Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1924-06-02
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 36344 Nombre total de vues : 36344
Description : 02 juin 1924 02 juin 1924
Description : 1924/06/02 (Numéro 1406). 1924/06/02 (Numéro 1406).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k8187970
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
9e ANNEE. â N" 1406
LUNDI 2 JUIN 1924
Directeurs Politiques:
I LÉON BLUM «JEAN LONGUET
Rédacteur en Chef:
PAUL F AU RE
! Administrateur-Délégué :
oCOiWPÈRE -MOREL
Abonnements: 3moi» 6mois 1»n
Seir.c et Seine-eijOise M'so 24- 46.
Départements 13. 25- 4®-
Etranger 22. 43
CHÈQUE POSTAL 279-37
i * À
2,0 Centimes
le populaire
de Paris
JOURNAL.
socialiste
32,RUE Feydcau(2!) Adresse télégraphique MIPOPUL-PARIS .Téléphone:CENTRAL 07.47.LOUVRE 47-39
Ô jpartir de 22 heures : 9 Rue Louis.le.Grand_Gutenbérg 01-20.
Seul le Socialisme fera de choque natta
enfin réconciliée avec elle-mème, une
parcelle d'humanité. JEAN JAURÈS.
LÂ PREMIÈRE JOURNEE DO CONGRES SOCIALISTE
Les délégués ont été unanimes à prononcer l'exclusive contre M. Millerand
Première décision
« Le groupe parlementaire combattra
tiit gouvernement oui accepterait de se
constituer sons l'égide fe m.millerand »
Il y a longtemps que le Parti socialiste
ne s'était trouvé devant un aussi grave
problème que celui devant*lequel il se
â trouve aujourd'hui.
Au lendemain d'une consultation électo-
rale qui a profondément changé la phy-
sionomie politique du pays, et qui a été,
pour le socialisme, l'occasion d'une victoi-
re que personne ne conteste, il s'agit en
effet pour nous de tirer le meilleur parti
de cette victoire et d'appliquer à la situa-
tion politique actuelle les méthodes et les
iforces d'action de notre Parti.
Il s'agit pour nous de travailler de la
façon la plus efficace à l'établissement de
la paix dans le monde, à la consolidation
des conquêtes démocratiques, aux réfor-
mes que réclame la classe ouvrière et pay-
sanne, à l'éducation politique et à l'orqa-
nisation du prolétariat, au maintien et au
développement de notre idéal révolution-
naire.
C'est avec le sentiment de ces obliga-
tions impérieuses que se sont réunis, hier,
les délégués de la France socialiste.
C'est avec ce sentiment que s'est insti-
tuée une discussion souvent chaude 11
passionnée, toujours amicale et courtoise.
C'est avec ce sentiment que le Congrès
a tenu, avant toute autre besogne, àk dé-
clarer que le premier, signe du changement
politique résultant des élections du 11 mai
devait être â le départ de M. Millerand,
symbole encore vivant de la politique du
Bloc National défunt.
C'est avec ce sentiment que le Congres
a poursuivi ses travaux hier et les pour-
suivra encore aujourd'hui.
J.-B. SÉVËRAC.
C'est à la Bellevilloise, 23, rue Boyer,
que s'est ouvert, à 9 heures du matin, no-
tre Congrès extraordinaire.
Dèç .neuf heures, les délégués, très nom-
breux, arrivent par petits groupes sympa-
thiques et prennent place dans la salle
inondée de soleil et décorée de drapeaux
rouges.
Les journalistes s'installent autour des
tables qui leur sont réservées. Nos confrè-
res étrangers sont nombreux. Il y a là de
Brouckère, du vaillant journal le Peuple
de Bruxelles. Auprès de lui viennent s'as-
seoir des confrères russes, autrichiens,
hongrois, tchécoslovaques, etc.
*-*»
A 10 heures, Paul Faure déclare le Con-
grès ouvert. La première séance est prési-
dée par notre ami Barrion, secrétaire de
la Fédération de Seine-et-Oise, organisatri-
ce du Congrès, assisté des camarades Bou-
tet et Valette, sénateur de la Drôme.
Il salue les congressistes. Il dit quel eût
été le plaisir de sa Fédération de recevoir
les délégués du Parti à Versailles, où fut
signé le traité de paix, dont le socialisme
international poursuit la révision, si cela
avait été possible.
Barrion souligne ensuite la victoire du
11 mai qui marque un pas en avant vers
l'émancipation du prolétariat.
Le Parti doit réaliser les réformes atten-
dues par la classe ouvrière et assurer la
paix universelle.
Le discours de Barrion est très applaudi
Hubert-Rouger donne quelques préci-
sions sur les élections du 11 mai.
â¢49 socialistes ont été élus hors de toute
liste de cartel ; 62 ont été élus sur les listes
de coalition.
LE CAS MiLLERAND
Puis Hubert-Rouger demande au Con-
grès de se prononcer tout d'abord sur 1©
,cas Millerand.
UNE MOTION RENAUDEL EST VOTÉE
PAR ACCLAMATIONS
Pierre Renaudel donne lecture de la mo-
tio» suivante :
Le Parti socialiste enregistre comme un
premier résultat logique de la défaite du
Bloc National la retraite du ministère
Poincaré.
