Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1939-01-02
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1939 02 janvier 1939
Description : 1939/01/02 (Numéro 51660). 1939/01/02 (Numéro 51660).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
8 — 2 - 1-39
L'INTRANSIGEANT
VARIÉTÉS
iss d’Ispahan
Por Louis LA2ZARUS
O H 1' mon Dieu, quel triste
temps ! Voilà que le shah
de Perse lui-même devient
quinteux, susceptible et aca
riâtre. Un'jour, il apprend que le
Petit Parisien a donné pour titre
au compte rendu d’une exposition
féline ceci : « S. M. le chat re
çoit ». Aussitôt, il entre en fureur.
Sa majesté le chat ! C’est de lui
qu’il s’agit ! On veut se moquer
de lui I On_veut le tourner en dé
rision. — Mais non, sire ! il y a
shah et chat. Le chat est un ani
mal domestique. — Comment ! les
Français me prennent pour un
animal domestique ! — Nulle
ment ! Que votre, majesté ne se
mette pas en colère ! Mais plutôt
qu'elle considère que la prononcia
tion étrangère... — ... ne m’épar
gne guère. On me l’a dit, il faut
que je me venge !
Lik-dessus, le shah de Perse
rompt toute relation diplomatique
avec nous. C’est très comique.
Mais ne le dites pas, surtout ! A
notre époque, tout ce qui est co
mique devient dangereux. Bien
sûr, on sait que les shahs de Perse
n’ont jamais été très folichons, et
je me rappelle qu’un artiste de
music-hall, afin d’attirer l’atten
tion des spectateurs, s’était bap
tisé : l'homme qui a fait rire le
shah, pour signifier qu’il possé
dait une gaîté irrésistible. On le
croyait saris peine. Car les divers
shahs qui étaient venus visiter Pa
ris ne nous avaient parus -ni en
joués ni badins. On leur montrait
tout. Mais ils regardaient tout
comme ils eussent regardé leur
propre tombe. L’un d'èux, c’était
avant 1900, avait entendu parler
de la guillotine. Il voulait ta voir.
On ne put lui refuser ce plaisir dé
licat. M. Deibler, sous le hangar,
monta la machine, et fit descendre
le couperet à plusieurs reprises,
dans le vide, bien entendu. Et le
shah trouva cette démonstration
Intéressante, mais un peu fade. Il
demanda qu’un homme fût amené
et eût la tête tranchée sous ses
yeux. On lui expliqua que nos lois
Interdisaient cette sorte de diver
tissement. Alors, il tourna la tête
vers les personnages de sa suite et
montra i’un d’eux :
• — Prenez celui-là ! dit-il.
E NTRE nous, je ne suis pas sûr
que cette histoire soit au
thentique. Les bonnes histoi
res sont généralement inven
tées, ou tellement , arrangées que
l’on n'y peut pas prêter foi. Mais
j’ai lu celle-là vingt fois, et le Roi
des Rois n’en prit aucun ombrage,
si lui-même en eut connaissance.
Qn pouvait parler, dans ce temps-
là, on pouvait écrire sans crainte
de nous brouiller avec la Perse.
Maintenant, il va falloir réviser
tous nos proverbes :
s Ne réveiljez, pas .le chat qui dort
e§t offensant.J2ue veut-on dire, si
non que le maître de la Perse est
plongé dans un sommeil perpétuel,
•t que s’il en sort, il fera courir
des. dangers aux honnêtes gens ?
La nuit, tous les chats sont gris,
cela signifie que Sa Majesté abuse
des boissons fermentées dès la
tombée du jour. Il n’y a pas de pire
insuite, et celui qui la profère mé
rite d'être empalé.
A bon chat bon rat est une me
nace non déguisée. On tâche d’in
sinuer que les ennemis de Sa
Majesté auront raison d’elle, et on
les encourage à La mettre à mort.
Chat échaudé craint l’eau froide,
qu’est-ce à dire, sinon que le maî
tre de la Perse est accessible à la
peur et vit dans une saleté répu
gnante ?
J’appelle un chat un chat est
une blâmable grossièreté. Un
chat n’est pas un chat. C’est un
dieu.
Acheter chat en poche, expres
sion qui tend à prouver d’abord
que le Roi des Rois est à vendre,
et puis, qu’on pourrait se repentir
de l'avoir acheté.
En outre, un conte de Perrault
met en scène un certain Chat
Botté, , qui est un simple escroc.
Immonde allusion que Sa Majesté
repousse du pied, mais dont elle
reste justement indignée. -
Même dans le folklore français,
Sa Majesté est bafouée. Une cer
taine bergère tue son chaton qui
a mis le menton dans un mauvais
fromage. Exécrable manière de si
gnifier à Ça Majesté qu’elle a fait
de mauvaises alliances et qu’il lui
en coûtera la vie.
J ’AI l’air d’exagérer. Mais
il n’en est rien. Du mo
ment que le shah de Perse
peut s ’ i r r 11 e r d’un titre
parfaitement innocent et anodin,
il peut,s'irriter de tout. Les roses
d’ispahan, les roses de Chiraz, les
roses chantées par Saadi, voilà
qu’elles ne nous laissent que leurs
épines. Bah ! on s’en consolera.
Mais ailleurs .aussi le rire et la
grâce se sont éteints.
Ailleurs, presque partout.
D’un continent s l’autre...
L’Amérique latine
à Paris
C’est Mgr Va-
lérlo V a lé r i,
nonce àpostoli-
lique. qui a pré
senté aujour
d'hui, pour'1939,
las souhaits de
_ Nouvel An du
Corps Diplomatique. Mais le nonce
bénéficie en l’espèce d’un usage de
courtoisie de la part de ses « an
ciens », lesquels — usant d’une tra
dition de la Carrière — lui ont of
fert la qualité de doyen du Corps
Diplomatique, qui revient de droit
à M. de Souza Dantas, puisque ce
dernier représente le Brésil en
France depuis 1922. Après avoir été
ministre des Affaires étrangères à
32 ans et avoir représenté son pays
dans diverses capitales, M. de Sou
za Dantas en dépit des profonds
changements politiques qui se sont
produits depuis au Brésil, demeure
à son poste, ce qui honore pareille
ment les différents gouvernements
et ce diplomate unanimement res
pecté.
Puisque ce jour est celui des
vœux (et que nous apprenons que
le bruit selon lequel il allait nous
quitter.est heureusement démenti),
faisons celui que le plus Parisien
de nos ambassadeurs — il. s'inté
resse aussi bien au mouvement de
nos rues qu’à celui des réceptions
mondaines — reste encore de lon
gues années en France, où il ne
compte que des amis.
« INSI que le disait à des amis
Jgm l’infante ’ Eulalie, un dévot
/fpB^ non prévenu eût été fort
surpris, jeudi dernier, en
pénétrant dans la chapelle de l’Ar
chevêché de Paris, car il n’eût en
tendu panier.-quw l'espagnol eL je
portugais, .par une Assistance où
étaient représentés les plus beaux
noms de l'aristocratie des deux
continents.
On célébrait en effet un grand
mariage hispano-brésilien : celui de
M. Alberto Monteiro de Carvalho et
de Mlle Maria de Salamanca.
Cette cérémonie — où la bénédic
tion nuptiale fut donnés par îe car
dinal Verdier — mettait le point
final à des fiançailles qui-auront
été l’un des événements sensation
nels de la saison, pour la colonie
latino-américaine de Paris. L’époux
appartient à une des familles les
plus distinguées du Brésil et l’épou
sée, dont le nom honore l’Histoire
d'Espagne, est, par ailleurs vicom
tesse de Bahia Onda.
h| nNE importante société vient
il H de se constituer, à Santiago
ttjf de Cuba, sotis la présidence
de M. José L. Garcia Bail-
lères, ancien ministre de l’Agricul
ture, pour l’exploitation de l’inven- 1
tion d’un savant français. -
Celle-ci consiste à réduire- les
fruits en. une poudre impalpable^ et
qui conserve, grâce à un procédé
nouveau, toute la saveur du fruit
frais.
Nous avions déjà les œufs en pou
dre... -Voici maintenant les fruits,
et dont nous allons pouvoir goûter
les plus exotiques, puisqu’ils nous
viendront d’Amérique du Sud. A
cette invention, la poésie perdra
sans doute. Heureusement, la sa
veur nous reste ! Et l’imagina
tion... : .
JEAN BALDO.
Le sac aux B aisers
L e vieux n’a plus de famille.
Mais, comme il y a soixan
te ans qu’il habite dans le
village, tout le monde le
connaît. Alors quand il s’ennuie
il va dans la rue pour voir le
monde et s’inquiéter des nou
velles.
On le découragé gentiment :■
— Allons, père Mathias, vous
allez prendre froid 1 Rentrez
chez vous !
Il répond :
— J’ai tout le temps. Il n’y a
que le chat qui m’attend.
Aux jours ordinaires te père
. Mathias tombe parfois sur un
bon monsieur qui lui paye un
café sur le comptoir ; mais,
quand sonnent les fêtes de
famille, les gens ont assez à
faire de régaler les parents.
Ce matin le père Mathias est
sorti de bonne heure. Il n’y
avait personne dans les rues du
village ; sauf le boulanger traî
nant son odeur de pain chaud
et le facteur qui soufflait sur ses
doigts.
Le boulanger a offert un
. croissant au père Mathias.
— Prenez I II m’en restera !
Ils s’en sont mis plein la lampe
cette nuit !
*
Quant au - facteur il était tant
chargé qu’il ne portait pas
moins de deux sacs pour faire
sa tournée.
