Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-24
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 août 1922 24 août 1922
Description : 1922/08/24 (Numéro 15359). 1922/08/24 (Numéro 15359).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7900946
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
ABONNEMENTS
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iü Centimes LE PLUS FORT TIRAGE DES JOURNAUX DU SOIR TS Centimes
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Le Journal de Parla
Directeur : LÉON BAILBY
Le Journal de Paris
Jeudi
24 Août
_1922
43* Année- « N' 1S3S9
' ' RCOAcnoR ( MKimsTRAnes
I2« rat du Croissant et 27, rue des Jsâneorv
PARIS (*•)
PubUcitéau Bureau du Journal
LE KRONPRINZ EN FRANCE |
Devant l'aigle
de Barberoosse
L’ex-kronprinz demande à rentrer en
Allemagne. Il faut, prétend-il, trop de
marks pour faire un florin, et ce bon
père de famille rêve de vivre à bon
compte dans sa bonne Allemagne, avec
ses bons parents, comme dit Marie de
' Neubourg, dans Buy Blas. De là, il as
sisterait, placide, à la consolidation
d-’unebonne République bien impé
riale...
. Ici, les Français doivent dresser
l'oreille et prendre garde que ce des
tructeur, loin d’être -un agité, comme on
veut nous le faire croire, mène de loin
et avec ténacité ses projets. Un fait peu
connu, dont je puis témoigner ici, en
apporté une preuve nouvelle.
Si ^ &
C’était un dimanche de juillet 1913, et.
très probablement le 6 de ce mois. Je
me trouvais en Arles, où l’on donnait
dans les arènes une course de taureaux
avec mise à mort, contrairement à la
coutume. D’ordinaire, les courses d’Ar
les se maintiennent dans le style pro
vençal, c’est-à-dire que les bêtes courent
les cornes emboulées. L’athénienne Are-
S ïâs "cultiva" toujours l’adresse et le rire,
refusant de jouer avec la mort. -
Donc, on allait, l’après-midi, estoquer
pix beaux toros de la ganadéria fameuse
de Miura, des colosses redoutables, et,
dès. le matin, la foule s’était répandue
dans la sereine cité où la place- princi
pale, l’ancien Forum de l’époque cons-
tantinienne, s’appelle encore : « Place
des Hommes. »
Le matin de ce dimanche-là, je reçus
d’un ami avignonnais un mot m’avertis
sant que le kronprinz allemand assiste
rait à la course èî, qu’il venait de quitter
le plus réputé des hôtels d'Avignon pour
se rendre en Arles en' automobile Incré
dule. mais fidèle à ne rien négliger et
persuadé que, si le fait était exact, nos
services de surveillance, et par suite les
autorités locales, étaient informés, je
fis. aussitôt une démarche auprès du
maire et du sous : préfet qyi, l’un et 1 au
tre, se retinrent de me rirè aü nez. Je
n’insistai pas.
-t, &
place apprécier les « préparations » de
ses fourriers-de' Barbentane, d’Aix ou
de l’AImanarre ; il était venu aussi cher
cher des excuses historiques et mysti
ques à son attentat'. Il y eut bien prémé
ditation. Il y .a encore préméditation,
t GABRIEL BOISSY
Demain : 6.800 heureux
• © •
Le Journal officiel publiera,, demain, une
importante promotion d’effleiers d’académie
et d’instruction publique, qui comprend envi
ron 6.800 noms, dont 1.800 se rapportent à
la nomination d’oîflciers d’instruction publi
que. . .
CONNAITRE
nos ressources
Le coke de maïs
L'agriculture possède en elle-même assez de
ressources pour produire, sans secours étran
ger, l'aliment essentiel qui assurera la marche
de ses molèurs et lui procurera la lumière
dont ses installations ont besoin. -
■Il lui suffit, par des procédés pratiques, de
tirer scientifiquement partie deAous ses pro
duits. '
Ainsi, le maïs, dont la production atteint en
France 6 millions de quintaux et au Maroc
900.000, peut jouer un rôle important à la fer
me comme au hameau, en dehors de celui qu’il
joue, au point de vue alimentaire’.
Après égrenage, ses épis, généralement inu
tilisés, constituent en effet un véritable char
bon : 100 kilogrammes d’épis fournissent en
viron 30 kilogrammes de coke. Cette distilla
tion en vase clos donne un gaz dont le pou
voir calorique atteint 5.870 calories.
Il ne reste plus qu’à trouver le dispositif qui,
permettra à la ferme de transformer, ces dé
chets en force et en lumière. L’usine à gaz
agricole, avec son matériel et sa cloche à ré
servoir, trouvera-t-elle demain son construc
teur ?
Si l’on songe que nombreux sont les végé
taux qui, comme le maïs, constituent de véri
tables sources d’énergie, on-ne peut qu’espé
rer voir sortir de l'entente entre l’ingénieur et
l’agronome la formule heureuse qui, en do
tant la ferme de l’outillage industriel néces
saire, lui ouvrira sur l’avenir les plus profita
bles horizons. — R. C.
Le retour de M. Poincaré
M. Raymond Poincaré, rentrant de Bar-,
le-Duc, est arrivé à la gare de l’Est, ce
matin, à 11 h. 55.
MM. Peyronnet, ministre du Travail ;
Colrat, sous-secrétaire d’Etat ; Grignon,
chef de cabinet, attendaient sur le quai le
président du Conseil. M. Liard, représen
tant le préfet de police absent ; M. Du
rand, chef de la Sûreté; M. Duponnois,
etc., etc., étaient présents. Une foule nom
breuse a fait un accueil enthousiaste à
M. Poincaré.
Quand, tout à coup, rentrant à l’hôtel,
. je vois sous le porche un gaillard élancé,
.la face,rougeaude, le nez en bec d’oi-
'seau sur une pauvre moustache roùssâ-
tre, l’œil dur, l’air sec et arrogant, vêtu
d’un complet d’été d’une coupe: recher
chée, mais affublé d’une de ces chemises
de sport, dont lè revers trop débordant
s’agrémentait d’un feston qui ondulait
jusqu’au bas du veston... Le personnage
attendait quelqu’un qui apparut pres
que aussitôt :mne femme jeune, , d’as
pect peu élégant, dans une toilette gri
sâtre. Au reste, je regardai fort peu la
compagne de l’homme en.qui je venais
de reconnaître, sans hésiter, l’impérial
hussard de la-mort, le Kronprinz. Son
allure aiguë et impertinente, sa tête à
gifles et jusqu’à cette élégance_ de no
vice, tout le signalait, >,et de moins pré
venus l’eussent remarqué.
Il sortit, et je le suivis dans ces étroi
tes rue d’Arles, labyrinthe si trompeur
que l’on a dû encastrer, dans le pavé une
ligne d’Ariane faite de petits moellons.
Je ne perdis pas mon temps. Les .Arté
siennes, dont vous connaissez la coif
fure solennçjle et le subtil décolleté,
sont aussi malicieuses que belles, et
leurs pointes, empennées de provençal,
abondèrent contre le touriste à la che
mise de femme, au nez recuit, au poil
de renard...
£ £ &
Le couple arriva devant le si gracieux
portail de Saint-Trophime, l’admira un
instant, puis, aidé d’un livret-guide,
alla tout droit dans le fameux cloître,
devant cet écusson de la Primatiale, au
quel Frédéric Barberousse, empereur
d’Allemagne, en 1157, après s’être fait
couronner roi d’Arles, ajouta l’aigle
allemande. Alors, tout le reste fut ou
blié. Le féroce visionnaire de la guerre
« fraîche et joyeuse » entra en médita
tion. Il ne voyait ni l’apaisante'douceur
du cloître, ni sa compagne impatiente,
» ni ce Français qui l’observait ; il con
templait de son œil aigu et sans âme,
de son œil de fanatique, l’Aigle del’ancê-
tre. Et je sentis bien alors son rêve, ses
projets, la justification des crimes et
des spoliations qu’il allait quérir neuf
siècles en arrière, dans les convulsions
d’une Europe en formation.
La contemplation se prolongea, l’œil
s’aiguisa, et c’était comme une affreuse
prière qui s’élevait. J’en avais froid dans
le cœur. De ce jour, je né doutai plus
de la menace germanique. Il y eut d’au
tres incidents, qu’il serait trop long de
conter. Attaché à ses pas, j’étudiais le
dangereux rêveur, et il n’était pas un de
ses pas, pas une de ses attitudes qui ne
révélât des projets, un plan bien con
certé. J’appris, chemin faisant, qu’il
avait séjourné une dizaine de jours dans
! une hôtellerie discrète de l’Estaque. De
ce belvédère, il avait pu à loisir obser
ve» l’imposante, l’effervescente rade de
Marseille. •
; Ainsi, avant de faire son coup, len-
(vahisseur de Chàrleroi était venu sur
LES HEU RES N OUVELLES .