Il constate que le président de la Répu-
blique se refuse, en ce qui le concerne, à
comprendre l'indication formelle de la na-
tion.
Le Congrès rappelle que le président de
la République est, à plusieurs reprises,
sorti de l'impartiale neutralité de sa fonc-
tion, soit en déterminant une crise minis-
térielle à une heure particulièrement grave
où le Gouvernement et le Parlement de-
vaient être laissés maîtres de leur action,
soit en se jetant ostensiblement dans la
bataille des partis, par des discours ou
Pâr des messages de presse qu'il n'a pas
démentis comme interprétant faussement
ses paroles.
Devant la première menace que consti-
tue pour l'action de la majorité républi-
caine le nouveau message officieux paru
dans le « Matin » du 31 mai,
Constatant que toute action politique
gouvernementale serait viciée à son ori-
gine et menacée dans son développement
par un choix et des intrigues dépendant
de l'actuel président de la République ;
Convaincu de répondre au voeu exprimé
le 11 mai, le Parti socialiste décide :
1° Le Groupe parlementaire reçoit man-
dat de combattre tout Gouvernement qui
accepterait de se constituer et d'agir sous
l'égide de M. Millerand ;
2° Au cas, où M. Millerand, poussant
plus loin l'obstination trouverait un com-
plice parlementaire en dehors de la majo-
rité du 11 mai, pour assumer la responsa-
bilité de violenter ou de détourner les dé-
cisions du suffrage universel, la Commis-
sion administrative permanente et le Grou-
pe parlementaire sont mandatés pour en-
gager immédiatement avec le concours de
toutes les Fédérations du Parti, une cam-
pagne d'agitation destinée à faire respec-
ter la volonté du
Coude et Compère-Morel présentent quel-
ques observations. Compère-Morel voudrait
un texte plus court.
Moutet préférerait une autre tactique
que celle qui consiste à ouvrir une crise
présidentielle avant la constitution du mi-
nistère.
Il souligne les manoeuvres des réaction-
naires tendant à faire baisser le franc.
Pour l'orateur, les conditions de lutte
contre Millerand seraient meilleures si un
ministère da- gauche était préalablement
constitué. C'est dans ce sens que conclut
Moutet.
Zyromski (Seine)-propose au Congrès de
voter le texte adopté par la Fédération de
la Seine. Ce texte est court et précis.
Après quelques observations présentées
par Uhry, Léon Blum demande au Congrès
de voter par acclamation un texte.
Celui de Renaudel lui donne satisfaction
mais comme quelques objections ont; été
présentées on pourrait voter le texte de la
Fédération de la Seine.
Renaudel ne croit pas que le texte de la
Seine réponde aux nécessités du moment.
Il était bon il y a deux jours, il ne l'est
plus aujourd'hui après la dernière manoeu-
vre de Millerand.
Après cette, déclaration le Congrès vote
à l'unanimité et par acclamation la mo-
tion Renaudel dont le texte est chaleureu-
sement applaudi.
LR POLITIQUE DU PARTI
Le cas Millerand tranché, le Congrès
aborde la discussion sur l'attitude du Par-
ti en présence de la situation politique
actuelle.
Paul Faure indique que la C. A. P. a
décidé, étant donné que le Congrès a une
courte durée, de limiter le temps de cha-
aue orateur à une demi-heure.
Fieu, délégué du Tarn
Fieu, du Tarn, est le premier orateur
inscrit. Il défend la motion présentée par
s'a Fédération et qui t.end à la participation
ministérielle.
Il rappelle l'oeuvre de Jaurès dans son
département.
Grâce à l'action du grand tribun dispa-
ru la démagogie bolcheviste n'a pas fait
de ravages là-bas.
L'orateur croit que les conditions posées
par la motion d'Amsterdam sont réali-
sées. La participation est indispensable. II
faut résoudre le problème de la paix et
réaliser de grandes réformes réclamées par
la,classe ouvrière;
La politique de soutien est insuffisante
pour cela.
En terminant, Fieu donne lecture de la
première partie et de la conclusion de la
dernière circulaire que Jaurès adressait à
ses électeurs :
Citoyens,
Je vous prie de me continuer mon man-
dat que j'ai conscience d'avoir rempli fidè-
lement et activement.
Je me suis associé de tout coeur à tous
les efforts du grand Parti socialiste pour la
paix internationale et la justice sociale.
Une des plus grandes joies de ma vie,
c'est d'avoir contribué à améliorer la re-
traite des ouvriers mineurs. C'est sur mon
intervention que le gouvernement a pris
l'engagement formel de compléter à 730
francs la..
Donnez-moi mandat, vous tous, travail-
leurs, vous tous républicains sincères, de
continuer au Parlement la lutte pour la
République, pour la Paix, pour le progrès
social, pour le développement de l'ensei-
gnement laïque et de la raison, pour le tra-
vail et pour la paix. Jean JAURES.
Notre grand ami, dit l'orateur, s'intéres-
sait à l'action réformatrice. C'est au sein
du gouvernement que le Parti peut faire
oeuvre utile.
UNE MOTION D'ORDRE
Rivalli, des Bouches-du-Rhône, présente
une motion d'ordre tendant ' à " limiter le
nombre des orateurs. Les représentants
des tendances pourraient se réunir pour
cela.