— Hé que je peux f aider ! lui
dit Mathias.
— Eh bien ! veille sur la boî
te aux imprimés !
Le facteur sauta de sa bicy
clette et fourragea dans sa sa
coche enflée. Le père Mathias
suivait ses gestes d’un œil lourd.
Le père Mathias ne reçoit
qu’une lettre par an : celle du
percepteur. Il s’approcha sou
dain. Il avança une main timide
pour soupeser le sac de cuir
bourré de lettres à 18 sous, de
lettres de « bonne année », El
la voix toute drôle, toute chavi
rée, toute pathétique, le père
Mathias énonça :
— Il y en a des baisers là-
dedans ! —- Blanche Vogt.
Sons les palmiers
d’Ajaccio...
MM
Ce pourrait
être une roman
ce digne d’é
mouvoir la voix
de Tino Rossi !
M a 1 h e u reu-
_ sement, il. y
manque les paroles et la musique.
Seuls les palmiers se dressent ■—
bien vivants — des deux côtés de
la place et de l’avenue du Premier-
Consul & Ajaccio et M. Daladier
pdùirrai'demàihjfTéâ àdmirèrÀ loi
sir., Car ces témoignages arbores
cents d’un tribut que la Corse ap-
porta naguère, de son esprit répu
blicain, ont été plantés à Ajaccio
à l’occasion d'ün voyage que fit en
Corse, le président Carnot en 1892.
En l’honneur du plus haut ma
gistrat de la République française,
la patrie de l’Empereur voulut
transformer de fond en comble
tout le décor de la ville. On adopta
simplement le vœu d’un conseil
ler municipal : « Faisons venir
des palmiers ! » Oui, mais... où les
trouver ? On écrivit donc en Al
gérie et en Tunisie — tiens !
tiens ! —: et un mois plus tard la
grande artère d’Ajaccio affectait
soudain un petit air... africain.
On sait comment en décembre
1938, ce « petit air », s’est changé
en « opéra dynamique » !
Aux usagers de la route :
Le Pneu Englebert présente ses
meilleurs vœux aux automobilis
tes dont il restera, en 1939 comme
par - le passé, le compagnon de
route fidèle, sûr, confortable et
économique..
Pour cadeaux de fin d’année ’
1 magnum liquéur Grand Mamier
Cordon Rouge, 2 litres 140 fr., ou
1 magnum Cherry Cognac, 2 litres
85 fr., seront des plus appréciés.
La latte contre le sommeil
C’est une
nouvelle '• qui
surprend tou
jours les Pari-;
siens lorsque,
après avoir ré
veillonné une
partie de la nuit et avoir joyeuse
ment enterré l’année défunte,, ils
apprennent en se réveillant tardi
vement que les Chambres siègent
encore.
Depuis hier après-midi, députés
et sénateurs n’ont théoriquement
pas quitté la Chambre et le Sénat.
C’est une cruelle épreuve d’en
durance pour des hommes qui ne
sont plus jeunes que cette nuit
blanche pendant laquelle il faut
lutter contre la fatigue et le som
meil /et peut-être, pour certains
tout au moins, improviser un. dis
cours.
C’est à croire que les parlemen
taires et les membres du gou
vernement ont conclu un accord
avec Morphée.
Le cassoulet de M. Bedouce
C’est pendant
la suspension de
séance que , la
lutte est la plus
dure. Les uns
somnolent, af
falés sur des
fauteuils, d’autres discutent afin
de se tenir éveillés.
M. Bedouce, cette nuit, donnait
la véritable recette du cassoulet à
qui la voulait.
— Je m’y connais, disait-il, puis
que je suis député de la Haute-’
Garonne. Vous prenez du jarret de
porc, des haricots de Pamiers et
de la saucisse de Toulouse. Mais
la difficulté, c’est de trouver de la
véritable saucisse de Toulouse...
Et le charmant M. Bedouce ra
conta qu’avant-guerre ils se réu
nissaient quelques députés dans
un petit restaurant de la rue
Saint-Simon. ' . '
— Vallières apportait le jarret
de porc ; moi, la saucisse véritable
de Toulouse, et c’est nous deux
qui, dans la cuisine de ce petit
restaurant, faisions, pour la joie
de nos collègues,.le vrai cassoulet...
Mais, même après ces histoires,
la Chambre siégeait encore.
La guerre des deux reines
L ES questions de légitimité
pour l’accession au trône
vont-elles, aussi, se poser
aux Halles centrales ? Il s’agit, :
il est vrai, de deux majestés élues
à l’occasion des fêtes l’une « rei
ne des dames des Halles •» et l’au
tre « reine des Halles » par deux,
comités différents. Pour l’instant,
les deux reines et surtout leurs
tenants se regardent en .chiens de
faïence et se menacent -mutuel
lement des foudres judiciaires.;
Quelle. •est ,ia. reine Jéâfcùne, qui
doit régner sur le carreau des
Halles,.- dans . son - domaine aux
murailles ornées de rangées de
carottes, d’asperges : et de na
vets ?
Pour l’instant, le conflit en est
là, et il faut espérer' que les légu
mes ne serviront pas de , projec
tiles aux partisans dès deux rei
nes...
90 kilomètres •
en dix heures !
H peut sem
bler puéril de
célébrer l’anni-
v e r u Ire
d’une perfor
mance qui don
na à l'homme la
possibilité de couvrir 90 kilomè
tres à la moyenne de 9 kilomètres
à l’heure, lorsque nos géants boli
des à quatre roues atteignent des
vitesses de 200 et même 250 kilo
mètres. N’importe, c’est parce que
d’abord on . put réaliser ces 9 kilo
mètres que nous sommes aujour
d’hui en mesure de nous enorgueil
lir de records sensationnels !
C’est vers les derniers jours de
décembre 1888 que Mme Bertha
Benz, femme de l’inventeur, ten
tait la première course automobile
féminine. ...
Partie de Mannheim, elle arriva
dix heures plus tard à Pforzheim,
sa ville natale. De permis de
conduire ? Pas question ! En ces
temps idylliques, le fait de tenir le
volant était, en raison même de sa
rareté, incompatible avec des for
malités administratives devenues
plus tard la rançon de ce qu’on
nomme la « vulgarisation ».
Détail touchant et comique :
Mme Benz s’arrêtait tous les 5 ou
6 kilomètres, devant une pharma
cie, entrait, achetait de la benzine,
faisait « le plein » et grimpait de
nouveau sur sa voiture que tous
les curieux, le long de la route,
considéraient, en s’écriant :
, — Extraordinaire ! Inouï ! Une
voiture sans chevaux ! Que de che
min parcouru en 50 ans !
Aux Chaussures F. Pinet,
1, boulevard de la Madeleine,
Demain, lundi 2 janvier:
Grands soldes de fin de saison.
Renouvellement complet du stock.
50.000 paires de chaussures de
haut luxe, classiques et fantaisies,
pour dames êt pour messieurs,
seront sacrifiées avec de très
gros rabais.
La casquette
U N changement symbolique
vient de se produire dans
le choix des couvre-chefs
arborés par le « Duce ». Ce n’est
plus, désormais, le fameux bon
net de police, ou chéchia à gland,
que le dictateur italien pose sur
son chef, lors des manifestations
ordinaires et extraordinaires ;
mais une casquette à visière de
cuir. Cette casquette s’apparente
comme une sœur à celle que por
tent les personnages officiels du
Reich.
Pour son compte, il est vrai,
Hitler abandonne le plus souvent
possible cette coiffure afin d’être,
sans doute, plus libre dans ses
mouvements oratoires.
Çette casquette portée par le
Duce'.'dâns 'toutes les cérémonies
.depuis quelque.Jtemps ..est-elle un
nouvel alignement dé l’axe au»,
chapitre des chapeaux ?
Droz
est toujours là maison sérieuse
pour perles cultivées et Zircons ;
grand choix à tous les prix.
Droz, 16, rue Halévy (Opéra).
— Vrai ! la locataire précédente aurait pu donner un coup
de balai l
Doublé claque
Devant la vi
trine de ce
chausseur amé-
(Ir'JL ) t ricain, avenue
de l’Opéra, un.
\ t—- V couple élégant
s’est arrêté et
contemple les articles exposés
avant d’entrer dans le' magasin.
Mais, monsieur et madame ne
semblent guère d’accord sur le
choix.
t — Tu n’as aucun goût, mon
cher, affirme madame, et ces sou
liers ne te conviennent pas...
— Tu sais, ma chère, que nous
ne sommes jamais d’accord. Je
trouve, au contraire, cette forme
ravissante.
Cette légère dispute menace de
s’envenimer mais, soudain, mada
me indique, d’un index vengeur et
avec une petite-flamme dans les
yeux, une paire de chaussures
jusqu’alors inaperçue :
— Tiens, voilà ce qu’il te faut !
Et sur la pancarte, le monsieur
peut lire : « Double claque. »
Une date à retenir
Demain lundi 2 janvier, pre
mier jour de vente des soldes aux
Chaussures Eilers, 5, Bd des. Capu
cines, Opéra. — Un grand choix
de chaussures pour dames, de
grand luxe, seront sacrifiées avee
des rabais considérables. Des sé
ries valeur- 200, 250, 300 fr. et
plus, soldées à partir de 100 fr.
Visites protocolaires
P eu à peu on a supprimé les
visites officielles du Premier
de l’An, excepté la réception
de l’Elysée .où viennent le corps
diplomatique- et les grands corps
de l’Etat.
Dans les ministères, par circu
laire, le ministre assure ses subor
donnés de ses vœux en les dispen
sant charitablement de venir les
lui rendre de vive voix. Comme
cela la question est tranchée et,
du petit au grand, chacun ne se
déplace plus que par sympathie où
obligation. Autrement dit, , dans
les services, on ne s’offre de
souhaits que dans la limite des
relations immédiates.
H n’en fut pas toujours ainsi.’
Longtemps après la suppression
des vœux officiels l’usage subsista
de déposer des cartes, Chez les
concierges ministériels de grandes
cases ad hoc en permettaient la
répartition et on les rendait; de
même manière. Cet. usage lui-
même est tombé en désuétude, au
grand regret, sans doute, des gra
veurs et aussi des plaisantins.
Souvent ceux-ci remarquaient :
« Comment un tel a tant de car
tes, et son voisin en reçoit ..si
peu! > Et de puiser au hasard
dans la case trop plein pour-en dé
verser le contenu dans les casiers
indigents.
Cintra ;
€ La Maison du Porto »... |‘
6, square Cdé rDfcStàîCptëSHAthél
née), 11, r. de Berri (Ch.-Elysées).
Les canards en promenade
Des canards,
de vrais ca
nards,. voguent,
en ce miment,
au gré des va-
g u ë s causées
par le passage
des remorqueurs et des chalands,
sur la Seine.
Du haut des ponts de Passy et
de l’Alma, selon l’humeur migra
trice des volatiles, les passants
contemplent l’essaim qui parait
être assez désorienté.
Ces canards sont ceux, dit-on,
du Bois de Boulogne, chassés par
le froid et le gel de leur domicile
habituel. Et les mouettes, elles
aussi, poussées en grand nombre
jusqu’à Paris par les basses , tem
pératures, survolent, étonnées,
toutes ces petites têtes bleu de
nuit, qui semblent échanger par
leur caquetage volubile, leurs im
pressions de voyage avec elles.
LETT RE S a ARTS
Prophé ties littéraires pou r 1939
1939 sera une année littéraire étonnante, dit'la
voyante Mme Geneviève de Zaepffel
ENUE, les cheveux gris. Peu
_ de gestes. Une voix douce».
▼ il Telle apparaît la ' pro-
phétesse qui, en décembre
de chaque année, prédit à la Satie
Pleyet les coups que le destin nous
réserve.
Mate H s’agit, ici de monde litté
raire en particulier.
— L’Académie française, dit Mme
Zaepffel, perdra sept membres. M
s’ensuivra une grande transforma
tion i la . création d’une Académie
cadette indépendante, où ne seront
reçus que. de jeunes écrivains.
— Pourriez-vous me dire, mada
me, ce qu’il adviendra à certains de
nos écrivains : Claude Farrère, par
exempte ?
— Claude Farèrre ?... Je ie vois
membre d’un Parlement extra-litté
raire. M y essayera de tempérer
l’exaltation des cerveaux juvéniles
quî prendront feu sous l’influence
des événements.
— André-Maurois ?...
— Au cours d’une mission non
littéraire qui lui sera confiée, il re
cevra la plus haute.distinction an
glaise, juste avant qu’M n’atteigne
le point culminant de sa carrière et
de sa vie.
..— Et Jean Cocteau t .... ■
— Oh ! lui— Je le vois entouré de
fumée, corçjme de visions dantes
ques, en écrivant un nouveau.livre.
Voyez-vous aussi, madame, ce
que fera François Mauriac ?
— Peu de chose. Mais il sera dé
coré d’un ordre étranger et fait, de
même, grand’croix de la Légion
(l'honneur.
— Pouvez-vous nous parler d'An
dré- Gide.?
— A la fin de* 1939, lorsque 'iee
soucis l’auront quitté, la. vraie lu
mière, une lumière définitive l’éclai
rera— .
— Et Paul Valéry ?
— Qu’il se' garde bien des voya
ges par mer. L’eau ne lui est pas
favorable. Pour l’année 1939, je lui
déconseille même les bains.
Je m’étonne d’un tel conseil, mais
j’avance aussitôt un autre nom.
— Léon-Paul Fargue ?
— C’est lui qui sera le créateur
de la nouvelle Académie des Jeu
nes, dont, je vous ai parlé il y a
quelques instants. Mais hélas, des
vapeurs malignes lui feront peut-
être un jour écrire un livre dérai
sonnable, qui pourrait nuire à l’en
semble merveilleux de son œuvra
poétique. Il devra, dans tous tes
cas, être très prudent’ avant de. se
coucher— veiller à ce. qu'aucun
reste de cigarette ne br.ôte.
Un dernier nom...
O. V. de L. Milosz ?
— C’est cet admirable poète et
métaphysicien qui, le premier, ap
portera un apaisement aux luttes
religieuses très violentes 'qui vont
se dérouler en 1939.
Mme Geneviève Zaepffel, qui sois-
riait au début de notre entretien,
termine ses prédictions d'une voix
grave, un peu triste...
..d’une richesse spirituelle encore jamais
atteinte, affirme Mme Fraya
Nécrologie
— Nous apprenons la mort de M.
Georges Carré, administrateur de
l'Agence Parisienne de Publicité, dé
cédé le 30 décembre. Les-obsèques
auront lieu demain lundi 2 janvier, à
9'heures, en l'église de la Trinité.
P ANS son petit hôtel de la
rue Chardin, Mme Fraya
vit au milieu de ses collec
tions. C’est là, depuis des
dizaines d’années, qu’elle encou
rage, console et prédit...
L’illustre chiromancienne parle
vite, très vite, sans hésitation, sûre
de ce qu’elle va dire.
—- Une année où l’on fera preuve
de beaucoup de personnalité, au
cours de laquelle on renouera avec
le goût de la Clarté et de la mesure.
La. psychologie atteindra un degré
d’acuité magnifique. Durant 1939 se
manifestera une très belle pléiade
dé jeunes écrivains qui donneront
des œuvres de tout premier ordre.
« L’esprit religieux aura une très
grande importance sous la Cou
pole. Beux nouveaux membres de
cette illustre assemblée seront de
grands prélats.
« Les Goncourt, pour leur Prix,
choisiront une œuvre absolument
remarquable. Elle sera de beaucoup
supérieure, à celle, de 1938 et, mal
gré la marque certaine , du génie
qu’on y trouvera, sera due à. la
plume d’un très jeune écrivain.
« Par ailleurs, j’ai l’intuition que
ce sera une femme'qui décrochera
le Prix de l’Académie Mallarmé.
Je pose à Mme Fraya quelques-
unes des questions, que j’ai posées
à Mme Zaepffel.
— Voudriez-vous me parier,
maintenant, de quelques écri-
— Paul Claudel pourrait être élu
s’il se; présentait à l’Académie
française, car il n’a pas atteintle
faîte des honneurs.
« Jean Cocteau continuera une
carrière-dramatique qui -s’annonce
étonnante.. Je le vois aussi créant
des films qui auront un énorme
succès. Il aura moins d’ennuis qu'il
n’en a eu pendant l’année qui
vient de s’écouler, et il portera
chance à ceux qui l’entourent.
« Henri de Montherlant s’affir
mera comme notre plus grand ro-
mancier. Cela' avec François Mau
riac.
« En ce qui concerne Paul Mo-
rand, j'ai rarement vu. quelqu’un
d'aussi pourvu... Un destin est sans
eesse là qui le protège. Sa carrière
diplomatique sera vraiment éton
nante. Quant à son œuvre litté
raire, elle prendra une forme tout
à fait différente de celle qu’elle a
eue -jusqu’ici..." Je lp vois entrer à
l’Académie française.
« Colette, reine de la littérature,
actuellement, en possession de tou
tes ses forces physiques et psychi
ques, se pcépare à nous étonner à
nouveau. Elle donnera un très beau
livre, qui sera « une tranche de
vie » de notre société' contempo
raine.
« Quant à Maurice Rostand, il
écrira des vers, beaucoup de vers
à succès et une œuvre théâtrale
qui en aura moins. Comme de nom
breux autres écrivains de talent,
Maurice- Rostand .est de ceux- qui
ne devraient écrire que pour
l’élite, sans rechercher le succès.
commercial, pour lequel ils ne sont
pas faits.
« En .bref, conclut Mme Fraya,
1939 sera une année très agitée,
qui nous réserve de nombreuses
surprises. Lassés du positivisme, les
écrivains — et plus particulière
ment les poètes — se tourneront
yers un idéalisme mystique. Les
joies spirituelles seront enfin les
plus recherchées. Ainsi s’accentue
ra le courant qui doit favoriser
l’éclosion d'œuvres à tendance spi
ritualiste. Ainsi refleuriront cer
taines branches de la pensée, quel
que peu délaissées jusqu’ici, telles
que la philosophie. Enfin on appro
fondira les questions religieuses et,
de plus en plus, me semble-t-il, on
se spécialisera, on s’orientera vers
un occultisme, un ésotérisme de
grande.classe. »
L’enquêteur :
RENE DE B'ERVAL
X Nous apprenons la mort de
M. Baudry de Saunier. Il était âgé
de 74 ans. Cet écrivain, doué -d’un
exceptionnel talent de vulgarisa
tion en matière scientifique ou.
sportive, avait fondé, en 1905, la
Revue de la: locdraoüa»», ei^peu
après la revue Omnia, consacrée à
l’automobile. Il était un des plus
réguliers collaborateurs de l'Illus
tration.'Ses articles et ses livres,
clairs, vivants, et toujours écrits
dans une langue excellente, reste
ront comme des modèles 'du genre.
Au moment de la querelle qui
s’était faite autour de la première
édition de la Grammaire de VAca- ■
demie, Baudry de Saunier avait
tenu, dans un petit livre, à prendre
part au débat...
LES TREIZE.
De toutes
les emaSeurs
Un grand jour pour les
artistes belges de Paris
La Diffusion artistique et litté
raire belge va ouvrir, dans son hô
tel de la rue de Berri, le' 12 jan
vier, une grande exposition consa
crée aux artistes belges résidant en
France.
L’ambassadeur 'de Belgique A Pa
ris, le ministre de l’Education na
tionale et le directeur général des
Beaux-Arts ont accordé leur patro
nage à cette manifestation d’amitié
franco-belge, dont la .qualité artis
tique promet d’être importante.
Le Cousin Pons.
A U numéro 16 bis de la rue Chevalier, à Levallois-
Perret, se dresse un petit hôtel particulier
jouxtant une usine : deux étages en pierre de
taille ; style moderne. Le premier étage est habité
par M. Edouard Ravel, ingénieur. Au deuxième se trouve
l’appartement jadis réservé à M. Maurice Ravel, compositeur
de musique : le grand Ravel que célébra* hier soir, le théâtre
de l’Opéra à l’occasion du premier anniversaire de sa mort.
C’est là, dans cette maison silencieuse, accablée par le
malheur, que je suis reçu par Mme Bonnet, propriétaire de
l’usine, et par M. Edouard Ravel, directeur.
L’ingénieur présente avec son frère une ressemblance
physique indéniable : même chevelure argentée, tirée en
arrière, même teint coloré. Il est vêtu de noir, avec une
cravate blanche : il revient du cimetière. C’est d’une voix
entrecoupée de sanglots qu’il va me parler du cher disparu.
Les deux frères étaient liés par la, plus tendre affection :
Le drame des dernières années
de Maurice E A VEL.
évoqué par son frère
Deux frères unis par le coeur et l’esprit J) u () féVFBeF 1934 ail 28 «téCemllPC 1937
— Maurice avait ici son appartement, comme j’avais le
mien chez lui, à Montfort-l’Amaury... On se voyait très sou
vent. Dans ses périodes de grand travail, j’allais lui rendre
visite, mais nous ne nous rencontrions qu’aux heures des
repas. Je lui disais : « Vraiment, Maurice, tu es content que
je sois ici, bien que tu restes enfermé toute la journée dans
ton studio ?» Et lui de me répondre : « Oui, oui ! j’aime
te sentir là... » Parfois il m’appelait : « Tiens, écoute ça...
Qu’est-ce que tu en dis ?... » Toutes ses œuvres, je les ai vues
naître, se former, grandir, avant que personne au monde les
connût... C’est pourquoi, maintenant, quand je les entends...
Incapable de continuer, M. Edouard Ravel sanglote, le
visage enfoui dans son mouchoir. Durant le long silence, je
sens se recréer autour de nous l’atmosphère où vécut le génial
musicien. Ce fauteuil, il s’y assit ; ce piano à queue, il y
joua 1 ’Alborada dél Gracioso, ce cocker aux bons yeux, au
jourd’hui si agité de voir son maître malheureux, il en ca
ressa de sa longue main maigre le pelage roux...
Premières atteintes du mal
— C’est le 6 février 1934 — le soir des émeutes — qu’il
quitta Paris, sur. le conseil de son médecin, pour aller se
reposer en Suisse, au Mont Pèlerin, au-dessus de Vevey.
Depuis trois mois, il se sentait fatigué, incapable de travail
ler. Jamais plus il ne devait se reprendre. Le mal inexorable
était déjà installé en lui. Je me rappelle que, cè soir-là, en
l’accompagnant à la gare, je fis un long détour afin d’éviter
les bagarres de la rue...
' « Trois mois après, il revint à Montfort, nullement amé
lioré. Sur sa table de travail, le manuscrit de Morggan, un
ballet qu’il avait commencé pouf Ida Rubenstein, attendait,
inachevé... Il devait le rester à jamais.
— Ne publierez-vous pas ces pages suprêmes, si émou
vantes en raison de... '
— Jamais, oh ! jamais, cela ! Non... il ne serait pas
■ content... Je sais que telle est sa volonté formelle. Il aimait
tant la perfection dans son art ! Personne ne peut savoir
à quel point son génie fut consciencieux : H lui est arrivé
de me dire : « J’ai achevé telle œuvre ; ou, plutôt : presque
achevé. Il manque les trois dernières mesures. » Et, six mois
après, il retouchait encore ces trois dernières mesures... Non,
ces manuscrits et les objets familiers, tout cela restera dans
l’état où il les a laissés, avant de s’en aller... On me dit :
Ne ferez-vous pas un musée de la villa de Montfort-l’Amau-
ry ? Pas de musée, non, non. H n’aimerait pas ça...
La chambre de Maurice Ravel
« Voulez-vous voir sa chambre ?»
J’ose à peine acquiescer... Etouffant machinalement mes
pas, je gravis l’escalier qui mène au second étage. Cette
rampe, où j’allais appuyer ma main, il a dû, très souvent,
y poser la sienne... *
Un couloir. Une porte qu 7 on ouvre. L’électricité qui
s’allume. C’est là. La pièce n’est pas grande, ni le plafond
bien. haut. Ameublement moderne, en bois clair, dessiné par
•••
Leytz, l’auteur du buste qui fut inauguré hier à l’Opéra.
Eclairage indirect,- en rosace au plafond. Tapis rouge, à
bande noire. Portes capitonnées de cuir gris. Des vitrines,
renfermant des livres et de menus objets qu’il aimait parti
culièrement : des joujoux d’enfant, des personnages de ber
geries, des maisonnettes de carton, hautes comme une carte
de visite^ 1 Des .chaises en tubes d’acier, avec siège d’étoffe.
Occupant toute une cloison, un bar, y compris les tabourets
de cuir rouge ; et le lit. « Son lit », recouvert d’une couver
ture de fourrure, sur lequel il fut déposé, mort, au retour
de la clinique...
—- Car j’ai voulu, me dit le frère au grand cœur, qu’il
repassât par ici avant d’aller au'cimetière... '
_ Sur un^ meuble, le masque mortuaire, en bronze, aux'
traits, apaisés. Et ceci, plus émouvant encore : un moulage
de sa main droite, que l’on croit revoir, mince, osseuse,
plissée, avec des doigts légèrement spatulés ; les doigts qui
tenaient le porte-plume créateur...
La table où il travaillait...
A TTENANT à la chambre, la salle de bains... le miroir
devant lequel il se rasait... Et ici, sanctuaire su
prême, son cabinet de travail : une cellule étroite,
aux murs roses et noirs, décorés d’estampes japo
naises, à la fenêtre ornée de culs de bouteille...
— ...pour ne pas voir l’usine, en face, les vilains han
gars, ces choses laides qu’il n’aimait pas, m'explique, d’une
voix attendrie, l’ingénieur...
Le pupitre sur lequel il écrivait la musique : une large
planche de bois verdâtre à nervures grises, fixée au mur
par une charnière permettant de la soulever ou de la rabat
tre. Un oiseau de faïence, qui le regarda composer Don Qui
chotte... Des sièges d’acier nickelé, aux accoudoirs comme
des roues, aux membres formés de pièces d’avion...
C’est là, dans cette atmosphère qui fut très intimement
la sienne, que le frère de Maurice Ravel me raconte, d’une
voix entrecoupée, la fin du drame :
— Quatre^ années s’écoulèrent, depuis qu’il avait res
senti les premières atteintes du mal. Nous essayâmes en vain
tous les traitements. Les plus illustres médecins du monde
furent consultés. Le pauvre malade voyait ses souffrances
augmenter. Enfin, nous nous adressâmes à Clovis Vincent.
« Médicalement, me déclara celui-ci, il n’y a rien à faire.
Chirurgicalement, il existe une. ehance. A vous de décider. »
« Vous voyez ce cas de conscience, pour moi, et cette
responsabilité... Je voulus prendre conseil des meilleurs amis
de mon frère. Tous me répondirent : « Il faut tenter la
chanceon ne peut pas laisser ainsi Maurice Ravel. » Lui-
même accepta l’opération, qui fut alors décidée. La veille, il
me fit cette réflexion : « Pourvu que ce ne soit pas trop -
tard...»
« L’opération eut lieu rue Boileau, le. 17 décembre de
l’année dernière, sans anesthésie, comme c’est l’usage pour
.ces sortes d'intervention dans lé cerveau:'Maurice la subit
très calmement. Il tomba dans une espèce de somnolence
d’où il ne devait sortir que le lendemain, pour prononcer
quelques paroles incohérentes.
Les dernières paroles...
L E surlendemain, quelqu’un lui demanda : « Voulez-
vous voir votre frère. ? » Il répondit aussitôt Àh !
je pense bien ! » Ce furent là les derniers mots
qu’il prononça avant de retomber dans le sommeil.
Ils prouvent que, jusqu’au bout, il avait conservé sa lucidité.
« Nous eûmes un espoir ; une à une, les fonctions
semblaient sç rétablir en lui. Sauf, toutefois, la déglutition.
Il ne pouvait plus avaler, ni boire, ni manger ; il étouffait...
C’est le 28, à 3 heures et demie du matin, qu’il rendit le
dernier, soupir... »
M. Edouard Ravel pleure encore, longuement, avant
d’ajouter :
— Je ne puis pas croire qu’il est parti pour toujours,
que je n’entendrai plus sa voix affectueuse, qu’il ne reprendra
pas sa page de musique inachevée....» M. M.
