Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1935-11-02
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 36344 Nombre total de vues : 36344
Description : 02 novembre 1935 02 novembre 1935
Description : 1935/11/02 (Numéro 4647). 1935/11/02 (Numéro 4647).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k8220995
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
DEUX
LE POPULAIRE
2-1Í-35
plus jeunes qui, souvent, paraissent les
moins hardis.
Tristan Klingsor est un peintre délicat
et fin et ses paysages sont d'une balie
couleur. La salle à' manger de campagne,
de Bonnard, résonne comme une sym-
phonie en or roux. André Fraye se plaît
à exprimer l'attrait de l'eau, de la Marne
à l'île d'Yeu ; 11 sait trouver la nuance
exacte de chacune. Flandrin enveloppe
les vendanges d'une lumière lourde ; Al-
bert André, dans une petite toile, montre
ce que peuvent un goût parfait et un mé-
. tier sûr.
D'Espagnat a peint avec un grand char-
me un jeune garçon costumé en générai
de la Révolution et des fleurs délicates.
Deux belles marines de Seevagen, un nu
vigoureux et d'un beau mouvement de
Lebasque, deux paysages lumineux et co-
lorés de René Juste et voici Maurice
Asselin. J'aime la solidité du dessin.de
ses deux portraits d'enfants, figures vivan-
tes. Asselin demeure un de nos meilleurs
peintres. Charles Guérin expose une
isonne toile. Henry de Waroquier, dans
l'église de Saint-François, à Assise, a su
réunir la sévérité de la forme à la limpi-
dité douce de la lumière.
Et voici Van Dongen, fauve assagi,
faune pour demi-vierges et prophète pour
nouveaux riches. Mais sa grande figu-
re blanche, si elle est moins hardie que
ses premières oeuvres, offre une audace
contenue qui est d'un grand artiste, l'ai
aimé le bel intérieur d'Antoinette Sacho,
lumineux et gai et les deux toiles de
Rouart. Victor Dupont expose une jeune
fille au tricot, solide ; mais son « Eve »
me paraît immobile.
Mainssieux a renoncé à l'Orient. La
place du Carrousel lui permet de mon-
trer toute la richesse de ses dons de colo-
riste et, dans le portrait d'uni jeune
Ukrainienne, 11 a su joindre à ce don pré-
cieux, un sens profond de la forme et
de ses mouvements. J'ai noté un boa
paysage de Linet et le grand portrait dî
Lotiron, un peu figé, me semble-t-il. Un
bon sous-bois de Barat Levraux me con-
duit à deux excellentes natures mortes
de Frédéric Deshayes, peintes avec une
sûre technique et la plus délicate sensi-
bilité. La figure de Picart-Ledoux est
d'un beau rythme dans la couleur. Kvapil
reste froid et superficiel. Adrienne Jou-
clard est possédée du démon du mou-
vement. Ses patineurs s'élancent avec
un entrain· prodigieux. La vie brille ici
d'un .vif. çt rare éclat. Ortiz de Zarate
exposé deux bons portraits. Deltombe
compose avec lourdeur.
Marguerite Crissay a bien rempli son
panneau de trois nus colorés et fermes,
d'un beau mouvement et d'un paysage
de Florence chaud et profond. De Roland
Chavenon, je préfère l'intérieur doux,
chaud, lumineux et calme, plein d'atti-
rance.
Souverbie, dans une grande toile dé-
corative, « la Terre », dépense des qua-
lités solides et précieuses : voici l'oeuvre
d'un peintre. La grande allée de Char-
lemagne m'apparaît exprimer un grand
progrès du peintre vers plus de souples-
se et de légèreté. Les fleurs d'Hélène
Marre sont parmi les meilleurs envois de
ce genre. Je ne dirai rien de Gleize. On
aime òu non cette formule. On la com-
prend ou non ; ou bien on la comprend
trop. N'importe! Chapelain-Midy a bien
peint une grande toile assez convention-
nelle mais chaude et agréable. Antral
sait traduire les reflets de la pluie à
Paris. Germaine et Alix sont deux pein-
tres de grand talent, mais je préfère le
second et Bompard exprime admirable-
mènt la poésie des arbres. Et voici
Limousee et Marguerite Louppe, Planson-g
d&...Marcel- Charpaux nn paysage d'une
grande sensibilité et d'une couleur très
delicate Enfin de Benn, une toile èx-r
celiente « Après le spectacle », qui est
plus qu'une promesse.
Voici pour les peintres. Je vous par-
lerai, dans un prochain article, des
sculpteurs et des décorateurs qui méri-
tent mieux que quelques lignes.
Maurice DELEPINE.
Les 60 ans
de Félicien Challaye
Quelques amis de Félicien Chal-
laye, désireux de fêter son soixantième
anniversaire, avaient organisé, avant-
hier, au Café Voltaire, une réunion
toute intime à laquelle participaient
entre autres : André Gide, Michel et
J. Alexandre, René Gérin, M. et Mme
Autant-Lara, Francis Jourdain, Bau-
chet, Magdeleine Paz, G. et Betty
Brunschwicg, la dootoresse Montreuil-
Strauss, Emery, Andrée Jouve, Georges
Pioch, Désiré Roustan, Armand Char-
pentier, Dr Burnet, CJh. Garnier, etc...
Au cours de cette réunion .il fut re-
mis à Félicien Challaye un livre édité
à cette occasion, et qui rassemble quel-
ques-unes de ses meilleures pages :
« Souvenirs sur ta colonisation », avec
lettres-préfaces d'Alain, * André Gide,
Paul Langevin et Romain Rolland.
C. A. P.
Réunion mererdei 6 novembre, û
21 heures, au siège du Parti.
BUREAU DU PARTI. â Réunion
itiême jour, à 17 heures, au siège.
Le secrétaire général :
Paul FAÜHE.
Sur...
le gril
La fin d'un charme!
Les chroniques judiciaires font grand
bruit autour d'un arrêt confirmatif dt ju-
gement rendu par la première Chambre de
la Cour d'appel de Lyon se rapportant
à l'article 214 du Code civil.
L'article 214, qui -fait obligation à « la
femme de suivre son mari », a inspiré de
plaisants propos e( a fourni aux auteurs à
imagination limitée quelques scènes de lour-
de plaisanterie.
C'est fini.
La femme suivra son mari quand elle
voudra. Elle n'aura plus à peder à la con-
trainte, elle n'aura à obéir qu'à l'agrément.
La Cour de Lyon a décidé, en effet,
qu'un père de famille qui avait régulière-
ment transféré préablement le domicile con-
jugal de Paris à Lyon, où il avait obtenu
un engagement avantageux d'ingénieur dans
une grande usine d'automobiles, avait com-
mis à l'égard de sa femme une injure grave
dans le sens de l'article 231 du Code civil,
en lui enjoignant de le suivre avec ses deux
enfants au nouveau domicile.
Mieux, la Cour a prononcé le divorce
au profit de la femme et a condamné le
mari à une pension alimentaire et à tous
les dépens.
Si vraiment il n'y a que l'entêtement de
madame ou son caprice comme justification
du refus, j'avoue que les juges lyonnais ont
poussé la galanterie jusqu'à l'absurde.
Mais je suppose, pour leur réputation,
qu'il doit y avoir autre chose.
Car enfin, en ces temps de crise, le mari
ί/ui trouve une situation même à 500 km. de
distance, devrait être béni par sa femme et,
en simple bon sens, c'est cette dernière qui
aurait dû précéder son mari pour parer le
nid que la famille va peupler.
C'est pourquoi je crois qu'il est prudent,
avant de clamer partout que désormais la'
femme n'est plus tenue à suivre ton mari, de
connaître en détail les circonstances qui
ont motivé ce jugement
Et puis, mieux vaut ne pas s'en faire.
Pour une femme qui ne veut pas suivre,
combien nous en reste-t-il encore qui ne
« décollent » pas l
GEDEON.
LE MEURTRIER DE VERONNE
A ETE ARRETE
Valence, 1er novembre· â Le nommé
Abel Servan, 31 ans, auteur de la double
tentative de meurtre de Véronne, a été
arrêté dans un café de Peyrus (Drôme).
sans résistance. Il a été écroué ce -matin
à la Maison d'arrêt de Valence.
Ils camion se nel seul en marcile
Il écrase une voiture d'enfant,
tuant un bébé de trois ans
Meaux, 1er novembre. â Afin d'ef-
fectuer une livraison à un client, le
chauffeur Grayo, au service d'un impor-
tant établissement parisien, avait âart.
rêté son lourd camion automobile à Çi-
try, près de la Ferté-sous-Jouarre. Mais
le camion dont les freins'-'n'avalent
pas été vraisemblablement assez serrés,
entraîné par la déclivité de la voie,
arriva, tel un bolide, sur une petite
voiture d'enfant que poussait une fil-
lette de dix ans et dans laquelle dor-
mait la petite Gisèle Roley, âgée de
trois ans.
La voiture fut littéralement pulvéri-
sée et le malheureux bébé, qui était
atteint d'une fracture du crâne, décéda
pendant son transport & l'hôpital de
Château-Thierry.
Arrestation d un chauffard
La Rochelle, 1er novembre. â La gen-
darmerie de Marans vient de procéder à
l'arrestation d'un boulanger de la loca-
lité, Marcel Chaboury, âgé de 38 ans.
qui, il y a quelques jours, avait écrasé
M. Désiré Samson, et s'était enfui.
Les cimetières parisiens
ont reçu, hier
1.649.707 visiteurs
Le beau temps et la douce tempéra-
ture qui ont persisté toute la journée
de la Toussaint ont amené un afflux
de visiteurs plus considérable que l'an-
née précédente dans les cimetières pa-
risiens et de proche banlieue.
En efet, tandis que 742.832 person-
nes venaient rendre hommage â leurs
disparus enterrés « intra-muros » con-
tre 861.000 l'an dernier, 906.875 visi-
teurs ont accompli leur pèlerinage an-
nuel dans ies nécropoles de banlieue.
L'an 1934 n'en avait vu que 755.000.
La vente des fleurs s'est, bien en-
tendu, ressentie de cette affluence inu-
sitée. Et lorsque l'heure de la ferme-
ture sonna, à la tombée de la nuit,
bien rares étaient les tombes que :|s
garnissait pas le tribut fleuri de ceux
qui n'oublient pas.