Renaudel, Paul Faure et Léon Blum in-
terviennent. Ils proposent que la discus-
sion soit close ce soir sur le principe de la
collaboration. Puis on examinera, s'il y
a lieu, ce que sera la politique de soutien.
Paul Faure donne lecture de la lettre de
M. Herriot publiée hier par le « Popu-
laire ».
Alexandre Varenne affirme que les deux
questions sont liées. Elles doivent être trai-
tées ensemble.
Marquet partage l'avis de Varenne et se
prononce contre la motion d'ordre déposée
par Rivelli.
Renaudel dit que le Parti doit répondre
à l'offre de M. Herriot et qu'il faut pour
cela que le congrès soit informé des inten-
tions précises du futur chef du gouverne-
ment radical. Pour cela il faut autoriser
une délégation qui se rendra cet après-
midi à la réunion plénière des gauches
afin d'y faire connaître la motion votée
contre Millerand et d'avoir en même temps
une conversation avec M. Herriot.
Jean Longuet pense comme Paul Faure.
Deux questions se posent : 1° La participa-
tion ; 2" La politique de soutien, et qu'il
faut se prononcer successivement sur ces
deux questions, et il se rallie à la motion
des Bouches-du-Rhône. Il demande que
l'opinion de chaque tendance soit exposée
par, chacune, quatre orateurs.
Compère-Morel reprend la proposition
Paul Faure. Le congrès veut-il se pronon-
cer en toute clarté ? Pour cela, i1 faut qu'il
dise d'abord si on est pour la narticipa-
tion. Si on répond non, le congrès aura à
examiner les conditions de la politique de
soutien.
Compère-Morel formule nettement sa
proposition et demande au congrès de se
prononcèr sur elle par appel nominal.
Guernut préfère que le congrès vote la
proposition Renaudel.
Grumbach dit que sa fédération ne s'op-
pose pas à la participation éventuelle.
Mais cette participation doit être entou-
rée de garanties que le_ Parti radical doit
donner.
Renaudel dit que la proposition Com-
père-Morel ne peut être rétenue.
Aucune décision précise n'est prise.
COMMISSION DE VERIFICATION
DES MANDATS
Le congrès nomme sa Commission de vé-
rification des mandats.
LA SËAnCE DE L'APRÈS-MIDI
Reboul préside la séance de l'après-midi,
assisté de Maillot-Duparc (Cher), et Bou-
gros (Moselle).
La discussion générale est ouverte.
Le citoyen Durel prend la parole au nom
de la Fédération de Tunisie. Celle-ci est
opposée, dit-il," à toute participation au
pouvoir.
(Vofr la suite en troisième page.)
LA DEMISSION DU CABINET POinCARË
Le dernier Conseil des Ministres
Dès dix heures, hier matin, des curieux
étaient groupés en assez grand nombre
rue du Faubourg-Saint-Honoré, devant
l'entrée du palais dé l'Elysée, pour assis-
ter à l'arrivée des membres du cabinet
Poincaré qui devaient venir remettre
leurs démissions au président de la Répu-
blique.
Un peu avant 10 h. 1/4, M. Louis Ma-
rin, ministre des Régions libérées, péné-
trait dans la cour d'honneur, bientôt sui-
vi de M. Poincaré, et l'on voyait se suc-
céder, en quelques minutes, arrivant les
uns en automobile, les autres à pied, tous
les autres ministres, à l'exception de M.
Maginot, ministre de la Guerre et des pen-
sions, qui serait retenu à Bar-le-Duc.
A onze heures et quart, M. Poincaré
descendait le perron : « Je n'ai rien à vous
apprendre de plus que ce que vous savez »,
répondit-il aux questions des journalistes,
en prenant place dans son automobile.
A l'issue de la réunion, la communica-
tion suivante a été faite à la presse par
la présidence de la République :
Les ministres se sont réunis ce matin à
dix heures et demie à l'Elysee pour remet-
tre leurs déplissions entre "es mains du
président de la République, qui les a ac-
ceptées.
Les ministres démissionnaires restent
chargés d'expédier les affaires courantes.
SES DERNIERS ACTES
D'autre part la communication suivante a été
faite au ministre de l'inférieur, p.ar le ministre,
M. de Selves
Les ministres ont tenu un dernier Con-
seil ce matin à l'Elysée, sous la prési-
dence de M. Millerand.
Le Conseil a adopté/ conformément à
l'avis du Conseil d'Etat et à la suite dès
modifications de détail apportées par lui,
les décrets de compressions de dépenses
concernant les ministères suivants :
Justice, Intérieur, Guerre, Marine, Agri-
culture, Instruction publique, Colonies,
Travail et Pensions.
Les économies ainsi réalisées pour l'exer-
cice 1924, tant par décrets en ce qui con-
cerne le budget général, que par réduc-
tions de crédits en ce qui concerne le bud-
get spécial, s'élèvent à ce jour à 425 mil-
lions.
LE TEXTE DE LA LETTRE
DE DEMISSION
A l'issue du Conseil, M. Poincaré a re-
mis au président de la République la dé
mission collective du ministère par la let-
tre suivante :
Paris, 1er juin 1924.
Monsieur le Président,
Conformément à la décision que le gou-
vernement a prise au lendemain des élec-
tions générales, nous avons l'honneur de
vous remettre la démission collective du
cabinet.
