution des ressources fiscales et cel-
le des revenus privés, il est frappant
de voir que c'est presque toujours la
même proportion des revenus privés
qui a été atteinte par les lois fiscales,
quelles qu'elles fussent.
Au reste, que l'on considère la néces-
sité d'accroître le rendement des im-
pôts ou la possibilité pour la trésorerie
de s'adresser au marché monétaire pour
y placer des emprunts, il faut faire la
mêmè constatation : pas de solution,
si nous ne parvenons pas à augmenter
les revenus du pays, c'est-à-dire à ac-
croître l'ensemble de la production.
Ainsi le problème fondamental auquel
toute la question financière est indis-
solublement liée, c'est celui de la poli-
tique économique. Nous avons essaye,
les uns et les autres, de l'aborder et de
le résoudre par divers procédés. La dé-
flation ayant échoué, nous avons essayé
la politique inverse. Pour un moment
le pouvoir d'achat de la masse a été re-
constitué, mais, lorsque les nécessites
de la défense nationale sont venues nous
imposer d'énormes dépenses, nous nous
sommes trouvés devant le problème ren-
versé. (Appl. à l'ext. g.)
Lorsque j'ai dit que le problème fon-
damental était celui du développement
accru de la production, il en est parmi
nos collègues qui, sans doute, ont pense
qu'il s'agissait de mettre en cause nos
lois sociales et, en particulier, la loi de
40 heures. .
Le Parti socialiste n'est pas hostile a
certains aménagements, mais il estime
que, lorsque des heures supplémentai-
res sont demandées, il convient de sa-
voir d'abord si elles sont bien nécessai-
res- (Appl. à l'extr. g. socialiste.) Il es-
time au surplus que les suppléments de
travail ne doivent jamais être imposés
par les patrons ni même par l'Etat,
mais négociés avec les organisations
ouvrières. ...
Si des sacrifices sont demandés a la
classe ouvrière, il importe que tous les
sacrifices ne soient pas supportés par
elle seule, et que tous les intérêts pri-
vés sans exception s'inclinent égale-
ment devant l'intérêt général. (Appl.
à l'extr. g. socialiste.)
En vérité, le problème essentiel, c'est
le problème de l'organisation du crédit
et de la production. En 1935, plus de 16
milliards ont été exportés, et près de
18 milliards en 1936. Et le premier
mouvement d'évasion des capitaux n'a
pas été déterminé par des causes poli-
tiques, puisqu'il s'est produit alors qu'à
la tête du gouvernement il y avait cet
affreux révolutionnaire qu'est M. Flan-
din. Depuis, ce mouvement s'est pour-
suivi. Il est à l'origine de toutes nos dif-
ficultés économiques présentés. (Appl. à
l'extr. g. socialiste.)
Il y a trois mois, monsieur le prési-
dent du Conseil, vous nous avez déjà
demandé les pleins pouvoirs. Mais au-
cun de vos très nombreux décrets-lois
n'a touché au problème général de l'or-
ganisation du crédit et de la produc-
tion. (Appl. à l'extr. g- socialiste.) Au-
jourd'hui, unis comme nous le sommes
en présence d'un danger pressant, nous
sommes tout disposés à vous suivre si
vous nous proposez un programme
complet.
Tout de même, quand, la Chambre à
peine rentrée, vous lui demandez de re-
connaître de nouveau la nécessité de la
procédure des décrets-lois, il n'est pas
possible que nous n'en éprouvions pas
un sentiment d'humiliation. Il y a là
quelque chose de grave pour la démo-
cratie parlementaire. Nous ne pouvons
pas oublier qu'en Allemagne c'est en sa-
pant peu à peu l'activité du parlement
que Bruning a ouvert les voies à Hitler.
Nous, en particulier, qui sommes jeu-
nes dans cette maison, nous reconnais-
sons les vices du parlementarisme, cet-
te atmosphère où se dissolvent les éner-
gies (Appl. à l'extr. g. et sur de nom-
breux bancs.) cette mauvaise organisa-
tion du travail, à laquelle nous devons
des séances de nuit comme celle-ci.
Mais, au moment où le choc interna-
tional nous a convaincus de la nécessi-
té de nous réformer nous-mêmes, fau-
drait-il admettre que le Parlement se-
rait seul à manquer à la discipline né-
cessaire ? (Appl. à l'extr. g.) En serait-
il à ce point dénué qu'on dût le ren-
voyer aussitôt que réuni ?
Telles sont les réserves que je vou-
lais traduire. Mais dans les circonstan-
ces exceptionnelles où nous nous trou-
vons, nous sommes prêts à accepter
n'importe quel programme, pourvu qu'il
soit clair, précis et complet. Or le gou-
vernement nous a seulement dit ce qu'il
ne fera pas, et nous craignons que,
comme il y a trois mois, il n'entame
aucune action d'envergure.