LE SPORT TRAVAILLISTE
A la Piste Municipale
Batard, Taupin, Tellier
Decourcelle, clôturent
j victorieusement
la saison
Pour cette dernière, c'est un' vérita-
ble temps de printemps qui fut réservé
à nos camarades de la F.S.G.T..
5.000 personnes garnissaient les tri-
bunes et le sport fut de premier ordre.
Côté organisation comme à l'habitude,
et le programme se déroula à merveille.
Le handicap fut pour le jeune Batard
l'occasion de s'Imposer devant des aînés
comme Nicollet, Turbeau, Dupriez.
Quant à Rémond et Noel, également,
c'est en grands progrès que nous ies
avons trouvés. Pour La garrigue et Han-
nart, le handicap fut un peu trop lourd.
Dans le demi-fond, Taupin entraîné
par Fromage, fit cavalier seul, du fait
que dès le départ, prenant la tête, il
prit une avance qu'il accentua sans dis-
continuer. Reverdy fit un excellent se-
cond et sera l'année prochaine un des
meilleurs stayers. Maillot et Tenant
donnèrent l'impression de n'être pas à
leur aise derrière les motos. Lahaix, qui
abandonna, et Surant ne coururent pas
sur leur valeur.
Dans le Prix Nicolle (américaine de
25 km.) Franzini-Nicollet se démenè-
rent sans discontinuer pour prendre un
tour ainsi que Tattegrain,-Turbeau, qui
firent eux aussi un essai. Finalement,
cinq équipes réussirent à doubler et le
sprint final revint à Decourcelle-Tel-
lier. devant Tattegrain-Turbeau.
Le C.A. 12e et Villeparisis se rencon-
trèrent en football et après une partie
très disputée Villeparisis l'emporta par
2 buts à 0. â Raymond Boucherie.
0 0 0
Voici les résultats :
Prix de Clôture (handicap). â Ire
série : 1. Guilloton ; 2. Noel ; 3. Ni-
collet. â 2e série. â 1. Hannart, t, Bâ-
tard, 3. Remond. â 3e â l. Turbeau, 2,
Dupriez, 3. Lagarrigue.
Finale. â 1. Batard (C.S. Belleville),
les 20 m. en 13" 4/5 ; 2. Nicollet (Ma-
lakoff) ; 3. Remond (Ped. Mali.) ; 4.
Turbeau (Pantin) ; 5. Dupriez (Belle-
ville) ; 6. Guilloton (Ped. Maie.) ; 7.
Lagarrigue (USO lie) ; 8. Hannart,
(Croissant).
Prix de Novembre. â Demi-fond, 15
km. â 1. Taupin (CS Belleviile), lee 15
lsm. en 15' 37" 3/5 ; 2. Reverdy (USO
13e) ; 3. Maillot (ESTI) ; 4. Tenant,
(JSOA).
Prix Nicolle (américaine 25 Ion.)
â 1er Tellier-Decourcelle (USTI-USO
12e) 35' 20" ; 2. Tattegraln-Turbeau (U
SO Pantin) ; ?. Lestrillard-Legrand,
(Montreuil) ; 4. Dupriez-Taupin (CS
Belleviile) ; 5. Nicollet-Franzini (Mala·
koff-Belleville).
Hier au Parc des Princes
les footballeurs parisiens
ont battu les Viennois
par 6 buts à 5
Le beau tempe aidant, 30.000 spec-
tateurs s'étaient rendus hier après-mi-
di au stade de la porte de Saint-Cloud
pour assister au choc des équipes des
deux capitalês. Ils n'ont pas été déçus
car le- match fut remarquable. Les
joueurs-de ia-ligue parisienne ont fait
preuve'd'un Allant et d'une vitesse di-
gnes du plus grand éloge.
Dès le début le jeu est vite et la balfe
voyage. Les Viennois ouvrent la mar-
que grâce à Binder. Maie quelques mi-
nutes après Stabile bat le portier autri-
chien. Les Viennois attaquent sans ré-
pit, mais Paris leur tient tête sous les
applaudissements du public. Alexander
est blessé, Kennedy le remplace. A leur
tour, les Parisiens prennent l'offensive
et Stabile marque pour la deuxième
fois. Vienne est sur le point d'égaliser,
mais la balle ricoche sur le poteau. La
partie reste toujours extrêmement ra-
pide. Vienne accentue sa pression et les
arrières parisiens se font applaudir
par de beaux dégagements. Un coup
franc tiré contre Parie ne donne pas
de résultat. Sur corner, Binder marque
pour Vienne. Et la mi-tempe arrive.
C'est du 2 à 2.
*A la reprise, Paris repousse une at-
taque, puis domine, prenant ses adver-
saires de vitesse. Kennedy marque le
3e but parisien, bientôt suivi d'un 4e,
oeuvre de Aston' et Andritz. Les Vien-
nois jouent plus sec, mais lis ne peu-
vent rien contre la furia des Parisiens
qui s'octroient un 5e but grâce à Sta-
bile et un 6e, oeuvre d'Aston.
Les visiteurs sont nettement domi-
nés. Mais dans les dernières minutes,
Vienne réagit et sort son jeu de gran-
de équipe. Des efforts désespérés sont
faits pour remonter la marque et ils.
sont récompensés Rar 3 buts en. 5 mi-
nutes. Là fin arrive alors que les lo-
caux n'ont plus qu'un but d'avance.
Soulignons qu'il est assez bizarre que
dans un team de Paris il y ait quatre
étrangers sur cinq avants. Ce sont ces
avants et surtout Stabile les artisans
de la victoire parisienne.
Finalement les Parisiens l'emportent
par 6 buts à 5.
LE TEMPS QU'IL FERA
Prévisions de l'O. N. M. â Assez beau
temps, nuageux avec éclaircies : vent
du sud modéré ; minimum de tempéra-
ture en faible hausse sur la veille.
La disparition
mystérieuse
du bijoutier
et de sa femme
(Suite de la première page)
L'enquête menée par M.- Doucet,
commissaire du 2e arrondissement, a
révélé ce qui suit :
M. Roussel est né dans la Manche, à
Notre-Daime-de-Genilly, près de Cou-
tances, le 11 juillet 1871. Il était quasi
Impotent, et de plus, affligé de surdité
presque complète.
C'était sa femme, née Dietrich, de
quelques années plus'jeune, qui traitait
les « affaires ». Celles d'horlogerie et
d'armurerie n'étaient pas les plus pros-
pères. On dit, à Caen, que Roussel ai-
dait volontiers, moyennant d'honnêtes
intérêts, les gens dans l'embarras. Mais
le prêteur était méfiant. Pour se défen-
dre contre la visite intempestive des
mauvais garçons, il avait installé, der-
rière la porte de son magasin, trois
petits canone dont la charge était des-
tinée aux cambrioleurs éventuels.
Or, les petits canons n'ont pas tonné.
Les époux Roussel sont sortis normale-
ment de leur domicile. Ils n'avaient cer-
tainement pas l'intention de s'abseuter
longtemps puisqu'ils avalent omis de
fermer le rideau de fer de la boutique
et de parquer les chats dans la chat-
tière.
Il est donc à présumer que, le 23 oc-
tobre, ce n'est, pas un inconnu qui est
venu frapper à la porte du 131 de la Tue
Saint-Pierre. C'était quelqu'un qui con-
naissait à la fois les habitudes des
époux Roussel et l'existence des trois
mortiers. Quelqu'un aussi qui disposait
d'arguments assez convaincants pour
attirer les deux quinquagénaires loin
de chez eux.
Au vrai, il semble que l'opération se
fit en deux temps.
Premier temps : le meurtrier frappe
Il la porte de M. Roussel: Celui*! vient
lui ouvrir et se rend avec lui dans un
café tout proche.
â¢Deuxième temps : M. Roussel, qui
flaire une affaire, va quérir sa femme
dont il prend toujours l'avis.
Le couple hors de chez lui, quel ar-
gument employa le meurtrier pour le
décider à, s'éloigner avec lui ?
Là commence le mystère que la bri-
gade mobile de Rouen va tenter d'élu-
cider. Des recherches vont commencer
dès demain dans tout le secteur. Les
policiers espèrent qu'elles aboutiront ra-
pidement.
A Creil, un mari abandonné
blesse grièvement son épouse
Un ouvrier aux forges et tréfileries
de Creil, Vital Vanstalle, né à Hai
(Belgique), en 1882, a tenté de tuer, en
lui assénant sur la tête deux coups de
marteau, sa femme, née Gabriel Sacré,
âgée de 33 ans qui, il' y a huit jours,
avait quitté le domicile conjugal en
emmenant deux enfants nés d'un pre-
mier mariage et âgés respectivement
de 16 et 15 ans.
Vital . Vanstalle, maîtrisé par les
compagnes de travail de la malheu-
reuse â car le drame s'est déroulé à
l'usine où était employée Mme Vans-
talle sâ a été arrêté et interrogé par
le commissaire de police, à qui il a dé-
claré que, désespéré par le départ de
ea femme, il avait voulu se venger.
L*e misérable, qui est dans un état
dç. complète prostration, -paraît avoir
agi dans un état proche'"de l'incons-
cience et, en tout cas; ' f paraît vrai-
ment regretter son geste.
Mme Vanstalle, transportée à l'hô-
pital, a dû subir l'opération du trépan.
Son état est extrêmement grave.
Le succès de l'exposition
de la Presse socialiste
L'Exposition ambulante de la presse so-
cialiste S.F.I.O., organisée rue Rodier par
le Comité central de diffusion du Popu-
laire, continue à obtenir le plus vif succès.
De trè» nombreux camarades ont défilé
hier après-midi de 14 heures à 19 heures
dans la coquette salle de la 9* section, où
panneaux publicitaires, banderoles et pho-
tos, montrent le formidable effort fait par
notre Parli pour avoir sa presse à lui en
face des journaux bourgeois vendus au
capitalisme et au fascisme.
Le stand de la Librairie Populaire, où
livre», brochure» de propagande et insignes
»ont exposés, a également eu de très nom-
breux visiteurs.
Toute cette affluence témoigna de l'in-
térêt que nos camarades socialistes portent
à leur presse, qui le» renseigne, qui les
guide, qu'il» aiment et dont ils »ont jus-
tement fiers.
C'est, n'hésitons pas à le dire, un très,
très gro» succès, tout à l'honneur du Comité
central de diffusion du Populaire, qui s'est
dépensé sans compter pour le succès de
cette belle manifestation.
Succès qui ne te démentira pas, nous en
sommes convaincus, durant les deux jour-
nées d'aujourd'hui samedi et de demain.
Rue des Pyrénées
un jeune homme
tue son oncle
C'est au cours d'une discussion
d'intérêt que le drame s'est produit
Le meurtrier prétend
qu'il a agi
en état de légitime défense
Un drame de famille s'est déroulé
hier matin, vers 10 heures, 62. rue des
Pyrénées.
Un employé à la caisse interdépar-
tementale des assurances sociales,
Ange Franchi, âgé de 27 ans, a tué son
oncle Bonaventure Sublni, âgé de
70 ans, de trois coups de revolver. Le
meurtrier a été arrêté. ,
Voici dans quelles circonstances
s'est déroulé ce drame qui a causé une
profonde impression dans tout le quar-
tier.
Il était environ 10 heure? lorsque
trois coups de feu retentirent. Quel-
ques secondes plus tard, la concierge
de l'immeuble voyait arriver chez elle
Ange Franchi, l'air hagard, qui lui dit:
â Allez chercher la police, je l'ai
tué. > . >'·. !.
Conduit au commissariat de police,
le meurtrier fut longuement interrogé.
Il expliqua que son oncle, retraité
des douanes, habitait 72, rue des Pyré-
nées, lorsque lui-même se maria. Com-
me cadeau de noces, l'oncle Bonaven-
ture offrit eon appartement, meublé de
neuf, à condition que ses neveux le
gardent avec eux, ce qui fut accepté.
Cependant, l'oncle ne jouissait pas
de toutes ses facultés mentales. Il
était sujet à des crises épileptiques
fréquentes et pour des motifs futiles,
de violentes scènes éclataient fréquem-
ment.
Un jour même, l'épileptique poursui-
vit son neveu en le menaçant d un cou-
teau de cuisine. Une plainte fut dépo-
sée au commissariat. Mais il ne sem-
ble pas qu'elle eut des suites, car le
vieillard, de plus en plus irascible, ne
tut pas interné.
Il y a quelques jours, une nouvelle
discussion éclata. L'oncle voulait faire
signer à Franchi une reconnaissance
de dettes pour l'appartement qu'il lui
avait offert. Celui-ci refusa et l'oncle,
qui s'était barricadé dans l'apparte-
ment. l'empêcha d'entrer, lui et sa
femme.
Hier matin, le neveu espérant que
le vieillard s'était calmé, revint vers
9 heures. <
A ce moment, Franchi prétend que
Subini mit la main dans sa poche et,
sortant à moitié un revolver, intima ee
nouveau à son neveu l'ordre de signer
le papier de reconnaissance de dette·.
Franchi fit la sourde oreille, descen-
dit chercher sa femme et sa tante et
tous trois revinrent dans l'apparte-
ment. La discussion reprit de plus
belle.
Au paroxysme de la colère, l'oncle
mit à nouveau la main dans sa poche.
Se croyant menacé, Franchi, à son
tour, sortit un revolver et, à trois re-
prises, fit feu. Subini s'écroula mortel-
lement atteint.
Transporté à l'hôpital Saint-Antoine,
11 y rendait d'ailleurs peu après le der-
nier soupir.O ;·, ». ι ,.r. m."H
Le meurtrier, qui invoque la légiti-
me défanse, a été écroué.
Le feu dévore huit maisons
d'un village savoyard
Plusieurs familles «ont ruinée«
et seize personnes te trouvent
(ans abri
Briançon, 1er novembre· â Perché à.
1.500 mètres d'altitude, au fond d· la
vallé* de la Valoise, le petit village du
Puy-St-Vincent allait s'endormir, lorsque
le feu se déclara dans une maison ap-
partenant à M. celestin Roux.
C'est le neveu de ce dernier, le jeune
René, qui aperçut le premier les flam-
mes qui, après avoir dévoré la toiture,
se communiquaient à sept maisons. Le
tocsin sonna à. toute volée et, bientôt, de
toute la vallée des secours arrivèrent.
Bien que les pompes eussent été
branchées sur le torrent, les pompiers
durent se rendre compte qu'il leur était
impossible de lutter contre le brasier ar-
dent que représentaient les huit maisons
en flammes. Ils durent se contenter de
circonscrire le sinistre en protégeant une
neuvième maison, distante d'une quin-
zaine rte mètres du terrible foyer.
Seize personnes se trouvent sans abri.
Une famille, à elle seule, compte huit en-
fants. Ce sera la misère pour ces pau-
vres gens qui, en cette saison, avaient
déjà emmgasiné la faible récolte si du-
rement acquise en ces terres désolées et
rocailleuses.
AYEZ-VOUS LU
la 6e page
du
"Populaire" d'hier?
Comment les Croix de Feu
occupent la voie publique
et font leur "police"
Encore un exemple
d'occupation de route
Dans le dernier numéro de l'Eveil
Normand, hebdomadaire catholique pa-
raissant à Caen, nous trouvons repro-
duite la lettre suivante, écrite à son
journal par une abonnée indignée :
Je me rendais en automobile, lundi
soir, chez mes parents près de Versori,
accompagnée par ma soeur et un enfant
de onze ans. Il était environ 20 h. 30.
Tout à coup, un motocycliste me fait
arrêter, s'inquiète de mon itinéraire et
me dérive par une route que je ne de-
vais pas emprunter. Surprise, je m'éloi-
gne, je m'engage dans la route menant
à l'église de Verson, quand je suis ar-
rêtée à nouveau par plusieurs voitures
qui barraient complètement la route
vers l'Orangerie du Château.
Je m'informe, je demande le passage,
mais des hommes, parmi lesquels je re-
connais des Caennais, dont M. BONNIN,
marchand de cycles, rue Saint-Pierre,
déclarent : ;
« Vous passerez, quand nos autos se-
ront garées. »
Et nombreuses paraissaient être les
autos qui rentraient dans un herbage
du châtelain de Verson, M. Burthe. De-
vant cette mauvaise volonté évidente,
je me décide d'aller chercher le garde-
champêtre de Verson, afin qu'il m'ac-
compagne et constate le sans-gêne de
ces hommes dont on m'a dit qu'ils
étaient des Croix de Feu.
Voilà un témoignage impartial et
dont la source n'est pas suspecte.
Le rédacteur qui le publie et qui
n'est eans doute pas un « vendu du
; drapeau rouge a, ne peut se retenir de
« blâmer le sans-gêne » des Croix de
Feu.
Inutile de dire que nous partageons
entièrement, sinon sa surprise, du
moins son indignation.
Voilà encore un fait que nous si-
gnalons à M. Paganon, si toutefois il
existe un espoir de percer la majes-
tueuse indifférence de ce ministre si
]>eu curieux.
Et nous aimerions bien qu'en nous
répondant, il nous communique aussi
les résultats de l'enquête qu'il a sans
aucun doute ordonnée au sujet de l'oc-
cupation du passage à niveau de la
ligne d'Hirson, près de Laon, que nous
lui avons dénoncée ces jours-ci.
Croix de Feu et Front populaire
à Bourbon-l'Archambault
Moulins, 1er novembre. â Vingt-
quatre automobiles amenaient, hier
soir, & Bourbon l'Archambault, de nom-
breux membres des Croix de Feu qui
se proposaient d'y tenir une réunion.
Alertés, les membres du Front popu-
laire, au nombre de plusieurs centai-
ne«, se livrèrent alors à une contre-
manifestation.
Craignant des bagarres, la Municipa-
lité pria les gendarmes de veiller, mais
ceux-ci n'eurent pas à intervenir.
(Agence Radio.)
Des fascistes défoncent la nuit
la devanture d'un café
tenu par un de noi camarades
Une nouvelle agression fasciste s'est
déroulée l'autre nuit dans le 20· arron-
dissement.
Notre camarade Bayle, débitant, 4,
place Saint-Fargeau, dormait chez lui,
quand soudain deux détonations le ré-
veillèrent en sursaut. .Sa première im-
pression, et celle de sa femme, fut
qu'une explosion venait de se produire.
Se levant, il s'approcha de sa fenêtre
et aperçut sur le trottoir deux indivi-
dus qui regagnaient' précipitamment
uno 'automobile arrêtée, tous feux
éteints, au coin de la rue.
Bayle descendit précipitamment. Les
glaces de la devanture de son café
avalent volé en éclat. Au dehors, les
courageux -agresseurs avaient disparu
dans la nuit.
La police alertée fouilla en vain les
environs.
On retrouva dans le café deux gros
moëllons, en partis couverts de mous-
se, ce qui prouve que les automobilistes
étaient allés les chercher au loin.
Qui ne se sentira plein d'admiration
pour l'héroïsme des défenseurs de: l'or-
dre et de la propriété ?
Màis n'y a-t-il donc pas de petits
commerçants fascistes ?
ENCORE ÜN !
Un maire fasciste est arrêté
pour escroquerie
Caen, 1er novembre. â On a annon-
cé ces jours derniers l'arrestation à
Paris du maire d'Ouville-la-Bien-Tour-
née, canton de Saint-Pierre-sur-Dives.
M. Maurice Busnel, fromager, maire
d'Ouville, appartenait à une famille
particulièrement en vue dans la région.
Son arrestation et son transfert à la
prison de Lisieux, ne vont pas man-
quer de surprendre, d'autant plus que
ce fromager militait activement dans
les partis dits « nationaux » et chez
les Croix de Feu.
11 est inculpé d'escroqueries...
Echec au fascisme à Châteauroux
Châteauroux, ... octobre (Populaire).
La Solidarité française avait organisé
une réunion dans une salle privée, à
Châteauroux, lundi dernier, à 20 h. 30.
Toutes les autres organisations fascis-
tes étaient invitées. En tout, cela a fait
ôOO auditeurs.
Jean Renaud a, parait-il, déclaré que
la Solidarité aurait ses candidats aux
élections législatives !
En réplique, le Front populaire a
contre-manifesté le même jour, à la
même heure, dans une autre salle. Sans
argent, par tracts, il a fait en deux
Jours une mobilisation de 1.200 travail-
leurs, parmi lesquels se trouvaient des
représentants de tous les antifascistes
du département. Issoudun, à lui seul, a
envoyé 160 manifestants, député et mai-
re (notre ami Mérillac) en tête.
