Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1920-05-29
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 36344 Nombre total de vues : 36344
Description : 29 mai 1920 29 mai 1920
Description : 1920/05/29 (Numéro 764). 1920/05/29 (Numéro 764).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k8173395
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
5e ANNEE (2° Série). â N" 764.
SAMEDI 29 MAI 1920.
1 RÉDJCTI0M-ADHIH1STRAT10K
12, Rue Feydeau, 12
PARIS 12» ASK")
TÉLÉPHONE : Central 07-47
ÀI>R. TÎLEon. : Naipapul.paris
DIRECTEUR POUTIQUE:
JEAN LONGUET
DIRECTEUR LITTÉRAIRE.
HENRI BARBUSSB
RÉDACTEUR EN CHEF:
PATJL FAORE
Â
de Pa
Journal Socialiste
L'Union des travailleurs ferS
la paix du monde.
ANATOLE FRANCE
-15 CENTIMES LE NUMERO
AIîO.NXEHEXTS : . 3 mois G Mis 1 an
PARIS(Sciaoelâeine-et-Oi«â¢) 40 fr. 19 £r. 37 ir.
DÉPA!ITE«EMS lift. 21 fr. iOfr.
ÉTilViSER.... Mît. ÏCft. 51 fr.
. JlOTp©iT$AO KtMtRO . . ,
SPECIAL DO SAMEDI â¢s li"
PARIS elPIlOVKCE....;...! 6fr. SIt.
ÉIRATCER 8fr. Itlfr.
On s'abonne sans frais dans tous les bureaux de poste
félicité: ï- CBABAW, 111 Rue Honlmarlre
GRAND DÉBAT A LA CHAMBRE
_ â ''i -.y â -:-i â . o v . - !⢠⢠~ â , «_ ^\ â¢â¢ : 1 ' : ; ' : ' ', ' ⢠V?: ⢠â * ; " * Ci-'-'Y ' « ; â¢> v -is» ,
LA RIPOSTE
au Gouvernement
Les fonctionnaires ont répondu à la ma-
noeuvre administrative et aux menaces po-
litiques qui, dans l'esprit du'pouvoir, de-
vaient barrer la route aux agents de l'Etat
dans leur évolution vers la C.G.T.
Par 193 voix contre 32 et une soixantaine
d'abstentions la Fédération des fonctionnai-
res a décidé d'entrer en bloc dans la grande
famille ouvrière, et si les petites organisa-
tions, dans jeur majorité sont restées réfrac-
ta ires, si d'autres, comme les percepteurs, se
sont abstenues, par contre, toutes ,les grandes
Fédérations, wâ douaniers, forestiers, institu-
teurs, contributions indirectes, etc. â ont
fait bloc et l'ont pas hésité.
tjK vrai dire, le terrain était mieux préparé
chez ces derniers qui, dans le domaine pu-
rement corporatif, opt fait de réels progrès
autrefois, avant la guerre, pour arriver à
temps, au lendemain de la catastrophe, avec
plus de discipline et une compréhension
mieux avertie des événements. Comme les
postiers, qui ont déjà franchi le pont, les
agents des grands services publics accom-
plissent aujourd'hui le geste qui est la logi-
que conséquence de toute leur évolution pro-
fessionnelle. Et, le plus remarquable de cçt
événement, c'est l'idée directrice qui conduit
cet ensemble de travailleurs nouveaux venus
au syndicalisme : ils ne lient pas leur déci-
sion à une revendication de salaire, à une
question de gros sous. Ils sont entrés, hier,
dans l'organisation confédérale, par raison
de sentiment d'abord, parce qu'ils sont du
peuple et qu'ils le retrouvent crans son ca-
dre professionnel. Mais c'est encore pour sa
valeur réalisatrice et c'est surtout pour son
idéal syndicaliste qu'ils ont rejoint la C.
G.T. ; elle leur apparaît, après la grande ba-:
taille de ces jours derniers, comme la seule
organisation sérieuse capable de se dresser
avec la force de ses milliers de producteurs
contre l'immoralité née de la guerre; elle con-
crétise, à leurs yeux, le contrepoids néces-
saire à la concentration fatale des capitaux
d'affaires, nationalement ment; elle est le point de rencontre de tous
les exploités de ce pays qu'une oligarchie
égoïste et aux appétits sans limite rançonne
sans scrupule.
La nationalisation industrialisée est, pour
les fonctionnaires, telle que la définissait M.
Millerand en 1896 : « Un motif d'espérance
et de joie pour les millions d'êtres humains
appelés ainsi à s'élever, par une progression
que réglera non pas le caprice des hommes,
mais la nature des choses, de la condition de
salariés à la qualité de coparticipants des
richesses sociales ».
Quand un tel programme anime les fonc-
tionnaires et qu'il les fait rejoindre tout le
travail organisé pour une réalisation com-
mune, quelle misère la menace du pouvoir!
Mais aussi quelle logique l'attitude de ces
militants d'organisations tout prêts à sacrifier
leur situation â à la fois pour rappeler les
parvenus de la politique à la pudeur et pour
attirer l'opinion publique sur le vrai terrain
«Je la lutte opportune : briser les égoïsmes
particuliers et réorganiser la vie nationale
pour le plus grand profit de la collectivité.
E. GLAY.
Les Ouvriers anglais
et la défense de la Russie
L'ATTITUDE DES CHEMINOTS
LONDRES, 27 mai. (De notre correspon-
dant). â Par une lettre, au Daily Herald
C. T. Cramp explique les motifs de la dé-
termination de l'Association nationale des
cheminots (te -s'opposer au chargement des
munitions destinées à la contre-révolution
russe : ;
« Le renchérissement journalier du coût
de'la. vie a déterminé notre Association à
se joindre à la Triple Alliance en vue d'u-
ne action pour obtenir une baisse* -des
prix. Mais il est indiscutable que tous
nos efforts dans ce sens seront paralysés
et môme anéantis par 1 l'impossibilité de
faire profiter le monde civilisé des produits I
russes.
« La Russie est une des plus grandes
puissances productives du monde entier.
Avant la guerre, elle exportait en quanti-
té considérable .les bois de construction, j
le cuir, le lin et quantité d'autres matières !
brutes indispensables à la, société, actuelle
pour arriver à liai réduction du prix de laj
vie. : '
« Il y a encore une autre raison pour!
conclure la paix avec la Russie. Ce pays
s'est entièrement développé dans le sens
d'une nouvelle forme-de démocratie qui
peut faire de la Russie la plus grande dé-
mocratie du monde et il sera d'une impor-
tance considérable dans l'avenir, pbur la
classe ouvrière anglaise et. ses enfants,
que cette démocratie ait des 'sentiments
amicaux pour ce pays. Il est clair que la
classe ouvrière peut seule sauver la Russie.
« Lé capitalisme international veut écra-
f»r la jeune république russe et c'est
pourquoi notre Comité exécutif a décidé de
lui accorder sa sympathie et son concours
pour empêcher ce crime. »
LE CONGRES DES COOPERATIVES
A sa séance d'hier, le Congrès des coo-
pératives a voté, au milieu du plus grand
enthousiasme, la résolution suivante :
« Le Congrès considère avec reconnais-
sance les efforts accomplis par les unions
ouvrières russes pour établir la vie écono-
mique de la Russie sur une base démocra-
tique et en faveur des organisations coo-
pératives. Nous donnons à nos camarades
des coopératives russes l'assurance que 1®
violente opposition que font à -leurs efforts
les capitalistes çt les gouvernements capi-
talistes est amèrement ressentie par les
membres des coopératives présents à ce
Congrès.
« De plus, nous constatons l'importance
et l'urgence d'entrer en contact avec le
mouvement coopératif russe et nous, y
contribuerons de toutes nos forces et de
tout notre pouvoir. »
LES OUVRIERS DE LA VOITURE
L'Union des ouvriers de la voiture a ré-
clamé un Congrès spécial en vue de décla-
rer la grève générale pour contraindre la
Pologne, par l'intermédiaire du Parlement,
à cesser.la guerre contre la Russie.
Krassine est à Londres
LONDRES, 27 mai. â Débarqué ce ma-
tin à Newcastle, Krassine, accompagné
seulement de sa femme et d'un envoyé du
Foreign Office, est arrivé cet après-midi
à Londres par la gare de King's Cross
Sur le quai d'arrivée, une foule nombreu-
se et un nombre imposant de journalistes
et de photographes attendaient l'envoyé de
Lénine. .
