Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-08-28
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 août 1907 28 août 1907
Description : 1907/08/28 (Numéro 9905). 1907/08/28 (Numéro 9905).
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k784616x
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
UfRUCTIDOR. •*- N» M
CtSTQ CESTOKËS. — PAR13 EB DEPARTEMENTS *- OIVÇ dSTIISE*
MERCREDI 28 AOUT 19ÔÏ.
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RÉDACTION LT ADMINISTRATION : 142, RueMontmartre, Paris %V Arrond.)
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Paris 3 moisS fr. - 6 mois 10 fr. '■ ' 1 an 20 fr.
Départements. ...............3 mois 0 fr. 6 mois 12 fr. 1 an 24 fr»
Etranger(Ünionpostale)..... 3 mois 0 fr». 6 mois 18 (r. ' 1 sa 35 fr.
^ifï&teüf ; HENRI
Rédacteur en chef : Itëon BAILBY
Les Annonce» sont reçues k i’AGENCE PARISIENNE dePUBLICITÉ
“ A. GODfMENT,. 16, jfpe Drouot ! .
LES PETITES ANNONCES ÉCONOMIQUES 11 Ir. ta llgltft
sont reçue* directement aua bureau» du Journal.
DE CDD
Il est curieux que les francs-ma
çons qui, sous le couvert du f r, •. Pic-
quart, prêchent et pratiquent si
bien l’indiscipline dans l’armée,
, fassent chev eux la discipline si ri
goureuse. Un certain : maçon nom
mé Piermé est solennellement ac--
cusc d’avoir, manqué ;de ;ftancliise
pour avoir noué des relations ce
pendant toutes passagères et fugi
tives avec M. Bidegain qui s’est, il
ÿ a déjà deux ou trois ans, évadé
de cette, baraque; de saltimbanques
dénommée. Grand-Orient.
; Or, ce malheureux Piermé/ qui
proteste contre cette, accusation de
trahison, affirme s’être trouvé tout
fortuitement, nez à nez. avec M, Bi
degain qu’il ne connaissait pas et
avec lequel c’est tout au plus s’il a
échangé deux paroles. Cet incident
prouve d’abord que l’officine de la.
rue Cadet entretient partout des
policiers chargés de suivre et de dé
noncer au besoin les membres de
cette mafia dont tous nos ministres
font partie. Et il suffit que les fr.:.
soumis à cet incessant espionnage
aient seulement regardé un pro
fane dans le blanc des yeux pour
qu’ils. soient immédiatement. défé
rés à un tribunal auprès duquel
celui de l’Inquisition n’était que de
la saint Jean.
Au Moyén-Age, oiï brûlait les
'juifs. Aujourd’hui, ce sont les juifs
de la bande à Vadécard qui médi
tent de nous brûler II est certain,
en effet, que si nous laissons faire
les Jean-Fesse de la députation à
quinze mille francs, il s’en trou
vera, avant peu, un ou plusieurs
pour demander le rétablissement
des bûchers, où les antimaçons se
raient condamnés à monter comme
relaps et même convaincus de sor
cellerie, à l’instar de cette « cabo
tine » de Jeanne Darc.
5 On annonce déjà que le trans
fuge Piermé va comparaître pojir
crime de conversation avec Bide-
gain devant une Haute-Cour cons
tituée sur le modèle de celle qui a
déjà siégé plusieurs fois au Luxem
bourg et que Fallières a d’ailleurs
présidée, Car la franc-maçonnerie,
qui s’appelle la « Veuve », comme
la guillotine, tend de plus en plus
à se substituer à tous les grands
corps de l’Etat. Elle remplace le
ministère de la guerre dans la ques
tion de l’avancement des officiers;
le ministère de l’instruction publi
que dans le choix des livres à dis
tribuer aux élèves des*écoles ; le mi
nistère de la justice auquel elle
dicte les sentences à prononcer.
Maintenant, ces sentences, elles
veut les prononcer elle-même, et
nous allons voir l’accusé Piermé
comparaître, comme Soleilland, de
vant des juges en robes plus ou
moins rouges, dont le Palais de Jus
tice est situé rue Cadet, avec Rres-
sensé, Doumerguc et Lafferre pour
président et assesseurs. On parle
depuis quelque temps de relever
l’échafaud. Cette perspective a de
quoi 'faire frémir tous les patrio
tes. Etant donné qu’un juif non
plus qu’un protestant ne peuvent
être punis de mort, puisqu’ils sont
devenus « tabous », la peine capi
tale ne serait plus appliquée qü’à
ceux qui ne seraient ni protestants
ni juifs. Si l’infortuné Piermé,
presque aussi à plaindre que l’in
fortuné Calas, ne consent pà3 à
•faire amende honorable, au milieu
du temple, pieds nus, en chemise,
un cierge de douze livres à la main,
en demandant pardon au Grand
Architecte de rUniver3 et aux
domines dô s’être oublié jusqu’à ré
pondre au coup de chapeau de Bi
degain, je ne donnerais pas deux
sous de sa peau, .
C’est ainsi qu’après là' chute du
boulangisme, to 113 les fonctionnai
res, chez lesquels on découvrait une'
cafte de. l’ancien ministre de la
guerre, étaient impitoyablement
révoqués, et les. journaux du bloc
d’alors, lequel ne. valait guère
mieux que celui d’aujourd’hui,
mentionnaient là mesure sous'cette
rubrique : Encore une victime du
général Boulanger. C’était le gou
vernement qui révoquait, mais c’ér
tait tout de même de Boulanger
dont le révoqué était victime.
___■ HENRI ROCHEFÛRT
Dernière Heure
APRES LE TAMPONNEMENT DE COUTRAS
Sur les lieux de la catastrophe
Le déblaiement des décombres
NOS MINISTRES
M. Clemenceau, président du conseil, a
reçu, ce màtiri, .Mil. Bart-hôu,: ministre des
travaux, publics, et Caillaux, ministre, des.
finances
M. Ruau, ministre de l’agriculture, et M.
Chéron, sous-secrétaire d’Etat • à la guerre,
sont rentrés ce matin à Paris, M: Ruau ve
nant de Vichy, M. Chéron dé l’Isère.
Ces ministres tiendront demain matin, au
ministère des affaires étrangères, un. conseil
de cabinet. ■ , . „ _ ,
Samedi, ils iront à Rambouillet, ou M. Fal
lières les réunira en conseil des ministres.
Tous les membres du gouvernement seront
présents à ces deux réunions, car ceux qui
sont absents de Paris ont ôté mandes aur-
. gence.
LE ROI GEORGES
Le roi de Grèce, qui est, nous l'avons dit.
arrivé hier soir à Paris, où il est descendu a
l’hôtel Bristol, a reçu, ce matin, M. Delyanni,
son ministre à Paris, et a eu avec lui aa en-
•tretien, d’une heure. ' ,
•Après un. déjeuner intime, le roi a fait une
promenade en voiture et a parcouru notam
ment les grands boulevards.
LE COMPLOT CONTRE LE TSAR
On mande de Saint-Pétersbourg :
On s’attend ici à ce quo ies dix-huit per
sonnes incuiipées de complot contre la vie
dù tsar, du grand-duc Nicolas Nicolaiévilch
et du pi'emier ministre Stolypine soient
toutes condamnées à mort. La sentence
sera probablement rendue cette nuit..
. On remarque'que lés prévenus se défen
dent à peine et quelques-uns même pas
idu tout, tant ils sont tous persuadés de
l’inutilité‘de leurs efforts pour éviter une
condamnation capitale. . .
! LES SOUVERAINS RUSSES
On mande de Saint-Pétersbourg :
1 L’empereur de Russie et, sa famille; feraient
une croisière de plusieurs semaines dans lès
eaux finlandaises. . . : . _
L’impératrice douairière se rendra a Co
penhague, puis à Christiania, où elle se ren
contrerait avec la reine d’Angleterre.
LE KAISER PÂSSE LA REVUE
On mande de Bemerade, près de Hanovre :
L’empereur a passé en revue, à dix heu
res du matin, 1© 10° corps d’armée.
On remarquait la présence du prince
impérial, des princes Effet-Frédéric et Os
car, du grand-duc de Mecklem bourg-,
Schwerin, du duc régent de Brunswick et
du prince Albert de Belgique.