Veuillez agréer, Monsieur -le Président,
l'assurance de notre respectueux dévoue-
ment.
Cetté lettre était signée par M. Poincaré
et par .tous les-ministres.
La réunion plénière des Gauches proclame s
« Que le maintien à l'Elysée de M. Millerand
blesserait la conscience républicaine. »
C'est au nombre de 303 que les députés
assistaient à la réunion plénière des gau-
ches, qui s'est tenue hier, à 13 heures, au
palais d'Orsay.
Ml Herriot, qui arrive dans la salle de
son pas paisible, la pipe à la bouche, est
salué par une formidable acclamation. On
le désigne immédiatement comme prési-
dent. Comme assesseurs, et dans le même
enthousiasme, l'assemblée désigne M.
Painlevé qui prend place à la droite de
M. Herriot, et léon Blum qui prend place
à sa gauche.
La réunion a été, du reste, fort courte.
La candidature de M. Paul Painlevé à la
présidence de la Chambre a été ratifiée à
l'unanimité par acclamations.
Le candidat des gauches a reçu l'acco-
lade de M. Herriot et de Léon Blum.
M. Herriot donna ensuite lecture, au mi-
lieu du plus grand silence du texte de
l'ordre du jour voté le matin même par le
parti républicain radical et radical-socia-
liste.
Renaudel déclara, au nom du Parti so-
cialiste S.F.I.O., qu'il s'y ralliait ; après
lui, M. Violette, au nom des républicains
socialistes et des socialistes français, dé-
clara également s'y rallier.
On vota à mains levées. L'unanimité fut
faite ; la contre-épreuve exigée le prouva
abondamment.
Alors, M. Herriot se leva, et, aux applau-
dissements de l'assistance, donna l'acco-
lade à ses deux assesseurs, Blum et M.
Painlevé.
LE TEXTE ADOPTÉ
Voici le texte que la réunion dés gau-
ches a adopté :
Le groupe des députés membres du par-
ti républicain radical et radical socialiste,
considérant qu>e M. Alexandre Millerand,
président de la République, a, contraire-
ment à l'esprit de la Constitution, soutenu
une politique personnelle, considérant qu'il
a pris ouvertement parti pour le Bloc Na-
tional, considérant que la politique du Bloc
National a été condamnée par le pays, es-
time que le maintien à l'Elysée de M. Mil-
lerand. blesserait' la conscience républicai-
ne. serait la source de conflits incessants
entre le gouvernement- et le chef de l'Etal
et un danger constant pour le régime lui-
même
A la réunion spéciale des radicaux. MM.
Klotz, Albert Milhaud. Valude et Queuille
s'étaient abstenus sur le vote de ce texte.
M. Accambray avait, à la même réunion,
présenté le texte suivant :
Le groupe des députés membres. du (Parti ré-
publicain radical et radical-socialiste, considé-
rant que le citoyen 'Millerand, président de la
République* a, contrairement à l'esprit, de la
Constitution, soutenu une politique personnelle,
considérant qu'il a pris ouvertement parti pour
le Bloc National, considérant que la politique du
Bloc National a été vaincue aux-élections, esti-
me que -le maintien à l'Elysée du citoyen Mille-
rand. blesserait la conscience publique, déclare
qu'aucun membre du Parti radical et radical-so-
cialiste ne peut accepter du président Millerand
-le mandat de former un ministère.
M. Herriot s'était opposé au vote du tex-
te de M. Accambray, en disant :
Cette motion comporte deux parties : sur la
première, qui concerne la question du président
de la république, vous avez la plus entière li-
berté de vous prononcer ; je ne chercherai en
aucune manière à influencer votre décision.
Quant à la seconde partie, visant mon action
subséquente, je ne puis l'admettre. Je n'admets
aucun mandat impératif ; j'entends être abso-
lument libre ; je ne puis accepter qu'un mandat
â¢de confiance, de confiance absolue. Si je devais
être un chef de gouvernement démocrate, je na
veux être qu'un chef de gouvernement libre.
L'ATTITUDE
DES REPUBLICAINS SOCIALISTES
De son côté, le groupe républicain-socia-
liste et le Parti socialiste français, s'étant
réunis à 11 heures, à la Chambre, avaient
communiqué, à l'issue de leur séance, la
résolution suivante :
Le groupe républicain-socialiste et le Parti so-
cialiste français, délibérant eu commun, déci-
dent a l'unanimité qu'il esl absolument impos-
sible de concevoir la moindre collaboration avec
VI. Millerand qui a méconnu les devoirs de sa
charge, en assumant la direction de la politique
étrangère et de la politique intérieure dans un
sens condamné par le pays. \
Le Congrès de l'Internationale syndicale
se réunit à Vienne
Vienne, 1er juin. â Le troisième congrès
ordinaire de la Fédération syndicale inter-
nationale s'ouvrira le' 2 juin à Vienne.
Plusieurs rapports seront présentés à cette
assemblée, notamment un long rapport de
Léon Jouhaux sur l'action des travailleurs
contre la guerre et le militarisme. Les so-
cialdémocrates autrichiens organisent plu-
sieurs manifestations de sympathie en
l'honneur des congressistes.
Réunion du Comité Exécutif
v de l'Internationale
D'autre part le Comité exécutif de l'In-
ternationale socialiste se réunira le 5 juin
à Vienne. Bracke et Longuet assisteront à
cette réunion.
LUNDI 2 JUIN 1924
Directeurs Politiques:
I LÉON BLUM «JEAN LONGUET
Rédacteur en Chef:
PAUL F AU RE
! Administrateur-Délégué :
oCOiWPÈRE -MOREL
Abonnements: 3moi» 6mois 1»n
Seir.c et Seine-eijOise M'so 24- 46.
Départements 13. 25- 4®-
Etranger 22. 43
CHÈQUE POSTAL 279-37
i * À
2,0 Centimes
le populaire
de Paris
JOURNAL.
socialiste
32,RUE Feydcau(2!) Adresse télégraphique MIPOPUL-PARIS .Téléphone:CENTRAL 07.47.LOUVRE 47-39
Ô jpartir de 22 heures : 9 Rue Louis.le.Grand_Gutenbérg 01-20.
Seul le Socialisme fera de choque natta
enfin réconciliée avec elle-mème, une
parcelle d'humanité. JEAN JAURÈS.
LÂ PREMIÈRE JOURNEE DO CONGRES SOCIALISTE
Les délégués ont été unanimes à prononcer l'exclusive contre M. Millerand
Première décision
« Le groupe parlementaire combattra
tiit gouvernement oui accepterait de se
constituer sons l'égide fe m.millerand »
Il y a longtemps que le Parti socialiste
ne s'était trouvé devant un aussi grave
problème que celui devant*lequel il se
â trouve aujourd'hui.
Au lendemain d'une consultation électo-
rale qui a profondément changé la phy-
sionomie politique du pays, et qui a été,
pour le socialisme, l'occasion d'une victoi-
re que personne ne conteste, il s'agit en
effet pour nous de tirer le meilleur parti
de cette victoire et d'appliquer à la situa-
tion politique actuelle les méthodes et les
iforces d'action de notre Parti.
Il s'agit pour nous de travailler de la
façon la plus efficace à l'établissement de
la paix dans le monde, à la consolidation
des conquêtes démocratiques, aux réfor-
mes que réclame la classe ouvrière et pay-
sanne, à l'éducation politique et à l'orqa-
nisation du prolétariat, au maintien et au
développement de notre idéal révolution-
naire.
C'est avec le sentiment de ces obliga-
tions impérieuses que se sont réunis, hier,
les délégués de la France socialiste.
C'est avec ce sentiment que s'est insti-
tuée une discussion souvent chaude 11
passionnée, toujours amicale et courtoise.
C'est avec ce sentiment que le Congrès
a tenu, avant toute autre besogne, àk dé-
clarer que le premier, signe du changement
politique résultant des élections du 11 mai
devait être â le départ de M. Millerand,
symbole encore vivant de la politique du
Bloc National défunt.
C'est avec ce sentiment que le Congres
a poursuivi ses travaux hier et les pour-
suivra encore aujourd'hui.
J.-B. SÉVËRAC.
C'est à la Bellevilloise, 23, rue Boyer,
que s'est ouvert, à 9 heures du matin, no-
tre Congrès extraordinaire.
Dèç .neuf heures, les délégués, très nom-
breux, arrivent par petits groupes sympa-
thiques et prennent place dans la salle
inondée de soleil et décorée de drapeaux
rouges.
Les journalistes s'installent autour des
tables qui leur sont réservées. Nos confrè-
res étrangers sont nombreux. Il y a là de
Brouckère, du vaillant journal le Peuple
de Bruxelles. Auprès de lui viennent s'as-
seoir des confrères russes, autrichiens,
hongrois, tchécoslovaques, etc.
*-*»
A 10 heures, Paul Faure déclare le Con-
grès ouvert. La première séance est prési-
dée par notre ami Barrion, secrétaire de
la Fédération de Seine-et-Oise, organisatri-
ce du Congrès, assisté des camarades Bou-
tet et Valette, sénateur de la Drôme.
Il salue les congressistes. Il dit quel eût
été le plaisir de sa Fédération de recevoir
les délégués du Parti à Versailles, où fut
signé le traité de paix, dont le socialisme
international poursuit la révision, si cela
avait été possible.
Barrion souligne ensuite la victoire du
11 mai qui marque un pas en avant vers
l'émancipation du prolétariat.
Le Parti doit réaliser les réformes atten-
dues par la classe ouvrière et assurer la
paix universelle.
Le discours de Barrion est très applaudi
Hubert-Rouger donne quelques préci-
sions sur les élections du 11 mai.
â¢49 socialistes ont été élus hors de toute
liste de cartel ; 62 ont été élus sur les listes
de coalition.
LE CAS MiLLERAND
Puis Hubert-Rouger demande au Con-
grès de se prononcer tout d'abord sur 1©
,cas Millerand.
UNE MOTION RENAUDEL EST VOTÉE
PAR ACCLAMATIONS
Pierre Renaudel donne lecture de la mo-
tio» suivante :
Le Parti socialiste enregistre comme un
premier résultat logique de la défaite du
Bloc National la retraite du ministère
Poincaré.
Il constate que le président de la Répu-
blique se refuse, en ce qui le concerne, à
comprendre l'indication formelle de la na-
tion.