Des hourras poussés par les socialistes
londoniens saluèrent Krassine à sa des-
cente du train.
Après avoir accepté de poser devant les
photographes, il est monté dans un taxi-
auto, vite entouré de journalistes qui lui
ont posé de nombreuses questions. Mais
Krassine qui, comme ses collègues, a donné
au gouvernement britannique sa parole de
ne pas se laisser interviewer â condition
dont dépend leur séjour à tous ici â ne
répondit pas.
A un moment cependant, comme on lui
posait cette question : « Nous apportez-
vous la. paix ? » il murmura : « Nous soin-'
mes ici pour cela et ce' fut tout. â > â â â
La presse anglaise
Les journaux anglais s'entretiennent dé
l'arrivée de Krassine. à-Londres et la com-
mentent en sens divers. Le Daily Herald
favorable à la démocratie! russe, ' raille la
Morning Posl et autres organes de la presse
dite de lord Northcliffe, qui ne partagent
par les mêmes sympathies. Il oppose-aux
« révélations » de certains personnages sur
les excès du bolchevisme russe, les conclu-
sions officielles de là commussion chargée
d'enquêter aux Indes sur les affaires d'Am-
ritsar.
Le Daily Telegraph hésite à formuler un
avis sur les résultats de la visite de Kras-
sine et déclare que certaines missions an-
glises disposées à reprendre les relations
commerciales avec la . Russie, se montrent
toutefois réserves, ignorant encore si les.
négociations en cours aboutiront.
Le Daily Mail regrette que la Russie se
trouve isolée actuellement du commerce
international.
On estime que Krassine essayera d'ob-
tenir du gouvernement anglais des loco-
motives et des machines industrielles qui
permettront à son pays de se relever éco-
nomiquement. â (Radio.)
h Traders Je Monde
Comme au temps des galions
LONDRES, 27 mai. â Un télégramme de
San Francisco au « Central News » an-
nonce l'arrivée dans ce port, pour le
compte du gouvernement britannique, de
200 millions de dollars, venant de Hong-
Kong. Cet or est consigné au nom de MM.
J.-P. Morgan et Cie. On déclare que la Fé-
déral Reserve Bank est disposée à acheter
cet or si on lui en fait l'offre. â (Radio).
Les Bolcheviks â Enzeli
LONDRES, 27 mai. â Dans les milieux
autorisés, on annonce que l'expédition bol-
cheviste récemment débarquée à Enzeli
n'a fait aucune tentative pour étendre son
rayon d'action en Perse. â (Radio).
Deux millions pour un match
LONDRES, 27 mai. â M. Lewis Healey,
le sportsman 'bien ' connu, propriétaire
d'importantes écuries de courses, vient
d'offrir une bourse de 40.000 livres, somme
qui équivaut, au cours actuel des changes,
à deux millions de, francs environ, pour
un match revanche entré Georges Carpen-
tier et Joé Beckett, qui devrait avoir lieu
en Angleterre. â (Radio).
Bon exemple
ROME, 27 mai., â Le Parti. socialiste
adressé un appel à toutes les sections du
Parti pour les inviter à contrôler les trans-
ports de façon, à ce qu'aucun matériel de
guerre ne puisse être expédié aux adver-
saires,-de la Russie soviétiste. â (Radio).
Les P. T. T. italiens
ROME, 27 mai. â Le « .Tournai Officiel »
publie les mesures prisés en faveur des
P. T. T.
Il y a. donc tout lieu,d'espérer (sic) que
â ces derniers reprendront leur service sans
aucune sorte d'obstruction. â(Radio).
Ouvriers allemands en Russie
⢠COPENHAGUE, 27 mai. â Un radiotélé-
gramme de Moscou annonce qu'une délé-
gation de socialistes allemands vient d'ar-
river; dans cette ville. Les délégués vont
s'entretenir avec les autorités bolcheviques
de .la possibilité d'envoyer en Russie plus
de 100.000 ouvriers allemands spécialisés,
qui pourraient restaurer certaines bran-
ches de l'industrie souffrant particulière-
ment du manque dé main-d'oeuvre. â (Ra-
dio).
La Séance de cet après- midi
APRES HYTHE * AVANT SPA
Il est encore, malaisé de prévoir la tour-
nure que prendra, au Palais-Bourbon, le dé-
bat sur l'entrevue de Hyte. Une grande
effervescence se manifestait, hier, dans les
commissions des affaires étrangères et des
finances à la Chambre, où l'on discutait avec
âpreté les décisions adoptées en commun
par MM. Lloyd George et Millerand. Il y
a lieu d'ajouter que pour déterminer l'is-
sue de la discussion, interviendront des con-
sidérations de politique intérieure assez di-
verses et sur lesquelles nous ne voulons pas
insister. Des députés qui blâment les êvo£
lutions du président du Conseil en matière
diplomatique lui donneront cependant leurs
votes, parce qu'ils applaudissent aux me-
sures de réaction qu'il a prises à l'intérieur.
Ce débat offrira une importance indénia-
ble, de quelque hypocrisie que s'envelop-
pent certaines déclarations. Ce qui est en
cause, et nul ne le saurait mettre en doute,
en dépit des affirmations dérisoires de la
fresse officieuse, c'est la révision même de
acte de Versailles. * '
Lorsque cet acte fut signé, nous avons pro-
clamé sa fragilité : ceux qui l'avaient établi
n'avaient envisagé ni la condition réelle de
l'Allemagne, ni les intérêts pratiques de la
France, ni l'état du monde. Ils n'avaient eu
souci que des représailles à exercer et des
promesses irréfléchies qu'ils avaient prodi-
guées : « Le vaincu paiera tout ». Le Parti
socialiste, à l'encontre des témoignages tran-
chants de M. Clemenceau et de, ses auxiliai-
res qui vivaient dans leurs chimères impéria-
listes, avait annoncé la révision inévitable
du traité. Mieux, si cette révision n'était pas
mise en oeuvre, le régime de guerre, disions-
nous, se perpétuerait en Europe. Les événe-
ments nous ont donné raison. Lorsque M.
Clemenceau quitta le pouvoir, la preuve était
faite, mais le Bloc National, qui ne discer-
nait point les faits les plus frappants et dont
les ignorances vaniteuses feront, l'étonnement
de l'histoire, persistait à réclamer l'applica-
tion intégrale de l'acte de Versailles.
Aujourd'hui, il se trouve devant une ré-
vision commencée et qui a été imposée à
M. Millerand, son homme de confiance, par
l'Angleterre et par l'Italie, ou plus exacte-
ment par les circonstances mêmes. En ad-
mettant la discussion avec l'Allemagne à
Spa et en acceptant le forfait, le président
du Conseil a souscrit à une capitulation d'au-
tant plus dure pour lui que le Parti socialiste
l'avait annoncée avec une rigueur mathéma-
tique.
Non seulement ce geste lui a valu des ap-
préciations désobligeantes, formulées à mi-
voix dans les couloirs de la Chambre, mais
encore M. Poincaré l'a désavoué publique-
ment en résignant un poste en vue à la com-
mission des réparations. Cette retraite sou-
lignait l'ampleur de l'échec, subi par la di-
plomatie française.
Peu nous importe le résultat parlementaire
du débat qui s'ouvre. Que M. Poincaré et
M. Clemenceau, avec l'appui de quelques
autres, renversent M. Millerand, ou que ce-
lui -ci obtienne le vote de confiance qu'il sol-
licite, tout le prolétariat restera en bataille
contre toute la bourgeoisie. Nous voulons
uniquement constater que l'acte de Versail-
les,, ce monument d'orgueil, d'incohérence
tt d'incompétence, élevé en commun par la
diplomatie et par le militarisme, révèle sa
première fissure. On avait essayé de la ca-
cher en affirmant que le traité ne serait pas
révisé. M. Millerand osera-t-il. du haut de
la tribune, proclameV qu'il n'a pas, lui-
même, engagé la procédure de révision?
Paul LOUIS.
Les Interpellations
Le débat qui s'ouvre cet après-midi pro-
met d'avoir de l'importance.