L’empereur a fait défiler les nlhans du
■roi, dont il portait- l’uniforme. Le prfnce
Albert de Belgique marchait de conserve
avec le 16 9 dragons. .
L’AGITATION AGRAIRE
On maude de Longford (Comté d’Irlande) :
Le député Farrell et quatre autres person
nes ont été arrêtées à trois heures du matin.
Ces arrestations ont trait à l'agitation qui
se manifeste contre la loi agraire.
UN CUIRASSÉ ÉCHOUÉ
On mande de Londres :
■ Aux chantiers . Devonport, . l'ordre a été
reçu de tenir immédiatement une cale sèche
prête pour le cuirassé Commômvealih, de la
fintte de la Manche. Le Commonurcalth .s'est-,
parait-?!, échoué dans les. eaux écossaises.
On ne connaît pas encore l’étendue des dom
mages qu’il a subis.
Au printemps dernier, le Commenteealth,
étant entré en collision axec-l’Aldcrmale, fut
sérieusement endommagé.
Le CammonweaUh a-été lancé en 1905, à
Lagos. Son déplacement c-st de 16.350 tonnes.
UN NAUFRAGE
On retrouve !o cadavre du chef d'équipe Galzin.— L'état
des blessés. — Les obsèques des victimes* — La
défense dé i'aiguilléur. — L’çn quête continue.
(De notre torrespàndant. pariiculier).
. On.mande de. Bordeaux
On a travaillé sans interruption pendant
toute la nuit et ce matin encore aux tra
vaux de déblaiement;de. la voie de .garage
où s’est produite--là collision entre Pe*v
press de Paris et le train de marchandises.
Le corps de Galzin, le malheureux: em-;
ployé de. la Compagnie ..qui avait disparu
depuis avant-hier,’a. été retrouvé affreuse
ment broyé. 1 ... . .. ;
, L’amoncellement .des débris de, wagons
était tel que les sauveteurs ont eu les diffi
cultés les plus grandes pour mener .à bien
leur".besogne de .déblaiement, L
‘ Des équipes' de tràvàilleurè étaient, ye-
nues de Limoges avec le wàgoh-grue.
Pendant que la locomotive 637,-en ma
nœuvre depuis les premières lueurs dù
jour, arrachait par un mouvement.de va-
et-vient, à l’aide d’un câble en, acier, les
poutres, rails, fragments de fonte entasses
sous les machines-,la puissante grue enser
rait de ses attaches de fer les lourdes
carcasses tordues et faussées et les dépo
sait sur le côté du'talus.
Les six voitures brisées : un wagon-toi
lette, un wagon de première, un de se
conde, un mixte, un de troisième, un four
gon, étant déjà hors des rails, n’embar-
raasent olus la circulation. La locomotive
et le tender réfractaires sont plus près du
talus que de la voie, de sorte que les ou
vriers ont tout le temps nécessaire pour
passer les chaînes et cordages destinés A
les soulever. ..
Cette opération s’accomplit avec d'infi
nies précautions afin d’éviter les. accidents
qui pourraient être occasionnées par la
chute de pièces de fer, en équilibre quel
ques-unes, sur l'échafaudage des décom
bres. :
Le heurtoir
Bordeaux, 27 août. — Un des ingénieurs
chargés de la surveillance des tr.avaux.de
déblaiement a expliqué comment le télesco
page des deux trains avait pu avoir de si
regrettables conséquences. ,
: — Le train tamponné, par l’express, a-t-il
■dit, comprenait quinze wagons chargés de
i charbon.
t C’est ce convoLqui a causé tout le maL
j Lesté comme il 'l’était, il a opposé à l’ex-
jpress une résistance extraordinaire et a
! servi de ce que nous appelons- en terme
ido métier : un heurtoir. Ce détail explique
pourquoi les deux- locomotives • se sbnt
’dres.-ées d’abord et couchées ensuite sur la
voie. Sans ce fatal concoure de circons
tances, le « 624 » n’aurait eu que des dé
gâts matériels sans grande importance.
L'aiguilleur $è défend
Bordeaux, 27 août, — Valbousquet, l’ai
guilleur qu’on avait voulu fendre respon
sable de la catastrophe, a déclaré nette
ment aux magistrats instructeurs :
On a prétendu que j’avais remanié
l’aiguille lorsque je me suis aperçu de mon
erreur. Cela est faux,, arohi-faux, d’autant
plus faux, que c’est impossible. Je mets
au défi qui qùè ce soit de faire broncher
l’aiguille dans de semblables conditions.
La preuve, d’ailleurs/ en est facile, il suf
fit de reconstituer la, scène. l’affirme, en
fin, que je suis iiinocèirit,. que j’ài. fait mon
devoir, tout mon devoir»- »-■'•
La reconstituiio n-dela- scène a été faite,
en effet, et force la-été de donner, créance
aux énergiques déclarations de Valbous-
quet : quatre personnes.- ’areboutées au
levier, n’ont pu, malgré tc-és leurs efforts)
.i— -1 a - -3 toAntl ft«-i /)/•,.! U, -i /vu 11.1 n • '
gue et d’énervement.
Pour- corroborer les déclarations- de Val-
bousquet,- un fait d’une importance capi
tale pour l’eiiquête s’e'St ' produit vers la,
fin de la journée d’hief..
Afin de dégager la voie paire, l’ingénieur
Mézergues venait de commander, pour la
seconde ou-troisième fois, d’aiguiller sur
la voie des marchandises ‘une plate-forme
emportant le châssis d’nne voiture de voya
geurs. Et,’à'la-stupéfaction de tous, un
raté » , se produisit’• l’aiguille - nè' fonc
tionna, pas...
Pourtant- l’aiguilleur -n-’avait ■ pas perdu
la tête-: il avait bien manœuvré son levier
numéro 10...Et l’aiguille était restée immo
bile. ' ,
;On açcourut dans le-posté), on contrôla,
on vérifia! Il fallut' se rendre à. révidcncé.
Le levier de l’aiguillage'des marchandises
était, par intermittences, sans action. L’ai
guilleur Valbousquet, do service samedi
soir, doit par conséquent être mis désor
mais, et sans contestation, hors do cause.
L’ingénieur examina attentivement les
tubes de transmission et reconnut que l’un
d’eux était' faussé. '
Un camarade de Valbousquet, qui se
trouvait sur les lieux à ce moment, ne se
tint pas de joie et, prenant à travers
champs, il courut apprendre à. son ami
que l’aiguille avait encore « fait des sien
nes » en présence des « gros patrons ».
La dixième victime
Bordeaux, .27 août, r— 11 était près de
huit heures, hier soir, lorsque Le corps de
l’infortuné chef d’écfuipe Galzin a été retiré
de dessous les décombres. .
On avaitj toute la journée, travaillé sans
interruption pour découvrir le cadavre.
A trois heures, des trouées suffisantes
ayant été faites, on passe des câbles et des
chaînes autour du tender. A quatre heu
res moins un quart, le chef de manœu
vres commande aux hommes qui te ser
vent » la grue de 50 tonnes : « Allez ! »
Minute émouvante. Le puissant appareil
tire, tire, et soulève à cinquante centimè
tres, puis à. un mètre au-dessus du sol
le,tender, d’autant plus lourd que des pla
ques de tôles sont emboutées dans son
châssis, dans son arrière.
Là femme de Galzin est là, haletante,
coipmc nous tous, d’ailleurs. Déjà on com
mence à voir au travers dé l’enchm T être-
ment des fets et bois qui gisent sous te vé
hicule : une, , deux éclaircies, s’affirment
.dans le fouillis, :
Hélas ! vaine espérance. Un craquement
sec, puis, tout de suite, un autre formi
dable, d’un fracas terrifiant. Les chaînes
de la grue se sont rompues, et,le tender
est retombé sur son lit de décombres,main
tenant plus brutalement écrasés encore.
La femmo'de Galzin qui, depuis le matin
assiste aux recherches, défaille : « Oh !
sanglote-telle « ça né finira donc pas ! ».
Surmontant leur, propre émotion, dix- per
sonnes l’entourent et la soutiennent,
M. Mézergues et. ses collaborateurs exa
minent la situation, (t Rien à faire-, pro
noncent-ils. a Nous recommencerons tout à
f heure ».
Deux heures plus tard, les chaînes, re
mises en placé, hissent le tender à deux
mètres du sol.