L'INTRANSIGEANT
VARIÉTÉS
iss d’Ispahan
Por Louis LA2ZARUS
O H 1' mon Dieu, quel triste
temps ! Voilà que le shah
de Perse lui-même devient
quinteux, susceptible et aca
riâtre. Un'jour, il apprend que le
Petit Parisien a donné pour titre
au compte rendu d’une exposition
féline ceci : « S. M. le chat re
çoit ». Aussitôt, il entre en fureur.
Sa majesté le chat ! C’est de lui
qu’il s’agit ! On veut se moquer
de lui I On_veut le tourner en dé
rision. — Mais non, sire ! il y a
shah et chat. Le chat est un ani
mal domestique. — Comment ! les
Français me prennent pour un
animal domestique ! — Nulle
ment ! Que votre, majesté ne se
mette pas en colère ! Mais plutôt
qu'elle considère que la prononcia
tion étrangère... — ... ne m’épar
gne guère. On me l’a dit, il faut
que je me venge !
Lik-dessus, le shah de Perse
rompt toute relation diplomatique
avec nous. C’est très comique.
Mais ne le dites pas, surtout ! A
notre époque, tout ce qui est co
mique devient dangereux. Bien
sûr, on sait que les shahs de Perse
n’ont jamais été très folichons, et
je me rappelle qu’un artiste de
music-hall, afin d’attirer l’atten
tion des spectateurs, s’était bap
tisé : l'homme qui a fait rire le
shah, pour signifier qu’il possé
dait une gaîté irrésistible. On le
croyait saris peine. Car les divers
shahs qui étaient venus visiter Pa
ris ne nous avaient parus -ni en
joués ni badins. On leur montrait
tout. Mais ils regardaient tout
comme ils eussent regardé leur
propre tombe. L’un d'èux, c’était
avant 1900, avait entendu parler
de la guillotine. Il voulait ta voir.
On ne put lui refuser ce plaisir dé
licat. M. Deibler, sous le hangar,
monta la machine, et fit descendre
le couperet à plusieurs reprises,
dans le vide, bien entendu. Et le
shah trouva cette démonstration
Intéressante, mais un peu fade. Il
demanda qu’un homme fût amené
et eût la tête tranchée sous ses
yeux. On lui expliqua que nos lois
Interdisaient cette sorte de diver
tissement. Alors, il tourna la tête
vers les personnages de sa suite et
montra i’un d’eux :
• — Prenez celui-là ! dit-il.
E NTRE nous, je ne suis pas sûr
que cette histoire soit au
thentique. Les bonnes histoi
res sont généralement inven
tées, ou tellement , arrangées que
l’on n'y peut pas prêter foi. Mais
j’ai lu celle-là vingt fois, et le Roi
des Rois n’en prit aucun ombrage,
si lui-même en eut connaissance.
Qn pouvait parler, dans ce temps-
là, on pouvait écrire sans crainte
de nous brouiller avec la Perse.
Maintenant, il va falloir réviser
tous nos proverbes :
s Ne réveiljez, pas .le chat qui dort
e§t offensant.J2ue veut-on dire, si
non que le maître de la Perse est
plongé dans un sommeil perpétuel,
•t que s’il en sort, il fera courir
des. dangers aux honnêtes gens ?
La nuit, tous les chats sont gris,
cela signifie que Sa Majesté abuse
des boissons fermentées dès la
tombée du jour. Il n’y a pas de pire
insuite, et celui qui la profère mé
rite d'être empalé.
A bon chat bon rat est une me
nace non déguisée. On tâche d’in
sinuer que les ennemis de Sa
Majesté auront raison d’elle, et on
les encourage à La mettre à mort.
Chat échaudé craint l’eau froide,
qu’est-ce à dire, sinon que le maî
tre de la Perse est accessible à la
peur et vit dans une saleté répu
gnante ?
J’appelle un chat un chat est
une blâmable grossièreté. Un
chat n’est pas un chat. C’est un
dieu.
Acheter chat en poche, expres
sion qui tend à prouver d’abord
que le Roi des Rois est à vendre,
et puis, qu’on pourrait se repentir
de l'avoir acheté.
En outre, un conte de Perrault
met en scène un certain Chat
Botté, , qui est un simple escroc.
Immonde allusion que Sa Majesté
repousse du pied, mais dont elle
reste justement indignée. -
Même dans le folklore français,
Sa Majesté est bafouée. Une cer
taine bergère tue son chaton qui
a mis le menton dans un mauvais
fromage. Exécrable manière de si
gnifier à Ça Majesté qu’elle a fait
de mauvaises alliances et qu’il lui
en coûtera la vie.
J ’AI l’air d’exagérer. Mais
il n’en est rien. Du mo
ment que le shah de Perse
peut s ’ i r r 11 e r d’un titre
parfaitement innocent et anodin,
il peut,s'irriter de tout. Les roses
d’ispahan, les roses de Chiraz, les
roses chantées par Saadi, voilà
qu’elles ne nous laissent que leurs
épines. Bah ! on s’en consolera.
Mais ailleurs .aussi le rire et la
grâce se sont éteints.
Ailleurs, presque partout.
D’un continent s l’autre...
L’Amérique latine
à Paris
C’est Mgr Va-
lérlo V a lé r i,
nonce àpostoli-
lique. qui a pré
senté aujour
d'hui, pour'1939,
las souhaits de
_ Nouvel An du
Corps Diplomatique. Mais le nonce
bénéficie en l’espèce d’un usage de
courtoisie de la part de ses « an
ciens », lesquels — usant d’une tra
dition de la Carrière — lui ont of
fert la qualité de doyen du Corps
Diplomatique, qui revient de droit
à M. de Souza Dantas, puisque ce
dernier représente le Brésil en
France depuis 1922. Après avoir été
ministre des Affaires étrangères à
32 ans et avoir représenté son pays
dans diverses capitales, M. de Sou
za Dantas en dépit des profonds
changements politiques qui se sont
produits depuis au Brésil, demeure
à son poste, ce qui honore pareille
ment les différents gouvernements
et ce diplomate unanimement res
pecté.
Puisque ce jour est celui des
vœux (et que nous apprenons que
le bruit selon lequel il allait nous
quitter.est heureusement démenti),
faisons celui que le plus Parisien
de nos ambassadeurs — il. s'inté
resse aussi bien au mouvement de
nos rues qu’à celui des réceptions
mondaines — reste encore de lon
gues années en France, où il ne
compte que des amis.
« INSI que le disait à des amis
Jgm l’infante ’ Eulalie, un dévot
/fpB^ non prévenu eût été fort
surpris, jeudi dernier, en
pénétrant dans la chapelle de l’Ar
chevêché de Paris, car il n’eût en
tendu panier.-quw l'espagnol eL je
portugais, .par une Assistance où
étaient représentés les plus beaux
noms de l'aristocratie des deux
continents.
On célébrait en effet un grand
mariage hispano-brésilien : celui de
M. Alberto Monteiro de Carvalho et
de Mlle Maria de Salamanca.
Cette cérémonie — où la bénédic
tion nuptiale fut donnés par îe car
dinal Verdier — mettait le point
final à des fiançailles qui-auront
été l’un des événements sensation
nels de la saison, pour la colonie
latino-américaine de Paris. L’époux
appartient à une des familles les
plus distinguées du Brésil et l’épou
sée, dont le nom honore l’Histoire
d'Espagne, est, par ailleurs vicom
tesse de Bahia Onda.
h| nNE importante société vient
il H de se constituer, à Santiago
ttjf de Cuba, sotis la présidence
de M. José L. Garcia Bail-
lères, ancien ministre de l’Agricul
ture, pour l’exploitation de l’inven- 1
tion d’un savant français. -
Celle-ci consiste à réduire- les
fruits en. une poudre impalpable^ et
qui conserve, grâce à un procédé
nouveau, toute la saveur du fruit
frais.
Nous avions déjà les œufs en pou
dre... -Voici maintenant les fruits,
et dont nous allons pouvoir goûter
les plus exotiques, puisqu’ils nous
viendront d’Amérique du Sud. A
cette invention, la poésie perdra
sans doute. Heureusement, la sa
veur nous reste ! Et l’imagina
tion... : .
JEAN BALDO.
Le sac aux B aisers
L e vieux n’a plus de famille.
Mais, comme il y a soixan
te ans qu’il habite dans le
village, tout le monde le
connaît. Alors quand il s’ennuie
il va dans la rue pour voir le
monde et s’inquiéter des nou
velles.
On le découragé gentiment :■
— Allons, père Mathias, vous
allez prendre froid 1 Rentrez
chez vous !
Il répond :
— J’ai tout le temps. Il n’y a
que le chat qui m’attend.
Aux jours ordinaires te père
. Mathias tombe parfois sur un
bon monsieur qui lui paye un
café sur le comptoir ; mais,
quand sonnent les fêtes de
famille, les gens ont assez à
faire de régaler les parents.
Ce matin le père Mathias est
sorti de bonne heure. Il n’y
avait personne dans les rues du
village ; sauf le boulanger traî
nant son odeur de pain chaud
et le facteur qui soufflait sur ses
doigts.
Le boulanger a offert un
. croissant au père Mathias.
— Prenez I II m’en restera !
Ils s’en sont mis plein la lampe
cette nuit !
*
Quant au - facteur il était tant
chargé qu’il ne portait pas
moins de deux sacs pour faire
sa tournée.
— Hé que je peux f aider ! lui
dit Mathias.
— Eh bien ! veille sur la boî
te aux imprimés !
Le facteur sauta de sa bicy
clette et fourragea dans sa sa
coche enflée. Le père Mathias
suivait ses gestes d’un œil lourd.
Le père Mathias ne reçoit
qu’une lettre par an : celle du
percepteur. Il s’approcha sou
dain. Il avança une main timide
pour soupeser le sac de cuir
bourré de lettres à 18 sous, de
lettres de « bonne année », El
la voix toute drôle, toute chavi
rée, toute pathétique, le père
Mathias énonça :
— Il y en a des baisers là-
dedans ! —- Blanche Vogt.
Sons les palmiers
d’Ajaccio...
MM
Ce pourrait
être une roman
ce digne d’é
mouvoir la voix
de Tino Rossi !
M a 1 h e u reu-
_ sement, il. y
manque les paroles et la musique.
Seuls les palmiers se dressent ■—
bien vivants — des deux côtés de
la place et de l’avenue du Premier-
Consul & Ajaccio et M. Daladier
pdùirrai'demàihjfTéâ àdmirèrÀ loi
sir., Car ces témoignages arbores
cents d’un tribut que la Corse ap-
porta naguère, de son esprit répu
blicain, ont été plantés à Ajaccio
à l’occasion d'ün voyage que fit en
Corse, le président Carnot en 1892.
En l’honneur du plus haut ma
gistrat de la République française,
la patrie de l’Empereur voulut
transformer de fond en comble
tout le décor de la ville. On adopta
simplement le vœu d’un conseil
ler municipal : « Faisons venir
des palmiers ! » Oui, mais... où les
trouver ? On écrivit donc en Al
gérie et en Tunisie — tiens !
tiens ! —: et un mois plus tard la
grande artère d’Ajaccio affectait
soudain un petit air... africain.
On sait comment en décembre
1938, ce « petit air », s’est changé
en « opéra dynamique » !
Aux usagers de la route :
Le Pneu Englebert présente ses
meilleurs vœux aux automobilis
tes dont il restera, en 1939 comme
par - le passé, le compagnon de
route fidèle, sûr, confortable et
économique..
Pour cadeaux de fin d’année ’
1 magnum liquéur Grand Mamier
Cordon Rouge, 2 litres 140 fr., ou
1 magnum Cherry Cognac, 2 litres
85 fr., seront des plus appréciés.
La latte contre le sommeil
C’est une
nouvelle '• qui
surprend tou
jours les Pari-;
siens lorsque,
après avoir ré
veillonné une
partie de la nuit et avoir joyeuse
ment enterré l’année défunte,, ils
apprennent en se réveillant tardi
vement que les Chambres siègent
encore.
Depuis hier après-midi, députés
et sénateurs n’ont théoriquement
pas quitté la Chambre et le Sénat.
C’est une cruelle épreuve d’en
durance pour des hommes qui ne
sont plus jeunes que cette nuit
blanche pendant laquelle il faut
lutter contre la fatigue et le som
meil /et peut-être, pour certains
tout au moins, improviser un. dis
cours.
C’est à croire que les parlemen
taires et les membres du gou
vernement ont conclu un accord
avec Morphée.
Le cassoulet de M. Bedouce
C’est pendant
la suspension de
séance que , la
lutte est la plus
dure. Les uns
somnolent, af
falés sur des
fauteuils, d’autres discutent afin
de se tenir éveillés.
M. Bedouce, cette nuit, donnait
la véritable recette du cassoulet à
qui la voulait.
— Je m’y connais, disait-il, puis
que je suis député de la Haute-’
Garonne. Vous prenez du jarret de
porc, des haricots de Pamiers et
de la saucisse de Toulouse. Mais
la difficulté, c’est de trouver de la
véritable saucisse de Toulouse...
Et le charmant M. Bedouce ra
conta qu’avant-guerre ils se réu
nissaient quelques députés dans
un petit restaurant de la rue
Saint-Simon. ' . '
— Vallières apportait le jarret
de porc ; moi, la saucisse véritable
de Toulouse, et c’est nous deux
qui, dans la cuisine de ce petit
restaurant, faisions, pour la joie
de nos collègues,.le vrai cassoulet...
Mais, même après ces histoires,
la Chambre siégeait encore.
La guerre des deux reines
L ES questions de légitimité
pour l’accession au trône
vont-elles, aussi, se poser
aux Halles centrales ? Il s’agit, :
il est vrai, de deux majestés élues
à l’occasion des fêtes l’une « rei
ne des dames des Halles •» et l’au
tre « reine des Halles » par deux,
comités différents. Pour l’instant,
les deux reines et surtout leurs
tenants se regardent en .chiens de
faïence et se menacent -mutuel
lement des foudres judiciaires.;
Quelle. •est ,ia. reine Jéâfcùne, qui
doit régner sur le carreau des
Halles,.- dans . son - domaine aux
murailles ornées de rangées de
carottes, d’asperges : et de na
vets ?
Pour l’instant, le conflit en est
là, et il faut espérer' que les légu
mes ne serviront pas de , projec
tiles aux partisans dès deux rei
nes...
90 kilomètres •
en dix heures !
H peut sem
bler puéril de
célébrer l’anni-
v e r u Ire
d’une perfor
mance qui don
na à l'homme la
possibilité de couvrir 90 kilomè
tres à la moyenne de 9 kilomètres
à l’heure, lorsque nos géants boli
des à quatre roues atteignent des
vitesses de 200 et même 250 kilo
mètres. N’importe, c’est parce que
d’abord on . put réaliser ces 9 kilo
mètres que nous sommes aujour
d’hui en mesure de nous enorgueil
lir de records sensationnels !
C’est vers les derniers jours de
décembre 1888 que Mme Bertha
Benz, femme de l’inventeur, ten
tait la première course automobile
féminine. ...
Partie de Mannheim, elle arriva
dix heures plus tard à Pforzheim,
sa ville natale. De permis de
conduire ? Pas question ! En ces
temps idylliques, le fait de tenir le
volant était, en raison même de sa
rareté, incompatible avec des for
malités administratives devenues
plus tard la rançon de ce qu’on
nomme la « vulgarisation ».
Détail touchant et comique :
Mme Benz s’arrêtait tous les 5 ou
6 kilomètres, devant une pharma
cie, entrait, achetait de la benzine,
faisait « le plein » et grimpait de
nouveau sur sa voiture que tous
les curieux, le long de la route,
considéraient, en s’écriant :
, — Extraordinaire ! Inouï ! Une
voiture sans chevaux ! Que de che
min parcouru en 50 ans !
Aux Chaussures F. Pinet,
1, boulevard de la Madeleine,
Demain, lundi 2 janvier:
Grands soldes de fin de saison.
Renouvellement complet du stock.
50.000 paires de chaussures de
haut luxe, classiques et fantaisies,
pour dames êt pour messieurs,
seront sacrifiées avec de très
gros rabais.
La casquette
U N changement symbolique
vient de se produire dans
le choix des couvre-chefs
arborés par le « Duce ». Ce n’est
plus, désormais, le fameux bon
net de police, ou chéchia à gland,
que le dictateur italien pose sur
son chef, lors des manifestations
ordinaires et extraordinaires ;
mais une casquette à visière de
cuir. Cette casquette s’apparente
comme une sœur à celle que por
tent les personnages officiels du
Reich.
Pour son compte, il est vrai,
Hitler abandonne le plus souvent
possible cette coiffure afin d’être,
sans doute, plus libre dans ses
mouvements oratoires.
Çette casquette portée par le
Duce'.'dâns 'toutes les cérémonies
.depuis quelque.Jtemps ..est-elle un
nouvel alignement dé l’axe au»,
chapitre des chapeaux ?
Droz
est toujours là maison sérieuse
pour perles cultivées et Zircons ;
grand choix à tous les prix.
Droz, 16, rue Halévy (Opéra).
— Vrai ! la locataire précédente aurait pu donner un coup
de balai l
Doublé claque
Devant la vi
trine de ce
chausseur amé-
(Ir'JL ) t ricain, avenue
de l’Opéra, un.
\ t—- V couple élégant
s’est arrêté et
contemple les articles exposés
avant d’entrer dans le' magasin.
Mais, monsieur et madame ne
semblent guère d’accord sur le
choix.
t — Tu n’as aucun goût, mon
cher, affirme madame, et ces sou
liers ne te conviennent pas...
— Tu sais, ma chère, que nous
ne sommes jamais d’accord. Je
trouve, au contraire, cette forme
ravissante.
Cette légère dispute menace de
s’envenimer mais, soudain, mada
me indique, d’un index vengeur et
avec une petite-flamme dans les
yeux, une paire de chaussures
jusqu’alors inaperçue :
— Tiens, voilà ce qu’il te faut !
Et sur la pancarte, le monsieur
peut lire : « Double claque. »
Une date à retenir
Demain lundi 2 janvier, pre
mier jour de vente des soldes aux
Chaussures Eilers, 5, Bd des. Capu
cines, Opéra. — Un grand choix
de chaussures pour dames, de
grand luxe, seront sacrifiées avee
des rabais considérables. Des sé
ries valeur- 200, 250, 300 fr. et
plus, soldées à partir de 100 fr.
Visites protocolaires
P eu à peu on a supprimé les
visites officielles du Premier
de l’An, excepté la réception
de l’Elysée .où viennent le corps
diplomatique- et les grands corps
de l’Etat.