Le Congrès rappelle que le président de
la République est, à plusieurs reprises,
sorti de l'impartiale neutralité de sa fonc-
tion, soit en déterminant une crise minis-
térielle à une heure particulièrement grave
où le Gouvernement et le Parlement de-
vaient être laissés maîtres de leur action,
soit en se jetant ostensiblement dans la
bataille des partis, par des discours ou
Pâr des messages de presse qu'il n'a pas
démentis comme interprétant faussement
ses paroles.
Devant la première menace que consti-
tue pour l'action de la majorité républi-
caine le nouveau message officieux paru
dans le « Matin » du 31 mai,
Constatant que toute action politique
gouvernementale serait viciée à son ori-
gine et menacée dans son développement
par un choix et des intrigues dépendant
de l'actuel président de la République ;
Convaincu de répondre au voeu exprimé
le 11 mai, le Parti socialiste décide :
1° Le Groupe parlementaire reçoit man-
dat de combattre tout Gouvernement qui
accepterait de se constituer et d'agir sous
l'égide de M. Millerand ;
2° Au cas, où M. Millerand, poussant
plus loin l'obstination trouverait un com-
plice parlementaire en dehors de la majo-
rité du 11 mai, pour assumer la responsa-
bilité de violenter ou de détourner les dé-
cisions du suffrage universel, la Commis-
sion administrative permanente et le Grou-
pe parlementaire sont mandatés pour en-
gager immédiatement avec le concours de
toutes les Fédérations du Parti, une cam-
pagne d'agitation destinée à faire respec-
ter la volonté du
Coude et Compère-Morel présentent quel-
ques observations. Compère-Morel voudrait
un texte plus court.
Moutet préférerait une autre tactique
que celle qui consiste à ouvrir une crise
présidentielle avant la constitution du mi-
nistère.
Il souligne les manoeuvres des réaction-
naires tendant à faire baisser le franc.
Pour l'orateur, les conditions de lutte
contre Millerand seraient meilleures si un
ministère da- gauche était préalablement
constitué. C'est dans ce sens que conclut
Moutet.
Zyromski (Seine)-propose au Congrès de
voter le texte adopté par la Fédération de
la Seine. Ce texte est court et précis.
Après quelques observations présentées
par Uhry, Léon Blum demande au Congrès
de voter par acclamation un texte.
Celui de Renaudel lui donne satisfaction
mais comme quelques objections ont; été
présentées on pourrait voter le texte de la
Fédération de la Seine.
Renaudel ne croit pas que le texte de la
Seine réponde aux nécessités du moment.
Il était bon il y a deux jours, il ne l'est
plus aujourd'hui après la dernière manoeu-
vre de Millerand.
Après cette, déclaration le Congrès vote
à l'unanimité et par acclamation la mo-
tion Renaudel dont le texte est chaleureu-
sement applaudi.
LR POLITIQUE DU PARTI
Le cas Millerand tranché, le Congrès
aborde la discussion sur l'attitude du Par-
ti en présence de la situation politique
actuelle.
Paul Faure indique que la C. A. P. a
décidé, étant donné que le Congrès a une
courte durée, de limiter le temps de cha-
aue orateur à une demi-heure.
Fieu, délégué du Tarn
Fieu, du Tarn, est le premier orateur
inscrit. Il défend la motion présentée par
s'a Fédération et qui t.end à la participation
ministérielle.
Il rappelle l'oeuvre de Jaurès dans son
département.
Grâce à l'action du grand tribun dispa-
ru la démagogie bolcheviste n'a pas fait
de ravages là-bas.
L'orateur croit que les conditions posées
par la motion d'Amsterdam sont réali-
sées. La participation est indispensable. II
faut résoudre le problème de la paix et
réaliser de grandes réformes réclamées par
la,classe ouvrière;
La politique de soutien est insuffisante
pour cela.
En terminant, Fieu donne lecture de la
première partie et de la conclusion de la
dernière circulaire que Jaurès adressait à
ses électeurs :
Citoyens,
Je vous prie de me continuer mon man-
dat que j'ai conscience d'avoir rempli fidè-
lement et activement.
Je me suis associé de tout coeur à tous
les efforts du grand Parti socialiste pour la
paix internationale et la justice sociale.
Une des plus grandes joies de ma vie,
c'est d'avoir contribué à améliorer la re-
traite des ouvriers mineurs. C'est sur mon
intervention que le gouvernement a pris
l'engagement formel de compléter à 730
francs la..
Donnez-moi mandat, vous tous, travail-
leurs, vous tous républicains sincères, de
continuer au Parlement la lutte pour la
République, pour la Paix, pour le progrès
social, pour le développement de l'ensei-
gnement laïque et de la raison, pour le tra-
vail et pour la paix. Jean JAURES.
Notre grand ami, dit l'orateur, s'intéres-
sait à l'action réformatrice. C'est au sein
du gouvernement que le Parti peut faire
oeuvre utile.
UNE MOTION D'ORDRE
Rivalli, des Bouches-du-Rhône, présente
une motion d'ordre tendant ' à " limiter le
nombre des orateurs. Les représentants
des tendances pourraient se réunir pour
cela.
Renaudel, Paul Faure et Léon Blum in-
terviennent. Ils proposent que la discus-
sion soit close ce soir sur le principe de la
collaboration. Puis on examinera, s'il y
a lieu, ce que sera la politique de soutien.
Paul Faure donne lecture de la lettre de
M. Herriot publiée hier par le « Popu-
laire ».
Alexandre Varenne affirme que les deux
questions sont liées. Elles doivent être trai-
tées ensemble.
Marquet partage l'avis de Varenne et se
prononce contre la motion d'ordre déposée
par Rivelli.
Renaudel dit que le Parti doit répondre
à l'offre de M. Herriot et qu'il faut pour
cela que le congrès soit informé des inten-
tions précises du futur chef du gouverne-
ment radical. Pour cela il faut autoriser
une délégation qui se rendra cet après-
midi à la réunion plénière des gauches
afin d'y faire connaître la motion votée
contre Millerand et d'avoir en même temps
une conversation avec M. Herriot.
Jean Longuet pense comme Paul Faure.
Deux questions se posent : 1° La participa-
tion ; 2" La politique de soutien, et qu'il
faut se prononcer successivement sur ces
deux questions, et il se rallie à la motion
des Bouches-du-Rhône. Il demande que
l'opinion de chaque tendance soit exposée
par, chacune, quatre orateurs.
Compère-Morel reprend la proposition
Paul Faure. Le congrès veut-il se pronon-
cer en toute clarté ? Pour cela, i1 faut qu'il
dise d'abord si on est pour la narticipa-
tion. Si on répond non, le congrès aura à
examiner les conditions de la politique de
soutien.
Compère-Morel formule nettement sa
proposition et demande au congrès de se
prononcèr sur elle par appel nominal.
Guernut préfère que le congrès vote la
proposition Renaudel.
Grumbach dit que sa fédération ne s'op-
pose pas à la participation éventuelle.
Mais cette participation doit être entou-
rée de garanties que le_ Parti radical doit
donner.
Renaudel dit que la proposition Com-
père-Morel ne peut être rétenue.
Aucune décision précise n'est prise.
COMMISSION DE VERIFICATION
DES MANDATS
Le congrès nomme sa Commission de vé-
rification des mandats.
LA SËAnCE DE L'APRÈS-MIDI
Reboul préside la séance de l'après-midi,
assisté de Maillot-Duparc (Cher), et Bou-
gros (Moselle).
La discussion générale est ouverte.
Le citoyen Durel prend la parole au nom
de la Fédération de Tunisie. Celle-ci est
opposée, dit-il," à toute participation au
pouvoir.
(Vofr la suite en troisième page.)
LA DEMISSION DU CABINET POinCARË
Le dernier Conseil des Ministres
Dès dix heures, hier matin, des curieux
étaient groupés en assez grand nombre
rue du Faubourg-Saint-Honoré, devant
l'entrée du palais dé l'Elysée, pour assis-
ter à l'arrivée des membres du cabinet
Poincaré qui devaient venir remettre
leurs démissions au président de la Répu-
blique.
Un peu avant 10 h. 1/4, M. Louis Ma-
rin, ministre des Régions libérées, péné-
trait dans la cour d'honneur, bientôt sui-
vi de M. Poincaré, et l'on voyait se suc-
céder, en quelques minutes, arrivant les
uns en automobile, les autres à pied, tous
les autres ministres, à l'exception de M.
Maginot, ministre de la Guerre et des pen-
sions, qui serait retenu à Bar-le-Duc.
A onze heures et quart, M. Poincaré
descendait le perron : « Je n'ai rien à vous
apprendre de plus que ce que vous savez »,
répondit-il aux questions des journalistes,
en prenant place dans son automobile.
A l'issue de la réunion, la communica-
tion suivante a été faite à la presse par
la présidence de la République :
Les ministres se sont réunis ce matin à
dix heures et demie à l'Elysee pour remet-
tre leurs déplissions entre "es mains du
président de la République, qui les a ac-
ceptées.
Les ministres démissionnaires restent
chargés d'expédier les affaires courantes.
SES DERNIERS ACTES
D'autre part la communication suivante a été
faite au ministre de l'inférieur, p.ar le ministre,
M. de Selves
Les ministres ont tenu un dernier Con-
seil ce matin à l'Elysée, sous la prési-
dence de M. Millerand.
Le Conseil a adopté/ conformément à
l'avis du Conseil d'Etat et à la suite dès
modifications de détail apportées par lui,
les décrets de compressions de dépenses
concernant les ministères suivants :
Justice, Intérieur, Guerre, Marine, Agri-
culture, Instruction publique, Colonies,
Travail et Pensions.
Les économies ainsi réalisées pour l'exer-
cice 1924, tant par décrets en ce qui con-
cerne le budget général, que par réduc-
tions de crédits en ce qui concerne le bud-
get spécial, s'élèvent à ce jour à 425 mil-
lions.
LE TEXTE DE LA LETTRE
DE DEMISSION
A l'issue du Conseil, M. Poincaré a re-
mis au président de la République la dé
mission collective du ministère par la let-
tre suivante :
Paris, 1er juin 1924.
Monsieur le Président,
Conformément à la décision que le gou-
vernement a prise au lendemain des élec-
tions générales, nous avons l'honneur de
vous remettre la démission collective du
cabinet.
Veuillez agréer, Monsieur -le Président,
l'assurance de notre respectueux dévoue-
ment.