Et sous un amas de poutres enchevê
trées," on parvient à découvrir le. corpâ ffu
malheureux employé...
Les blessés
Bordeaux, 27 août, — On a d’assez bon
nes. nouvelles des blessés de la catastrophe.
Deux d’entre eux, cependant, dorment tou
jours d’assez vives inquiétudes. '
Le directeur de la compagnie du Midi a
continué aujourd’hui, chez les victimes,
ses visitès'-qu’il avait commencées hier.
matin, de .l'amiral Philibert, la dépêche
suivante : . ’ , -
« Lé', déchargement dé dâ Nive sera ter
miné là .26.au soir ;. ce.bâtiment repartira
pour Oran le 28 avec onze-blessés ou ma
lades/ • ■ -
« Situation politique • calme'rdans tous
les ports.'■"/
« Autour de Casablanca,'An.signale des
mouveipëhfs de cavalerie marocaine. Les
reconnaissances faites n’ont pas rencontré
de résistance. * ■ '
L’estimation des dégâts
Berlin, 27 août. -- Le Bërliner Tagblatl
d’aujourd’hui apprend que, sur l’ordre du
gouvernement français, ’• M, - Gambon, am
bassadeur de France,'vient de prévenir le
ministère impérial des 'affaires étrangères
qu’une commission, composée d’un Alle
mand, d’un Anglais et d’uh Espagnol,
était formée à Gasablanca pour établir la
valeur dès pro-priétés qui furent abandon
nées après le bombardement: dè la ville.
Le général Prude
prend l’offensive
Casablanca, viâ Tangefj 27 août, — Le
igénéral •Drudê. ’qiii avait envoyé un bref
: rapport sur l’urg-enoe d’enlever le :camp
i de. Taddert, à -douze kilomètres de Casa
blanca,- a reçu l'autorisation ' de réaliser
cette opération. Le /général Drude reste
absolument libre - des moyens d'exécution
: et de la date de son action. - - -
* Le général, Drude .a .crû devoir, remettre
cette opération parce : que les troupés * de
renfort amenées par le « Vinh-Long »
avaient besoin de repos.
Le général Drude tenterait de surpren
dre le camp avant l’aube, de sorte qu’en
s’éveillant, l’ennemi se trouverait cerné
par 3.000 hommes avec huit pièces de cam
pagne et quelques mitrailleuses.
Renforts espagnols
. Saint-Sébastien, 27 août, — Le gouver
nement espagnol a décidé l’envoi à Casa
blanca du croiseur Estramadura en rem
placement du llio-Plata.
Les croiseurs Carlos-Quinlo et Princesse -
des-Asturies sont prêts à partir. Le mi
nistre de la guerre serait, dit-on, partisan
d’une intervention plus active des troupes
espagnoles.
LA TYPHOÏDE A LA CASERNE
On mande 3e Hambourg r
Un câblogramme de Sierra Leone annonce
qu : Je navire allemand Hedivig Woermann
a fad naufrage sur des récifs, près de l’ile
Slierbro. L’équipage et les passagers- ont été
sauvés ‘mais le navire est considéré ■ comme
perdu . ; . • - - .
LES SONDAGES DE M. CAILLAUX
On mande de Perpignan.: *
M. Georges ïaubert, contrôleur des -contri
butions . directes, a commencé à Pollestres
dés opérations de sondages en vue de l’appli
cation éventuelle de l'impôt sur le revenu. ■
Dans cette opération, M. Jaubert travaille
avec le concours des principaux coniribu.a-
bl es de la commune. ' ■
VOIR A LA DEUXIEME PAGE : f.
Nos échos : « On dit (gus... », du Watt<
«an. '
La chronique ’ do Le Hêtre. -
VOIR A LA TROISIEME PAGE i
La Vie sportive, par G. de Lafreté.
VOIR A LA QUATRIEME PAGE J . ,
Ici coursea i Dieppe : Résultats.
CINQ PRÉTENDANTS" POUR UN TRONE
Un peu' de tranquillité.— Les Européens
de Fez. — La situation dans les ports.
La situation, au. Maroc, semble plus
tranquille.- Cette accalmie est-elle Vin die e
de la lassitude des assaillants/et peut-on
espérer qu’elle "durera ? Où bien n'est-ce
qu'me feinte-pour donner à l’agresseur
le temps de s'organiser ?
Quoi qu’il en soit, nous devons constater
que la situation *s 'embrouille : de plus en
plus. A l'heûre'àctüelle, le Maroc est divisé
entre cinq compétiteurs : d’une part le sul
tan légitime A b'd-el-Aziz ; puis le sultan de
Marrakech, Moulay-IIafid ; le prétendant
Bou-Hamara , le sorcier. M.a-el-Aïnin-, et
enfin le célèbre Baisouli. Entre ces divers
personnages, où sont nos amis et où sont
nos ennemis ? - . ,
Et que pouvons-nous faire, au milieu
d'une telle,, anarchie, avec toutes les en
traves tfuejacte d’AIgésiras apporte à,no
tre action f . ■ . . - .
Le départ des Européens
Tanger, 26 août, — D’après une nou
velle de Fez en date du 23, le départ des.
Français, des Anglais et des Espagnols
était toujours fixé au 24. Il est vraisembla
ble qu’il a eu définitivement lieu à cette
dqte, caf le courrier chargé d'en Apporter,
la nouvelle ne devait quitter Fez qu’après
la mise en marche de noa compatrioîé»»...
• Toutes les mesures, utiles ont été prises
pour assurer là sécurité de la colonie eu
ropéenne" et la route de Fez à La-rache
n’tfct pas moins, sure qu'en temps ordinai
re. • ,
- Les Italiens et les. Allemands ont dû
quitter ;Fez'aujourd'hui. On signale un
grand désarroi dans le maghzen.
frîa-eî-Aïmri
Larr.ahe, 26 août,— Le khâlifat de Ma-el-
Aïni-n, -accompagné de cinq cavaliers du
maghzen et du-fils du caïd; el'Mechouarj
s’est embarqué ici le 23 pour se porter à
Saffi où à Mogador au devant de Ma eî
Aïnin afin qu’il use de son influence pour
rétablir la tranquillité dans le .Sud.
La main de l'Angleterre
Tanger, 27 août, —: La colonie- anglaise
de Tanger déclare que, .dans la protesta
tion envoyée' à son gouvernement contre
le danger qu’elle pourrait’ éventuellement
courir, elle n’a pas réclamé l’envoi-exclusif
de navires de guerre, anglais à Tanger
pour assurer sa sécurité. Elle ne demande
l’arrivée .des' navires britanniques que
dans le cas où, pour uné raison ou pour
une autre, la France et l'Espagne ne
pourraient envoyer de .nouveaux navires
eh nombre et force suffisants pour faire
face à tlout événement. Les colons anglais
sont, bien, décidés, à éviter de créer des
complications à la situation de la France
au Maroc. Pourvu que leur sécurité soit
assurée, peu leur importe que ce soit , par
les Français ou par les Anglais.
Dépêche officielle
. ta ministère de ta. marina a rèçq; ca.£
On mande de Lyon : - ,
Une épidémie de fièvre typhoïde s’ost dé
clarée à la caserne de la Fart-Dieu. Plusieurs
cavaliers du 10“ cuirassiers ont dû être, hos
pitalisés à l’hôpital Desgenettes.
L’ENIGME
Qu’est-çc qu’on nous cache r ? Ce ne
sont pas évidemment les communica
tions officieuses transmises â la presse
i française et à la presse allemande qui
! sont de nature à dissiper l’obscurité
i qui plane sur l’entrevue de Norderney.
Vainènierit on essaie de prétendre
:que la visite de Mt Canibon à M. de
Biilow n’a aucune importance, qu’il ne
s’agit là que de relations privées, que
l ? ambassadeur de France et le chance
lier d’Allemagne sont des amis de
vingt ans, et qu’en somme on ergote
beaucoup sur une chose en soi toute
naturelle.