DES FAITS
, ■ . £ - • s -
Le maréchal Hindénburg vient d’être
reçu à Munich, solennellement, par le gé
néral Ludendorff, par les princes, les étu
diants, la police, et même par la Reisch-
tyer, qui avait pourtant reçu du gouverne
ment d’Empire la défense absolue de par
ticiper à cette fête monarchiste. Naturel
lement,'l’homme aux clous a été l’objet de
manifestations enthousiastes de la part de
ces hommes qui incarnent le vieil. esprit
militaire prussien. Et lé général von Both-
mer a pu lui dire que la Bavière voyait eu
lui lé chef glorieux « qui dirigea les trou
pes jusqu’au jour où la trahison eut raison
de l’armée allemande, jamais vaincue. »
(sic). . .
Quand, à la signature de l’armisticd,
dans un sentiment d’humanité mal placé,
M. Clemenceau acceptait que l'armé? alle
mande, pourtant défaite, pût rentrer chez
elle, non désarmée, sous les arcs de triom
phe et sous les fleurs, il aidait le panger
manisme à exploiter ce mensonge d’une
paix soi-disant signée sans défaite. On
voit où cette imprudence nous a menés.
Dans le même temps, le chancelier Wirth
qui, à-Berlin, s’était réservé la présidence
des pourparlers avec la Commission des
Réparations, refusait aux délégués de.
l'Entente toute somme d’argent liquide, et,
comme on précisait la nature des gages
réclamés spécialement par la France, mi
nés de la Ruhr et forêts domaniales, il
répondait qu’il ne voulait même pas en
entendre parler.
• Cependant, en Angleterre, les journaux
qu’inspire M. Lloyd George, journaux plus
nombreux maintenant que lord Northcliffe
n’est plus là pour détendre la cause et
l’amitié françaises, répètent que ia France
se livre à de trop fortes dépenses mili
taires, notamment pour- ses sous-marins,
ses aéroplanes, et ils parlent de nous de
mander carrément une réduction de nos
budgets militaires. Or, il se trouve qu'on
fait le compte des dépenses engagées dans
les deux pays pour leur défense nationale,
et on aboutit à ce résultat paradoxal que
la France, soldat do l’Entente sur la bar
rière du Rhin, dépense 5 milliards 618 mil
lions pour la totalité de son armement,
tandis que l’Angleterre, qui n’a même pas
la charge d’une armée permanente, s’offre
le luxe d’un budget militaire de 7 mil
liards 989 millions !
Ce ne sont pas là des arguments, ce sont
des faits, qui sont pris entre beaucoup d’au
tres, et qui tous aboutissent à cette con
clusion, d’une évidence indéniable, que la
France ne fait que se protéger contre la
menace de revanche allemande, et quê,
lorsqu’elle exige le payement par le vaincu
des réparations, elle défend à la fois la
justice et la paix. Car c’est l’immoralité
d’une Allemagne dispensée de nous payer
qui encourage scs pangermanistes. Le jour
où M. Poincaré, forcé par la nécessité d’a
gir seul, aura imposé du vaincu de 1918
le respect du traité de Versailles, M. Lloyd
George sera tout étonné de constater que la
France; malgré lui, aura travaillé pour
lui, c’est-à-dire pour la paix et le repos de
l’Angleterre et du monde.
LEON BAILBY
Le marii est maintenant
aa- flessoBs tin centime
Et .Berlin fl lanterne» les envoyés de la C. D. R.
23 AOUT. — Les pourparlers de la C.
D. R. avec le gouvernement de Berlin
ont donc commencé hier. Après deux
séances, il est difficile de dire que l'im
pression soit favorable. L'Allemagne n'a
fait jusqu'ici aucune proposition. Le
chancelier a fait du pathos, le ministre
des finances a exposé l'impossibilité de
livrer des gages. Bref, Berlin ne semble
pas vouloir abandonner sa politique
d'inertie.
Les pourparlers vont • néanmoins se
poursuivre.
Parlant de ces délibérations, le
Berljner Tageblàtt dit que « l'attitude
irréductible de M. Poincaré semble ren
dre très difficile tout accommodement ».
Le Bulletin. parlementaire socialiste
écrit, de son côté : «Le ministre des fi
nances a démontré à MM. Maùclère et
Bradbury que les gages ‘productifs ré
clamés à Londres comme indispensables
à l'octroi d'un moratoire constituent une
prétention absolument inacceptable. »
** Le mark dégringole toujours ; il
est tombé au-dessous d'un centime. C'est
comme un souhait de bienvenue , au
chancelier autrichien, dont la couronne
n'est pour ainsi dire-plus cotée.
« Nous sommes presque au même
point que vous », semble dire Berlin à
Vienne. Mais ce que la presse allemande
ne dit pas, c'est que sept milliardsde
marks ont été imprimés du 8 au 15 août.
Jusque-là, les presses ne tiraient que dix
milliards par mois, ce qui était déjà res
pectable. U est donc difficile de dire que
c'est le discours de M. Poincaré qui a
fait tomber le mark à 97 miUimes.
** Pour la nouvelle conférence des
réparations, .on parle de Bruxelles et de
la première quinzaine d'octobre. ■ '
Le nouveau chef de l’Irlande
est tué dans une embuscade
• . . I"" Nil I . . « . .
Le général Michaël Collins à été assassiné
par les républicains près de Bandon
Londres, 23 août (de notre corr. part.,
-par téléphone). — De brefs télégrammes
reçus de Dublin annonçent que le général
Michaël Collins a été tué dans une embus
cade que lui ont tendue les républicains,
près de Bandon.
Le commandant en chef de l’armée na
tionale irlandaise, et le chef du Gouverne
ment de l’Etat libre avait déjà été l’objet
de plusieurs attentats qui, heureusement
avaient échoué. Dans la période qui sépa
ra la signature du : traité de Downing
Street et le commencement de la guerre
civile, il fut attaqué à coups de fusil, cer
tain jour qu’il passait devant le quartier
général des rebelles établi au Palais de
Justice de Dublin. Mais la fatale destinée
qui le guettait n’a pas voulu l’emporter ce
jour-là.
On se souvient encore que, vendredi der
nier, il -avait ■ quitté ■ la limousine -fermée,
dans laquelle il effectuait ses ' tournées
d’inspection, lorsqu’elle fut attaquée à
coups dé fusil et de bombes par une bande
de rebelles embusqués des deux côtés de,
la route.
La mort de Michaël Collins, suivant de
si près celle d’Arthur Griffith, privera le
nouvel Etat libre du meilleur défenseur qui
lui restait. On trouvera cependant, au sein
du Gouvernement provisoire, des hommes
qui seront à. même de recueillir sa succès*
sion. Ce meurtre ne pourra, par ailleurs;
que contribuer, à raffermir la masse (le la
population irlandaise dans sa fidélité au'
nouveau régime qui assure au pays la li
berté et la complète autonomie. — Tom
Beckett. • •
Une proclamation
Londres, 23 août..— Le chef de l’état-
major général irlandais a adressé le mes
sage suivant à l’armée :
Restez calmes d votre ppste, graves et
sans peur à votre travail. Qu'aucun acte
cruel de représailles ne tache votre bril
lant honneur. Les heures sombres que Mi
chaël Collins a traversées depuis 1916 ont
contribué â faire apparaître davantage la
force de son tempérament et de sa bravou
re. Chacun de vous est héritier de cette
force et de cette bravoure. Sur chacun de
vous retombe sa tâche non encore -termi
née. Ni les heures sombres, ni les pertes,
ne vous feront reculer.
dg/®/©*
Michaël Collins, le chef virtuel du gou
vernement dë l’Etat libre d’Irlande, périt
dans le genre de combat où lui-même ex
cellait.
Solidement charpenté, M. Michaël Col
lins était dans la pleine force de la matu
rité ; c’était un homme de bonne humeur,
aventureux.