M. Millerand, qui posera la question de
confiance, peut être mis en péril par le
parti Poincaré-Daudet-Barthou, qui veut
que « l'Allemagne paye tout ». Inutile de
dire qu'il s'agit seulement d'une farce pour
ces messieurs, qui savent à quoi s'en tenir.
En principe, deux députés seulement ont
déposé une demande d'interpellation, MM.
Aubriot et de Baudry d'Asson, mais de
nombreux orateurs se sont fait inscrire :
MM. Soulié, Vincent Auriol, Léon Blum,
Gonnet, Cornudet, Marcel Habert, Daniel
Vincent, Escoffier et Paisant, et il est vrai-
semblable que MM. Loucheur et Tardieu
interviendront aussi.
La situation est compliquée, les Alliés ne
sont pas d'accord. Le traité s'effondre de
toutes parts.
Le Bloc' National récolte ce qu'il a semé.
DANS LES COULOIRS
Une grande animation règne dans les
couloirs ce matin.
Les socialistes regardent d'un air assuré
l'agitation de ces messieurs patriotes qui
ne veulent pas encore s'apercevoir de l'er-
reur fondamentale du traité de paix.
Ils sont bien résolus à marquer les coups
et à profiter da.ns le seul intérêt du Parti,
des misérables discussions bourgeoises.
M. Barthou continue à affirmer qu'il
n'est pas candidat à la succession de M.
Millerand. Celui-ci commence à compren-
dre qu'il ne suffit pas de sauver « l'ordre »
pour être ministre in oeternum.
Les camarades de la Santé se font certai-
nement moins de bile de lui.
L'AJOURNEMENT DE SPA
Le gouvernement italien a demandé l'a-
journement à juillet do liai Conférence de
Spa, mais la France et l'Angleterre sont
hostiles à toute mesure dilatoire.
HISTOIRES DE BRIGANDS.... POLICIERS
Le Film de M. Jousselin
Les lettres mystérieuses de Monatte - Le cadavre en Seine
Nous Connaissons maintenant le texte
des lettres adressées par Monatte à Trotsky
et à Dridzo.
Dans la lettre à Trotsky, le directeur de
la « Vie Ouvrière » donne au commissaire
du peuple quelques renseignements sur le
mouvement socialiste et syndicaliste. Il
note les progrès faits par la minorité au
Congrès de Lyon, dit son espoir de voir â
la lettre est datée du 13 mars â ses amis
prendre la tête de la Fédération des Che-
minots au Congrès d'avril, et il termine :
« La classe, ouvrière française retrouvera
bientôt son esprit révolutionnaire. Notre
pensée, aujourd'hui comme hier, s'appuie
sur la vôtre. Vous luttez pour vous et pour-
rions. Nous luttons pour vous et pour nous,
honteux de n'avoir pas fait plus et d'être
encore aussi faibles. Mais, de meilleurs
jours viendront. Ils viennent. Votre triom-
phe prépare et annonce le nôtre. La Révo-
lution' -cessera bientôt d'être russe pour de-
venir européenne. Pensez un peu à nous
qui pensons à vous chaque heure du jour
et de la nuit.
« Bonne embrassade, mon cher Trotsky,
por vous et votre petite famille ».
A Dridzo, Monatte donne des informa-
tions identiques, puis il questionne :
« Où en est le projet de la Conférence
j internationale des Syndicats u évalution-
naires ? Que devient l'idée d'une Union
syndicale internationale lancée il y a quel-
ques mois par votre Comité central des
syndicats ?
« Envoyez-moi des renseignements, des
documents, afin que nous nous préparions
ici à entraîner non seulement les 588. Syn-
dicats qui se sont affirmés à Lyon, mais
d'autres encore.
« Faites votre.possible pour nous envoyer
des correspondances régulières.
« Vigoureuse poignée de mains à vous
et à tous vos camarades ». /
Tels sont les textes sur lesquels Ose s'ap-
puyer le gouvernement de M, Millerand
pour poursuivre.. Ces lettres, n'importé le-
quel d'entre nous aurait pu les écrire.
Monatte n'a d'ailleurs pas été ie seul à
correspondre avec les dirigeants actuels du
peuple russe. Des camarades appartenant
au groupement des reconstructeurs ont fait
eux aussi passer des lettres à Lénine, à
Litvinoff et à d'autres camarades de,Rus-
sie. Alors que signifie cette comédie ?
Ce procès se déroulera tel un film ciné-
matographique dans lequel on fera jouer
à nos amis emprisonnés le rôle de Croque-
mitaine. Ils sont destinés à remplacer
l'affiche du 16 novembre et à,servir d'é-
pouvantail à la bourgeoisie. Ce sera, je
vous assure, tout à fait joyeux. L'instruc-
tion nous donne un avant-goût de ce que
seront les débats.
. Voici qu'on nous apprend que M. Char-
les Benoist, l'homme du pape, a envoyé
d'Amsterdam un rapport sur l'organisa-
tion bolcheviste en Hollande. Il a donné
les noms des correspondants français de
cette organisation. Et, puis, ce n'est pas
tout, tenez-vous les côtes :
Dans les vêtements d'un Anglais qui, ré-
cemment, fut repêché dans la Seine, des
papiers bizarres furent découverts, qui
laissèrent supposer que le défunt appar-
tenait à une organisation révolutionnaire
internationale.
La justice, paraît-il, attache une impor-
tance considérable à cette histoire. Elle re-
cherche actuellement comment l'homme
ést mort. S'est-il suicidé ? A-t-il été assas-
siné ?
Voilà où nous en sommes.
La canaillerie
des juges de Périgueux
Nous sommes fixés depuis longtemps sur
les sentiments de la magistrature, vis-à-vis
do la classe ouvrière. La justice de M. Mil-
lerand réserve toutes ses sympathies pour
la mercante. Mais les grévistes* 1 Ali ! com-
me ils regrettent, ces valets de robe, de
ne pouvior les envoyer au bagne.
⢠11 ne faut- tout de même pas que ces mes-
sieurs s'imaginent que nous allons lais-
ser condamner nos camarades dans des
conditions aussi abominables qu'ils le ti-
rent' l'autre jour à Périgueux. Il v a dans
le Code des lois de procédure. Nous sau-
rons exiger qu'elles soient observées.
Deux grévistes, Lecru et Pouillet, com-
paraissent devant le tribunal correction-
nel. Le président a entre les mains une
lettre de notre ami Boisserie, demandant
la remise à quinzaine, étant retenu à Pa-
ris par la défense de De la g range.
Refus du tribunal, contrairement à tous
les usages.
Connaissant les sentiments des juges de
Périgueux, Boisserie avait prévu le cas.
â Si on refuse la remise, avait-il dit à
ses clients , aussitôt après votre interro-
gatoire d'identité, vous ferez défaut.
Qu'a fait le tribunal ? 11 a commencé par
entendre les témoins. Puis l'audition ter-
minée,-le président interroge Lecru et
Pouillet.
â Nous déclarons faire défaut, déclarent-
ils.
â Impossible, réplique le président...
vous avez laissé engager le débat.'
Ainsi par cette canaillerie sans nom, le
tribunal de Périgueux condamna deux ou-
vriers. -
Que pense M. le garde des sceaux de ce
procédé ? Et quelle mesure compte-t-il
prendre pour rappeler les magistrats au
respect de la loi d'abord, et pour assurer
la liberté de la défense ensuite ?
LE MOUVEMENT OUVRIER
Chez les Cheminots
Ainsi que nous l'avions annoncé les
Conseils d'administration d.u P. O. et du
P.-L.-M. se sont réunis hier à Paris et ce-
lui du Midi à Bordeaux.
Aucune décision n'a encore été prise.
Sur les réseaux et notamment, au P. O.,
où la grève a conservé toute son ampleur,
le désir de continuer la lutte est grand.
Cet après-midi, la Commission exécuti-
ve fédérale.se réunira rue Baudin, pren-
dra connaissance: du résultat de cette con-
sultation des réseaux en grève et décidera.
Quelle sera cette décision ? Continuation
de la grève ou reprise du travail ? Il est
difficile de le dire, tant est encore vivace
l'ardeur desr cheminots du P. O., du P.-L.-
M. et du Midi après vingt-sept jours de
grève.
Grèves de Protestation
A NICE
NICE, 27 mai. â Le personnel de lai ma-
nufacture des tabacs a fait aujourd'hui la
grève « des bras croisés » pour protester
contre l'arrestation de M. Moulin, délé-
gué de to corporation. M. Moulin, qui avait
pris une large part au mouvement grévis-
te, avait été arrêté sur la voie publique
pour entrave à la liberté du travail.
