Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1936-11-30
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 novembre 1936 30 novembre 1936
Description : 1936/11/30 (Numéro 335). 1936/11/30 (Numéro 335).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
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Parait diâqoe qaânzaïne le hindi
A nos amis
^iiiiniiiiiiiiiiiiiniiiiiiiniiiiiininniiiWiiiiiiHiiiHtniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiimiiiimniHiHiiiifliffliiiiiimimmniiii iiHHiiiHiHiiMiiimmHiniiiiiiiiiii i il i h iiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiin iiniiiiiii! uni niuf iiiuiiiiiB iiimnnfmniiiiiiutiiiiiiiiuiiiiiifiiiiii m iiiiiiiimiiiimiiiiiiiiniinuiiim i
SOLIDITE
OU FRAGILITE
DE L'EMPIRE
BRITANNIQUE
Peu de questions ont suscité autant de
controverses que celles de savoir si la
force de l'Empire britannique pèse au
jourd'hui sur les destinées du monde
d'un poids aussi lourd qu'il y a un demi-
siècle et si les modifications profondes,
imposées par les circonstances, interve
nues dans sa structure ont affaibli ou
consolidé cet énorme instrument. Pro
blème qui intéresse non seulement les
hommes dé sang et de culture britanni
ques, groupée en sociétés sous les latitu
des lès plus variées, mais encore tous les
peuples de race blanche et notre civili
sation elle-même. Les Allemands, on le
pense, ne sont pas les derniers à se de
mander si le colosse est solide ou planté
sur des pieds d'argile. Un écrivain natio
nal-socialiste, le D r Johannes Stoye, a
consacré un volume, qui a eu une large
circulation en Allemagne, à ce sujet brû
lant. Sa conclusion, à laquelle il arrive
peut-être à regret, est que, si l'Empire
« est aussi peu systématique et illogique
que l'Anglais lui-même », il reste cepen
dant « beaucoup plus.ferme et plus sta
ble que ne l'imaginent la plupart de ses
critiques ».
Laissons de côté les colonies propre
ment dites (ce terme étant l'abréviation
de la désignation officielle : colonie ne
possédant pas de gouvernement respon
sable), qu'il s'agisse des colonies de la
Couronne, où celle-ci exerce le contrôle
de fa législation, ou des colonies possé
dant une législature élective, et venons-
en immédiatement aux dominions, dont
les relations avec la métropole ont subi
de nos jours de si sérieuses altérations.
Ces organismes jouissaient, dès la pé
riode d avant-guerre, d'une autonomie
presque absolue en ce qui concernait
leurs affaires intérieures, d'une liberté
d'action à peu près complète en matière
de commerce avec l'étranger et, dans le
seul domaine des affaires extérieures,
étaient soumis à la direction du gouver
nement impérial, encore que celui-ci
s'appliquât à considérer leurs intérêts
dans la plus large mesure possible. On
rappellera que le dominion du Canada,
le plus ancien d'entre eux, a été consti
tué en 1867, celui d'Australie ( Common-
tvealth ) en 1901, celui de Nouvelle-Zé
lande en 1907, enfin celui de l'Union
Sud-Africaine en 1910.
Toutefois, leur statut international de
meurait mal défini. C'est la guerre, où
les dominions ont été entraînés à la suite
de la mère patrie, qui a précipité les cho
ses et leur a fait sentir qu'il était indis
pensable d'acquérir le droit d'avoir une
politique indépendante et de décider
eux-mêmes si, oui ou non, ils participe
raient aux conflits futurs. Sans doute, e.n
1914, n'y eut-il de leur part aucune hési
tation :• les flots de sang généreux versés
dans les plaines de Flandre, dans les
champs de l'Artois et de la Picardie,
dans l'aride péninsule de Gallipoli, sont
le plus éloquent témoignage de l'hé
roïsme des Canadiens, des Australiens,
des Néo-Zélandais et de l'ardeur avec la
quelle ils se sont élancés spontanément
au secours de l'Angleterre menacée. Mais,
au lendemain du sacrifice et de la vic
toire commune, il 'était naturel que les
dominions demandassent, comme une
sorte de compensation et aussi de garan
tie pour l'avenir (car qui peut savoir
dans quelles conditions et pour quels
motifs s'engagera la prochaine guerre?),
l'extension de la liberté de leurs mouve
ments aux problèmes internationaux.
Extension qui avait pour conséquence
fatale le relâchement des derniers liens
les unissant à la Grande-Bretagne. Le
gouvernement de Londres a envisagé la
situation en face et compris la nécessité
de consentir aux concessions nécessaires,
Amis
d'outre-mer
Ah&^nes-vous
66 Lettre
de ■raMEynsaBaa&»ra
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Far an s 2® numéros
ÎO francs
Voir au dos les bulletins
d'abonnement et toutes
les indications utiles
I
plutôt que de se les laisser arracher :
d'où la Conférence impériale dé 1926 et
le Statut de Westminster de 1931, qui rè
glent la position des dominions dam
l'Empire britannique.
La Conférence de 1926 a défini les do
minions comme des « communautés au
tonomes au sein de l'Empire britanni
que, égales en statut, entre lesquelles
n'existe aucune subordination, de quel
que nature soit-élle, dans les affaires do
mestiques ou extérieures, unies par une
allégeance commune à la Couronne et
librement associées en tant que membres
du Commonwealth des nations britanni
ques ». On voit que le seul lien ratta
chant encore les dominions à l'Angle
terre est cette allégeance à la Couronne,
traduite par la présence, à Ottawa, à Ca-
petown, à Canberra et à Wellington,
d'un gouverneur général représentant le
roi, mais dépourvu de tous pouvoirs ef
fectifs et de toutes prérogatives. Désor
mais, en droit du moins, les dominions
vivent sur un pied d'égalité parfaite avec
la métropole. Ils ont leur représentation
particulière à la Société des Nations,
ainsi que dans les pays étrangers (là où
ils l'ont jugé utile). En outre, Londres a
admis que les traités ne pourraient être
ratifiés par la Couronne avant d'avoir été
approuvés par les parlements des domi
nions aussi bien que par celui du
Royaume-Uni.
Des gestes de 1926 et de 1931, évidem
ment hardis, on peut dire, selon nous,
que, tout compte fait, ils ont été profon
dément sages. Dans l'Empire, les domi-
nionsi ne sont plus seulement des sujets,
mais aussi des collaborateurs. Us ont exigé
— et l'Angleterre leur a accordé — la
pleine indépendance. Mais la garantie de
cette indépendance réside avant tout dans
la puissance et dans la cohésion de l'Em
pire, qu'ils ont donc un intérêt majeur,
primordial, à maintenir plus solides que
jamais. Que deviendrait un dominion ré
duit à ses propres forces? Un Canada
abandonné à lui-même ponrrait-il long
temps se soustraire à l'attraction de la
grande République voisine? Gomment
l'Australie et la Nouvelle-Zélande résis
teraient-elles seules à une agression ja
ponaise? A tous, Angleterre et domi
nions, leur intérêt commande l'union. Et
c'est ainsi que, comme l'a noté M. Sieg
fried, « sous nos yeux, sans logique ap
parente, presque sans textes écrits et en
réalité sous la pression journalière des
circonstances, un nouvel ordre impérial
(car il serait inexact de parler de Consti
tution) est en train 'de se former ». Une
évolution exécutée à temps fait souvent
l'économie d'une révolution. La leçon
des colonies américaines n'a pas été per
due pour l'Angleterre. *
H va de soi qu'il y a encore et qu'il
y aura longtemps — probablement tou
jours — des problèmes malaisés à résou
dre, pqjrtant ,j e graves difficultés dans
l'Empire britannique. Que des dangers
menacent son développement, son exis
tence même, les Anglais le savent mieux
que personne. L'Etat libre d'Irlande, ré
pudiant « unilatéralement » les obliga
tions que lui imposait le traité anglo-ir
landais de 1921, s'est aujourd'hui com
plètement détaché de l'Empire, et la
présence d'un voisin sinon hostile, au
moins assez mal disposé, au flanc même
de la Grande-Bretagne, constitue, mal
gré un optimisme de commande, un sé
rieux motif de malaise. L'Inde est-elle
mûre pour le self-government qui lui a
été si libéralement octroyé? Bien des
Anglais en doutent. Enfin, parmi les do
minions, il en est un dont la politique
ne laisse pas d'inspirer quelques inquié
tudes. C'est l'Union Sud-Africaine, où la
fusion qu'on espérait entre les vain
queurs et les vaincus de la guerre de
1902 ne s'est pas effectuée, où l'élément
boer acquiert, aux dépens de l'élément
britannique, une prépondérance de plus
en plus marquée, et où un gouvernement
nettement nationaliste a manifesté, en
plusieurs occasions, des tendances pres
que séparatistes. Ces gros points noirs
dans un ciel déjà chargé ne sont certes
pas négligeables. H appartient à une po
litique à la fois ferme et prudente de les
empêcher d'engendrer des orages. Tâche
difficile, assurément. Est-elle au-dessus
des forces de l'Angleterre? Nous ne le
pensons pas. L'Empire britannique, je
le crois sincèrement pour ma part, est
une construction qui a ses parties fai
bles, mais qui n'est pas près de s'écrou
ler.
Je le crois, et j'ajouterai que je l'es
père. Car, en dépit des erreurs de la po
litique anglaise, de ce qu'il y a quelque
fois d'irritant pour nous dans les métho
des et les réactions de nos voisins, on leur
pardonnera bien des choses, en songeant
que c'est encore dans les pays britanni
ques que sont le mieux protégées quel
ques vieilles conceptions auxquelles on
s'attache d'autant plus qu'on les voit plus
attaquées et battues en. brèche sur toute
la surface de la terre : je veux parler de
la liberté et du respect des droits de l'in«
; LES FEMMES \
\ET LA COLONISATIONS
■ «
■ - i ——i- ■
■ ■
■ £ *
■ Les colonisateurs ont toujours compté sur la femme pour affermir le succès ï
• de leur œuvre. Cest elle qu'aux premières heures de Vexpansion nationale Ber- ;
I trand d'Ogeron de la Bouère appelait à Saint-Domingue pour transformer les ■
; flibustiers turbulents et les boucaniers aventureux en colons laborieux et poisi* S
• bles, capables de rendre prospères les terres nouvelles. Cest elle encore S
> qu'Etienne de Flacourt attirait à Madagascar; d'Olive, éFEstambuc, du Parquet ;
; et eTHouët, aux Antilles, et Samuel Champlain, au Canada, pour y fixer et régé- ï
; nérer de trop rudes conquérants. :
• Les premiers gouverneurs et les fondateurs des comptoirs attendirent, des ;
» fastueuses élégances de leurs épouses, un accroissement du prestige national. ;
; Vancien régime, enfin, — dont la colonisation ne fut pas seulement une péné - ï
; tration pacifique et commerciale, mais une conquête d"'âmes — confia sa plus ï
• noble mission à (Fautres femmes, les religieuses coloniales, dont on connaît le ;
; splendide labeur de charité et (Téducation. ï
; La vie familiale française est désormais organisée dans nos colonies. Mais il
; tous les problèmes d'enté aide sociale continuent Z l'activité de nos compatriotes. »
; Elles ont compris ce qu'on attendait d'elles. Et, partout, tFun bel élan, elles S
; ont entrepris de seconder Fœuvre des missionnaires, organisant et desservant les l
; berceaux indigènes, les dispensaires, les crèches, les « gouttes de lait », les con- ;
• sulfations gratuites; dirigeant les orphelinats, les ateliers et les ouvroirs. ■
; Tous les problèmes d'éducation, de protection, d?accession sont en effet du i
; domaine de la blanche à la colonie. Mais il en est un qui les domine de haut : ;
■ celui de révolution de la femme indigène, trop longtemps négligée et dont on ;
ï ne déplorera jamais assez qu'elle n'ait pas été conduite, parallèlement à celle des !
; hommes! ;
■ Cette carence est — entre bien (Fautres! — l'une des malheureuses consé- \
: quences du matérialisme de nos dirigeants. Le désir des profits immédiats a trop S
; souvent incité les gouverneurs des colonies à cantonner renseignement de leurs ;
; administrés sur un terrain strictement utilitaire. Désireux (Fobtenir de la colo- ;
« nie, le plus rapidement possible, des employés, des auxiliaires, les petits agents jj
ï dont ils avaient besoin, ils se sont désintéressés de Véducation des femmes, dont S
; Us méconnaissaient le rôle économique et social. ;
; Même dans les sociétés les plus primitives, ce rôle est cependant parfois ■
ï considérable, et toujours plus important que nous ne l'imaginons de prime 1
; abord. La mère est universellement honorée, respectée, obéie; elle, ses sœurs, ;
; ses filles sont les gardiennes-de la tradition. Et c'est une étrange aberration que ;
« prétendre faire évoluer cette tradition, c'est-à-dire modifier les manières de pen- «
jj ser, de sentir et de vivre des peuples, en négligeant d?intéresser à ces change- ï
; ments la mère, Féducatrice, la compagne. Le grand Mangin ne se trompent pas, ;
jj en saluant dans la femme indigène « la force la plus considérable, l'influence la ■
■ plus respectable du «ontinent noir ». ï
: Qu'elles soient Asiatiques, Antillaises, Océaniennes ou. Africaines, cette ;
; influence et cette force féminines sont plus que jamais indispensables au succès ;
• de la colonisation française. Un malaise est né et grandit dans FEmpire. Il tient !
ï à un manque d'harmonie, à un défaut (Féquilibre dont la cause profonde est la i
; rupture de Tintimité d'antan. ;
jj Les efforts combinés des femmes — les blanches et leurs sœurs de couleur jj
> — pourraient recréer cet ordre, cette harmonie, cette intimité indispensables au Z
l bonheur et même à la vie de FEmpire. Mais tant que la Française européenne :
; ne se fera pas, près de la Française (Foutre-mer, Finterprète de notre civilisa- »
» tion, le désordre, le déséquilibre, le trouble subsisteront, et notre civilisation •
■ restera lettre morte pour nos protégés. Ce sont les rapports fréquents et con- ï
i fiants entre la famille européenne et la famille indigène, Famitié féminine ;
; échangée entre les blanches et la jaune ou la noire, qui établiront notre vérita- ;
jj ble influence. Car plus vite, et mieux que les hommes, les femmes savent mesu- J
ï rer la valeur des biens précieux que nous leur apportons; plus qu'eux encore, ;
; elles sont résolues à les défendre. L'ordre, le bonheur reposent entre leurs ;
; mains. Et c'est en leur montrant notre tendresse et notre foi en elles que nous ■
ï nous attacherons nos sœurs de couleur. *
M «
ï Voilà la tâche la plus urgente et la plus nécessaire. C'est par Famitié porta- jj
; gée, par une confiance réciproque que, mieux et plus vite que par le paquebot ;
jj ou par F avion, les peuples arriveront à se rejoindre. jj
; Claude QUEVENEY. •
■ ■
■
mitimiiiiwirammmtimiramiimuHimimiimmiutitnmumiuiutimiitimmtiitmuiMiimraitnmimraiiiiimtiiiiiiutifiitiiiunimutm»
LES TRUSTS CONTRE
NOTRE PETROLE COLONIAL
dividu.