La salle a, dans l'enthousiasme, écou-
té les orateurs de toutes les organisa-
tions : Gantier (P.C.), Delmas (J.S.K
Tessier (C.G.T.), Parpáis (S.F.I.O.), Des-
chizeaux (député néo), Chasseigne (dé·
puté pupiste) et Hymans (député socia-
liste indépendant).
Les fascistes se sont tenus bien sa-
ges. L'effet de la contre-manifestation
a été considérable dans tout le dépar-
tement.
Lisez aujourd'hui
dans
La Banque de Frarce
unjouueau coup
Dans lès Kiosques. Le n't Un franc
ABONNEZ-VOUS
ABONNEZ-VOUS
Désirant faire
connaître mes produits
j'expédie directement Mr
DhP
BOUTEILLES
¿Irmagnac
GTratfoc "Fine
20 ANS DE FUT. -- 40°
Mise en bouteilles au Domaine
Expédition Iran co domicile contr·
remboursement de 85 1rs (Droite lÎMjlWlHIBBH Î le
de Birle compris) sur commande* ·Î·ÎΡ
aareaeéee i M. C. M OUR, Mi IfflB
Domimi flu iwnur. fleuhbhce (Pars) «mW BmHiBfa
Envol d'échantillon-dégustatlon But JmhF? mm. JaBSa
contre mandat de 5 fr. Remboursé
en cas de commande ultérieure.
η 82. Feuilleton du Populaire. 2-11-35
Troisième Partie: En Vendée
LIVRE QUATRIEME
LA MERE
XV. â Ne pas mettre d«ns U même poche
une montre et une clef
Halmalo s'interrompit.
â Ah I monseigneur, quand je pense que nous avons
"été en pleine mer, que nous étions seuls, que je voulais
vous tuer, que vous étiez mon seigneur, que vous pou-
viez me le dire, et que you$ ne oee l'avez pai dit J
Quel homme vous êtes J
Le marquis reprit :
â L'Angleterre. U n'y a plus d'autre ressource. Il
faut que dans quinze ¡ours les Anglais soient en France.
â J'aurai bien des comptes à rendre à monseigneur.
J'ai fait ses commissions.
â Nous parlerons de tout cela demain.
â A demain, monseigneur. ·.'
â A propos, as-tu faim ?
â Peut-être, monseigneur. J'étais si pressé .d'arriver
que je ne sais pas si j'ai mangé aujourd'hui.
Le marquis tira de sa poche une tablette de chocolat,
ia cassa en deux, en donna une moitié à Halmalo et se
mit à manger l'autre.
â Monseigneur, dit Halmalo, à votre droite, c'est
le ravin ; à votre gauche, c'est la forêt.
â C'est bien. Laisse-moi. Va de ton côté.
Halmalo obéit. 11 s'enfonça dans l'obscurité. On en-
tendit un bruit de broussailles froissées, puis plus rien.
Au bout de quelques secondes il eût été impossible
de ressaisir sa trace. Cette terre du Bocage, hérissée et
inextricable, était l'auxiliaire du fugitif. On ne disparais-
sait pas, on s'évanouissait. C'est cette facilité des dis-
persions rapides qui faisait hésiter nos armées devant
cette Vendée toujours reculante, et devant ses combat-
tants si formidablement fuyards.
Le marquis demeura immobile. Il était de ces homme«
qui s'efforcent de ne rien éprouver ; mais il ne put se
soustraire à l'émotion de respirer l'air libre après avoir
respiré tant de sang et de carnage. Se sentir complè-
tement sauvé après avoir-été complètement perdu ;
après la tombe vue de si près, prendre possession de la
pleine sécurité ; sortir de la mort et rentrer dans la
vie, c'était là, même pour un homme comme Lantenac,
une secousse ; et, bien qu'il en eût déjà traversé de
pareilles, il ne put soustraire son âme imperturbable
à un ébranlement de quelques instants. Il s'avoua à lui-
même qu'il était content. Il dompta vite ce mouvement
qui. ressemblait presque à de la joie.
Il tira sa montre, et la fit sonner. Quelle heure
était-il ?
A son grand étonnement, il n'était que dix heures.
Quand on vient de subir une de ces péripéties de la vie,
⢠humaine où tout a été mis en -question, on est toujours.
stupéfait que des minutes si pleines né soient pas|
plus longues que' les autres. Le coup de canon d'aver-
tissement avait été tiré un peu avant le coucher du
soleil, ei la Tourgue avait été abordée par la colonne
d'attaque une demi-heure après, entre sept et huit heu-
res, à la nuit tombante. Ainsi, ce colossal combat, com-
mencé à huit heures, était fini à dix. Toute cette épopée
avait duré cent vingt minutes. Quelquefois une rapidité
d'éclair est mêlée aux catastrophes. Les événements ont
des raccourcis surprenants.
En y réfléchissant, c'est le_contraire qui eût pu éton-
ner ; une résistance de deux heures d'un si petit nombre
contre un si grand nombre était extraordinaire, et certes
elle n'avait pas été courte, ni tout de suite finie, cette
bataille de dix-neuf contre quatre mille.
Cependant il était temps de s'en aller, Halmalo devait
être loin, et le marquis jugea qu'il n'était pas nécessaire
de rester là plus longtemps. Il remit sa montre dans sa
veste ; non dans le même poche, car il venait de remar-
quer qu'elle y était en contact avec la clef de la porte de
fer que lui avait rapportée l'Imânus, et que le verre de
st montre pouvait se briser contre cette clef ; et il se
disposa à gagner à son tour la forêt.
Comme il allait prendre à gauche, il lui sembla qu'une
sorte de rayon vague pénétrait jusqu'à lui.
Il se retourna, et, à travers les broussailles nettement
découpées sur un fond rouge et devenues tout à coup
visibles dans leurs moindres détails, il aperçut une
grande lueur'dans le ravin. Il y marcha, puis se ravisa,
trouvant inutile de l'exposer à cette clarté, quelle qu'elle
fût f ce n'était pas son affaire après tout ; il· reprit la
direction que lui avait montrée Halmalo et fit quelques
pas vers la forêt.
Tout à coup, profondément enfoui et caché sous les
ronces, il entendit sur si tête un cri terrible ; ce cri
. semblait partir du rebord même du plateau au-dessus du
ravin. Le marquis leva les yeu* et s'arrêta.
LIVRE CINQUIEME
IN DAEMONE DEUS
I. â Trouvés, mais perdus
Au moment où Michelle Fléchard avait aperçu la tour
rougie par le soleil couchant, elle en était à plus d'une
lieue. Elle qui pouvait à peine faire un pas, elle n'avait
point hésité devant cette lieue à faire. Les femmes soni
faibles, mais les mères sont fortes. Elle avait marché.
Le soleil s'était couché, le crépuscule était venu, puis
l'obscurité profonde ; elle avait entendu, marchant tou-
jours, sonner au loin, à un clocher qu'on ne voyait pas,
huit heures, puis neuf heures. Ce clocher était probable-
ment celui de Parigné. De temps en temps elle s'arrêtait
pour, écouter des espèces de coups sourds qui étaient
peut-être un des fracas vagues de la nuit.
Elle avançait droit devant elle, cassant les ajoncs et
les brandes aiguës sous ses pieds sanglants. · Elle était
guidée par une faible clarté qui se dégageait du donjon
lointain, le faisait saillir, et donnait dans l'ombre I cette
tour un rayonnement mystérieux. Cette clarté devenait
plus vive quand les coups devenaient plus distincts, puis
elle s'effaçait.
Le vaste plateau où cheminait Michelle Fléchard n'était
qu'herbe et bruyère, sans une maison ni un arbre ; il
s'élevait sensiblement, et, à perte de vue, appuyait sa
longue ligne droite et dure sur le sombre horizon étoilé.
Ce qui la soutint dans cette montée, c'est qu'elle avait
toujours la tour sous ¡es yeux.
Elle la voyait grandir lentement.
Les détonations étouffées et les lueurs pâles qui sor-
taient de la tour avaient, nous venons de le dire, des
intermittences ; elles s'interrompaient, puis reprenaient,
proposant on ne sait quelle poignante énigme à la miséra-
ble mère en détresse.
Brusquement elles cessèrent ; tout s'éteignit, bruit et
clarté ; il y eut un moment de plein silence, une sorts
de paix lugubre se fit.
C'esc en cet instant-là que Michelle Fléchard arriva au
bord du plateau. " ,
Elle aperçut à ses pieds un ravin dont le fond se perdait
dans une blême épaisseur de nuit ; à quelque distance, sur
le haut du plateau, un enchevêtrement de roues, de talus
et d'embrasures qui était une batterie de canons ; et, devant
elle, confusément éclairé par les mèches allumées de la
batterie, un énorme édifice qui semblait bâti avec des
ténèbres plus noires que toutes les autres ténèbres qui
l'entouraient.
Cet édifice se composait d'un pont dont les arches
plongeaient dans le ravin, et d'une sorte de château qui
s'élevait sur le pont, et le château et le pont s'appuyaient
à une, haute rondeur obscure, qui était la tour vera
laquelle cette mère avait marché de si loin.
Çn voyait des clartés aller et venir aux lucarnes de la
tour et, à une rumeur qui en sortait, on la devinait pleine
d'une foule d'hommes dont quelques silhouettes débor-
daient en haut jusque sur la plate-forme.
Il y avait près de la batterie un campement dont Michelle
Fléchard distinguait les vedettes ; mais, dans l'obscurité et
dans les broussailles, elle n'en avait pas été aperçue.
Elle était ^parvenue au bord du plateau, si près du pont
qu'il lui semblait presque qu'elle y .pouvait toucher avec
la main. La profondeur du ravin l'eu séparait. Elle dis-
tinguait dans l'ombre les trois étages du château du pont,
(à suivie)
LE POPULAIRE
2-1Í-35
plus jeunes qui, souvent, paraissent les
moins hardis.
Tristan Klingsor est un peintre délicat
et fin et ses paysages sont d'une balie
couleur. La salle à' manger de campagne,
de Bonnard, résonne comme une sym-
phonie en or roux. André Fraye se plaît
à exprimer l'attrait de l'eau, de la Marne
à l'île d'Yeu ; 11 sait trouver la nuance
exacte de chacune. Flandrin enveloppe
les vendanges d'une lumière lourde ; Al-
bert André, dans une petite toile, montre
ce que peuvent un goût parfait et un mé-
. tier sûr.
D'Espagnat a peint avec un grand char-
me un jeune garçon costumé en générai
de la Révolution et des fleurs délicates.
Deux belles marines de Seevagen, un nu
vigoureux et d'un beau mouvement de
Lebasque, deux paysages lumineux et co-
lorés de René Juste et voici Maurice
Asselin. J'aime la solidité du dessin.de
ses deux portraits d'enfants, figures vivan-
tes. Asselin demeure un de nos meilleurs
peintres. Charles Guérin expose une
isonne toile. Henry de Waroquier, dans
l'église de Saint-François, à Assise, a su
réunir la sévérité de la forme à la limpi-
dité douce de la lumière.
Et voici Van Dongen, fauve assagi,
faune pour demi-vierges et prophète pour
nouveaux riches. Mais sa grande figu-
re blanche, si elle est moins hardie que
ses premières oeuvres, offre une audace
contenue qui est d'un grand artiste, l'ai
aimé le bel intérieur d'Antoinette Sacho,
lumineux et gai et les deux toiles de
Rouart. Victor Dupont expose une jeune
fille au tricot, solide ; mais son « Eve »
me paraît immobile.
Mainssieux a renoncé à l'Orient. La
place du Carrousel lui permet de mon-
trer toute la richesse de ses dons de colo-
riste et, dans le portrait d'uni jeune
Ukrainienne, 11 a su joindre à ce don pré-
cieux, un sens profond de la forme et
de ses mouvements. J'ai noté un boa
paysage de Linet et le grand portrait dî
Lotiron, un peu figé, me semble-t-il. Un
bon sous-bois de Barat Levraux me con-
duit à deux excellentes natures mortes
de Frédéric Deshayes, peintes avec une
sûre technique et la plus délicate sensi-
bilité. La figure de Picart-Ledoux est
d'un beau rythme dans la couleur. Kvapil
reste froid et superficiel. Adrienne Jou-
clard est possédée du démon du mou-
vement. Ses patineurs s'élancent avec
un entrain· prodigieux. La vie brille ici
d'un .vif. çt rare éclat. Ortiz de Zarate
exposé deux bons portraits. Deltombe
compose avec lourdeur.
Marguerite Crissay a bien rempli son
panneau de trois nus colorés et fermes,
d'un beau mouvement et d'un paysage
de Florence chaud et profond. De Roland
Chavenon, je préfère l'intérieur doux,
chaud, lumineux et calme, plein d'atti-
rance.
Souverbie, dans une grande toile dé-
corative, « la Terre », dépense des qua-
lités solides et précieuses : voici l'oeuvre
d'un peintre. La grande allée de Char-
lemagne m'apparaît exprimer un grand
progrès du peintre vers plus de souples-
se et de légèreté. Les fleurs d'Hélène
Marre sont parmi les meilleurs envois de
ce genre. Je ne dirai rien de Gleize. On
aime òu non cette formule. On la com-
prend ou non ; ou bien on la comprend
trop. N'importe! Chapelain-Midy a bien
peint une grande toile assez convention-
nelle mais chaude et agréable. Antral
sait traduire les reflets de la pluie à
Paris. Germaine et Alix sont deux pein-
tres de grand talent, mais je préfère le
second et Bompard exprime admirable-
mènt la poésie des arbres. Et voici
Limousee et Marguerite Louppe, Planson-g
d&...Marcel- Charpaux nn paysage d'une
grande sensibilité et d'une couleur très
delicate Enfin de Benn, une toile èx-r
celiente « Après le spectacle », qui est
plus qu'une promesse.
Voici pour les peintres. Je vous par-
lerai, dans un prochain article, des
sculpteurs et des décorateurs qui méri-
tent mieux que quelques lignes.
Maurice DELEPINE.
Les 60 ans
de Félicien Challaye
Quelques amis de Félicien Chal-
laye, désireux de fêter son soixantième
anniversaire, avaient organisé, avant-
hier, au Café Voltaire, une réunion
toute intime à laquelle participaient
entre autres : André Gide, Michel et
J. Alexandre, René Gérin, M. et Mme
Autant-Lara, Francis Jourdain, Bau-
chet, Magdeleine Paz, G. et Betty
Brunschwicg, la dootoresse Montreuil-
Strauss, Emery, Andrée Jouve, Georges
Pioch, Désiré Roustan, Armand Char-
pentier, Dr Burnet, CJh. Garnier, etc...
Au cours de cette réunion .il fut re-
mis à Félicien Challaye un livre édité
à cette occasion, et qui rassemble quel-
ques-unes de ses meilleures pages :
« Souvenirs sur ta colonisation », avec
lettres-préfaces d'Alain, * André Gide,
Paul Langevin et Romain Rolland.
C. A. P.
Réunion mererdei 6 novembre, û
21 heures, au siège du Parti.
BUREAU DU PARTI. â Réunion
itiême jour, à 17 heures, au siège.
Le secrétaire général :
Paul FAÜHE.
Sur...
le gril
La fin d'un charme!
Les chroniques judiciaires font grand
bruit autour d'un arrêt confirmatif dt ju-
gement rendu par la première Chambre de
la Cour d'appel de Lyon se rapportant
à l'article 214 du Code civil.
L'article 214, qui -fait obligation à « la
femme de suivre son mari », a inspiré de
plaisants propos e( a fourni aux auteurs à
imagination limitée quelques scènes de lour-
de plaisanterie.
C'est fini.
La femme suivra son mari quand elle
voudra. Elle n'aura plus à peder à la con-
trainte, elle n'aura à obéir qu'à l'agrément.
La Cour de Lyon a décidé, en effet,
qu'un père de famille qui avait régulière-
ment transféré préablement le domicile con-
jugal de Paris à Lyon, où il avait obtenu
un engagement avantageux d'ingénieur dans
une grande usine d'automobiles, avait com-
mis à l'égard de sa femme une injure grave
dans le sens de l'article 231 du Code civil,
en lui enjoignant de le suivre avec ses deux
enfants au nouveau domicile.
Mieux, la Cour a prononcé le divorce
au profit de la femme et a condamné le
mari à une pension alimentaire et à tous
les dépens.
Si vraiment il n'y a que l'entêtement de
madame ou son caprice comme justification
du refus, j'avoue que les juges lyonnais ont
poussé la galanterie jusqu'à l'absurde.
Mais je suppose, pour leur réputation,
qu'il doit y avoir autre chose.
Car enfin, en ces temps de crise, le mari
ί/ui trouve une situation même à 500 km. de
distance, devrait être béni par sa femme et,
en simple bon sens, c'est cette dernière qui
aurait dû précéder son mari pour parer le
nid que la famille va peupler.
C'est pourquoi je crois qu'il est prudent,
avant de clamer partout que désormais la'
femme n'est plus tenue à suivre ton mari, de
connaître en détail les circonstances qui
ont motivé ce jugement
Et puis, mieux vaut ne pas s'en faire.
Pour une femme qui ne veut pas suivre,
combien nous en reste-t-il encore qui ne
« décollent » pas l
GEDEON.
LE MEURTRIER DE VERONNE
A ETE ARRETE
Valence, 1er novembre· â Le nommé
Abel Servan, 31 ans, auteur de la double
tentative de meurtre de Véronne, a été
arrêté dans un café de Peyrus (Drôme).
sans résistance. Il a été écroué ce -matin
à la Maison d'arrêt de Valence.
Ils camion se nel seul en marcile
Il écrase une voiture d'enfant,
tuant un bébé de trois ans
Meaux, 1er novembre. â Afin d'ef-
fectuer une livraison à un client, le
chauffeur Grayo, au service d'un impor-
tant établissement parisien, avait âart.
rêté son lourd camion automobile à Çi-
try, près de la Ferté-sous-Jouarre. Mais
le camion dont les freins'-'n'avalent
pas été vraisemblablement assez serrés,
entraîné par la déclivité de la voie,
arriva, tel un bolide, sur une petite
voiture d'enfant que poussait une fil-
lette de dix ans et dans laquelle dor-
mait la petite Gisèle Roley, âgée de
trois ans.
La voiture fut littéralement pulvéri-
sée et le malheureux bébé, qui était
atteint d'une fracture du crâne, décéda
pendant son transport & l'hôpital de
Château-Thierry.
Arrestation d un chauffard
La Rochelle, 1er novembre. â La gen-
darmerie de Marans vient de procéder à
l'arrestation d'un boulanger de la loca-
lité, Marcel Chaboury, âgé de 38 ans.
qui, il y a quelques jours, avait écrasé
M. Désiré Samson, et s'était enfui.
Les cimetières parisiens
ont reçu, hier
1.649.707 visiteurs
Le beau temps et la douce tempéra-
ture qui ont persisté toute la journée
de la Toussaint ont amené un afflux
de visiteurs plus considérable que l'an-
née précédente dans les cimetières pa-
risiens et de proche banlieue.
En efet, tandis que 742.832 person-
nes venaient rendre hommage â leurs
disparus enterrés « intra-muros » con-
tre 861.000 l'an dernier, 906.875 visi-
teurs ont accompli leur pèlerinage an-
nuel dans ies nécropoles de banlieue.
L'an 1934 n'en avait vu que 755.000.
La vente des fleurs s'est, bien en-
tendu, ressentie de cette affluence inu-
sitée. Et lorsque l'heure de la ferme-
ture sonna, à la tombée de la nuit,
bien rares étaient les tombes que :|s
garnissait pas le tribut fleuri de ceux
qui n'oublient pas.
LE SPORT TRAVAILLISTE
A la Piste Municipale
Batard, Taupin, Tellier
Decourcelle, clôturent
j victorieusement
la saison
Pour cette dernière, c'est un' vérita-
ble temps de printemps qui fut réservé
à nos camarades de la F.S.G.T..
5.000 personnes garnissaient les tri-
bunes et le sport fut de premier ordre.
Côté organisation comme à l'habitude,
et le programme se déroula à merveille.
Le handicap fut pour le jeune Batard
l'occasion de s'Imposer devant des aînés
comme Nicollet, Turbeau, Dupriez.
Quant à Rémond et Noel, également,
c'est en grands progrès que nous ies
avons trouvés. Pour La garrigue et Han-
nart, le handicap fut un peu trop lourd.
Dans le demi-fond, Taupin entraîné
par Fromage, fit cavalier seul, du fait
que dès le départ, prenant la tête, il
prit une avance qu'il accentua sans dis-
continuer. Reverdy fit un excellent se-
cond et sera l'année prochaine un des
meilleurs stayers. Maillot et Tenant
donnèrent l'impression de n'être pas à
leur aise derrière les motos. Lahaix, qui
abandonna, et Surant ne coururent pas
sur leur valeur.
Dans le Prix Nicolle (américaine de
25 km.) Franzini-Nicollet se démenè-
rent sans discontinuer pour prendre un
tour ainsi que Tattegrain,-Turbeau, qui
firent eux aussi un essai. Finalement,
cinq équipes réussirent à doubler et le
sprint final revint à Decourcelle-Tel-
lier. devant Tattegrain-Turbeau.
Le C.A. 12e et Villeparisis se rencon-
trèrent en football et après une partie
très disputée Villeparisis l'emporta par
2 buts à 0. â Raymond Boucherie.
0 0 0
Voici les résultats :
Prix de Clôture (handicap). â Ire
série : 1. Guilloton ; 2. Noel ; 3. Ni-
collet. â 2e série. â 1. Hannart, t, Bâ-
tard, 3. Remond. â 3e â l. Turbeau, 2,
Dupriez, 3. Lagarrigue.
Finale. â 1. Batard (C.S. Belleville),
les 20 m. en 13" 4/5 ; 2. Nicollet (Ma-
lakoff) ; 3. Remond (Ped. Mali.) ; 4.
Turbeau (Pantin) ; 5. Dupriez (Belle-
ville) ; 6. Guilloton (Ped. Maie.) ; 7.
Lagarrigue (USO lie) ; 8. Hannart,
(Croissant).
Prix de Novembre. â Demi-fond, 15
km. â 1. Taupin (CS Belleviile), lee 15
lsm. en 15' 37" 3/5 ; 2. Reverdy (USO
13e) ; 3. Maillot (ESTI) ; 4. Tenant,
(JSOA).
Prix Nicolle (américaine 25 Ion.)
â 1er Tellier-Decourcelle (USTI-USO
12e) 35' 20" ; 2. Tattegraln-Turbeau (U
SO Pantin) ; ?. Lestrillard-Legrand,
(Montreuil) ; 4. Dupriez-Taupin (CS
Belleviile) ; 5. Nicollet-Franzini (Mala·
koff-Belleville).
Hier au Parc des Princes
les footballeurs parisiens
ont battu les Viennois
par 6 buts à 5
Le beau tempe aidant, 30.000 spec-
tateurs s'étaient rendus hier après-mi-
di au stade de la porte de Saint-Cloud
pour assister au choc des équipes des
deux capitalês. Ils n'ont pas été déçus
car le- match fut remarquable. Les
joueurs-de ia-ligue parisienne ont fait
preuve'd'un Allant et d'une vitesse di-
gnes du plus grand éloge.
Dès le début le jeu est vite et la balfe
voyage. Les Viennois ouvrent la mar-
que grâce à Binder. Maie quelques mi-
nutes après Stabile bat le portier autri-
chien. Les Viennois attaquent sans ré-
pit, mais Paris leur tient tête sous les
applaudissements du public. Alexander
est blessé, Kennedy le remplace. A leur
tour, les Parisiens prennent l'offensive
et Stabile marque pour la deuxième
fois. Vienne est sur le point d'égaliser,
mais la balle ricoche sur le poteau. La
partie reste toujours extrêmement ra-
pide. Vienne accentue sa pression et les
arrières parisiens se font applaudir
par de beaux dégagements. Un coup
franc tiré contre Parie ne donne pas
de résultat. Sur corner, Binder marque
pour Vienne. Et la mi-tempe arrive.
C'est du 2 à 2.
*A la reprise, Paris repousse une at-
taque, puis domine, prenant ses adver-
saires de vitesse. Kennedy marque le
3e but parisien, bientôt suivi d'un 4e,
oeuvre de Aston' et Andritz. Les Vien-
nois jouent plus sec, mais lis ne peu-
vent rien contre la furia des Parisiens
qui s'octroient un 5e but grâce à Sta-
bile et un 6e, oeuvre d'Aston.
Les visiteurs sont nettement domi-
nés. Mais dans les dernières minutes,
Vienne réagit et sort son jeu de gran-
de équipe. Des efforts désespérés sont
faits pour remonter la marque et ils.
sont récompensés Rar 3 buts en. 5 mi-
nutes. Là fin arrive alors que les lo-
caux n'ont plus qu'un but d'avance.
Soulignons qu'il est assez bizarre que
dans un team de Paris il y ait quatre
étrangers sur cinq avants. Ce sont ces
avants et surtout Stabile les artisans
de la victoire parisienne.
Finalement les Parisiens l'emportent
par 6 buts à 5.
LE TEMPS QU'IL FERA
Prévisions de l'O. N. M. â Assez beau
temps, nuageux avec éclaircies : vent
du sud modéré ; minimum de tempéra-
ture en faible hausse sur la veille.
La disparition
mystérieuse
du bijoutier
et de sa femme
(Suite de la première page)
L'enquête menée par M.- Doucet,
commissaire du 2e arrondissement, a
révélé ce qui suit :
M. Roussel est né dans la Manche, à
Notre-Daime-de-Genilly, près de Cou-
tances, le 11 juillet 1871. Il était quasi
Impotent, et de plus, affligé de surdité
presque complète.
C'était sa femme, née Dietrich, de
quelques années plus'jeune, qui traitait
les « affaires ». Celles d'horlogerie et
d'armurerie n'étaient pas les plus pros-
pères. On dit, à Caen, que Roussel ai-
dait volontiers, moyennant d'honnêtes
intérêts, les gens dans l'embarras. Mais
le prêteur était méfiant. Pour se défen-
dre contre la visite intempestive des
mauvais garçons, il avait installé, der-
rière la porte de son magasin, trois
petits canone dont la charge était des-
tinée aux cambrioleurs éventuels.
Or, les petits canons n'ont pas tonné.
Les époux Roussel sont sortis normale-
ment de leur domicile. Ils n'avaient cer-
tainement pas l'intention de s'abseuter
longtemps puisqu'ils avalent omis de
fermer le rideau de fer de la boutique
et de parquer les chats dans la chat-
tière.
Il est donc à présumer que, le 23 oc-
tobre, ce n'est, pas un inconnu qui est
venu frapper à la porte du 131 de la Tue
Saint-Pierre. C'était quelqu'un qui con-
naissait à la fois les habitudes des
époux Roussel et l'existence des trois
mortiers. Quelqu'un aussi qui disposait
d'arguments assez convaincants pour
attirer les deux quinquagénaires loin
de chez eux.
Au vrai, il semble que l'opération se
fit en deux temps.
Premier temps : le meurtrier frappe
Il la porte de M. Roussel: Celui*! vient
lui ouvrir et se rend avec lui dans un
café tout proche.
â¢Deuxième temps : M. Roussel, qui
flaire une affaire, va quérir sa femme
dont il prend toujours l'avis.
Le couple hors de chez lui, quel ar-
gument employa le meurtrier pour le
décider à, s'éloigner avec lui ?
Là commence le mystère que la bri-
gade mobile de Rouen va tenter d'élu-
cider. Des recherches vont commencer
dès demain dans tout le secteur. Les
policiers espèrent qu'elles aboutiront ra-
pidement.
A Creil, un mari abandonné
blesse grièvement son épouse
Un ouvrier aux forges et tréfileries
de Creil, Vital Vanstalle, né à Hai
(Belgique), en 1882, a tenté de tuer, en
lui assénant sur la tête deux coups de
marteau, sa femme, née Gabriel Sacré,
âgée de 33 ans qui, il' y a huit jours,
avait quitté le domicile conjugal en
emmenant deux enfants nés d'un pre-
mier mariage et âgés respectivement
de 16 et 15 ans.
Vital . Vanstalle, maîtrisé par les
compagnes de travail de la malheu-
reuse â car le drame s'est déroulé à
l'usine où était employée Mme Vans-
talle sâ a été arrêté et interrogé par
le commissaire de police, à qui il a dé-
claré que, désespéré par le départ de
ea femme, il avait voulu se venger.
L*e misérable, qui est dans un état
dç. complète prostration, -paraît avoir
agi dans un état proche'"de l'incons-
cience et, en tout cas; ' f paraît vrai-
ment regretter son geste.
Mme Vanstalle, transportée à l'hô-
pital, a dû subir l'opération du trépan.
Son état est extrêmement grave.
Le succès de l'exposition
de la Presse socialiste
L'Exposition ambulante de la presse so-
cialiste S.F.I.O., organisée rue Rodier par
le Comité central de diffusion du Popu-
laire, continue à obtenir le plus vif succès.
De trè» nombreux camarades ont défilé
hier après-midi de 14 heures à 19 heures
dans la coquette salle de la 9* section, où
panneaux publicitaires, banderoles et pho-
tos, montrent le formidable effort fait par
notre Parli pour avoir sa presse à lui en
face des journaux bourgeois vendus au
capitalisme et au fascisme.
Le stand de la Librairie Populaire, où
livre», brochure» de propagande et insignes
»ont exposés, a également eu de très nom-
breux visiteurs.
Toute cette affluence témoigna de l'in-
térêt que nos camarades socialistes portent
à leur presse, qui le» renseigne, qui les
guide, qu'il» aiment et dont ils »ont jus-
tement fiers.
C'est, n'hésitons pas à le dire, un très,
très gro» succès, tout à l'honneur du Comité
central de diffusion du Populaire, qui s'est
dépensé sans compter pour le succès de
cette belle manifestation.
Succès qui ne te démentira pas, nous en
sommes convaincus, durant les deux jour-
nées d'aujourd'hui samedi et de demain.
Rue des Pyrénées
un jeune homme
tue son oncle
C'est au cours d'une discussion
d'intérêt que le drame s'est produit
Le meurtrier prétend
qu'il a agi
en état de légitime défense
Un drame de famille s'est déroulé
hier matin, vers 10 heures, 62. rue des
Pyrénées.
Un employé à la caisse interdépar-
tementale des assurances sociales,
Ange Franchi, âgé de 27 ans, a tué son
oncle Bonaventure Sublni, âgé de
70 ans, de trois coups de revolver. Le
meurtrier a été arrêté. ,
Voici dans quelles circonstances
s'est déroulé ce drame qui a causé une
profonde impression dans tout le quar-
tier.
Il était environ 10 heure? lorsque
trois coups de feu retentirent. Quel-
ques secondes plus tard, la concierge
de l'immeuble voyait arriver chez elle
Ange Franchi, l'air hagard, qui lui dit:
â Allez chercher la police, je l'ai
tué. > . >'·. !.