Nous socialistes, nous avions présen-
té un programme d'ensemble. La Cham-
bre l'a accepté, le Sénat repoussé, vous
savez dans quelles circonstances. Ce-
pendant, nous n'éprouvons aucune ai-
greur. Vous ne reprocherez pas aux
chefs de notre Parti, à la différence
d'autres, de n'avoir pas consenti de sa-
crifices pour vous suivre.
Nous vous demandons de ne pas bri-
ser le Front populaire, malade dans les
couloirs de la Chambre, mais toujours
vif dans le coeur du peuple français
(Appl. à l'extr. g ). Nous vous deman-
dons d'indiquer votre plan d'action :
pourvu que vous puissiez parler claire-
ment, nous sommes prêts à vous aider.
Les socialistes font une vibrante ova-
tion à celui qui vient de définir leur
position. Puis l'assemblée se permet de
relâcher quelque peu son attention pen-
dant que M. René Besse, qui a l'air de
s'adresser confidentiellement aux mi-
nistres assis à leurs bancs, a la com-
plaisance de passer une dizaine de
feuillets. M. Gapiand a plus dé sans-
gêne. Il lit interminablement de mi-
nuscules bouts de papier qu'il a dispo-
sés en trois petits tas sur la tribune et
dont ii tire d'hilarantes formules. L'au-
ditoire passe de l'impatience à la gai-
té. On entend, ici et là :
â Pas de guignol, à 4 heures moins
le quart ! Vous devez écrire rudement
serré ! Vous avez déjà lu ce feuillet
là... Vive Lop !...
Viennent ensuite les explications tech-
niques de M. Marchandeau, agrémen-
tées d'une correction administrée à l'é-
lève Laurent Fernand, lequel se regim-
be comme un beau diable, mais n'en ob-
tient pas moins un zéro de calcul.
Une voix à l'extrême-gauche. â C'est
comme ça que vous comptez, quand
vous établissez le budget de la Ville de
Paris ?
Grésa expose le sens du projet de ré-
solution communiste que la commission
des Finances avait repoussé par 13 voix
contre 5, 23 commissaires s'étant abs-
tenus et 2 étant absents. Et voici M.
Daladier...
Les déclarations
de H. Daladier
Le président du Conseil va s'efforcer
de produire une forte impression sur
l'assistance, par des accents qui, les cir-
constances aidant, prennent une tona-
lité très « salut public ». Au centre
droit et au centre gauche, son éloquen-
ce porte incontestablement. Il semble
même que l'esprit qui anime son dis-
cours rallie au gouvernement une tren-
taine de députés de droite, qui étaient
tout d'abord enclins à suivre M. Marin
et ses amis dans une abstention pleine
de réserves.
M. Daladier. â Comme vous l'a ex-
pliqué M. le ministre des Finances, c'est
évidemment dans les répercussions fi-
nancières de la crise internationale qu'il
faut chercher l'origine de ce projet.
Sans cette crise, le gouvernement au-
rait tenu tous les engagements que, dans
le domaine financier, il avait pris de-
vant le Parlement.
J'avais déclaré que le repli monétaire
que j'avais exécuté ne serait pas dépas-
sé. Malgré tant de semaines de graves
inquiétudes, le cours du franc a été
maintenu dans les, limites fixées.
J'ai dit qu'on pouvait espérer une
rentrée importante de capitaux et, en
effet, près de 19 milliards sont rentrés
(Suite de la première page)
La date limite à laquelle pourront
être pris les décrets-lois était ainsi ra-
menée au 15 novembre au lieu du 31
décembre.
Un danger était donc écarté : en ef-
fet la date du 31 décembre, c'était la
certitude que le Parlement ne serait
pas convoqué en session extraordinai-
re et que le budget serait reconduit.
La date du 15 novembre, par contre,
c'est l'obligation pour le gouvernement
de réunir les Chambres et de leur sou-
mettre son projet de budget. Ainsi,
l'une des principales préoccupations du
groupe socialiste était satisfaite : les
droits du Parlement étalent respectés
et son contrôle s'exercerait normale-
ment.
En ce qui concerne les lois sociales,
le président du Conseil affirma ne pas
vouloir porter sur elles une « hache
destructrice ». Il se référa aux décla-
rations qu'il avait faites devant le
groupe radical au lendemain du fa-
meux discours du 21 août, lequel, on
ne l'a pas oublié, avait provoqué une
émotion qui n'avait pas épargné les
valoisiens au point que M. Daladier
avait dû les rassurer.
Le président du Conseil souligna sa
volonté de maintenir les lois sociales,
voire de les développer à mesure que
les possibilités le permettront. Et si
des aménagements sont nécessaires, il
n'y procédera qu'après avoir récherché
la collaboration ouvrière.
Il ajouta que si des sacrifices étalent
nécessaires, ils seraient davantage de-
mandés à la fortune acquise qu'au tra-
vail. Le groupe socialiste a pris acte
de cet ensemble de déclarations et s'est
abstenu dans le scrutin de confiance.
SI les choses avaient tourné autre-
ment, -c'est-à-dire si les socialistes
avaient été contraints de voter contre
le gouvernement, 11 est sûr qu'ils au-
raient été rejoints par plusieurs dé-
putés radicaux.
D'autre part, un nombre assez sen-
sible de valoisiens, pris entre leur sou-
ci de ne pas se séparer des socialistes
et leur désir de ne pas prendre une po-
sition hostile à l'égard du chef du
gouvernement, en même temps chef de
leur parti, auraient traduit dans l'abs-
tention leur sentiment partagé. Le mê-
me phénomène se serait produit au
sein de l'U.S.R.
Il est donc ainsi établi que les liens
qui réunissent les élus de gauche sont
plus serrés que d'aucuns veulent bien
se l'imaginer. Et qu'il ne sera pas fa-
cile, qu'il ne sera pas possible à la
réaction de faire revivre ce passé de
Bloc national, auquel elle ne songe pas
sans mélancolie. Les socialistes n'ont
jamais joué et ne jouent pas la divi-
sion du groupe radical. Ils ne là sou-
haitent pas. Mais les événements ont
leur logique...
Et il nous sera sans doute permis
de faire observer que l'unité du parti
radical ne pourra jamais être mieux
préservée que par la fidélité aux enga-
gements contractés devant le Suffrage
Universel et par la volonté de mainte-
nir la cohésion des forces républicai-
nes.
Voilà donc le gouvernement en pos-
session des moyens qu'il demandait.
On sait ce qu'il ne fera pas : le con-
trôle des changes, la conversion forcée
des rentes, la dévaluation.
On sait une partie de ce qu'il fera:
la réévaluation de l'encaisse-or, qui lui
permettra de se libérer vis-â-vis de la
Banque de France et", très probable-
ment, de se créer aussi des disponibi-
lités nouvelles. Car quoi qu'en ait pré-
tendu M. Fernand Laurent, la Banque
de France ne possède qu'un privilège
partiel et limité sur le boni de la ré-
évaluation.
A quoi encore le gouvernement em-
ploiera-t-il les pleins pouvoirs? Est-il
lui-même fixé sur sès intentions? Il ne
le semble pas, à se reporter aux dis-
cours de MM. Daladier et Marchan-
deau. Il parait vouloir se fier à un
certain empirisme. Ce qui n'est pas
sans danger.
Rétablira-t-il, comme le bruit en
court, la taxe sur le chiffre d'affaires,
abolie par les socialistes, à la grande
satisfaction des petits commerçants et
des consommateurs?
Recourra-t-il à certaines mesures de
déflation? La voie n'est pas très large
dans cette direction, et la matière pa-
rait bien incompressible.
Procédera-t-il par augmentations
d'impôts, notamment de ceux qui por-
tent sur le tabac et les taxes posta-
les ? Les chargés des contribuables
sont déjà bien lourdes... Au surplus, en
déclarant ne pas vouloir frapper le
capital en formation ni le travail, le
gouvernement s'est interdit d'avance de
franchir certaines limites?
Alors, un emprunt à garantie
de change ?
Ou une contribution exceptionnelle
qui figurait déjà dans le plan Léon
Blum ?
Autant d'Interrogations, autant de
questions que, d'ailleurs, lé gouverne-
ment se pose à lui-même.
Il semble en tout cas acquis qu'il né
faille s'attendre à aucune décision d'ici
quelques jours.
M. B.
depuis que le gouvernement est sur ces
bancs.
Pour qu'il n'y ait aucune équivoque,
j'ajouterai'que ce gouvernement est le
seul ou l'un des rares, depuis longtemps,
qui n'ait jamais recouru aux avances de
la Banque de France.
Mais il faudra bien que nous fassions
face aux conséquences financières de la
crise internationale. Ces conséquences,
nous sommes encore dans l'impossibi-
lité de les fixer.
Je ne veux pas ruser. Je veux en-
core moins me livrer à je ne sais quel
jeu politique que je trouverais indigne
de la situation présente et du poste que
j'occupe à cette heure.