Une délégation s'est rendue ce soir au
Parquet pour réclamer son élargissement,
mais cette visite n'a doné aucun résultat.
â (Radio).
A DUNKERQUE
DUNKERQUE, 27 mai. â Les dockers
continuent la grève par solidarité avec les
ouvriers chargés du. fonctionnement des
grues. â (Radio).
LES CONDAMNATIONS
MARSEILLE, 27 mai. â Le tribunal a
condamné un groupe de cheminots grévis-
tes, pour entraves à la liberté du travail,
à des peines variant entre deux et six mois
de prison. â (Radio).
Pas de Syndicats
de Fonctionnaires
déclare M. Millerand
Qu'il essaie donc de les dissoudre I \
La décision de la Fédération des Fonc-
tionnaires d'adhérer à la C. G. T. a trou-
blé la paix du Président du Conseil et des
réactionnaires du Sénat et de la Cham-
bré.
Hier, le comité de l'Union républicaine
du Sénat s'est rendu chez le Président du
Conseil pour lui exposer « l'émotion pro-
duite au Sénat par la réunion d'une Fédé-
ration se disant Fédération des syndicats
de fonctionnaires, réunion au cours de la-
quelle les groupements des agents des ser-
vices publics ont proclamé non seulement
ce qu'ils considèrent leur droit syndical,
mais leur affiliation à la C. G. T., actuel-
lement poursuivie pour s'être écartée de
son tôle professionnel ».
Le Président du Conseil a déclaré que
les syndicats dès fonctionnaires allaient
être mis en demeure de se disjoindre.
Ces déclarations seraient d'ailleurs con-
formes aux décisions prises le matin par
le Conseil de Cabinet, sur le projet relatif
au statut des fonctionnaires et qui dis-
pose que :
« Les fonctionnaires â sauf les ouvriers
et le personnel temporaire â ne peuvent
s'associer que sous le régime de la loi de
1!H)1 à laquelle deux modifications impor-
tantes sont apportées.
D'une part, les associations reçoivent, au
point de vue de la personnalité civile,
une capacité étendue. C'est l'application
de la loi de 1881 améliorée par la loi du
12 mars 1920.
D'autre part, les associations ne peuvent
adhérer à aucune fédération dont feraient
partie des associations ayant des intérêts
corporatifs différents des leurs ».
M. Millerand s'est déjà cassé, les dents
sur la C. G. T.
Qu'il essaye donc do mordre encore sur
la Fédération des Fonctionnaires !
Le Sénat américain
rejette le Mandat sur l'Arménie
WASHINGTON, 27 mai. â La Commis-
sion des affaires étrangères du Sénat amé-
ricain a nettement refusé par 11 voix con-
tre 4 d'àfcéder à la requête de Wilson
concernant .le mandat sur l'Arménie. â
i (Radio).
L'ISLAM
et le Socialisme
Le meeting qui réunissait, hier soir, aux
Sociétés Savantes, une joule ardente de so-
cialistes parisiens et d'Orientaux â de tou-
tes nos colonies de l'Afrique du Nord : Al-
gérie, Tunisie, Maroc; deTEgypte, des In-
des comme des différentes régions de la
Turquie â eut une portée qu'on ne saurait
exagérer. Douze à quinze cents personnes se
pressaient à étouffer dans un salle,.qui peut
en contenir tout au plus un millier. Ce fut un
véritable « bain turc », observait une ci-
toyenne d'esprit. Ils ne cessèrent d'acclamer
les paroles des orateurs venus pour dénoncer
le démembrement de la Turquie, sa véritable
destruction, en un mot le nouveau crime per-
pétré par le Capitalisme et l'Impérialisme
contre le droit des peuples.
Les quelques interruptions inintelligentes
d'une poignée de jeunes échauffés royalistes
ou de quelques Grecs embarqués dans la ga-
lère de Venizelos et atteints, comme les im-
périalistes de tous les pays, de la folie des
grandeurs, ne firent que souligner davantage
la quasi-unanimité des aspirations de cette
foule généreuse et enthousiaste. Lorsqu'elle
saluait de ses vivats le message émouvant que
lui portaient, au nom de 70.000.000 d'hom-
mes, Mohamed-Ali, Sayed et les autres dé-
légués du khalifat hindou, clamant le cri
d'angoisse et de détresse de 300.000.000 de
Mahométans représentant une civilisation an-
tique qui ne veut pas mourir, lorsqu'elle ap-
plaudissait chaleureusement et les paroles de
Cachin montrant dans le Parti Socialiste le
seul protecteur des peuples écrasés et meur-
tris, et mes propres appels à l'union des op-
primés de toutes les races autour de la grande
force révolutionnaire du Socialisme interna-
tional â nous sentions que partout, dans le
monde, un esprit nouveau d'émancipation
était né.
Pénétrés de cette pensée que Jaurès a
maintes fois développée, nos amis de Rus-
sie ont constitué autour de Moscou un foyer
ardent de propagande qui, par les soins'de
notre camarade arménien Karaghan, l'ad-
joint de Tchitcherine, rayonne du Kremlin
sur le Caucase, la Perse, l'Asie Mineure,
VAfghanistan et jusqu'aux portes de l'im-
mense Hindoustan. La politique sauvage
poursuivie contre la République des Soviets
l'a amenée à passer partout à l'offensive con-
tre ses agresseurs. Les fautes et les cri-
mes multipliés par ceux-ci viennent secon-
der puissamment les efforts de leurs enne-
mis.
Hier encore, la presse anglaise était rem-
plie du rapport des commissions officielles
sur le sanglant massacre accompli le 13 avril
1919, à Amaritsar, par un des plus notoires
représentants du militarisme colonial, le gé-
néral Dyer, qui, sans avertissement préala-
ble, fit mitrailler de sang-froid une foule de
5.000 manifestants hindous pacifiques, et,
ne trouvant pas ses tanks et ses fusils à tir
rapide suffisants, fit encore bombarder la
foule du haut des airs par des avions! Près
de 400 morts, plus de 1.200 blessés â dont
après le massacre Dyer ne s'occupa même
pas, voilà quel fut le bilan de cette jour-
née sanglante. Après un an d'enquêtes et
d'hésitations, la sanction prise par le gou-
vernement britannique contre le boucher
d'Amaritsar est... de l'inviter à présenter sa
démission.
Et qu'on s'étonne, après cela, si à Cal-
cutta, comme à Bombay, l'esprit de révolte
grandit, si dans le monde entier les races
« sujettes )), foulées aux pieds, maudissent
leurs oppresseurs et se tournent vers le So-
cialisme libérateur.
Jean LONGUET.
PAR LA FAUTE DES MERCANT1S...
LA VAGUE DE BAISSE
Le café plus cher
Dans tous les pays qui sont nos ven-
deurs, le prix des choses diminue. Les
consommateurs d'Angleterre et des Etats-
Unis sont agréablement surpris par une
vague de baisse générale des objets do
nécessité courante.
Parallèlement, notre change s'amélio-
re : la livre sterling, qui valut un moment
plus de G8 francs est redescendue à 51 fr.
et le dollar est passé des environs de 18
francs à 13 francs.
Cela veut dire que les produits venus
d'Amérique et payables, comme c'est le
cas la plupart du temps, sur le marché
de New-York, coûtent aux acheteurs fran-
çais 25 % meilleur 'marché.
Malgré tout, les ménagères parisiennes
vont continuer pendant longtemps encore
à payer au prix fort toutes les marchan-
dises de consommation usuelle.
Les cafés, qui sont de production étran-
gère, presque entièrement, devraient
en premier lieu, être influencés par la va-
gue de baisse générale des prix et la haus-
se du franc.
Mais à la Chambre syndicale des cafés
on ne semble disposé à réduire aussi ra-
pidement les bénéfices qu'on est. accoutumé
à réaliser : on n'est pas disposé surtout
à l'aire boire le, juste bouillon aux mem- _
bres de la Chambre syndicale qui, tous, '
ont joué à ,la hausse ; il résulte des décla-
rations de M. Sauleau, président du syn-
dicat, qu'il faut prévoir encore une haussa,
des. cafés 1
SAMEDI 29 MAI 1920.