Dans les ministères, par circu
laire, le ministre assure ses subor
donnés de ses vœux en les dispen
sant charitablement de venir les
lui rendre de vive voix. Comme
cela la question est tranchée et,
du petit au grand, chacun ne se
déplace plus que par sympathie où
obligation. Autrement dit, , dans
les services, on ne s’offre de
souhaits que dans la limite des
relations immédiates.
H n’en fut pas toujours ainsi.’
Longtemps après la suppression
des vœux officiels l’usage subsista
de déposer des cartes, Chez les
concierges ministériels de grandes
cases ad hoc en permettaient la
répartition et on les rendait; de
même manière. Cet. usage lui-
même est tombé en désuétude, au
grand regret, sans doute, des gra
veurs et aussi des plaisantins.
Souvent ceux-ci remarquaient :
« Comment un tel a tant de car
tes, et son voisin en reçoit ..si
peu! > Et de puiser au hasard
dans la case trop plein pour-en dé
verser le contenu dans les casiers
indigents.
Cintra ;
€ La Maison du Porto »... |‘
6, square Cdé rDfcStàîCptëSHAthél
née), 11, r. de Berri (Ch.-Elysées).
Les canards en promenade
Des canards,
de vrais ca
nards,. voguent,
en ce miment,
au gré des va-
g u ë s causées
par le passage
des remorqueurs et des chalands,
sur la Seine.
Du haut des ponts de Passy et
de l’Alma, selon l’humeur migra
trice des volatiles, les passants
contemplent l’essaim qui parait
être assez désorienté.
Ces canards sont ceux, dit-on,
du Bois de Boulogne, chassés par
le froid et le gel de leur domicile
habituel. Et les mouettes, elles
aussi, poussées en grand nombre
jusqu’à Paris par les basses , tem
pératures, survolent, étonnées,
toutes ces petites têtes bleu de
nuit, qui semblent échanger par
leur caquetage volubile, leurs im
pressions de voyage avec elles.
LETT RE S a ARTS
Prophé ties littéraires pou r 1939
1939 sera une année littéraire étonnante, dit'la
voyante Mme Geneviève de Zaepffel
ENUE, les cheveux gris. Peu
_ de gestes. Une voix douce».
▼ il Telle apparaît la ' pro-
phétesse qui, en décembre
de chaque année, prédit à la Satie
Pleyet les coups que le destin nous
réserve.
Mate H s’agit, ici de monde litté
raire en particulier.
— L’Académie française, dit Mme
Zaepffel, perdra sept membres. M
s’ensuivra une grande transforma
tion i la . création d’une Académie
cadette indépendante, où ne seront
reçus que. de jeunes écrivains.
— Pourriez-vous me dire, mada
me, ce qu’il adviendra à certains de
nos écrivains : Claude Farrère, par
exempte ?
— Claude Farèrre ?... Je ie vois
membre d’un Parlement extra-litté
raire. M y essayera de tempérer
l’exaltation des cerveaux juvéniles
quî prendront feu sous l’influence
des événements.
— André-Maurois ?...
— Au cours d’une mission non
littéraire qui lui sera confiée, il re
cevra la plus haute.distinction an
glaise, juste avant qu’M n’atteigne
le point culminant de sa carrière et
de sa vie.
..— Et Jean Cocteau t .... ■
— Oh ! lui— Je le vois entouré de
fumée, corçjme de visions dantes
ques, en écrivant un nouveau.livre.
Voyez-vous aussi, madame, ce
que fera François Mauriac ?
— Peu de chose. Mais il sera dé
coré d’un ordre étranger et fait, de
même, grand’croix de la Légion
(l'honneur.
— Pouvez-vous nous parler d'An
dré- Gide.?
— A la fin de* 1939, lorsque 'iee
soucis l’auront quitté, la. vraie lu
mière, une lumière définitive l’éclai
rera— .
— Et Paul Valéry ?
— Qu’il se' garde bien des voya
ges par mer. L’eau ne lui est pas
favorable. Pour l’année 1939, je lui
déconseille même les bains.
Je m’étonne d’un tel conseil, mais
j’avance aussitôt un autre nom.
— Léon-Paul Fargue ?
— C’est lui qui sera le créateur
de la nouvelle Académie des Jeu
nes, dont, je vous ai parlé il y a
quelques instants. Mais hélas, des
vapeurs malignes lui feront peut-
être un jour écrire un livre dérai
sonnable, qui pourrait nuire à l’en
semble merveilleux de son œuvra
poétique. Il devra, dans tous tes
cas, être très prudent’ avant de. se
coucher— veiller à ce. qu'aucun
reste de cigarette ne br.ôte.
Un dernier nom...
O. V. de L. Milosz ?
— C’est cet admirable poète et
métaphysicien qui, le premier, ap
portera un apaisement aux luttes
religieuses très violentes 'qui vont
se dérouler en 1939.
Mme Geneviève Zaepffel, qui sois-
riait au début de notre entretien,
termine ses prédictions d'une voix
grave, un peu triste...
..d’une richesse spirituelle encore jamais
atteinte, affirme Mme Fraya
Nécrologie
— Nous apprenons la mort de M.
Georges Carré, administrateur de
l'Agence Parisienne de Publicité, dé
cédé le 30 décembre. Les-obsèques
auront lieu demain lundi 2 janvier, à
9'heures, en l'église de la Trinité.
P ANS son petit hôtel de la
rue Chardin, Mme Fraya
vit au milieu de ses collec
tions. C’est là, depuis des
dizaines d’années, qu’elle encou
rage, console et prédit...
L’illustre chiromancienne parle
vite, très vite, sans hésitation, sûre
de ce qu’elle va dire.
—- Une année où l’on fera preuve
de beaucoup de personnalité, au
cours de laquelle on renouera avec
le goût de la Clarté et de la mesure.
La. psychologie atteindra un degré
d’acuité magnifique. Durant 1939 se
manifestera une très belle pléiade
dé jeunes écrivains qui donneront
des œuvres de tout premier ordre.
« L’esprit religieux aura une très
grande importance sous la Cou
pole. Beux nouveaux membres de
cette illustre assemblée seront de
grands prélats.
« Les Goncourt, pour leur Prix,
choisiront une œuvre absolument
remarquable. Elle sera de beaucoup
supérieure, à celle, de 1938 et, mal
gré la marque certaine , du génie
qu’on y trouvera, sera due à. la
plume d’un très jeune écrivain.
« Par ailleurs, j’ai l’intuition que
ce sera une femme'qui décrochera
le Prix de l’Académie Mallarmé.
Je pose à Mme Fraya quelques-
unes des questions, que j’ai posées
à Mme Zaepffel.
— Voudriez-vous me parier,
maintenant, de quelques écri-
— Paul Claudel pourrait être élu
s’il se; présentait à l’Académie
française, car il n’a pas atteintle
faîte des honneurs.
« Jean Cocteau continuera une
carrière-dramatique qui -s’annonce
étonnante.. Je le vois aussi créant
des films qui auront un énorme
succès. Il aura moins d’ennuis qu'il
n’en a eu pendant l’année qui
vient de s’écouler, et il portera
chance à ceux qui l’entourent.
« Henri de Montherlant s’affir
mera comme notre plus grand ro-
mancier. Cela' avec François Mau
riac.
« En ce qui concerne Paul Mo-
rand, j'ai rarement vu. quelqu’un
d'aussi pourvu... Un destin est sans
eesse là qui le protège. Sa carrière
diplomatique sera vraiment éton
nante. Quant à son œuvre litté
raire, elle prendra une forme tout
à fait différente de celle qu’elle a
eue -jusqu’ici..." Je lp vois entrer à
l’Académie française.
« Colette, reine de la littérature,
actuellement, en possession de tou
tes ses forces physiques et psychi
ques, se pcépare à nous étonner à
nouveau. Elle donnera un très beau
livre, qui sera « une tranche de
vie » de notre société' contempo
raine.
« Quant à Maurice Rostand, il
écrira des vers, beaucoup de vers
à succès et une œuvre théâtrale
qui en aura moins. Comme de nom
breux autres écrivains de talent,
Maurice- Rostand .est de ceux- qui
ne devraient écrire que pour
l’élite, sans rechercher le succès.
commercial, pour lequel ils ne sont
pas faits.
« En .bref, conclut Mme Fraya,
1939 sera une année très agitée,
qui nous réserve de nombreuses
surprises. Lassés du positivisme, les
écrivains — et plus particulière
ment les poètes — se tourneront
yers un idéalisme mystique. Les
joies spirituelles seront enfin les
plus recherchées. Ainsi s’accentue
ra le courant qui doit favoriser
l’éclosion d'œuvres à tendance spi
ritualiste. Ainsi refleuriront cer
taines branches de la pensée, quel
que peu délaissées jusqu’ici, telles
que la philosophie. Enfin on appro
fondira les questions religieuses et,
de plus en plus, me semble-t-il, on
se spécialisera, on s’orientera vers
un occultisme, un ésotérisme de
grande.classe. »
L’enquêteur :
RENE DE B'ERVAL
X Nous apprenons la mort de
M. Baudry de Saunier. Il était âgé
de 74 ans. Cet écrivain, doué -d’un
exceptionnel talent de vulgarisa
tion en matière scientifique ou.
sportive, avait fondé, en 1905, la
Revue de la: locdraoüa»», ei^peu
après la revue Omnia, consacrée à
l’automobile. Il était un des plus
réguliers collaborateurs de l'Illus
tration.'Ses articles et ses livres,
clairs, vivants, et toujours écrits
dans une langue excellente, reste
ront comme des modèles 'du genre.