Je fais appel à toutes les volontés
françaises. Ce que je sollicite de la
France, c'est un sursaut de toutes les
énergies. C'est dans cet esprit que je
demande le vote d'un projet de loi, sans
lequel il me serait impossible de conti-
nuer la tâche que j'ai assumée.
J'ai dit à la commission des Finan-
ces que j'étais résolument opposé au
contrôle des changes, parce que la pre-
mière conséquence en est de précipiter
la fuite des capitaux. Comme il exige
des jours et des semaines de « mise
en place », il en résulterait une évasion
rapide et brutale, une véritable hémor-
ragie de capitaux.
D'autre part, je ne veux pas de deux
monnaies françaises, l'une pour l'usage
intérieur et l'autre pour l'usage exté-
rieur. La France est un pays largement
importateur de matières premières : ce
serait, pour notre économie, une véri-
table ruine que d'être soumise à cette
.dualité.
Et puis, dans les pays où le contrôle
des changes est institué, cé sont trop
souvent les classes laborieuses qui font
les frais de l'opération : elles subissent
des conditions de vie extrêmement du-
res.
De même, je suis hostile à la conver-
sion forcée des rentes, et je n'arrive
pas à comprendre comment on pourrait
songer à cette mesure de force et d'ar-
bitraire contre des hommes-à qui tous
les gouvernements, dans les heures de
crise, viennent faire appel pour qu'ils
sauvent les finances de la patrie. (Appl.
à g. et sur de nombreux bancs au cen-
tré et à droite).
Dans quel esprit le gouvernement én-
tend-il donc user de la délégation de
pouvoirs qu'il demande ?
ilf. Daladier. â Cet esprit, c'est celui
qui animait la déclaration que je vous
faisais cet après-midi, lorsque je vous
disais qu'il n'y a pas une heure à per-
dre, et que je faisais appel à l'union de
toutes les énergies françaises, sans la-
quelle nous ne pourrions pas faire face
à des événements redoutables que je
sens venir dans un avenir plus prochain
peut-être que nous nous le figurons les
uns et les autres.
Voix à l'extrême-gauche. â Alors, et
la paix ?...
M. Daladier. â La paix, il faudra la
conquérir jour par jour.
Alors que plus d'un million d'hommes
étaient prêts, si le pays l'eût exigé, à
lui consacrer leur vie, comment peut-on
concevoir qu'il y ait des Français pour
refuser cet effort que nous leur deman-
dans, parce qu'il est nécessaire au salut
commun ! (Appl. à g. au c. et à d.).
On .m'a dit : nous reconnaissons la
nécessité d'accroître la production, et
j'ai applaudi les déclarations faites à
cet égard par M. Philip. Mais vraiment,
croyèz-vous qu'il soit nécessaire que jè
m'explique longtemps sur ce point ?
J'ai toujours dit qu'on ne pouvait de-
mander, des sacrifices à une seule ca-
tégorie de citoyens, et qu'ayant moi-mê-
me voté les lois sociales, je n'avais ja-
mais eu l'idée de porter sur elles la ha-
che destructive. J'ai la volonté de les
maintenir, mais elles ne peuvent être
maintenues que par le labeur.
Je me suis expliqué devant des délé-
gations parlementaires et devant le
groupe de mon parti. Moi aussi, je veux
faire appel à la collaboration ouvrière,
à la conscience ouvrière.
Je lui demanderai l'effort nécessaire
avec insistance, comme un homme qui
a le droit de dire autant que personne
qu'il est un fils du peuple, qu'il aime le
peuple, et que son désir est de voir la
condition des classes laborieuses s'amé-
liorer sans cesse dans toute la mesure
du possible.
Pour le contrôle des décrets-lois, j'ai
proposé moi-même que les présidents et
les rapporteurs généraux des commis-
sions des Finances des deux Chambres
soient appelés en consultation. Je n'ai
nullement l'intention de réaliser une
oeuvre partisane, mais une oeuvre de
salut public, et c'est pour cette oeuvre
de salut public que. je vous demande de
collaborer avec le gouvernement.
Mon appel, je l'adresse à toute l'As-
semblée, à tout le pays. Excusez-moi si
je dis que ceux qui ont le plus d'intérêt
à l'écouter ce sont ceux-là précisément
qui sont le plus attachés au régime par-
lementaire. (Appl. à d. et c.).
Des démocraties voisines ont sombré
dans le désordre financier. La Révolu-
tion française, ce sont les assignats qui
l'ont abattue. La République que nos pè-
res ont fondée, dont ils nous ont légué
la charge, ce n'est point par la facilité
que vous la défendrez contre les mena-
ces qui rôdent autour d'elle.