Conduit au commissariat de police,
le meurtrier fut longuement interrogé.
Il expliqua que son oncle, retraité
des douanes, habitait 72, rue des Pyré-
nées, lorsque lui-même se maria. Com-
me cadeau de noces, l'oncle Bonaven-
ture offrit eon appartement, meublé de
neuf, à condition que ses neveux le
gardent avec eux, ce qui fut accepté.
Cependant, l'oncle ne jouissait pas
de toutes ses facultés mentales. Il
était sujet à des crises épileptiques
fréquentes et pour des motifs futiles,
de violentes scènes éclataient fréquem-
ment.
Un jour même, l'épileptique poursui-
vit son neveu en le menaçant d un cou-
teau de cuisine. Une plainte fut dépo-
sée au commissariat. Mais il ne sem-
ble pas qu'elle eut des suites, car le
vieillard, de plus en plus irascible, ne
tut pas interné.
Il y a quelques jours, une nouvelle
discussion éclata. L'oncle voulait faire
signer à Franchi une reconnaissance
de dettes pour l'appartement qu'il lui
avait offert. Celui-ci refusa et l'oncle,
qui s'était barricadé dans l'apparte-
ment. l'empêcha d'entrer, lui et sa
femme.
Hier matin, le neveu espérant que
le vieillard s'était calmé, revint vers
9 heures. <
A ce moment, Franchi prétend que
Subini mit la main dans sa poche et,
sortant à moitié un revolver, intima ee
nouveau à son neveu l'ordre de signer
le papier de reconnaissance de dette·.
Franchi fit la sourde oreille, descen-
dit chercher sa femme et sa tante et
tous trois revinrent dans l'apparte-
ment. La discussion reprit de plus
belle.
Au paroxysme de la colère, l'oncle
mit à nouveau la main dans sa poche.
Se croyant menacé, Franchi, à son
tour, sortit un revolver et, à trois re-
prises, fit feu. Subini s'écroula mortel-
lement atteint.
Transporté à l'hôpital Saint-Antoine,
11 y rendait d'ailleurs peu après le der-
nier soupir.O ;·, ». ι ,.r. m."H
Le meurtrier, qui invoque la légiti-
me défanse, a été écroué.
Le feu dévore huit maisons
d'un village savoyard
Plusieurs familles «ont ruinée«
et seize personnes te trouvent
(ans abri
Briançon, 1er novembre· â Perché à.
1.500 mètres d'altitude, au fond d· la
vallé* de la Valoise, le petit village du
Puy-St-Vincent allait s'endormir, lorsque
le feu se déclara dans une maison ap-
partenant à M. celestin Roux.
C'est le neveu de ce dernier, le jeune
René, qui aperçut le premier les flam-
mes qui, après avoir dévoré la toiture,
se communiquaient à sept maisons. Le
tocsin sonna à. toute volée et, bientôt, de
toute la vallée des secours arrivèrent.
Bien que les pompes eussent été
branchées sur le torrent, les pompiers
durent se rendre compte qu'il leur était
impossible de lutter contre le brasier ar-
dent que représentaient les huit maisons
en flammes. Ils durent se contenter de
circonscrire le sinistre en protégeant une
neuvième maison, distante d'une quin-
zaine rte mètres du terrible foyer.
Seize personnes se trouvent sans abri.
Une famille, à elle seule, compte huit en-
fants. Ce sera la misère pour ces pau-
vres gens qui, en cette saison, avaient
déjà emmgasiné la faible récolte si du-
rement acquise en ces terres désolées et
rocailleuses.
AYEZ-VOUS LU
la 6e page
du
"Populaire" d'hier?
Comment les Croix de Feu
occupent la voie publique
et font leur "police"
Encore un exemple
d'occupation de route
Dans le dernier numéro de l'Eveil
Normand, hebdomadaire catholique pa-
raissant à Caen, nous trouvons repro-
duite la lettre suivante, écrite à son
journal par une abonnée indignée :
Je me rendais en automobile, lundi
soir, chez mes parents près de Versori,
accompagnée par ma soeur et un enfant
de onze ans. Il était environ 20 h. 30.
Tout à coup, un motocycliste me fait
arrêter, s'inquiète de mon itinéraire et
me dérive par une route que je ne de-
vais pas emprunter. Surprise, je m'éloi-
gne, je m'engage dans la route menant
à l'église de Verson, quand je suis ar-
rêtée à nouveau par plusieurs voitures
qui barraient complètement la route
vers l'Orangerie du Château.
Je m'informe, je demande le passage,
mais des hommes, parmi lesquels je re-
connais des Caennais, dont M. BONNIN,
marchand de cycles, rue Saint-Pierre,
déclarent : ;
« Vous passerez, quand nos autos se-
ront garées. »
Et nombreuses paraissaient être les
autos qui rentraient dans un herbage
du châtelain de Verson, M. Burthe. De-
vant cette mauvaise volonté évidente,
je me décide d'aller chercher le garde-
champêtre de Verson, afin qu'il m'ac-
compagne et constate le sans-gêne de
ces hommes dont on m'a dit qu'ils
étaient des Croix de Feu.
Voilà un témoignage impartial et
dont la source n'est pas suspecte.
Le rédacteur qui le publie et qui
n'est eans doute pas un « vendu du
; drapeau rouge a, ne peut se retenir de
« blâmer le sans-gêne » des Croix de
Feu.
Inutile de dire que nous partageons
entièrement, sinon sa surprise, du
moins son indignation.
Voilà encore un fait que nous si-
gnalons à M. Paganon, si toutefois il
existe un espoir de percer la majes-
tueuse indifférence de ce ministre si
]>eu curieux.
Et nous aimerions bien qu'en nous
répondant, il nous communique aussi
les résultats de l'enquête qu'il a sans
aucun doute ordonnée au sujet de l'oc-
cupation du passage à niveau de la
ligne d'Hirson, près de Laon, que nous
lui avons dénoncée ces jours-ci.
Croix de Feu et Front populaire
à Bourbon-l'Archambault
Moulins, 1er novembre. â Vingt-
quatre automobiles amenaient, hier
soir, & Bourbon l'Archambault, de nom-
breux membres des Croix de Feu qui
se proposaient d'y tenir une réunion.
Alertés, les membres du Front popu-
laire, au nombre de plusieurs centai-
ne«, se livrèrent alors à une contre-
manifestation.
Craignant des bagarres, la Municipa-
lité pria les gendarmes de veiller, mais
ceux-ci n'eurent pas à intervenir.
(Agence Radio.)
Des fascistes défoncent la nuit
la devanture d'un café
tenu par un de noi camarades
Une nouvelle agression fasciste s'est
déroulée l'autre nuit dans le 20· arron-
dissement.
Notre camarade Bayle, débitant, 4,
place Saint-Fargeau, dormait chez lui,
quand soudain deux détonations le ré-
veillèrent en sursaut. .Sa première im-
pression, et celle de sa femme, fut
qu'une explosion venait de se produire.
Se levant, il s'approcha de sa fenêtre
et aperçut sur le trottoir deux indivi-
dus qui regagnaient' précipitamment
uno 'automobile arrêtée, tous feux
éteints, au coin de la rue.
Bayle descendit précipitamment. Les
glaces de la devanture de son café
avalent volé en éclat. Au dehors, les
courageux -agresseurs avaient disparu
dans la nuit.
La police alertée fouilla en vain les
environs.
On retrouva dans le café deux gros
moëllons, en partis couverts de mous-
se, ce qui prouve que les automobilistes
étaient allés les chercher au loin.
Qui ne se sentira plein d'admiration
pour l'héroïsme des défenseurs de: l'or-
dre et de la propriété ?
Màis n'y a-t-il donc pas de petits
commerçants fascistes ?
ENCORE ÜN !
Un maire fasciste est arrêté
pour escroquerie
Caen, 1er novembre. â On a annon-
cé ces jours derniers l'arrestation à
Paris du maire d'Ouville-la-Bien-Tour-
née, canton de Saint-Pierre-sur-Dives.
M. Maurice Busnel, fromager, maire
d'Ouville, appartenait à une famille
particulièrement en vue dans la région.
Son arrestation et son transfert à la
prison de Lisieux, ne vont pas man-
quer de surprendre, d'autant plus que
ce fromager militait activement dans
les partis dits « nationaux » et chez
les Croix de Feu.
11 est inculpé d'escroqueries...
Echec au fascisme à Châteauroux
Châteauroux, ... octobre (Populaire).
La Solidarité française avait organisé
une réunion dans une salle privée, à
Châteauroux, lundi dernier, à 20 h. 30.
Toutes les autres organisations fascis-
tes étaient invitées. En tout, cela a fait
ôOO auditeurs.
Jean Renaud a, parait-il, déclaré que
la Solidarité aurait ses candidats aux
élections législatives !
En réplique, le Front populaire a
contre-manifesté le même jour, à la
même heure, dans une autre salle. Sans
argent, par tracts, il a fait en deux
Jours une mobilisation de 1.200 travail-
leurs, parmi lesquels se trouvaient des
représentants de tous les antifascistes
du département. Issoudun, à lui seul, a
envoyé 160 manifestants, député et mai-
re (notre ami Mérillac) en tête.
La salle a, dans l'enthousiasme, écou-
té les orateurs de toutes les organisa-
tions : Gantier (P.C.), Delmas (J.S.K
Tessier (C.G.T.), Parpáis (S.F.I.O.), Des-
chizeaux (député néo), Chasseigne (dé·
puté pupiste) et Hymans (député socia-
liste indépendant).
Les fascistes se sont tenus bien sa-
ges. L'effet de la contre-manifestation
a été considérable dans tout le dépar-
tement.
Lisez aujourd'hui
dans
La Banque de Frarce
unjouueau coup
Dans lès Kiosques. Le n't Un franc
ABONNEZ-VOUS
ABONNEZ-VOUS
Désirant faire
connaître mes produits
j'expédie directement Mr
DhP
BOUTEILLES
¿Irmagnac
GTratfoc "Fine
20 ANS DE FUT. -- 40°
Mise en bouteilles au Domaine
Expédition Iran co domicile contr·
remboursement de 85 1rs (Droite lÎMjlWlHIBBH Î le
de Birle compris) sur commande* ·Î·ÎΡ
aareaeéee i M. C. M OUR, Mi IfflB
Domimi flu iwnur. fleuhbhce (Pars) «mW BmHiBfa
Envol d'échantillon-dégustatlon But JmhF? mm. JaBSa
contre mandat de 5 fr. Remboursé
en cas de commande ultérieure.