1 RÉDJCTI0M-ADHIH1STRAT10K
12, Rue Feydeau, 12
PARIS 12» ASK")
TÉLÉPHONE : Central 07-47
ÀI>R. TÎLEon. : Naipapul.paris
DIRECTEUR POUTIQUE:
JEAN LONGUET
DIRECTEUR LITTÉRAIRE.
HENRI BARBUSSB
RÉDACTEUR EN CHEF:
PATJL FAORE
Â
de Pa
Journal Socialiste
L'Union des travailleurs ferS
la paix du monde.
ANATOLE FRANCE
-15 CENTIMES LE NUMERO
AIîO.NXEHEXTS : . 3 mois G Mis 1 an
PARIS(Sciaoelâeine-et-Oi«â¢) 40 fr. 19 £r. 37 ir.
DÉPA!ITE«EMS lift. 21 fr. iOfr.
ÉTilViSER.... Mît. ÏCft. 51 fr.
. JlOTp©iT$AO KtMtRO . . ,
SPECIAL DO SAMEDI â¢s li"
PARIS elPIlOVKCE....;...! 6fr. SIt.
ÉIRATCER 8fr. Itlfr.
On s'abonne sans frais dans tous les bureaux de poste
félicité: ï- CBABAW, 111 Rue Honlmarlre
GRAND DÉBAT A LA CHAMBRE
_ â ''i -.y â -:-i â . o v . - !⢠⢠~ â , «_ ^\ â¢â¢ : 1 ' : ; ' : ' ', ' ⢠V?: ⢠â * ; " * Ci-'-'Y ' « ; â¢> v -is» ,
LA RIPOSTE
au Gouvernement
Les fonctionnaires ont répondu à la ma-
noeuvre administrative et aux menaces po-
litiques qui, dans l'esprit du'pouvoir, de-
vaient barrer la route aux agents de l'Etat
dans leur évolution vers la C.G.T.
Par 193 voix contre 32 et une soixantaine
d'abstentions la Fédération des fonctionnai-
res a décidé d'entrer en bloc dans la grande
famille ouvrière, et si les petites organisa-
tions, dans jeur majorité sont restées réfrac-
ta ires, si d'autres, comme les percepteurs, se
sont abstenues, par contre, toutes ,les grandes
Fédérations, wâ douaniers, forestiers, institu-
teurs, contributions indirectes, etc. â ont
fait bloc et l'ont pas hésité.
tjK vrai dire, le terrain était mieux préparé
chez ces derniers qui, dans le domaine pu-
rement corporatif, opt fait de réels progrès
autrefois, avant la guerre, pour arriver à
temps, au lendemain de la catastrophe, avec
plus de discipline et une compréhension
mieux avertie des événements. Comme les
postiers, qui ont déjà franchi le pont, les
agents des grands services publics accom-
plissent aujourd'hui le geste qui est la logi-
que conséquence de toute leur évolution pro-
fessionnelle. Et, le plus remarquable de cçt
événement, c'est l'idée directrice qui conduit
cet ensemble de travailleurs nouveaux venus
au syndicalisme : ils ne lient pas leur déci-
sion à une revendication de salaire, à une
question de gros sous. Ils sont entrés, hier,
dans l'organisation confédérale, par raison
de sentiment d'abord, parce qu'ils sont du
peuple et qu'ils le retrouvent crans son ca-
dre professionnel. Mais c'est encore pour sa
valeur réalisatrice et c'est surtout pour son
idéal syndicaliste qu'ils ont rejoint la C.
G.T. ; elle leur apparaît, après la grande ba-:
taille de ces jours derniers, comme la seule
organisation sérieuse capable de se dresser
avec la force de ses milliers de producteurs
contre l'immoralité née de la guerre; elle con-
crétise, à leurs yeux, le contrepoids néces-
saire à la concentration fatale des capitaux
d'affaires, nationalement ment; elle est le point de rencontre de tous
les exploités de ce pays qu'une oligarchie
égoïste et aux appétits sans limite rançonne
sans scrupule.
La nationalisation industrialisée est, pour
les fonctionnaires, telle que la définissait M.
Millerand en 1896 : « Un motif d'espérance
et de joie pour les millions d'êtres humains
appelés ainsi à s'élever, par une progression
que réglera non pas le caprice des hommes,
mais la nature des choses, de la condition de
salariés à la qualité de coparticipants des
richesses sociales ».
Quand un tel programme anime les fonc-
tionnaires et qu'il les fait rejoindre tout le
travail organisé pour une réalisation com-
mune, quelle misère la menace du pouvoir!
Mais aussi quelle logique l'attitude de ces
militants d'organisations tout prêts à sacrifier
leur situation â à la fois pour rappeler les
parvenus de la politique à la pudeur et pour
attirer l'opinion publique sur le vrai terrain
«Je la lutte opportune : briser les égoïsmes
particuliers et réorganiser la vie nationale
pour le plus grand profit de la collectivité.
E. GLAY.
Les Ouvriers anglais
et la défense de la Russie
L'ATTITUDE DES CHEMINOTS
LONDRES, 27 mai. (De notre correspon-
dant). â Par une lettre, au Daily Herald
C. T. Cramp explique les motifs de la dé-
termination de l'Association nationale des
cheminots (te -s'opposer au chargement des
munitions destinées à la contre-révolution
russe : ;
« Le renchérissement journalier du coût
de'la. vie a déterminé notre Association à
se joindre à la Triple Alliance en vue d'u-
ne action pour obtenir une baisse* -des
prix. Mais il est indiscutable que tous
nos efforts dans ce sens seront paralysés
et môme anéantis par 1 l'impossibilité de
faire profiter le monde civilisé des produits I
russes.
« La Russie est une des plus grandes
puissances productives du monde entier.
Avant la guerre, elle exportait en quanti-
té considérable .les bois de construction, j
le cuir, le lin et quantité d'autres matières !
brutes indispensables à la, société, actuelle
pour arriver à liai réduction du prix de laj
vie. : '
« Il y a encore une autre raison pour!
conclure la paix avec la Russie. Ce pays
s'est entièrement développé dans le sens
d'une nouvelle forme-de démocratie qui
peut faire de la Russie la plus grande dé-
mocratie du monde et il sera d'une impor-
tance considérable dans l'avenir, pbur la
classe ouvrière anglaise et. ses enfants,
que cette démocratie ait des 'sentiments
amicaux pour ce pays. Il est clair que la
classe ouvrière peut seule sauver la Russie.
« Lé capitalisme international veut écra-
f»r la jeune république russe et c'est
pourquoi notre Comité exécutif a décidé de
lui accorder sa sympathie et son concours
pour empêcher ce crime. »
LE CONGRES DES COOPERATIVES
A sa séance d'hier, le Congrès des coo-
pératives a voté, au milieu du plus grand
enthousiasme, la résolution suivante :
« Le Congrès considère avec reconnais-
sance les efforts accomplis par les unions
ouvrières russes pour établir la vie écono-
mique de la Russie sur une base démocra-
tique et en faveur des organisations coo-
pératives. Nous donnons à nos camarades
des coopératives russes l'assurance que 1®
violente opposition que font à -leurs efforts
les capitalistes çt les gouvernements capi-
talistes est amèrement ressentie par les
membres des coopératives présents à ce
Congrès.
« De plus, nous constatons l'importance
et l'urgence d'entrer en contact avec le
mouvement coopératif russe et nous, y
contribuerons de toutes nos forces et de
tout notre pouvoir. »
LES OUVRIERS DE LA VOITURE
L'Union des ouvriers de la voiture a ré-
clamé un Congrès spécial en vue de décla-
rer la grève générale pour contraindre la
Pologne, par l'intermédiaire du Parlement,
à cesser.la guerre contre la Russie.
Krassine est à Londres
LONDRES, 27 mai. â Débarqué ce ma-
tin à Newcastle, Krassine, accompagné
seulement de sa femme et d'un envoyé du
Foreign Office, est arrivé cet après-midi
à Londres par la gare de King's Cross
Sur le quai d'arrivée, une foule nombreu-
se et un nombre imposant de journalistes
et de photographes attendaient l'envoyé de
Lénine. .
Des hourras poussés par les socialistes
londoniens saluèrent Krassine à sa des-
cente du train.