Au moment de la querelle qui
s’était faite autour de la première
édition de la Grammaire de VAca- ■
demie, Baudry de Saunier avait
tenu, dans un petit livre, à prendre
part au débat...
LES TREIZE.
De toutes
les emaSeurs
Un grand jour pour les
artistes belges de Paris
La Diffusion artistique et litté
raire belge va ouvrir, dans son hô
tel de la rue de Berri, le' 12 jan
vier, une grande exposition consa
crée aux artistes belges résidant en
France.
L’ambassadeur 'de Belgique A Pa
ris, le ministre de l’Education na
tionale et le directeur général des
Beaux-Arts ont accordé leur patro
nage à cette manifestation d’amitié
franco-belge, dont la .qualité artis
tique promet d’être importante.
Le Cousin Pons.
A U numéro 16 bis de la rue Chevalier, à Levallois-
Perret, se dresse un petit hôtel particulier
jouxtant une usine : deux étages en pierre de
taille ; style moderne. Le premier étage est habité
par M. Edouard Ravel, ingénieur. Au deuxième se trouve
l’appartement jadis réservé à M. Maurice Ravel, compositeur
de musique : le grand Ravel que célébra* hier soir, le théâtre
de l’Opéra à l’occasion du premier anniversaire de sa mort.
C’est là, dans cette maison silencieuse, accablée par le
malheur, que je suis reçu par Mme Bonnet, propriétaire de
l’usine, et par M. Edouard Ravel, directeur.
L’ingénieur présente avec son frère une ressemblance
physique indéniable : même chevelure argentée, tirée en
arrière, même teint coloré. Il est vêtu de noir, avec une
cravate blanche : il revient du cimetière. C’est d’une voix
entrecoupée de sanglots qu’il va me parler du cher disparu.
Les deux frères étaient liés par la, plus tendre affection :
Le drame des dernières années
de Maurice E A VEL.
évoqué par son frère
Deux frères unis par le coeur et l’esprit J) u () féVFBeF 1934 ail 28 «téCemllPC 1937
— Maurice avait ici son appartement, comme j’avais le
mien chez lui, à Montfort-l’Amaury... On se voyait très sou
vent. Dans ses périodes de grand travail, j’allais lui rendre
visite, mais nous ne nous rencontrions qu’aux heures des
repas. Je lui disais : « Vraiment, Maurice, tu es content que
je sois ici, bien que tu restes enfermé toute la journée dans
ton studio ?» Et lui de me répondre : « Oui, oui ! j’aime
te sentir là... » Parfois il m’appelait : « Tiens, écoute ça...
Qu’est-ce que tu en dis ?... » Toutes ses œuvres, je les ai vues
naître, se former, grandir, avant que personne au monde les
connût... C’est pourquoi, maintenant, quand je les entends...
Incapable de continuer, M. Edouard Ravel sanglote, le
visage enfoui dans son mouchoir. Durant le long silence, je
sens se recréer autour de nous l’atmosphère où vécut le génial
musicien. Ce fauteuil, il s’y assit ; ce piano à queue, il y
joua 1 ’Alborada dél Gracioso, ce cocker aux bons yeux, au
jourd’hui si agité de voir son maître malheureux, il en ca
ressa de sa longue main maigre le pelage roux...
Premières atteintes du mal
— C’est le 6 février 1934 — le soir des émeutes — qu’il
quitta Paris, sur. le conseil de son médecin, pour aller se
reposer en Suisse, au Mont Pèlerin, au-dessus de Vevey.
Depuis trois mois, il se sentait fatigué, incapable de travail
ler. Jamais plus il ne devait se reprendre. Le mal inexorable
était déjà installé en lui. Je me rappelle que, cè soir-là, en
l’accompagnant à la gare, je fis un long détour afin d’éviter
les bagarres de la rue...
' « Trois mois après, il revint à Montfort, nullement amé
lioré. Sur sa table de travail, le manuscrit de Morggan, un
ballet qu’il avait commencé pouf Ida Rubenstein, attendait,
inachevé... Il devait le rester à jamais.
— Ne publierez-vous pas ces pages suprêmes, si émou
vantes en raison de... '
— Jamais, oh ! jamais, cela ! Non... il ne serait pas
■ content... Je sais que telle est sa volonté formelle. Il aimait
tant la perfection dans son art ! Personne ne peut savoir
à quel point son génie fut consciencieux : H lui est arrivé
de me dire : « J’ai achevé telle œuvre ; ou, plutôt : presque
achevé. Il manque les trois dernières mesures. » Et, six mois
après, il retouchait encore ces trois dernières mesures... Non,
ces manuscrits et les objets familiers, tout cela restera dans
l’état où il les a laissés, avant de s’en aller... On me dit :
Ne ferez-vous pas un musée de la villa de Montfort-l’Amau-
ry ? Pas de musée, non, non. H n’aimerait pas ça...
La chambre de Maurice Ravel
« Voulez-vous voir sa chambre ?»
J’ose à peine acquiescer... Etouffant machinalement mes
pas, je gravis l’escalier qui mène au second étage. Cette
rampe, où j’allais appuyer ma main, il a dû, très souvent,
y poser la sienne... *
Un couloir. Une porte qu 7 on ouvre. L’électricité qui
s’allume. C’est là. La pièce n’est pas grande, ni le plafond
bien. haut. Ameublement moderne, en bois clair, dessiné par
•••
Leytz, l’auteur du buste qui fut inauguré hier à l’Opéra.
Eclairage indirect,- en rosace au plafond. Tapis rouge, à
bande noire. Portes capitonnées de cuir gris. Des vitrines,
renfermant des livres et de menus objets qu’il aimait parti
culièrement : des joujoux d’enfant, des personnages de ber
geries, des maisonnettes de carton, hautes comme une carte
de visite^ 1 Des .chaises en tubes d’acier, avec siège d’étoffe.
Occupant toute une cloison, un bar, y compris les tabourets
de cuir rouge ; et le lit. « Son lit », recouvert d’une couver
ture de fourrure, sur lequel il fut déposé, mort, au retour
de la clinique...
—- Car j’ai voulu, me dit le frère au grand cœur, qu’il
repassât par ici avant d’aller au'cimetière... '
_ Sur un^ meuble, le masque mortuaire, en bronze, aux'
traits, apaisés. Et ceci, plus émouvant encore : un moulage
de sa main droite, que l’on croit revoir, mince, osseuse,
plissée, avec des doigts légèrement spatulés ; les doigts qui
tenaient le porte-plume créateur...
La table où il travaillait...
A TTENANT à la chambre, la salle de bains... le miroir
devant lequel il se rasait... Et ici, sanctuaire su
prême, son cabinet de travail : une cellule étroite,
aux murs roses et noirs, décorés d’estampes japo
naises, à la fenêtre ornée de culs de bouteille...
— ...pour ne pas voir l’usine, en face, les vilains han
gars, ces choses laides qu’il n’aimait pas, m'explique, d’une
voix attendrie, l’ingénieur...
Le pupitre sur lequel il écrivait la musique : une large
planche de bois verdâtre à nervures grises, fixée au mur
par une charnière permettant de la soulever ou de la rabat
tre. Un oiseau de faïence, qui le regarda composer Don Qui
chotte... Des sièges d’acier nickelé, aux accoudoirs comme
des roues, aux membres formés de pièces d’avion...
C’est là, dans cette atmosphère qui fut très intimement
la sienne, que le frère de Maurice Ravel me raconte, d’une
voix entrecoupée, la fin du drame :
— Quatre^ années s’écoulèrent, depuis qu’il avait res
senti les premières atteintes du mal. Nous essayâmes en vain
tous les traitements. Les plus illustres médecins du monde
furent consultés. Le pauvre malade voyait ses souffrances
augmenter. Enfin, nous nous adressâmes à Clovis Vincent.
« Médicalement, me déclara celui-ci, il n’y a rien à faire.
Chirurgicalement, il existe une. ehance. A vous de décider. »
« Vous voyez ce cas de conscience, pour moi, et cette
responsabilité... Je voulus prendre conseil des meilleurs amis
de mon frère. Tous me répondirent : « Il faut tenter la
chanceon ne peut pas laisser ainsi Maurice Ravel. » Lui-
même accepta l’opération, qui fut alors décidée. La veille, il
me fit cette réflexion : « Pourvu que ce ne soit pas trop -
tard...»
« L’opération eut lieu rue Boileau, le. 17 décembre de
l’année dernière, sans anesthésie, comme c’est l’usage pour
.ces sortes d'intervention dans lé cerveau:'Maurice la subit
très calmement. Il tomba dans une espèce de somnolence
d’où il ne devait sortir que le lendemain, pour prononcer
quelques paroles incohérentes.
Les dernières paroles...
L E surlendemain, quelqu’un lui demanda : « Voulez-
vous voir votre frère. ? » Il répondit aussitôt Àh !
je pense bien ! » Ce furent là les derniers mots
qu’il prononça avant de retomber dans le sommeil.
Ils prouvent que, jusqu’au bout, il avait conservé sa lucidité.
« Nous eûmes un espoir ; une à une, les fonctions
semblaient sç rétablir en lui. Sauf, toutefois, la déglutition.
Il ne pouvait plus avaler, ni boire, ni manger ; il étouffait...
C’est le 28, à 3 heures et demie du matin, qu’il rendit le
dernier, soupir... »
M. Edouard Ravel pleure encore, longuement, avant
d’ajouter :
— Je ne puis pas croire qu’il est parti pour toujours,
que je n’entendrai plus sa voix affectueuse, qu’il ne reprendra
pas sa page de musique inachevée....» M. M.
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