•Longtemps la police britannique Te re
chercha, et ce n’est que grâce à, son ex
trême habileté qu’il réussit à lui échap
per. Il y a près de deux ans, M. Michaël
Collins dînait) dans u'n grand restaurant
de Dublin ; au milieu du repas, un déta
chement de policiers se présenta ; un des
pèltcémëïïp mûrir' de ' la - photographié de
M. Collins, sé dirigea vers lui et voulut
l’appréhender : Collins eut la présence d’es
prit de traiter l’aventure d’une façon
loyéuse et de s’égayer bruyamment de ce
qu’il appelait une méprise. Ainsi réussit-il
à échapper aux policiers. ■
. Il avait beaucoup plus d’affinités avec M.
de Valera qu’avec Arthur Griffith, son pré
décesseur, et il est certain qu’en acceptant
et en défendant le traité de Downing,Street,
il avait dû faire effort pour se l’imposer
d’abord à lui-même. C’est en le défendant
qu’il trouve la mort. ;
M. Collins était, lors des négociations qui
aboutirent à la création de la République
d’Irlande, l’un des chefs du parti modéré
irlandais, qui acceptait la souveraineté du
roi George avec la constitution de l’Irlande
en Dominion, semblable au Canada ou à
l’Australie. . ,
Ce parti avait comme adversaires les ré
publicains, qui demandaient pour l’Irlande
une indépendance complète-et la rupture
de tout lien avec l’Angleterre.
Le parti républicain a pour chef M. de
Valera. Il s’est trouvé en minorité aux ré
centes élections pour le Dail Eireann. Ce
pendant, il n’a pas,: jusqu’ici, abandonné
la lutte.
(Voir la suite à. la troisième page.)
Comment on fabrique
l es pavés d e bois...
TJ ne visite à l’usine du quai de Javel
qui fournit les rues de IParis
— Savez-vous comment on fabrique un- tement à l’usine sur wagons. Nous em-
pavé de bois ? ployons de préférence, du sapin des Landes
— Mon Dieu, répondra le badaud, qui ne et du pin sylvestre coupé dans les Alpes et
s’étonne de rien, on découpe un-euhe dans le Plateau Central... •
un madrier de sapin et on le plonge dans D’un geste, notre guide nous montre un
la résine. tas de planches qui monte jusqu’au faîte.
C’est, en effet, très simple. Toutefois, le du hangar,
problème ne consiste pas à façonner ..un — Il y a là, nous dit-il, 4.000 mètres cu-
joujou de construction mais bien à fabri- bes de "bois en réserve prêt à être tron
quer 100.000 pavés par jour pour satisfaire çonné. •*
aux exigences du service municipal de la Nous sommes à présent devani la ma
chine principale, 'terrible mastiqueuse,
chargée d’avaler la nourriture qu’on lui
présente pour ia rendre en petits mor
ceaux. A Ses côtés se tiennent deux manœu
vres qui prennent chacun par un bout le
morceau à tronçonner et dont la longueur
est conforme au gabarit.
Le madrier, placé sur un élévateur, ar
rive sur le plancher supérieur de la tron
çonneuse où des griffes le saisissent et l’ap
pliquent devant les clix-sept lames de scie
circulaire qui le transforment en seize pa
vés rigoureusement semblables. ;
Les cubes, basculant dans seize glissières
parrallèies, sont recueillit- sur 1 un tablier
transporteur où cinq hommes lés chargent
sur* dés-wagonnets, cages à claire-voie glis
sant sur'rails.' •
J "L’injection de créosote '
C'est alors que commence la secondé opé
ration, qui consiste à injecter dans les
fibres ligneuses du pavé le produit qui dur
cira le bois et l’empêchera de pourrir. •
A cet effet,’ quatre autoclaves cylindri
ques en tôle d’acier, de 13 mètres de long
et d’un diamètre intérieur de 2 mètres,
alignent parallèlement leur ventre respec
table où s’englputiront, à la fois, huit wa
gonnets chargés jusqu’au bord, grâce à
dès porteslatérales qu’on manœuvre à Feu
trée et à ,la sortie du convoi.'
Une fois que les huits wagonnets sont
enfermés, la créosote, huile lourde prove
nant de la distillation des goudrons de gaz,
renfermant 15 % d'acide phéniqüe et 2 %
environ dé naphtaline, est introduite dan?
l’autoclave à l'aide de pompes qui portent
là pression intérieure à 5 kilogrammes par
oeùtiinètro' carré. ' \
On laisse douze mètrgs cubes de pavés
eiioto Intian
La: tronçonneuse qui. découpe ù la fois
• seize pavés dans 1 les poutres que l'on voit
alignées ci-dessous. .
voie, terrible consommateur dont l’appétit
s'accroît sans cesse. 1
Une se.ule usine, située quai de Javel, ré
pond aux besoins et fournit tout Paris. -
— Notre premier souci, nous déclare l’in-
génieuç qui veut bien nous accompagner
dans la visite des chantiers, c’est notre ap
provisionnement, de bois. *
« 11 nous arrive en madriers iivrés direc-
<•■ cuire » ..ainsi, pendant trois heures! Après
quoi les portes de sortie sont ouvertes, et
il ne -reste plus qu’à empiler les morceaux
de bois en tas réguliers où viendront s’ap
provisionner les entrepreneurs de la,voie
publique. ' /■
1.500, mètres carrés'de pavés sont ainsi
fabriqués chaque jour. L’usine possède ac
tuellement .une réserve de • 60.000 mètres
carrés permettant de paver dans toute sa
longueur le. boulevard Saint-Germain.'
.Ajoutons .quelle fabrique elle-même sa
force motrice à l’aide de chaudières à va
peur qui représentent .ensemble environ
mille chevaux de force, chauffées avec la
sciure, les déchets de bois et les vieux pa
vés que leur état fait juger « bons à la re
traite ».
Découper un madrier en seize morceaux
n’est rien. Mais tirer de ce même madrier,
combustible pour lés chaudières et force
motrice pour les machines qui le découpe
ront, tel était le problème posé. Ce problè
me, l’usine de fabrication des .pavés de
bois, édifiée en 1886 -par la Ville de Paria
et dirigée sous.son contrôle, l’a résolu éco
nomiquement dans les meilleures condi
tions.-— G. L.
Quatre officiers aviateurs
se tuént près de Pise
Turin/23 août (de notre corr. part., par
téléphone). —- Ce matin,, au camp- d’avia
tion, de San Giusto, près de Pise,, deux des
quatre. appareils -militaires qui s’exer
çaient,-à une,très grande hauteur, en vue
du ’ prochain meeting .de Lorette sont en
trés en - collision et sont • tombés de 1.ÛÛ0
mètres. Les quatre officiers qui les mon
taient ont été tués sur le coup. L’un, d’eux,
appartenait à l’équipe de d’Annunzio. — S.
Le pillage d’un consulat à Moscou
Incident avec la Norvège
Annemasse, 22 août (par dép. de notre
corr. part.). — D’après la presse de Riga,
le gouvernement des soviets serait respon
sable du pillage commis réceminent ■ au
consulat de Norvège, à-Moscou." t
Les auteurs du ;■ vol : seraient des agents
secrets;de la Tchéka, qui avaient été char
gés d’opérer une perquisition au consulat
norvégien, ,et auraient profité de.l’occasion
pour s’emparer d’objets dé valeur et de
sommes d’argent dépassant plusieurs mil
lions de roubles-or et appartenant à des
sujets norvégiens, américains et roumains
qui avaient pensé^auver leur avoir en le
plaçant sous la sauvegarde du consulat de
Norvège.
.On redoute. fort, dans les milieux gou
vernementaux de ' Moscou, que l’affaire
n’amène des complications diplomatiques
avec la Norvège,.et qu’elle n’use de repré
sailles, particulièrement en ce qui con
cerne ses nombreuses exportations de vi
vres destinés aux régions affamées de la
Russie.f— L. F.’
'LES lettres anonymes de tulle
Tulle, 23 août. — On annonce que l’examen
mental de Mlle Laval, qui fut successivement
mise en observation à Limoges et à Bor
deaux, serait terminé. Le rapport des experts
médicauxserait sous peu déposé au Parquet
de Tulle. Mais on dit que, même reconnue
responsable, Angèle Laval ne sera déférée
qu’au tribunal de simple police.
, LA TERRE TREMBLE EN ITALIE
Rouie, S3 août. — De légères secousses de tremble
ment de-terre, qui -n’ont d’ailleurs pas ’causé de
dégâts, ont été ressenties dans la journée d’hier A
Pise, Livourne, Viareggio, Pontedera et dans di
verses localités de la ‘Toscane.
QUATRE HEROS DANS UN CERCUEIL,
Chives (Charente-Inférieure), 23 août. — Le 7 jan
vier 1016, à Wolt-Kaph (Alsace), quatre sous-offlclers
tombaient, déchiquetés par une même bombe. U
fut impossible de reconstituer ces débris humains.
Leurs restes furent alors' réunis dans un même
cercueil, lequel vient d’être ramené à Chives. pays
d’origine de l’.un d’eux. Voici les noms de ces bra
ves : Alphonse -Renard, de Chives; Jean Charlet,
de Tarbes,. Roger de Eyquen, du TaiUan (Gironde),
et Claudius Brenon. de Ben (Allier).,
EN QUELQUES MOTS
Demain : frais, nuageux, üverses par pla
ces. — (O.- N. M.) .
S A Marseille, une très violente explosion s’est
produite dahs les établissements Evrard, situés
23. boulevard des Peintures. Une partie de l’usine
a été détruite. Un ouvrier a été légèrement blessé.
L’accident semblerait dû A l’emploi de charbon
allemand. — (Ag. Radio.)
3 On a retrouvé, à Saint-Brieuc, le cadavre, pendu
à une porte, du cultivateur Jean EvelUard. 56 ans.
Les rats l’avaient déchiqueté;
3 Le bureau de presse turc nous communique la
note suivante : « Certains Journaux ont annoncé
que S. Exc. Moustafâ Kémal Pacha- serait « invi
sible » depuis quelques jours par suite d’une menace
de complot dont le siège du gouvernement aurait
reçu des avertissements et qui serait dû A la pré
tendue agitation-qui se serait manifestée A Angora
contre la politique du président de la grande as
semblée nationale de Turquie. Le bureau de presse
turc est autorisé A démentir catégoriquement ces
nouvelles. »
UN CRIME RUE FROISSARD
On a assassin!
le « pftre Formol»
Un vieux fabricant de chaînes
a été, trouvé mort, ce matin, dans
sa boutique sordide
Dajis le quartier des Enfants-Rouges,
M. Fournel, un vieux fabricant de chaînes
en aluminium, en métal blanc, l’article de
pacotille, était appelé le « père Formol»
et demeurait 14, rue Froissart. Il a été
trouvé assassiné, la nuit- dernière, étendu
dans son arrière-boutique, au pied'dé l’es-
caliér en colimaçon qui se viasâit dans un!
angle obscur, jusqu’au petit appartement ;
du premier étage.
Le « père Formol» vivait-seul, penché 1
tout le jour sur son comptoir, limant et: ■
ajustant. Il ignorait l’art de faire le mé-:
nage, la boutique s’emplissait d’un tasi
d’objets hétéroclites et la crasse luisait sur
les murs. Il était pourtant admis, dans le; *
quartier, que le chaîniste était plus riche;
qu’il n’en avait l’air ; pourtant son com
merce périclitait.
.— Je vais vendre, disait-il, les temps sont
durs. .
, Mais on souriait et il s’en allait conter; :
a d’autres sa misère.
: Or la nuit dernière, vers minuit; un voi
sin, M. Julien Lavaliette, ciseleur, s’étonna
de voir la porte : de la boutique entrebâillée.;
Il passa la tête et appela. Nul ne répondit^ •
Alors, il alla chercher un agent, qui entra"
et découvrit le'crime-M. Gardet, commis- '
saire du quartier, vint immédiatement"
faire les premières constatations, .'.à vic
time portait une blessure sanglante à là 1
tempe droite ; un bâillon s’enfonçait dans
sa bouche, bâillon énorme, fait d’une, pe- ,
lote dé chiffons. Du sang partout, des as
siettes brisées, une chaise renversée. Sur
le mur noir, une porte s’ouvrait, entrebaîl- !
lée, donnant sur une petite courette pavée..
Sur le seuil, on ramassa un outil, un :
petit grattoir triangulaire, sans manche,: ■
maculé de sang. Sur les dalles de la _cour/
un objet brillait : les lunettes du vieux.-.!
On revînt dans la boutique: Trois verres •
s’alignaient sur le comptoir, l’un encore à-
demi-plein de vin rouge. Sur une table, au
fond, deux litres, l’un vide, l’autre aux
trois quarts plein.
La découverte du crime s’était répandue,-
malgré la nuit. Comme il sortait, le com
missaire vit venir à lui un homme qui dé
clara avoir quelque chose à dire : M. René
Gallet, employé à la Compagnie des eaux,
qui était de garde, pendant la nuit, au bu- !
reau de la Compagnie^ contigu, à la bou-
tiqùe du «père Formol». .
— Je ne. sais pas si ce sera utile, dit-il, ■
si le père Formol vivait encore ça n’aurait
aucun intérêt, mais, comme il .est mort, il
faut que je vous raconte. Vers neuf heures, ;
j'ai vu le chaîniste en conversation -avec
une dame, sur le pas de sa porte. Elle était
élégamment vêtue, ma foi A Ça brillait sur
elle, elle ‘était jeunette, gentille. Alors il
s’est effacé' et il l’a fait rentrer devant lui--
Voilà tout ce que je sais..
Ce sont jusqu’à présent les seuls indices
qu’on possède. Ce matin, à 8 heures, M-,
Char toux, substitut du procureur de” la
République* M. Bacquart, -juge d’instruc- ’
tion, M. Ducrocq, M. René Faralicq, le 'Ser- ’
vice de l’anthropométrie, le D r Paul! sont
venus sur les lieux. Le cadavre est parti
pour la Morgue, et M. Gardet, le commis
saire de police qui donna tant de fois des
preuves de son habileté professionnelle, a
été chargé de. poursuivre l’enquête. Il est
bien discret, M. Gardet ; s’il a des soup
çons, il les garde pour lui ; mais il semble
> que, dans le.quartier, des convictions una- i
nimes se fondent. On sait que M. Fourtol
recevait beaucoup de . visites féminines, ;
malgré ses quatre-vingts ans. apparents ; :
il àvait toujours un peu d’ârgent chez-lui,
et on a dû trouver quelques billets de cent
francs dans soif tiroir-caisse ; les inspec
teurs, en ce moment, fouillent la maison »
et retournent le lit sans draps.
On a trouvé sous le lit une sacoche jaune
renfermant 600 francs, qui avait'échappé à
l’attention du meurtrier.
M. Jacquart, juge d’instruction, instruira
l’affaire. — L.-A. B.
AU PUY-DE-DOME
IJn pavillon et deux cœurs
New-York, 22 août. — Le' Prêsident-Carfleld,
bateau américain, est entré dans le port, por-
tan un étrange pavillon.
« C’est un drapeau de lune de miel, dit
en riant le capitaine. Vous remarquerez que
ce sont deux cœurs rouges que relie un an
neau d’or... »
Quinze couples de jeunes mariés américains
se trouvaient à bord
Les grandes passions...
Dessin de YVES CHUDEAU.
— Il a dû se faire ça en se rasant...
La foud re sur lë camp
Clermont-Ferrand, 22 adût (de notre corr .,
part.). —Par suite d’une violente tempête,'
aucun aviateur n’a pu s’élancer, hier, du'
sommet du Puy de Dôme. Les appareils de
Bossoutrot, Douchy, Barbot et Descamp’
avaient été montés, le matin, pièce à pièce,
à dos d’âne, au prix des pires difficultés ;
le Moustique de Bossoutrot avait même ;
été remonté, mais le vent, soufflant à 30:
mètres à la seconde, menaçait de l’empor-i
ter, et on dut le démonter. "
Ce matin, l’ouragan sévit avec la même
impétuosité qu’hier, et il est peu probable,
que des essais puissent être tentés au camp
Mouillard pour la même raison.
La foudre est tombée, la nuit dernière,-
sur le camp, causant de grands dégâts et,
coupant les communications téléphoniques
et télégraphiques avec Clermont-Ferrand ;
mais il n’y eut aucun accident de .person
ne. — Heine.
Une heureuse mesure
On n’attribuera plus certaines bourses aux
enfants d’après les « mérites s des parents
■ Désormais, dans la concession des bourses
d’enseignement primaire supérieur, il ne sera
plus tenu compte des services rendus à l’Etat
par la famille de l’enfant. C’est là une déci
sion que vient de rendre officielle le décret
rendu sur la proposition du ministre de l’ins
truction publique et des beaux-arts.
Il est apparu, en effet, que dans l’énumé
ration des conditions mises à l’obtention de
ces bourses le mérite personnel de l’enfant
tenait trop peu de place.
« D’autre part, écrit M. Léon Bérard, l'ap
préciation des services rendus est trop impré-
•cise .peur ne pas donner lieu à des erreurs
ou a des abus qu’il importe d’éviter. »
* U sera donc seulement tenu compte pour
la concession des bourses et la fixation de
leurs taux :
1° Du mérite de l’enfant, constaté par l’exa
men :
2° Du nombre des enfants vivants, du péti
tionnaire ;
3° De sa situaiori de fortune.
_ C’est là, d’ailleurs, une rtiesure qui doit
être étendue â toutes les bourses d'enseigne
ment.
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Le Journal de Parla
Directeur : LÉON BAILBY
Le Journal de Paris
Jeudi
24 Août
_1922
43* Année- « N' 1S3S9
' ' RCOAcnoR ( MKimsTRAnes
I2« rat du Croissant et 27, rue des Jsâneorv
PARIS (*•)
PubUcitéau Bureau du Journal
LE KRONPRINZ EN FRANCE |
Devant l'aigle
de Barberoosse
L’ex-kronprinz demande à rentrer en
Allemagne. Il faut, prétend-il, trop de
marks pour faire un florin, et ce bon
père de famille rêve de vivre à bon
compte dans sa bonne Allemagne, avec
ses bons parents, comme dit Marie de
' Neubourg, dans Buy Blas. De là, il as
sisterait, placide, à la consolidation
d-’unebonne République bien impé
riale...
. Ici, les Français doivent dresser
l'oreille et prendre garde que ce des
tructeur, loin d’être -un agité, comme on
veut nous le faire croire, mène de loin
et avec ténacité ses projets. Un fait peu
connu, dont je puis témoigner ici, en
apporté une preuve nouvelle.
Si ^ &
C’était un dimanche de juillet 1913, et.
très probablement le 6 de ce mois. Je
me trouvais en Arles, où l’on donnait
dans les arènes une course de taureaux
avec mise à mort, contrairement à la
coutume. D’ordinaire, les courses d’Ar
les se maintiennent dans le style pro
vençal, c’est-à-dire que les bêtes courent
les cornes emboulées. L’athénienne Are-
S ïâs "cultiva" toujours l’adresse et le rire,
refusant de jouer avec la mort. -
Donc, on allait, l’après-midi, estoquer
pix beaux toros de la ganadéria fameuse
de Miura, des colosses redoutables, et,
dès. le matin, la foule s’était répandue
dans la sereine cité où la place- princi
pale, l’ancien Forum de l’époque cons-
tantinienne, s’appelle encore : « Place
des Hommes. »
Le matin de ce dimanche-là, je reçus
d’un ami avignonnais un mot m’avertis
sant que le kronprinz allemand assiste
rait à la course èî, qu’il venait de quitter
le plus réputé des hôtels d'Avignon pour
se rendre en Arles en' automobile Incré
dule. mais fidèle à ne rien négliger et
persuadé que, si le fait était exact, nos
services de surveillance, et par suite les
autorités locales, étaient informés, je
fis. aussitôt une démarche auprès du
maire et du sous : préfet qyi, l’un et 1 au
tre, se retinrent de me rirè aü nez. Je
n’insistai pas.
-t, &
place apprécier les « préparations » de
ses fourriers-de' Barbentane, d’Aix ou
de l’AImanarre ; il était venu aussi cher
cher des excuses historiques et mysti
ques à son attentat'. Il y eut bien prémé
ditation. Il y .a encore préméditation,
t GABRIEL BOISSY
Demain : 6.800 heureux
• © •
Le Journal officiel publiera,, demain, une
importante promotion d’effleiers d’académie
et d’instruction publique, qui comprend envi
ron 6.800 noms, dont 1.800 se rapportent à
la nomination d’oîflciers d’instruction publi
que. . .
CONNAITRE
nos ressources
Le coke de maïs
L'agriculture possède en elle-même assez de
ressources pour produire, sans secours étran
ger, l'aliment essentiel qui assurera la marche
de ses molèurs et lui procurera la lumière
dont ses installations ont besoin. -
■Il lui suffit, par des procédés pratiques, de
tirer scientifiquement partie deAous ses pro
duits. '
Ainsi, le maïs, dont la production atteint en
France 6 millions de quintaux et au Maroc
900.000, peut jouer un rôle important à la fer
me comme au hameau, en dehors de celui qu’il
joue, au point de vue alimentaire’.
Après égrenage, ses épis, généralement inu
tilisés, constituent en effet un véritable char
bon : 100 kilogrammes d’épis fournissent en
viron 30 kilogrammes de coke. Cette distilla
tion en vase clos donne un gaz dont le pou
voir calorique atteint 5.870 calories.
Il ne reste plus qu’à trouver le dispositif qui,
permettra à la ferme de transformer, ces dé
chets en force et en lumière. L’usine à gaz
agricole, avec son matériel et sa cloche à ré
servoir, trouvera-t-elle demain son construc
teur ?
Si l’on songe que nombreux sont les végé
taux qui, comme le maïs, constituent de véri
tables sources d’énergie, on-ne peut qu’espé
rer voir sortir de l'entente entre l’ingénieur et
l’agronome la formule heureuse qui, en do
tant la ferme de l’outillage industriel néces
saire, lui ouvrira sur l’avenir les plus profita
bles horizons. — R. C.
Le retour de M. Poincaré
M. Raymond Poincaré, rentrant de Bar-,
le-Duc, est arrivé à la gare de l’Est, ce
matin, à 11 h. 55.
MM. Peyronnet, ministre du Travail ;
Colrat, sous-secrétaire d’Etat ; Grignon,
chef de cabinet, attendaient sur le quai le
président du Conseil. M. Liard, représen
tant le préfet de police absent ; M. Du
rand, chef de la Sûreté; M. Duponnois,
etc., etc., étaient présents. Une foule nom
breuse a fait un accueil enthousiaste à
M. Poincaré.
Quand, tout à coup, rentrant à l’hôtel,
. je vois sous le porche un gaillard élancé,
.la face,rougeaude, le nez en bec d’oi-
'seau sur une pauvre moustache roùssâ-
tre, l’œil dur, l’air sec et arrogant, vêtu
d’un complet d’été d’une coupe: recher
chée, mais affublé d’une de ces chemises
de sport, dont lè revers trop débordant
s’agrémentait d’un feston qui ondulait
jusqu’au bas du veston... Le personnage
attendait quelqu’un qui apparut pres
que aussitôt :mne femme jeune, , d’as
pect peu élégant, dans une toilette gri
sâtre. Au reste, je regardai fort peu la
compagne de l’homme en.qui je venais
de reconnaître, sans hésiter, l’impérial
hussard de la-mort, le Kronprinz. Son
allure aiguë et impertinente, sa tête à
gifles et jusqu’à cette élégance_ de no
vice, tout le signalait, >,et de moins pré
venus l’eussent remarqué.
Il sortit, et je le suivis dans ces étroi
tes rue d’Arles, labyrinthe si trompeur
que l’on a dû encastrer, dans le pavé une
ligne d’Ariane faite de petits moellons.
Je ne perdis pas mon temps. Les .Arté
siennes, dont vous connaissez la coif
fure solennçjle et le subtil décolleté,
sont aussi malicieuses que belles, et
leurs pointes, empennées de provençal,
abondèrent contre le touriste à la che
mise de femme, au nez recuit, au poil
de renard...
£ £ &
Le couple arriva devant le si gracieux
portail de Saint-Trophime, l’admira un
instant, puis, aidé d’un livret-guide,
alla tout droit dans le fameux cloître,
devant cet écusson de la Primatiale, au
quel Frédéric Barberousse, empereur
d’Allemagne, en 1157, après s’être fait
couronner roi d’Arles, ajouta l’aigle
allemande. Alors, tout le reste fut ou
blié. Le féroce visionnaire de la guerre
« fraîche et joyeuse » entra en médita
tion. Il ne voyait ni l’apaisante'douceur
du cloître, ni sa compagne impatiente,
» ni ce Français qui l’observait ; il con
templait de son œil aigu et sans âme,
de son œil de fanatique, l’Aigle del’ancê-
tre. Et je sentis bien alors son rêve, ses
projets, la justification des crimes et
des spoliations qu’il allait quérir neuf
siècles en arrière, dans les convulsions
d’une Europe en formation.
La contemplation se prolongea, l’œil
s’aiguisa, et c’était comme une affreuse
prière qui s’élevait. J’en avais froid dans
le cœur. De ce jour, je né doutai plus
de la menace germanique. Il y eut d’au
tres incidents, qu’il serait trop long de
conter. Attaché à ses pas, j’étudiais le
dangereux rêveur, et il n’était pas un de
ses pas, pas une de ses attitudes qui ne
révélât des projets, un plan bien con
certé. J’appris, chemin faisant, qu’il
avait séjourné une dizaine de jours dans
! une hôtellerie discrète de l’Estaque. De
ce belvédère, il avait pu à loisir obser
ve» l’imposante, l’effervescente rade de
Marseille. •
; Ainsi, avant de faire son coup, len-
(vahisseur de Chàrleroi était venu sur
LES HEU RES N OUVELLES .
DES FAITS
, ■ . £ - • s -
Le maréchal Hindénburg vient d’être
reçu à Munich, solennellement, par le gé
néral Ludendorff, par les princes, les étu
diants, la police, et même par la Reisch-
tyer, qui avait pourtant reçu du gouverne
ment d’Empire la défense absolue de par
ticiper à cette fête monarchiste. Naturel
lement,'l’homme aux clous a été l’objet de
manifestations enthousiastes de la part de
ces hommes qui incarnent le vieil. esprit
militaire prussien. Et lé général von Both-
mer a pu lui dire que la Bavière voyait eu
lui lé chef glorieux « qui dirigea les trou
pes jusqu’au jour où la trahison eut raison
de l’armée allemande, jamais vaincue. »
(sic). . .
Quand, à la signature de l’armisticd,
dans un sentiment d’humanité mal placé,
M. Clemenceau acceptait que l'armé? alle
mande, pourtant défaite, pût rentrer chez
elle, non désarmée, sous les arcs de triom
phe et sous les fleurs, il aidait le panger
manisme à exploiter ce mensonge d’une
paix soi-disant signée sans défaite. On
voit où cette imprudence nous a menés.
Dans le même temps, le chancelier Wirth
qui, à-Berlin, s’était réservé la présidence
des pourparlers avec la Commission des
Réparations, refusait aux délégués de.
l'Entente toute somme d’argent liquide, et,
comme on précisait la nature des gages
réclamés spécialement par la France, mi
nés de la Ruhr et forêts domaniales, il
répondait qu’il ne voulait même pas en
entendre parler.
• Cependant, en Angleterre, les journaux
qu’inspire M. Lloyd George, journaux plus
nombreux maintenant que lord Northcliffe
n’est plus là pour détendre la cause et
l’amitié françaises, répètent que ia France
se livre à de trop fortes dépenses mili
taires, notamment pour- ses sous-marins,
ses aéroplanes, et ils parlent de nous de
mander carrément une réduction de nos
budgets militaires. Or, il se trouve qu'on
fait le compte des dépenses engagées dans
les deux pays pour leur défense nationale,
et on aboutit à ce résultat paradoxal que
la France, soldat do l’Entente sur la bar
rière du Rhin, dépense 5 milliards 618 mil
lions pour la totalité de son armement,
tandis que l’Angleterre, qui n’a même pas
la charge d’une armée permanente, s’offre
le luxe d’un budget militaire de 7 mil
liards 989 millions !
Ce ne sont pas là des arguments, ce sont
des faits, qui sont pris entre beaucoup d’au
tres, et qui tous aboutissent à cette con
clusion, d’une évidence indéniable, que la
France ne fait que se protéger contre la
menace de revanche allemande, et quê,
lorsqu’elle exige le payement par le vaincu
des réparations, elle défend à la fois la
justice et la paix. Car c’est l’immoralité
d’une Allemagne dispensée de nous payer
qui encourage scs pangermanistes. Le jour
où M. Poincaré, forcé par la nécessité d’a
gir seul, aura imposé du vaincu de 1918
le respect du traité de Versailles, M. Lloyd
George sera tout étonné de constater que la
France; malgré lui, aura travaillé pour
lui, c’est-à-dire pour la paix et le repos de
l’Angleterre et du monde.
LEON BAILBY
Le marii est maintenant
aa- flessoBs tin centime
Et .Berlin fl lanterne» les envoyés de la C. D. R.
23 AOUT. — Les pourparlers de la C.
D. R. avec le gouvernement de Berlin
ont donc commencé hier. Après deux
séances, il est difficile de dire que l'im
pression soit favorable. L'Allemagne n'a
fait jusqu'ici aucune proposition. Le
chancelier a fait du pathos, le ministre
des finances a exposé l'impossibilité de
livrer des gages. Bref, Berlin ne semble
pas vouloir abandonner sa politique
d'inertie.
Les pourparlers vont • néanmoins se
poursuivre.
Parlant de ces délibérations, le
Berljner Tageblàtt dit que « l'attitude
irréductible de M. Poincaré semble ren
dre très difficile tout accommodement ».
Le Bulletin. parlementaire socialiste
écrit, de son côté : «Le ministre des fi
nances a démontré à MM. Maùclère et
Bradbury que les gages ‘productifs ré
clamés à Londres comme indispensables
à l'octroi d'un moratoire constituent une
prétention absolument inacceptable. »
** Le mark dégringole toujours ; il
est tombé au-dessous d'un centime. C'est
comme un souhait de bienvenue , au
chancelier autrichien, dont la couronne
n'est pour ainsi dire-plus cotée.
« Nous sommes presque au même
point que vous », semble dire Berlin à
Vienne. Mais ce que la presse allemande
ne dit pas, c'est que sept milliardsde
marks ont été imprimés du 8 au 15 août.
Jusque-là, les presses ne tiraient que dix
milliards par mois, ce qui était déjà res
pectable. U est donc difficile de dire que
c'est le discours de M. Poincaré qui a
fait tomber le mark à 97 miUimes.
** Pour la nouvelle conférence des
réparations, .on parle de Bruxelles et de
la première quinzaine d'octobre. ■ '
Le nouveau chef de l’Irlande
est tué dans une embuscade
• . . I"" Nil I . . « . .
Le général Michaël Collins à été assassiné
par les républicains près de Bandon
Londres, 23 août (de notre corr. part.,
-par téléphone). — De brefs télégrammes
reçus de Dublin annonçent que le général
Michaël Collins a été tué dans une embus
cade que lui ont tendue les républicains,
près de Bandon.
Le commandant en chef de l’armée na
tionale irlandaise, et le chef du Gouverne
ment de l’Etat libre avait déjà été l’objet
de plusieurs attentats qui, heureusement
avaient échoué. Dans la période qui sépa
ra la signature du : traité de Downing
Street et le commencement de la guerre
civile, il fut attaqué à coups de fusil, cer
tain jour qu’il passait devant le quartier
général des rebelles établi au Palais de
Justice de Dublin. Mais la fatale destinée
qui le guettait n’a pas voulu l’emporter ce
jour-là.
On se souvient encore que, vendredi der
nier, il -avait ■ quitté ■ la limousine -fermée,
dans laquelle il effectuait ses ' tournées
d’inspection, lorsqu’elle fut attaquée à
coups dé fusil et de bombes par une bande
de rebelles embusqués des deux côtés de,
la route.
La mort de Michaël Collins, suivant de
si près celle d’Arthur Griffith, privera le
nouvel Etat libre du meilleur défenseur qui
lui restait. On trouvera cependant, au sein
du Gouvernement provisoire, des hommes
qui seront à. même de recueillir sa succès*
sion. Ce meurtre ne pourra, par ailleurs;
que contribuer, à raffermir la masse (le la
population irlandaise dans sa fidélité au'
nouveau régime qui assure au pays la li
berté et la complète autonomie. — Tom
Beckett. • •
Une proclamation
Londres, 23 août..— Le chef de l’état-
major général irlandais a adressé le mes
sage suivant à l’armée :
Restez calmes d votre ppste, graves et
sans peur à votre travail. Qu'aucun acte
cruel de représailles ne tache votre bril
lant honneur. Les heures sombres que Mi
chaël Collins a traversées depuis 1916 ont
contribué â faire apparaître davantage la
force de son tempérament et de sa bravou
re. Chacun de vous est héritier de cette
force et de cette bravoure. Sur chacun de
vous retombe sa tâche non encore -termi
née. Ni les heures sombres, ni les pertes,
ne vous feront reculer.
dg/®/©*
Michaël Collins, le chef virtuel du gou
vernement dë l’Etat libre d’Irlande, périt
dans le genre de combat où lui-même ex
cellait.
Solidement charpenté, M. Michaël Col
lins était dans la pleine force de la matu
rité ; c’était un homme de bonne humeur,
aventureux.
•Longtemps la police britannique Te re
chercha, et ce n’est que grâce à, son ex
trême habileté qu’il réussit à lui échap
per. Il y a près de deux ans, M. Michaël
Collins dînait) dans u'n grand restaurant
de Dublin ; au milieu du repas, un déta
chement de policiers se présenta ; un des
pèltcémëïïp mûrir' de ' la - photographié de
M. Collins, sé dirigea vers lui et voulut
l’appréhender : Collins eut la présence d’es
prit de traiter l’aventure d’une façon
loyéuse et de s’égayer bruyamment de ce
qu’il appelait une méprise. Ainsi réussit-il
à échapper aux policiers. ■
. Il avait beaucoup plus d’affinités avec M.
de Valera qu’avec Arthur Griffith, son pré
décesseur, et il est certain qu’en acceptant
et en défendant le traité de Downing,Street,
il avait dû faire effort pour se l’imposer
d’abord à lui-même. C’est en le défendant
qu’il trouve la mort. ;
M. Collins était, lors des négociations qui
aboutirent à la création de la République
d’Irlande, l’un des chefs du parti modéré
irlandais, qui acceptait la souveraineté du
roi George avec la constitution de l’Irlande
en Dominion, semblable au Canada ou à
l’Australie. . ,
Ce parti avait comme adversaires les ré
publicains, qui demandaient pour l’Irlande
une indépendance complète-et la rupture
de tout lien avec l’Angleterre.
Le parti républicain a pour chef M. de
Valera. Il s’est trouvé en minorité aux ré
centes élections pour le Dail Eireann. Ce
pendant, il n’a pas,: jusqu’ici, abandonné
la lutte.
(Voir la suite à. la troisième page.)
Comment on fabrique
l es pavés d e bois...
TJ ne visite à l’usine du quai de Javel
qui fournit les rues de IParis
— Savez-vous comment on fabrique un- tement à l’usine sur wagons. Nous em-
pavé de bois ? ployons de préférence, du sapin des Landes
— Mon Dieu, répondra le badaud, qui ne et du pin sylvestre coupé dans les Alpes et
s’étonne de rien, on découpe un-euhe dans le Plateau Central... •
un madrier de sapin et on le plonge dans D’un geste, notre guide nous montre un
la résine. tas de planches qui monte jusqu’au faîte.
C’est, en effet, très simple. Toutefois, le du hangar,
problème ne consiste pas à façonner ..un — Il y a là, nous dit-il, 4.000 mètres cu-
joujou de construction mais bien à fabri- bes de "bois en réserve prêt à être tron
quer 100.000 pavés par jour pour satisfaire çonné. •*
aux exigences du service municipal de la Nous sommes à présent devani la ma
chine principale, 'terrible mastiqueuse,
chargée d’avaler la nourriture qu’on lui
présente pour ia rendre en petits mor
ceaux. A Ses côtés se tiennent deux manœu
vres qui prennent chacun par un bout le
morceau à tronçonner et dont la longueur
est conforme au gabarit.
Le madrier, placé sur un élévateur, ar
rive sur le plancher supérieur de la tron
çonneuse où des griffes le saisissent et l’ap
pliquent devant les clix-sept lames de scie
circulaire qui le transforment en seize pa
vés rigoureusement semblables. ;
Les cubes, basculant dans seize glissières
parrallèies, sont recueillit- sur 1 un tablier
transporteur où cinq hommes lés chargent
sur* dés-wagonnets, cages à claire-voie glis
sant sur'rails.' •
J "L’injection de créosote '
C'est alors que commence la secondé opé
ration, qui consiste à injecter dans les
fibres ligneuses du pavé le produit qui dur
cira le bois et l’empêchera de pourrir. •
A cet effet,’ quatre autoclaves cylindri
ques en tôle d’acier, de 13 mètres de long
et d’un diamètre intérieur de 2 mètres,
alignent parallèlement leur ventre respec
table où s’englputiront, à la fois, huit wa
gonnets chargés jusqu’au bord, grâce à
dès porteslatérales qu’on manœuvre à Feu
trée et à ,la sortie du convoi.'
Une fois que les huits wagonnets sont
enfermés, la créosote, huile lourde prove
nant de la distillation des goudrons de gaz,
renfermant 15 % d'acide phéniqüe et 2 %
environ dé naphtaline, est introduite dan?
l’autoclave à l'aide de pompes qui portent
là pression intérieure à 5 kilogrammes par
oeùtiinètro' carré. ' \
On laisse douze mètrgs cubes de pavés
eiioto Intian
La: tronçonneuse qui. découpe ù la fois
• seize pavés dans 1 les poutres que l'on voit
alignées ci-dessous. .
voie, terrible consommateur dont l’appétit
s'accroît sans cesse. 1
Une se.ule usine, située quai de Javel, ré
pond aux besoins et fournit tout Paris. -
— Notre premier souci, nous déclare l’in-
génieuç qui veut bien nous accompagner
dans la visite des chantiers, c’est notre ap
provisionnement, de bois. *
« 11 nous arrive en madriers iivrés direc-
<•■ cuire » ..ainsi, pendant trois heures! Après
quoi les portes de sortie sont ouvertes, et
il ne -reste plus qu’à empiler les morceaux
de bois en tas réguliers où viendront s’ap
provisionner les entrepreneurs de la,voie
publique. ' /■
1.500, mètres carrés'de pavés sont ainsi
fabriqués chaque jour. L’usine possède ac
tuellement .une réserve de • 60.000 mètres
carrés permettant de paver dans toute sa
longueur le. boulevard Saint-Germain.'
.Ajoutons .quelle fabrique elle-même sa
force motrice à l’aide de chaudières à va
peur qui représentent .ensemble environ
mille chevaux de force, chauffées avec la
sciure, les déchets de bois et les vieux pa
vés que leur état fait juger « bons à la re
traite ».
Découper un madrier en seize morceaux
n’est rien. Mais tirer de ce même madrier,
combustible pour lés chaudières et force
motrice pour les machines qui le découpe
ront, tel était le problème posé. Ce problè
me, l’usine de fabrication des .pavés de
bois, édifiée en 1886 -par la Ville de Paria
et dirigée sous.son contrôle, l’a résolu éco
nomiquement dans les meilleures condi
tions.-— G. L.
Quatre officiers aviateurs
se tuént près de Pise
Turin/23 août (de notre corr. part., par
téléphone). —- Ce matin,, au camp- d’avia
tion, de San Giusto, près de Pise,, deux des
quatre. appareils -militaires qui s’exer
çaient,-à une,très grande hauteur, en vue
du ’ prochain meeting .de Lorette sont en
trés en - collision et sont • tombés de 1.ÛÛ0
mètres. Les quatre officiers qui les mon
taient ont été tués sur le coup. L’un, d’eux,
appartenait à l’équipe de d’Annunzio. — S.
Le pillage d’un consulat à Moscou
Incident avec la Norvège
Annemasse, 22 août (par dép. de notre
corr. part.). — D’après la presse de Riga,
le gouvernement des soviets serait respon
sable du pillage commis réceminent ■ au
consulat de Norvège, à-Moscou." t
Les auteurs du ;■ vol : seraient des agents
secrets;de la Tchéka, qui avaient été char
gés d’opérer une perquisition au consulat
norvégien, ,et auraient profité de.l’occasion
pour s’emparer d’objets dé valeur et de
sommes d’argent dépassant plusieurs mil
lions de roubles-or et appartenant à des
sujets norvégiens, américains et roumains
qui avaient pensé^auver leur avoir en le
plaçant sous la sauvegarde du consulat de
Norvège.
.On redoute. fort, dans les milieux gou
vernementaux de ' Moscou, que l’affaire
n’amène des complications diplomatiques
avec la Norvège,.et qu’elle n’use de repré
sailles, particulièrement en ce qui con
cerne ses nombreuses exportations de vi
vres destinés aux régions affamées de la
Russie.f— L. F.’
'LES lettres anonymes de tulle
Tulle, 23 août. — On annonce que l’examen
mental de Mlle Laval, qui fut successivement
mise en observation à Limoges et à Bor
deaux, serait terminé. Le rapport des experts
médicauxserait sous peu déposé au Parquet
de Tulle. Mais on dit que, même reconnue
responsable, Angèle Laval ne sera déférée
qu’au tribunal de simple police.
, LA TERRE TREMBLE EN ITALIE
Rouie, S3 août. — De légères secousses de tremble
ment de-terre, qui -n’ont d’ailleurs pas ’causé de
dégâts, ont été ressenties dans la journée d’hier A
Pise, Livourne, Viareggio, Pontedera et dans di
verses localités de la ‘Toscane.
QUATRE HEROS DANS UN CERCUEIL,
Chives (Charente-Inférieure), 23 août. — Le 7 jan
vier 1016, à Wolt-Kaph (Alsace), quatre sous-offlclers
tombaient, déchiquetés par une même bombe. U
fut impossible de reconstituer ces débris humains.
Leurs restes furent alors' réunis dans un même
cercueil, lequel vient d’être ramené à Chives. pays
d’origine de l’.un d’eux. Voici les noms de ces bra
ves : Alphonse -Renard, de Chives; Jean Charlet,
de Tarbes,. Roger de Eyquen, du TaiUan (Gironde),
et Claudius Brenon. de Ben (Allier).,
EN QUELQUES MOTS
Demain : frais, nuageux, üverses par pla
ces. — (O.- N. M.) .
S A Marseille, une très violente explosion s’est
produite dahs les établissements Evrard, situés
23. boulevard des Peintures. Une partie de l’usine
a été détruite. Un ouvrier a été légèrement blessé.
L’accident semblerait dû A l’emploi de charbon
allemand. — (Ag. Radio.)
3 On a retrouvé, à Saint-Brieuc, le cadavre, pendu
à une porte, du cultivateur Jean EvelUard. 56 ans.
Les rats l’avaient déchiqueté;
3 Le bureau de presse turc nous communique la
note suivante : « Certains Journaux ont annoncé
que S. Exc. Moustafâ Kémal Pacha- serait « invi
sible » depuis quelques jours par suite d’une menace
de complot dont le siège du gouvernement aurait
reçu des avertissements et qui serait dû A la pré
tendue agitation-qui se serait manifestée A Angora
contre la politique du président de la grande as
semblée nationale de Turquie. Le bureau de presse
turc est autorisé A démentir catégoriquement ces
nouvelles. »
UN CRIME RUE FROISSARD
On a assassin!
le « pftre Formol»
Un vieux fabricant de chaînes
a été, trouvé mort, ce matin, dans
sa boutique sordide
Dajis le quartier des Enfants-Rouges,
M. Fournel, un vieux fabricant de chaînes
en aluminium, en métal blanc, l’article de
pacotille, était appelé le « père Formol»
et demeurait 14, rue Froissart. Il a été
trouvé assassiné, la nuit- dernière, étendu
dans son arrière-boutique, au pied'dé l’es-
caliér en colimaçon qui se viasâit dans un!
angle obscur, jusqu’au petit appartement ;
du premier étage.
Le « père Formol» vivait-seul, penché 1
tout le jour sur son comptoir, limant et: ■
ajustant. Il ignorait l’art de faire le mé-:
nage, la boutique s’emplissait d’un tasi
d’objets hétéroclites et la crasse luisait sur
les murs. Il était pourtant admis, dans le; *
quartier, que le chaîniste était plus riche;
qu’il n’en avait l’air ; pourtant son com
merce périclitait.
.— Je vais vendre, disait-il, les temps sont
durs. .
, Mais on souriait et il s’en allait conter; :
a d’autres sa misère.
: Or la nuit dernière, vers minuit; un voi
sin, M. Julien Lavaliette, ciseleur, s’étonna
de voir la porte : de la boutique entrebâillée.;
Il passa la tête et appela. Nul ne répondit^ •
Alors, il alla chercher un agent, qui entra"
et découvrit le'crime-M. Gardet, commis- '
saire du quartier, vint immédiatement"
faire les premières constatations, .'.à vic
time portait une blessure sanglante à là 1
tempe droite ; un bâillon s’enfonçait dans
sa bouche, bâillon énorme, fait d’une, pe- ,
lote dé chiffons. Du sang partout, des as
siettes brisées, une chaise renversée. Sur
le mur noir, une porte s’ouvrait, entrebaîl- !
lée, donnant sur une petite courette pavée..
Sur le seuil, on ramassa un outil, un :
petit grattoir triangulaire, sans manche,: ■
maculé de sang. Sur les dalles de la _cour/
un objet brillait : les lunettes du vieux.-.!
On revînt dans la boutique: Trois verres •
s’alignaient sur le comptoir, l’un encore à-
demi-plein de vin rouge. Sur une table, au
fond, deux litres, l’un vide, l’autre aux
trois quarts plein.
La découverte du crime s’était répandue,-
malgré la nuit. Comme il sortait, le com
missaire vit venir à lui un homme qui dé
clara avoir quelque chose à dire : M. René
Gallet, employé à la Compagnie des eaux,
qui était de garde, pendant la nuit, au bu- !
reau de la Compagnie^ contigu, à la bou-
tiqùe du «père Formol». .
— Je ne. sais pas si ce sera utile, dit-il, ■
si le père Formol vivait encore ça n’aurait
aucun intérêt, mais, comme il .est mort, il
faut que je vous raconte. Vers neuf heures, ;
j'ai vu le chaîniste en conversation -avec
une dame, sur le pas de sa porte. Elle était
élégamment vêtue, ma foi A Ça brillait sur
elle, elle ‘était jeunette, gentille. Alors il
s’est effacé' et il l’a fait rentrer devant lui--
Voilà tout ce que je sais..
Ce sont jusqu’à présent les seuls indices
qu’on possède. Ce matin, à 8 heures, M-,
Char toux, substitut du procureur de” la
République* M. Bacquart, -juge d’instruc- ’
tion, M. Ducrocq, M. René Faralicq, le 'Ser- ’
vice de l’anthropométrie, le D r Paul! sont
venus sur les lieux. Le cadavre est parti
pour la Morgue, et M. Gardet, le commis
saire de police qui donna tant de fois des
preuves de son habileté professionnelle, a
été chargé de. poursuivre l’enquête. Il est
bien discret, M. Gardet ; s’il a des soup
çons, il les garde pour lui ; mais il semble
> que, dans le.quartier, des convictions una- i
nimes se fondent. On sait que M. Fourtol
recevait beaucoup de . visites féminines, ;
malgré ses quatre-vingts ans. apparents ; :
il àvait toujours un peu d’ârgent chez-lui,
et on a dû trouver quelques billets de cent
francs dans soif tiroir-caisse ; les inspec
teurs, en ce moment, fouillent la maison »
et retournent le lit sans draps.
On a trouvé sous le lit une sacoche jaune
renfermant 600 francs, qui avait'échappé à
l’attention du meurtrier.
M. Jacquart, juge d’instruction, instruira
l’affaire. — L.-A. B.
AU PUY-DE-DOME
IJn pavillon et deux cœurs
New-York, 22 août. — Le' Prêsident-Carfleld,
bateau américain, est entré dans le port, por-
tan un étrange pavillon.
« C’est un drapeau de lune de miel, dit
en riant le capitaine. Vous remarquerez que
ce sont deux cœurs rouges que relie un an
neau d’or... »
Quinze couples de jeunes mariés américains
se trouvaient à bord
Les grandes passions...
Dessin de YVES CHUDEAU.
— Il a dû se faire ça en se rasant...
La foud re sur lë camp
Clermont-Ferrand, 22 adût (de notre corr .,
part.). —Par suite d’une violente tempête,'
aucun aviateur n’a pu s’élancer, hier, du'
sommet du Puy de Dôme. Les appareils de
Bossoutrot, Douchy, Barbot et Descamp’
avaient été montés, le matin, pièce à pièce,
à dos d’âne, au prix des pires difficultés ;
le Moustique de Bossoutrot avait même ;
été remonté, mais le vent, soufflant à 30:
mètres à la seconde, menaçait de l’empor-i
ter, et on dut le démonter. "
Ce matin, l’ouragan sévit avec la même
impétuosité qu’hier, et il est peu probable,
que des essais puissent être tentés au camp
Mouillard pour la même raison.
La foudre est tombée, la nuit dernière,-
sur le camp, causant de grands dégâts et,
coupant les communications téléphoniques
et télégraphiques avec Clermont-Ferrand ;
mais il n’y eut aucun accident de .person
ne. — Heine.
Une heureuse mesure
On n’attribuera plus certaines bourses aux
enfants d’après les « mérites s des parents
■ Désormais, dans la concession des bourses
d’enseignement primaire supérieur, il ne sera
plus tenu compte des services rendus à l’Etat
par la famille de l’enfant. C’est là une déci
sion que vient de rendre officielle le décret
rendu sur la proposition du ministre de l’ins
truction publique et des beaux-arts.
Il est apparu, en effet, que dans l’énumé
ration des conditions mises à l’obtention de
ces bourses le mérite personnel de l’enfant
tenait trop peu de place.
« D’autre part, écrit M. Léon Bérard, l'ap
préciation des services rendus est trop impré-
•cise .peur ne pas donner lieu à des erreurs
ou a des abus qu’il importe d’éviter. »
* U sera donc seulement tenu compte pour
la concession des bourses et la fixation de
leurs taux :
1° Du mérite de l’enfant, constaté par l’exa
men :
2° Du nombre des enfants vivants, du péti
tionnaire ;
3° De sa situaiori de fortune.
_ C’est là, d’ailleurs, une rtiesure qui doit
être étendue â toutes les bourses d'enseigne
ment.
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