Après avoir accepté de poser devant les
photographes, il est monté dans un taxi-
auto, vite entouré de journalistes qui lui
ont posé de nombreuses questions. Mais
Krassine qui, comme ses collègues, a donné
au gouvernement britannique sa parole de
ne pas se laisser interviewer â condition
dont dépend leur séjour à tous ici â ne
répondit pas.
A un moment cependant, comme on lui
posait cette question : « Nous apportez-
vous la. paix ? » il murmura : « Nous soin-'
mes ici pour cela et ce' fut tout. â > â â â
La presse anglaise
Les journaux anglais s'entretiennent dé
l'arrivée de Krassine. à-Londres et la com-
mentent en sens divers. Le Daily Herald
favorable à la démocratie! russe, ' raille la
Morning Posl et autres organes de la presse
dite de lord Northcliffe, qui ne partagent
par les mêmes sympathies. Il oppose-aux
« révélations » de certains personnages sur
les excès du bolchevisme russe, les conclu-
sions officielles de là commussion chargée
d'enquêter aux Indes sur les affaires d'Am-
ritsar.
Le Daily Telegraph hésite à formuler un
avis sur les résultats de la visite de Kras-
sine et déclare que certaines missions an-
glises disposées à reprendre les relations
commerciales avec la . Russie, se montrent
toutefois réserves, ignorant encore si les.
négociations en cours aboutiront.
Le Daily Mail regrette que la Russie se
trouve isolée actuellement du commerce
international.
On estime que Krassine essayera d'ob-
tenir du gouvernement anglais des loco-
motives et des machines industrielles qui
permettront à son pays de se relever éco-
nomiquement. â (Radio.)
h Traders Je Monde
Comme au temps des galions
LONDRES, 27 mai. â Un télégramme de
San Francisco au « Central News » an-
nonce l'arrivée dans ce port, pour le
compte du gouvernement britannique, de
200 millions de dollars, venant de Hong-
Kong. Cet or est consigné au nom de MM.
J.-P. Morgan et Cie. On déclare que la Fé-
déral Reserve Bank est disposée à acheter
cet or si on lui en fait l'offre. â (Radio).
Les Bolcheviks â Enzeli
LONDRES, 27 mai. â Dans les milieux
autorisés, on annonce que l'expédition bol-
cheviste récemment débarquée à Enzeli
n'a fait aucune tentative pour étendre son
rayon d'action en Perse. â (Radio).
Deux millions pour un match
LONDRES, 27 mai. â M. Lewis Healey,
le sportsman 'bien ' connu, propriétaire
d'importantes écuries de courses, vient
d'offrir une bourse de 40.000 livres, somme
qui équivaut, au cours actuel des changes,
à deux millions de, francs environ, pour
un match revanche entré Georges Carpen-
tier et Joé Beckett, qui devrait avoir lieu
en Angleterre. â (Radio).
Bon exemple
ROME, 27 mai., â Le Parti. socialiste
adressé un appel à toutes les sections du
Parti pour les inviter à contrôler les trans-
ports de façon, à ce qu'aucun matériel de
guerre ne puisse être expédié aux adver-
saires,-de la Russie soviétiste. â (Radio).
Les P. T. T. italiens
ROME, 27 mai. â Le « .Tournai Officiel »
publie les mesures prisés en faveur des
P. T. T.
Il y a. donc tout lieu,d'espérer (sic) que
â ces derniers reprendront leur service sans
aucune sorte d'obstruction. â(Radio).
Ouvriers allemands en Russie
⢠COPENHAGUE, 27 mai. â Un radiotélé-
gramme de Moscou annonce qu'une délé-
gation de socialistes allemands vient d'ar-
river; dans cette ville. Les délégués vont
s'entretenir avec les autorités bolcheviques
de .la possibilité d'envoyer en Russie plus
de 100.000 ouvriers allemands spécialisés,
qui pourraient restaurer certaines bran-
ches de l'industrie souffrant particulière-
ment du manque dé main-d'oeuvre. â (Ra-
dio).
La Séance de cet après- midi
APRES HYTHE * AVANT SPA
Il est encore, malaisé de prévoir la tour-
nure que prendra, au Palais-Bourbon, le dé-
bat sur l'entrevue de Hyte. Une grande
effervescence se manifestait, hier, dans les
commissions des affaires étrangères et des
finances à la Chambre, où l'on discutait avec
âpreté les décisions adoptées en commun
par MM. Lloyd George et Millerand. Il y
a lieu d'ajouter que pour déterminer l'is-
sue de la discussion, interviendront des con-
sidérations de politique intérieure assez di-
verses et sur lesquelles nous ne voulons pas
insister. Des députés qui blâment les êvo£
lutions du président du Conseil en matière
diplomatique lui donneront cependant leurs
votes, parce qu'ils applaudissent aux me-
sures de réaction qu'il a prises à l'intérieur.
Ce débat offrira une importance indénia-
ble, de quelque hypocrisie que s'envelop-
pent certaines déclarations. Ce qui est en
cause, et nul ne le saurait mettre en doute,
en dépit des affirmations dérisoires de la
fresse officieuse, c'est la révision même de
acte de Versailles. * '
Lorsque cet acte fut signé, nous avons pro-
clamé sa fragilité : ceux qui l'avaient établi
n'avaient envisagé ni la condition réelle de
l'Allemagne, ni les intérêts pratiques de la
France, ni l'état du monde. Ils n'avaient eu
souci que des représailles à exercer et des
promesses irréfléchies qu'ils avaient prodi-
guées : « Le vaincu paiera tout ». Le Parti
socialiste, à l'encontre des témoignages tran-
chants de M. Clemenceau et de, ses auxiliai-
res qui vivaient dans leurs chimères impéria-
listes, avait annoncé la révision inévitable
du traité. Mieux, si cette révision n'était pas
mise en oeuvre, le régime de guerre, disions-
nous, se perpétuerait en Europe. Les événe-
ments nous ont donné raison. Lorsque M.
Clemenceau quitta le pouvoir, la preuve était
faite, mais le Bloc National, qui ne discer-
nait point les faits les plus frappants et dont
les ignorances vaniteuses feront, l'étonnement
de l'histoire, persistait à réclamer l'applica-
tion intégrale de l'acte de Versailles.
Aujourd'hui, il se trouve devant une ré-
vision commencée et qui a été imposée à
M. Millerand, son homme de confiance, par
l'Angleterre et par l'Italie, ou plus exacte-
ment par les circonstances mêmes. En ad-
mettant la discussion avec l'Allemagne à
Spa et en acceptant le forfait, le président
du Conseil a souscrit à une capitulation d'au-
tant plus dure pour lui que le Parti socialiste
l'avait annoncée avec une rigueur mathéma-
tique.
Non seulement ce geste lui a valu des ap-
préciations désobligeantes, formulées à mi-
voix dans les couloirs de la Chambre, mais
encore M. Poincaré l'a désavoué publique-
ment en résignant un poste en vue à la com-
mission des réparations. Cette retraite sou-
lignait l'ampleur de l'échec, subi par la di-
plomatie française.
Peu nous importe le résultat parlementaire
du débat qui s'ouvre. Que M. Poincaré et
M. Clemenceau, avec l'appui de quelques
autres, renversent M. Millerand, ou que ce-
lui -ci obtienne le vote de confiance qu'il sol-
licite, tout le prolétariat restera en bataille
contre toute la bourgeoisie. Nous voulons
uniquement constater que l'acte de Versail-
les,, ce monument d'orgueil, d'incohérence
tt d'incompétence, élevé en commun par la
diplomatie et par le militarisme, révèle sa
première fissure. On avait essayé de la ca-
cher en affirmant que le traité ne serait pas
révisé. M. Millerand osera-t-il. du haut de
la tribune, proclameV qu'il n'a pas, lui-
même, engagé la procédure de révision?
Paul LOUIS.
Les Interpellations
Le débat qui s'ouvre cet après-midi pro-
met d'avoir de l'importance.
M. Millerand, qui posera la question de
confiance, peut être mis en péril par le
parti Poincaré-Daudet-Barthou, qui veut
que « l'Allemagne paye tout ». Inutile de
dire qu'il s'agit seulement d'une farce pour
ces messieurs, qui savent à quoi s'en tenir.
En principe, deux députés seulement ont
déposé une demande d'interpellation, MM.