C’est se moquer un peu de tout le
monde qui n’est paà dupe, tout le
monde étant convaincu qu’en l’espèce,
ce qui est en jeu, ce dont il a été ques
tion, c’est des relations franco-alleman
des en général et des affaires du Maroc
en particulier. ’
- D’ailleurs, avec sa lourdeur coutu
mière, la presse allemande.laisse pres
sentir le véritable objet des • négocia
tions qui se poursuivent. Il suffit de
relever la contradiction qui éclate entre
son langage d’hier et celui d’âujour-
d’iiui, ses réserves récentes au sujet de
r'aétion française au Maroc et son adhé
sion A'Jbiie. à l’œuvre que nous accom
plissons là-bas. Elle va, la presse alle
mande, jusqu’à nous inviter à marcher
sur Fez, jurant grands dieux que
l’Allemagne né non» suscitera aucune
difficulté, t ■
• A quel prix ? Sur. ce pôK?f» elle est
mïielte, et c’est-cependant ce ' m -
porte, de savoir. Fournirohs-noi?5 ,.I es
capitaux nécessaires pour 1 ’achèveme'RÏ j
du chemin de fer de Bagdad ? Les va
leurs allemandes seront-elles admises à
la Bourse de Paris ? Notre numéraire
alimentera-t-il le commerce et l’indus
trie allemands, en crise de surproduc
tion ,? C’est là un des côtés de la ques
tion qui ne laisse certes pas indifférent
le sens pratique des Teutons.
Mais il en est un autre qui préoccupe
plus spécialement la Wilheîmstrasse :
c’est le côté politique. Et la Wilheim-
sfrasse a tout intérêt, après avoir ob
tenu noire appui financier, à jeter dans
l’aventure africaine toutes les forces vi
ves de la France.
. Le Maroc a son prix, certes, mais
vaut-il que nous permettions à l'Alie-,
magne, en nous évadant en Afrique, la
prépondérance ' mondiale qu’elle rêve,
et l’expansion indéfinie de son com
merce; de son agriculture, de son in
dustrie, sous la.;protectipn de cette épée-
aiguisée, célébrée naguère par Guil
laume II-- et désormais sans contre
poids ,
x • ' - XEON BAILBY.
Albert Alleaume
voulait se tuer
UN DOCUMENT INÉDIT
Des précisions et des détails sur la mort
du jouna - chimiste. — Une lettre iné
dite du mort. — Tout tend à prou
ver le suicide. .
Nous avons pu connaître de nouveaux
détails qui confirment et précisent les ren
seignements que nous avons donnés hier
sur> la mort du jeune Albert Alleaume.
.Le lieu des événements , d’abord. Avant
dé quitter Alleaume, la bande fit une sta
tion, dans • un établissement de la rive -
gauche- et- -c’est là que s’est' produite la
bataille-pour les beaux yeux de l’héroïne
entre' l'artilleur et celui que nous avon^,
paf discrétion, nommé X...
VÔÛîin enté Alleaume a.-t-il quitté ses com -
payons ? G’est un point qui, jusqu'à pré
sent, était-resté dans ■ l'ombre. Alleaume
était fort triste et ses ..compagnons co n-
: naissant ses idées de suicide le fouillèrent
'pour voir s'il ne portait aucune anne, au-
*cun p_oi3on> aucune-dô : ces drogues, telles
-que le haschich, i’opium et là morphine
îdonfll fâtsait un fréquent lisage. Ce n’est
i qu’erisuite.qu’Albert leur, .échappa et s'en
fuit :eri. courant à toutes .jambes. Ses amis
; ne devaient plus le revoir.-La-bataille -n-a
se serait produite qu’après son départ.
Voici donb deux points intéressants pour,;
l’instruction : 1° si toutes les poches ont
- été-retournées, d-'où vient le -poi^pn ?; 2»
les deux inconnus qui ont accompagné Al
leaume chez le musicien de Marigny l'au
raient rencontré; vaguant dans les rues
du Quartier latin et ne seraient point par
mi ceux qui passèrent la soirée av-ec lui.
Avant le drame
. L’heure. L'heure même du drame est
moins tardive qu'on ne l’avait cru. Alleau
me a quitté ses.amis à dix heures et de
mie du soir seulement. Il est donc resté
plusieurs heures avec ses mystérieux com
pagnons dont le seul tort, d’après ce que
l’on sait maintenant, serait de l’avoir lais
sé seul dans l’état où il était. Un point
précis est que le malheureux jeune homme
était ivre en quittant .ses. compagnons. .
Nous avons dit qu'Albert Alleaume avait
retrouvé sa douce fiancée sans difficultés.
Ajoutons même que là rencontre fut for- ,
tuite et qu’elle se fit au chevet d'un ma
lade que Suzanne vint voir et auprès du
quel Albert était déjà.
Sur les acteurs du dramé, bien des cho
ses restent encore à dire. Nous ne parie
rons point des comparses, si ce n’est pour
indiquer qu’au Quartier Latin, et dans la .
bande en particulier, les relations sont un
peu-mélangées.
On trouve, à. côté d'hommes, de valeur et
id’une- honnêteté scrupuleuse, venus là par
la force de l’ennui et du hasard, des jeu-
,nes gens sans profession, sans intelligence
et sans scrupules qui n'ont parfois pour
eux qu’une parenté avouée ou non avec
'des personnages, connus. Il faut donc bien
; sc garder de mettre tout le monde dans le
même sac.
Quant à Foüçher, on ne le connaissait
que depuis peu, et ce que dit la police des
mœurs-des : hôtes qu’il laissait entrer chez
lui est sans doute, exagéré.
Restent les deux protagonistes : Albert et
Suzanne.
Albert et Suzanne
; Albert Alleaume : Nous avons, déjà tracé
son portrait. Ajoutons seulement que sa
dernière tentative de suicide, car il y en a
eu •■plusieurs; remonte au mois de mai. II
s’était alors servi de morphine. Mais les
effets s’étaient bornés à des vomissements
et à quelques scènes'pathétiques. Cetto
fois, ses camarades croyaient qu’il ne pour
rait pas arriver pire et • ne s’inquiétaient
qu’à demi. 5
Suzanne Vaulhier. Contrairement à ce
qu’on croyait, Suzanne est -brune et non
blonde. Elle est assez petite, avec de jolies
joues pleines, une mignonne bouche rougo
et des yeux étonnés et naïfs qui ont tou
jours l’air mystérieux de ceux qui ne pen
sent à rien.
Sans désir, sans volonté ,'elle était plus
inconsciente, plus « petit oiseau -», que
mauvaise. On a bien exagéré en mal sa
réputation. Elle ne-céda jamais qu’à de
rares amis et seulement parce que ça leur
faisait tant plaisir. Elle avait reçu une
certaine éducation et avait même fréquenté
une école de commerce de la rue de Rivoli
très connue. '
■ Savait-elle à quoi pouvait mener une
passion d’homme éperdu ? Sa mère voulait "
la contraindre à épousér Ailéaume, qu’elio
n’aimait pas, et elle en gardait une petite
rancune „au malheureux. Après la mort
d’Albert, ' elle est restée toute étonnée,
toute interdite, très peinée de tout le bruit -
qu’allait faire cette histoire, ? r :
Quelqu’un qui la connut autrefois, nous '
di-f-{k n > croit l’avoir rencontrée cet après-
midi *l n,re lvT y c ‘t lè Châtelet, vêtue d’une
fort élégante- robe de soie puce pt coiffée
d'un chapeau très fleuri.
Où &Y-- l'enquête ?
Le Parquet du profiR'eur de la Répu
blique a chargé M. BôC car < 1 > dims-
truction, d’ouvrir une s»r les
causes de la -m-art de M. Aibe.i> Alleaume.
Le commissariat du quartier *r u ^'tont-
parnasse se trouve donc dessaisi ét iJ 1 Illa *'
gis-trat mis en possession de la procédu/ - --
Il a immédiatement donné des instruc
tions au service de la Sûreté, le chargeant
de' retrouver la fille Suzanne Vaut hier,
ainsi -que les jeunes gens qui passèrent
la nuit fatale en compagnie du désespéré.
Leur; comparution. par devers lui no
saurait tarder, la jeune fille ayant été
aperçue hier- à la porte d’Ivry et ses ca
marades rôdant au quartier Latin.
Ils ne se cachaient du reste nullement, '
Le lendemain du drame, vers onze heu
re» . du . matin, Sutzanne Vaulhier,' ac
compagné» de l'artilleur, dont non»
parlions hier, ne se lamentait-elle pas,
dans la cour de l’hôpital Cochin sur le
sort de son: malheureux ami. Elle ne fut,
du- reste, aucunement inquiétée.
Spontanément,' hier, dans là matinée,
M.* Fouché se ^présentait 1 au commissarial
CtSTQ CESTOKËS. — PAR13 EB DEPARTEMENTS *- OIVÇ dSTIISE*
MERCREDI 28 AOUT 19ÔÏ.
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RÉDACTION LT ADMINISTRATION : 142, RueMontmartre, Paris %V Arrond.)
* Téléphones: 108.8S -* 130.27-^ 13Ô.87 r ’ *. '
Paris 3 moisS fr. - 6 mois 10 fr. '■ ' 1 an 20 fr.
Départements. ...............3 mois 0 fr. 6 mois 12 fr. 1 an 24 fr»
Etranger(Ünionpostale)..... 3 mois 0 fr». 6 mois 18 (r. ' 1 sa 35 fr.
^ifï&teüf ; HENRI
Rédacteur en chef : Itëon BAILBY
Les Annonce» sont reçues k i’AGENCE PARISIENNE dePUBLICITÉ
“ A. GODfMENT,. 16, jfpe Drouot ! .
LES PETITES ANNONCES ÉCONOMIQUES 11 Ir. ta llgltft
sont reçue* directement aua bureau» du Journal.
DE CDD
Il est curieux que les francs-ma
çons qui, sous le couvert du f r, •. Pic-
quart, prêchent et pratiquent si
bien l’indiscipline dans l’armée,
, fassent chev eux la discipline si ri
goureuse. Un certain : maçon nom
mé Piermé est solennellement ac--
cusc d’avoir, manqué ;de ;ftancliise
pour avoir noué des relations ce
pendant toutes passagères et fugi
tives avec M. Bidegain qui s’est, il
ÿ a déjà deux ou trois ans, évadé
de cette, baraque; de saltimbanques
dénommée. Grand-Orient.
; Or, ce malheureux Piermé/ qui
proteste contre cette, accusation de
trahison, affirme s’être trouvé tout
fortuitement, nez à nez. avec M, Bi
degain qu’il ne connaissait pas et
avec lequel c’est tout au plus s’il a
échangé deux paroles. Cet incident
prouve d’abord que l’officine de la.
rue Cadet entretient partout des
policiers chargés de suivre et de dé
noncer au besoin les membres de
cette mafia dont tous nos ministres
font partie. Et il suffit que les fr.:.
soumis à cet incessant espionnage
aient seulement regardé un pro
fane dans le blanc des yeux pour
qu’ils. soient immédiatement. défé
rés à un tribunal auprès duquel
celui de l’Inquisition n’était que de
la saint Jean.
Au Moyén-Age, oiï brûlait les
'juifs. Aujourd’hui, ce sont les juifs
de la bande à Vadécard qui médi
tent de nous brûler II est certain,
en effet, que si nous laissons faire
les Jean-Fesse de la députation à
quinze mille francs, il s’en trou
vera, avant peu, un ou plusieurs
pour demander le rétablissement
des bûchers, où les antimaçons se
raient condamnés à monter comme
relaps et même convaincus de sor
cellerie, à l’instar de cette « cabo
tine » de Jeanne Darc.
5 On annonce déjà que le trans
fuge Piermé va comparaître pojir
crime de conversation avec Bide-
gain devant une Haute-Cour cons
tituée sur le modèle de celle qui a
déjà siégé plusieurs fois au Luxem
bourg et que Fallières a d’ailleurs
présidée, Car la franc-maçonnerie,
qui s’appelle la « Veuve », comme
la guillotine, tend de plus en plus
à se substituer à tous les grands
corps de l’Etat. Elle remplace le
ministère de la guerre dans la ques
tion de l’avancement des officiers;
le ministère de l’instruction publi
que dans le choix des livres à dis
tribuer aux élèves des*écoles ; le mi
nistère de la justice auquel elle
dicte les sentences à prononcer.
Maintenant, ces sentences, elles
veut les prononcer elle-même, et
nous allons voir l’accusé Piermé
comparaître, comme Soleilland, de
vant des juges en robes plus ou
moins rouges, dont le Palais de Jus
tice est situé rue Cadet, avec Rres-
sensé, Doumerguc et Lafferre pour
président et assesseurs. On parle
depuis quelque temps de relever
l’échafaud. Cette perspective a de
quoi 'faire frémir tous les patrio
tes. Etant donné qu’un juif non
plus qu’un protestant ne peuvent
être punis de mort, puisqu’ils sont
devenus « tabous », la peine capi
tale ne serait plus appliquée qü’à
ceux qui ne seraient ni protestants
ni juifs. Si l’infortuné Piermé,
presque aussi à plaindre que l’in
fortuné Calas, ne consent pà3 à
•faire amende honorable, au milieu
du temple, pieds nus, en chemise,
un cierge de douze livres à la main,
en demandant pardon au Grand
Architecte de rUniver3 et aux
domines dô s’être oublié jusqu’à ré
pondre au coup de chapeau de Bi
degain, je ne donnerais pas deux
sous de sa peau, .
C’est ainsi qu’après là' chute du
boulangisme, to 113 les fonctionnai
res, chez lesquels on découvrait une'
cafte de. l’ancien ministre de la
guerre, étaient impitoyablement
révoqués, et les. journaux du bloc
d’alors, lequel ne. valait guère
mieux que celui d’aujourd’hui,
mentionnaient là mesure sous'cette
rubrique : Encore une victime du
général Boulanger. C’était le gou
vernement qui révoquait, mais c’ér
tait tout de même de Boulanger
dont le révoqué était victime.
___■ HENRI ROCHEFÛRT
Dernière Heure
APRES LE TAMPONNEMENT DE COUTRAS
Sur les lieux de la catastrophe
Le déblaiement des décombres
NOS MINISTRES
M. Clemenceau, président du conseil, a
reçu, ce màtiri, .Mil. Bart-hôu,: ministre des
travaux, publics, et Caillaux, ministre, des.
finances
M. Ruau, ministre de l’agriculture, et M.
Chéron, sous-secrétaire d’Etat • à la guerre,
sont rentrés ce matin à Paris, M: Ruau ve
nant de Vichy, M. Chéron dé l’Isère.
Ces ministres tiendront demain matin, au
ministère des affaires étrangères, un. conseil
de cabinet. ■ , . „ _ ,
Samedi, ils iront à Rambouillet, ou M. Fal
lières les réunira en conseil des ministres.
Tous les membres du gouvernement seront
présents à ces deux réunions, car ceux qui
sont absents de Paris ont ôté mandes aur-
. gence.
LE ROI GEORGES
Le roi de Grèce, qui est, nous l'avons dit.
arrivé hier soir à Paris, où il est descendu a
l’hôtel Bristol, a reçu, ce matin, M. Delyanni,
son ministre à Paris, et a eu avec lui aa en-
•tretien, d’une heure. ' ,
•Après un. déjeuner intime, le roi a fait une
promenade en voiture et a parcouru notam
ment les grands boulevards.
LE COMPLOT CONTRE LE TSAR
On mande de Saint-Pétersbourg :
On s’attend ici à ce quo ies dix-huit per
sonnes incuiipées de complot contre la vie
dù tsar, du grand-duc Nicolas Nicolaiévilch
et du pi'emier ministre Stolypine soient
toutes condamnées à mort. La sentence
sera probablement rendue cette nuit..
. On remarque'que lés prévenus se défen
dent à peine et quelques-uns même pas
idu tout, tant ils sont tous persuadés de
l’inutilité‘de leurs efforts pour éviter une
condamnation capitale. . .
! LES SOUVERAINS RUSSES
On mande de Saint-Pétersbourg :
1 L’empereur de Russie et, sa famille; feraient
une croisière de plusieurs semaines dans lès
eaux finlandaises. . . : . _
L’impératrice douairière se rendra a Co
penhague, puis à Christiania, où elle se ren
contrerait avec la reine d’Angleterre.
LE KAISER PÂSSE LA REVUE
On mande de Bemerade, près de Hanovre :
L’empereur a passé en revue, à dix heu
res du matin, 1© 10° corps d’armée.
On remarquait la présence du prince
impérial, des princes Effet-Frédéric et Os
car, du grand-duc de Mecklem bourg-,
Schwerin, du duc régent de Brunswick et
du prince Albert de Belgique.
L’empereur a fait défiler les nlhans du
■roi, dont il portait- l’uniforme. Le prfnce
Albert de Belgique marchait de conserve
avec le 16 9 dragons. .
L’AGITATION AGRAIRE
On maude de Longford (Comté d’Irlande) :
Le député Farrell et quatre autres person
nes ont été arrêtées à trois heures du matin.
Ces arrestations ont trait à l'agitation qui
se manifeste contre la loi agraire.
UN CUIRASSÉ ÉCHOUÉ
On mande de Londres :
■ Aux chantiers . Devonport, . l'ordre a été
reçu de tenir immédiatement une cale sèche
prête pour le cuirassé Commômvealih, de la
fintte de la Manche. Le Commonurcalth .s'est-,
parait-?!, échoué dans les. eaux écossaises.
On ne connaît pas encore l’étendue des dom
mages qu’il a subis.
Au printemps dernier, le Commenteealth,
étant entré en collision axec-l’Aldcrmale, fut
sérieusement endommagé.
Le CammonweaUh a-été lancé en 1905, à
Lagos. Son déplacement c-st de 16.350 tonnes.
UN NAUFRAGE
On retrouve !o cadavre du chef d'équipe Galzin.— L'état
des blessés. — Les obsèques des victimes* — La
défense dé i'aiguilléur. — L’çn quête continue.
(De notre torrespàndant. pariiculier).
. On.mande de. Bordeaux
On a travaillé sans interruption pendant
toute la nuit et ce matin encore aux tra
vaux de déblaiement;de. la voie de .garage
où s’est produite--là collision entre Pe*v
press de Paris et le train de marchandises.
Le corps de Galzin, le malheureux: em-;
ployé de. la Compagnie ..qui avait disparu
depuis avant-hier,’a. été retrouvé affreuse
ment broyé. 1 ... . .. ;
, L’amoncellement .des débris de, wagons
était tel que les sauveteurs ont eu les diffi
cultés les plus grandes pour mener .à bien
leur".besogne de .déblaiement, L
‘ Des équipes' de tràvàilleurè étaient, ye-
nues de Limoges avec le wàgoh-grue.
Pendant que la locomotive 637,-en ma
nœuvre depuis les premières lueurs dù
jour, arrachait par un mouvement.de va-
et-vient, à l’aide d’un câble en, acier, les
poutres, rails, fragments de fonte entasses
sous les machines-,la puissante grue enser
rait de ses attaches de fer les lourdes
carcasses tordues et faussées et les dépo
sait sur le côté du'talus.
Les six voitures brisées : un wagon-toi
lette, un wagon de première, un de se
conde, un mixte, un de troisième, un four
gon, étant déjà hors des rails, n’embar-
raasent olus la circulation. La locomotive
et le tender réfractaires sont plus près du
talus que de la voie, de sorte que les ou
vriers ont tout le temps nécessaire pour
passer les chaînes et cordages destinés A
les soulever. ..
Cette opération s’accomplit avec d'infi
nies précautions afin d’éviter les. accidents
qui pourraient être occasionnées par la
chute de pièces de fer, en équilibre quel
ques-unes, sur l'échafaudage des décom
bres. :
Le heurtoir
Bordeaux, 27 août. — Un des ingénieurs
chargés de la surveillance des tr.avaux.de
déblaiement a expliqué comment le télesco
page des deux trains avait pu avoir de si
regrettables conséquences. ,
: — Le train tamponné, par l’express, a-t-il
■dit, comprenait quinze wagons chargés de
i charbon.
t C’est ce convoLqui a causé tout le maL
j Lesté comme il 'l’était, il a opposé à l’ex-
jpress une résistance extraordinaire et a
! servi de ce que nous appelons- en terme
ido métier : un heurtoir. Ce détail explique
pourquoi les deux- locomotives • se sbnt
’dres.-ées d’abord et couchées ensuite sur la
voie. Sans ce fatal concoure de circons
tances, le « 624 » n’aurait eu que des dé
gâts matériels sans grande importance.
L'aiguilleur $è défend
Bordeaux, 27 août, — Valbousquet, l’ai
guilleur qu’on avait voulu fendre respon
sable de la catastrophe, a déclaré nette
ment aux magistrats instructeurs :
On a prétendu que j’avais remanié
l’aiguille lorsque je me suis aperçu de mon
erreur. Cela est faux,, arohi-faux, d’autant
plus faux, que c’est impossible. Je mets
au défi qui qùè ce soit de faire broncher
l’aiguille dans de semblables conditions.
La preuve, d’ailleurs/ en est facile, il suf
fit de reconstituer la, scène. l’affirme, en
fin, que je suis iiinocèirit,. que j’ài. fait mon
devoir, tout mon devoir»- »-■'•
La reconstituiio n-dela- scène a été faite,
en effet, et force la-été de donner, créance
aux énergiques déclarations de Valbous-
quet : quatre personnes.- ’areboutées au
levier, n’ont pu, malgré tc-és leurs efforts)
.i— -1 a - -3 toAntl ft«-i /)/•,.! U, -i /vu 11.1 n • '
gue et d’énervement.
Pour- corroborer les déclarations- de Val-
bousquet,- un fait d’une importance capi
tale pour l’eiiquête s’e'St ' produit vers la,
fin de la journée d’hief..
Afin de dégager la voie paire, l’ingénieur
Mézergues venait de commander, pour la
seconde ou-troisième fois, d’aiguiller sur
la voie des marchandises ‘une plate-forme
emportant le châssis d’nne voiture de voya
geurs. Et,’à'la-stupéfaction de tous, un
raté » , se produisit’• l’aiguille - nè' fonc
tionna, pas...
Pourtant- l’aiguilleur -n-’avait ■ pas perdu
la tête-: il avait bien manœuvré son levier
numéro 10...Et l’aiguille était restée immo
bile. ' ,
;On açcourut dans le-posté), on contrôla,
on vérifia! Il fallut' se rendre à. révidcncé.
Le levier de l’aiguillage'des marchandises
était, par intermittences, sans action. L’ai
guilleur Valbousquet, do service samedi
soir, doit par conséquent être mis désor
mais, et sans contestation, hors do cause.
L’ingénieur examina attentivement les
tubes de transmission et reconnut que l’un
d’eux était' faussé. '
Un camarade de Valbousquet, qui se
trouvait sur les lieux à ce moment, ne se
tint pas de joie et, prenant à travers
champs, il courut apprendre à. son ami
que l’aiguille avait encore « fait des sien
nes » en présence des « gros patrons ».
La dixième victime
Bordeaux, .27 août, r— 11 était près de
huit heures, hier soir, lorsque Le corps de
l’infortuné chef d’écfuipe Galzin a été retiré
de dessous les décombres. .
On avaitj toute la journée, travaillé sans
interruption pour découvrir le cadavre.
A trois heures, des trouées suffisantes
ayant été faites, on passe des câbles et des
chaînes autour du tender. A quatre heu
res moins un quart, le chef de manœu
vres commande aux hommes qui te ser
vent » la grue de 50 tonnes : « Allez ! »
Minute émouvante. Le puissant appareil
tire, tire, et soulève à cinquante centimè
tres, puis à. un mètre au-dessus du sol
le,tender, d’autant plus lourd que des pla
ques de tôles sont emboutées dans son
châssis, dans son arrière.
Là femme de Galzin est là, haletante,
coipmc nous tous, d’ailleurs. Déjà on com
mence à voir au travers dé l’enchm T être-
ment des fets et bois qui gisent sous te vé
hicule : une, , deux éclaircies, s’affirment
.dans le fouillis, :
Hélas ! vaine espérance. Un craquement
sec, puis, tout de suite, un autre formi
dable, d’un fracas terrifiant. Les chaînes
de la grue se sont rompues, et,le tender
est retombé sur son lit de décombres,main
tenant plus brutalement écrasés encore.
La femmo'de Galzin qui, depuis le matin
assiste aux recherches, défaille : « Oh !
sanglote-telle « ça né finira donc pas ! ».
Surmontant leur, propre émotion, dix- per
sonnes l’entourent et la soutiennent,
M. Mézergues et. ses collaborateurs exa
minent la situation, (t Rien à faire-, pro
noncent-ils. a Nous recommencerons tout à
f heure ».
Deux heures plus tard, les chaînes, re
mises en placé, hissent le tender à deux
mètres du sol.
Et sous un amas de poutres enchevê
trées," on parvient à découvrir le. corpâ ffu
malheureux employé...
Les blessés
Bordeaux, 27 août, — On a d’assez bon
nes. nouvelles des blessés de la catastrophe.
Deux d’entre eux, cependant, dorment tou
jours d’assez vives inquiétudes. '
Le directeur de la compagnie du Midi a
continué aujourd’hui, chez les victimes,
ses visitès'-qu’il avait commencées hier.
matin, de .l'amiral Philibert, la dépêche
suivante : . ’ , -
« Lé', déchargement dé dâ Nive sera ter
miné là .26.au soir ;. ce.bâtiment repartira
pour Oran le 28 avec onze-blessés ou ma
lades/ • ■ -
« Situation politique • calme'rdans tous
les ports.'■"/
« Autour de Casablanca,'An.signale des
mouveipëhfs de cavalerie marocaine. Les
reconnaissances faites n’ont pas rencontré
de résistance. * ■ '
L’estimation des dégâts
Berlin, 27 août. -- Le Bërliner Tagblatl
d’aujourd’hui apprend que, sur l’ordre du
gouvernement français, ’• M, - Gambon, am
bassadeur de France,'vient de prévenir le
ministère impérial des 'affaires étrangères
qu’une commission, composée d’un Alle
mand, d’un Anglais et d’uh Espagnol,
était formée à Gasablanca pour établir la
valeur dès pro-priétés qui furent abandon
nées après le bombardement: dè la ville.
Le général Prude
prend l’offensive
Casablanca, viâ Tangefj 27 août, — Le
igénéral •Drudê. ’qiii avait envoyé un bref
: rapport sur l’urg-enoe d’enlever le :camp
i de. Taddert, à -douze kilomètres de Casa
blanca,- a reçu l'autorisation ' de réaliser
cette opération. Le /général Drude reste
absolument libre - des moyens d'exécution
: et de la date de son action. - - -
* Le général, Drude .a .crû devoir, remettre
cette opération parce : que les troupés * de
renfort amenées par le « Vinh-Long »
avaient besoin de repos.
Le général Drude tenterait de surpren
dre le camp avant l’aube, de sorte qu’en
s’éveillant, l’ennemi se trouverait cerné
par 3.000 hommes avec huit pièces de cam
pagne et quelques mitrailleuses.
Renforts espagnols
. Saint-Sébastien, 27 août, — Le gouver
nement espagnol a décidé l’envoi à Casa
blanca du croiseur Estramadura en rem
placement du llio-Plata.
Les croiseurs Carlos-Quinlo et Princesse -
des-Asturies sont prêts à partir. Le mi
nistre de la guerre serait, dit-on, partisan
d’une intervention plus active des troupes
espagnoles.
LA TYPHOÏDE A LA CASERNE
On mande 3e Hambourg r
Un câblogramme de Sierra Leone annonce
qu : Je navire allemand Hedivig Woermann
a fad naufrage sur des récifs, près de l’ile
Slierbro. L’équipage et les passagers- ont été
sauvés ‘mais le navire est considéré ■ comme
perdu . ; . • - - .
LES SONDAGES DE M. CAILLAUX
On mande de Perpignan.: *
M. Georges ïaubert, contrôleur des -contri
butions . directes, a commencé à Pollestres
dés opérations de sondages en vue de l’appli
cation éventuelle de l'impôt sur le revenu. ■
Dans cette opération, M. Jaubert travaille
avec le concours des principaux coniribu.a-
bl es de la commune. ' ■
VOIR A LA DEUXIEME PAGE : f.
Nos échos : « On dit (gus... », du Watt<
«an. '
La chronique ’ do Le Hêtre. -
VOIR A LA TROISIEME PAGE i
La Vie sportive, par G. de Lafreté.
VOIR A LA QUATRIEME PAGE J . ,
Ici coursea i Dieppe : Résultats.
CINQ PRÉTENDANTS" POUR UN TRONE
Un peu' de tranquillité.— Les Européens
de Fez. — La situation dans les ports.
La situation, au. Maroc, semble plus
tranquille.- Cette accalmie est-elle Vin die e
de la lassitude des assaillants/et peut-on
espérer qu’elle "durera ? Où bien n'est-ce
qu'me feinte-pour donner à l’agresseur
le temps de s'organiser ?
Quoi qu’il en soit, nous devons constater
que la situation *s 'embrouille : de plus en
plus. A l'heûre'àctüelle, le Maroc est divisé
entre cinq compétiteurs : d’une part le sul
tan légitime A b'd-el-Aziz ; puis le sultan de
Marrakech, Moulay-IIafid ; le prétendant
Bou-Hamara , le sorcier. M.a-el-Aïnin-, et
enfin le célèbre Baisouli. Entre ces divers
personnages, où sont nos amis et où sont
nos ennemis ? - . ,
Et que pouvons-nous faire, au milieu
d'une telle,, anarchie, avec toutes les en
traves tfuejacte d’AIgésiras apporte à,no
tre action f . ■ . . - .
Le départ des Européens
Tanger, 26 août, — D’après une nou
velle de Fez en date du 23, le départ des.
Français, des Anglais et des Espagnols
était toujours fixé au 24. Il est vraisembla
ble qu’il a eu définitivement lieu à cette
dqte, caf le courrier chargé d'en Apporter,
la nouvelle ne devait quitter Fez qu’après
la mise en marche de noa compatrioîé»»...
• Toutes les mesures, utiles ont été prises
pour assurer là sécurité de la colonie eu
ropéenne" et la route de Fez à La-rache
n’tfct pas moins, sure qu'en temps ordinai
re. • ,
- Les Italiens et les. Allemands ont dû
quitter ;Fez'aujourd'hui. On signale un
grand désarroi dans le maghzen.
frîa-eî-Aïmri
Larr.ahe, 26 août,— Le khâlifat de Ma-el-
Aïni-n, -accompagné de cinq cavaliers du
maghzen et du-fils du caïd; el'Mechouarj
s’est embarqué ici le 23 pour se porter à
Saffi où à Mogador au devant de Ma eî
Aïnin afin qu’il use de son influence pour
rétablir la tranquillité dans le .Sud.
La main de l'Angleterre
Tanger, 27 août, —: La colonie- anglaise
de Tanger déclare que, .dans la protesta
tion envoyée' à son gouvernement contre
le danger qu’elle pourrait’ éventuellement
courir, elle n’a pas réclamé l’envoi-exclusif
de navires de guerre, anglais à Tanger
pour assurer sa sécurité. Elle ne demande
l’arrivée .des' navires britanniques que
dans le cas où, pour uné raison ou pour
une autre, la France et l'Espagne ne
pourraient envoyer de .nouveaux navires
eh nombre et force suffisants pour faire
face à tlout événement. Les colons anglais
sont, bien, décidés, à éviter de créer des
complications à la situation de la France
au Maroc. Pourvu que leur sécurité soit
assurée, peu leur importe que ce soit , par
les Français ou par les Anglais.
Dépêche officielle
. ta ministère de ta. marina a rèçq; ca.£
On mande de Lyon : - ,
Une épidémie de fièvre typhoïde s’ost dé
clarée à la caserne de la Fart-Dieu. Plusieurs
cavaliers du 10“ cuirassiers ont dû être, hos
pitalisés à l’hôpital Desgenettes.
L’ENIGME
Qu’est-çc qu’on nous cache r ? Ce ne
sont pas évidemment les communica
tions officieuses transmises â la presse
i française et à la presse allemande qui
! sont de nature à dissiper l’obscurité
i qui plane sur l’entrevue de Norderney.
Vainènierit on essaie de prétendre
:que la visite de Mt Canibon à M. de
Biilow n’a aucune importance, qu’il ne
s’agit là que de relations privées, que
l ? ambassadeur de France et le chance
lier d’Allemagne sont des amis de
vingt ans, et qu’en somme on ergote
beaucoup sur une chose en soi toute
naturelle.
C’est se moquer un peu de tout le
monde qui n’est paà dupe, tout le
monde étant convaincu qu’en l’espèce,
ce qui est en jeu, ce dont il a été ques
tion, c’est des relations franco-alleman
des en général et des affaires du Maroc
en particulier. ’
- D’ailleurs, avec sa lourdeur coutu
mière, la presse allemande.laisse pres
sentir le véritable objet des • négocia
tions qui se poursuivent. Il suffit de
relever la contradiction qui éclate entre
son langage d’hier et celui d’âujour-
d’iiui, ses réserves récentes au sujet de
r'aétion française au Maroc et son adhé
sion A'Jbiie. à l’œuvre que nous accom
plissons là-bas. Elle va, la presse alle
mande, jusqu’à nous inviter à marcher
sur Fez, jurant grands dieux que
l’Allemagne né non» suscitera aucune
difficulté, t ■
• A quel prix ? Sur. ce pôK?f» elle est
mïielte, et c’est-cependant ce ' m -
porte, de savoir. Fournirohs-noi?5 ,.I es
capitaux nécessaires pour 1 ’achèveme'RÏ j
du chemin de fer de Bagdad ? Les va
leurs allemandes seront-elles admises à
la Bourse de Paris ? Notre numéraire
alimentera-t-il le commerce et l’indus
trie allemands, en crise de surproduc
tion ,? C’est là un des côtés de la ques
tion qui ne laisse certes pas indifférent
le sens pratique des Teutons.
Mais il en est un autre qui préoccupe
plus spécialement la Wilheîmstrasse :
c’est le côté politique. Et la Wilheim-
sfrasse a tout intérêt, après avoir ob
tenu noire appui financier, à jeter dans
l’aventure africaine toutes les forces vi
ves de la France.
. Le Maroc a son prix, certes, mais
vaut-il que nous permettions à l'Alie-,
magne, en nous évadant en Afrique, la
prépondérance ' mondiale qu’elle rêve,
et l’expansion indéfinie de son com
merce; de son agriculture, de son in
dustrie, sous la.;protectipn de cette épée-
aiguisée, célébrée naguère par Guil
laume II-- et désormais sans contre
poids ,
x • ' - XEON BAILBY.
Albert Alleaume
voulait se tuer
UN DOCUMENT INÉDIT
Des précisions et des détails sur la mort
du jouna - chimiste. — Une lettre iné
dite du mort. — Tout tend à prou
ver le suicide. .
Nous avons pu connaître de nouveaux
détails qui confirment et précisent les ren
seignements que nous avons donnés hier
sur> la mort du jeune Albert Alleaume.
.Le lieu des événements , d’abord. Avant
dé quitter Alleaume, la bande fit une sta
tion, dans • un établissement de la rive -
gauche- et- -c’est là que s’est' produite la
bataille-pour les beaux yeux de l’héroïne
entre' l'artilleur et celui que nous avon^,
paf discrétion, nommé X...
VÔÛîin enté Alleaume a.-t-il quitté ses com -
payons ? G’est un point qui, jusqu'à pré
sent, était-resté dans ■ l'ombre. Alleaume
était fort triste et ses ..compagnons co n-
: naissant ses idées de suicide le fouillèrent
'pour voir s'il ne portait aucune anne, au-
*cun p_oi3on> aucune-dô : ces drogues, telles
-que le haschich, i’opium et là morphine
îdonfll fâtsait un fréquent lisage. Ce n’est
i qu’erisuite.qu’Albert leur, .échappa et s'en
fuit :eri. courant à toutes .jambes. Ses amis
; ne devaient plus le revoir.-La-bataille -n-a
se serait produite qu’après son départ.
Voici donb deux points intéressants pour,;
l’instruction : 1° si toutes les poches ont
- été-retournées, d-'où vient le -poi^pn ?; 2»
les deux inconnus qui ont accompagné Al
leaume chez le musicien de Marigny l'au
raient rencontré; vaguant dans les rues
du Quartier latin et ne seraient point par
mi ceux qui passèrent la soirée av-ec lui.
Avant le drame
. L’heure. L'heure même du drame est
moins tardive qu'on ne l’avait cru. Alleau
me a quitté ses.amis à dix heures et de
mie du soir seulement. Il est donc resté
plusieurs heures avec ses mystérieux com
pagnons dont le seul tort, d’après ce que
l’on sait maintenant, serait de l’avoir lais
sé seul dans l’état où il était. Un point
précis est que le malheureux jeune homme
était ivre en quittant .ses. compagnons. .
Nous avons dit qu'Albert Alleaume avait
retrouvé sa douce fiancée sans difficultés.
Ajoutons même que là rencontre fut for- ,
tuite et qu’elle se fit au chevet d'un ma
lade que Suzanne vint voir et auprès du
quel Albert était déjà.
Sur les acteurs du dramé, bien des cho
ses restent encore à dire. Nous ne parie
rons point des comparses, si ce n’est pour
indiquer qu’au Quartier Latin, et dans la .
bande en particulier, les relations sont un
peu-mélangées.
On trouve, à. côté d'hommes, de valeur et
id’une- honnêteté scrupuleuse, venus là par
la force de l’ennui et du hasard, des jeu-
,nes gens sans profession, sans intelligence
et sans scrupules qui n'ont parfois pour
eux qu’une parenté avouée ou non avec
'des personnages, connus. Il faut donc bien
; sc garder de mettre tout le monde dans le
même sac.
Quant à Foüçher, on ne le connaissait
que depuis peu, et ce que dit la police des
mœurs-des : hôtes qu’il laissait entrer chez
lui est sans doute, exagéré.
Restent les deux protagonistes : Albert et
Suzanne.
Albert et Suzanne
; Albert Alleaume : Nous avons, déjà tracé
son portrait. Ajoutons seulement que sa
dernière tentative de suicide, car il y en a
eu •■plusieurs; remonte au mois de mai. II
s’était alors servi de morphine. Mais les
effets s’étaient bornés à des vomissements
et à quelques scènes'pathétiques. Cetto
fois, ses camarades croyaient qu’il ne pour
rait pas arriver pire et • ne s’inquiétaient
qu’à demi. 5
Suzanne Vaulhier. Contrairement à ce
qu’on croyait, Suzanne est -brune et non
blonde. Elle est assez petite, avec de jolies
joues pleines, une mignonne bouche rougo
et des yeux étonnés et naïfs qui ont tou
jours l’air mystérieux de ceux qui ne pen
sent à rien.
Sans désir, sans volonté ,'elle était plus
inconsciente, plus « petit oiseau -», que
mauvaise. On a bien exagéré en mal sa
réputation. Elle ne-céda jamais qu’à de
rares amis et seulement parce que ça leur
faisait tant plaisir. Elle avait reçu une
certaine éducation et avait même fréquenté
une école de commerce de la rue de Rivoli
très connue. '
■ Savait-elle à quoi pouvait mener une
passion d’homme éperdu ? Sa mère voulait "
la contraindre à épousér Ailéaume, qu’elio
n’aimait pas, et elle en gardait une petite
rancune „au malheureux. Après la mort
d’Albert, ' elle est restée toute étonnée,
toute interdite, très peinée de tout le bruit -
qu’allait faire cette histoire, ? r :
Quelqu’un qui la connut autrefois, nous '
di-f-{k n > croit l’avoir rencontrée cet après-
midi *l n,re lvT y c ‘t lè Châtelet, vêtue d’une
fort élégante- robe de soie puce pt coiffée
d'un chapeau très fleuri.
Où &Y-- l'enquête ?
Le Parquet du profiR'eur de la Répu
blique a chargé M. BôC car < 1 > dims-
truction, d’ouvrir une s»r les
causes de la -m-art de M. Aibe.i> Alleaume.
Le commissariat du quartier *r u ^'tont-
parnasse se trouve donc dessaisi ét iJ 1 Illa *'
gis-trat mis en possession de la procédu/ - --
Il a immédiatement donné des instruc
tions au service de la Sûreté, le chargeant
de' retrouver la fille Suzanne Vaut hier,
ainsi -que les jeunes gens qui passèrent
la nuit fatale en compagnie du désespéré.
Leur; comparution. par devers lui no
saurait tarder, la jeune fille ayant été
aperçue hier- à la porte d’Ivry et ses ca
marades rôdant au quartier Latin.
Ils ne se cachaient du reste nullement, '
Le lendemain du drame, vers onze heu
re» . du . matin, Sutzanne Vaulhier,' ac
compagné» de l'artilleur, dont non»
parlions hier, ne se lamentait-elle pas,
dans la cour de l’hôpital Cochin sur le
sort de son: malheureux ami. Elle ne fut,
du- reste, aucunement inquiétée.
Spontanément,' hier, dans là matinée,
M.* Fouché se ^présentait 1 au commissarial
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