η 82. Feuilleton du Populaire. 2-11-35
Troisième Partie: En Vendée
LIVRE QUATRIEME
LA MERE
XV. â Ne pas mettre d«ns U même poche
une montre et une clef
Halmalo s'interrompit.
â Ah I monseigneur, quand je pense que nous avons
"été en pleine mer, que nous étions seuls, que je voulais
vous tuer, que vous étiez mon seigneur, que vous pou-
viez me le dire, et que you$ ne oee l'avez pai dit J
Quel homme vous êtes J
Le marquis reprit :
â L'Angleterre. U n'y a plus d'autre ressource. Il
faut que dans quinze ¡ours les Anglais soient en France.
â J'aurai bien des comptes à rendre à monseigneur.
J'ai fait ses commissions.
â Nous parlerons de tout cela demain.
â A demain, monseigneur. ·.'
â A propos, as-tu faim ?
â Peut-être, monseigneur. J'étais si pressé .d'arriver
que je ne sais pas si j'ai mangé aujourd'hui.
Le marquis tira de sa poche une tablette de chocolat,
ia cassa en deux, en donna une moitié à Halmalo et se
mit à manger l'autre.
â Monseigneur, dit Halmalo, à votre droite, c'est
le ravin ; à votre gauche, c'est la forêt.
â C'est bien. Laisse-moi. Va de ton côté.
Halmalo obéit. 11 s'enfonça dans l'obscurité. On en-
tendit un bruit de broussailles froissées, puis plus rien.
Au bout de quelques secondes il eût été impossible
de ressaisir sa trace. Cette terre du Bocage, hérissée et
inextricable, était l'auxiliaire du fugitif. On ne disparais-
sait pas, on s'évanouissait. C'est cette facilité des dis-
persions rapides qui faisait hésiter nos armées devant
cette Vendée toujours reculante, et devant ses combat-
tants si formidablement fuyards.
Le marquis demeura immobile. Il était de ces homme«
qui s'efforcent de ne rien éprouver ; mais il ne put se
soustraire à l'émotion de respirer l'air libre après avoir
respiré tant de sang et de carnage. Se sentir complè-
tement sauvé après avoir-été complètement perdu ;
après la tombe vue de si près, prendre possession de la
pleine sécurité ; sortir de la mort et rentrer dans la
vie, c'était là, même pour un homme comme Lantenac,
une secousse ; et, bien qu'il en eût déjà traversé de
pareilles, il ne put soustraire son âme imperturbable
à un ébranlement de quelques instants. Il s'avoua à lui-
même qu'il était content. Il dompta vite ce mouvement
qui. ressemblait presque à de la joie.
Il tira sa montre, et la fit sonner. Quelle heure
était-il ?
A son grand étonnement, il n'était que dix heures.
Quand on vient de subir une de ces péripéties de la vie,
⢠humaine où tout a été mis en -question, on est toujours.
stupéfait que des minutes si pleines né soient pas|
plus longues que' les autres. Le coup de canon d'aver-
tissement avait été tiré un peu avant le coucher du
soleil, ei la Tourgue avait été abordée par la colonne
d'attaque une demi-heure après, entre sept et huit heu-
res, à la nuit tombante. Ainsi, ce colossal combat, com-
mencé à huit heures, était fini à dix. Toute cette épopée
avait duré cent vingt minutes. Quelquefois une rapidité
d'éclair est mêlée aux catastrophes. Les événements ont
des raccourcis surprenants.
En y réfléchissant, c'est le_contraire qui eût pu éton-
ner ; une résistance de deux heures d'un si petit nombre
contre un si grand nombre était extraordinaire, et certes
elle n'avait pas été courte, ni tout de suite finie, cette
bataille de dix-neuf contre quatre mille.
Cependant il était temps de s'en aller, Halmalo devait
être loin, et le marquis jugea qu'il n'était pas nécessaire
de rester là plus longtemps. Il remit sa montre dans sa
veste ; non dans le même poche, car il venait de remar-
quer qu'elle y était en contact avec la clef de la porte de
fer que lui avait rapportée l'Imânus, et que le verre de
st montre pouvait se briser contre cette clef ; et il se
disposa à gagner à son tour la forêt.
Comme il allait prendre à gauche, il lui sembla qu'une
sorte de rayon vague pénétrait jusqu'à lui.
Il se retourna, et, à travers les broussailles nettement
découpées sur un fond rouge et devenues tout à coup
visibles dans leurs moindres détails, il aperçut une
grande lueur'dans le ravin. Il y marcha, puis se ravisa,
trouvant inutile de l'exposer à cette clarté, quelle qu'elle
fût f ce n'était pas son affaire après tout ; il· reprit la
direction que lui avait montrée Halmalo et fit quelques
pas vers la forêt.
Tout à coup, profondément enfoui et caché sous les
ronces, il entendit sur si tête un cri terrible ; ce cri
. semblait partir du rebord même du plateau au-dessus du
ravin. Le marquis leva les yeu* et s'arrêta.
LIVRE CINQUIEME
IN DAEMONE DEUS
I. â Trouvés, mais perdus
Au moment où Michelle Fléchard avait aperçu la tour
rougie par le soleil couchant, elle en était à plus d'une
lieue. Elle qui pouvait à peine faire un pas, elle n'avait
point hésité devant cette lieue à faire. Les femmes soni
faibles, mais les mères sont fortes. Elle avait marché.
Le soleil s'était couché, le crépuscule était venu, puis
l'obscurité profonde ; elle avait entendu, marchant tou-
jours, sonner au loin, à un clocher qu'on ne voyait pas,
huit heures, puis neuf heures. Ce clocher était probable-
ment celui de Parigné. De temps en temps elle s'arrêtait
pour, écouter des espèces de coups sourds qui étaient
peut-être un des fracas vagues de la nuit.
Elle avançait droit devant elle, cassant les ajoncs et
les brandes aiguës sous ses pieds sanglants. · Elle était
guidée par une faible clarté qui se dégageait du donjon
lointain, le faisait saillir, et donnait dans l'ombre I cette
tour un rayonnement mystérieux. Cette clarté devenait
plus vive quand les coups devenaient plus distincts, puis
elle s'effaçait.
Le vaste plateau où cheminait Michelle Fléchard n'était
qu'herbe et bruyère, sans une maison ni un arbre ; il
s'élevait sensiblement, et, à perte de vue, appuyait sa
longue ligne droite et dure sur le sombre horizon étoilé.
Ce qui la soutint dans cette montée, c'est qu'elle avait
toujours la tour sous ¡es yeux.
Elle la voyait grandir lentement.
Les détonations étouffées et les lueurs pâles qui sor-
taient de la tour avaient, nous venons de le dire, des
intermittences ; elles s'interrompaient, puis reprenaient,
proposant on ne sait quelle poignante énigme à la miséra-
ble mère en détresse.
Brusquement elles cessèrent ; tout s'éteignit, bruit et
clarté ; il y eut un moment de plein silence, une sorts
de paix lugubre se fit.
C'esc en cet instant-là que Michelle Fléchard arriva au
bord du plateau. " ,
Elle aperçut à ses pieds un ravin dont le fond se perdait
dans une blême épaisseur de nuit ; à quelque distance, sur
le haut du plateau, un enchevêtrement de roues, de talus
et d'embrasures qui était une batterie de canons ; et, devant
elle, confusément éclairé par les mèches allumées de la
batterie, un énorme édifice qui semblait bâti avec des
ténèbres plus noires que toutes les autres ténèbres qui
l'entouraient.
Cet édifice se composait d'un pont dont les arches
plongeaient dans le ravin, et d'une sorte de château qui
s'élevait sur le pont, et le château et le pont s'appuyaient
à une, haute rondeur obscure, qui était la tour vera
laquelle cette mère avait marché de si loin.
Çn voyait des clartés aller et venir aux lucarnes de la
tour et, à une rumeur qui en sortait, on la devinait pleine
d'une foule d'hommes dont quelques silhouettes débor-
daient en haut jusque sur la plate-forme.
Il y avait près de la batterie un campement dont Michelle
Fléchard distinguait les vedettes ; mais, dans l'obscurité et
dans les broussailles, elle n'en avait pas été aperçue.
Elle était ^parvenue au bord du plateau, si près du pont
qu'il lui semblait presque qu'elle y .pouvait toucher avec
la main. La profondeur du ravin l'eu séparait. Elle dis-
tinguait dans l'ombre les trois étages du château du pont,
(à suivie)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Philipon Charles Philipon Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Philipon Charles" or dc.contributor adj "Philipon Charles")Petit journal pour rire : aux bureaux du journal amusant, du musée français-anglais et des modes parisiennes / dir. Ch. Philipon ; réd. en chef Nadar /ark:/12148/bd6t51422839x.highres Journal amusant : journal illustré, journal d'images, journal comique, critique, satirique, etc. /ark:/12148/bd6t5142948w.highresAudibert Auguste Audibert Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Audibert Auguste" or dc.contributor adj "Audibert Auguste") Desnoyers Louis Desnoyers Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desnoyers Louis" or dc.contributor adj "Desnoyers Louis") Gonzalès Emmanuel Gonzalès Emmanuel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Gonzalès Emmanuel" or dc.contributor adj "Gonzalès Emmanuel")
- Auteurs similaires Philipon Charles Philipon Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Philipon Charles" or dc.contributor adj "Philipon Charles")Petit journal pour rire : aux bureaux du journal amusant, du musée français-anglais et des modes parisiennes / dir. Ch. Philipon ; réd. en chef Nadar /ark:/12148/bd6t51422839x.highres Journal amusant : journal illustré, journal d'images, journal comique, critique, satirique, etc. /ark:/12148/bd6t5142948w.highresAudibert Auguste Audibert Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Audibert Auguste" or dc.contributor adj "Audibert Auguste") Desnoyers Louis Desnoyers Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desnoyers Louis" or dc.contributor adj "Desnoyers Louis") Gonzalès Emmanuel Gonzalès Emmanuel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Gonzalès Emmanuel" or dc.contributor adj "Gonzalès Emmanuel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k8220995/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k8220995/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k8220995/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k8220995/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k8220995
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k8220995
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k8220995/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest