Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-08-07
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 août 1888 07 août 1888
Description : 1888/08/07 (Numéro 2946). 1888/08/07 (Numéro 2946).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
21 Thermidor. — ân 86; — 2946 Centimes ~ "Paris ét iPépartéments — ÇJIQ^I Ç Centimes
Mardi 7 Août 1688
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. PBIX ÏÏE K/ABOIVIVBEUBIIIT
FRANCE, CORSE ET ALGÉRIE
Tsois mois : 8 fr. — six mois : 15 fr. — un au : 28 fr.
MIS 11 l’HSlGIT P0SIHÏ : 3 neii, 12 fr. ; S sois, 22 Er.; » u, 42b.<<
-FAVala rédaction, s’adresser a M. AYF. AU D-DE GEORGE, Secrétaire|
La rédaction ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressé* '
Rédacteur en chef : HENRI EOGHEFORT
• ' REDACTION et ABSIINilSTSSATSON!
: 142, Rue Montmartre, 142
LES AMOK CES SONT REÇUES AUX BUREAUX DU JOURNAL
Àdrssb» Lsttbh kt Mandats a Eï. ERNEST VAUGHAN
' . ADMINISTRATEUR -
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irx «iti i r t t ~i~i
LA MORT
" D’UN .
60LD1T DU PEUPLE
X.a République vient de perdre un
Ae.ces hommes rares, qu’on ne rem
place guère," et dont l’exemple con
sole des lâchetés, des. cupidités et des
turpitudes dans lesquelles la France
Se débât si cruellement.
Emile Eudes, celui a qui était resté,
depuis la Commune, le nom de « gé
néral Eudes ■», est mort hier, tout à
coup, de la rupture d’un anévrisme,
à la salle Favië, en pleine réunion
publique; au moment où il prenait la
parole. Aucun des militants de la fin
de l’Empire et de l’époque actuelle
n’a connu de républicain plus brave
et plus désintéressé. Condamné à
mort sous Bonaparte, condamné à
mort sous l’Assemblée de malheur, il
ne connaissait de la République, ex
ploitée pai* tant d’autres, que l’exil
et la prison. Sa vie fut une lutte con
tinuelle, dans laquelle il perdit tout :
situation, avenir et santé.
Toujours prêt pour le . combat et
pour la mort à laquelle il n’avait
échappé que par miracle en 1870,
puisqu’il ' devait ê tre fusillé le matin
du h Septembre, à l’heure même où
on apprenait le désastre de Sedan et
où l’Empire tombait, il avait encore
rendu à la France, le 3 décembre dér
ider, un éclatant service en faisant
appel aux adhérents du Comité révo
lutionnaire central, pour s’opposer
par tous les moyens à l’élection pos
sible de Ferry à la présidence de la
République.
Quand de faux ouvriers préparaient
leurs futures- alliances, en invitant
le;Conseil municipal à s’abstenir de
toute démonstration, au cas où le
Tonkinois serait choisi par le Con
grès, Eudes allait rejoindre.ses amis
à l’Hôtel de Ville, d’où il adressait
aux hommes du parti blanquiste-les
ordres de résistances
Grâce à lui, l’indignation publique
contre la candidature du dernier des
lâches prit de si menaçantes propor
tions et souleva ' de telles clameurs,
que l’écho en parvint jusqu’à Ver
sailles, où on* n’entendait dans les
groupes parlementaires que ce cri de
terreur :
« Paris est soulevé ! On dit que le
général Eudes est à la tête. de l’é
meute! »
Et Ferry, dont le triomphe était
annoncé ouvertement la veille par ses
complices, resta piteusement sur le
Carreau.
Aux élections de 1885, Y Intransi
geant l’avait porté .sur sa liste en
compagnie de Vaillant, ët le comité
Clémenceau ayant refusé de les ins
crire l’un et l’autre sur la sienne,
Dons nous étions nettement séparé
du groupe radical où le juif polonais
Sigismond Lacroix travaillait déjà à
l’élimination de tous les républicains
énergiques et sérieux.
! Le principal caractère de la nature
dç notre ami - Eudes : c’était la géné
rosité et l’intrépidité. Il était avant
tout l’homme du danger et des situa
tions critiques. Le parti républicain
socialiste ne connaît pas encore toute
la grandeur de la perte qu’il a faite
hier ; nul ne peut, en effet, savoir quels
sombres événements se préparent et
do quelles énergies la France aura
besoin.
Ce vigoureux socialiste n’était pas
seulement le défenseur du peuple,
c’était aussi üii patriote sans mé
lange. Nous nous rappelons ses an
goisses au moment de l’affaire Schnae-
belé, quand les provocations de l’Al
lemagne semblaient rendre une guerre
à peu près inévitable.: Il se serait fait
tuer pour son pays, comme il se se
rait fait tuer pour ses convictions; car,
il aimait passionnément la. France
qui l’avait pourtant si maltraité.
•Il est: tombé au champ d’honneur,
en défendant une dernière fois les
droits des grévistes, - c’est-à-dire des
pauvres et des déshérités. Ceux-ci ne
l’oublieront pas plus que nous ne
l’oublierons nous-même.
HENRI ROCHEFORT
■ - ■ ■ T VJ TTi V " . ■
NOUVELLES DE MINUIT
- Election,à. Itïeiz. — Metz, 5 août : ‘
Election au conseil général, troisième canton
de Metz : . .. .
Inscrits : 3.202. — Votants : 2.062
MM. Lanique; candidat indigène 1;079 y. Elu.
Becker, candidat immigré.. SM7 —
Il s’agissait dé remplacer M. Antoine, con
seiller sortant, qui ne se représentait pas. ,
—. 'Arrhée An roi: de Portugal. — Mar
seille, 5 août :
Le roi dom Luis de-Portugal est arrivé cette
après-midi par-l’fexpress de trois heures vingt-
trois. IL a été salué à son arrivée par le comte
de Valbom, ambassadeur de Portugal à Paris,-
le préfet, le général Jap y, commandant du
15' corps, qui s’étaient rendus à la gare bien
avant l’arrivée du train.
«— Dépai'i de l'empereur du Brésil. —
Bordeaux, 5 août : . -
- L’empereur du Brésil et sa famille se sont
embarqués à deux heures et demie, à bord du
Congo, pour se reudre'fcu Brésil.
— Abyssins et Italiens. — Moscou , 5
août :
' Suivant des nouvelles reçues directement
d’Abyssinie, le fils du Négus serait encore vi
vant; les. Abyssins seraient résolus à conti
nuer contre les Italiens une guerre à outrance ;
enfin les forces du royaume s’élèveraient à
3/,0,OÛO hommes, dont £00,000 auraient une mis
sion spéciale tenue secréte.
1 LA Sffll Ml
La réunion de la salle. Favié. — Le bu
reau.— Allocution du citoyen Eudes.—
• Sa mort.— Désespoir de rassemblée.
— Les soins. — Devant la porte. —
Animation populaire. — Vive la
Commune ! — Les argousins.
. — Trajet triomphal. — In-
décentes brutalités
policières.