]. BELEBECQUE.
La conquête de l'Ethiopie par les Ita
liens a montré la nécessité pour une
grande nation, en temps de guerre plhs
encore qu'en temps de paix, d'être indé-
pendantè de l'étranger pour sa production
pétrolière. La menace de l'embargo sur
le pétrole a certainement été la plus grave
menace qui ait été faite par les sanction*
nistes à nos voisins. Heureusement pour
eux, Mussolini a renouvelé l'acte de Napo
léon incitant les industriels français à
chercher dans la betterave sucrîère un
remplacement à la canne à sucre dont les
escadres anglaises nous privaient. Sous la
pression de son dictateur, en quelques
mois, l'Italie a- intensifié la prospection du
naphte sur son territoire pendant que ses
chimistes cherchaient le moyen de sup
pléer au précieux carburant.
Grâce aux essences synthétiques, l'Alle
magne peut, dès maintenant, si le besoin
s'en fait sentir, se passer de pétrole im
porté.
Seule la France reste tributaire de
l'étranger. Depuis la guerre, où le manque
de pétrole fut pendant quelques mois tra
gique, rien d'utile n'a été fait.
Après avoir longtemps hésité entre le
régime du monopole et le contrôle des
importations d'huiles minérales, l'Etat a
laissé les trois trusts internationaux (Stan
dard Oil, Royal Dutch et Anglo Persian
Company) étaiblir et renforcer leur dicta
ture sur la France. Les avertissements
n'avaient cependant pas manqué et, dès le
26 avril 1920, M. Colrat pouvait dire à la
Chambre dès députés :
Nous nous trouvons -entre deux grandes
puissances économiques (la Standard Oil et la
Royal Dutch ) qui sont, l'une au service de la
puissance politique américaine, et l'autre,
malgré ses origines néerlandaises, à la dispo
sition de la puissance politique anglaise. Et
dans le monde entier, c'est une immense et
quotidienne rivalité entre les Etats-Unis et
l'AngleJerre pour la possession de ces sources
d'essence qui sont devenues, aujourd'hui, une
des grandes richesses et une des grandes né
cessités du monde moderne.
Ce n'est pas à la légère que M. Colrat
parlait de la puissance politique des trusts
pétroliers et M. Louis Cros a montré, dans
un curieux ouvrage intitulé Le Maroc
pour tous, l'importance du rôle occulte
joué ipar MM. Deterding et RocMeller dans
les conférences de San-Remo, de Venise,
de Gênes, de Paris, de Washington, de
Londres et de Lausanne.
Il faudrait être volontairement aveugle
pour ne pas voir dans les intérêts pétro
liers en jeu l'ex_plication de l'attitude de
certaines grandes puissances à l'égard
des Soviets, dans la guerre dn Chaco et
dans celle d'Ethiopie-.
H y a quelques jours, notre ami José Le
Boucher voyait dans la nécessité où
se trouvent l'empire du Mikado, et le IIP
Reich de rechercher du pétrole sur les
bords du Pacifique, une des raisons du
récent accord germano-nippon.
La seule ressource pétrolifère de la
France métropolitaine est la nappe de
Pechelbronn, dont la production est in
fime et qui se trouve en Alsace, à proxi
mité de la frontière.
Nous possédons également, il est vrai,
des intérêts assez considérables dans _ les
pétroles de l'Irak, mais, bien qu'un pipe
line relie les puits à la côte syrienne,
l'exploitation se trouve en territoire con
trôlé par la Grande-Bretagne. Le traité
franco-syrien et les émeutes, permanentes
depuis quelques mois, de Beyrouth et de
Damas, interdisent d'ailleurs de fonder de
trop grands espoirs sur les pétroles de
Mossoul.
Les grands pays du inonde entier sont
arrivés à assurer leur alimentation en es
sence minérale, seule la France reste dans
la dépendance des grands trusts interna
tionaux.
Et pourtant...
La nappe de Mossoul s'étend très pro
bablement en Syrie. Des permis de re
cherche ont bien été délivrés, mais les
sondages, entrepris sans plan d'ensemble
et sans énergie, n'ont rien donné.
Des indices intéressants ont été décou
verts au Cameroun et au Gabon.
En Indochine et à Madagascar, l'ini
tiative privée a provoqué quelques re
cherches qui semblent indiquer l'exis
tence de nappes pétrolières dont le ren
dement pourrait devenir important.
En Afrique du Nord, enfin, la nature
s'est montrée plus généreuse que les géo
logues. Là même où la science se mon
trait pessimiste le précieux liquide a
En Tunisie comme au Maroc et en Al
gérie, de nombreux indices ont été décou
verts. Au Maroc, des forages ont mené les
prospecteurs jusqu'à plusieurs nappes im
portantes.
Le 8 mars 1934, près de Petitjean, au
Djebel Tselfat, un incendie « accidentel »
éclatait au puits Labonne.
Notre confrère l'Economie française
écrivait à ce sujet en février 1935 :
Nos lecteurs connaissent le riche gisement
du Djebel Tselfat, dont le puits devait donner
en peu de temps 300.000 tonnes de naphte par
an, donc de quoi alimenter tout le Maroc et
procurer à notre colonie une économie an
nuelle de 200 millions.
Or ce puits prit feu le soir même où il fut
ouvert. Une ligne électrique à haute tension
avait été construite à proximité et l'ingénieur
français chargé de la direction des travaux
avait été remplacé, parait-il, sans motif plau
sible par un ingénieur roumain. Coïncidence!
Peut être, mais bien troublante.
Le puits brûla quinze jours et lorsque le feu
fut éteint, loin de reprendre l'œuvre ininter
rompue le puits fut bouché et muré. Depuis,
le riche gisement du Djebel Tselfat semble
perdu dans la nuit des temps.
A l'heure actuelle, on ne s'est pas en
core décidé à exploiter le pétrole maro
cain, bien que, peu après l'incendie du
Tselfat, d'autres jaillissements se soient
produits, notamment au Djebel Bou Draa,
à deux kilomètres du puits Labonne.
(Lire la suite en 4* page}
■iniimiiiiiiiKiiiumimiiiiiiiiiiiiiKiiiiiiisiiniiiniiiinmifixminim
L'INSIDIEUSE
CONFUSION
L'article publié le 25 novembre dernier
par M. E, Lemoigne dans l'a Presse colo
niale a causé un vif émoi à certains de
nos amis.
Tout d'abord, par le rapprochement
inattendu du mot « nationalisme » et des
menées de M. Jean Longuet.
« Quart de Boche » nationaliste! C'est
là, à première vue, une trouvaille évidem
ment un peu ahurissante. Mais, à pre
mière vue seulement.
L'un des points auxquels les marxistes
se sont le plus fortement attachés est, en
effet, l'exploitation du sentiment national
chez les peuples colonisés. La seconde,
puis la troisième Internationales ont pous
sé leurs meneurs à exalter ce sentiment
pour fomenter des révoltes et étendre l'in
fluence du bolchevisme. Et c'est bien à
cela que nous assistons. Ce sont les con
signes données à Moscou dans ce sens qui
sont à la base de l'agitation des « jeunes
turbans » dont parle M. Lemoigne. Nous
avons vu des faits analogues éclore sous
les mêmes influences en Algérie, en Tuni
sie, en Indochine. Ils se reproduisent à
Madagascar depuis l'avènement du Front
populaire. Renonçons donc à chicaner no
tre confrère sur ce point.
Nous ne pouvons, par contre, accepter
la perfidie de ses insinuations en ce qui
concerne les Camelots du Roi, ni l'assi
milation péjorative qu'il prétend étaiblir
entre les « dissous » d'Action française
et l'es agitateurs qui, précisément, sont aux
antipodes de l'amour et de l'intérêt de
la France.
Dans son désir de minimiser la portée
d'incidents qu'il qualifie de « troubles
assez sérieux, bien que d'une gravité toute
relative d'ailleurs », (c'est une jolie phra
se, n'est-ce pas I), le rédacteur de la
Presse coloniale écrit :
, « A Fez, quelques manifestants ont crié
« Vive Hitler » et « Vive le fascisme ».
« Il ne faut pas en effet perdre de vue
que les jeunes nationalistes marocains
sont des fils de bourgeois et que, par la
qualité de leur recrutement, ils pourraient
être assez justement comparés à nos Ca
melots du Roi. »
On ignorait, jusqu'ici, que les Camelots
du Roi eussent coutume d'acclamer l'Allé-
magne et Hitler, et nous aimerions bien
savoir où M. Lemoigne prend ce genre
d'informations ?
Ses renseignements sur le recrutement
des militants d'Action française ont, tout
juste, la même valeur. Il en est resté à la
thèse puérile et désuète qui prétend les
ramener à deux types exclusifs : la douai
rière et le jeune oisif.
Si la dissolution des Camelots du Roi
ne nous l'interdisait, nous prierions notre
confrère de nous faire le plaisir d'assister
à une de leurs réunions. Il pourrait se
convaincre ainsi, de visu, que la petite
bourgeoisie et la classe ouvrière ne sont
pas seulement largement représentées, mais
dominent dans leurs rangs.
La justice républicaine s'y oppose, mal
heureusement.
Que, du moins, M. Lemoigne nous ac
corde une grâce : celle d'examiner, de
bonne foi, le tragique bilan du 6 fé
vrier 1934.
Les quatre morts de l'Action française
exerçaient des professions tout à (fait dé
mocratiques : musicien d'orchestre, mar
chand drapier, ouvrier d'usine et valet de
chambre.
Métiers on ne peut pftis honorables, cer
tes, mais dont nous n'avons jamais ouï
dire qu'ils sont le choix d'élection de
descendants des deux cents familles.
Après une telle constatation, nous espé
rons que M. Lemoigne aura la loyauté
d'éviter des insinuations et des assimila
tions dn genre de celles auxquelles il s'est
livré dans l'article incrimine.
Camille MÂRGAL.
AU SOUDAN
AVEC LE GRAND
BINGER
par Jean PAILLARD.
Les cavaliers se tenaient debout sur leur
monture, de chaque côté du chemin. De
bout et immobiles sur les chausses de
plomb de leurs énormes étriers soudanais»
Immobiles et mouvants cependant, par les
plis agités de leurs larges « boubous »
flottants au vent sec du désert tout proche,
Sur la route magnifique qui relie Segou
à Bamako, la longue caravane — celle du
Cinquantenaire du Soudan — roulait à
vive allure. Chaque minute, une auto pas
sait, sanglante de poussière. De cette rouge
poussière du Soudan, si lourde qu'elle re
tombe aussi vite que projetée, et si chau
dement colorée que tout, dans ce paye, y
flamboie autant que le soleil ou les ima
ginations.
Le cortège de gloire enivré par tout nn
jour de course avançait en désordre. Mais,
de leurs yeux infaillibles, les vieux guer
riers noirs, impassibles, l'arme an poing,
saluaient à coup sûr.
Gouraud! Meynier! De Trentinian! Qrri-
quandon!
Les cris roulaient de gorge fen gorge,
jusqu'à la ville frémissante, lointaine et
toute rose des derniers rayons dn jour.
Dans Segou secouée de fièvre, les tams-
tams haletaient.
Et soudain la double haie humaine cra
qua.
Binger!
Sautant les fossés ou cabrés de douleur
sous les coups d'éperons et la cassure du
mors brutalement tiré, les chevaux, frémis
sants et rageurs, se jetaient les ans sur les
autres. De tous les fusils la poudre noire
fusait en longues flammes et on ooups pro
longés comme des hourrahs.
De toute sa prodigieuse carrière, Binger
connut là, sans doute, la plus douce «t la
plus violente émotion. Sa voiture, un ins
tant arrêtée par la fantasia, avançait main
tenant invisible dans le tourbillon fantasti
que de son escorte improvisée et,sans cesse
grossie.
Cela dura jusqu'à Segou où l'attendaient
les fantassins : les humbles, les- pauvres,
les paysans.
Il en était venu de tout le Soudan. Cer
tains avaient fait plusieurs centaines de
kilomètres à pied, et la plupart du temps
pieds nus, avec pour tout bagage leur
long fusil arabe. Depuis plus de quinze
jours ils attendaient. Rapidement la ville
indigène avait été comble. Durant les nuits
d'attente, les rues, les cours, les berges du
fleuve avaient servi de refuge à ces étran
ges pèlerins dormant et discutant à l'infini.
Au dernier moment, ils s'étaient massés
dans la rue principale. Et lorsque la cara
vane put être dégagée de son essaim de
cavaliers enragés, ils commencèrent leur
défilé.
Etrange défilé où ia troupe disparate,
magnifique et pouilleuse à la fois, avançait
en rang» compacts et serrés, d'un pas ferme
mais invraisemblablement lent, et de la
quelle s'exhalait un chant sourd, presque
une rumeur, percée de temps à autre de
oris diaboliques et terribles.
Pourquoi ces hommes, par tant de côtés
barbares, se tournaient-ils plus particuliè
rement vers Binger, alors que l'éclat mili
taire, quilles frappe tant, d'habitude, au
rait dû les conduire vers ses compagnons
tout auréolés de gloixe guerrière? Le raid
pacifique et solitaire qui avait permis à
Binger, un demi-siècle plus tôt, de percer
intimement le secret de cette Afrique noire,
emmurée alors par la terreur des Samory,
El Adj Omar et leurs complices, ce raid
apparaissait-il aux regards de la tradition
indigène comme significatif des suprêmes
vertus héroïques?
Binger, sans unif orme, en petite tenue 3e
voyage, une lourde canne à la main, ra
dieux de bonhomie, et de prestige, boule
versé et tendu, regardait, les yeux agran
dis de rêve, ces hommes qui défilaient en
le saluant à leur manière.-
■ Ge fut l'atmosphère de tout le voyage.
Faute de place, j'avais été logé dans une
cabine du petit bateau à aubes qui devait
remonter ensuite le Niger jusqu'à Tom-
bouctou avec tous ceux à qui le Soudan
doit d'être aujourd'hui un des plus beaux
joyaux de notre empire.
Malgré les fatigues, malgré la délicieuse
fraîcheur de la nuit, je ne pouvais réussir
à dormir. Sur le pont, sur la rive, inlassa
blement les indigènes palabraient. Et de
leur- conversation incompréhensible, seuls,
mais sans répit, me parvenaient les noms
glorieux : Binger, Quiquandon, Gouraud,
Trentinian, Binger, Quiquandon... Cela dura
jusqu'au jour.
Tant d'enthousiasme spontané me laissai
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Parait diâqoe qaânzaïne le hindi
A nos amis
^iiiiniiiiiiiiiiiiiniiiiiiiniiiiiininniiiWiiiiiiHiiiHtniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiimiiiimniHiHiiiifliffliiiiiimimmniiii iiHHiiiHiHiiMiiimmHiniiiiiiiiiii i il i h iiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiin iiniiiiiii! uni niuf iiiuiiiiiB iiimnnfmniiiiiiutiiiiiiiiuiiiiiifiiiiii m iiiiiiiimiiiimiiiiiiiiniinuiiim i
SOLIDITE
OU FRAGILITE
DE L'EMPIRE
BRITANNIQUE
Peu de questions ont suscité autant de
controverses que celles de savoir si la
force de l'Empire britannique pèse au
jourd'hui sur les destinées du monde
d'un poids aussi lourd qu'il y a un demi-
siècle et si les modifications profondes,
imposées par les circonstances, interve
nues dans sa structure ont affaibli ou
consolidé cet énorme instrument. Pro
blème qui intéresse non seulement les
hommes dé sang et de culture britanni
ques, groupée en sociétés sous les latitu
des lès plus variées, mais encore tous les
peuples de race blanche et notre civili
sation elle-même. Les Allemands, on le
pense, ne sont pas les derniers à se de
mander si le colosse est solide ou planté
sur des pieds d'argile. Un écrivain natio
nal-socialiste, le D r Johannes Stoye, a
consacré un volume, qui a eu une large
circulation en Allemagne, à ce sujet brû
lant. Sa conclusion, à laquelle il arrive
peut-être à regret, est que, si l'Empire
« est aussi peu systématique et illogique
que l'Anglais lui-même », il reste cepen
dant « beaucoup plus.ferme et plus sta
ble que ne l'imaginent la plupart de ses
critiques ».
Laissons de côté les colonies propre
ment dites (ce terme étant l'abréviation
de la désignation officielle : colonie ne
possédant pas de gouvernement respon
sable), qu'il s'agisse des colonies de la
Couronne, où celle-ci exerce le contrôle
de fa législation, ou des colonies possé
dant une législature élective, et venons-
en immédiatement aux dominions, dont
les relations avec la métropole ont subi
de nos jours de si sérieuses altérations.
Ces organismes jouissaient, dès la pé
riode d avant-guerre, d'une autonomie
presque absolue en ce qui concernait
leurs affaires intérieures, d'une liberté
d'action à peu près complète en matière
de commerce avec l'étranger et, dans le
seul domaine des affaires extérieures,
étaient soumis à la direction du gouver
nement impérial, encore que celui-ci
s'appliquât à considérer leurs intérêts
dans la plus large mesure possible. On
rappellera que le dominion du Canada,
le plus ancien d'entre eux, a été consti
tué en 1867, celui d'Australie ( Common-
tvealth ) en 1901, celui de Nouvelle-Zé
lande en 1907, enfin celui de l'Union
Sud-Africaine en 1910.
Toutefois, leur statut international de
meurait mal défini. C'est la guerre, où
les dominions ont été entraînés à la suite
de la mère patrie, qui a précipité les cho
ses et leur a fait sentir qu'il était indis
pensable d'acquérir le droit d'avoir une
politique indépendante et de décider
eux-mêmes si, oui ou non, ils participe
raient aux conflits futurs. Sans doute, e.n
1914, n'y eut-il de leur part aucune hési
tation :• les flots de sang généreux versés
dans les plaines de Flandre, dans les
champs de l'Artois et de la Picardie,
dans l'aride péninsule de Gallipoli, sont
le plus éloquent témoignage de l'hé
roïsme des Canadiens, des Australiens,
des Néo-Zélandais et de l'ardeur avec la
quelle ils se sont élancés spontanément
au secours de l'Angleterre menacée. Mais,
au lendemain du sacrifice et de la vic
toire commune, il 'était naturel que les
dominions demandassent, comme une
sorte de compensation et aussi de garan
tie pour l'avenir (car qui peut savoir
dans quelles conditions et pour quels
motifs s'engagera la prochaine guerre?),
l'extension de la liberté de leurs mouve
ments aux problèmes internationaux.
Extension qui avait pour conséquence
fatale le relâchement des derniers liens
les unissant à la Grande-Bretagne. Le
gouvernement de Londres a envisagé la
situation en face et compris la nécessité
de consentir aux concessions nécessaires,
Amis
d'outre-mer
Ah&^nes-vous
66 Lettre
de ■raMEynsaBaa&»ra
w France
Far an s 2® numéros
ÎO francs
Voir au dos les bulletins
d'abonnement et toutes
les indications utiles
I
plutôt que de se les laisser arracher :
d'où la Conférence impériale dé 1926 et
le Statut de Westminster de 1931, qui rè
glent la position des dominions dam
l'Empire britannique.
La Conférence de 1926 a défini les do
minions comme des « communautés au
tonomes au sein de l'Empire britanni
que, égales en statut, entre lesquelles
n'existe aucune subordination, de quel
que nature soit-élle, dans les affaires do
mestiques ou extérieures, unies par une
allégeance commune à la Couronne et
librement associées en tant que membres
du Commonwealth des nations britanni
ques ». On voit que le seul lien ratta
chant encore les dominions à l'Angle
terre est cette allégeance à la Couronne,
traduite par la présence, à Ottawa, à Ca-
petown, à Canberra et à Wellington,
d'un gouverneur général représentant le
roi, mais dépourvu de tous pouvoirs ef
fectifs et de toutes prérogatives. Désor
mais, en droit du moins, les dominions
vivent sur un pied d'égalité parfaite avec
la métropole. Ils ont leur représentation
particulière à la Société des Nations,
ainsi que dans les pays étrangers (là où
ils l'ont jugé utile). En outre, Londres a
admis que les traités ne pourraient être
ratifiés par la Couronne avant d'avoir été
approuvés par les parlements des domi
nions aussi bien que par celui du
Royaume-Uni.
Des gestes de 1926 et de 1931, évidem
ment hardis, on peut dire, selon nous,
que, tout compte fait, ils ont été profon
dément sages. Dans l'Empire, les domi-
nionsi ne sont plus seulement des sujets,
mais aussi des collaborateurs. Us ont exigé
— et l'Angleterre leur a accordé — la
pleine indépendance. Mais la garantie de
cette indépendance réside avant tout dans
la puissance et dans la cohésion de l'Em
pire, qu'ils ont donc un intérêt majeur,
primordial, à maintenir plus solides que
jamais. Que deviendrait un dominion ré
duit à ses propres forces? Un Canada
abandonné à lui-même ponrrait-il long
temps se soustraire à l'attraction de la
grande République voisine? Gomment
l'Australie et la Nouvelle-Zélande résis
teraient-elles seules à une agression ja
ponaise? A tous, Angleterre et domi
nions, leur intérêt commande l'union. Et
c'est ainsi que, comme l'a noté M. Sieg
fried, « sous nos yeux, sans logique ap
parente, presque sans textes écrits et en
réalité sous la pression journalière des
circonstances, un nouvel ordre impérial
(car il serait inexact de parler de Consti
tution) est en train 'de se former ». Une
évolution exécutée à temps fait souvent
l'économie d'une révolution. La leçon
des colonies américaines n'a pas été per
due pour l'Angleterre. *
H va de soi qu'il y a encore et qu'il
y aura longtemps — probablement tou
jours — des problèmes malaisés à résou
dre, pqjrtant ,j e graves difficultés dans
l'Empire britannique. Que des dangers
menacent son développement, son exis
tence même, les Anglais le savent mieux
que personne. L'Etat libre d'Irlande, ré
pudiant « unilatéralement » les obliga
tions que lui imposait le traité anglo-ir
landais de 1921, s'est aujourd'hui com
plètement détaché de l'Empire, et la
présence d'un voisin sinon hostile, au
moins assez mal disposé, au flanc même
de la Grande-Bretagne, constitue, mal
gré un optimisme de commande, un sé
rieux motif de malaise. L'Inde est-elle
mûre pour le self-government qui lui a
été si libéralement octroyé? Bien des
Anglais en doutent. Enfin, parmi les do
minions, il en est un dont la politique
ne laisse pas d'inspirer quelques inquié
tudes. C'est l'Union Sud-Africaine, où la
fusion qu'on espérait entre les vain
queurs et les vaincus de la guerre de
1902 ne s'est pas effectuée, où l'élément
boer acquiert, aux dépens de l'élément
britannique, une prépondérance de plus
en plus marquée, et où un gouvernement
nettement nationaliste a manifesté, en
plusieurs occasions, des tendances pres
que séparatistes. Ces gros points noirs
dans un ciel déjà chargé ne sont certes
pas négligeables. H appartient à une po
litique à la fois ferme et prudente de les
empêcher d'engendrer des orages. Tâche
difficile, assurément. Est-elle au-dessus
des forces de l'Angleterre? Nous ne le
pensons pas. L'Empire britannique, je
le crois sincèrement pour ma part, est
une construction qui a ses parties fai
bles, mais qui n'est pas près de s'écrou
ler.
Je le crois, et j'ajouterai que je l'es
père. Car, en dépit des erreurs de la po
litique anglaise, de ce qu'il y a quelque
fois d'irritant pour nous dans les métho
des et les réactions de nos voisins, on leur
pardonnera bien des choses, en songeant
que c'est encore dans les pays britanni
ques que sont le mieux protégées quel
ques vieilles conceptions auxquelles on
s'attache d'autant plus qu'on les voit plus
attaquées et battues en. brèche sur toute
la surface de la terre : je veux parler de
la liberté et du respect des droits de l'in«
; LES FEMMES \
\ET LA COLONISATIONS
■ «
■ - i ——i- ■
■ ■
■ £ *
■ Les colonisateurs ont toujours compté sur la femme pour affermir le succès ï
• de leur œuvre. Cest elle qu'aux premières heures de Vexpansion nationale Ber- ;
I trand d'Ogeron de la Bouère appelait à Saint-Domingue pour transformer les ■
; flibustiers turbulents et les boucaniers aventureux en colons laborieux et poisi* S
• bles, capables de rendre prospères les terres nouvelles. Cest elle encore S
> qu'Etienne de Flacourt attirait à Madagascar; d'Olive, éFEstambuc, du Parquet ;
; et eTHouët, aux Antilles, et Samuel Champlain, au Canada, pour y fixer et régé- ï
; nérer de trop rudes conquérants. :
• Les premiers gouverneurs et les fondateurs des comptoirs attendirent, des ;
» fastueuses élégances de leurs épouses, un accroissement du prestige national. ;
; Vancien régime, enfin, — dont la colonisation ne fut pas seulement une péné - ï
; tration pacifique et commerciale, mais une conquête d"'âmes — confia sa plus ï
• noble mission à (Fautres femmes, les religieuses coloniales, dont on connaît le ;
; splendide labeur de charité et (Téducation. ï
; La vie familiale française est désormais organisée dans nos colonies. Mais il
; tous les problèmes d'enté aide sociale continuent
; Elles ont compris ce qu'on attendait d'elles. Et, partout, tFun bel élan, elles S
; ont entrepris de seconder Fœuvre des missionnaires, organisant et desservant les l
; berceaux indigènes, les dispensaires, les crèches, les « gouttes de lait », les con- ;
• sulfations gratuites; dirigeant les orphelinats, les ateliers et les ouvroirs. ■
; Tous les problèmes d'éducation, de protection, d?accession sont en effet du i
; domaine de la blanche à la colonie. Mais il en est un qui les domine de haut : ;
■ celui de révolution de la femme indigène, trop longtemps négligée et dont on ;
ï ne déplorera jamais assez qu'elle n'ait pas été conduite, parallèlement à celle des !
; hommes! ;
■ Cette carence est — entre bien (Fautres! — l'une des malheureuses consé- \
: quences du matérialisme de nos dirigeants. Le désir des profits immédiats a trop S
; souvent incité les gouverneurs des colonies à cantonner renseignement de leurs ;
; administrés sur un terrain strictement utilitaire. Désireux (Fobtenir de la colo- ;
« nie, le plus rapidement possible, des employés, des auxiliaires, les petits agents jj
ï dont ils avaient besoin, ils se sont désintéressés de Véducation des femmes, dont S
; Us méconnaissaient le rôle économique et social. ;
; Même dans les sociétés les plus primitives, ce rôle est cependant parfois ■
ï considérable, et toujours plus important que nous ne l'imaginons de prime 1
; abord. La mère est universellement honorée, respectée, obéie; elle, ses sœurs, ;
; ses filles sont les gardiennes-de la tradition. Et c'est une étrange aberration que ;
« prétendre faire évoluer cette tradition, c'est-à-dire modifier les manières de pen- «
jj ser, de sentir et de vivre des peuples, en négligeant d?intéresser à ces change- ï
; ments la mère, Féducatrice, la compagne. Le grand Mangin ne se trompent pas, ;
jj en saluant dans la femme indigène « la force la plus considérable, l'influence la ■
■ plus respectable du «ontinent noir ». ï
: Qu'elles soient Asiatiques, Antillaises, Océaniennes ou. Africaines, cette ;
; influence et cette force féminines sont plus que jamais indispensables au succès ;
• de la colonisation française. Un malaise est né et grandit dans FEmpire. Il tient !
ï à un manque d'harmonie, à un défaut (Féquilibre dont la cause profonde est la i
; rupture de Tintimité d'antan. ;
jj Les efforts combinés des femmes — les blanches et leurs sœurs de couleur jj
> — pourraient recréer cet ordre, cette harmonie, cette intimité indispensables au Z
l bonheur et même à la vie de FEmpire. Mais tant que la Française européenne :
; ne se fera pas, près de la Française (Foutre-mer, Finterprète de notre civilisa- »
» tion, le désordre, le déséquilibre, le trouble subsisteront, et notre civilisation •
■ restera lettre morte pour nos protégés. Ce sont les rapports fréquents et con- ï
i fiants entre la famille européenne et la famille indigène, Famitié féminine ;
; échangée entre les blanches et la jaune ou la noire, qui établiront notre vérita- ;
jj ble influence. Car plus vite, et mieux que les hommes, les femmes savent mesu- J
ï rer la valeur des biens précieux que nous leur apportons; plus qu'eux encore, ;
; elles sont résolues à les défendre. L'ordre, le bonheur reposent entre leurs ;
; mains. Et c'est en leur montrant notre tendresse et notre foi en elles que nous ■
ï nous attacherons nos sœurs de couleur. *
M «
ï Voilà la tâche la plus urgente et la plus nécessaire. C'est par Famitié porta- jj
; gée, par une confiance réciproque que, mieux et plus vite que par le paquebot ;
jj ou par F avion, les peuples arriveront à se rejoindre. jj
; Claude QUEVENEY. •
■ ■
■
mitimiiiiwirammmtimiramiimuHimimiimmiutitnmumiuiutimiitimmtiitmuiMiimraitnmimraiiiiimtiiiiiiutifiitiiiunimutm»
LES TRUSTS CONTRE
NOTRE PETROLE COLONIAL
dividu.
]. BELEBECQUE.
La conquête de l'Ethiopie par les Ita
liens a montré la nécessité pour une
grande nation, en temps de guerre plhs
encore qu'en temps de paix, d'être indé-
pendantè de l'étranger pour sa production
pétrolière. La menace de l'embargo sur
le pétrole a certainement été la plus grave
menace qui ait été faite par les sanction*
nistes à nos voisins. Heureusement pour
eux, Mussolini a renouvelé l'acte de Napo
léon incitant les industriels français à
chercher dans la betterave sucrîère un
remplacement à la canne à sucre dont les
escadres anglaises nous privaient. Sous la
pression de son dictateur, en quelques
mois, l'Italie a- intensifié la prospection du
naphte sur son territoire pendant que ses
chimistes cherchaient le moyen de sup
pléer au précieux carburant.
Grâce aux essences synthétiques, l'Alle
magne peut, dès maintenant, si le besoin
s'en fait sentir, se passer de pétrole im
porté.
Seule la France reste tributaire de
l'étranger. Depuis la guerre, où le manque
de pétrole fut pendant quelques mois tra
gique, rien d'utile n'a été fait.
Après avoir longtemps hésité entre le
régime du monopole et le contrôle des
importations d'huiles minérales, l'Etat a
laissé les trois trusts internationaux (Stan
dard Oil, Royal Dutch et Anglo Persian
Company) étaiblir et renforcer leur dicta
ture sur la France. Les avertissements
n'avaient cependant pas manqué et, dès le
26 avril 1920, M. Colrat pouvait dire à la
Chambre dès députés :
Nous nous trouvons -entre deux grandes
puissances économiques (la Standard Oil et la
Royal Dutch ) qui sont, l'une au service de la
puissance politique américaine, et l'autre,
malgré ses origines néerlandaises, à la dispo
sition de la puissance politique anglaise. Et
dans le monde entier, c'est une immense et
quotidienne rivalité entre les Etats-Unis et
l'AngleJerre pour la possession de ces sources
d'essence qui sont devenues, aujourd'hui, une
des grandes richesses et une des grandes né
cessités du monde moderne.
Ce n'est pas à la légère que M. Colrat
parlait de la puissance politique des trusts
pétroliers et M. Louis Cros a montré, dans
un curieux ouvrage intitulé Le Maroc
pour tous, l'importance du rôle occulte
joué ipar MM. Deterding et RocMeller dans
les conférences de San-Remo, de Venise,
de Gênes, de Paris, de Washington, de
Londres et de Lausanne.
Il faudrait être volontairement aveugle
pour ne pas voir dans les intérêts pétro
liers en jeu l'ex_plication de l'attitude de
certaines grandes puissances à l'égard
des Soviets, dans la guerre dn Chaco et
dans celle d'Ethiopie-.
H y a quelques jours, notre ami José Le
Boucher voyait dans la nécessité où
se trouvent l'empire du Mikado, et le IIP
Reich de rechercher du pétrole sur les
bords du Pacifique, une des raisons du
récent accord germano-nippon.
La seule ressource pétrolifère de la
France métropolitaine est la nappe de
Pechelbronn, dont la production est in
fime et qui se trouve en Alsace, à proxi
mité de la frontière.
Nous possédons également, il est vrai,
des intérêts assez considérables dans _ les
pétroles de l'Irak, mais, bien qu'un pipe
line relie les puits à la côte syrienne,
l'exploitation se trouve en territoire con
trôlé par la Grande-Bretagne. Le traité
franco-syrien et les émeutes, permanentes
depuis quelques mois, de Beyrouth et de
Damas, interdisent d'ailleurs de fonder de
trop grands espoirs sur les pétroles de
Mossoul.
Les grands pays du inonde entier sont
arrivés à assurer leur alimentation en es
sence minérale, seule la France reste dans
la dépendance des grands trusts interna
tionaux.
Et pourtant...
La nappe de Mossoul s'étend très pro
bablement en Syrie. Des permis de re
cherche ont bien été délivrés, mais les
sondages, entrepris sans plan d'ensemble
et sans énergie, n'ont rien donné.
Des indices intéressants ont été décou
verts au Cameroun et au Gabon.
En Indochine et à Madagascar, l'ini
tiative privée a provoqué quelques re
cherches qui semblent indiquer l'exis
tence de nappes pétrolières dont le ren
dement pourrait devenir important.
En Afrique du Nord, enfin, la nature
s'est montrée plus généreuse que les géo
logues. Là même où la science se mon
trait pessimiste le précieux liquide a
En Tunisie comme au Maroc et en Al
gérie, de nombreux indices ont été décou
verts. Au Maroc, des forages ont mené les
prospecteurs jusqu'à plusieurs nappes im
portantes.
Le 8 mars 1934, près de Petitjean, au
Djebel Tselfat, un incendie « accidentel »
éclatait au puits Labonne.
Notre confrère l'Economie française
écrivait à ce sujet en février 1935 :
Nos lecteurs connaissent le riche gisement
du Djebel Tselfat, dont le puits devait donner
en peu de temps 300.000 tonnes de naphte par
an, donc de quoi alimenter tout le Maroc et
procurer à notre colonie une économie an
nuelle de 200 millions.
Or ce puits prit feu le soir même où il fut
ouvert. Une ligne électrique à haute tension
avait été construite à proximité et l'ingénieur
français chargé de la direction des travaux
avait été remplacé, parait-il, sans motif plau
sible par un ingénieur roumain. Coïncidence!
Peut être, mais bien troublante.
Le puits brûla quinze jours et lorsque le feu
fut éteint, loin de reprendre l'œuvre ininter
rompue le puits fut bouché et muré. Depuis,
le riche gisement du Djebel Tselfat semble
perdu dans la nuit des temps.
A l'heure actuelle, on ne s'est pas en
core décidé à exploiter le pétrole maro
cain, bien que, peu après l'incendie du
Tselfat, d'autres jaillissements se soient
produits, notamment au Djebel Bou Draa,
à deux kilomètres du puits Labonne.
(Lire la suite en 4* page}
■iniimiiiiiiiKiiiumimiiiiiiiiiiiiiKiiiiiiisiiniiiniiiinmifixminim
L'INSIDIEUSE
CONFUSION
L'article publié le 25 novembre dernier
par M. E, Lemoigne dans l'a Presse colo
niale a causé un vif émoi à certains de
nos amis.
Tout d'abord, par le rapprochement
inattendu du mot « nationalisme » et des
menées de M. Jean Longuet.
« Quart de Boche » nationaliste! C'est
là, à première vue, une trouvaille évidem
ment un peu ahurissante. Mais, à pre
mière vue seulement.
L'un des points auxquels les marxistes
se sont le plus fortement attachés est, en
effet, l'exploitation du sentiment national
chez les peuples colonisés. La seconde,
puis la troisième Internationales ont pous
sé leurs meneurs à exalter ce sentiment
pour fomenter des révoltes et étendre l'in
fluence du bolchevisme. Et c'est bien à
cela que nous assistons. Ce sont les con
signes données à Moscou dans ce sens qui
sont à la base de l'agitation des « jeunes
turbans » dont parle M. Lemoigne. Nous
avons vu des faits analogues éclore sous
les mêmes influences en Algérie, en Tuni
sie, en Indochine. Ils se reproduisent à
Madagascar depuis l'avènement du Front
populaire. Renonçons donc à chicaner no
tre confrère sur ce point.
Nous ne pouvons, par contre, accepter
la perfidie de ses insinuations en ce qui
concerne les Camelots du Roi, ni l'assi
milation péjorative qu'il prétend étaiblir
entre les « dissous » d'Action française
et l'es agitateurs qui, précisément, sont aux
antipodes de l'amour et de l'intérêt de
la France.
Dans son désir de minimiser la portée
d'incidents qu'il qualifie de « troubles
assez sérieux, bien que d'une gravité toute
relative d'ailleurs », (c'est une jolie phra
se, n'est-ce pas I), le rédacteur de la
Presse coloniale écrit :
, « A Fez, quelques manifestants ont crié
« Vive Hitler » et « Vive le fascisme ».
« Il ne faut pas en effet perdre de vue
que les jeunes nationalistes marocains
sont des fils de bourgeois et que, par la
qualité de leur recrutement, ils pourraient
être assez justement comparés à nos Ca
melots du Roi. »
On ignorait, jusqu'ici, que les Camelots
du Roi eussent coutume d'acclamer l'Allé-
magne et Hitler, et nous aimerions bien
savoir où M. Lemoigne prend ce genre
d'informations ?
Ses renseignements sur le recrutement
des militants d'Action française ont, tout
juste, la même valeur. Il en est resté à la
thèse puérile et désuète qui prétend les
ramener à deux types exclusifs : la douai
rière et le jeune oisif.
Si la dissolution des Camelots du Roi
ne nous l'interdisait, nous prierions notre
confrère de nous faire le plaisir d'assister
à une de leurs réunions. Il pourrait se
convaincre ainsi, de visu, que la petite
bourgeoisie et la classe ouvrière ne sont
pas seulement largement représentées, mais
dominent dans leurs rangs.
La justice républicaine s'y oppose, mal
heureusement.
Que, du moins, M. Lemoigne nous ac
corde une grâce : celle d'examiner, de
bonne foi, le tragique bilan du 6 fé
vrier 1934.
Les quatre morts de l'Action française
exerçaient des professions tout à (fait dé
mocratiques : musicien d'orchestre, mar
chand drapier, ouvrier d'usine et valet de
chambre.
Métiers on ne peut pftis honorables, cer
tes, mais dont nous n'avons jamais ouï
dire qu'ils sont le choix d'élection de
descendants des deux cents familles.
Après une telle constatation, nous espé
rons que M. Lemoigne aura la loyauté
d'éviter des insinuations et des assimila
tions dn genre de celles auxquelles il s'est
livré dans l'article incrimine.
Camille MÂRGAL.
AU SOUDAN
AVEC LE GRAND
BINGER
par Jean PAILLARD.
Les cavaliers se tenaient debout sur leur
monture, de chaque côté du chemin. De
bout et immobiles sur les chausses de
plomb de leurs énormes étriers soudanais»
Immobiles et mouvants cependant, par les
plis agités de leurs larges « boubous »
flottants au vent sec du désert tout proche,
Sur la route magnifique qui relie Segou
à Bamako, la longue caravane — celle du
Cinquantenaire du Soudan — roulait à
vive allure. Chaque minute, une auto pas
sait, sanglante de poussière. De cette rouge
poussière du Soudan, si lourde qu'elle re
tombe aussi vite que projetée, et si chau
dement colorée que tout, dans ce paye, y
flamboie autant que le soleil ou les ima
ginations.
Le cortège de gloire enivré par tout nn
jour de course avançait en désordre. Mais,
de leurs yeux infaillibles, les vieux guer
riers noirs, impassibles, l'arme an poing,
saluaient à coup sûr.
Gouraud! Meynier! De Trentinian! Qrri-
quandon!
Les cris roulaient de gorge fen gorge,
jusqu'à la ville frémissante, lointaine et
toute rose des derniers rayons dn jour.
Dans Segou secouée de fièvre, les tams-
tams haletaient.
Et soudain la double haie humaine cra
qua.
Binger!
Sautant les fossés ou cabrés de douleur
sous les coups d'éperons et la cassure du
mors brutalement tiré, les chevaux, frémis
sants et rageurs, se jetaient les ans sur les
autres. De tous les fusils la poudre noire
fusait en longues flammes et on ooups pro
longés comme des hourrahs.
De toute sa prodigieuse carrière, Binger
connut là, sans doute, la plus douce «t la
plus violente émotion. Sa voiture, un ins
tant arrêtée par la fantasia, avançait main
tenant invisible dans le tourbillon fantasti
que de son escorte improvisée et,sans cesse
grossie.
Cela dura jusqu'à Segou où l'attendaient
les fantassins : les humbles, les- pauvres,
les paysans.
Il en était venu de tout le Soudan. Cer
tains avaient fait plusieurs centaines de
kilomètres à pied, et la plupart du temps
pieds nus, avec pour tout bagage leur
long fusil arabe. Depuis plus de quinze
jours ils attendaient. Rapidement la ville
indigène avait été comble. Durant les nuits
d'attente, les rues, les cours, les berges du
fleuve avaient servi de refuge à ces étran
ges pèlerins dormant et discutant à l'infini.
Au dernier moment, ils s'étaient massés
dans la rue principale. Et lorsque la cara
vane put être dégagée de son essaim de
cavaliers enragés, ils commencèrent leur
défilé.
Etrange défilé où ia troupe disparate,
magnifique et pouilleuse à la fois, avançait
en rang» compacts et serrés, d'un pas ferme
mais invraisemblablement lent, et de la
quelle s'exhalait un chant sourd, presque
une rumeur, percée de temps à autre de
oris diaboliques et terribles.
Pourquoi ces hommes, par tant de côtés
barbares, se tournaient-ils plus particuliè
rement vers Binger, alors que l'éclat mili
taire, quilles frappe tant, d'habitude, au
rait dû les conduire vers ses compagnons
tout auréolés de gloixe guerrière? Le raid
pacifique et solitaire qui avait permis à
Binger, un demi-siècle plus tôt, de percer
intimement le secret de cette Afrique noire,
emmurée alors par la terreur des Samory,
El Adj Omar et leurs complices, ce raid
apparaissait-il aux regards de la tradition
indigène comme significatif des suprêmes
vertus héroïques?
Binger, sans unif orme, en petite tenue 3e
voyage, une lourde canne à la main, ra
dieux de bonhomie, et de prestige, boule
versé et tendu, regardait, les yeux agran
dis de rêve, ces hommes qui défilaient en
le saluant à leur manière.-
■ Ge fut l'atmosphère de tout le voyage.
Faute de place, j'avais été logé dans une
cabine du petit bateau à aubes qui devait
remonter ensuite le Niger jusqu'à Tom-
bouctou avec tous ceux à qui le Soudan
doit d'être aujourd'hui un des plus beaux
joyaux de notre empire.
Malgré les fatigues, malgré la délicieuse
fraîcheur de la nuit, je ne pouvais réussir
à dormir. Sur le pont, sur la rive, inlassa
blement les indigènes palabraient. Et de
leur- conversation incompréhensible, seuls,
mais sans répit, me parvenaient les noms
glorieux : Binger, Quiquandon, Gouraud,
Trentinian, Binger, Quiquandon... Cela dura
jusqu'au jour.
Tant d'enthousiasme spontané me laissai
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