Cetté lettre était signée par M. Poincaré
et par .tous les-ministres.
La réunion plénière des Gauches proclame s
« Que le maintien à l'Elysée de M. Millerand
blesserait la conscience républicaine. »
C'est au nombre de 303 que les députés
assistaient à la réunion plénière des gau-
ches, qui s'est tenue hier, à 13 heures, au
palais d'Orsay.
Ml Herriot, qui arrive dans la salle de
son pas paisible, la pipe à la bouche, est
salué par une formidable acclamation. On
le désigne immédiatement comme prési-
dent. Comme assesseurs, et dans le même
enthousiasme, l'assemblée désigne M.
Painlevé qui prend place à la droite de
M. Herriot, et léon Blum qui prend place
à sa gauche.
La réunion a été, du reste, fort courte.
La candidature de M. Paul Painlevé à la
présidence de la Chambre a été ratifiée à
l'unanimité par acclamations.
Le candidat des gauches a reçu l'acco-
lade de M. Herriot et de Léon Blum.
M. Herriot donna ensuite lecture, au mi-
lieu du plus grand silence du texte de
l'ordre du jour voté le matin même par le
parti républicain radical et radical-socia-
liste.
Renaudel déclara, au nom du Parti so-
cialiste S.F.I.O., qu'il s'y ralliait ; après
lui, M. Violette, au nom des républicains
socialistes et des socialistes français, dé-
clara également s'y rallier.
On vota à mains levées. L'unanimité fut
faite ; la contre-épreuve exigée le prouva
abondamment.
Alors, M. Herriot se leva, et, aux applau-
dissements de l'assistance, donna l'acco-
lade à ses deux assesseurs, Blum et M.
Painlevé.
LE TEXTE ADOPTÉ
Voici le texte que la réunion dés gau-
ches a adopté :
Le groupe des députés membres du par-
ti républicain radical et radical socialiste,
considérant qu>e M. Alexandre Millerand,
président de la République, a, contraire-
ment à l'esprit de la Constitution, soutenu
une politique personnelle, considérant qu'il
a pris ouvertement parti pour le Bloc Na-
tional, considérant que la politique du Bloc
National a été condamnée par le pays, es-
time que le maintien à l'Elysée de M. Mil-
lerand. blesserait' la conscience républicai-
ne. serait la source de conflits incessants
entre le gouvernement- et le chef de l'Etal
et un danger constant pour le régime lui-
même
A la réunion spéciale des radicaux. MM.
Klotz, Albert Milhaud. Valude et Queuille
s'étaient abstenus sur le vote de ce texte.
M. Accambray avait, à la même réunion,
présenté le texte suivant :
Le groupe des députés membres. du (Parti ré-
publicain radical et radical-socialiste, considé-
rant que le citoyen 'Millerand, président de la
République* a, contrairement à l'esprit, de la
Constitution, soutenu une politique personnelle,
considérant qu'il a pris ouvertement parti pour
le Bloc National, considérant que la politique du
Bloc National a été vaincue aux-élections, esti-
me que -le maintien à l'Elysée du citoyen Mille-
rand. blesserait la conscience publique, déclare
qu'aucun membre du Parti radical et radical-so-
cialiste ne peut accepter du président Millerand
-le mandat de former un ministère.
M. Herriot s'était opposé au vote du tex-
te de M. Accambray, en disant :
Cette motion comporte deux parties : sur la
première, qui concerne la question du président
de la république, vous avez la plus entière li-
berté de vous prononcer ; je ne chercherai en
aucune manière à influencer votre décision.
Quant à la seconde partie, visant mon action
subséquente, je ne puis l'admettre. Je n'admets
aucun mandat impératif ; j'entends être abso-
lument libre ; je ne puis accepter qu'un mandat
â¢de confiance, de confiance absolue. Si je devais
être un chef de gouvernement démocrate, je na
veux être qu'un chef de gouvernement libre.
L'ATTITUDE
DES REPUBLICAINS SOCIALISTES
De son côté, le groupe républicain-socia-
liste et le Parti socialiste français, s'étant
réunis à 11 heures, à la Chambre, avaient
communiqué, à l'issue de leur séance, la
résolution suivante :
Le groupe républicain-socialiste et le Parti so-
cialiste français, délibérant eu commun, déci-
dent a l'unanimité qu'il esl absolument impos-
sible de concevoir la moindre collaboration avec
VI. Millerand qui a méconnu les devoirs de sa
charge, en assumant la direction de la politique
étrangère et de la politique intérieure dans un
sens condamné par le pays. \
Le Congrès de l'Internationale syndicale
se réunit à Vienne
Vienne, 1er juin. â Le troisième congrès
ordinaire de la Fédération syndicale inter-
nationale s'ouvrira le' 2 juin à Vienne.
Plusieurs rapports seront présentés à cette
assemblée, notamment un long rapport de
Léon Jouhaux sur l'action des travailleurs
contre la guerre et le militarisme. Les so-
cialdémocrates autrichiens organisent plu-
sieurs manifestations de sympathie en
l'honneur des congressistes.
Réunion du Comité Exécutif
v de l'Internationale
D'autre part le Comité exécutif de l'In-
ternationale socialiste se réunira le 5 juin
à Vienne. Bracke et Longuet assisteront à
cette réunion.
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