Rue de Belleville
Comme nous l’avions annoncé, et avec
nous les quelques journaux favorables à la
grève, une importante réuni.on, organisée
par le Comité révolutionnaire central, de
vait avoir lieu à la salle Favié.
Le quartier est en ce moment tout en fête
et il règne dans le bas de la tue de Belle-
ville une animation , extraordinaire, mi-
partie causée par ceux qui s’amusent et
mi-partie par ceux qui sont venus mani
fester pour les travailleurs affamés.
Les sergents de ville se dissimulent aux
coins des,rues ou derrière les groupes de
citoyens, comme des malfaiteurs attendant
l’heure de faire un mauvais coup.
L’immenso salle se garnit peu à peu ; on
voit successivement défiler les citoyens
connus pour leur affiliation aux divers
groupes révolutionnaires ,■ puis quelques
promeneurs entrant avec leurs femmes et
leurs enfants, à an s l’intention d’ajouter par
leur nombre à l’éclat de la manifestation.
Enfin des terrassiers, à figures débonnaires,
aux mains rudes, aux habits bariolés de
toutes couleurs. .
Ceux-ci on les dispense de tous frais d’en
trée ; néanmoins, quelques-uns mettent
bravement la main au gousset en disant :
— Nous n’avons ni femme, ni enfants ;
tenez, il y a de plus pauvres que nous chez
les camarades.
Et ils jettent un gros sou dans la sé-
bille.
La séance
A trois heures, le monde arrive toujours ;
cependant quelques voix réclament la for
mation du bureau et l’ouverture de la
séance.
A peine l’invitation est-elle faite à l’as
semblée de désigner un président, qu’une
immense clameur, partie de tous les points
de la salle, jette le nom du citoyen Emile
Eudes.
Eudes s’avance à la tribune et continue
la formation du bureau.
Sont élus s Vaillant, premier assesseur j
Buisson, jnembre^dii comité de la grève,;
deuxième assesseur ; Maquaire, secré- 1
taire. .•
Sans autre préambule, ■ le citoyen Eudes
agite la sonnette et prend la parole en ces
termes:
Discours du citoyen Eudes
Disons d’abord qu’on ne remarque rien
de particulièrement anormal dans l’attitude
le geste et la voix de l’orateur. Pourtant ses
amis avaient pu remarquer, dans sa voix,
quelques saccades, dans son geste un peu '
plus de nervosité, et dans son allure géné
rale, l'énergie fougueuse d’un homme en
proie à une sourde indignation.
Maintenant. retraçons, aussi fidèlement
que possible, les dernières paroles prouon--
cée's par ce loyal serviteur du peuple.
Citoyens,
A défaut de tout autre argument, sa
vez-vous pourquoi la cause des grévistes
est juste et doit être sacrée à nos yeux?...
Regardez ceux qui les défendent, re
gardez ceux qui les attaquent. A mesure
que grandit en leur faveur la sympathie
des pauvres, vous voyez grandir dans une
équivalente proportion, la haine des ri-.
chés pour ces parias do la terre et du tra- . -
vail. . - - ’ ■ :•
Vous les voyez, ces riches .et ces réac- .
tionnaires, inviter- le gouvernement à
prendre contre les terrassiers des mesures
d’une fermeté qui rappelle les plus beaux ,
jours de l’Empire.
Et ce gouvernement ne s’en prive pas. ,
Vous l’avez vu à l’œuvre ; il a tenu à sur
passer toutes les réactions précédentes.
Honte aux riches !... honte aux conseil
lers municipaux qui ont trahi la cause
du peuple pour passer à la bourgeoi.....
Mort du citoyen Eudes
Le mot « bourgeoisie » n’a pas étèachevé.
Comme s’il eût reçu par derrière un vio
lent coup de massue, Eudes est tombé en
avant, le corps ployé, la face sur la table,
les, mains crispant par des mouvements
nerveux, le rideau qui garnit la barre delà
tribune. ' ■
Il serait difficile de peindre la stupeur de
toute l’assemblée que, sans exagération, on
peut évaluer à deux mille cinq cents per
sonnes.
Notre ami Vaillant, qui est sur l’estrade,
se précipite pour saisir-Eudes qui ne se re
lève pas. Un assistant, le citoyen Berthieiy
escalade la tribune et vient aiderVaillant
à donner les premiers soins au malade. 1
Les premiers soins
On croit d’abord à une congestion sans
importance. v
La foule appelle le citoyen Susini, qui
vient d’arriver dans la salle. Celui-ci ac
court et, aidé de Vaillant et de plusieurs
autres citoyens, il fait étendre le citoyen
Eudes sur le parquet de la tribune, derrière
la table ; on lui arrache ses vêtements ; en
toute hâte, on découvre sa poitrine et l’on
essaie par-insufflation d’air, de rétablir la
respiration.
L’émotion
La tribune est. envahie en un clin d’œil.
Tout le monde se précipite, tout le monde
veut voir Eudes et lui- porter secours. Mais
cet. empressement même est un danger,
l’assemblée le • comprend-, et- réitère -plu»
sieurs fois ce cri : ; ; ; ■
« De l’air!... de l’air! » . -
On' emporte ri'otre pauvre ami dans le
petit jardin qui sè trouve derrière l’établis
sement, on l’installe sous une tente dans
laquelle on a apporté des bancs rembour
rés qui servent de lit au malade.
, Efforts inutiles
Quelques amis - seulement sont autori
sés à rester auprès de Eudes. Les por
tes, conduisant de la salle au jardin, sont
fermées, et le public respecte .la consigne.
11 épie, à travers les Vitrages, les émotions
que l’espoir ou le désespoir font naître chez
chacun de nous.
Ceux qui vont et viennent, sont avide
ment interrogés et ne peuvent, hélas, répon
dre avec aucune certitude aux questions
dont on les presse.
Le corps est mis à nu.souS la tente; les
citoyens Vaillant et Susini, se multiplient,
un citoyen ne cesse de frictionner la poi
trine, tandis qu’un autre essaie de ravi
ver la respiration éteinte.
A plusieurs reprises nous appliquons de
vant la bouche et les narines un miroir qui
ne se ternit plus !
Pourtant, Vaillant croit sentir les pulsa
tions du pouls. Ces alternatives sont cruel
les. ■ ...
Reprise de la Séance
Pendant un quart d’heure, le public igno
re l’état du malade»
Des conversations particulières s’enga
gent avec animation. .
—• S’il meurt, déclarent plusieurs citoyens,
une bonne part de responsabilités revient
aux misérables qui n’ont pas craint de ver
ser la calomnie sur sa tête,
y Pendant le brouhaha de toutes ces ré-\
flexions qui. se croisent, un citoyen monte
à la tribune et dit-.
— Citoyens, ne craignez rien, Eudes n’est
pas mort.
On applaudit avec une sorte de frénésie.
■ Sur cette assurance, plusieurs citoyens
proposent de constituer un nouveau bu
reau»'' ■ ■ . ■ ' S
. .-r-
Le citoyen Landrin est élu président ;
Buisson et Winant, assesseurs, et Maquaire,
secrétaire. . • ' -
Le président me croyant dans la salle,
tandis que j’étais auprès de Eudes, me
donne la parole et; la passe, aussitôt qu’il
est averti, au citoyen Winant;
Ce dernier, revenant à la question de la
grève fait savoir que le matin, uriéréunion
de grévistes a été tenu à la Bourse du Tra
vail. Malgré la. lettre du président de la
chambre syndicale des entrepreneurs, les
terrassiers ont voté la résistance jusqu’au
bout.
On crie : « Vive la grève ! <*
Emotion croissante
Cependant; et malgré les bonnes, paroles
de l’orateur, l’assemblée, ne prête qu’une
attention relative. On sent que la.préoccu
pation de tous ces . hommes se porte uni
quement vers le petit jardin, où l’on conti- .
nne à esssayer de rappeler le malheureux
Eudes à la vie.
Une préoccupation autrement poignante
nous saisit, nous, Breuillé, Vaillant, Susini
et les amis groupés sous la tenté ;. qui va
se charger d’apporter à la veuve et aux or
phelins la fatale nouvelle ?: . ■■■-■• :
Il n’est pas possible dé cacher plus long
temps à l’assemblée houleuse la poignante
vérité. .
Eudes est mort ! ,
Le citoyen Maquaire va prendre des.nou
velles dans le jardin et revient annoncer à
l’assemblée la terrible vérité. Le. mouve
ment produit par l’annonce de cette catastro
phe est indescriptible. Les sympathies et les
désespoirs éclatent dans cette suprême mi
nute, et, reprenant leur foi révolutionnaire,
les combattants de l’idée se trouvent tous
unis dans cette immense clameur ; ^.
« Vive la Commune ! « . :
, Devant la porte
La nouvelle s’est rapidement propagée.
Une masse compacte de citoyens eneombre
les trottoirs et la chaussée de* la rue de Bel
leville:
; « Eudes est mort !... Vive la Commune. ! »
Tels sont les cris poussés spontanément par
la foule. Les agents ont envoyé chercher
du renfort. ■
Bientôt arrive la voiture ambulancière de
l’hôpital Saint-Louis, surmontée do la croix
de Genève. On en tire un- brancard et l!on
va, dàns le jardin, y installer le cadavre'de
notre ami regretté;- —
. Le spectacle de la rue est grandiose. A-
mesure-que le brancard,, franchit la porte de
sortie, toutes les têtes. se découvrent, lés
mouchoirs et, les_chapeaux s’agitent, tandis
que le cri de « Vive la Commune ! » est in-
cessament répété.
Fureurs policières s '
: La police débordée, interdite par cette
manifestation, imposante, irrésistible, ne
disait rien.
.Je me trompe. ,;■■■ - *
Un agent, le numéro 29 du dix-neu-;
vième arrondissement, a eu .l’indécence, de
dire à l’un de ces camarades ;
— liiez donc!... C’en est un de moins !
La voiture ys’est mise en marche et tout le
peuple suivait en acclamant Eudes, la Com
mune et la Révolution. '
; Rien de sacré comme cette-manifestation
spontanée.
Cependant, les" agents, auxquels on avait
envoyé les renforts demandés, attendent un
.embarras d’omnibus, se précipitent à la tête
du cortège et le sépare du char, qui con
tinue sa route par le faubourg du Temple.
Vingt fois, nous nous sommes reformés
derrière la voiture funèbre, vingt fois nous
avons été dispersés avec une bi;utalité, qui
empruntait aux circonstances du moment,
-un caractère-particulier-d’abjection et de
sauvagerie. - •
On est arrivé ainsi devant le n° 19 de la
rue Réaumur, où habite la famille Eudes.
Les citoyens assemblés se. découvrent et
rendent un dernier hommage à Tardent
révolutionnaire; ■ •
Ernest Roche.
, , . : !- » ;
Les anciens membres de la Commune
sont priés de se réunir aujourd’hui, à
huit heures et demie du soir, aux
bureaux de l’Homme libre.
RUE RÉAUMUR
19 4 rue Réaumur, au cinquième. Nous
sonnons. C’est le citoyen Marguerittes qui
vient' nous ouvrir. Il. nous introduit dans
une chambre située au fond de l’apparte
ment et donnant sur la rue. C’est la cham
bre du défunt. L’ameublement est simple.
Contre le mur, un lit à une personne. Sur
ce lit est étendu le corps du général.
. Eudes semble reposer. Son visage a con
servé l’expression d’énergie et en/ même,
temps de bonhomie; qui le caractérisait.
Autour de la tête est noué tm foulard
blanc.
Le général est là, tel qu’il a été apporté.
Sa chemise, solidement empesée, est encore
boutonnée jusqu’au cou. Un bouton des
manchettes s’est perdu en route;
Près du cadavre de leur père, les trois
filles d’Eudes pleurent en silence. De-temps
à! autre, l’une d’elles se penche vers le front
du mort et. l’arrose dé ses larmes.
Dans une pièce-voisine sanglote leur
belle-mère. f
Ce spectacle est déchirant et nous nous
retirons violemment ému sans trouver une
parole, sans oser même par un mot de con
solation, troubler la terrible douleur de
cçtte malheureuse famille.
COMITÉ RÉVOLUTION!RE CENTRAL
i Réunion à huit heures, de tous les comités
socialistes révolutionnaires adhérant au
Comité révolutionnaire central, dans leurs
locaux respectifs: - • . . , ;
■ Urgence absolue. . . v •
Réunion à neuf heures, salle Burg, rue du
Temple, 108,. du Comité révolutionnaire
central.
; Urgence absolue..
LE Gi\llüL BODLA
A SAINTES
Le général Boulanger,' - accompagné
d’une de ses filles, du comte Dillon et- du
citoyen Laisant, est parti hier soir pour
Saintes, par le train de sept heures cin
quante-cinq. ; ..
; A la gare Montparnasse, où il est arrivé
quelques .minutes .'avant le départ du
train, plusieurs centaines de , citoyens
l’attendaient. Au moment où sa voiture a
débouché de la rue de Rennes, des cris
nourris de : «Vive Boulanger! »-se sont
fait entendre.
: Les quatre voyageurs feont montés dans
un wagon-lit, qui les a amenés 'à Saintes
ce matin à quatre heures et demie. : .
Le général passera la journée dans la
sous-préfecture de la Charente-Inférieure,
où se tient aujourd’hui la foire annuelle.
• Il sera de retour à Paris, mardi, et se
rendra ensuite dans le département de la
Somme. ; :
• IléBiœlbn cieetoraHé ‘
Nous recevons d’autre jiart de notre
correspondant de Saintes les dépêches
suivantes: ■- •; ■■■ •> -■
; . ' . Saintes,-5 août. ;
! Hier soir, à' huit heures, une réunion- électo
rale a été organisée avenue Gambetta par le
délégué de la Ligue dos Patriotes, Plus de
cinq cents citoyens y assistaient. Le délégué
de la Ligue'des Patriotes a donné lecture à
l’assistance d’une lettre de remerciements que
le général Boulanger lui a adressée.
Cetto.lettre a été accueillie par de-vigoureux
applaudissements. Le nom du général Boulan
ger a été salué par des acclamations unani
mes. Beaucoup de citoyens présents à la réu
nion ont adhéré à la Ligue des Patriotes.-,
La: séance a été levée à dix heures, aux cris
de : « Vive la Républiqjxe ! Vivo Boulanger! A
bas Ferry! » et la foule s’esj retirée en chan
tant, à travers les rues de la ville, la chanson
(les Pioupious d’Auvergne. - -
. : ' lie Congrès d’ïiSer ■
: : -, Saintes, 5 août, 10 h. soir.
Aujourd’hui, le Congrès républicain, com
prenant les sénateurs, les députés, les con
seillers généraux et d’arrondissement oppor
tunistes, des directeurs des journaux ferrystes
et quelques délégués de comités cantonaux,
après avoir 'désigné le docteur Combes, sé
nateur, comme président, a choisi pour candi
dat, malgré les protestations d’uné partie de
l’auditoire, M. Joseph Lair, maire de Saint-
Jean-d’Angély.
Les citoyens suspects de boulangisme
avaient été impitoyablement écartés de
cette réunion.
LE RAPPORT DE BISgMRCK
. ET LA PRESSE ALLEMANDE
. Il fallait s’-y attendre. M. de Bismarck fait
affirmer par ses reptiles que le rapport sur
le mariage de la princesse Victoria, publié
par.la Nouvelle Revue, est l’œuvre d’un
faussaire. .
La. Gazette de VAllemagne du Nord, journal of
ficieux, sè dit autorisée à déclarer que le pré
tendu rapport du chancelier de l’empire à
l’empereur Frédéric III, publiés par la Nouvelle
Revue, est un document apocryphe de pure
invention et ne reposant sur aucune base offi
cielle. ;
C’est sans doute par habitude que le chan
celier allemand conteste l'authenticité d’un
document qui ne peut, en aucune façon,
lui nuire aux yeux de la Russie. A moins
cependant que M. de Bismarck, redoutant
la publication de pièces plus graves, n’ait
pris la précaution de les récuser à l’avance
en soutenant impudemment que la pre
mière de ces pièces était falsifiée. •
'-parlement, et ils font appel é toutes leurs
forces pour lutter contre la candidature
républicaine de l’ex-commandant du 13®
corps, très populaire dans la Charente-In
férieure. .
Voici un extrait typique de ce mani-»
feste électoral :
; : - ■ y - 'O -.'t:-'-' ■" . -
: La révision-que souhaitent les royalistes et
en vue de laquelle ils s’efforcent d’éclairer
l’opinion, n’a rien de commum avec, celle ré
clamée par M. Boulanger, dont le programme
radical-socialiste est la négation môme de
.tous les principes qui sorvont do -base à l’al
liance conservatrice. ■ J
: Opportunistes et radicaux oseront-ils
dire encore que le général Boulanger fait
le jeu des réactionnaires et qu’il est. sou
tenu par eux?
Nous savons que leur mauvaise foi est.
sans égale, mais nous nous demandons
avec curiosité comment- ils ■ s’y prendront
maintenant pour calomnier le général, en
le présentant comme l’allié des monar
chistes, alors que ceux-ci le combattent
.ouvertement.
- Il faut qu’ils trouvent autre chose,
- 1 '■ ■ ’--V
; i Les-habitants de Beaune s’étaient bercés du
doux espoir-'que -M.iCarnot.voudrait bien s’ar-
rôt-er dans leur ville, au cours du voyage qu’il
doit entreprendre dans le sud-est de la France
au mois d’octobre prochain.
Hélas! ils n’auront pas cette joie. Le prési
dent dé la République, qui a cependant été ■
•touché dé leur invitation, ne s’arrêtera pas à
Beaune. •- -
M. Carnot ' a été effrayé de. la longueur de
son-premier voyage, et, cette fois, il ne s’arrê
tera r pas en route ; telle est la réponse que le ■
'fidèle Brugére vient de faire, au nom du pré
sident, à Monsieur le maire dé la ville .bour
guignonne, '
II- paraît qùeT’ocçupalion de Zoulah par
les Italiens est un fait sans importance,
telle est,assurent les journaux ministériels,
l’opinion du cabinet. -
D’après les mêmes organes, ce^te question
est connexe à celle de Massaouah et doit
être réglée dans les mêmes conditions,
c’êst-à-dire conformément aux stipulation.»
de Pacte de Berlin. . -
Si nous lisons bien, cela veut simplement
dire que le cabinet actuel considère que la
France doit renoncer à ses droits acquis sur
la baie d’Adulis et que les Italiens ont bien
fait dé .s'emparer de Zoulah, pourvu- qu’ils
en informent officiellement les puissances
étrangères.
M. Crispi sait maintenant qu’il n’a plus a
se gêner avec nous. Soyons certains que le
va ssal ' de M. de Bismarck ne l’oubliera
pas.
P- •
île rois
Sous l’Empire
La mort tragique d’Emile Eudes enlève
au parti révolutionnaire une de ses figiires
les plus sympathiques. Un de ses mem
bres les plus convaincus et les plus droits.
Quoique jeune encore — il est né en
IBM, dans une petite commune de la
Basse-Normandie,—il y a longtemps que
notre ami était entré activement dans la
carrière politique et dans la lutte ardente,
à la suite de Blanqui, dont il partageait
et ne devait cesser de défendre les doctri
nes. :
Sous l’Empire, alors qu’il étudiait en
core, il ..s’était fait un nom, rive gauche,
et ses hardiesses l’avaient plus d’une fois
désigné aux inquisitions de la police et
aux persécutions de la magistrature. Ré
dacteur du Candide, le premier petit
journal littéraire qui ait osé s’émanciper
jusqu’à traiter de questions sociales; et
où il écrivait à côté de Blanqui, de Tridon
et de Granger, il ne tarda pas à attirer les
rigueurs des tribunaux, et la petite
feuille disparut supprimée.
Il passa à la Libre Pensée, qui eut le
même destin, à la Pensée Nouvelle, qui
lui valut plusieurs mois de prison. Mais
jamais las, toujours vaillant, plus il était
frappé, plus il se redressait.
Dans toutes les manifestations républi
caines d’alors, il était au premier rang;
il participait à l’élection mouvementée
d’Henri Rochefort, on le revoyait à l’af
faire de la Marseillaise, et je l’avais pont
voisin, dans le groupe des étudiants, à
l’enterrement do Victor Noir.
Condamnation à mort
TROUVEZ AUTRE CHOSE!
Les journaux réactionnaires publient
la « déclaration du comité monarchique
de la Charente-Inférieure m.
Cette déclaration est faite en "termes
très nets. Le Comité adjure les électeurs
charentais de ne point voter pour le gé
néral Boulanger, auquel, du reste, le do
cument est tout entier consacré.. Les mo
narchistes savent quel est le danger, ils
craignent de se voir enlever encore ce dé-
Mais c’est le IA août 1870 qu’il se révéla,
parmi les audacieux qu’un régime néfaste
et qu’une guerre folle et malheureuse in
dignaient, lorsque, accompagné de quel
ques amis héroïques, il se jeta sur la ca
serne des pompiers de la Villette, dans
l’espoir de commencer un mouvement qui
s’étendrait. Il fut arrêté eu même temps
temps que Brideau, et traduit devant,
un conseil de guerre, où le défendit notre
regretté Gatineau, qui sut prolonger sa
défense assez tard, après minuit, pouf
I éloigner d’un jour l’exécution du v ow Uiit
Mardi 7 Août 1688
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. PBIX ÏÏE K/ABOIVIVBEUBIIIT
FRANCE, CORSE ET ALGÉRIE
Tsois mois : 8 fr. — six mois : 15 fr. — un au : 28 fr.
MIS 11 l’HSlGIT P0SIHÏ : 3 neii, 12 fr. ; S sois, 22 Er.; » u, 42b.<<
-FAVala rédaction, s’adresser a M. AYF. AU D-DE GEORGE, Secrétaire|
La rédaction ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressé* '
Rédacteur en chef : HENRI EOGHEFORT
• ' REDACTION et ABSIINilSTSSATSON!
: 142, Rue Montmartre, 142
LES AMOK CES SONT REÇUES AUX BUREAUX DU JOURNAL
Àdrssb» Lsttbh kt Mandats a Eï. ERNEST VAUGHAN
' . ADMINISTRATEUR -
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irx «iti i r t t ~i~i
LA MORT
" D’UN .
60LD1T DU PEUPLE
X.a République vient de perdre un
Ae.ces hommes rares, qu’on ne rem
place guère," et dont l’exemple con
sole des lâchetés, des. cupidités et des
turpitudes dans lesquelles la France
Se débât si cruellement.
Emile Eudes, celui a qui était resté,
depuis la Commune, le nom de « gé
néral Eudes ■», est mort hier, tout à
coup, de la rupture d’un anévrisme,
à la salle Favië, en pleine réunion
publique; au moment où il prenait la
parole. Aucun des militants de la fin
de l’Empire et de l’époque actuelle
n’a connu de républicain plus brave
et plus désintéressé. Condamné à
mort sous Bonaparte, condamné à
mort sous l’Assemblée de malheur, il
ne connaissait de la République, ex
ploitée pai* tant d’autres, que l’exil
et la prison. Sa vie fut une lutte con
tinuelle, dans laquelle il perdit tout :
situation, avenir et santé.
Toujours prêt pour le . combat et
pour la mort à laquelle il n’avait
échappé que par miracle en 1870,
puisqu’il ' devait ê tre fusillé le matin
du h Septembre, à l’heure même où
on apprenait le désastre de Sedan et
où l’Empire tombait, il avait encore
rendu à la France, le 3 décembre dér
ider, un éclatant service en faisant
appel aux adhérents du Comité révo
lutionnaire central, pour s’opposer
par tous les moyens à l’élection pos
sible de Ferry à la présidence de la
République.
Quand de faux ouvriers préparaient
leurs futures- alliances, en invitant
le;Conseil municipal à s’abstenir de
toute démonstration, au cas où le
Tonkinois serait choisi par le Con
grès, Eudes allait rejoindre.ses amis
à l’Hôtel de Ville, d’où il adressait
aux hommes du parti blanquiste-les
ordres de résistances
Grâce à lui, l’indignation publique
contre la candidature du dernier des
lâches prit de si menaçantes propor
tions et souleva ' de telles clameurs,
que l’écho en parvint jusqu’à Ver
sailles, où on* n’entendait dans les
groupes parlementaires que ce cri de
terreur :
« Paris est soulevé ! On dit que le
général Eudes est à la tête. de l’é
meute! »
Et Ferry, dont le triomphe était
annoncé ouvertement la veille par ses
complices, resta piteusement sur le
Carreau.
Aux élections de 1885, Y Intransi
geant l’avait porté .sur sa liste en
compagnie de Vaillant, ët le comité
Clémenceau ayant refusé de les ins
crire l’un et l’autre sur la sienne,
Dons nous étions nettement séparé
du groupe radical où le juif polonais
Sigismond Lacroix travaillait déjà à
l’élimination de tous les républicains
énergiques et sérieux.
! Le principal caractère de la nature
dç notre ami - Eudes : c’était la géné
rosité et l’intrépidité. Il était avant
tout l’homme du danger et des situa
tions critiques. Le parti républicain
socialiste ne connaît pas encore toute
la grandeur de la perte qu’il a faite
hier ; nul ne peut, en effet, savoir quels
sombres événements se préparent et
do quelles énergies la France aura
besoin.
Ce vigoureux socialiste n’était pas
seulement le défenseur du peuple,
c’était aussi üii patriote sans mé
lange. Nous nous rappelons ses an
goisses au moment de l’affaire Schnae-
belé, quand les provocations de l’Al
lemagne semblaient rendre une guerre
à peu près inévitable.: Il se serait fait
tuer pour son pays, comme il se se
rait fait tuer pour ses convictions; car,
il aimait passionnément la. France
qui l’avait pourtant si maltraité.
•Il est: tombé au champ d’honneur,
en défendant une dernière fois les
droits des grévistes, - c’est-à-dire des
pauvres et des déshérités. Ceux-ci ne
l’oublieront pas plus que nous ne
l’oublierons nous-même.
HENRI ROCHEFORT
■ - ■ ■ T VJ TTi V " . ■
NOUVELLES DE MINUIT
- Election,à. Itïeiz. — Metz, 5 août : ‘
Election au conseil général, troisième canton
de Metz : . .. .
Inscrits : 3.202. — Votants : 2.062
MM. Lanique; candidat indigène 1;079 y. Elu.
Becker, candidat immigré.. SM7 —
Il s’agissait dé remplacer M. Antoine, con
seiller sortant, qui ne se représentait pas. ,
—. 'Arrhée An roi: de Portugal. — Mar
seille, 5 août :
Le roi dom Luis de-Portugal est arrivé cette
après-midi par-l’fexpress de trois heures vingt-
trois. IL a été salué à son arrivée par le comte
de Valbom, ambassadeur de Portugal à Paris,-
le préfet, le général Jap y, commandant du
15' corps, qui s’étaient rendus à la gare bien
avant l’arrivée du train.
«— Dépai'i de l'empereur du Brésil. —
Bordeaux, 5 août : . -
- L’empereur du Brésil et sa famille se sont
embarqués à deux heures et demie, à bord du
Congo, pour se reudre'fcu Brésil.
— Abyssins et Italiens. — Moscou , 5
août :
' Suivant des nouvelles reçues directement
d’Abyssinie, le fils du Négus serait encore vi
vant; les. Abyssins seraient résolus à conti
nuer contre les Italiens une guerre à outrance ;
enfin les forces du royaume s’élèveraient à
3/,0,OÛO hommes, dont £00,000 auraient une mis
sion spéciale tenue secréte.
1 LA Sffll Ml
La réunion de la salle. Favié. — Le bu
reau.— Allocution du citoyen Eudes.—
• Sa mort.— Désespoir de rassemblée.
— Les soins. — Devant la porte. —
Animation populaire. — Vive la
Commune ! — Les argousins.
. — Trajet triomphal. — In-
décentes brutalités
policières.
Rue de Belleville
Comme nous l’avions annoncé, et avec
nous les quelques journaux favorables à la
grève, une importante réuni.on, organisée
par le Comité révolutionnaire central, de
vait avoir lieu à la salle Favié.
Le quartier est en ce moment tout en fête
et il règne dans le bas de la tue de Belle-
ville une animation , extraordinaire, mi-
partie causée par ceux qui s’amusent et
mi-partie par ceux qui sont venus mani
fester pour les travailleurs affamés.
Les sergents de ville se dissimulent aux
coins des,rues ou derrière les groupes de
citoyens, comme des malfaiteurs attendant
l’heure de faire un mauvais coup.
L’immenso salle se garnit peu à peu ; on
voit successivement défiler les citoyens
connus pour leur affiliation aux divers
groupes révolutionnaires ,■ puis quelques
promeneurs entrant avec leurs femmes et
leurs enfants, à an s l’intention d’ajouter par
leur nombre à l’éclat de la manifestation.
Enfin des terrassiers, à figures débonnaires,
aux mains rudes, aux habits bariolés de
toutes couleurs. .
Ceux-ci on les dispense de tous frais d’en
trée ; néanmoins, quelques-uns mettent
bravement la main au gousset en disant :
— Nous n’avons ni femme, ni enfants ;
tenez, il y a de plus pauvres que nous chez
les camarades.
Et ils jettent un gros sou dans la sé-
bille.
La séance
A trois heures, le monde arrive toujours ;
cependant quelques voix réclament la for
mation du bureau et l’ouverture de la
séance.
A peine l’invitation est-elle faite à l’as
semblée de désigner un président, qu’une
immense clameur, partie de tous les points
de la salle, jette le nom du citoyen Emile
Eudes.
Eudes s’avance à la tribune et continue
la formation du bureau.
Sont élus s Vaillant, premier assesseur j
Buisson, jnembre^dii comité de la grève,;
deuxième assesseur ; Maquaire, secré- 1
taire. .•
Sans autre préambule, ■ le citoyen Eudes
agite la sonnette et prend la parole en ces
termes:
Discours du citoyen Eudes
Disons d’abord qu’on ne remarque rien
de particulièrement anormal dans l’attitude
le geste et la voix de l’orateur. Pourtant ses
amis avaient pu remarquer, dans sa voix,
quelques saccades, dans son geste un peu '
plus de nervosité, et dans son allure géné
rale, l'énergie fougueuse d’un homme en
proie à une sourde indignation.
Maintenant. retraçons, aussi fidèlement
que possible, les dernières paroles prouon--
cée's par ce loyal serviteur du peuple.
Citoyens,
A défaut de tout autre argument, sa
vez-vous pourquoi la cause des grévistes
est juste et doit être sacrée à nos yeux?...
Regardez ceux qui les défendent, re
gardez ceux qui les attaquent. A mesure
que grandit en leur faveur la sympathie
des pauvres, vous voyez grandir dans une
équivalente proportion, la haine des ri-.
chés pour ces parias do la terre et du tra- . -
vail. . - - ’ ■ :•
Vous les voyez, ces riches .et ces réac- .
tionnaires, inviter- le gouvernement à
prendre contre les terrassiers des mesures
d’une fermeté qui rappelle les plus beaux ,
jours de l’Empire.
Et ce gouvernement ne s’en prive pas. ,
Vous l’avez vu à l’œuvre ; il a tenu à sur
passer toutes les réactions précédentes.
Honte aux riches !... honte aux conseil
lers municipaux qui ont trahi la cause
du peuple pour passer à la bourgeoi.....
Mort du citoyen Eudes
Le mot « bourgeoisie » n’a pas étèachevé.
Comme s’il eût reçu par derrière un vio
lent coup de massue, Eudes est tombé en
avant, le corps ployé, la face sur la table,
les, mains crispant par des mouvements
nerveux, le rideau qui garnit la barre delà
tribune. ' ■
Il serait difficile de peindre la stupeur de
toute l’assemblée que, sans exagération, on
peut évaluer à deux mille cinq cents per
sonnes.
Notre ami Vaillant, qui est sur l’estrade,
se précipite pour saisir-Eudes qui ne se re
lève pas. Un assistant, le citoyen Berthieiy
escalade la tribune et vient aiderVaillant
à donner les premiers soins au malade. 1
Les premiers soins
On croit d’abord à une congestion sans
importance. v
La foule appelle le citoyen Susini, qui
vient d’arriver dans la salle. Celui-ci ac
court et, aidé de Vaillant et de plusieurs
autres citoyens, il fait étendre le citoyen
Eudes sur le parquet de la tribune, derrière
la table ; on lui arrache ses vêtements ; en
toute hâte, on découvre sa poitrine et l’on
essaie par-insufflation d’air, de rétablir la
respiration.
L’émotion
La tribune est. envahie en un clin d’œil.
Tout le monde se précipite, tout le monde
veut voir Eudes et lui- porter secours. Mais
cet. empressement même est un danger,
l’assemblée le • comprend-, et- réitère -plu»
sieurs fois ce cri : ; ; ; ■
« De l’air!... de l’air! » . -
On' emporte ri'otre pauvre ami dans le
petit jardin qui sè trouve derrière l’établis
sement, on l’installe sous une tente dans
laquelle on a apporté des bancs rembour
rés qui servent de lit au malade.
, Efforts inutiles
Quelques amis - seulement sont autori
sés à rester auprès de Eudes. Les por
tes, conduisant de la salle au jardin, sont
fermées, et le public respecte .la consigne.
11 épie, à travers les Vitrages, les émotions
que l’espoir ou le désespoir font naître chez
chacun de nous.
Ceux qui vont et viennent, sont avide
ment interrogés et ne peuvent, hélas, répon
dre avec aucune certitude aux questions
dont on les presse.
Le corps est mis à nu.souS la tente; les
citoyens Vaillant et Susini, se multiplient,
un citoyen ne cesse de frictionner la poi
trine, tandis qu’un autre essaie de ravi
ver la respiration éteinte.
A plusieurs reprises nous appliquons de
vant la bouche et les narines un miroir qui
ne se ternit plus !
Pourtant, Vaillant croit sentir les pulsa
tions du pouls. Ces alternatives sont cruel
les. ■ ...
Reprise de la Séance
Pendant un quart d’heure, le public igno
re l’état du malade»
Des conversations particulières s’enga
gent avec animation. .
—• S’il meurt, déclarent plusieurs citoyens,
une bonne part de responsabilités revient
aux misérables qui n’ont pas craint de ver
ser la calomnie sur sa tête,
y Pendant le brouhaha de toutes ces ré-\
flexions qui. se croisent, un citoyen monte
à la tribune et dit-.
— Citoyens, ne craignez rien, Eudes n’est
pas mort.
On applaudit avec une sorte de frénésie.
■ Sur cette assurance, plusieurs citoyens
proposent de constituer un nouveau bu
reau»'' ■ ■ . ■ ' S
. .-r-
Le citoyen Landrin est élu président ;
Buisson et Winant, assesseurs, et Maquaire,
secrétaire. . • ' -
Le président me croyant dans la salle,
tandis que j’étais auprès de Eudes, me
donne la parole et; la passe, aussitôt qu’il
est averti, au citoyen Winant;
Ce dernier, revenant à la question de la
grève fait savoir que le matin, uriéréunion
de grévistes a été tenu à la Bourse du Tra
vail. Malgré la. lettre du président de la
chambre syndicale des entrepreneurs, les
terrassiers ont voté la résistance jusqu’au
bout.
On crie : « Vive la grève ! <*
Emotion croissante
Cependant; et malgré les bonnes, paroles
de l’orateur, l’assemblée, ne prête qu’une
attention relative. On sent que la.préoccu
pation de tous ces . hommes se porte uni
quement vers le petit jardin, où l’on conti- .
nne à esssayer de rappeler le malheureux
Eudes à la vie.
Une préoccupation autrement poignante
nous saisit, nous, Breuillé, Vaillant, Susini
et les amis groupés sous la tenté ;. qui va
se charger d’apporter à la veuve et aux or
phelins la fatale nouvelle ?: . ■■■-■• :
Il n’est pas possible dé cacher plus long
temps à l’assemblée houleuse la poignante
vérité. .
Eudes est mort ! ,
Le citoyen Maquaire va prendre des.nou
velles dans le jardin et revient annoncer à
l’assemblée la terrible vérité. Le. mouve
ment produit par l’annonce de cette catastro
phe est indescriptible. Les sympathies et les
désespoirs éclatent dans cette suprême mi
nute, et, reprenant leur foi révolutionnaire,
les combattants de l’idée se trouvent tous
unis dans cette immense clameur ; ^.
« Vive la Commune ! « . :
, Devant la porte
La nouvelle s’est rapidement propagée.
Une masse compacte de citoyens eneombre
les trottoirs et la chaussée de* la rue de Bel
leville:
; « Eudes est mort !... Vive la Commune. ! »
Tels sont les cris poussés spontanément par
la foule. Les agents ont envoyé chercher
du renfort. ■
Bientôt arrive la voiture ambulancière de
l’hôpital Saint-Louis, surmontée do la croix
de Genève. On en tire un- brancard et l!on
va, dàns le jardin, y installer le cadavre'de
notre ami regretté;- —
. Le spectacle de la rue est grandiose. A-
mesure-que le brancard,, franchit la porte de
sortie, toutes les têtes. se découvrent, lés
mouchoirs et, les_chapeaux s’agitent, tandis
que le cri de « Vive la Commune ! » est in-
cessament répété.
Fureurs policières s '
: La police débordée, interdite par cette
manifestation, imposante, irrésistible, ne
disait rien.
.Je me trompe. ,;■■■ - *
Un agent, le numéro 29 du dix-neu-;
vième arrondissement, a eu .l’indécence, de
dire à l’un de ces camarades ;
— liiez donc!... C’en est un de moins !
La voiture ys’est mise en marche et tout le
peuple suivait en acclamant Eudes, la Com
mune et la Révolution. '
; Rien de sacré comme cette-manifestation
spontanée.
Cependant, les" agents, auxquels on avait
envoyé les renforts demandés, attendent un
.embarras d’omnibus, se précipitent à la tête
du cortège et le sépare du char, qui con
tinue sa route par le faubourg du Temple.
Vingt fois, nous nous sommes reformés
derrière la voiture funèbre, vingt fois nous
avons été dispersés avec une bi;utalité, qui
empruntait aux circonstances du moment,
-un caractère-particulier-d’abjection et de
sauvagerie. - •
On est arrivé ainsi devant le n° 19 de la
rue Réaumur, où habite la famille Eudes.
Les citoyens assemblés se. découvrent et
rendent un dernier hommage à Tardent
révolutionnaire; ■ •
Ernest Roche.
, , . : !- » ;
Les anciens membres de la Commune
sont priés de se réunir aujourd’hui, à
huit heures et demie du soir, aux
bureaux de l’Homme libre.
RUE RÉAUMUR
19 4 rue Réaumur, au cinquième. Nous
sonnons. C’est le citoyen Marguerittes qui
vient' nous ouvrir. Il. nous introduit dans
une chambre située au fond de l’apparte
ment et donnant sur la rue. C’est la cham
bre du défunt. L’ameublement est simple.
Contre le mur, un lit à une personne. Sur
ce lit est étendu le corps du général.
. Eudes semble reposer. Son visage a con
servé l’expression d’énergie et en/ même,
temps de bonhomie; qui le caractérisait.
Autour de la tête est noué tm foulard
blanc.
Le général est là, tel qu’il a été apporté.
Sa chemise, solidement empesée, est encore
boutonnée jusqu’au cou. Un bouton des
manchettes s’est perdu en route;
Près du cadavre de leur père, les trois
filles d’Eudes pleurent en silence. De-temps
à! autre, l’une d’elles se penche vers le front
du mort et. l’arrose dé ses larmes.
Dans une pièce-voisine sanglote leur
belle-mère. f
Ce spectacle est déchirant et nous nous
retirons violemment ému sans trouver une
parole, sans oser même par un mot de con
solation, troubler la terrible douleur de
cçtte malheureuse famille.
COMITÉ RÉVOLUTION!RE CENTRAL
i Réunion à huit heures, de tous les comités
socialistes révolutionnaires adhérant au
Comité révolutionnaire central, dans leurs
locaux respectifs: - • . . , ;
■ Urgence absolue. . . v •
Réunion à neuf heures, salle Burg, rue du
Temple, 108,. du Comité révolutionnaire
central.
; Urgence absolue..
LE Gi\llüL BODLA
A SAINTES
Le général Boulanger,' - accompagné
d’une de ses filles, du comte Dillon et- du
citoyen Laisant, est parti hier soir pour
Saintes, par le train de sept heures cin
quante-cinq. ; ..
; A la gare Montparnasse, où il est arrivé
quelques .minutes .'avant le départ du
train, plusieurs centaines de , citoyens
l’attendaient. Au moment où sa voiture a
débouché de la rue de Rennes, des cris
nourris de : «Vive Boulanger! »-se sont
fait entendre.
: Les quatre voyageurs feont montés dans
un wagon-lit, qui les a amenés 'à Saintes
ce matin à quatre heures et demie. : .
Le général passera la journée dans la
sous-préfecture de la Charente-Inférieure,
où se tient aujourd’hui la foire annuelle.
• Il sera de retour à Paris, mardi, et se
rendra ensuite dans le département de la
Somme. ; :
• IléBiœlbn cieetoraHé ‘
Nous recevons d’autre jiart de notre
correspondant de Saintes les dépêches
suivantes: ■- •; ■■■ •> -■
; . ' . Saintes,-5 août. ;
! Hier soir, à' huit heures, une réunion- électo
rale a été organisée avenue Gambetta par le
délégué de la Ligue dos Patriotes, Plus de
cinq cents citoyens y assistaient. Le délégué
de la Ligue'des Patriotes a donné lecture à
l’assistance d’une lettre de remerciements que
le général Boulanger lui a adressée.
Cetto.lettre a été accueillie par de-vigoureux
applaudissements. Le nom du général Boulan
ger a été salué par des acclamations unani
mes. Beaucoup de citoyens présents à la réu
nion ont adhéré à la Ligue des Patriotes.-,
La: séance a été levée à dix heures, aux cris
de : « Vive la Républiqjxe ! Vivo Boulanger! A
bas Ferry! » et la foule s’esj retirée en chan
tant, à travers les rues de la ville, la chanson
(les Pioupious d’Auvergne. - -
. : ' lie Congrès d’ïiSer ■
: : -, Saintes, 5 août, 10 h. soir.
Aujourd’hui, le Congrès républicain, com
prenant les sénateurs, les députés, les con
seillers généraux et d’arrondissement oppor
tunistes, des directeurs des journaux ferrystes
et quelques délégués de comités cantonaux,
après avoir 'désigné le docteur Combes, sé
nateur, comme président, a choisi pour candi
dat, malgré les protestations d’uné partie de
l’auditoire, M. Joseph Lair, maire de Saint-
Jean-d’Angély.
Les citoyens suspects de boulangisme
avaient été impitoyablement écartés de
cette réunion.
LE RAPPORT DE BISgMRCK
. ET LA PRESSE ALLEMANDE
. Il fallait s’-y attendre. M. de Bismarck fait
affirmer par ses reptiles que le rapport sur
le mariage de la princesse Victoria, publié
par.la Nouvelle Revue, est l’œuvre d’un
faussaire. .
La. Gazette de VAllemagne du Nord, journal of
ficieux, sè dit autorisée à déclarer que le pré
tendu rapport du chancelier de l’empire à
l’empereur Frédéric III, publiés par la Nouvelle
Revue, est un document apocryphe de pure
invention et ne reposant sur aucune base offi
cielle. ;
C’est sans doute par habitude que le chan
celier allemand conteste l'authenticité d’un
document qui ne peut, en aucune façon,
lui nuire aux yeux de la Russie. A moins
cependant que M. de Bismarck, redoutant
la publication de pièces plus graves, n’ait
pris la précaution de les récuser à l’avance
en soutenant impudemment que la pre
mière de ces pièces était falsifiée. •
'-parlement, et ils font appel é toutes leurs
forces pour lutter contre la candidature
républicaine de l’ex-commandant du 13®
corps, très populaire dans la Charente-In
férieure. .
Voici un extrait typique de ce mani-»
feste électoral :
; : - ■ y - 'O -.'t:-'-' ■" . -
: La révision-que souhaitent les royalistes et
en vue de laquelle ils s’efforcent d’éclairer
l’opinion, n’a rien de commum avec, celle ré
clamée par M. Boulanger, dont le programme
radical-socialiste est la négation môme de
.tous les principes qui sorvont do -base à l’al
liance conservatrice. ■ J
: Opportunistes et radicaux oseront-ils
dire encore que le général Boulanger fait
le jeu des réactionnaires et qu’il est. sou
tenu par eux?
Nous savons que leur mauvaise foi est.
sans égale, mais nous nous demandons
avec curiosité comment- ils ■ s’y prendront
maintenant pour calomnier le général, en
le présentant comme l’allié des monar
chistes, alors que ceux-ci le combattent
.ouvertement.
- Il faut qu’ils trouvent autre chose,
- 1 '■ ■ ’--V
; i Les-habitants de Beaune s’étaient bercés du
doux espoir-'que -M.iCarnot.voudrait bien s’ar-
rôt-er dans leur ville, au cours du voyage qu’il
doit entreprendre dans le sud-est de la France
au mois d’octobre prochain.
Hélas! ils n’auront pas cette joie. Le prési
dent dé la République, qui a cependant été ■
•touché dé leur invitation, ne s’arrêtera pas à
Beaune. •- -
M. Carnot ' a été effrayé de. la longueur de
son-premier voyage, et, cette fois, il ne s’arrê
tera r pas en route ; telle est la réponse que le ■
'fidèle Brugére vient de faire, au nom du pré
sident, à Monsieur le maire dé la ville .bour
guignonne, '
II- paraît qùeT’ocçupalion de Zoulah par
les Italiens est un fait sans importance,
telle est,assurent les journaux ministériels,
l’opinion du cabinet. -
D’après les mêmes organes, ce^te question
est connexe à celle de Massaouah et doit
être réglée dans les mêmes conditions,
c’êst-à-dire conformément aux stipulation.»
de Pacte de Berlin. . -
Si nous lisons bien, cela veut simplement
dire que le cabinet actuel considère que la
France doit renoncer à ses droits acquis sur
la baie d’Adulis et que les Italiens ont bien
fait dé .s'emparer de Zoulah, pourvu- qu’ils
en informent officiellement les puissances
étrangères.
M. Crispi sait maintenant qu’il n’a plus a
se gêner avec nous. Soyons certains que le
va ssal ' de M. de Bismarck ne l’oubliera
pas.
P- •
île rois
Sous l’Empire
La mort tragique d’Emile Eudes enlève
au parti révolutionnaire une de ses figiires
les plus sympathiques. Un de ses mem
bres les plus convaincus et les plus droits.
Quoique jeune encore — il est né en
IBM, dans une petite commune de la
Basse-Normandie,—il y a longtemps que
notre ami était entré activement dans la
carrière politique et dans la lutte ardente,
à la suite de Blanqui, dont il partageait
et ne devait cesser de défendre les doctri
nes. :
Sous l’Empire, alors qu’il étudiait en
core, il ..s’était fait un nom, rive gauche,
et ses hardiesses l’avaient plus d’une fois
désigné aux inquisitions de la police et
aux persécutions de la magistrature. Ré
dacteur du Candide, le premier petit
journal littéraire qui ait osé s’émanciper
jusqu’à traiter de questions sociales; et
où il écrivait à côté de Blanqui, de Tridon
et de Granger, il ne tarda pas à attirer les
rigueurs des tribunaux, et la petite
feuille disparut supprimée.
Il passa à la Libre Pensée, qui eut le
même destin, à la Pensée Nouvelle, qui
lui valut plusieurs mois de prison. Mais
jamais las, toujours vaillant, plus il était
frappé, plus il se redressait.
Dans toutes les manifestations républi
caines d’alors, il était au premier rang;
il participait à l’élection mouvementée
d’Henri Rochefort, on le revoyait à l’af
faire de la Marseillaise, et je l’avais pont
voisin, dans le groupe des étudiants, à
l’enterrement do Victor Noir.
Condamnation à mort
TROUVEZ AUTRE CHOSE!
Les journaux réactionnaires publient
la « déclaration du comité monarchique
de la Charente-Inférieure m.
Cette déclaration est faite en "termes
très nets. Le Comité adjure les électeurs
charentais de ne point voter pour le gé
néral Boulanger, auquel, du reste, le do
cument est tout entier consacré.. Les mo
narchistes savent quel est le danger, ils
craignent de se voir enlever encore ce dé-
Mais c’est le IA août 1870 qu’il se révéla,
parmi les audacieux qu’un régime néfaste
et qu’une guerre folle et malheureuse in
dignaient, lorsque, accompagné de quel
ques amis héroïques, il se jeta sur la ca
serne des pompiers de la Villette, dans
l’espoir de commencer un mouvement qui
s’étendrait. Il fut arrêté eu même temps
temps que Brideau, et traduit devant,
un conseil de guerre, où le défendit notre
regretté Gatineau, qui sut prolonger sa
défense assez tard, après minuit, pouf
I éloigner d’un jour l’exécution du v ow Uiit
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