S'il veut conserver ses libertés politi-
ques et ses lois sociales, le pays ne pour-
ra se sauver que par l'effort.
Voilà les paroles franches que je vou-
lais vous faire entendre. Voici des jours,
des nuits et des nuits que j'ai lutté pour
sauver la paix menacee. (Appl. à g., c.
et d.). Je passerai, s'il le faut, d'autres
jours et d'autres nuits pour cet autre
combat du redressement financier. Le
gagner, c'est la condition même du salut
de la liberté.
A ces mots, au centre droit et au cen-
tre gauche, les députés se lèvent pour
acclamer le président du Conseil. A l'ex-
trême droite et à l'extrême gauche, on
s'abstient de se joindre à cette manifesta-
tion. On vote ensuite sur l'article unique
du projet de loi. On a lu, plus haut, les
résultats du scrutin. M. Flandin n'avait
pas oser souffler mot. Il s'est borné à fai-
re, au milieu de collègues chez lesquels
il sentait une muette réprobation, de
fausses sorties ét de faussés rentrées.
Hier soir MM, Herriot et Daladier ont
procédé, de la manière la plus expéditi-
ve, à la cérémonie de la clôtura devant
de très nombreux députés, un péu hu-
miliés sans doute de la longueur des và-
cances....
Georges-Th. GIRARD.
Les scrutins
à la Chambre
Au cours de l'autre nuit, deux scru-
tins sont intervenus : le premier, con-
cernant la politique extérieure, accor-
dait la confiance au gouvernement par
535 voix contre 75 ; le second, sur lés
questions financières, accordait les
pleins pouvoirs au gouvernement pâr
331 voix contre 78 et 201 abstentions.
Voici le détail de ces scrutins.
Sur la politique extérieure
Ont voté « contre » :
1 indépendant républicain : M. de Ke-
rillis.
1 socialiste : Jean Bouhey.
Les 73 députés communistes.
N'ont pas pris part au vote :
1 membre de la Fédération républi-
caine : M. Taittinger.
1 membre de l'Union socialiste et ré-
publicaine : M. Emile Périn.
Et M. Herriot qui présidait la séancé.
Etaient absents par congé :
1 membre de la Fédération républi-
caine : M. de La Groudière.
1 membre de la Gauche démocratique
et radicale indépendante : M. Jean
Montigny.
1 radical socialiste : M. René Richard.
Tous les autres députés ont voté
« pour ».
M. Emile Périn (Nièvre), porté com-
me « n'ayant pas pris part au vote »,
déclare avoir voulu voter « pour ».
Sur les pleins pouvoirs
Nombre des votants 409
Majorité absolue 205
Pour l'adoption 331
Contre 7â
Ont voté « contre » :
2 indépendants d'Action populaire :
MM. Hueber et Mourer.
2 radicaux socialistes : MM. André
Albert et Crutel.
1 apparenté à la Gauche indépendan-
te : M. Elmiger.
Les 73 députés communistes.
N'ont pas pris part au voté :
3 ' indépendants républicains : MM.
d'Harcourt, Moncelle et Scapini.
5 indépendants d'Action populaire :
MM. Gullung, Hartmann, Meck, Rossé
et Sturmel.
12 membres de la Fédération républi-
caine de France : MM. Bârdoul, Blaisot,
Burgeot, Denais, Alexandre Du val, Hen-
riot, Louis Marin, Augustin Michel, de
Montaigu, Parmentier, Poitou-Duples-
sy et Taittingér.
2 apparentés à la Fédération républi-
caine . MM. Le Cour Grandmaison et
Montfort.
1 apparenté aux démocrates populai-
res : M. Delaunay.
3 républicains indépendants et d'Ac-
tion sociale : MM. Fauchon, Nader et
Robert Sérot.
4 membres de l'Alliance des républi-
cains de gauche : MM. Flandin, Lachal,
Lècâcheux et Perreau-Pradièr.
5 radicaux socialistes : MM. Pierre
Cot, Geistdoerfer, Isoré, Margaine.
Et M. Herriot qui présidait la séance.
3 membres de l'Union socialiste èt ré-
publicaine : MM. Brandon, Ramadièr et
Triballet.
7 membres de la Gauche indépendan-
te : MM. Cayrel, Delom-Sorbé, Planche
(Gauche indépendante) ; Bergery (par-
ti Camille Pèllètàn) ; Plârd (unité pro-
létarienne) ; Pâul Boulét ét Lerôy (par-
ti de la Jeune République).
2 apparentés à la Gauche indépen-
dante : MM. Férnand Bouisson et Mâr-
quet.
Les 156 députés socialistes.
1 isolé : M. Joseph Rous.
Etaient absents par congé ;
1 membre de la Fédération républi-
caine : M. de La Groudière.
1 membre de la Gauche démocratique
et radicale indépendante : M. Jean
Montigny.
1 radical socialiste : M. Réné Ri-
chard.
1 apparenté à la Gauche indépen-
dante : M. Jean Hennessy.
Tous les autres députés ont voté
« pour ».
M. Taittinger, porté comme « n'ayant
pâs pris part au vote », déclare avoir
voulu voter « pour ».
Rectifications de votes
Rectification de vote sur l'article uni-
que du projet de loi tendant à accor-
der au gouvernement les pouvoirs pour
réaliser lè redressemént immédiat dé
la situation économique du pays:
MM. Emerand, Bardoul, de Montai-
gu, Taittinger, Bouisson (Fernand), por-
tés comme « n'ayant pis pris part au
vote » déclarent avoir voulu voter
« pour ».
MM. Michel Brille, de Kérillis, Vallat
(Xaviér), portés comme ayant voté
« pour » déclarent avoir voulu « s'abs-
tenir ».
C'est par suite d'une érreur que M.
Jean Goy a été porté comme ayant vo-
té « pour » étant en congé, son nom
doit être établi dans la liste des mem-
bres « absents par congé ».
LE SENAT
par 280 voix contre 2
adopte le projet
des "pleins pouvoirs"
Grande séance, hiér, au Sénat.
Pourtant, à l'étonnement général, le
bouillant Joseph Caillaux inscrit pour
intervenir a renoncé à là parole.
Quant à M. Abel Gardey, il a pressé
le gouvernement de restreindre l'appli-
cation des lois sociales. Ce désir de ré-
actionnaire camouflé se dissimule en ef-
fet sous des phrases dont le caractère
général n'arrive pas à masquer l'hypo-
crisiè.
Retenons aussi la conclusion :
« Nos finances ne pourront être res-
taurées que si les disciplines individuel-
les et colléctivés sont remisés en hon-
neur dans l'esprit de la démocratie et
sous la loi du salut public ».
M. Marchandeau à répété son dis-
cours de là Chambre, assurant lè Sénat
que le Gouvernement ne pratiquerait
ni une politiquè de facilité, ni une poli-
tique dé contrainte. Son seul but sera,
â-t-il ajouté, de prendre dés mesures
susceptibles de redresser la situation et
de sauvegarder l'avenir.
M. DALADIER
Lè président du Conseil, qui a succédé
à la tribune au ministre des Finances,
a lancé un vibrant appel à la confiance,
« à cèttè confiance Que d'aucuns consi-
dèrent comme un mythe » et à laquelle,
lui, il croit fermement.
Court aperçu sur la situation finan-
cière et voici M. Daladier lancé sur les
accords de Munich, dont le ministre des
Affaires étrangères « surveille, d'heure
en héuré, l'èxécution loyale ».
Une intervention de M. Viollette
« qui a considéré comme fâcheux que
ne puisse s'instituer, devant le Parle-
ment, le débat essentiel sur le problème
financier qui s'aggrave tous les jours »;
des explications de vote et par 280 voix
contré 2, le Sénat a adopté le projet.
Puis, M. Chautemps a lu le décret de
clôture de la session extraordinaire de
1938.
Qui sera ambassadeur
de France à Rome ?
L'ambassadeur de France à Rome
n'est pas encore désigné officiellement.
Cependant tout semble indiquer què
c'est M. François-Poncet, ambassadeur
de France à Berlin, qui ira représenter
la France auprès de Mussolini.
Ajoutons que c'est M. François-Pon-
cet lui-même qui a demandé son chan-
gement.
Cependant deux autres candidats se-
raient sur les rangs : M. Piétri et M.
Mistler. Ce dernier se démène beaucoup
pour obtenir l'ambassade...
Comme M. François-Poncet est enco-
re occupé par la Commission internatio-
nale chargée d'appliquer lès accords dé
Munich, il se peut que sa nomination
soit retardée, et qu'en attendant, un
parlementaire soit désigné comme am-
bassadeur extraordinaire. Dans ce der-
nier cas on choisira probablement entré
M. Piétri et M. Mistler.
On dit que M. François-Poncet sera
remplacé à Berlin par M. Noël. La seu-
le chose qu'on puisse souhaiter c'est quê
M. Noël réussisse à Berlin un peu mieux
qu'à Varsovie...
Et qui succéderait à M. Noël 7 La ru-
meur qui court à ce sujet est vraiment
effarante. On parle de M. Puaux, l'an-
cien ministre de France à Vienne.
Alors quoi ! au Quay d'Orsay on a déjà
tout oublié ?
TROIS BARQUES CHAVIRENT
PRES DE TROMSOE
Oslo, 5 octobre. â Trois petites bar-
ques ont chaviré ce matin.près de Trom-
soe. Sept des dix occupants ont été
noyés.
INFORMATIONS POLITIQUES
â M. Le Beau, gouverneur général de
l'Algérie, est arrivé à Marseille par le
paquebot fil Mansour se rendant à Paris
où il va soumettre au ministre de l'In-
térieur le projet de budget algérien pour
1939.
â M. Daladier, président du Conseil,
a reçu hier après-midi M. Bonnet, mi-
nistre des Affaires Etrangères.
Drame de 1 ivresse
Un drame rapide s'est déroulé dans la
luit de mardi à mèrcredi vêrs trois
meures du matin, en plèin centre des
Halles, 3, rue Pierre-Lescot.
Mme Maria Lièvre, 42 ans, venait de
iéscendre du camion piloté par son ma-
'i, cultivateur à Bagneux, et commen-
;ait à décharger la marchandise lors-
qu'un individu, en complet état d'ivres-
se, brandissant un couteau, se précipita
mr elle et lui en porta un coup à la poi-
trine.
La malheuréuse s'écroula sur le sol,
saignant dans une mare de sang.
Tandis que les témoins du drame
s'empressaient autour de la victime qui
:ut aussitôt transportée à l'Hôtel-Dieu,
su son état fut reconnu grave, le meur-
trier était arrêté.
Il s'agit d'un nommé Alexandre Bru-
ier, sujet yougoslavè, ouvriér agricole
i Grambourg (Creuse).
Un voleur condamné
à trois ans de prison
Mais voler à cet âge ! A 65 ans, un
Chilien, Olegario Velasco, d'ailleurs ex-
pulsé de France avant la guerre déjà,
pratiquait encore l'escroquerie à Paris.
Il s'est fait prendre le 28 juin dernier,
dans l'autobus A.S., alors qu'il tentait
de dévaliser un encaisseur.
Cet encaisseur, M. Albert Welter, ve-
nait de toucher 350.000 francs qu'il avait
serrés dans une serviette. Deux incon-
nus lui firent bientôt remarquer que des
timbres étaient tombés sur le sol et le
garçon de recettes les voulut ramasser.
Il 4evina, à ce moment, que sa serviette
avait été enlevée et qu'une autre lui
avait été substituée.
M. Welter appela au secours. L'un des
voleurs réussit à disparaître. L'autre,
Velasco, fut retenu sur la plate-forme
de l'autobus au moment où il s'apprê-
tait à sauter dans la rue. II portait sous
son bras la serviette de l'encaisseur, le-
quel récupéra « son » argent...
La serviette qui le devait tromper
contenait des boites de sardines vides,
enveloppées dans des journaux... Aussi,
sur réquisitoire de M. Cusin et plaidoi- j
rie de M' Henry Torrès, VelaSço a-t-il
été condamné & trois années de prison. 1
Les travaux forcés
. à perpétuité
pour les bandits
de Saint-Antonin
(De notre correspondant particulier)
Montauban, 5 octobre (par téléphone).
â On se souvient que le 3 janvier 1937,
une agression à main armée commise
à Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne) sou-
leva une grosse émotion dans toute ia
région du Sud-Ouest de la France.
Vers minuit, six individus masqués
pénétrèrent par effraction dans l'étudé
de Me Dutemps, notaire dans ce bourg.
Ils assommèrent M' Dutemps à coups dè
crosses de revolver, ligotèrent et bâil-
lonnèrent Mme et Mlle Dutemps èt s'èm-
pàrèrent de bijoux, de titres ét d'argent
liquide d'une valeur totale de 120 à
130.000 francs environ, ils emportè-
rent même le coffre-fort dans une voi-
ture automobile volée.
Trois de ces bandits ont comparu au-
jourd'hui devant la cour d'assises ; ce
sont : Paul Féraud, 30 ans, né à Saint-
Maximin (Var) ; Paul Viguier, 28 ans.
de Lombers (Tarn) et Jean Sirera, 23
ans, dé Toulouse. Tous sont des répris
de justice. Lès deux autres, Roger Gar-
rigues, 25 ans, d'Agen et Jean Bernard
de Firminy (Loire) sont en fuite.
Les trois prévenus ont nié énérgique-
mént être les auteurs de ce cambrio-
lage ; ils ont affirmé ne pas se con-
naître.
Mme et Mlle Dutemps lés ont formel-
lement reconnus ainsi què d'autres té-
moins.
Après les plaidoiries des parties ci-
viles, le réquisitoire du procureur de la
République et les plaidoiries de là dé-
fense, le jury a répondu affirmative-
ment aux vingt questions qui lui étaient
posées sans circonstances atténuantes.
En conséquence, Féraud, Sirera et Vi-
guier ont été condamnés aux travaux
forcés à perpétuité.
L'affaire d'espionnage
de Forbach
Metz, 5 octobre. â Le tribunal mili-
taire de Metz, après quatre longues au-
diences, a prononcé son jugement dans
l'affaire d'espionnage dans laquelle était
impliqué toute une famille dé For-
bach : le père, Michel Bour, 56 ans,
tenancièr d'un café, rue de Vèrdun ; sa
femme, née Port, âgéé de 51 ans, son
fils ainé, Charles, 23 ans, et son fils ca-
det, 18 ans, le premier des fils caporal
chef au 18e bataillon de chasseurs à
pied à Toul.
Les Bour, par l'intermédiaire de pa-
rents habitant en Allemagné, avaient
fourni des renseignements d'ordre mili-
taire au service d'espionnage allemand.
Ils ont été condamnés tous les quatre
à 20 ans de travaux forcés.
Condamnation d'un espion à Nancy
Nancy, 5 octobre. â Le tribunal mi-
litaire de Nancy a condamné Rudolphè
Ebrhard, 21 ans, précédemmént garçon
d'hôtêl à Strasbourg:, soldat au 26e ré-
giment d'infanterie, inculpé de relations
avec les agents d'une puissance étran-
gère pour livrer des renseignements in-
téressant la Défense nationale, à sept
ans de détention, 20 ans d'interdiction
de séjour, et à la dégradation militaire.
Ebrhard était originaire de Cologne
et avait obtenu la naturalisation fran-
çaise.
La situation
en Palestine
Jérusalem, 6 octobre. â Toute la Pa-
lestine juive célèbre aujourd'hui la fête
de l'expiation appelée Yom Kipour. Crai-
gnant que les rassemblements aux sy-
nagogues ne soient l'occasion de trou-
bles terroristes, des mesures spéciales
ont été prises.
Ce matin, la situation semble effecti-
vement sérieuse, tout au moins dans là
région du nord. Toutes les communica-
tions télégraphiques sont interrompues
par suite de la détérioration des fils.
Des opérations militaires se déroulent
au nord de la Galilée. Les insurgés ont
eu douze tués au pied du Mont Thàbor.
D'autre part, les bureaux du gouver-
nement à Jérusalem ont été envahis par
un groupe de rebelles armés ; après
avoir maîtrisé le gardien ils ont ténté
de mettre le feu aux bureaux, puis ont
pris la fuite.
Dans ces conditions, sir Harold Mao
Michaël, haut-commissaire britannique,
est parti en avion pour Londres s'en-
tretenir du problème palestinien. On
pense même qu'au cours de son séjour
une nouvelle politique pourra être éla-
borée pour mettre fin au conflit.
La crise tchécoslovaque
et les élections
en Yougoslavie
Belgrade, 5 octobre. â Le président
du Conseil, M- Stoyadinovitch, a été
reçu en audience par le prince régént.
Dans lés milieux politiques on croit
savoir qu'au cours de cette audience la
question.de la dissolution de la Cham-
bre et de nouvelles élections ont été
ainsi examinées.
a ce sujet, le correspondant du Timès
à Belgrade écrit :
« Les résultats de la crise pour la
Yougoslavie sont immédiatement visi-
bles. Depuis les élections de 1935, qui
suivaient de près l'assassinat du roi
Alexandre, l'opposition serbe et croate
au gouvernement de M. Stoyadinovitch
avait adopté le slogan « Retour à l'ami-
tié avec la France, l'Angleterre et la
Petite Entente; retour à-la démocra-
tie ». Or les événements de la semaine
écoulée ont été un tel triomphe pour la
politique gouvernementale d'amitié avec
tous les pays et de refus d'étendre lés
engagements de la Yougoslavie a
l'étranger, que l'opposition s'est, pour
ainsi dire, écroulée d'un seul coup: les
nouvelles élections, dont la date était
encore incertaine, se tiendront sans dou-
te bientôt et ne peuvent avoir qu'un
seul résultai : une victoire écrasants
pour le gouvernement Stoyadinovitch. »
LA 11e CONFERENCE
de la Fédération
nationale
des municipalités
socialistes
est ajournée
En raison des événements actuels, le
bureau de la Fédération a décidé en sa
séance du 28 septembre 1938, que la
11* Conférence qui devait se tenir à
Toulouse les 8, 9 et 10 octobre 1938
serait ajournée à une date ultérieure.
Le secrétaire général :
ANTONIN POGGIOLI.
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