Aubriot et de Baudry d'Asson, mais de
nombreux orateurs se sont fait inscrire :
MM. Soulié, Vincent Auriol, Léon Blum,
Gonnet, Cornudet, Marcel Habert, Daniel
Vincent, Escoffier et Paisant, et il est vrai-
semblable que MM. Loucheur et Tardieu
interviendront aussi.
La situation est compliquée, les Alliés ne
sont pas d'accord. Le traité s'effondre de
toutes parts.
Le Bloc' National récolte ce qu'il a semé.
DANS LES COULOIRS
Une grande animation règne dans les
couloirs ce matin.
Les socialistes regardent d'un air assuré
l'agitation de ces messieurs patriotes qui
ne veulent pas encore s'apercevoir de l'er-
reur fondamentale du traité de paix.
Ils sont bien résolus à marquer les coups
et à profiter da.ns le seul intérêt du Parti,
des misérables discussions bourgeoises.
M. Barthou continue à affirmer qu'il
n'est pas candidat à la succession de M.
Millerand. Celui-ci commence à compren-
dre qu'il ne suffit pas de sauver « l'ordre »
pour être ministre in oeternum.
Les camarades de la Santé se font certai-
nement moins de bile de lui.
L'AJOURNEMENT DE SPA
Le gouvernement italien a demandé l'a-
journement à juillet do liai Conférence de
Spa, mais la France et l'Angleterre sont
hostiles à toute mesure dilatoire.
HISTOIRES DE BRIGANDS.... POLICIERS
Le Film de M. Jousselin
Les lettres mystérieuses de Monatte - Le cadavre en Seine
Nous Connaissons maintenant le texte
des lettres adressées par Monatte à Trotsky
et à Dridzo.
Dans la lettre à Trotsky, le directeur de
la « Vie Ouvrière » donne au commissaire
du peuple quelques renseignements sur le
mouvement socialiste et syndicaliste. Il
note les progrès faits par la minorité au
Congrès de Lyon, dit son espoir de voir â
la lettre est datée du 13 mars â ses amis
prendre la tête de la Fédération des Che-
minots au Congrès d'avril, et il termine :
« La classe, ouvrière française retrouvera
bientôt son esprit révolutionnaire. Notre
pensée, aujourd'hui comme hier, s'appuie
sur la vôtre. Vous luttez pour vous et pour-
rions. Nous luttons pour vous et pour nous,
honteux de n'avoir pas fait plus et d'être
encore aussi faibles. Mais, de meilleurs
jours viendront. Ils viennent. Votre triom-
phe prépare et annonce le nôtre. La Révo-
lution' -cessera bientôt d'être russe pour de-
venir européenne. Pensez un peu à nous
qui pensons à vous chaque heure du jour
et de la nuit.
« Bonne embrassade, mon cher Trotsky,
por vous et votre petite famille ».
A Dridzo, Monatte donne des informa-
tions identiques, puis il questionne :
« Où en est le projet de la Conférence
j internationale des Syndicats u évalution-
naires ? Que devient l'idée d'une Union
syndicale internationale lancée il y a quel-
ques mois par votre Comité central des
syndicats ?
« Envoyez-moi des renseignements, des
documents, afin que nous nous préparions
ici à entraîner non seulement les 588. Syn-
dicats qui se sont affirmés à Lyon, mais
d'autres encore.
« Faites votre.possible pour nous envoyer
des correspondances régulières.
« Vigoureuse poignée de mains à vous
et à tous vos camarades ». /
Tels sont les textes sur lesquels Ose s'ap-
puyer le gouvernement de M, Millerand
pour poursuivre.. Ces lettres, n'importé le-
quel d'entre nous aurait pu les écrire.
Monatte n'a d'ailleurs pas été ie seul à
correspondre avec les dirigeants actuels du
peuple russe. Des camarades appartenant
au groupement des reconstructeurs ont fait
eux aussi passer des lettres à Lénine, à
Litvinoff et à d'autres camarades de,Rus-
sie. Alors que signifie cette comédie ?
Ce procès se déroulera tel un film ciné-
matographique dans lequel on fera jouer
à nos amis emprisonnés le rôle de Croque-
mitaine. Ils sont destinés à remplacer
l'affiche du 16 novembre et à,servir d'é-
pouvantail à la bourgeoisie. Ce sera, je
vous assure, tout à fait joyeux. L'instruc-
tion nous donne un avant-goût de ce que
seront les débats.
. Voici qu'on nous apprend que M. Char-
les Benoist, l'homme du pape, a envoyé
d'Amsterdam un rapport sur l'organisa-
tion bolcheviste en Hollande. Il a donné
les noms des correspondants français de
cette organisation. Et, puis, ce n'est pas
tout, tenez-vous les côtes :
Dans les vêtements d'un Anglais qui, ré-
cemment, fut repêché dans la Seine, des
papiers bizarres furent découverts, qui
laissèrent supposer que le défunt appar-
tenait à une organisation révolutionnaire
internationale.
La justice, paraît-il, attache une impor-
tance considérable à cette histoire. Elle re-
cherche actuellement comment l'homme
ést mort. S'est-il suicidé ? A-t-il été assas-
siné ?
Voilà où nous en sommes.
La canaillerie
des juges de Périgueux
Nous sommes fixés depuis longtemps sur
les sentiments de la magistrature, vis-à-vis
do la classe ouvrière. La justice de M. Mil-
lerand réserve toutes ses sympathies pour
la mercante. Mais les grévistes* 1 Ali ! com-
me ils regrettent, ces valets de robe, de
ne pouvior les envoyer au bagne.
⢠11 ne faut- tout de même pas que ces mes-
sieurs s'imaginent que nous allons lais-
ser condamner nos camarades dans des
conditions aussi abominables qu'ils le ti-
rent' l'autre jour à Périgueux. Il v a dans
le Code des lois de procédure. Nous sau-
rons exiger qu'elles soient observées.
Deux grévistes, Lecru et Pouillet, com-
paraissent devant le tribunal correction-
nel. Le président a entre les mains une
lettre de notre ami Boisserie, demandant
la remise à quinzaine, étant retenu à Pa-
ris par la défense de De la g range.
Refus du tribunal, contrairement à tous
les usages.
Connaissant les sentiments des juges de
Périgueux, Boisserie avait prévu le cas.
â Si on refuse la remise, avait-il dit à
ses clients , aussitôt après votre interro-
gatoire d'identité, vous ferez défaut.
Qu'a fait le tribunal ? 11 a commencé par
entendre les témoins. Puis l'audition ter-
minée,-le président interroge Lecru et
Pouillet.
â Nous déclarons faire défaut, déclarent-
ils.
â Impossible, réplique le président...
vous avez laissé engager le débat.'
Ainsi par cette canaillerie sans nom, le
tribunal de Périgueux condamna deux ou-
vriers. -
Que pense M. le garde des sceaux de ce
procédé ? Et quelle mesure compte-t-il
prendre pour rappeler les magistrats au
respect de la loi d'abord, et pour assurer
la liberté de la défense ensuite ?
LE MOUVEMENT OUVRIER
Chez les Cheminots
Ainsi que nous l'avions annoncé les
Conseils d'administration d.u P. O. et du
P.-L.-M. se sont réunis hier à Paris et ce-
lui du Midi à Bordeaux.
Aucune décision n'a encore été prise.
Sur les réseaux et notamment, au P. O.,
où la grève a conservé toute son ampleur,
le désir de continuer la lutte est grand.
Cet après-midi, la Commission exécuti-
ve fédérale.se réunira rue Baudin, pren-
dra connaissance: du résultat de cette con-
sultation des réseaux en grève et décidera.
Quelle sera cette décision ? Continuation
de la grève ou reprise du travail ? Il est
difficile de le dire, tant est encore vivace
l'ardeur desr cheminots du P. O., du P.-L.-
M. et du Midi après vingt-sept jours de
grève.
Grèves de Protestation
A NICE
NICE, 27 mai. â Le personnel de lai ma-
nufacture des tabacs a fait aujourd'hui la
grève « des bras croisés » pour protester
contre l'arrestation de M. Moulin, délé-
gué de to corporation. M. Moulin, qui avait
pris une large part au mouvement grévis-
te, avait été arrêté sur la voie publique
pour entrave à la liberté du travail.
Une délégation s'est rendue ce soir au
Parquet pour réclamer son élargissement,
mais cette visite n'a doné aucun résultat.
â (Radio).
A DUNKERQUE
DUNKERQUE, 27 mai. â Les dockers
continuent la grève par solidarité avec les
ouvriers chargés du. fonctionnement des
grues. â (Radio).
LES CONDAMNATIONS
MARSEILLE, 27 mai. â Le tribunal a
condamné un groupe de cheminots grévis-
tes, pour entraves à la liberté du travail,
à des peines variant entre deux et six mois
de prison. â (Radio).
Pas de Syndicats
de Fonctionnaires
déclare M. Millerand
Qu'il essaie donc de les dissoudre I \
La décision de la Fédération des Fonc-
tionnaires d'adhérer à la C. G. T. a trou-
blé la paix du Président du Conseil et des
réactionnaires du Sénat et de la Cham-
bré.
Hier, le comité de l'Union républicaine
du Sénat s'est rendu chez le Président du
Conseil pour lui exposer « l'émotion pro-
duite au Sénat par la réunion d'une Fédé-
ration se disant Fédération des syndicats
de fonctionnaires, réunion au cours de la-
quelle les groupements des agents des ser-
vices publics ont proclamé non seulement
ce qu'ils considèrent leur droit syndical,
mais leur affiliation à la C. G. T., actuel-
lement poursuivie pour s'être écartée de
son tôle professionnel ».
Le Président du Conseil a déclaré que
les syndicats dès fonctionnaires allaient
être mis en demeure de se disjoindre.
Ces déclarations seraient d'ailleurs con-
formes aux décisions prises le matin par
le Conseil de Cabinet, sur le projet relatif
au statut des fonctionnaires et qui dis-
pose que :
« Les fonctionnaires â sauf les ouvriers
et le personnel temporaire â ne peuvent
s'associer que sous le régime de la loi de
1!H)1 à laquelle deux modifications impor-
tantes sont apportées.
D'une part, les associations reçoivent, au
point de vue de la personnalité civile,
une capacité étendue. C'est l'application
de la loi de 1881 améliorée par la loi du
12 mars 1920.
D'autre part, les associations ne peuvent
adhérer à aucune fédération dont feraient
partie des associations ayant des intérêts
corporatifs différents des leurs ».
M. Millerand s'est déjà cassé, les dents
sur la C. G. T.
Qu'il essaye donc do mordre encore sur
la Fédération des Fonctionnaires !
Le Sénat américain
rejette le Mandat sur l'Arménie
WASHINGTON, 27 mai. â La Commis-
sion des affaires étrangères du Sénat amé-
ricain a nettement refusé par 11 voix con-
tre 4 d'àfcéder à la requête de Wilson
concernant .le mandat sur l'Arménie. â
i (Radio).
L'ISLAM
et le Socialisme
Le meeting qui réunissait, hier soir, aux
Sociétés Savantes, une joule ardente de so-
cialistes parisiens et d'Orientaux â de tou-
tes nos colonies de l'Afrique du Nord : Al-
gérie, Tunisie, Maroc; deTEgypte, des In-
des comme des différentes régions de la
Turquie â eut une portée qu'on ne saurait
exagérer. Douze à quinze cents personnes se
pressaient à étouffer dans un salle,.qui peut
en contenir tout au plus un millier. Ce fut un
véritable « bain turc », observait une ci-
toyenne d'esprit. Ils ne cessèrent d'acclamer
les paroles des orateurs venus pour dénoncer
le démembrement de la Turquie, sa véritable
destruction, en un mot le nouveau crime per-
pétré par le Capitalisme et l'Impérialisme
contre le droit des peuples.
Les quelques interruptions inintelligentes
d'une poignée de jeunes échauffés royalistes
ou de quelques Grecs embarqués dans la ga-
lère de Venizelos et atteints, comme les im-
périalistes de tous les pays, de la folie des
grandeurs, ne firent que souligner davantage
la quasi-unanimité des aspirations de cette
foule généreuse et enthousiaste. Lorsqu'elle
saluait de ses vivats le message émouvant que
lui portaient, au nom de 70.000.000 d'hom-
mes, Mohamed-Ali, Sayed et les autres dé-
légués du khalifat hindou, clamant le cri
d'angoisse et de détresse de 300.000.000 de
Mahométans représentant une civilisation an-
tique qui ne veut pas mourir, lorsqu'elle ap-
plaudissait chaleureusement et les paroles de
Cachin montrant dans le Parti Socialiste le
seul protecteur des peuples écrasés et meur-
tris, et mes propres appels à l'union des op-
primés de toutes les races autour de la grande
force révolutionnaire du Socialisme interna-
tional â nous sentions que partout, dans le
monde, un esprit nouveau d'émancipation
était né.
Pénétrés de cette pensée que Jaurès a
maintes fois développée, nos amis de Rus-
sie ont constitué autour de Moscou un foyer
ardent de propagande qui, par les soins'de
notre camarade arménien Karaghan, l'ad-
joint de Tchitcherine, rayonne du Kremlin
sur le Caucase, la Perse, l'Asie Mineure,
VAfghanistan et jusqu'aux portes de l'im-
mense Hindoustan. La politique sauvage
poursuivie contre la République des Soviets
l'a amenée à passer partout à l'offensive con-
tre ses agresseurs. Les fautes et les cri-
mes multipliés par ceux-ci viennent secon-
der puissamment les efforts de leurs enne-
mis.
Hier encore, la presse anglaise était rem-
plie du rapport des commissions officielles
sur le sanglant massacre accompli le 13 avril
1919, à Amaritsar, par un des plus notoires
représentants du militarisme colonial, le gé-
néral Dyer, qui, sans avertissement préala-
ble, fit mitrailler de sang-froid une foule de
5.000 manifestants hindous pacifiques, et,
ne trouvant pas ses tanks et ses fusils à tir
rapide suffisants, fit encore bombarder la
foule du haut des airs par des avions! Près
de 400 morts, plus de 1.200 blessés â dont
après le massacre Dyer ne s'occupa même
pas, voilà quel fut le bilan de cette jour-
née sanglante. Après un an d'enquêtes et
d'hésitations, la sanction prise par le gou-
vernement britannique contre le boucher
d'Amaritsar est... de l'inviter à présenter sa
démission.
Et qu'on s'étonne, après cela, si à Cal-
cutta, comme à Bombay, l'esprit de révolte
grandit, si dans le monde entier les races
« sujettes )), foulées aux pieds, maudissent
leurs oppresseurs et se tournent vers le So-
cialisme libérateur.
Jean LONGUET.
PAR LA FAUTE DES MERCANT1S...
LA VAGUE DE BAISSE
Le café plus cher
Dans tous les pays qui sont nos ven-
deurs, le prix des choses diminue. Les
consommateurs d'Angleterre et des Etats-
Unis sont agréablement surpris par une
vague de baisse générale des objets do
nécessité courante.
Parallèlement, notre change s'amélio-
re : la livre sterling, qui valut un moment
plus de G8 francs est redescendue à 51 fr.
et le dollar est passé des environs de 18
francs à 13 francs.
Cela veut dire que les produits venus
d'Amérique et payables, comme c'est le
cas la plupart du temps, sur le marché
de New-York, coûtent aux acheteurs fran-
çais 25 % meilleur 'marché.
Malgré tout, les ménagères parisiennes
vont continuer pendant longtemps encore
à payer au prix fort toutes les marchan-
dises de consommation usuelle.
Les cafés, qui sont de production étran-
gère, presque entièrement, devraient
en premier lieu, être influencés par la va-
gue de baisse générale des prix et la haus-
se du franc.
Mais à la Chambre syndicale des cafés
on ne semble disposé à réduire aussi ra-
pidement les bénéfices qu'on est. accoutumé
à réaliser : on n'est pas disposé surtout
à l'aire boire le, juste bouillon aux mem- _
bres de la Chambre syndicale qui, tous, '
ont joué à ,la hausse ; il résulte des décla-
rations de M. Sauleau, président du syn-
dicat, qu'il faut prévoir encore une haussa,
des. cafés 1
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Saunière Paul Saunière Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Saunière Paul" or dc.contributor adj "Saunière Paul")
- Auteurs similaires Saunière Paul Saunière Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Saunière Paul" or dc.contributor adj "Saunière Paul")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k8173395/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k8173395/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k8173395/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k8173395/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k8173395
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k8173395
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k8173395/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest