Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1936-11-06
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 novembre 1936 06 novembre 1936
Description : 1936/11/06 (Numéro 5017). 1936/11/06 (Numéro 5017).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k822474t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
DEUX
LE POPULAIRE
6-11-36
Le fasciste Mermoz
lieutenant de La Rocque
a été interrogé hier
par le juge d'instruction
â , â Il ι . I
Il s'est ridiculisé en accusant
les »Faucons rouges» de constituer
une organisation paramilitaire !
On l'avait déjà entendue quelque
part, cette protestation, ô combien vé-
hémente I des organisations fascistes.
C'est même le colonel de la Rocque qui
l'avait émise :
â Comment ! vous nous reprochez
notre discipline ? nos défilés au pas
cadencé ? nos dispos ? nos caravanes
motorisées ?
« Mais, et vous ? vos Faucons" rou-
ges î .»
On en avait bien ri.
Prendre nos gosses, nos bambins,
pour des éléments de troupes de choc!...
Non 1 c'était à mourir.
On pensait tout de même que le colon
serait revenu de son erreur. Il paraît
que non, puisque son bras droit, l'avia-
teur fasciste Mermoz a remis ça hier...
Mais commençons par le commence-
ment :
M. Mermoz, assisté de Me Joan-Char-
les Legrand, son défenseur, était convo-
qué hier par M. Béteille, juge d'ins-
truction, qui lui signifia qu'il était in-
culpé de reconstitution de ligue dis-
soute et de provocation à l'attroupe-
ment.
M. Mermoz, qui est membre du comi-
té exécutif du Parti social français, a
commencé par le prendre de très haut :
â Sur quel texte vous appuyez-
vous ?... Je voudrais bien savoir 7...
Etc...
Ça n'a pas pris. M. Beteille l'a cou-
pé :
â Mais je m appuie sur la reconstitu-
tion de ligue dissoute et je serais cu-
rieux que vous m'indiquiez, vous,
ce que sont les E.V.P., par exemple...
Ou encore les E.V.L. « Equipes volantes
de liaison », Equipes volantes de propa-
gande 1 Qu'est-ce que c'est que ça, si-
non la continuité de l'organisation
croix de feu î
M. Mermoz sa perdu de sa superbe.
Il a bien voulu condescendre à tenter
une explication. Selon lui, les E.V.P.,
les E.V.L., c'est tout simplement des-
tiné à préparer, à assurer les réunions
du P.S.F. Ça prend évidemment des or-
dres plus haut. C'est placé sous la di-
rection, soumis à l'impulsion des or-
ganismes centraux, d'un comité de
coordination.
â Mais attention ! s'écrie M. Mermoz.
Ce ne sont pas des organismes à carac-
tères militaire. C'est tout à fait diffé-
rent des Faucons rouges, par exemple I
Là-dessus, nous sommes parfaitement
d'accord. Nos petits mioches n'ont rien,
mais là absolument rien, de commun
avec les ex-dispos de Casimir. Et ils
ne sont armés d'aucune sorte, même
pas de sabres de bois, quoi qu'en pense
M. Mermoz en son... ingénuité.
Mais revenons aux choses sérieuses,
si l'on peut dire 1
M. Mermoz á encore prétendu que le
projet de la manifestation au Vél'
d'Hiv' n'était qu'une réponse à celle
du Parc des Princes.
â Vous aurez, d'ailleurs, pu consta-
ter, dit Mermoz, que les affiches étaient
semblables à celles de nos adversaires
et ia forme copiée sur la leur. En quel-
que sorte, une farce, une galéjade, un
bon tour à jòuer aux adversaires.
Et pour continuer de nous faire ri-
re, le colon de Mermoz nous fait con-'
naître par le truchement de M· Jean-
Charles Legrand, qu'une plainte va être
déposée contré Xä.. à propos de l'appel
du Corniti de coordination du Parti
socialiste et du Parti communiste à
l'occasion de la réunion projetée au
.Vélodrome d'Hiver.
On n'est pas plus drôle.
A. LAMBORAY.
" Revenir aux vieilles
.
coutumes "
Revenons, voulez-vous ? sur ce mot
de M, Calllaux, que nous eûmes la stu-
péfaction de lire hier dans ces deux
journaux curieusement consanguins, qui
s'appellent l'un la République et l'autre
le Capital.
< On renoncera â bâtir, voire â re-
construire, des systèmes. On se replie-
ra, tout bonnement, sur les vieilles cou-
tumes. »
Toute une doctrine, toute une philo-
sophie est dans ce mot... dans ce cri
lamentable d'une bourgeoisie à bout de
souffle, d'un capitalisme fourbu. D'une
bourgeoisie et d'un capitalisme démis-
sionnaires, qui ne sachant à quel saint
se vouer, â quel sauveur s'accrocher,
se refusant à l'avenir et s'affolant du
présent, ne songent plus qu'à refaire,,
avec le passé mort, non pas même du
vieux neuf, mais, passez-moi le mot, du
vieux vieux.
Cri lamentable, vous dis-je, et qui
sonne aux oreilles comme un glas.
Il y a un peu plus de cent ans, un
autre vieux monde était en train, l.ui
aussi, de mourir. Et lui aussi croyait
vaincre la mort en arrêtant la vie. Et
l'un des représentants de ce* vieux mon-
de, l'empereur d'Autriche François II,
parlant à de jeunes étudiants, eut un
mot dont celui de M. Calllaux n'est que
l'écho assourdi :
â· Tenez-vous-en à ce qui est vieux,
car cela est bon. 8i nos aïeux s'en sont
bien trouvés, pourquoi ne ferions-nous
pas comme eux ? Défiez-vous des Idées
nouvelles. Je n'ai p3s besoin de savants,
mais de sujets fidèles.
Certes, M. Cataux ne dit pas qu'il
lui faut des sujets fidèles. Il n'est pas
empereur d'Autriche, Ï n'est pas même,
faute d'avoi franchi ä temps le Ru- ¡
blcon, premier consul de France. Mais
on sait que, quant aux savants, son opi-
nion ne diffère guère de celle de Fran-
çois II. N'est-ce pas lui qui a préconisé
le moratoire des inventions ? C'est-à-
dire la mise en chômage de Ja science
et des savants ?
La plus dangereuse des utopies, c'est
de croire qu'on puisse soit « revenir
aux vieilles coutumes », soit « s'en
tenir à ce qui est vieux ». Cette utopie
mène au fascisme. Hélas ! notre'monde
décadent est plein de fascistes qui
s'ignorent ou qui ne s'avouent pas...
ti1. Caillaux est-!! des premiers ou
des seconds ?
Amédíe DUNOIS.
Une nouvelle étape
vers l'unité
Dans sa séance du 21 octobre der-
nier, la C.A.P. avait reçu une déléga-
tion du Comité central du Parti d'Uni-
té Prolétarienne (P.U.P.) composée
des citoyens Gaudeaux, Juncker et
Paul Louis.
Cette délégation venait demander à
la C.A.P. si â vu les lenteurs et mê-
me l'interruption des travaux de ia
Commission d'Unification de tous les
partis de classe du prolétariat â elle
ne serait pas prête à envisager l'ou-
verture de négociations immédiates
entre le Parti socialiste S.F.I.O. et le
Parti d'Unité Prolétarienne (P.U.P.)
en vue de leur union organique.
Notre C.A.P. accepta la proposition
avec empressement. Dans sa pensée
comme dans celle du Comité central
du P.U.P., l'union de leurs deux par-
tis devait être considérée comme une
étape vers l'unité totale non encore
réalisée et comme un acte de nature
à en favoriser et à en hâter la réa-
lisation.
La C.A.P. chargea alors trois de
ses membres (Bracke, Jean Longuet
et J.-B. Séverac) de se mettre en rap-
port avec deux membres désignés par
le Comité central du P.U.P. (Gau-
deaux et Juncker).
Dès leur première réunion (le 4
novembre), les délégués des deux par-
tis se sont mis d'accord, ainsi qu'en
témoigne la déclaration qu'on lira
plus loin.
Le lendemain (5 novembre) notre
C.A.P., saisie de ce texte, lui donna
son assentiment. Nous avons donc les
meilleures raisons de croire que, dans
un délai très proche, les forces du
P.U.P. et celles du Parti socialiste
S.F.I.O. se seront pleinement rejointes.
Il y a quelques jours, j'avais le plai-
sir de signaler ici le retour dans nos
rangs du Groupe d'Unité Ouvrière de
Clichy, resté jusque là autonome.
L'événement qui se prépare aura
plus d'ampleur. L'acte par lequel va
s'accomplir, à une date aussi proche
que possible, la fusion des groupes
pupistes et des groupes socialistes
dans les localités de la Seine, de la
Loire et des autres départements où
nos deux partis ont des sections, sera
donc accueilli avec la plu» vive des
satisfactions par tous les militants.
La route vers l'unité totale est plus
longue et plus raboteuse que beau-
coup n'avaient pensé. Tout ce qui est
de nature à l'abréger et à l'aplanir
ne peut que nous réjouir. A tous d'y
travailler avec zèle, afin de pouvoir
ensuite s'en féliciter sans réserves.
J.-B. SEVERAC.
DECLARATION
Les délégués du Parti socialiste S.F.
I.O. et du Parti d'unité prolétarienne.
Considérant
Que les travaux de la commission
d'unification de toutes les organisa-
tions politiques de classe du proléta-
riat ont abouti â l'élaboration ou au
rappel de textes consacrant les princi-
pes fondamentaux communs à ces or-
ganisations.
Que ces textes ont notamment af-
firmé:
Que « le Parti unique du proléta-
riat est un Parti de classe qui a pour
but la conquête du pouvoir en vue de
socialiser les moyens de production et
d'échange, tfest-à-dire de transformer la
société capitaliste en société collecti-
viste ou communiste. »
Que « le parti unique du proléta-
riat, tout en poursuivant la réalisa-
tion des réformes immédiates reven-
diquées par la classe ouvrière n,'est
pas un parti de réforme, mais un parti
de lutte de classe et de révolution. »
Que « même quand il utilise au pro-
fit des travailleurs les conflits secon-
daires des possédants ou qu'il se trou-
ve combiner son action avec celle d'un
parti politique pour la défende des
droits et des intérêts des prolétaires,
il reste toujours un parti d'opposition
fondamentale et irréductible à l'ensem-
ble de la classe bourgeoise et à l'Etât
qui en est l'instrument. »
Que u le Parti unique du proléta-
riat sait que son but ne saurait être
atteint que par-1a. çenquête du pou-
voir de haute lutte-contre la bourgeoi-
se. » . m
Que « le Parti unique dif prolétariat
tait sienne dette conception marxiste
de 1a dictature du prolétariat, telle
qu'elle figure dans la critique du pro-
gramme de Gotha: Entre la société ca-
pitaliste et la société communiste se
place une période de transformation
révolutionnaire de la première à la se-
conde, à quoi correspond une période
de transition politique où l'Etat ne sau-
rait être autre que la dictature dit pro-
létariat. »
Que « la dictature du prolétariat
doit signifier un élargissement consi-
dérable de la démocratie pour 1« peu-
ple. »
Considérant:
Que de pareilles déclarations auraient
pu et dû servir de base à l'unité re-
cherchée, le reste étant laissé aux dé-
libérations et aux décisions du Parti
unique reconstitué.
Considérant:
Qu'il n'a pas davantage dépendu
Qu'il n'a dépendu ni du P.U.P. ni du
P.S. qu'il en fût ainsi;
d'eux que les travaux de la commis-
sion d'unification fussent plus rapides
et ses séances plus régulières et plus
fréquentes;
Considérant:
Que, si l'unité totale n'a pas pu, de
ce fait, se réaliser, tous les efforts
en ce sens doivent être poursuivis et
que tout rapprochement de formations
politiques encore distinctes est de na-
ture à hâter l'heure de cette unité
totale.
Décident:
De proposer à leurs partis une union
étroite qui soit le court prologue de
leur unification organique complète.
Déclarent:
Que cette union, fondée sur les prin-
cipes rappelés plus haut, sera ouverte
à tous ceux qui se réclament de ces
principes;
Qu'ils en seront informés par. elle.
Et espèrent: ·· v .* .*
Qu'ainsi se trouveront créées des
conditions plus favorables au rassem-
blement de tout le prolétariat dans la
même organisation politique, qui reste
le but des efforts communs.
Paris, le 4 novembre 1936.
Pour le Parti d'Unité proléta-
rienne: Gaudeaux, Juncker.
Pour le Parti socialiste: Brac-
ke, Jean Longuet, J.-B. Sé-
verac.
REVUE
DE LA PRESSE
Le fait du jour n'est pas la rentrée
des Chambres, dont on a extrait depuis
cinq ou six jours toute la copie qu'elle
est susceptible de fournir. Ce n'est pas
même la réélection triomphale de M.
Roosevelt, dont personne ne doutait
et qui, dès mercredi, était certaine. Le
fait du jour, c'est la « démission » de
M. Pierre Guimier, l'omnipotent admi-
nistrateur de ¿'omnipotente agence Ha-
vas.
Le Front Populaire vient de rempor-
ter sur les puissances ennemies une
victoire qui s'ajoute aux autres. Après
la Confédération générale du patronat,
après les deux cents familles et les
douze régents, après les marchands de
canone, après les spéculateurs sur le
blé, l'agence Havas sent passer sur sa
tête le souffle annonciateur des temps
nouveaux.
. Et cela est gros de signification, et
gros aussi de conséquences.
LA REACTION DU
« JOURNAL »
Le Journal, dont M. Pierre Guimier
est le « directeur général » publie sur
quatre colonnes, en troisième page, la
lettre des administrateurs de l'Havas
4 Guimier, la réponse courroucée de M.
Guimier à l'Havas et la lettre de Léon
Blum. Nos lecteurs connaissent ces
trois documents essentiels. Notons que
Léon Blum en dit plus en cinq lignes
que M. Guimier en cinquante et que les
administrateurs d'Havas en cent.
M. Pierre Guimier a abrité ces trois
textes sous un titre magnifique d'au-
dade:
M. BLUM ET L'INDEPENDANCE
DE LA PRESSE
Car M. Guimier pousse ia mégalo-
manie jusqu'à croire que toucher a sa
sacrée personne, c'est attenter â tout
simplement! â à l'indépendance de la
presse... Laissons-le à ses idées fixes.
Le « directeur général » du journal
de la rue Richelieu fait suivre les trois
lettres d'un certain nombre de com-
mentaires empruntés à la presse de
Paris et des départements. Chose re-
marquable: tous ces commentaires, sauf
un seul â qui émane, curieusement,
du Petit Provençal, où nous croyions
Fernand Bouisson tout puissant â pro-
viennent de la presse de droite et d'ex-
trême droite.
Citons à notre tour et ne commen-
tons pas. Au surplus, nous y revien-
drons:
M. de Kerillis (Commentaires) crie
à l'arbitraire et à la vengeance. Bien
entendu. (Echo de Paris);
Mais pérsonne ne saurait s'y trom-
per: l'acte d'arbitraire sans précédent
du président du Conseil n'a pas été
seulement dicté par des sentiments
de basse vengeance. Il fait partie de
la vaste opération par laquelle le gou-
vernement entend s'assurer, l'exclusi-
vitÇ absolue des moyens d'information
et de propagande afin de mieux étouf-
fer la vérité, afin de mieux préparer
la révolution.
Epargnez vos gros mots, vidame de
Kerillis.
l'Ordre exprime sa sympathie à M.
Guimier « à propos de sa retentissante
démission ». Il ne saurait moins faire.
L'Ordre fait semblant de croire que
Léon Blum s'est incliné devant la «¡har-
gne partisane » des militants du Front
Populaire.
" Il- semble que cette fois encore, il
cède à la hargne partisane de ses mi-
litants qui ont en horreur la liberté
de leurs adversaires, alors qu'ils ré-
clament pour eux toute licence.
Nous sommes des gens hargneux,
chacun sait ça. Nous voulons arracher
les services publics (et l'agence Havas
en est un) aux adversaires de la Ré-
publique!
Le Jour prétend qu'à la Chambre, la
nouvelle du départ de M. Guimier « a
causé une émotion particulière », de
qui est parfaitement faux.
On y a vu une preuve de plus de
la volonté du gouvernement d'enchaî-
ner tous les organismes de presse et
de les river à sa politique et à l'ad-
miration forcée de cette politique.
C'est là une théorie insoutenable. Tou-
te la presse de France devra compren-
dre que sa vie et son indépendance
sont menacées. Il est temps d'en pren-
dre conscience.
La presse de France n'a rien à re-
douter de la mesure qui a frappé M.
Guimier. Son indépendance et sa vie
n'ont rien à y perdre, au contraire.
- En mettant â la retraite le pro-
cureur général Lescouvé, a-t-on attenté
à l'indépendance de la magistrature ?
L'Action Française écrit:
L'acte d'hier montre que l'on entend
exiger de l'agence Havas un tri et
une déformation des nouvelles qui ser-
viront les intérêts du gouvernement.
On entend exiger de l'agence Havas
qu'elle serve la République, rien de
plus. C'est bien cela qui gene M. Mau-
rice Pujo.
L'Ami du Peuple, pour vin peu, ferait
de M. Guimier un héros du courage
malheureux.
Les gens informés savent que de-
puis un certain nombre de mois, M.
Pierre Guimier, au courage duquel il
faut rendre homage, avait résisté avec
vigueur' aux pressions gouvernemen-
tales s'immisçant dans les affaires
privées.
La Victoire pari g de répugnante ma-
noeuvre. Le gouvernement n'a pourtant
pas mis le drapeau dans le fumier.
Selon l'Intransigeant, c'est parce que
M. Guimier « dirige un journal {Le
Journal) qui ne chante pas lee louanges
du Front Populaire, qu'il a été mis
en demeure de quitter son poste à
l'agence Havas. »
Exagération manifèstie. Ce que fait
M. Guimier au Journalt a'Intéresse pas
le Front Populaire, n'a rien à y
voir. Il n'en était pas de même de ce
que taisait, à l'agence' Havas, M. Gui-
mier, homme de et d'extrême
droite.
Le Front Populaire à »le droit de se
défendre. C'est plus qui,tu droit, c'est
un devoir. ' ' V
Am. D.
U premila· conférence
des fiora» Généraux
des Colonies
II faut, dit Marius Mouret
pratiquer une politique
de coton sation altruiste
Hier matin c'est tenue;, à< l'Hôtel Ma-
tignon, la première: conférence des
gouverneurs généraux des colonies.
Cette conférence est ^ réalisation
d'une idée chèrerà Marius Moutet : Il
estime, en effet, que- pour < harmoni-
ser » la politique-coloniale de la Fran-
ce, il est indisrensable que collabo-
rent d'une façon plus étroite les di-
recteurs des sertie es diu ministère â
et d'autre part les gouverneurs aux co-
lonies. Des cloisoas étanches existent
trop souvent entre l'es services pari-
siens et ceux de 1» France d'outre-mer.
Marius Moutet 'eut y substituer un
esprit d'étroite collaboration. Et c'est
la raison pour laquelle se sont réunis
hier, sur .son initiative et sous la pré-
sidence de Léon Blum; les gouver-
neurs généraux deji colonies et les di-
recteurs du ministere des Colonies.
Assistaient à la ä eance, aux côtés de
Marius Moutet, qui dirgeait les débats,
M. Maurice Violi ette, ministre d'Etat;
Spinasse, ministre del economie natio-
nale; Jules Moch, secretaire général
de la présidence <»i(Conseil; les gou-
verneurs généraux" pavía ('Madagas-
car), Brévié (Indóciltoa), Reste (A.E.
F.), Geismar, secrétaire général de
l'Afrique occidentale française repré-
sentant le gouverneur; général de Cot-
tet, retenu à Datar, îe> commissaire de
la République au Cameroun Boisson, et
les directeurs au ministère des Colo-
nies Gaston Joseph Affaires politi-
ques), Tixier (contrôlé^, Mérat (Affai-
res économiques), le göuverneur géné-
ral Brunot, directeur du personnel,
M" des Vallon, In s pect*'.tir général des
travaux publics; Barths directeur du
cabinet du ministre des ..colonies; Ch.
Julien, secrétaire du hautè comité médi-
terranéen.
LE DISCOURS D£ MARDIS MOUTET
Après que Leon Blum ¡Ï-t ouvert la
séance, Marius Moutet prononça un dis-
cours dans lequel il précisa les buts
poursuivis par la conférence 1 iet les idées
qui l'inspirent. Il s'agit di' mettre en
contact, sous sa direction, kis chefs des
territoires responsables et 1, les direc-
teurs de l'administration centrale, afin
de lui permettre de .fixer les\ directions
qui animeront efficacement notre action
colonisatrice.
L'action de la conférence doit être
dominée par la nécessité -de\ dégager
ces problèmes coloniaux par rapport
aux millions d'hommes qui, hiei encore,
étaient politiquement lointains et
muets. Ainsi doit-elle s'occuper non seu-
lement des prix des conditions de vie des indigentes.
â Nous avons en premier licitiâ dit-
il, à nous préoccuper de faire 'et[
mieux vivre l'ensemble été ces popula-
tions coloniales. Il ne s'agit pm de
considérer les colonies en fonctionâ de
l'intérêt égoïste de la Métropole il
d'agit de les organiser pour qu'élles
forment avec 1·Î± Metropole ti-n ensemble·
complexe acceptable pour tous. âTiwtsi
n'y parviendrions pas si nous ne son-
pions qu'à enrichir certaines
chies tant européennes qu'indigènètj
Pas plus que la guerre, une telle conti-
nisation égoïste ne paierait. Bien contraire, elle appauvrirait l'economi*;
nationale. La colonisation attruiste
établie sur' la nécessité d'accroître lei
pouvoir d'achat des masses, favorise lay
constitution outre-mer «u capital actif
èt vivant, condition indispensable cíes
échanges avec la Métropole.
cette politique de colonisation al-
truiste exigera un aménagement de
l'économie franco-coloniale et, de !la
part de la métropole, la prise en charge
de certaines grandes dépenses -d'inté-
rêt national, qui permettront de -créer
l'outillage de base et la première mise
d'équipement.
Ainsi parviendra-t-on en paraphra-
sant un mot de Léon Bäum, -extraire
du régime colonial tout ce qu'il con-
tient d'humain.
La discussion a porté sur le com-
merce franco-colonial. ElHe a, été mar-
quée par un actif échangé de vues qui
a abouti à la rédaction de voeux-unani-
mes. Elle se poursuivra, aiu cours de
plusieurs séances ultérieures, par l'étu-
de de la fiscalité coloniale, l'organisa-
tion des services administratifs et la
compression des dépenses, le fonds
d'équipement colonial et le? program-
me d'équipement des colonie«, sur -des
rapports préparés par le gouverneur
Geismar.
La prochaine séance aura Heu -de-
main à 9 h. 30 à l'Hôtel Matignon.
nouvelles
du Parlement
Le Sénat désignera-t-il une commission
pour étudier les modifications à apporter
à la foi sor la presse Τ
MM. Israël, Heurs Uoy, Albert Sarraut,
Antoine Borrel .et MIREAUX sénateurs et
journalistes ont déposé sur le burean· du
Sénat une proposition de résolution ten-
dant à la constitution^ dans les· bureaux
d'une commission der 22. membres ayant
pour objet d'étudier et d?examiner les, mo-
difications à apporter à la loi sur la presse.
Communiqué de Comité
d.e coordination
de la région parisienne -
Le Comité de coordination régional
des Partis socialiste et communiste,
réuni le 5 novembre, 57, rue· Chariot,
décide d'élargir la 1 commission de lutte
contre la vie chère.
A cet' effet, fer Comité s'adressera
au Comité de Front populaire régio-
nal en vue d'obtenir sa· collaboration
pour réaliser lutte plus efficace-
contre tous les fauteurs dfe vie chère,
agents du fascisme, dont le but est de
porter atteinte à. l'application du pro-
gramme du Front populaire.
Pour examiner le scandale du gaz,
le comité de Coordination décide de
se réunir prochainement avec les res-
ponsables des deux groupes à l'Hôtel
de Ville. ' è
Le Comité affirme son accord avec
la résolution de HOS. et de la F.S.I.
et s'engage à intensifier l'action com-
mune pour la solitati té envers la Ré-
publique espagnole^
La reforme des finances locales
y ·.
est discutée à la Chambre
(Sulte dei la première page)
Les adversaires de Blum en M tant le message dont
un membre de la majorité avait pris
l'initiative, se sont-ils rendu,* compte
qu'ils prononçaient leur propre condam-
nationf
Auparavant, la Chambre en avait fini
avec la discussion générale de projet
de réforme des financés locales. Son vo-
ie ne fait aucun doute. Et les applau-
dissements qui ont accueilli les brèves
précisions fournies par Vincent Auriol
prouvent que personne ne pouvait, ni
en contester l'utilité, ni refuser au gou-
vernement lés félicitations que lui a
adressées le rapporteur de la commis-
sion d'Administration générale.
Et les interpellations î Quand M. Her-
riot annonça, à la fin de la séance, que
les dates auxquelles elles seront discu-
tées seront fixées « ultérieurement »*.
aucun des légionnaires de M. Louis Ma-
rin ou- de M. de Kerillis ne broncha.
Léon Blum n'avait-il pas eu raison
de dire, au banquet de la presse socia-
liste: o Je suis optimiste. > ?
La séance
Oui, quelle calme rentrée! Dans lee
couloirs, o-n fait tranquillement la cau-
sette. Allouer messieurs les augurée du
salon des Quatre-Colonnes, ce n'est pae
aujourd'hui que vous prendrez mal à
la tête, dans le brouhaha des vains
bavardages.
Et vous, messieurs les cancaniers de
la salle des Pas-Perdus, place à la gar-
de! Celle-ci -vient présenter les armes
sur le passage du président. C'est bien
tôt l'heure de la ruée vers les tribunes.
Là. encore, les amateurs de tapage se-
ront déçus...,
Au fauteuil, M. Herriot attend pa-
tiemment que tous les députés aient
pris place sur les travée«. Ils n'y met-
tent nulle hâte fiévreuse-
Vincent Auriol dépose le projet
Au banc du gouvernement, Vincent
Auriol est à côté de Léon Blum. Après
avoir lu le décret de convocation du
Parlement, le président donne la pa-
role au ministre des Finances. Celui-ci
.monte à la tribune pour déposer le pro-
jet de réforme des finances locales dont
il demande la discussion immédiate. Il
dépose, en même temps, le projet de
1 réforme fiscale.
Les gauches lui font un chaleureux
accueil Quelques crailleries partent de
la droite. Mais notre ami Mennecier
se dresse pour faire taire les « brui-
teurs » :
â¢â Est-ce que vous allez recommen-
cer? fait-il. Si oui, nous continuerons
et nous aurons raison de vous!
Le charivari est mal réglé. M. Dom-
mange n'a pas le physique de l'emploi.
L'effet est raté. Quelqu'un essaie bien
de donner le ton en piaillant:
â A Barcelone!
Le cri de « A Charenton! » est le
seul écho que mérite l'apostrophe. La
séance est suspendue. Il faut laisser à
la commission des Finances le temps
de se prononcer sur le projet de réfor-
me des financée locales. Pendant que
l'hémicycle se vide, Léon Blum s'en-
tretient cordialement avec Février, qui
le supplée comme président de notre
Î groupe parlementaire.
'M. Masteau le rapporte
II est 17 heures. Au travail! Qui
donc refuserait son approbation au
Íl'apport que présente M- Masteau, au
nom de la Commission d'administra-
tion générale? Avec ses manchettes
empesées, son veston d'homme rangé
e¿ son air « juste milieu », le député
tëe Poitiers, inscrit au groupe de M.
Chappedelaine, ne heurte person-
ne...
SU reconnaît que le projet de Vin-
oànt Auriol vient à point et expose les
principes dont il s'inspire : simplifica-
tion des règles budgétaires; prise en
charge par l'Etat des dépenses qui lui
e ont propres; répartition plus équita-
ble dies crédits.
Certes, M. Masteau considère surtout
ce projet comme l'amorce d'une refon-
te générale des finances communales
et départementales. Maie ce n'est là de
sa part ni une critique, ni même une
réserve : C'est une simple observation.
L'ayant faite, le rapporteur ne peut
que déliciter le gouvernement.
Unei probe analyse des textes sur :
lesquels nous aurons l'occasion de re-
venir. . Et M. Masteau conclut en affir-
mant que le projet, en soulageant les
commumes, facilitera l'émission de nou-
veaux emprunte qui favoriseront la
reprise de l'activité économique et le
retour Au pays à la prospérité.
Quelques mots seulement de M. Jam-
my Sohmidt. Le rapporteur général de
la 'Commission des finances pense qu'il
faut voter au plus vite le grand projet
ide réforme fiscale. Tout le monde a
l'air de s»on avis : on s'en souviendra,
;le moment venu. ¡
M. Sehuman réclame justice pour ¡
, les départements recouvrés. Et M. Mar-
chandeau n'est pas là-
Le ministre des Finances
apporte des précisions
Quant à Vineent Auriol, ee n'est pas
lui qui retardera le rote du projet. Î
se borne à fournir, de son banc, quel-
ques précisions. Oh! le projet est « mo-
deste ». Maire et conseiller général,
Vincent Auriol a été le premier à adres-
ser ide vifs reprochée au ministre des
Finances. Mais..,
â'¡Mais, fait observer notre ami, j'ai
reçu, il y a seulement quinze jours, le
rapport de la Commission des imposi-
tions ¡locales. Il était matériellement
impossible d'en traduire tout de suite,
dans un; texte législatif, toutes les con-
clusions. Et puis, comment mettre deux
milliards et demi à la charge de l'Etat?
Ayant expliqué à M. Tranchand
pourquoi il ne pouvait réserver· qu'un
million, au lieu de trois, pour le ré-
tablissement de certaine« chaires d'en-
seignement, Vincent Auriol montre
combien il faut être prudent, si l'on
veut éviter des inégalités choquantes.
Une réforme complète des impôts
départementaux et communaux? Vin-
cent Auriol déposera le projet, dès que
sera terminée l'enquête prescrite aux
préfets. Les bravos retentissent sur un
très grand nombre de bancs, quand le
ministre souligne que l'aide apportée
dès maintenant aux collectivités loca-
les est, malgré tout, fort substantielle
et que les Conseils généraux et les
Conseils municipaux vont pouvoir en
tenir compte pour établir leurs bud-
gets.
M. Marchandeau n'est pas
u excessivement satisfait »
Une bonne nouvelle : les communis-
te« voteront le projet. C'est Capron qui
l'annonce, non sans insister sur le sort
des communes de banlieue. E)t le pré-
lèvement de 10 p. 100 eur les subven-
tions pour grands travaux?
Vincent Auriol. â Pour les grands
travaux, il est supprimé.
Mate c'est surtout M. Marchandeau
gui n'est pas α sixcessivement satis·
fait ». Vous vous, demandez pourquoi...
Voue le saurez; mais vous saurez aussi
de quelle belle façon Vincent Auriol
sait lui tenir tête.
M. Marchandeau. â Qu'apporte votre
projet pour la conversion das em-
prunte?
Vincent Auriol. â 90 millions pour
la conversion des emprunts d'un taux
supérieur à 5 p. 10Î. La convention sera
signée la semaine prochaine avec le
Crédit Foncier.
M. Marchandeau encaisse et remer-
cie. Les socialistes applaudissent. Mais
l'ancien ministre de M. Doumergue
s'avance sur un autre terrain : on n'a
encore songé pour la réforme des fi-,
nances locales qu'au côté « dépenses »;
il attend le côté « recettes ». Qu'il se
rassure ; il viendra. Ce que veut aussi
M. Marchandeau, c'est que les commu-
nes recouvrent leur autonomie.
Vincent Auriol. â La loi de finances
la leur rendra.
La discussion générale est close. Ce
matin, examen des articles.
L'Assemblée rend hommage
au Président Roosevelt
Mais avant de s'en aller les députés,
eur une proposition de M. René Ri-
chard, adressent leurs félicitations au
Président Roosevelt. Du rapport pré-
senté par M. Mistler, au nom des Com-
missions des Affaires étrangères, nous
extrayons le passage suivant :
« Le Président Franklin Roosevelt
ne s'est jamais détourné des problèmes
internationaux; il a, plus d'une fois,
témoigné sa sympathie à la France;
qu'il nous soit permis d'exprimer l'es-
poir que son action s'exercera au cours
des années qui vont venir, avec une
autorité encore accrue dans le sens de
la collaboration internationale et du
maintien de la paix. »
Les bravos retentissent. Ils redou-
blent quand M. Yvon Delbos adresse,
à son tour, au nom du Gouvernement
« à la grande Nation américaine et
au Président Roosevelt, champion de
la paix et de la collaboration des peu-
ples, l'expression des sentiments de
profonde affection de la France unani-
me. »
Cette unanimité, la Chambre la tra-
duit par le vote du message qu'on a lu
en première page, et que M. Herriot
sera heureux de transmettre au Prési-
dent Roosevelt, en· y joignant l'expres-
sion personnelle de son respect et de
son amitié, car il a été « témoin de
son attachement à la paix et de sa
sympathie pour la France ».
Une dernière salve de bravos. Et per-
sonne ne pipe mot quand le président,
avant de quitter son fauteuil, annonce
qu'on fixera plus tard les dates aux-
quelles les diverses interpellations se-
ront Discutées. Tout s'est passé le
mieux du monde. Au coin du bureau
présidentiel, la sonnette languit. Pré-
sident de race, M. Herriot s'est obstiné
à ne pas vouloir d'elle.
G.-Th. G.
AU SENAT
Le Sénat a siégé, hier, sous la pré-
sidence de M. Jules Jeanneney, qtri a
prononcé l'éloge funèbre de MM. Jean
Durand et Louis Michel.
A la suite de la lecture des deman-
des d'interpellations et d'une brève in-
tervention de MM. Chautemps et Ru-
cart, au nom du gouvernement et d'ac-
cord avec lui, le Sénat a décidé de dis-
cuter cet après-midi, à 15 heures, des
incidents (qu'il dit, le renégat radical
Dumesnil) de Brest et de l'affaire For-
mysin.
Un mot personnel
L'Action Française ainsi que les jour-
naux et les personnes qui puisent leur
information dans cette feuille, s'occu-
pent depuis quelque temps très souvent
de ma modeste personne. Ils insistent
notamment sur ma naturalisation « ré-
cente ».
Je n'y vois aucun inconvénient. Mais
je tiens à donner quelques précisions :
1° Le décret de ma naturalisation
est daté du 11 avril 1936 et a paru à
^'Officiel du 19 avril 1936. Par consé-
quent, ma naturalisation est antérieure
aux élections et à l'avènement du gou-
vernement de Front populaire ;
2° Si le décret a paru au mois d'avril,
mon dossier avait été préparé encore
sous le gouvernement Laval, M. Léon
Bérard étant Garde des Sceaux;
3" Si ma naturalisation est récente,
je suis néanmoins en France depuis
1917. Je me suis engagé dans la Légion
étrangère en 1918. J'ai été grièvement
blessé le 30 mai 1918 à Soissons. Je
suis titulaire de la Croix de guerre avec
deux citations;
4° Par conséquent je n'ai pas attendu
les droits que me confère la naturali-
sation pour açcomplir mon devoir mili-
taire à l'égard de la France, et peut-
être même de faire un peu plus, puis 1
que rien ne m'obligeait à m'engager
dans l'armée française et encore moins
à y entrer comme simple soldat en
abandonnant mes galons d'officier rus-
se.
O. ROSENFELD.
Le communiqué
du Groupe socialiste
L,e groupe parlementaire socialiste S.
F.I.O. s'est réuni, hier matin, sous la
présidence de Léon Blum", dont l'arrivée
en séance a été saluée par de vifs ap-
plaudissements.
André Février, président du groupe, a
assuré le président du Conseil de l'en-
tière et affectueuse confiance du groupe
unanime en même temps qu'il procla-
mait la solidarité et l'estime dee élus
socialiste à l'égard de Roger Salengro
et de Blancho, objets d'attaques injus-
tifiées.
Exposé de Léon Blum
Léon Blum a ensuite exposé les in-
tentions du gouvernement en ce qui
concerne notamment l'ordre du jour
des travaux parlementaires. Il a pré-
cisé que la réforme de la fiscalité vien-
drait en tête de façon que le Sénat
puisse s'en saisir pendant que la Cham-
bre discuterait le budget. Quant au pro-
jet. concernant la presse, il sera déposé
d'ici quelques jours.
Au début de la session ordinaire
viendraient les projets concernant l'as-
surance contre les calamités agricoles,
l«e fonds national de chômage et les
vieux travailleurs.
Léon Blum a marqué, par ailleurs,
sa conviction que le gouvernement était
assuré de retrouver dans les débats
prochains la même majorité parlemen-
taire qui s'est groupée et affirmée aux
premiers jours de la législature.
« Nous tiendrons les engagements que
nous avons pris, a déclaré Léon Blum,
et il ne dépendra pas de nous qu'ils
soient observés et respectés par tors. »
Exposé de Vincent Auriol
Vincent Auriol, ministre des Finan-
oes, tout en réservant pour la séance
suivante l'ensemble de ses explications
complètes sur le budget et sur la ré-
forme fiscale, a insisté sur la nécessité
de voter le budget avant la fin de l'an-
née, le gouvernement étant décidé à
user, pour obtenir ce résultat, de tous
les moyens que liai donne le règlement.
Vincent Auriol a ensuite exposé l'éco-
nomie générale du premier projet de
réforme des finances départementales
et communales til y en aura un se-
cond) dont la Chambre aborde l'exa-
men cet après-midi.
Le ministre des Finances a indiqué
son espoir qu'une détente sérieuse du
loyer de l'argent permettra bientôt
aux collectivités communales et dépar-
tementales d'alléger utilement leurs
charges actuelles. Il a annoncé que la
carte d'identité fiscale entrerait en vi-
gueur à partir du 1er janvier prochain.
Faisant ensuite allusion à certaines
campagnes dont la dévaluation a été
le prétexte, Vincent Auriol a procla-
mé que le gouvernement nom seulement
ne redoutait aucune enquête ni aucune
investigation, mais que la justice, sai-
sie par ses soins, avait été invitée à ne
négliger aucun des moyens à sa dispo-
sition pour ne laisser aucun doute au
sujet à la fois des campagnes entrepri-
ses et des mobiles qui ont pu les ins·,
pirer. _ "
Avant le Conseil national
Au début de la séance, Paul Faure, à
la demande du groupe, avait fait un
exposé très applaudi des rapports du
Parti socialiste avec les autres partis
du Front populaire, rapports auxquels
le Parti socialiste doit consacrer, on
le sait, la majeure partie du conseil na-
tional qui s'ouvre samedi.
Le groupe a finalement, après une dis-
cussion au cours de laquelle sont in-
tervenus Laroche, Le Troquer, René
Brunei, adopté, h l'unanimité, l'ordre
du jour suivant ;
« Le groupe socialiste au Parlement,
« Exprime une fois de plus son en-
tière solidarité avec le gouvernement
dont la politique et l'action sont con-
formes au programme du Front popu-
laire et renouvelle au camarade Léon
Blum, président du Conseil, ses senti-
ments d'affectueuse confiance. >
Des rabais
sur le prix des Chemins de fer
facilitent la venue des étrangers
Une conférence s'est tenue hier entre
le Comité -le direction fer français et les représentants des ré-
seaux de 40 nations.
A l'issue io cette conférence un accord,
est intervenu pour des réductions de ta-
rif allant de 20 à 33 pour ceint sur le tra-
jet étranger suivant que les voyageurs
etrangers se rendront à Paris en groupes
ou individuellement.
Rappelons que déjà il était décidé par
le«s reseaux français que lés visiteurs ré-
sidant en Corse, en Afrique du Nord, aux
colonies et à l'étrangegr bénéficieraient
d'une réduction de 50 (pour cent sur le
parcours français pour les voyages qu'ils
effectueront en France pendant la durée
de l'Exposition. .
POUR VIVRE HEUREUX...
Voyez l'annonce
LEVITAN
en cinquième page
Nous sommes heureux de publier ci-dessous un article extrait du prochain
volume de l'Encyclopédie Française (L'Etre humain : Santé et Maladie) qu'a
dirigé René Leriche, professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg. Op.
sait que le docteur Leriche, chirurgien de notoriété mondiale, est un des pro-
moteurs de la chirurgie du coeur, du sympathique et des glandes endocrines.
Il a sy. grouper autour de lui, pour la rédaction de cet ouvrage accessible aux
profanes les noms les plus incontestés de la pedecine française.
Tâche de la médecine future. â Nous voici tous à l'aise pour en revenir à
notre objet. Nous disions que la médecine se trouve devant une tâche immense,
qui consiste à connaître de la phase préclinique des maladies, de ce premier
acte silencieux du drame. Elle n'y parviendra qu'en étudiant des sujets appa-
remment bien portants, par des méthodes visant la physiologie même de
l'individu, cherchant à déterminer les valeurs fonctionnelles de ses sécrétions,
de son sang, de ses humeurs, de son milieu intérieur, et de ses organes, en
essayant d'obtenir des images aussi analytiques que possible.
Déjà, avec un Objectif plus immédiatement utilitaire, certaines compagnies
américaines d'assurances constituent patiemment les dossiers de l'homme
apparemment normal, en soumettant à. des examens obligatoires leurs adhé-
rents bien portants. C'est certainement là la bonne méthode qui conduira à
la médecine future, dont la formule sera : soigner, c'est prévoir.
Mais une simple enquête clinique, si minutieuse, si prolongée soit-elle, ne
saurait suffire à édifier cette histoire naturelle des maladies « déshumanisées »,
dans le stade préclinique. Elle ne pourra être écrite qu'après de minutieuses
recherches expérimentales, visant à tout connaître des tissus et de leurs
réactions. C'est de cette physiologie tissulaire que pourront sortir un jour les
intuitions qui transformeront, la médecine. On aurait tort de croire que la
médecine future pourra s'élaborer dans des bureaux de státistiques. Elle sera
plus que jamais l'oeuvre d'esprits synthétiques ayant d'abord joué le jeu
de la méthode de tu um-: BERNARD. L'Encyclopédie Française ne comportant
pas l'exposé de l'histoire si longue et si touffue de la médecine, il m a paru
utile de montrer le sens de la route qu'elle suit en tâtonnant, en vue d'un
avenir meilleur pour l'homme, être robuste et fragile tout à la fois.
On voit maintenant, je pense, comment il faut comprendre la maladie sur
le plan de ia vie des tissus. Je n'en ai pas donné la définition précise que
sans doute l'on attendait et qui me paraissait souhaitable, parce qu'il est
presque impossible d'en condenser une suffisamment explicite en quelques
mots. Il suffit du reste qu'on en comprenne la signification réelle. L'homme
bien portant doit retenir que la maladie n'est pas une création subite et
monstrueuse qui se greffe sur l'individu et vit en parasite sur lui. Quelle
qu'en soit la cause, même quand celle-ci est tui microbe ou un accident, la
maladie comporte une collaboration active, quoique involontaire, du malade ;
sans cette collaboration, elle n'existerait pas, ou du moins cesserait, le plus
souvent, très vite. Car ce qui la caractérise, dès le début, c'est le dérèglement
de la vie des tissus, lente ou brutale, peu importe. C'est pourquoi sa gravité
se mesure moins peut-être à la sévérité de l'attaque et à l'étendue de ses
destructions qu'à l'importance des troubles fonctionnels qu'elle entraîne et
aux effets secondaires de ces troubles, à distance et par ricochet. En fin de
compte, on doit dire : « A chacun sa maladie ». C'est aussi vrai que d'ensei-, .
gner : « A chacun sa vérité. »
Pené LERICHE. · -
LE POPULAIRE
6-11-36
Le fasciste Mermoz
lieutenant de La Rocque
a été interrogé hier
par le juge d'instruction
â , â Il ι . I
Il s'est ridiculisé en accusant
les »Faucons rouges» de constituer
une organisation paramilitaire !
On l'avait déjà entendue quelque
part, cette protestation, ô combien vé-
hémente I des organisations fascistes.
C'est même le colonel de la Rocque qui
l'avait émise :
â Comment ! vous nous reprochez
notre discipline ? nos défilés au pas
cadencé ? nos dispos ? nos caravanes
motorisées ?
« Mais, et vous ? vos Faucons" rou-
ges î .»
On en avait bien ri.
Prendre nos gosses, nos bambins,
pour des éléments de troupes de choc!...
Non 1 c'était à mourir.
On pensait tout de même que le colon
serait revenu de son erreur. Il paraît
que non, puisque son bras droit, l'avia-
teur fasciste Mermoz a remis ça hier...
Mais commençons par le commence-
ment :
M. Mermoz, assisté de Me Joan-Char-
les Legrand, son défenseur, était convo-
qué hier par M. Béteille, juge d'ins-
truction, qui lui signifia qu'il était in-
culpé de reconstitution de ligue dis-
soute et de provocation à l'attroupe-
ment.
M. Mermoz, qui est membre du comi-
té exécutif du Parti social français, a
commencé par le prendre de très haut :
â Sur quel texte vous appuyez-
vous ?... Je voudrais bien savoir 7...
Etc...
Ça n'a pas pris. M. Beteille l'a cou-
pé :
â Mais je m appuie sur la reconstitu-
tion de ligue dissoute et je serais cu-
rieux que vous m'indiquiez, vous,
ce que sont les E.V.P., par exemple...
Ou encore les E.V.L. « Equipes volantes
de liaison », Equipes volantes de propa-
gande 1 Qu'est-ce que c'est que ça, si-
non la continuité de l'organisation
croix de feu î
M. Mermoz sa perdu de sa superbe.
Il a bien voulu condescendre à tenter
une explication. Selon lui, les E.V.P.,
les E.V.L., c'est tout simplement des-
tiné à préparer, à assurer les réunions
du P.S.F. Ça prend évidemment des or-
dres plus haut. C'est placé sous la di-
rection, soumis à l'impulsion des or-
ganismes centraux, d'un comité de
coordination.
â Mais attention ! s'écrie M. Mermoz.
Ce ne sont pas des organismes à carac-
tères militaire. C'est tout à fait diffé-
rent des Faucons rouges, par exemple I
Là-dessus, nous sommes parfaitement
d'accord. Nos petits mioches n'ont rien,
mais là absolument rien, de commun
avec les ex-dispos de Casimir. Et ils
ne sont armés d'aucune sorte, même
pas de sabres de bois, quoi qu'en pense
M. Mermoz en son... ingénuité.
Mais revenons aux choses sérieuses,
si l'on peut dire 1
M. Mermoz á encore prétendu que le
projet de la manifestation au Vél'
d'Hiv' n'était qu'une réponse à celle
du Parc des Princes.
â Vous aurez, d'ailleurs, pu consta-
ter, dit Mermoz, que les affiches étaient
semblables à celles de nos adversaires
et ia forme copiée sur la leur. En quel-
que sorte, une farce, une galéjade, un
bon tour à jòuer aux adversaires.
Et pour continuer de nous faire ri-
re, le colon de Mermoz nous fait con-'
naître par le truchement de M· Jean-
Charles Legrand, qu'une plainte va être
déposée contré Xä.. à propos de l'appel
du Corniti de coordination du Parti
socialiste et du Parti communiste à
l'occasion de la réunion projetée au
.Vélodrome d'Hiver.
On n'est pas plus drôle.
A. LAMBORAY.
" Revenir aux vieilles
.
coutumes "
Revenons, voulez-vous ? sur ce mot
de M, Calllaux, que nous eûmes la stu-
péfaction de lire hier dans ces deux
journaux curieusement consanguins, qui
s'appellent l'un la République et l'autre
le Capital.
< On renoncera â bâtir, voire â re-
construire, des systèmes. On se replie-
ra, tout bonnement, sur les vieilles cou-
tumes. »
Toute une doctrine, toute une philo-
sophie est dans ce mot... dans ce cri
lamentable d'une bourgeoisie à bout de
souffle, d'un capitalisme fourbu. D'une
bourgeoisie et d'un capitalisme démis-
sionnaires, qui ne sachant à quel saint
se vouer, â quel sauveur s'accrocher,
se refusant à l'avenir et s'affolant du
présent, ne songent plus qu'à refaire,,
avec le passé mort, non pas même du
vieux neuf, mais, passez-moi le mot, du
vieux vieux.
Cri lamentable, vous dis-je, et qui
sonne aux oreilles comme un glas.
Il y a un peu plus de cent ans, un
autre vieux monde était en train, l.ui
aussi, de mourir. Et lui aussi croyait
vaincre la mort en arrêtant la vie. Et
l'un des représentants de ce* vieux mon-
de, l'empereur d'Autriche François II,
parlant à de jeunes étudiants, eut un
mot dont celui de M. Calllaux n'est que
l'écho assourdi :
â· Tenez-vous-en à ce qui est vieux,
car cela est bon. 8i nos aïeux s'en sont
bien trouvés, pourquoi ne ferions-nous
pas comme eux ? Défiez-vous des Idées
nouvelles. Je n'ai p3s besoin de savants,
mais de sujets fidèles.
Certes, M. Cataux ne dit pas qu'il
lui faut des sujets fidèles. Il n'est pas
empereur d'Autriche, Ï n'est pas même,
faute d'avoi franchi ä temps le Ru- ¡
blcon, premier consul de France. Mais
on sait que, quant aux savants, son opi-
nion ne diffère guère de celle de Fran-
çois II. N'est-ce pas lui qui a préconisé
le moratoire des inventions ? C'est-à-
dire la mise en chômage de Ja science
et des savants ?
La plus dangereuse des utopies, c'est
de croire qu'on puisse soit « revenir
aux vieilles coutumes », soit « s'en
tenir à ce qui est vieux ». Cette utopie
mène au fascisme. Hélas ! notre'monde
décadent est plein de fascistes qui
s'ignorent ou qui ne s'avouent pas...
ti1. Caillaux est-!! des premiers ou
des seconds ?
Amédíe DUNOIS.
Une nouvelle étape
vers l'unité
Dans sa séance du 21 octobre der-
nier, la C.A.P. avait reçu une déléga-
tion du Comité central du Parti d'Uni-
té Prolétarienne (P.U.P.) composée
des citoyens Gaudeaux, Juncker et
Paul Louis.
Cette délégation venait demander à
la C.A.P. si â vu les lenteurs et mê-
me l'interruption des travaux de ia
Commission d'Unification de tous les
partis de classe du prolétariat â elle
ne serait pas prête à envisager l'ou-
verture de négociations immédiates
entre le Parti socialiste S.F.I.O. et le
Parti d'Unité Prolétarienne (P.U.P.)
en vue de leur union organique.
Notre C.A.P. accepta la proposition
avec empressement. Dans sa pensée
comme dans celle du Comité central
du P.U.P., l'union de leurs deux par-
tis devait être considérée comme une
étape vers l'unité totale non encore
réalisée et comme un acte de nature
à en favoriser et à en hâter la réa-
lisation.
La C.A.P. chargea alors trois de
ses membres (Bracke, Jean Longuet
et J.-B. Séverac) de se mettre en rap-
port avec deux membres désignés par
le Comité central du P.U.P. (Gau-
deaux et Juncker).
Dès leur première réunion (le 4
novembre), les délégués des deux par-
tis se sont mis d'accord, ainsi qu'en
témoigne la déclaration qu'on lira
plus loin.
Le lendemain (5 novembre) notre
C.A.P., saisie de ce texte, lui donna
son assentiment. Nous avons donc les
meilleures raisons de croire que, dans
un délai très proche, les forces du
P.U.P. et celles du Parti socialiste
S.F.I.O. se seront pleinement rejointes.
Il y a quelques jours, j'avais le plai-
sir de signaler ici le retour dans nos
rangs du Groupe d'Unité Ouvrière de
Clichy, resté jusque là autonome.
L'événement qui se prépare aura
plus d'ampleur. L'acte par lequel va
s'accomplir, à une date aussi proche
que possible, la fusion des groupes
pupistes et des groupes socialistes
dans les localités de la Seine, de la
Loire et des autres départements où
nos deux partis ont des sections, sera
donc accueilli avec la plu» vive des
satisfactions par tous les militants.
La route vers l'unité totale est plus
longue et plus raboteuse que beau-
coup n'avaient pensé. Tout ce qui est
de nature à l'abréger et à l'aplanir
ne peut que nous réjouir. A tous d'y
travailler avec zèle, afin de pouvoir
ensuite s'en féliciter sans réserves.
J.-B. SEVERAC.
DECLARATION
Les délégués du Parti socialiste S.F.
I.O. et du Parti d'unité prolétarienne.
Considérant
Que les travaux de la commission
d'unification de toutes les organisa-
tions politiques de classe du proléta-
riat ont abouti â l'élaboration ou au
rappel de textes consacrant les princi-
pes fondamentaux communs à ces or-
ganisations.
Que ces textes ont notamment af-
firmé:
Que « le Parti unique du proléta-
riat est un Parti de classe qui a pour
but la conquête du pouvoir en vue de
socialiser les moyens de production et
d'échange, tfest-à-dire de transformer la
société capitaliste en société collecti-
viste ou communiste. »
Que « le parti unique du proléta-
riat, tout en poursuivant la réalisa-
tion des réformes immédiates reven-
diquées par la classe ouvrière n,'est
pas un parti de réforme, mais un parti
de lutte de classe et de révolution. »
Que « même quand il utilise au pro-
fit des travailleurs les conflits secon-
daires des possédants ou qu'il se trou-
ve combiner son action avec celle d'un
parti politique pour la défende des
droits et des intérêts des prolétaires,
il reste toujours un parti d'opposition
fondamentale et irréductible à l'ensem-
ble de la classe bourgeoise et à l'Etât
qui en est l'instrument. »
Que u le Parti unique du proléta-
riat sait que son but ne saurait être
atteint que par-1a. çenquête du pou-
voir de haute lutte-contre la bourgeoi-
se. » . m
Que « le Parti unique dif prolétariat
tait sienne dette conception marxiste
de 1a dictature du prolétariat, telle
qu'elle figure dans la critique du pro-
gramme de Gotha: Entre la société ca-
pitaliste et la société communiste se
place une période de transformation
révolutionnaire de la première à la se-
conde, à quoi correspond une période
de transition politique où l'Etat ne sau-
rait être autre que la dictature dit pro-
létariat. »
Que « la dictature du prolétariat
doit signifier un élargissement consi-
dérable de la démocratie pour 1« peu-
ple. »
Considérant:
Que de pareilles déclarations auraient
pu et dû servir de base à l'unité re-
cherchée, le reste étant laissé aux dé-
libérations et aux décisions du Parti
unique reconstitué.
Considérant:
Qu'il n'a pas davantage dépendu
Qu'il n'a dépendu ni du P.U.P. ni du
P.S. qu'il en fût ainsi;
d'eux que les travaux de la commis-
sion d'unification fussent plus rapides
et ses séances plus régulières et plus
fréquentes;
Considérant:
Que, si l'unité totale n'a pas pu, de
ce fait, se réaliser, tous les efforts
en ce sens doivent être poursuivis et
que tout rapprochement de formations
politiques encore distinctes est de na-
ture à hâter l'heure de cette unité
totale.
Décident:
De proposer à leurs partis une union
étroite qui soit le court prologue de
leur unification organique complète.
Déclarent:
Que cette union, fondée sur les prin-
cipes rappelés plus haut, sera ouverte
à tous ceux qui se réclament de ces
principes;
Qu'ils en seront informés par. elle.
Et espèrent: ·· v .* .*
Qu'ainsi se trouveront créées des
conditions plus favorables au rassem-
blement de tout le prolétariat dans la
même organisation politique, qui reste
le but des efforts communs.
Paris, le 4 novembre 1936.
Pour le Parti d'Unité proléta-
rienne: Gaudeaux, Juncker.
Pour le Parti socialiste: Brac-
ke, Jean Longuet, J.-B. Sé-
verac.
REVUE
DE LA PRESSE
Le fait du jour n'est pas la rentrée
des Chambres, dont on a extrait depuis
cinq ou six jours toute la copie qu'elle
est susceptible de fournir. Ce n'est pas
même la réélection triomphale de M.
Roosevelt, dont personne ne doutait
et qui, dès mercredi, était certaine. Le
fait du jour, c'est la « démission » de
M. Pierre Guimier, l'omnipotent admi-
nistrateur de ¿'omnipotente agence Ha-
vas.
Le Front Populaire vient de rempor-
ter sur les puissances ennemies une
victoire qui s'ajoute aux autres. Après
la Confédération générale du patronat,
après les deux cents familles et les
douze régents, après les marchands de
canone, après les spéculateurs sur le
blé, l'agence Havas sent passer sur sa
tête le souffle annonciateur des temps
nouveaux.
. Et cela est gros de signification, et
gros aussi de conséquences.
LA REACTION DU
« JOURNAL »
Le Journal, dont M. Pierre Guimier
est le « directeur général » publie sur
quatre colonnes, en troisième page, la
lettre des administrateurs de l'Havas
4 Guimier, la réponse courroucée de M.
Guimier à l'Havas et la lettre de Léon
Blum. Nos lecteurs connaissent ces
trois documents essentiels. Notons que
Léon Blum en dit plus en cinq lignes
que M. Guimier en cinquante et que les
administrateurs d'Havas en cent.
M. Pierre Guimier a abrité ces trois
textes sous un titre magnifique d'au-
dade:
M. BLUM ET L'INDEPENDANCE
DE LA PRESSE
Car M. Guimier pousse ia mégalo-
manie jusqu'à croire que toucher a sa
sacrée personne, c'est attenter â tout
simplement! â à l'indépendance de la
presse... Laissons-le à ses idées fixes.
Le « directeur général » du journal
de la rue Richelieu fait suivre les trois
lettres d'un certain nombre de com-
mentaires empruntés à la presse de
Paris et des départements. Chose re-
marquable: tous ces commentaires, sauf
un seul â qui émane, curieusement,
du Petit Provençal, où nous croyions
Fernand Bouisson tout puissant â pro-
viennent de la presse de droite et d'ex-
trême droite.
Citons à notre tour et ne commen-
tons pas. Au surplus, nous y revien-
drons:
M. de Kerillis (Commentaires) crie
à l'arbitraire et à la vengeance. Bien
entendu. (Echo de Paris);
Mais pérsonne ne saurait s'y trom-
per: l'acte d'arbitraire sans précédent
du président du Conseil n'a pas été
seulement dicté par des sentiments
de basse vengeance. Il fait partie de
la vaste opération par laquelle le gou-
vernement entend s'assurer, l'exclusi-
vitÇ absolue des moyens d'information
et de propagande afin de mieux étouf-
fer la vérité, afin de mieux préparer
la révolution.
Epargnez vos gros mots, vidame de
Kerillis.
l'Ordre exprime sa sympathie à M.
Guimier « à propos de sa retentissante
démission ». Il ne saurait moins faire.
L'Ordre fait semblant de croire que
Léon Blum s'est incliné devant la «¡har-
gne partisane » des militants du Front
Populaire.
" Il- semble que cette fois encore, il
cède à la hargne partisane de ses mi-
litants qui ont en horreur la liberté
de leurs adversaires, alors qu'ils ré-
clament pour eux toute licence.
Nous sommes des gens hargneux,
chacun sait ça. Nous voulons arracher
les services publics (et l'agence Havas
en est un) aux adversaires de la Ré-
publique!
Le Jour prétend qu'à la Chambre, la
nouvelle du départ de M. Guimier « a
causé une émotion particulière », de
qui est parfaitement faux.
On y a vu une preuve de plus de
la volonté du gouvernement d'enchaî-
ner tous les organismes de presse et
de les river à sa politique et à l'ad-
miration forcée de cette politique.
C'est là une théorie insoutenable. Tou-
te la presse de France devra compren-
dre que sa vie et son indépendance
sont menacées. Il est temps d'en pren-
dre conscience.
La presse de France n'a rien à re-
douter de la mesure qui a frappé M.
Guimier. Son indépendance et sa vie
n'ont rien à y perdre, au contraire.
- En mettant â la retraite le pro-
cureur général Lescouvé, a-t-on attenté
à l'indépendance de la magistrature ?
L'Action Française écrit:
L'acte d'hier montre que l'on entend
exiger de l'agence Havas un tri et
une déformation des nouvelles qui ser-
viront les intérêts du gouvernement.
On entend exiger de l'agence Havas
qu'elle serve la République, rien de
plus. C'est bien cela qui gene M. Mau-
rice Pujo.
L'Ami du Peuple, pour vin peu, ferait
de M. Guimier un héros du courage
malheureux.
Les gens informés savent que de-
puis un certain nombre de mois, M.
Pierre Guimier, au courage duquel il
faut rendre homage, avait résisté avec
vigueur' aux pressions gouvernemen-
tales s'immisçant dans les affaires
privées.
La Victoire pari g de répugnante ma-
noeuvre. Le gouvernement n'a pourtant
pas mis le drapeau dans le fumier.
Selon l'Intransigeant, c'est parce que
M. Guimier « dirige un journal {Le
Journal) qui ne chante pas lee louanges
du Front Populaire, qu'il a été mis
en demeure de quitter son poste à
l'agence Havas. »
Exagération manifèstie. Ce que fait
M. Guimier au Journalt a'Intéresse pas
le Front Populaire, n'a rien à y
voir. Il n'en était pas de même de ce
que taisait, à l'agence' Havas, M. Gui-
mier, homme de et d'extrême
droite.
Le Front Populaire à »le droit de se
défendre. C'est plus qui,tu droit, c'est
un devoir. ' ' V
Am. D.
U premila· conférence
des fiora» Généraux
des Colonies
II faut, dit Marius Mouret
pratiquer une politique
de coton sation altruiste
Hier matin c'est tenue;, à< l'Hôtel Ma-
tignon, la première: conférence des
gouverneurs généraux des colonies.
Cette conférence est ^ réalisation
d'une idée chèrerà Marius Moutet : Il
estime, en effet, que- pour < harmoni-
ser » la politique-coloniale de la Fran-
ce, il est indisrensable que collabo-
rent d'une façon plus étroite les di-
recteurs des sertie es diu ministère â
et d'autre part les gouverneurs aux co-
lonies. Des cloisoas étanches existent
trop souvent entre l'es services pari-
siens et ceux de 1» France d'outre-mer.
Marius Moutet 'eut y substituer un
esprit d'étroite collaboration. Et c'est
la raison pour laquelle se sont réunis
hier, sur .son initiative et sous la pré-
sidence de Léon Blum; les gouver-
neurs généraux deji colonies et les di-
recteurs du ministere des Colonies.
Assistaient à la ä eance, aux côtés de
Marius Moutet, qui dirgeait les débats,
M. Maurice Violi ette, ministre d'Etat;
Spinasse, ministre del economie natio-
nale; Jules Moch, secretaire général
de la présidence <»i(Conseil; les gou-
verneurs généraux" pavía ('Madagas-
car), Brévié (Indóciltoa), Reste (A.E.
F.), Geismar, secrétaire général de
l'Afrique occidentale française repré-
sentant le gouverneur; général de Cot-
tet, retenu à Datar, îe> commissaire de
la République au Cameroun Boisson, et
les directeurs au ministère des Colo-
nies Gaston Joseph Affaires politi-
ques), Tixier (contrôlé^, Mérat (Affai-
res économiques), le göuverneur géné-
ral Brunot, directeur du personnel,
M" des Vallon, In s pect*'.tir général des
travaux publics; Barths directeur du
cabinet du ministre des ..colonies; Ch.
Julien, secrétaire du hautè comité médi-
terranéen.
LE DISCOURS D£ MARDIS MOUTET
Après que Leon Blum ¡Ï-t ouvert la
séance, Marius Moutet prononça un dis-
cours dans lequel il précisa les buts
poursuivis par la conférence 1 iet les idées
qui l'inspirent. Il s'agit di' mettre en
contact, sous sa direction, kis chefs des
territoires responsables et 1, les direc-
teurs de l'administration centrale, afin
de lui permettre de .fixer les\ directions
qui animeront efficacement notre action
colonisatrice.
L'action de la conférence doit être
dominée par la nécessité -de\ dégager
ces problèmes coloniaux par rapport
aux millions d'hommes qui, hiei encore,
étaient politiquement lointains et
muets. Ainsi doit-elle s'occuper non seu-
lement des prix
â Nous avons en premier licitiâ dit-
il, à nous préoccuper de faire 'et[
mieux vivre l'ensemble été ces popula-
tions coloniales. Il ne s'agit pm de
considérer les colonies en fonctionâ de
l'intérêt égoïste de la Métropole il
d'agit de les organiser pour qu'élles
forment avec 1·Î± Metropole ti-n ensemble·
complexe acceptable pour tous. âTiwtsi
n'y parviendrions pas si nous ne son-
pions qu'à enrichir certaines
chies tant européennes qu'indigènètj
Pas plus que la guerre, une telle conti-
nisation égoïste ne paierait. Bien
nationale. La colonisation attruiste
établie sur' la nécessité d'accroître lei
pouvoir d'achat des masses, favorise lay
constitution outre-mer «u capital actif
èt vivant, condition indispensable cíes
échanges avec la Métropole.
cette politique de colonisation al-
truiste exigera un aménagement de
l'économie franco-coloniale et, de !la
part de la métropole, la prise en charge
de certaines grandes dépenses -d'inté-
rêt national, qui permettront de -créer
l'outillage de base et la première mise
d'équipement.
Ainsi parviendra-t-on en paraphra-
sant un mot de Léon Bäum, -extraire
du régime colonial tout ce qu'il con-
tient d'humain.
La discussion a porté sur le com-
merce franco-colonial. ElHe a, été mar-
quée par un actif échangé de vues qui
a abouti à la rédaction de voeux-unani-
mes. Elle se poursuivra, aiu cours de
plusieurs séances ultérieures, par l'étu-
de de la fiscalité coloniale, l'organisa-
tion des services administratifs et la
compression des dépenses, le fonds
d'équipement colonial et le? program-
me d'équipement des colonie«, sur -des
rapports préparés par le gouverneur
Geismar.
La prochaine séance aura Heu -de-
main à 9 h. 30 à l'Hôtel Matignon.
nouvelles
du Parlement
Le Sénat désignera-t-il une commission
pour étudier les modifications à apporter
à la foi sor la presse Τ
MM. Israël, Heurs Uoy, Albert Sarraut,
Antoine Borrel .et MIREAUX sénateurs et
journalistes ont déposé sur le burean· du
Sénat une proposition de résolution ten-
dant à la constitution^ dans les· bureaux
d'une commission der 22. membres ayant
pour objet d'étudier et d?examiner les, mo-
difications à apporter à la loi sur la presse.
Communiqué de Comité
d.e coordination
de la région parisienne -
Le Comité de coordination régional
des Partis socialiste et communiste,
réuni le 5 novembre, 57, rue· Chariot,
décide d'élargir la 1 commission de lutte
contre la vie chère.
A cet' effet, fer Comité s'adressera
au Comité de Front populaire régio-
nal en vue d'obtenir sa· collaboration
pour réaliser lutte plus efficace-
contre tous les fauteurs dfe vie chère,
agents du fascisme, dont le but est de
porter atteinte à. l'application du pro-
gramme du Front populaire.
Pour examiner le scandale du gaz,
le comité de Coordination décide de
se réunir prochainement avec les res-
ponsables des deux groupes à l'Hôtel
de Ville. ' è
Le Comité affirme son accord avec
la résolution de HOS. et de la F.S.I.
et s'engage à intensifier l'action com-
mune pour la solitati té envers la Ré-
publique espagnole^
La reforme des finances locales
y ·.
est discutée à la Chambre
(Sulte dei la première page)
Les adversaires de
un membre de la majorité avait pris
l'initiative, se sont-ils rendu,* compte
qu'ils prononçaient leur propre condam-
nationf
Auparavant, la Chambre en avait fini
avec la discussion générale de projet
de réforme des financés locales. Son vo-
ie ne fait aucun doute. Et les applau-
dissements qui ont accueilli les brèves
précisions fournies par Vincent Auriol
prouvent que personne ne pouvait, ni
en contester l'utilité, ni refuser au gou-
vernement lés félicitations que lui a
adressées le rapporteur de la commis-
sion d'Administration générale.
Et les interpellations î Quand M. Her-
riot annonça, à la fin de la séance, que
les dates auxquelles elles seront discu-
tées seront fixées « ultérieurement »*.
aucun des légionnaires de M. Louis Ma-
rin ou- de M. de Kerillis ne broncha.
Léon Blum n'avait-il pas eu raison
de dire, au banquet de la presse socia-
liste: o Je suis optimiste. > ?
La séance
Oui, quelle calme rentrée! Dans lee
couloirs, o-n fait tranquillement la cau-
sette. Allouer messieurs les augurée du
salon des Quatre-Colonnes, ce n'est pae
aujourd'hui que vous prendrez mal à
la tête, dans le brouhaha des vains
bavardages.
Et vous, messieurs les cancaniers de
la salle des Pas-Perdus, place à la gar-
de! Celle-ci -vient présenter les armes
sur le passage du président. C'est bien
tôt l'heure de la ruée vers les tribunes.
Là. encore, les amateurs de tapage se-
ront déçus...,
Au fauteuil, M. Herriot attend pa-
tiemment que tous les députés aient
pris place sur les travée«. Ils n'y met-
tent nulle hâte fiévreuse-
Vincent Auriol dépose le projet
Au banc du gouvernement, Vincent
Auriol est à côté de Léon Blum. Après
avoir lu le décret de convocation du
Parlement, le président donne la pa-
role au ministre des Finances. Celui-ci
.monte à la tribune pour déposer le pro-
jet de réforme des finances locales dont
il demande la discussion immédiate. Il
dépose, en même temps, le projet de
1 réforme fiscale.
Les gauches lui font un chaleureux
accueil Quelques crailleries partent de
la droite. Mais notre ami Mennecier
se dresse pour faire taire les « brui-
teurs » :
â¢â Est-ce que vous allez recommen-
cer? fait-il. Si oui, nous continuerons
et nous aurons raison de vous!
Le charivari est mal réglé. M. Dom-
mange n'a pas le physique de l'emploi.
L'effet est raté. Quelqu'un essaie bien
de donner le ton en piaillant:
â A Barcelone!
Le cri de « A Charenton! » est le
seul écho que mérite l'apostrophe. La
séance est suspendue. Il faut laisser à
la commission des Finances le temps
de se prononcer sur le projet de réfor-
me des financée locales. Pendant que
l'hémicycle se vide, Léon Blum s'en-
tretient cordialement avec Février, qui
le supplée comme président de notre
Î groupe parlementaire.
'M. Masteau le rapporte
II est 17 heures. Au travail! Qui
donc refuserait son approbation au
Íl'apport que présente M- Masteau, au
nom de la Commission d'administra-
tion générale? Avec ses manchettes
empesées, son veston d'homme rangé
e¿ son air « juste milieu », le député
tëe Poitiers, inscrit au groupe de M.
Chappedelaine, ne heurte person-
ne...
SU reconnaît que le projet de Vin-
oànt Auriol vient à point et expose les
principes dont il s'inspire : simplifica-
tion des règles budgétaires; prise en
charge par l'Etat des dépenses qui lui
e ont propres; répartition plus équita-
ble dies crédits.
Certes, M. Masteau considère surtout
ce projet comme l'amorce d'une refon-
te générale des finances communales
et départementales. Maie ce n'est là de
sa part ni une critique, ni même une
réserve : C'est une simple observation.
L'ayant faite, le rapporteur ne peut
que déliciter le gouvernement.
Unei probe analyse des textes sur :
lesquels nous aurons l'occasion de re-
venir. . Et M. Masteau conclut en affir-
mant que le projet, en soulageant les
commumes, facilitera l'émission de nou-
veaux emprunte qui favoriseront la
reprise de l'activité économique et le
retour Au pays à la prospérité.
Quelques mots seulement de M. Jam-
my Sohmidt. Le rapporteur général de
la 'Commission des finances pense qu'il
faut voter au plus vite le grand projet
ide réforme fiscale. Tout le monde a
l'air de s»on avis : on s'en souviendra,
;le moment venu. ¡
M. Sehuman réclame justice pour ¡
, les départements recouvrés. Et M. Mar-
chandeau n'est pas là-
Le ministre des Finances
apporte des précisions
Quant à Vineent Auriol, ee n'est pas
lui qui retardera le rote du projet. Î
se borne à fournir, de son banc, quel-
ques précisions. Oh! le projet est « mo-
deste ». Maire et conseiller général,
Vincent Auriol a été le premier à adres-
ser ide vifs reprochée au ministre des
Finances. Mais..,
â'¡Mais, fait observer notre ami, j'ai
reçu, il y a seulement quinze jours, le
rapport de la Commission des imposi-
tions ¡locales. Il était matériellement
impossible d'en traduire tout de suite,
dans un; texte législatif, toutes les con-
clusions. Et puis, comment mettre deux
milliards et demi à la charge de l'Etat?
Ayant expliqué à M. Tranchand
pourquoi il ne pouvait réserver· qu'un
million, au lieu de trois, pour le ré-
tablissement de certaine« chaires d'en-
seignement, Vincent Auriol montre
combien il faut être prudent, si l'on
veut éviter des inégalités choquantes.
Une réforme complète des impôts
départementaux et communaux? Vin-
cent Auriol déposera le projet, dès que
sera terminée l'enquête prescrite aux
préfets. Les bravos retentissent sur un
très grand nombre de bancs, quand le
ministre souligne que l'aide apportée
dès maintenant aux collectivités loca-
les est, malgré tout, fort substantielle
et que les Conseils généraux et les
Conseils municipaux vont pouvoir en
tenir compte pour établir leurs bud-
gets.
M. Marchandeau n'est pas
u excessivement satisfait »
Une bonne nouvelle : les communis-
te« voteront le projet. C'est Capron qui
l'annonce, non sans insister sur le sort
des communes de banlieue. E)t le pré-
lèvement de 10 p. 100 eur les subven-
tions pour grands travaux?
Vincent Auriol. â Pour les grands
travaux, il est supprimé.
Mate c'est surtout M. Marchandeau
gui n'est pas α sixcessivement satis·
fait ». Vous vous, demandez pourquoi...
Voue le saurez; mais vous saurez aussi
de quelle belle façon Vincent Auriol
sait lui tenir tête.
M. Marchandeau. â Qu'apporte votre
projet pour la conversion das em-
prunte?
Vincent Auriol. â 90 millions pour
la conversion des emprunts d'un taux
supérieur à 5 p. 10Î. La convention sera
signée la semaine prochaine avec le
Crédit Foncier.
M. Marchandeau encaisse et remer-
cie. Les socialistes applaudissent. Mais
l'ancien ministre de M. Doumergue
s'avance sur un autre terrain : on n'a
encore songé pour la réforme des fi-,
nances locales qu'au côté « dépenses »;
il attend le côté « recettes ». Qu'il se
rassure ; il viendra. Ce que veut aussi
M. Marchandeau, c'est que les commu-
nes recouvrent leur autonomie.
Vincent Auriol. â La loi de finances
la leur rendra.
La discussion générale est close. Ce
matin, examen des articles.
L'Assemblée rend hommage
au Président Roosevelt
Mais avant de s'en aller les députés,
eur une proposition de M. René Ri-
chard, adressent leurs félicitations au
Président Roosevelt. Du rapport pré-
senté par M. Mistler, au nom des Com-
missions des Affaires étrangères, nous
extrayons le passage suivant :
« Le Président Franklin Roosevelt
ne s'est jamais détourné des problèmes
internationaux; il a, plus d'une fois,
témoigné sa sympathie à la France;
qu'il nous soit permis d'exprimer l'es-
poir que son action s'exercera au cours
des années qui vont venir, avec une
autorité encore accrue dans le sens de
la collaboration internationale et du
maintien de la paix. »
Les bravos retentissent. Ils redou-
blent quand M. Yvon Delbos adresse,
à son tour, au nom du Gouvernement
« à la grande Nation américaine et
au Président Roosevelt, champion de
la paix et de la collaboration des peu-
ples, l'expression des sentiments de
profonde affection de la France unani-
me. »
Cette unanimité, la Chambre la tra-
duit par le vote du message qu'on a lu
en première page, et que M. Herriot
sera heureux de transmettre au Prési-
dent Roosevelt, en· y joignant l'expres-
sion personnelle de son respect et de
son amitié, car il a été « témoin de
son attachement à la paix et de sa
sympathie pour la France ».
Une dernière salve de bravos. Et per-
sonne ne pipe mot quand le président,
avant de quitter son fauteuil, annonce
qu'on fixera plus tard les dates aux-
quelles les diverses interpellations se-
ront Discutées. Tout s'est passé le
mieux du monde. Au coin du bureau
présidentiel, la sonnette languit. Pré-
sident de race, M. Herriot s'est obstiné
à ne pas vouloir d'elle.
G.-Th. G.
AU SENAT
Le Sénat a siégé, hier, sous la pré-
sidence de M. Jules Jeanneney, qtri a
prononcé l'éloge funèbre de MM. Jean
Durand et Louis Michel.
A la suite de la lecture des deman-
des d'interpellations et d'une brève in-
tervention de MM. Chautemps et Ru-
cart, au nom du gouvernement et d'ac-
cord avec lui, le Sénat a décidé de dis-
cuter cet après-midi, à 15 heures, des
incidents (qu'il dit, le renégat radical
Dumesnil) de Brest et de l'affaire For-
mysin.
Un mot personnel
L'Action Française ainsi que les jour-
naux et les personnes qui puisent leur
information dans cette feuille, s'occu-
pent depuis quelque temps très souvent
de ma modeste personne. Ils insistent
notamment sur ma naturalisation « ré-
cente ».
Je n'y vois aucun inconvénient. Mais
je tiens à donner quelques précisions :
1° Le décret de ma naturalisation
est daté du 11 avril 1936 et a paru à
^'Officiel du 19 avril 1936. Par consé-
quent, ma naturalisation est antérieure
aux élections et à l'avènement du gou-
vernement de Front populaire ;
2° Si le décret a paru au mois d'avril,
mon dossier avait été préparé encore
sous le gouvernement Laval, M. Léon
Bérard étant Garde des Sceaux;
3" Si ma naturalisation est récente,
je suis néanmoins en France depuis
1917. Je me suis engagé dans la Légion
étrangère en 1918. J'ai été grièvement
blessé le 30 mai 1918 à Soissons. Je
suis titulaire de la Croix de guerre avec
deux citations;
4° Par conséquent je n'ai pas attendu
les droits que me confère la naturali-
sation pour açcomplir mon devoir mili-
taire à l'égard de la France, et peut-
être même de faire un peu plus, puis 1
que rien ne m'obligeait à m'engager
dans l'armée française et encore moins
à y entrer comme simple soldat en
abandonnant mes galons d'officier rus-
se.
O. ROSENFELD.
Le communiqué
du Groupe socialiste
L,e groupe parlementaire socialiste S.
F.I.O. s'est réuni, hier matin, sous la
présidence de Léon Blum", dont l'arrivée
en séance a été saluée par de vifs ap-
plaudissements.
André Février, président du groupe, a
assuré le président du Conseil de l'en-
tière et affectueuse confiance du groupe
unanime en même temps qu'il procla-
mait la solidarité et l'estime dee élus
socialiste à l'égard de Roger Salengro
et de Blancho, objets d'attaques injus-
tifiées.
Exposé de Léon Blum
Léon Blum a ensuite exposé les in-
tentions du gouvernement en ce qui
concerne notamment l'ordre du jour
des travaux parlementaires. Il a pré-
cisé que la réforme de la fiscalité vien-
drait en tête de façon que le Sénat
puisse s'en saisir pendant que la Cham-
bre discuterait le budget. Quant au pro-
jet. concernant la presse, il sera déposé
d'ici quelques jours.
Au début de la session ordinaire
viendraient les projets concernant l'as-
surance contre les calamités agricoles,
l«e fonds national de chômage et les
vieux travailleurs.
Léon Blum a marqué, par ailleurs,
sa conviction que le gouvernement était
assuré de retrouver dans les débats
prochains la même majorité parlemen-
taire qui s'est groupée et affirmée aux
premiers jours de la législature.
« Nous tiendrons les engagements que
nous avons pris, a déclaré Léon Blum,
et il ne dépendra pas de nous qu'ils
soient observés et respectés par tors. »
Exposé de Vincent Auriol
Vincent Auriol, ministre des Finan-
oes, tout en réservant pour la séance
suivante l'ensemble de ses explications
complètes sur le budget et sur la ré-
forme fiscale, a insisté sur la nécessité
de voter le budget avant la fin de l'an-
née, le gouvernement étant décidé à
user, pour obtenir ce résultat, de tous
les moyens que liai donne le règlement.
Vincent Auriol a ensuite exposé l'éco-
nomie générale du premier projet de
réforme des finances départementales
et communales til y en aura un se-
cond) dont la Chambre aborde l'exa-
men cet après-midi.
Le ministre des Finances a indiqué
son espoir qu'une détente sérieuse du
loyer de l'argent permettra bientôt
aux collectivités communales et dépar-
tementales d'alléger utilement leurs
charges actuelles. Il a annoncé que la
carte d'identité fiscale entrerait en vi-
gueur à partir du 1er janvier prochain.
Faisant ensuite allusion à certaines
campagnes dont la dévaluation a été
le prétexte, Vincent Auriol a procla-
mé que le gouvernement nom seulement
ne redoutait aucune enquête ni aucune
investigation, mais que la justice, sai-
sie par ses soins, avait été invitée à ne
négliger aucun des moyens à sa dispo-
sition pour ne laisser aucun doute au
sujet à la fois des campagnes entrepri-
ses et des mobiles qui ont pu les ins·,
pirer. _ "
Avant le Conseil national
Au début de la séance, Paul Faure, à
la demande du groupe, avait fait un
exposé très applaudi des rapports du
Parti socialiste avec les autres partis
du Front populaire, rapports auxquels
le Parti socialiste doit consacrer, on
le sait, la majeure partie du conseil na-
tional qui s'ouvre samedi.
Le groupe a finalement, après une dis-
cussion au cours de laquelle sont in-
tervenus Laroche, Le Troquer, René
Brunei, adopté, h l'unanimité, l'ordre
du jour suivant ;
« Le groupe socialiste au Parlement,
« Exprime une fois de plus son en-
tière solidarité avec le gouvernement
dont la politique et l'action sont con-
formes au programme du Front popu-
laire et renouvelle au camarade Léon
Blum, président du Conseil, ses senti-
ments d'affectueuse confiance. >
Des rabais
sur le prix des Chemins de fer
facilitent la venue des étrangers
Une conférence s'est tenue hier entre
le Comité -le direction
seaux de 40 nations.
A l'issue io cette conférence un accord,
est intervenu pour des réductions de ta-
rif allant de 20 à 33 pour ceint sur le tra-
jet étranger suivant que les voyageurs
etrangers se rendront à Paris en groupes
ou individuellement.
Rappelons que déjà il était décidé par
le«s reseaux français que lés visiteurs ré-
sidant en Corse, en Afrique du Nord, aux
colonies et à l'étrangegr bénéficieraient
d'une réduction de 50 (pour cent sur le
parcours français pour les voyages qu'ils
effectueront en France pendant la durée
de l'Exposition. .
POUR VIVRE HEUREUX...
Voyez l'annonce
LEVITAN
en cinquième page
Nous sommes heureux de publier ci-dessous un article extrait du prochain
volume de l'Encyclopédie Française (L'Etre humain : Santé et Maladie) qu'a
dirigé René Leriche, professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg. Op.
sait que le docteur Leriche, chirurgien de notoriété mondiale, est un des pro-
moteurs de la chirurgie du coeur, du sympathique et des glandes endocrines.
Il a sy. grouper autour de lui, pour la rédaction de cet ouvrage accessible aux
profanes les noms les plus incontestés de la pedecine française.
Tâche de la médecine future. â Nous voici tous à l'aise pour en revenir à
notre objet. Nous disions que la médecine se trouve devant une tâche immense,
qui consiste à connaître de la phase préclinique des maladies, de ce premier
acte silencieux du drame. Elle n'y parviendra qu'en étudiant des sujets appa-
remment bien portants, par des méthodes visant la physiologie même de
l'individu, cherchant à déterminer les valeurs fonctionnelles de ses sécrétions,
de son sang, de ses humeurs, de son milieu intérieur, et de ses organes, en
essayant d'obtenir des images aussi analytiques que possible.
Déjà, avec un Objectif plus immédiatement utilitaire, certaines compagnies
américaines d'assurances constituent patiemment les dossiers de l'homme
apparemment normal, en soumettant à. des examens obligatoires leurs adhé-
rents bien portants. C'est certainement là la bonne méthode qui conduira à
la médecine future, dont la formule sera : soigner, c'est prévoir.
Mais une simple enquête clinique, si minutieuse, si prolongée soit-elle, ne
saurait suffire à édifier cette histoire naturelle des maladies « déshumanisées »,
dans le stade préclinique. Elle ne pourra être écrite qu'après de minutieuses
recherches expérimentales, visant à tout connaître des tissus et de leurs
réactions. C'est de cette physiologie tissulaire que pourront sortir un jour les
intuitions qui transformeront, la médecine. On aurait tort de croire que la
médecine future pourra s'élaborer dans des bureaux de státistiques. Elle sera
plus que jamais l'oeuvre d'esprits synthétiques ayant d'abord joué le jeu
de la méthode de tu um-: BERNARD. L'Encyclopédie Française ne comportant
pas l'exposé de l'histoire si longue et si touffue de la médecine, il m a paru
utile de montrer le sens de la route qu'elle suit en tâtonnant, en vue d'un
avenir meilleur pour l'homme, être robuste et fragile tout à la fois.
On voit maintenant, je pense, comment il faut comprendre la maladie sur
le plan de ia vie des tissus. Je n'en ai pas donné la définition précise que
sans doute l'on attendait et qui me paraissait souhaitable, parce qu'il est
presque impossible d'en condenser une suffisamment explicite en quelques
mots. Il suffit du reste qu'on en comprenne la signification réelle. L'homme
bien portant doit retenir que la maladie n'est pas une création subite et
monstrueuse qui se greffe sur l'individu et vit en parasite sur lui. Quelle
qu'en soit la cause, même quand celle-ci est tui microbe ou un accident, la
maladie comporte une collaboration active, quoique involontaire, du malade ;
sans cette collaboration, elle n'existerait pas, ou du moins cesserait, le plus
souvent, très vite. Car ce qui la caractérise, dès le début, c'est le dérèglement
de la vie des tissus, lente ou brutale, peu importe. C'est pourquoi sa gravité
se mesure moins peut-être à la sévérité de l'attaque et à l'étendue de ses
destructions qu'à l'importance des troubles fonctionnels qu'elle entraîne et
aux effets secondaires de ces troubles, à distance et par ricochet. En fin de
compte, on doit dire : « A chacun sa maladie ». C'est aussi vrai que d'ensei-, .
gner : « A chacun sa vérité. »
Pené LERICHE. · -
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